Édition 2011-07-01 (PDF document)

Transcription

Édition 2011-07-01 (PDF document)
Numéro 66 - juillet - août 2011
Les
NOUVELLEs
ROUMANIE
de
SOMMAIRE
A la Une
Enquête fonds européens
Terres agricoles
Dossier pompiers roumains
Lettre d’information bimestrielle
2à6
7
8 à 11
Actualité
Vie internationale
Moldavie
Politique
Economie
Social
12 à 14
15 à 18
19
20 à 22
23 à 27
Société
Evénements
Santé
Emigration
Minorités
Religion
Sports
Insolite
28 et 29
30 et 31
32 et 33
34
35
36
37
Connaissance
et découverte
Carnet de route
Livres
Cinéma
Mémoire
Tourisme
Blagues, Abonnement
Coup de coeur
38 à 49
50 et 51
52 et 53
55 et 56
55 et 57
58 et 59
60
Vacanta placuta!
Un pays sans repères
I
l ne sert à rien de se cacher derrière son petit doigt. La Roumanie va mal. On
ne peut plus parler seulement d'un mauvais départ mais, désormais, d'une fausse route. Ce triste constat reflète le sentiment général, et des Roumains, dont
trois quarts des jeunes, selon un sondage récent, n'ont qu'une envie, partir, et des
Francophones sur place, qui parlent de plus en plus fréquemment de plier bagages.
On connait les maux de la Roumanie: corruption, incompétence des autorités, privilèges et arrogance de la nomenklatura, qui ont conduit à une défiance généralisée
vis-à-vis de l'administration, amenant la population à perdre espoir de voir un jour son
sort s'améliorer. Mais le plus grave c'est que la Roumanie souffre avant tout d'un
manque de repères moraux. Malgré la domination des Habsbourg, ils existaient en
Transylvanie jusqu'en 1918. On en parle même encore et beaucoup de Roumains espéraient les retrouver avec l'entrée dans l'UE.
La chute de l'empire austro-hongrois a marqué leur chant du cygne. Les grandes
figures qui ont pris alors en main le destin de la nouvelle Roumanie sont vite devenues
des chefs de clans, occupés avant tout à s'enrichir, gangrénant déjà l'Etat par leurs
réseaux. Entre les deux guerres, pas un seul kilomètre de route ou de voie ferrée n'a
été construit ! Ces hommes, donnant leurs noms à des rues, boulevards, universités,
sont devenus aujourd’hui les repères de la nation, à la mémoire inattaquable.
A la fin de la Guerre, certains ont réussi à sauver leur peau en arrosant généreusement le nouveau pouvoir, venu de Moscou, et en tournant casaque… quelques uns
devenant même localement des personnages en vue du nouveau régime. Sous le communisme, la corruption était une pratique plus simple qu'aujourd'hui. Il n'y avait que
trois sources à alimenter: le Parti, l'Armée et la Police. Depuis la "Révolution", les choses ont changé. Il faut désormais “bakchicher”… dès la maternelle.
Au cours de ces dernières années le système de valeurs de la société s'est pratiquement dissous, noyé dans une sorte de logorrhée législative. Plus de 6000 lois ont vu le
jour. Elles ne sont souvent pas respectées car pas même connues des avocats. Leur
publication dans le Journal Officiel lui donne l'épaisseur d'une bible, que personne ne
lit. Une forme d'anarchie larvée semble s'installer. Il arrive même qu'on apprenne que
des policiers ont été battus ici ou là.
Une blague court, illustrant le désintérêt des Roumains vis-à-vis de leur société.
Le Bon Dieu proposant à l'un d'entre eux de transformer son pays en Eden, avec des
rivières de miel, des montagnes de chocolat, des plaines de nougat, s'entend répondre:
"Combien je touche ?". Aujourd'hui, les Roumains n'ont guère plus que le choix de
s'en remettre à leurs propres repères moraux.
Henri Gillet
1
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Fonds européens
l
l
SIGHET
l
SUCEAVA
BAIA MARE
CLUJ
ARAD
l
SIBIU
l
l
IASI
l
l
TIMISOARA
PITESTI
CRAIOVA
l
l
TARGU
MURES
GALATI
l
BRASOV
l
l
l
TULCEA
n
BUCAREST
Maramures
dans le collimateur
22
2
Fonds européens : usine
CHISINAU
l
Sighetu-Marmatiei (Maramures)
souffre d'être isolé de sa préfecture,
Baia Mare, pendant l'hiver. La route
reliant les deux villes, passant par
les cols du Gutin et de Neteda est
impraticable. Les habitants ne peuvent donc pas venir faire leurs
démarches administratives.
La population attend avec impatience la réalisation d'une voie bis, à
l'abri des caprices de la météo, passant par Baia Sprie et Bârsana, dont
le tracé de 56 km est arrêté depuis
longtemps. L'UE a décidé de la
financer à hauteur de 50 M€.
