Le journal - Musée Unterlinden
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Le journal - Musée Unterlinden
Le Journal Le nouvel Unterlinden Bienvenue Le journal du Musée Unterlinden à Colmar 23.1.16 Sommaire 04 26 30 42 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 24 Un projet d’envergure Le nouveau musée Du cloître à l’Ackerhof 04 Le nouvel Unterlinden Le Musée Unterlinden s’est agrandi au terme d’un chantier de trois ans. 22 Le soutien des mécènes du musée L’engagement des donateurs pour soutenir le musée. 30 Les coulisses du chantier Histoire de formes et de matières pour modeler le nouveau visage du musée. 06 L’extension du Musée Unterlinden Les architectes Herzog & de Meuron ont travaillé simultanément sur l’urbanisme, l’architecture et la muséographie. 24 Un musée unique L’action de la Société Schongauer pour enrichir le musée. 36 26 Agir, contempler L’exposition inaugurale d’Herzog & de Meuron explore l’expérience de l’action et de la contemplation dans l’art. Un nouveau regard Le projet d’agrandissement a permis de redécouvrir certaines œuvres des collections. 40 Des bains au musée Les bains ont fait peau neuve pour devenir un espace événementiel : la Piscine 02 Le musée et son quartier 03 42 La boutique et le café Schongauer Les nouveaux services d’accueil apportent un plus grand confort de visite. 44 Culture Le musée et ses voisins élaborent une programmation culturelle riche et inventive. 46 Autres délectations Les adresses gourmandes autour du musée. Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Le nouvel Unterlinden Le Musée Unterlinden s’est agrandi au terme d’un chantier de trois ans. Il aura connu de profondes transfor mations, de son bâti et de ses salles d’exposition. Il aura vécu le creusement de tranchées, l’élévation de murs, l’évidement d’espaces, la création d’es caliers… Sa métamorphose a modifié sa structure et son parcours de visite, en créant de nouveaux espaces d’expo sition qui permettent un redéploiement remarquable de ses collections. Le visiteur retrouve un musée embelli, restructuré, réaménagé, qui lui offre des possibilités de découvertes passion nantes. Il profite d’une muséographie innovante et accessible qui facilite la compréhension de l’espace et le dé ploiement des collections, de supports multimédia qui rendent son parcours plus vivant, d’une signalétique forte et claire, de cartels trilingues et de nom breux services qui favorisent d’excel lentes conditions de visite. Toute une part d’invisible s’est déroulée en coulisses pour préparer ce nouveau musée. En plus des travaux d’agrandis sement, s’est opéré un travail scientifique essentiel réalisé par la conservation du musée : le récolement informatisé des œuvres, prévu pour préparer leur déplacement en réserves le temps du chantier, a été l’occasion de mieux connaître les collections et d’étudier plus précisément certains objets. Il découvre un musée encyclopédique dont les collections sont montrées sous un autre jour. L’extension des surfaces d’exposition permet d’en présenter toute la richesse et d’en saisir toutes les qualités. Le parcours de visite couvre près de 7000 ans d’histoire. Du Néo lithique à l’art moderne. Le Retable d’Issenheim, chef-d’œuvre de l’art occi dental (1512–1516), a repris place dans la chapelle entièrement rénovée du couvent des Unterlinden. La Piscine a retrouvé sa splendeur du début du 20e siècle et est, à présent, destiné aux expositions, conférences, concerts. Le nouveau bâtiment réalisé par Herzog & de Meuron, appelé Ackerhof, est situé derrière le bâtiment des bains. Pensé comme un pendant à la chapelle du cou vent, il abrite sur deux niveaux les col lections modernes et contemporaines et au troisième niveau, les expositions temporaires. La galerie souterraine, qui relie le couvent à l’édifice moderne, présente l’histoire du musée ainsi qu’un panorama de l’art du 19e siècle et du début du 20e siècle. Les restaurations, financées par la Société Schongauer, l’État, la Région et le Cercle des Mécènes Unterlinden, ont redonné à certaines œuvres tous leurs apprêts. Le retable des Domini cains de Martin Schongauer et son en tourage, les peintures du couvercle du clavecin de Hans Ruckers ou encore le Double portrait d’hommes (1931) de Léon Zack ont été soigneusement préparés avant de se montrer à nouveau aux yeux du public. 04 05 Ce projet d’extension du musée, porté par la Ville de Colmar et réalisé par le cabinet bâlois Herzog & de Meuron et les Monuments Historiques, a égale ment envisagé les aménagements des places Unterlinden et de la Sinn et l’harmonisation des abords extérieurs du musée pour le replacer au cœur du circuit touristique dans la ville. Le musée a redonné à sa collection de renommée internationale un écrin à sa mesure. Il s’est mu en un espace chaleureux et ouvert, offrant des possi bilités d’échange, de rencontre et de dialogue infinies entre le visiteur et les œuvres. Pantxika De Paepe, directrice du Musée Unterlinden. Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 L’extension du Musée Unterlinden Dans le projet d’extension du Musée Unterlinden à Colmar, réalisé par Herzog & de Meuron, les trois dimensions que sont l’urbanisme, l’architecture et la muséographie sont étroitement associées. Le projet interroge les notions de reconstruction, de simula tion et d’intégration. 