L`éruption du volcan Grimsvötn en Islande (5)
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L`éruption du volcan Grimsvötn en Islande (5)
BRGM Jacques Varet Orléans, le 25 Mai, 21h L’éruption du volcan Grimsvötn en Islande (5) La présente information vient compléter le 25 mai à 21h les 4 notes précédentes émises par le BRGM. La tendance à la baisse décrite hier se confirme et l’activité du volcan apparaît maintenant très réduite, ce que confirment toutes les mesures et les observations. Sauf reprise, ce message pourrait être le dernier. Au 5ème jour, l’éruption du volcan Grimsvötn a continué à décroître en intensité : - La hauteur du panache a continué à baisser au point de disparaître. Quelques pulsions étaient encore observées dans la journée, mais de faible amplitude (quelques centaines de mètres tout au plus, fig. 1). - Le nombre de tremors continue à diminuer au point que le niveau a rejoint le niveau de base antérieur au déclenchement de l’éruption, à l’exception du site situé au voisinage immédiat du volcan qui continue à enregistrer quelques faibles pulsions (Fig. 2). - On n’enregistre plus d’activité sismique sous le volcan ; seuls quelques rares signaux peuvent être interprétés comme des craquements du glacier. - La quantité de magma émise est désormais négligeable ; les retombées de cendres sont désormais extrêmement locales (voisinage immédiat du cratère). - L’intérieur du cratère a pu être observé pour la première fois depuis le début de l’éruption, à partir d’un avion ; on observe deux bouches émissives dans deux cratères entourés d’un lac (Fig. 3). Figure 1 : l’éruption vue d’avion le 24 mai entre 20h30 et 21h ; on n’observe qu’un petit panache et des retombées de cendres très locales. Grímsfjall Skrokkalda Kálfafell Mókollar Kreppuhraun Brúarjökull Fagurhólsmýri Figure 2 : évolution des tremors sur 7 stations dans la région du glacier Vatnajökull ; on observe que le niveau sur la plupart des stations - à l’exception de la première située au voisinage immédiat de Grimsvötn - est redescendu à un niveau proche de celui qui prévalait avant le début de l’éruption. Figure 3 : la première photo aérienne de l’intérieur du cratère qu’il a été possible de prendre, du fait que l’activité a considérablement diminué, et se limite désormais à deux petits évents entourés de cônes de cendres. Un lac s’observe autour de ces cratères. Au moment où le volcan semble cesser son activité, l’Université d’Islande diffuse à nouveau sur son site – en panne ces derniers jours – de nouvelles données d’analyse et d’interprétation concernant l’éruption. Un schéma interprétatif est proposé, montrant les interactions entre magma, glace et eau de fonte des glaces (Fig. 4). Des analyses chimiques sont également publiées, avec des microphotographies des échantillons de cendres. Elles confirment la composition du magma (basalte tholéitique, cf. Tab.1) Figure 4 : schéma interprétatif de l’éruption sous-glaciaire : le magma basaltique (orange) est remonté à la surface et produit une fusion du glacier (bleu clair), provoquant la formation d’un lac (bleu foncé). Par interaction des émissions de lave avec l’eau, les particules sont fragmentées et retombent en cendres recouvrant la glace. GR1101 SiO2 Al2O3 FeO MnO MgO CaO Na2O K2O TiO2 P2O5 Ba Co Cr Cu La Ni Sc Sr V Y Zn Zr 50,54 13,73 13,14 0,23 5,69 10,12 2,87 0,49 2,73 0,38 0,0112 0,0070 0,0035 0,0093 0,0013 0,0058 0,0030 0,0098 0,0155 0,0008 0,0066 0,0018 GR11Tableau 1 : analyses chimiques des échantillons de verres 02 basaltiques avec microcristaux de plagioclases constituant les 50,89 cendres émises par le volcan Grimsvötn le 22 mai, à 12h52 13,71 GMT (ech.01) et 8h45 GMT (ech.02). Composition de tholéiites 13,22 caractéristiques du rift islandais et plus particulièrement de ce 0,23 volcan. (N. Oskarsson & G. Sverrisdóttir. ; Université d’Islande) 5,63 9,98 2,70 0,48 2,70 0,37 0,0111 0,0069 0,0032 0,0092 0,0012 0,0051 0,0028 0,0088 0,0144 0,0007 0,0064 0,0016 Concernant les nuages désormais émis, les évolutions annoncées hier se poursuivent, avec : - Un nuage en haute altitude (10 à 20 Km) correspondant aux produits émis lors de la phase violente du premier jour, évoluant au-dessus de l’Amérique du Nord Un nuage de plus faible altitude (10Km) se propageant vers l’Est selon deux trainées, l’une évoluant au-dessus de la Russie et l’autre de l’Europe du Nord (Fig.4). Figure 5 : prévisions du Met Office britannique sur l’évolution du panache de cendres au 26 mai. Du fait de la cessation de l’activité à la source, ces nuages résiduels vont se dissiper progressivement dans l’atmosphère. Aucune incidence prévue sur le ciel français. A surveiller néanmoins (possibilité d’atteinte par quelques cendres résiduelles sur le Nord de la France à partir de vendredi). La parole est désormais aux seuls météorologues et appareils susceptibles d’échantillonner les particules. Concernant le BRGM, cette note sera vraisemblablement la dernière. Référence des sources : http://en.vedur.is/earthquakes-and-volcanism/earthquakes http://www.earthice.hi.is (ce site est de nouveau opérationnel) http://www.metoffice.gov.uk/aviation/vaac/vaacuk_vag.html Jacques Varet Volcanologue, ancien président du CSERV (Comité Supérieur d'Évaluation des Risques Volcaniques). Docteur ès-sciences, lauréat du prix L.R.Wager décerné par la Royal Society et l’Association Internationale de Volcanologie et de Chimie de l’Intérieur de la Terre (AIVCIT).