Le président du judet, l'entrepreneur Mircea Man, également président du PDL (parti de Basescu) et
député pendant dix ans, a emporté le
marché. Cet ancien pdg de Distrigaz
nord, considéré comme particulièrement corrompu, a accumulé une fortune considérable Les travaux ont
donc enfin commencé mais un
concurrent écarté ne l'a pas entendu
de cette oreille et a fait appel.
C'est alors que la DNA (Direction
Nationale Anticorruption) a fait une
descente chez Mircea Man, l'arrêtant
pour 24 h, avant de le relâcher. Il a
été finalement accusé d'avoir bénéficié d'un séjour en famille de 3 jours
à la station thermale de Baile Felix
(50 €/jour !) … lui qui a passé ses
dernières vacances à Dubaï.
On se perd en conjectures. Ne
serait-il plus en odeur de sainteté au
sein de son parti ou plutôt n'aurait-il
pas assez bien redistribué les 2 M€
que lui aurait rapporté le marché ?
En tous les cas, le chantier, seul projet européen consacré au
Maramures, a été à nouveau retardé
au grand dam des habitants.
La Roumanie n'a utilisé
La bonne gestion des sommes allouées à la Roumanie est l'une des principales préoccupations de l'Union Européenne, sa capacité réduite d'absorption des
fonds mis à sa disposition par Bruxelles étant de notoriété publique. Comment en
est-on arrivé là? Pour en avoir le cœur net, "Les Nouvelles de Roumanie" ont
entrepris une enquête auprès d'acteurs de l'attribution de ces fonds, de témoins
de leur utilisation, arrivant à cette conclusion: l'aide européenne, indispensable,
est une véritable usine à gaz dont la complexité décourage trop souvent ceux qui
en ont véritablement besoin, tout en permettant, malheureusement à des profiteurs de la détourner de son véritable objectif… le décollage économique de la
Roumanie.
E
n tant qu'État membre de l'Union Européenne, la Roumanie s'est vu notifier
en 2006 l'attribution d'un montant de 17,3 milliards d'euros, du budget des
fonds structuraux pour la période 2007-2013. C’est ainsi que 5,7 milliards
d'euros ont été alloués au titre du fonds de cohésion, 11,1 milliards d'euros pour l'objectif de convergence et 404 millions d'euros pour l'objectif de coopération territoriale
européenne.
"A la roumaine… c'est-à-dire à la dernière minute"
Deux ans avant la fin de l'échéance, seulement 10 % de ces fonds, en moyenne,
ont été utilisés, soit 1,7 milliard d'euros, alors que le pays souffre d'un manque criant
d'infrastructures. Ce pourcentage est même tombé à 3 % dans le domaine des
transports, alors que
les routes roumaines
et les voies ferrées
sont toujours dans
un état aussi piteux.
Ces moyennes
doivent êtres pondérées. Elles ne prennent en effet en
compte que les réalisations effectuées et
non les projets en cours, dans l'attente d'une concrétisation ou de l'envoi des factures mais qui ne sont pas pour autant sûrs d'aboutir. Dans ce cas, on serait plus près de
30 % du total de l'enveloppe consentie par l'UE, soit 5 milliards d'euros. Néanmoins,
il ne reste que deux ans à la Roumanie pour engager les 12 autres milliards consentis,
soit 70 % … et davantage si certains projets actuels n'aboutissent pas.
Mais si en 5 ans, la Roumanie n'a pu utiliser que 10 à 30 % des sommes mises à
sa disposition, comment peut-elle réussir en deux ans à en engager de 70 à 90 % ? C'est
possible estiment les observateurs : "à la roumaine"… c'est-à-dire à la dernière minute. Et les plus cyniques de rajouter "C'est le moment de déposer son dossier : l'administration roumaine n'aura pas le temps de procéder à toutes les vérifications et tout
passera". On risque donc de revoir fleurir les demandes de financement de pensions
touristiques qui se révèlent être des maisons d'habitation de particuliers.
Des fonds quasiment entièrement sous contrôle de Bucarest
Mais au fait… Comment ces fonds sont-ils attribués ? Dans un premier temps, la
Roumanie précise ses besoins et ses projets auprès de l'UE dans le cadre de l'enveloppe globale qui lui a été consentie. Bruxelles décide alors d'accorder un financement
pour une période donnée et, au fur et à mesure de leur concrétisation, débloque les
fonds.