06 Urbanisme Le Musée Unterlinden est constitué de deux ensembles qui se font face de part et d’autre de la place Unterlinden, reliés par une galerie souterraine. D’un côté le couvent médiéval, avec la chapelle, le cloître ouvert et un jardin. De l’autre côté, le nouveau bâti ment d’exposition (l'Ackerhof) fait écho au volume de la chapelle et forme avec les anciens bains municipaux – qui abritent les bureaux, la Piscine, la bibliothèque, le café et l’office de tourisme – une deuxième cour. 07 Située entre ces deux pôles du musée, la place Unterlinden retrouve sa signi fication ancrée dans l’histoire, à l’époque où écuries et ferme formaient vis-à-vis du couvent, un ensemble appelé Acker hof. Ce qui était, avant la rénovation du musée, une gare routière est aujourd’hui une nouvelle place, publique et urbaine. Le canal de la Sinn, dont les eaux s’écoulent sous la vieille ville de Colmar, est rouvert et devient l’élément central de ce nouvel espace public. Tout près de l’eau, une Maison marque la présence du musée sur la place. Elle reprend la position, la volumétrie et la forme du bâtiment d’entrée de la ferme qui s’y trouvait autrefois. En regardant à travers ses deux fenêtres, on peut apercevoir l’intérieur de la galerie sou terraine en contrebas, qui relie les deux ensembles. 08 09 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 L’architecture, résolument contemporaine, de l’extension du musée vient s’insérer dans l’architecture médiévale, avec des courbes travaillées comme dans les escaliers ou les ogives de l’espace d’accueil. Le traitement des nouvelles surfaces au lait de chaux a été choisi pour être en harmonie avec les parties anciennes du musée. Architecture Nous avons cherché une configuration urbaine et un langage architectural qui s’intègrent dans la vieille ville, tout en manifestant son caractère contempo rain à ceux qui y regardent de plus près. Située au centre de la place, face au canal, l’entrée du nouveau musée donne sur le couvent, dont la façade a été délicatement rénovée. Les travaux de rénovation ont été planifiés et exécutés en étroite collaboration avec les ar chitectes des Monuments Historiques. Débarrassées des structures muséogra phiques des années 80, les salles ont retrouvé un état similaire à celui d’autre fois. Nous avons dégagé d’anciens plafonds en bois et rouvert des fenêtres longtemps murées, donnant sur le cloître et la ville. Le toit de chapelle a été assaini et le sol doté d’un parquet. Un escalier en spirale qui ne se donne pas immédiatement comme un nouvel élé ment architectural, conduit le visiteur à la galerie souterraine, qui relie le cou vent et le nouveau bâtiment. Pour la galerie et l’Ackerhof, où sont présentées les collections des 19e et 20e siècles, nous avons choisi un lan gage architectural abstrait, contem porain, blanc. Au second étage du bâti ment, le volume de la salle dédiée aux expositions temporaires évoque, avec son toit à pignon et sa hauteur extra ordinaire de 11,50 mètres, la chapelle des Dominicaines. L’espace central des anciens bains, la Piscine, communique 10 avec les nouvelles salles d’exposition. Il peut accueillir des concerts, des performances, des conférences, des fêtes diverses ou des installations d’art contemporain. Les façades de l’Ackerhof et de la Mai son, ainsi que les murs délimitant la nouvelle cour, ont une texture rugueuse, faite de briques. Un dialogue se crée avec le couvent aux façades de moellons et de crépi, où styles et époques se superposent. Dans l’épaisseur des murs sont découpées quelques fenêtres en ogive. Les toits sont en cuivre. Le sol de la nouvelle cour est recouvert de grès, comme la place Unterlinden. Au cœur de cette cour, un verger, le pomarium, se développe sur un socle de pierre et de briques. 11 12 13 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Collections et muséographie Développée en étroite collaboration avec Jean-François Chevrier et Élia Pijollet, dans un constant dialogue avec les conservateurs du Musée Unter linden, la muséographie a été pensée en relation avec l’architecture : nous avons eu le souci de valoriser au mieux chaque espace et chaque œuvre, tout en rendant lisibles les ensembles stylistiques et les relations chronolo giques et historiques. Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 La structure composite et hétérogène de la collection se redouble dans celle du bâtiment, assemblage d’entités architecturales d’époques et de styles très divers. Nous avons cherché à clari fier le parcours en définissant des relations simples et lisibles : le Cloître abrite l’art médiéval (et au premier étage les collections d’art décoratif et d’art populaire) ; la Galerie la transition du 19e au 20e siècle, vers l’art mo derne ; l’Ackerhof l’art depuis les années 1930 et les expositions temporaires. À chacune de ces trois entités correspond un traitement particulier des espaces intérieurs (matériaux, couleurs, propor tions et partitions). Le Retable d’Issenheim n’a pas changé d’emplacement : il se déploie dans la chapelle attenante au cloître, dont l’espace intérieur a été clarifié. Il est présenté dans une nouvelle structure qui libère les panneaux de bois peint, de manière à rendre visible le chef d’œuvre de l’art plutôt que l’image de dévotion. L’éclairage a été entièrement repensé. L’important ensemble d’art médiéval des 14e au 16e siècles est présenté dans les salles qui entourent le cloître au rezde-chaussée et dans une partie du sous-sol, selon une présentation chro nologique rassemblant les supports divers – tableaux, retables, sculptures, reliefs, vitraux, objets d’art – par pé riode et par foyer géographique. L’accro chage est dense, il permet un réseau de relations très vivant et parlant entre les œuvres. Cette densité est modulée par deux moments plus amples : la deu xième salle (1420–1470) et la chapelle. 