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
que 10 % des 17 milliards attribués sur cinq ans par Bruxelles
à gaz, tonneau des Danaïdes…. et pourtant indispensables
La Roumanie, comme la Bulgarie, autre épine dans le pied
Bucarest a pratiquement la main haute d'un bout à l'autre de la
de Bruxelles, est depuis 2007 membre à part entière de l'UE.
chaine. Les attributions sont faites par des évaluateurs de firA sa charge désormais de gérer totalement les fonds sollicités
mes privées roumaines, sélectionnées par appels d'offres.
et reçus. L'Union Européenne n'a plus la possibilité, ni l'intenCette procédure d'inspiration libérale anglo-américaine a été
tion d'ailleurs, de s'ingérer dans les affaires d'un pays membre.
finalement retenue car l'Etat roumain n'a pas réussi à former
Leur contrôle revient exclusivement à l'administration roumaiun corps de fonctionnaires ayant autant de "flair" que dans
ne. Il existe bien une autorité
d'autres pays pour dénicher ce
d'audit des fonds européens,
qui ne va pas.
chargée de vérifier leur utilisaSi la méthode donne
tion… A ceci près qu'elle est
quelques résultats, on constate
aujourd'hui roumaine ! En
en général que les évaluateurs
2010, elle en était encore à cervont rarement au fond des
tifier les comptes de 1999,
dossiers. En outre, à chaque
avec beaucoup de peine
niveau, le processus peut
d'ailleurs.
conduire à des dérives: lors de
Bruxelles conserve cepenla sélection des firmes privées
dant un levier de contrôle. Si
par appel d'offres, lorsqu'il
l'autorité d'audit roumaine
faut retenir un dossier, lorssignale une fraude, les fonds
qu'il faut le faire aboutir à
sont gelés ou retirés de l'éLes “modestes” pensions de famille ont poussé comme Bruxelles, lorsque, lors du
des champignons dans le pays, grâce aux fonds européens. versement des fonds, il faut
chéance du versement suivant
à effectuer. Parfois, d'ailleurs - et c'est valable dans les autres
contrôler l'authenticité des factures. Un contrôle très formel…
pays de l'UE - il ne s'agit pas d'une tromperie délibérée, mais
d'ailleurs on ne sait pas pourquoi l'agence de paiement en est
d'une mauvaise interprétation d'un texte compliqué. Bruxelles
à sa Xème directrice.
dispose aussi d'un autre garde-fou: les fonds ne sont mis à
On est en Roumanie, ne l'oublions pas, où le bakchich se
disposition qu'au fur et à mesure de la mise en œuvre du propratique du baptême à l'enterrement, le phénomène s'étant
jet, contre la présentation des factures. Il s'agit donc en fait
même amplifié ces dernières années. Ces dérapages échapd'un remboursement.
pent-ils à l'Union Européenne? Celle-ci a envoyé sur place
Leurs bénéficiaires qui, leur dossier accepté, ont, en prinpendant deux ans des conseillers chargés de mettre le système
cipe, 2 à 3 ans pour le concrétiser, peuvent toutefois commenen route, britanniques, allemands, français, etc. et qui ont fait
cer leurs travaux sur leurs fonds propres ou demander une
très consciencieusement leur travail.
avance, ce qui est le cas de la grande majorité, laquelle peut se
Des missions de contrôle sont venues. Tous n'ont pas manmonter à 50 % du financement obtenu.
qué d'alerter leurs supérieurs par des rapports écrits et verMais c'est là que le bât blesse encore, expliquant en partie
baux. Au courant des dérives, Bruxelles ne réagit pas. Le prinles retards: c'est à l'Etat concerné d'avancer la somme, en
cipe de non-ingérence a bon dos !
attendant que Bruxelles verse les fonds… et comme la
Les sommes en cause sont pourtant conséquentes.
Roumanie n'a déjà pas d'argent pour payer ses fonctionnaires,
Certains gros projets portent sur des millions d'euros… Ce
l'enveloppe réservée aux avances se rétrécit comme peau de
sont d'ailleurs souvent ceux qui marchent le moins bien, alors
chagrin, bloquant le démarrage des projets.
que les petits, plus précis, portés parfois par des associations,
donnent fréquemment de bons résultats.
Le principe de non-ingérence a bon dos !
Alors les fonds européens: usine à gaz, tonneau des
Danaïdes, dérives balkaniques ? Sans-doute un peu des trois…
Sur les quatre étapes de l'attribution des fonds européens mais pourtant la Roumanie en a tellement besoin !
évaluation des projets, décision, paiement, vérification Une enquête des "Nouvelles de Roumanie"
A nos abonnés
Le dernier numéro des Nouvelles de Roumanie (N° 65), envoyé le 27 avril, est arrivé avec parfois plus de trois semaines de
retard dans de nombreux départements français, mais aussi en Belgique et Roumanie. Il semblerait qu'un incident soit survenu sur
la chaîne d'expédition de la Poste, concernant également d'autres revues, des sacs postaux étant égarés.
Nous avons été alertés par le biais d'e-mails de lecteurs s'étonnant de ne pas l'avoir encore reçu, alors que nous nous trouvions
en Roumanie et Moldavie pour six semaines, et nous avons prévenu immédiatement la Poste.
Nous prions vivement nos abonnés de nous excuser pour ce retard, même s'il était totalement indépendant de notre volonté et
nous demandons à ceux qui n'auraient pas encore reçu le n° 65 de nous le signaler ([email protected] ou 02 40 49 79 94).
22
3
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Fonds européens
l
l
SIGHET
SUCEAVA
l
BAIA MARE
CLUJ l
ARAD
l
SIBIU
l
l
l
TIMISOARA
IASI
CRAIOVA
l
l
TARGU
MURES
GALATI
l
BRASOV
PITESTI
CHISINAU
l
l
l
l
TULCEA
n
Alors qu'il reste entre 12 et 15 milliards de fonds européens à distribuer d'ici
à deux ans, on peut s'étonner du manque d'enthousiasme des Roumains à leur
égard. Beaucoup renoncent à déposer une demande à cause de la complexité de
la démarche, assimilée à un véritable parcours du combattant alors que, par
exemple, le processus est beaucoup plus facile pour les candidats de l'Europe
occidentale.
BUCAREST
Chauffage :
restriction sur
les subventions
4
Un parcours du
L'Etat roumain a décidé de supprimer les subventions pour le chauffage, seuls les ménages aux revenus
les plus faibles en bénéficieront à
partir de l'automne prochain. Une
décision prise suite aux négociations
menées avec le Fonds monétaire
international (FMI,) par le gouvernement d'Emil Boc. Fini donc le soutien
à grande échelle tel qu'il existait.
Jusqu'à présent, l'Etat couvrait 45%
du prix des combustibles, payés
directement aux producteurs. Ainsi,
un habitant de Piatra Neamt par
exemple ne payait que 148 lei par
gigacalorie, quand le prix réel de distribution est de 279 lei (65 €).
Mais, comme annoncé par le gouvernement, les subventions de l'Etat
ne sont pas non plus totalement supprimées: avec l'accord du FMI, il a
été décidé de les maintenir pour les
foyers les plus défavorisés. Emil Boc
a révélé qui en seront les bénéficiaires: "Je pense que les familles qui
ont un revenu par personne de 800 à
850 lei (200 €) maximum vont continuer à bénéficier d'un soutien supplémentaire pour payer leurs factures", a
déclaré le Premier ministre. Il a par
ailleurs reconnu que pour les revenus
dépassant ce niveau, les factures risquaient de s'alourdir.
(Suite page 6)
L
es fonds européens ont mauvaise réputation. Trop compliqués à obtenir
pour un succès rien moins que garanti, ce à quoi s'ajoute une absence d'information réelle pour la population concernée. Le candidat potentiel doit
remplir un dossier de 15-20 pages qui en atteint parfois 50, à envoyer mais à faire également sur Internet. Quand on sait qu'au niveau individuel, le secteur agricole et les
paysans devraient en être les premiers destinataires, on devine déjà où se trouve une
des principales raisons de leur non utilisation.
La grande majorité des dossiers sont refusés pour de simples considérations de
forme, qui n'ont rien à voir avec le fond de la demande… aussi bêtes que ne pas remplir le questionnaire en caractère 12 Times New Roman, comme exigé dans la notice,
ou ne pas numéroter les pages, ou ne pas en présenter quelques unes dans l'ordre.
Comme au bac… avec une grille d'évaluation
C'est comme au bac, avec une grille d'évaluation. Pour franchir l'étape, il faut
obtenir un certain nombre de points. Si on se trompe sur une question, c'est automatique: on n'en marque pas. Si on omet de joindre un document, et ils sont nombreux à
fournir… c'est le rejet pur et simple. La liste d'obligations à respecter est interminable.
A se demander s'il ne s'agit pas de décourager les candidatures spontanées à l'avance…
Pour laisser le champ libre à celles que l'on veut favoriser ?
Même s'il parvient à franchir l'obstacle, le candidat est rien moins qu'assuré de
passer le second, beaucoup plus sérieux, portant sur le fond de la demande. Là aussi,
mais à partir d'une grille de critères cette fois-ci plus appropriée, il faut obtenir le nombre de points nécessaires, en sachant que les évaluateurs n'y connaissent parfois pas
grand-chose, notamment dans le domaine agricole.
Encore le postulant doit-il savoir à quel titre, il sollicite une aide. Ainsi, l'agriculteur qui élève aussi des abeilles, produit du miel, une activité très développée en
Roumanie… doit-il le faire en se référant à la mesure 1-4-1, intitulée "Appuis aux fermes agricoles de semi-subsistance"! S'il a déniché la bonne nomenclature et remplit
correctement les formulaires, un grand pas est fait. L'évaluateur viendra vérifier sur
place le nombre de ruches déclarées et validera la demande… même si elles sont
vides, ne poussant pas plus loin ses investigations.