14 La galerie se présente comme une suite de trois salles d’exposition bien différenciées. La première salle de la galerie est consa crée à l’histoire du musée. Elle expose et éclaire l’hétérogénéité de la collection, en combinant trois types d’artefacts : œuvres d’art, objets, documents. La deuxième salle s’élève jusqu’au-des sus du sol de la place : elle se prolonge en surface avec la Maison. C’est un volume haut et vaste, dans lequel les deux grandes baies apportent de la lumière naturelle et des vues sur le ciel. Les trois dimensions du projet – urbanisme, ar chitecture, muséographie – s’y rejoignent de manière très visible. C’est un moment fort du parcours, qui rapproche trois œuvres représentatives de trois direc tions de l’art du 19e siècle et marque le début de la transition vers l’art mo derne, reprise et développée dans la suite de la galerie. La partie la plus longue, qui constitue à proprement parler la « galerie » accueille la collection d’art du 19e siècle et une première partie de la collection 20e siècle, jusqu’au début des années 1930. L’espace en longueur est structuré par trois cabinets d’art graphique, consacrés respectivement au 19e siècle, à la photographie et au début du 20e siècle. Posées à intervalles irréguliers le long de l’axe central, ces trois petites boîtes blanches définissent quatre sé quences spatiales. Les deux longs murs continus permettent un accrochage sans interruption en deux « lignes ». Le rythme de l’accrochage est donné par les séquences ouverture / res serrement : espace ouvert entre deux cabinets, espace plus intime de part et d’autre de chaque cabinet, propice aux petites œuvres. 15 Le rez-de-chaussée et le premier étage de l’Ackerhof accueillent les collections de peinture et de sculpture des années 1930 à aujourd’hui. La muséographie a été conçue de manière à faire apparaître la signification historique de la col lection, stimuler sa complexité et être ouverte à son enrichissement à venir. La division de l’espace en salles cloison nées a été écartée, car la recherche d’une pureté abstraite ne convient pas à la collection : une succession de volumes autonomes la figerait en petits ensembles fermés sur eux-mêmes. Nous avons cherché au contraire à rendre visibles des tensions historiques dans des espaces fluides et découpés. Le système de cimaises suspendues, déve loppé spécifiquement pour le Musée Unterlinden, permet d’associer mobilité et structure rigoureuse de l’espace. Chacun des deux niveaux est traité comme une unité spatiale continue, où les œuvres dialoguent : dès l’entrée, le niveau est perçu par le visiteur comme une entité – un seul volume –, dont il découvre le contenu et les articulations au fil de son avancée dans la salle. Cette mobilité permet de mettre en valeur les points forts de la collection, faisant jouer des relations de parenté évidentes mais aussi des glissements et des contrastes moins attendus. Herzog & de Meuron, décembre 2015 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Détail de l’Agression de saint Antoine, un des panneaux du Retable d’Issenheim, célèbre polyptique réalisé par Grünewald et Nicolas de Haguenau (1512–1516) 16 17 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Dans la galerie souterraine, des œuvres de 1830 à 1930 comme le Couple Alsacien (1881) de Claire Hildebrand et Les Pèlerins de Sainte-Odile (1863) de Gustave Brion. 18 19 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Point focal du musée, la Maison apporte de la lumière naturelle à la galerie et présente trois œuvres emblématiques des collections, de Théophile Schuler, Georges Rouault et Claude Monet. 20 Détail de la Vierge à l'Enfant, Retable d’Issenheim, 1512–1516 21 Le soutien des mécènes du musée Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Depuis 2007, le Cercle des Mécènes regroupe des entreprises qui ont choisi d’exprimer leur valeur d’engagement et de soutenir des actions solidaires et patrimoniales. Ces entreprises ont été associées au grand projet d’extension et ont apporté une aide financière substantielle. Des donateurs privés ont également rejoint ce grand élan de soutien. Un gé néreux mécène, Thomas Dietschweiler, a notamment offert 800 000 euros pour la rénovation de la chapelle dans laquelle est conservé le Retable d’Issenheim. D’origine suisse, ce pas sionné de Grünewald appartient au Conseil d’administration de la Fondation suisse Ria & Arthur Dietschweiler qui soutient de nombreux projets dans les domaines de la culture et du social. « La Fondation Timken soutient des projets d’investissement à but non lucratif dans les domaines culturels, éducatifs, sociaux et sportifs dans les villes où sont établies des usines Timken. Pour Colmar, la Fondation Timken participe financièrement à de très nombreux projets depuis plus de quatre décennies. Elle a déjà soute nu des projets du Musée Unterlinden dans le passé. La dimension exception nelle du projet d’extension l’a convaincu de consacrer un engagement financier conséquent réparti sur plusieurs années*. La qualité du projet d’agrandissement a été l’un des facteurs déterminants de la forte implication de la Fondation Timken au côté de la Ville de Colmar, de la Société Schongauer et d’autres mé cènes et partenaires financiers. Sa participation reflète l’idée que si le pa trimoine culturel du musée est la pro priété de tous, il est avant tout celui des habitants de Colmar et de sa région, même si le rayonnement du musée va bien au-delà. La Fondation Timken est très heureuse d’être associée à un projet de cette ampleur aussi bien sur le plan culturel qu’éducatif. Elle espère que l’exten sion du musée permettra d’attirer de nouvelles générations de visiteurs vers l’art et la culture. Les collections du musée méritent d’être partagées avec le plus grand nombre. » Dominique Ohl, Général Manager, Timken Europe En haut, la salle 1470–1500 présentant peintures, sculptures et objets d’art des années 1480 Dans l’Ackerhof sont exposées des œuvres des années 1960 aux années 2000 comme Longue ocre de Olivier Debré (1972) ou l’imposant Veilleur de Simone Boisecq (1984–85). * La Fondation Timken a apporté plus d’un million de dollars au projet d’extension du musée. 