Le candidat dont le dossier a été repoussé peut toujours faire appel, sans grand
espoir de réussite toutefois, car il risque de repasser devant le même évaluateur. A
moins de s'arranger… La Roumanie n'est-elle pas le pays où tout est possible ?
Cabinets de consultants qui fleurissent et dossiers "bidons"
Autant dire que les cabinets de consultants qui se proposent d'aider les demandeurs à remplir leurs dossiers fleurissent un peu partout. Certains sont sérieux mais
c'est loin d'être toujours le cas, la compétence faisant souvent défaut. En moyenne, ils
demandent 7 % du montant de la somme sollicitée, parfois 10 %, le candidat devant
verser une avance de 2000 à 5000 €, sinon plus.
De gros cabinets proposent leurs guides et conseils payants sur Internet, ou même
des stages… alors qu'on trouve ces renseignements gratuitement sur les sites des
ministères roumains concernés, ainsi s'ailleurs que la liste et le descriptif des projets
qui ont été retenus, le montant du financement et le nom du bénéficiaire.
Un autre risque guette les demandeurs isolés. Lorsqu'une ligne de crédits pour un
secteur précis est ouverte, il arrive que de ces mêmes officines, au courant ou ayant
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
combattant qui décourage nombre de Roumains
en réserve des dossiers tout prêts, en déposent le jour même
pation peut atteindre 40 % de l'aide sollicitée, hormis dans le
un nombre pharamineux parfois une centaine, sollicitant quajudet d'Ilfov, autour de Bucarest, considéré comme plus riche
siment la totalité du montant de l'enveloppe qui va être distrioù ce seuil grimpe à 50 %. S'il s'agit d'une association ou d'une
buée. Le tour est joué. L'administration présuppose que tous
ONG, l'apport exigé peut n'être que de 2 %, de même, dans cerles dossiers qu'elle doit examiner sont bons et leur dépôt est
tains cas et suivant la nature du projet, pour les mairies.
clos, même s'il reste aux "retardataires" deux ou trois mois à
Quand enfin l'administration roumaine signifie son accord
courir pour formuler une demanau demandeur, il ne lui reste plus
de. Le système est alors bloqué.
qu'à patienter dans l'attente de
Même si la moitié de leurs dosl'arrivée des fonds ou solliciter
siers sont "bidons", ces cabinets
une avance. Cela peut prendre
et leurs clients sont assurés d'emplusieurs mois. Qu'il ne s'avise
pocher la moitié du pactole. C'est
surtout pas à commencer ses tratoujours çà de pris ! Tant pis si la
vaux avant d'avoir reçu le feu
moitié de l'enveloppe allouée
vert définitif… son contrat aurait
n'est pas utilisée. On pourrait
de grandes chances d'être résilié.
penser que des listes d'attente
Cette situation met dans
existent? Non, les autorités avanl'embarras certains. Comment
cent que l'administration n'a pas
lancer un projet de culture de
le personnel suffisant, et que cela
pommes de terre, lesquelles doiLe paysan roumain doit passer
engendrerait des coûts suppléde la charrue à Internet pour obtenir ses fonds. vent être plantées impérativementaires au niveau des cabinets
ment avant fin mars, si les fonds
de consultants et des agences d'évaluation.
n'arrivent qu'en décembre suivant? A Avrig, près de Sibiu, où
le cas s'est posé dernièrement, les agriculteurs, n'ayant pas de
Ne pas aller plus vite que la musique
nouvelles plus d'un an après avoir déposé leur demande de
subvention, ont préféré se passer de l'aide européenne et se
Le principe des fonds européens est basé sur le co-finandébrouiller par eux-mêmes en s'adressant directement à des
cement. Le demandeur doit contribuer à une partie du financeproducteurs bretons prêts à les épauler.
ment de son projet. Là, c'est encore compliqué. Cette particiHenri Gillet
Dérives… entre deux rives de la Tisa
commencé en 1999,
finalisés en 2001,
réceptionnés une première fois en 2003.
Sa mise en service a
été retardée à plusieurs reprises.
Des jeunes en
costumes
folkloriques, venus aussi
bien de Sighet que de
Un pont qui a coûté cher Solovitno qui lui fait
aux contribuables européens et roumains.
face, entament danighetu-Marmatiei (Maramu- ses et chansons populaires, offrant, selon
res), 15 janvier 2007. Le prési- la tradition, pain et sel aux deux chefs d'édent Basescu et son homolo- tat, qui tombent dans les bras l'un de l'augue ukrainien Viktor Iuscenko s'apprêtent tre, sous le regard béat d'un haut fonctionà couper le ruban inaugural du pont fron- naire européen. Serait-il au courant que si
tière entre les deux pays, qui franchit la les travaux ne sont toujours pas achevés,
Tisa. Cet ouvrage en bois de 250 mètres, faute de fonds… c'est que beaucoup d'arseul point de passage entre la Roumanie gent a été détourné? Mais il vient spéciaet l'Ukraine sur des dizaines de kilomèt- lement de Bruxelles… "Pas de scandale,
res, financé en partie par des fonds euro- je vous prie"…et il signe tout de même le
péens, est attendu avec impatience par les document témoignant de la bonne finition
populations riveraines. Les travaux ont des travaux.
S
Le gouvernement roumain a débloqué en urgence cinq milliards de lei
(100 000 €) pour cacher les insuffisances
afin de pouvoir procéder à la cérémonie.
C'est ainsi que l'on a bitumé la plage
d'une rive; souillée par les travaux, que
les officiels devaient emprunter !
En août 2007, le pont était fermé à la
circulation, n'ouvrant définitivement
qu'en 2008 après avoir été presque entièrement refait, ne correspondant plus au
projet initial. Ses structures avaient été
attaquées par des champignons, la corrosion, les matériaux utilisés étaient de
mauvaise qualité, montés de travers. Un
véritable désastre qui était aussi un danger public !
Son coût initial d'un million d'euros
(avec un apport de fond PHARE européens de 300 000 €) a été au moins multiplié par trois. Ce qui fait dire à un
témoin sous le coup d'une indignation qui
explique son exagération: "Il a coûté plus
cher que le viaduc de Millau!". (Ndlr:
2450 mètres, 400 M€).
22
5
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Labourage ou pâturage :
certains savent se débrouiller
Il serait injuste de confiner les aides européennes à un système généralisé
d'arnaques. Elles contribuent à de belles réussites, encouragent nombre d'initiatives, réveillent l'espoir de ceux qui veulent entreprendre et ont comme ambition de
donner un coup de pouce décisif au développement économique de la Roumanie et
à son arrimage à l'UE. Raison de plus pour pointer du doigt leurs dysfonctionnements ou dérives, pour qu'elles soient utilisées à bon escient.
accepté, il a fait un emprunt à la banque pour la part du cofinancement, garanti sur sa maison et celle de ses parents.
Dès la réception de la première tranche de l'aide de l'UE,
il s'est lancé dans les travaux, mais s'est trouvé coincé par
manque de trésorerie dans l'attente du versement de la secon-
Fonds européens
l
SUCEAVA
l
l
l
CHISINAU
l
l
IASI
ORADEA
ARAD
BOTOSANI
l
l
BAIA MARE
M. CIUC
SIBIU
TIMISOARA
l
BRASOV
l
l
BRAILA
PLOIESTI
l
l
CRAIOVA
l
n
CONSTANTA
BUCAREST
Jusqu'à + 60 %
sur les factures
6
Effectivement, les effets de cette
mesure risquent de se faire sentir
dans les foyers roumains. Mihai, par
exemple, vit à Bucarest, dans une
vieille maison mal isolée. Pendant
les mois d'hiver, il déboursait déjà
plusieurs centaines de lei. Employé
dans une banque, il ne touchera plus
les aides et redoute de voir le montant de sa facture s'envoler. Selon
les premières estimations, la note
pourrait grimper de 1 à 60% en fonction de l'importance des aides versées par les mairies, variables d'une
commune à l'autre.
Le FMI s'attend d'ailleurs à ce
que cette hausse des prix du chauffage entraîne aussi une hausse de
l'inflation. "Nous prévoyons que l'inflation grimpe à 5 ou 6%, a ainsi
déclaré Jeffrey Franks, le chef de la
délégation du FMI en Roumanie.
Nous ferons des prévisions plus précises lorsque l'on connaîtra aussi les
modifications exactes du prix du gaz,
qui doit augmenter de près de 10%
d'ici à septembre ".
L'eau des puits taxée ?
Par ailleurs, un projet de loi a été
déposé au Parlement visant à taxer
les propriétaires d'un puits, en s'appuyant sur le prétexte qu'ils ne possèdent le terrain qu'en surface.
Cette initiative, si elle se concrétisait, risquerait de provoquer de très
vives réactions à la campagne ou
peu de villages disposent de l'eau
courante, l'immense majorité des
habitants utilisant leurs propres ressources.
E
n 2008, le budget total de la PAC (Politique Agricole Commune européenne) représentait 45 milliards d'euros, soit 43 % du budget total de l'UE. Avec
21,6 % de son montant (10,4 milliards d'euros), la France se taillait la part
du lion, devant l'Espagne (14,5 %), l'Allemagne (13,9 %), le Royaume-Uni (9,3 %),
l'Italie (11,5 %), les 22 autres pays se partageant les 29,2 % restants. En France, la PAC
concernait alors 508 000 bénéficiaires dont 487 177 exploitants agricoles, 10 % d'entre eux (des groupes agro-alimentaires
essentiellement) touchant la moitié
des subventions.