22 23 « Notre premier don d’un montant de 10 000 € remonte à 2007 : nous souhai tions ajouter une orientation culturelle à nos différents sponsorings qui étaient plutôt sportifs. Nous vivons le lien avec le musée avec beaucoup de bonheur et nous es pérons que, malgré une crise éco nomique persistante dans nos métiers, nous pourrons continuer à le soutenir. Notre contribution est modeste, elle est à la hauteur de ce que nous estimons pouvoir faire, mais nous ressentons, par les échanges et par l’accueil qui nous est réservé, qu’elle est appréciée à sa juste valeur, non pas tant à cause de son montant mais simplement parce qu’elle existe. Notre engagement montre aussi qu’une entreprise de second œuvre, comme nous le sommes, peut également être présente dans une action culturelle. Nous ne souhaitons pas seulement faire un chèque, nous aimons inscrire notre action dans l’acquisition d’une œuvre ou dans une restauration complète et marquer ainsi notre présence dans la durée. Notre coup de cœur dans les collections ? Le visage du Christ d’Otto Dix. Poignant. » Fernand Stihlé, groupe Stihlé – Stihlé Frères 68 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Un musée unique Jean Lorentz, Président de la Société Schongauer « Quand avez-vous projeté l’extension du musée ? Nous y réfléchissions depuis le début des années 2000, lorsque je suis devenu président de la Société Schon gauer. Nous n’avions déjà plus assez de place pour pré senter les collections d’art moderne. Nous avions imagi né deux solutions : soit une extension sous la place de la Sinn en agrandissant les salles du sous-sol, soit un vé ritable redéploiement des collections dans le bâtiment néobaroque des bains mu nicipaux. Grâce à son maire, la Ville de Colmar a finale ment choisi de mettre ce der nier à disposition du musée : elle est devenue maître d’ouvrage de l’extension et a assuré une large part du financement du projet, aux côtés de ses partenaires publics (État/Direction régio nale des Affaires Culturelles, Région Alsace, Conseil départemental du Haut-Rhin). La Société Schongauer a également contribué au finan cement de l’opération par le versement d’un fonds de concours et de fonds issus du mécénat. Nous avons, par exemple, vendu l’immeuble que nous avait cédé le peintre Robert Heitz à Strasbourg et nous avons cherché et trou vé plus de 3 millions d’euros de mécénat, ce qui n’était pas facile à rassembler en ces temps de crise. Grâce à des dons généreux de la fonda tion Timken, de la fondation Scheide de Princeton, du Crédit Mutuel et de dona teurs comme T homas Diet schweiler, nous avons réussi à apporter un total de 4,8 millions d’euros. Mais nous continuons à chercher pour parvenir à couvrir le coût réel de ce projet. Car la Société Schongauer supporte également des dépenses non inclues dans le projet d’extension : le réaménagement du 1er étage du couvent et des vitrines de la salle d’archéologie, la restauration d’œuvres et leur transfert, les nouveaux supports de communica tion, le nouveau site internet, les actions de médiation, l’aménagement de la biblio thèque et des bureaux et le café Schongauer. Qu’est-ce que ce projet de rénovation et d’extension a apporté à la Société Schongauer ? Le projet d’extension, pour lequel nous avons œuvré avec dynamisme, a attiré et rendu possible un nombre ex ceptionnel de donations. Plus d’une décennie de dona tions remarquables s’est ouverte avec le don de Brigitte Coudrain de plus de deux cent œuvres de Johnny Fried laender, l’un des plus grands graveurs de la scène ar tistique parisienne d’aprèsguerre. Cette donation s’est accompagnée du don de Georges et Lia Coppel d’œuvres de la célèbre collagiste Jeanne Coppel. 24 La Société Schongauer est fière d’avoir rendu possible le nouveau musée pour lequel elle a œuvré avec dynamisme en suscitant de nombreuses donations. Jean-Paul Person, grand collectionneur parisien, rédacteur en chef de la revue Vogue, a ensuite été l’un des trois grands mécènes de la Société Schongauer. Bien que rien ne le prédestinait à s’orienter vers Colmar, il nous a fait la joie de venir, encou ragé par un galeriste parisien, à la rencontre de notre musée et nous a légué 146 tableaux : toute sa collection d'œuvres principalement du 20e siècle. Nous avons su accueillir cet homme re marquable qui cherchait une institution à laquelle léguer sa collection, et le projet d’ex tension du musée a achevé de le convaincre. Une salle porte son nom dans le nou veau bâtiment et présente une partie de ses collections. Nous conservons, grâce à lui, quelques-uns des plus beaux Dubuffet ! Nous avons eu, ensuite, d’autres donations marquantes : 124 œuvres du peintre américain Joe Downing par Emmanuel Wardi, la collection du rédac teur en chef de la revue Es prit, le grand écrivain Camille Bourniquel, qui a notamment donné des œuvres d’Alfred Manessier. De nombreuses compositions de Hans Reichel nous ont été léguées par le professeur en pharmacie à Paris, Jean Étienne, égale ment d onateur d’un Braque fameux. Et enfin, Jacques Polain, de Bruxelles, nous a apporté généreusement 2 panneaux peints du 15e siècle, une R ésurrection et un Christ au calvaire, et une sculpture de Vierge à l’Enfant de la même époque. Nous avons bénéficié de ces donations en raison de l’ex tension, de notre dynamisme qui est très apprécié, mais aussi de la forme juridique que nous avons : nous ne sommes pas un musée muni cipal ou national mais un musée d’association géré par des membres dirigeants bénévoles qui s’investissent pleinement et s’engagent auprès des futurs donateurs. Ces collectionneurs ont trouvé au sein de la Société Schongauer des interlocu teurs attentifs et passionnés. Ils n’avaient, pour beaucoup d’entre eux, aucun lien avec la Ville de Colmar ou ses habi tants. Mais à la découverte de notre institution, de nos collections, de notre politique ambitieuse et en raison de ces liens d’amitié qui se sont noués, ils ont réalisé ces dons exceptionnels. Nous avons su saisir ces opportunités : peu de musées de villes moyennes peuvent s’enor gueillir d’avoir séduit autant de donateurs. Nous avons été grandement récompensés de nos efforts. Quelle orientation souhaitez-vous donner au nouveau musée ? Nous espérons que ce bel élan d’enrichissement des col lections va se poursuivre. Les grandes transformations du musée vont faire parler de nous. Nous souhaiterions également retrouver une dy namique d’acquisition qui s’est un peu ralentie tandis que nous cherchions des fonds pour les travaux d’ex tension. Car le mécénat, jusque-là, nous a aidé à ac quérir des œuvres exception nelles. Nous étions un des musées de province à faire le plus d’acquisitions. Nous avons su acheter, au bon mo ment, des Primitifs remar quables et de nombreux ta bleaux d’art moderne. Nous allons essayer de renouer, dès que possible, avec une politique d’acquisition ambi tieuse. Nous espérons, à pré sent, une moyenne annuelle de 350 000 visiteurs, à nous de les attirer grâce à une programmation d’expositions de grande qualité. Le travail effectué par la Société Schongauer contribue au rayonnement international de Colmar. Le nouveau musée offre à la ville, à la région mais aussi au pays un remar quable pôle d’attractivité culturel. Nous faisons partie maintenant des plus grands musées d’Europe. » Jean Lorentz, Président de la Société Schongauer 25 Gilbert Meyer, Maire de Colmar « La Ville de Colmar a été maître d’ouvrage des travaux d’agrandissement et de réaménagement du musée. Elle a souhaité redonner à cette institution, fleuron du patrimoine rhénan, son caractère attractif et lui offrir les moyens de doubler sa fréquentation. Le dévelop pement des surfaces d’ex position lui permet aussi de s’inscrire dans le monde contemporain et d’affirmer sa vocation d’ouverture et d’accessibilité à tous. La Municipalité accorde une large place à la culture et consacre plus de 18% de son budget à ce secteur foison nant. Elle n’a pas hésité à investir plus de 17 millions d’euros sur les 44 millions qu’ont exigé les travaux du musée. Grâce aux Colmariens, le Musée Unterlinden est de nouveau installé dans un écrin à la hauteur des trésors que l’Histoire a légués à Colmar. L’extension du musée est essentielle pour le rayon nement de la ville et de la région : elle est le résultat d’une stratégie d’ordre pa trimonial. À Colmar, nous construisons l’avenir en nous appuyant sur notre histoire. » Gilbert Meyer, Maire de Colmar Agir, contempler Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 L’exposition inaugurale d’Herzog & de Meuron, associés à Jean-François Chevrier, se déploie dans les nouveaux espaces du musée du 24 janvier au 20 juin 2016 et évoque les deux registres d’expérience dans l’art : la contemplation et l’action. Jeff Wall, Monologue, 2013, © Jeff Wall Studio 26 27 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Charles Ray, Plank Piece I and II, 1973 © Charles Ray / Courtesy Matthew Marks Gallery, New York « L’exposition inaugurale prend place dans le nouvel espace d’exposition tem poraire de l’Ackerhof et dans la Piscine. Dans l’Ackerhof seront présentées des peintures, des sculptures et des œuvres sur papier (issues des collections du musée), qui nécessitent des conditions d’exposition muséale ; dans l’espace contigu de la Piscine sera montré un en semble de plus de trente films et ex traits de films couvrant tout le 20e siècle, jusqu’à aujourd’hui : certains seront projetés sur un grand écran central, d’autres dans des cabines spécialement aménagées, d’autres encore diffusés sur des moniteurs répartis dans la salle. Outre ces deux parties continues, on peut considérer que l’exposition compte une troisième partie, faite de rendezvous ponctuels dans la Piscine : des rencontres et des performances. Il fallait que l’exposition puisse utiliser et mettre en valeur le passage entre la salle d’exposition et la Piscine. Cet espace est magnifique, c’est la tête de pont du musée vers l’art du 21e siècle ; nous faisons en sorte de l’utiliser au mieux de ce qu’il permet. La problématique de l’exposition évoque le partage de la culture artistique entre deux registres d’expérience : la contemplation et l’action. Cette bipolarité s’est vérifiée dans l’histoire des arts en Europe depuis le Moyen Âge et le temps des cloîtres (consacrés à la vie contem plative) jusqu’à l’ère actuelle des écrans. Action et contemplation ne sont pas deux voies distinctes de l’art, mais deux dimensions qui coexistent, à des degrés divers, dans la plupart des œuvres. Il s’agit de donner au visiteur la possibilité de s’interroger sur ses propres attentes concernant l’art. Nous avons souhaité que cette exposition soit une occasion pour le visiteur de découvrir des œuvres mais aussi de voir le lieu, les espaces magnifiques qui le constituent. Le désir de laisser entiè rement ouverte la grande salle de l’Ackerhof, sans la cloisonner ou la sub diviser, était partagé par tous, du côté des architectes comme du côté de l’équipe du musée. Nous avons choisi également d’y présenter peu d’objets, afin qu’ils trouvent toute leur place et que les relations qui s’établissent de l’un à l’autre apparaissent pleinement. L’exposition ne présente pas une histoire exhaustive et linéaire ; elle évoque trois grandes phases de l’histoire de l’action dans l’art, du 15e siècle à la période actuelle. Nous montrons aussi que cette grande salle de l’Ackerhof permet de présenter de manière très diversifiée des œuvres de toute nature et de toutes les époques. » Jean-Baptiste Peytavin, Les Sept Athéniennes et le Minotaure, début du 19e siècle Photo © RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier Pierre Klossowski, Roberte