Des chiffres qui pouvaient faire
rêver en Roumanie, même si la restructuration de la PAC est en cours. A
la même époque, la Roumanie, pays à
50 % rural, n'encaissait qu'1,7
milliard d'euros, soit 3,7 % du total.
Cette inégalité de traitement se
retrouve au niveau des demandes de
subvention. L'agriculteur roumain
doit suer sang et eau pour remplir son
dossier, alors que cette opération est beaucoup plus facile et rapide pour son homologue français ou occidental.
Il existe d'autres aberrations. Ainsi l'élevage des buffles roumains, exportés notamment en Italie pour produire la mozzarella n'est pas subventionné… alors qu'ils l'est
dans ce dernier pays, en Hongrie et en France.
Petits et grands arrangements
S'agit-il d'une politique de prudence de l'UE, devant les risques de dérives ? Dans
le Maramures, l'APIA (Agence de Paiement et d'intervention dans l'Agriculture), qui
existe aussi dans les autres pays européens, est considérée comme l'une des administrations les plus corrompues du judet. On affirme qu'il suffit d'y connaître un employé, du
plus petit fonctionnaire - parfois même un chauffeur - aux chefs de services, pour faire
avancer son dossier.
Un paysan qui entend récupérer sa forêt confisquée sous le communisme, mais ne
possède plus les anciens titres de propriété, n'a pas d'argent pour payer les avocats, verser les bakchichs indispensables, sait à quelle porte frapper. On s'arrange pour demander des subventions européennes en faisant moitié-moitié, fausse déclaration à l'appui.
Cela peut porter sur des superficies de 100 ha, plus parfois, gonflées jusqu'à 2000 ha…
On a même vu une demande à 6000 ha !
Autre subterfuge couramment utilisé, notamment par les petits paysans, qui sont
pauvres : les demandes de subventions pour le fourrage… Comme elles sont deux fois
plus élevées que pour le pâturage, elles seront déguisées dans le sens le plus avantageux. Si l'APIA vient vérifier… il y aura toujours moyen de s'arranger.
Drames quand la subvention n'arrive pas à temps
Mais, à contrario, ces mêmes aides, utilisées dans le meilleur esprit, peuvent provoquer sans le vouloir des drames. Un cas flagrant, survenu en Bucovine, l'illustre.
Un homme de 38 ans, célibataire, y a décidé d'ouvrir un camping moderne. Son dossier
de, bloqué on ne sait où. La banque s'est faite de plus en plus
pressante pour finalement saisir l'ensemble des biens de la
famille.
Il existe malheureusement beaucoup d'autres cas identiques. Certains ont même conduit à des suicides.
En Suisse, un hectare de terre coûte
jusqu'à 80 000 €… en Roumanie, entre 2000 et 3000 €
l
(Suite de la page 4)
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le pactole européen pour les agriculteurs occidentaux venus s'installer
L
'agriculture roumaine intéresse de plus en plus les
investisseurs étrangers. Les autorités sont en train
de s'en rendre compte et souhaitent prendre la
situation en main. Il y a quelques années, les Hani n'auraient
jamais pensé trouver leur bonheur en Roumanie. Pourtant,
cette famille d'agriculteurs suisses s'apprête aujourd'hui à
semer pour la troisième année consécutive quelque 800 hectares dont elle est propriétaire dans la région d'Arad. Christian
Hani, 31 ans, est venu pour la première fois en Roumanie il y
a sept ans. Il venait tout juste de terminer ses études d'agronomie. Sur les conseils de son père, un ancien conseiller financier dans le domaine agricole, il a acheté des terres, embauché
des paysans et mis en place la ferme. Son beau-frère l'a rejoint
quelques années plus tard.
"En Suisse, tout est déjà fait, il n'y a plus de place pour
les jeunes. Ici, nous avons la possibilité de construire quelque
chose en partant de zéro", témoigne-t-il. Comme la majorité
des agriculteurs suisses qui sont venus s'installer en
Roumanie, les Hani font du bio. Ils exportent ensuite la totalité de leur production en Suisse et en Allemagne. Une affaire
désormais rentable. "En Suisse, un hectare de terre peut coûter
jusqu'à environ 80 000 euros, alors qu'ici, en Roumanie, nous
avons acheté l'hectare entre 2000 et 3000 euros", détaille
Theo Hani, le père.
Dans le Banat, 80 % des terres
aux mains des étrangers
Comme les Hani, de nombreux agriculteurs d'Europe de
l'Ouest ont compris que la Roumanie était devenue un très bon
investissement. Dans la région du Banat, à l'ouest du pays, ce
sont 80% des terrains agricoles qui sont aux mains des étrangers. La majorité d'entre eux viennent d'Italie. "Beaucoup d'investisseurs ont eu accès aux programmes des fonds européens.