aux barres parallèles, 1990 © Courtesy Cabinet Gallery, London René Daniëls, De Terugkeer Van De Performance (Le Retour de la performance), 1987, Collection Paul Andriesse Jean-François Chevrier et Élia Pijollet, commissaires de l’exposition 28 29 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Les coulisses du chantier Des entreprises spécialisées ont travaillé à la rénovation complète des bains, à la construction de l’Ackerhof et de la galerie souterraine ainsi qu’aux aménagements de l’ancien couvent des Unterlinden. Harmoniser l’ancien et le nouveau « Le souci des architectes était de préserver le bâti ancien et de rester dans des enduits naturels, des surfaces minérales. En général, nos enduits de chaux sont à grande granulométrie, comme aux Dominicains de Gueb willer ou à l’abbaye d’Ottmars heim. Mais, pour le musée, nous avons réalisé des enduits beaucoup plus fins et plans, notamment pour les salles Moyen Âge, les salles Schongauer et les espaces d’accueil. Par contre, dans le chœur de la chapelle, qui est classé, nous avons préservé l’enduit d’origine et nous l’avons recouvert avec un lait de chaux pour unifier la surface. Le visiteur observera que ce n’est pas uniforme, ce qui peut sembler difficile à comprendre. Ce traitement invite à suivre le mou vement des façades et des murs, il est réalisé à main d’homme qui a plus ou moins caressé la surface. C’est ce qui lui donne sa respiration et exprime l’âme du bâtiment. Cette technique rare et difficile du lait de chaux, nous l’avons adaptée pour couvrir l’escalier hélicoïdal de l’espace d’entrée et lui donner une texture ancienne. Ce très bel ouvrage en béton a été traité avec un enduit à base de chaux et de ciment, un sable de granit rose qui vient de Gérardmer et, pour finir, un lait de chaux que l’on a coloré avec des ocres. » Ahmed Naghmouchi, chef de c hantier, entreprise Scherberich-Monuments Historiques 30 31 Histoire d’une restauration « Le Double portrait d’hommes de Léon Zack (1931) s’est révélé être une œuvre particulière. Le peintre a utilisé les deux côtés de la toile : le revers présente un double portrait de femmes. La restauration devait permettre une présentation du caractère double face de cette peinture. L’état de conservation était assez mauvais : le vernis s’était assombri et encrassé, la toile présentait de nombreuses déformations et était partiellement détachée du châssis. Nous avons décidé de garder le châssis ancien, qui est intimement lié à l’histoire de l’œuvre, puisqu’il témoigne du réemploi par l’artiste du revers de la première composition et nous l’avons retendu pour reprendre les déformations. Nous avons aussi découvert, au cours de cette restauration, qu’une troisième œuvre est probablement présente sous la surface principale ! » Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Julie Sutter, restauratrice du patrimoine, spécialité peinture De nouvelles formes Le retour des œuvres au musée : un ballet parfaitement chorégraphié « La forme de l’escalier qui fait la transition entre les bains et le second étage de l’Ackerhof ne manquera pas d’attirer l’attention : nous avons créé un plafonnement complètement courbe réalisé à partir de fils métalliques agrafés sur un treillis soudé que l’on a enduit de plâtre et lissé jusqu’à obtenir l’arrondi. La disposition de la Maison n’a pas non plus été une réalisation commune : ni carrée, ni régulière, parfaitement excentrique ! » « La réinstallation du Retable dans la chapelle a évidemment été une phase très technique dans le réaménagement du musée. Les panneaux de l’œuvre monu mentale sont à présent montés dans une structure métallique qui permet leur évacuation rapide en cas d’urgence. Frédéric Baumgart, chef de chantier, entreprise Werey-Stenger. 32 Nous avons ensuite orchestré le retour d’environ cinq cent œuvres en quelques jours dans un musée complètement remanié, avec une nouvelle distribution des espaces d’exposition. Les lapidaires ont d’abord été remis en place, des pièces de plusieurs tonnes, dont le déplacement, remarquablement coordonné par Ahmed Naghmouchi, a nécessité une mani pulation e xigeante et des solutions parfois inédites : les grandes statues de prophètes ont dû être penchées dans l’ascenseur pour les faire descendre dans le soussol de l’ancien couvent. 33 Nous avons pensé le soclage des œuvres en amont, avec Aubert Gérard, Directeur du Centre Régional de Restauration d’Œuvres d’Art de Vesoul, pour trouver une ligne continue parmi ces dispo sitifs de présentation selon le type des objets. Nous avons aussi profité de cette phase pour refixer les fragments d’œuvres abîmées avec le temps et procéder au dépoussiérage des objets. » Emma Delgado, régisseur des œuvres Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Plafond des salles Martin Schongauer et des années 1470–1500, éléments en bois peint hétéroclites des 17e et 18e siècle découverts lors de la rénovation de ces salles provenant d’anciens éléments du couvent des Unterlinden et remis à leur emplacement après nettoyage et refixage. 34 35 « Sa composition n’offre aucun repère et notre regard se perd dans la profondeur et l’espace de la toile – pourtant pas très grande – absorbé par ce qui pourrait être une parcelle de terre ou un univers étoilé, un microcosme ou un macrocosme. Le titre ajouté à la présence de couleurs terreuses nous éclaire sur le sujet traité et contraste avec le caractère raffiné des tons et de la matière. À cette époque, Dubuffet réalise de véritables célébrations du sol où la forme disparaît pour céder l’espace à l’uniforme foisonnant. La projection aléatoire en gout telettes de peinture de différentes nuances sur la toile le rapproche alors des dripping de Jackson Pollock. Mais pour Dubuffet, il ne s’agit en aucun cas d’une com position abstraite et ses intensions sont claires, comme le confirment les titres et les sous-titres donnés à chacune des pièces de la série des Texturologies. J’aime la possibilité que nous donne le peintre, en nous laissant la voie libre, de participer nous aussi à ce champ créatif. » Un nouveau regard Au détour des restaurations et des réaménagements des salles d’exposition, le musée a dévoilé de nouveaux secrets. Les conservateurs présentent quelques-unes de ces œuvres qui se sont révélées sous un autre jour. Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef, chargée des collections d’art moderne Jean Dubuffet (1901–1985) Texturologie XXXVII (grave), 1958 Huile sur toile Legs Jean-Paul Person 2008 36 37 « Ce clavecin a véritablement une position d’outsider au sein des collections : non seulement il est en état de jeu mais il a conservé la sonorité la plus proche de ce qu’elle a pu être au moment de sa création. Tous les plus grands solistes du clavecin comme Blandine Verlet, Christophe Rousset ou Gustave Leonhardt ont joué sur cet instrument, ce qui lui donne aussi une place dans l’histoire de la musique. Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 « Ce fragment de bas-relief fait partie d’un ensemble sculpté de grande taille appartenant à un monument commémoratif ou cultuel. Il représente un personnage identifié comme un guerrier barbare ou un géant, les yeux implorants, le bras levé dans une attitude de défense. Par ce thème, il s’insère dans la tradition des scènes grecques de gigantomachie ; l’attitude du personnage est comparable à celles des barbares du Grand autel de Pergame, un des chefs-d’œuvre de la sculpture hellénistique conservé à Berlin, commémorant les batailles des Grecs contre les Galates. Par ses qualités artistiques et l’émotion qui s’en dégage, l’œuvre se démarque très nettement des bas-reliefs funéraires locaux, comme les stèles de facture pro vinciale présentées dans la même salle. Certainement réalisé par un artiste de grand talent et de formation classique, le basrelief de Biesheim constitue une des sculptures antiques majeures de la région. » C’est un objet étrange, composite, qui touche à différents arts : l’ébénisterie, la facture d’instruments à cordes et la grande peinture, la peinture d’histoire qu’on appelait le grand genre. L’intérieur du couvercle historié a trait à la peinture française du 17e : la composition a été réalisée par un peintre parisien des années 1680–1700 qui a représenté la joute musicale entre Apollon et Pan devant le roi Midas, dans un paysage d’influence flamande avec des personnages qui font penser à Poussin. C’est une scène qui détonne dans les collections du musée qui n’est pas vraiment spécialisé dans le 18e ! » Raphaël Mariani, attaché de conservation, chargé des collections 19e siècle et objets d’art Clavecin, 1624/18e et 19e siècles, bois, laque, or, métal, peinture à l’huile Ioannes II Ruckers (Anvers, 1578–1642), Classement au titre des Monuments Historiques, 1966 Achat, 1980 « Le Retable de saint Éloi est une œuvre que j’ai redécouverte, je l’ai toujours connue dans les réserves du musée et je n’avais jamais pu l’observer précisément car le retable était très difficile à voir dans l’espace dans lequel il était conservé. Suzanne Plouin, conservateur en chef, chargée des collections archéologiques Il est composé de 2 volets peints et il manque la partie centrale qui était certainement sculptée. Donné il y a longtemps par le Curé d’Ammerschwihr, c’est une œuvre très anecdotique qui raconte la vie de saint Éloi orfèvre du roi Dagobert. Les légendes autour du saint le montrent souvent coupant la jambe d’un cheval pour ferrer son sabot. Dans cette composition, on peut véritablement observer les petites échoppes telles qu’elles étaient établies au début du 16e siècle. Bas-relief représentant un combattant barbare, Biesheim Grès rose, trouvé en 1770, don de Gabriel Morel, 1842 En réexaminant l’œuvre, s’est présentée à moi une sorte de révélation : il s’agissait en fait du chainon manquant de la peinture à Colmar post Martin Schongauer. L’auteur de cette peinture appartient à un atelier colmarien qui a dû exister dans les années 1480 jusque 1520, un suiveur de Schongauer, très inspiré par lui. » Pantxika De Paepe, Directrice, conservateur en chef, chargée des collections d’art ancien Rhin supérieur, Colmar, Retable de saint Éloi, Saint Éloi ferrant le sabot d’un cheval après l’avoir coupé, Saint Éloi devant le roi Dagobert, Sainte Marguerite et sainte Madeleine, Sainte Barbe et sainte Catherine Vers 1510, peinture à l’huile sur bois, don de l’abbé Hugar, curé d’Ammerschwihr, 1844 38 39 Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Des bains au musée Le bâtiment des bains a retrouvé sa splendeur du début du 20e siècle pour devenir un espace événementiel pour les manifestations du musée (spectacles, concerts, conférences) et pour des réceptions privées. 40 41 La boutique du Musée Unterlinden Le musée et son quartier Une nouvelle boutique, attenante à la billetterie, offre sur une surface de près de 80m2 une belle sélection d’objets en rapport avec les col lections : papeterie, librairie d’art, art de la table et espace jeunesse. L’extension a permis au musée de proposer des espaces d’accueil dignes des grands musées internationaux et de redonner une nouvelle dynamique au quartier qui l’environne. Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Réédition d’une série exceptionnelle de 20 gravures de Martin Schongauer, numérotées, réalisées par le graveur en taille douce Rémy Bucciali, à partir de plaques de cuivre du 19e siècle conservées au musée. Création de trois bijoux, oeuvres singulières et poétiques de Christophe Burger, longtemps designer pour la maison finlandaise Lapponia. La Sphère de la Mélancolie, présentée dans une boîte-écrin, ouvre un dialogue subtile avec l’œuvre de Cranach, un des chefsd’œuvre du musée. Le café Schongauer Installé dans le bâtiment des bains, le café du musée accueille le visiteur dans un décor entièrement créé par les architectes Herzog & de Meuron. Un service continu lui permet de se restaurer, à tout moment, grâce à une carte de plats simples, raffinés, et de pâtisseries délicates, et de profiter, à la belle saison, de la superbe cour bordée de pommiers. 42 43 Culture Muséo’Ciné « Nous avons imaginé une programmation dans la durée, en lançant notamment un cycle de projections autour de l’exposition inaugurale à partir de janvier puis autour de l’exposition Otto Dix à l’automne. Un troisième programme de cinq projections se déroulera en pa rallèle, tout au long de l’année, qui évoquera le rapport entre le cinéma, l’art pictural et le musée. Nous y présenterons par exemple le documentaire sur le musée du Louvre sous l’occupation d’Alexandre Sokourov, « Francofonia », en compétition à la dernière Mostra de Venise. Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Nous poursuivons, avec l’équipe du musée, la même inclinaison pour favoriser la diversité et la transversalité dans les arts. » Fabien Huchelmann, Direction Cinéma Colisée Documentaire « Mon musée en chantier » Réalisation Seppia en coproduction avec France 3 Alsace Suivez l’histoire singulière d’une icône de l’institution muséale qui présente les différents visages d’un musée plus que centenaire, le 2e plus visité en région, et l’aventure extraordinaire de son agrandissement. Centre Européen du livre et de l’illustration Comme le musée qui vient d’achever sa transformation, la Bibliothèque des Dominicains va bientôt entrer dans une phase de rénovation et d’aménagement pour devenir le Centre Européen du livre et de l’illustration (CELI) lui offrant les moyens de valoriser un fonds exceptionnel rassemblant livres anciens, cabinet des estampes et fonds régionaux. Office de Tourisme de Colmar Préparez votre séjour, vos vacances, vos visites grâce aux services et informations touristiques de l’Office de Tourisme de Colmar en Alsace. L’ancien couvent des Dominicains et celui d’Unterlinden constituent les pendants d’un exceptionnel ensemble historique et architectural. Tout les réunit : leur proximité géographique, leur histoire, leur vocation d’institutions patrimoniales. Ce sont les mêmes érudits qui, au 19e siècle, ont présidé au début de la bibliothèque et à la création de la Société Schongauer. Office de Tourisme de Colmar Place Unterlinden 68000 Colmar Tél. 03 89 20 68 92 [email protected] www.ot-colmar.fr 44 45 Autres délectations La Maison Mulhaupt Pour Thierry Mulhaupt, la gourmandise est un art. Plongez dans l’univers du maître chocolatier pâtissier alsacien et découvrez ses mille et une créations délicates et raffinées. Déjà maintes fois primé et salué par la presse, Thierry Mulhaupt, qui a fréquenté les Beaux-Arts, revisite en virtuose l’art de la pâtisserie et du chocolat. Créée dans les années 1930, la pâtisserie est située en plein cœur du centre historique de Colmar. 6 Place de l’École 68000 Colmar Tél. : 03 89 41 24 63 La pâtisserie japonaise Azukiya, pâtisserie du Japon Horaires Lundi : 13h30–18 h 30 Mardi au vendredi : 9h–18h30 Samedi : 9h–18h30 Dimanche : 9h–12h www.mulhaupt.fr Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Découvrez les douceurs du Japon dans cette petite pâtisserie au décor épuré et zen, véritable invitation au pays du soleil levant. Cécile Sasaki vous fera découvrir des mets sucrés et salés raffinés, préparés au rythme du calendrier japonais et au fil des saisons. Vous apprendrez à en connaître les recettes, les ingrédients et la manière de les déguster selon la tradition et les coutumes japonaises. Goûtez à un moment de pure poésie… Ouverture : les vendredis, 11h30–15h et les samedis 11h30–7h Selon la vente de la production du jour, il arrive que le magasin ferme plus tôt. 35 rue Kléber 68000 Colmar Tél. 06 73 78 38 67 [email protected] www.azukiya.fr Côté Four – Côté Cour Coté four, c’est une boulangerie avec ses bonnes odeurs de pains frais, sortis tout chaud du fournil de Laurent Sanchez de 7h30 et 11h30. Le maitre boulanger et son équipe vous proposent chaque jour, un grand choix de viennoiseries et pains au levain naturel et pains spéciaux au fil des saisons. Côté Four, c’est aussi un restaurant qui propose des plats du jour et une carte selon les saisons. La Boulangerie Coté-Four est ouverte tous les jours de 7h30 à 22h30. Les dimanches et jours fériés de 7h30 à 13h. 1924, Un Monde de Cafés Véritable mine d’or pour les amateurs de thé et café et de tous leurs dérivés. Partez à la découverte des grands crus de café, savourez la tasse fruitée d’un Moka Sidamo ou les notes d’épices du Guatemala Huehuetenango. Sans oublier les 180 variétés de cette boisson millénaire qu’est le thé. Côté Cour, dans l’esprit d’une brasserie chic parisienne, la cuisine est traditionnelle et contemporaine. Horaires : 7h30–18h30 Fermé : lundi Place de la Cathédrale 11–13 rue des serruriers 68000 Colmar Tél. 03 89 21 19 18 www.cotecour-cotefour.fr 9 rue des Têtes 68000 Colmar Tél. 03 89 20 61 10 [email protected] Le journal du Musée Unterlinden Comité de rédaction : Pantxika De Paepe, Marie-Hélène Siberlin Conception et création graphique : New Identity Ltd., Basel Textes : Hélène Braeuner Photos : Ville de Colmar, George Dupin, Jean-Marc Hédoin, Christian Kempf, Peter Mikolas, Ruedi Walti Impression : Valblor Diffusion : 3000 exemplaires 46 47 Lucas Cranach l’Ancien, La Mélancolie, détail, 1532, Musée Unterlinden, Colmar Le Journal du Musée Unterlinden 23.1.16 Musée Unterlinden Place Unterlinden F-68000 Colmar musee-unterlinden.com 48 Crédit Mutuel Centre Est Europe, Timken Foundation, me M. Thomas Dietschweiler, M. et M William et Judith Scheide