Cela leur a permis d'acheter de nombreuses machines agrico-
les et de construire des silos où sont entreposées leurs céréales. La production est ensuite exportée dans toute l'Europe",
explique Michelangelo Rosso, investisseur italien basé à
Timisoara depuis huit ans, qui a créé son entreprise de fourrage agricole.
"En Europe de l'Ouest, on a décidé d'encourager la production de biocarburants au détriment des cultures classiques.
C'est ce phénomène qui entraîne le développement de l'agriculture en Roumanie", soutient Samuel Widmer, un éleveur
suisse basé dans la région de Sibiu.
Et les chiffres lui donnent raison. En 2010, la Roumanie
est devenue le premier cultivateur de maïs d'Europe en termes
de surface et le deuxième derrière la France en terme de production, selon les statistiques provisoires de l'Institut national
des statistiques, oubliant toutefois de mentionner qu'il s'agit
souvent de culture OGM.
Le pays devient d'autant plus attrayant que la nouvelle
PAC (Politique agricole commune), en 2014, va permettre au
niveau européen une répartition plus égalitaire des subventions à l'hectare. Avec près de 15 millions d'hectares de terres
agricoles, la Roumanie ambitionne de devenir la troisième
puissance de l'UE dans ce secteur.
Le principal problème reste cependant la parcellisation
excessive des terres qui freine le développement de grandes
exploitations. Pour contourner cet obstacle, le ministère de
l'Agriculture travaille à un projet de rachat ou de concession
des petites parcelles pour pouvoir constituer de grandes surfaces. Celles-ci seront ensuite proposées en concession aux
investisseurs agricoles.
"L'important, c'est de réunir ces terrains, de les cataloguer et de voir comment ils peuvent être mieux exploités", a
récemment déclaré le ministre de l'Agriculture, Valeriu
Tabara. Reste à voir si les agriculteurs roumains en profiteront
aussi…
Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)
Les Nouvelles de Roumanie sur Internet !
Les Nouvelles de Roumanie disposent désormais d'un site internet www.lesnouvellesderoumanie.eu sur lequel vous
pouvez consulter sans exception tous les numéros parus depuis le premier (septembre 2000), sauf ceux datant de moins
d'un an, réservés aux abonnés, dont les internautes peuvent cependant retrouver la présentation.
Les articles parus dans nos colonnes peuvent être repris librement, sous réserve d'être ni dénaturés, ni utilisés dans un
sens partisan ou à des fins commerciales, et en précisant leur source. Nous voulons ainsi répondre aux sollicitations de lecteurs, d'associations, de comités de jumelage, de chercheurs, d'étudiants, etc., qui souhaitent se servir de cette base de données pour leurs travaux, leurs bulletins, et que nous mettons volontiers à leur disposition.
www.lesnouvellesderoumanie.eu
7
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Dossier
Début juin, un nouveau camion de lutte
Un plan Marshall
SUCEAVA
l
GHERLA
l
ARAD
l
CHISINAU
DEDA
l
ORADEA
l
l
BAIA MARE
IASI
CLUJ
VASLUI
l
TIMISOARA
BRAILA
l
CRAIOVA
l
TÂRGOVISTE
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
OLTENITA
CONSTANTA
l
l
Aux communes
de se débrouiller
8
pour les pompiers roumains !
l
l
l
PITESTI
contre les incendies a pris le chemin de la Roumanie, à l'initiative d'OVR Suisse
l
SIBIU BRASOV
l
l
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'Inspectorat Général de Situation
d'Urgence (IGSU) est l'organisme
national, rattaché au ministère de
l'Intérieur roumain, qui coordonne à
l'échelle du pays le fonctionnement
et l'organisation du service d'intervention des pompiers et des services
médicaux d'urgence (SMURD).
Chaque judet dispose d'un ISU
propre qui gère les interventions à
son niveau. Des centres dans les
villes importantes existent également. L'ensemble du personnel est
engagé par l'Etat roumain. Les ISU
disposent d'un matériel minimal utilisé dans l'ensemble du judet. Ils
reçoivent également les appels d'urgence (le 112).
Dans chaque commune, il existe
un responsable du "service pompiers
volontaires". Il s'agit d'un employé
communal désigné à ce poste. Il
reçoit l'appel de l'ISU, évalue la
situation et organise l'intervention,
bien souvent avec les maigres
moyens à disposition.
Il s'agit de la première intervention
en attendant l'arrivée des pompiers
militaires de l'ISU, basés parfois à
plus de 100 km.
La nouvelle loi sur le "service
incendie", entrée en vigueur en octobre 2010, impose aux communes la
mise en place d'un service de pompiers volontaires (et plus seulement
un responsable désigné comme référent de l'ISU). Face à la situation
économique actuelle, bon nombre de
mairies n'ont pas les moyens de
financer un tel service, quand bien
même celui-ci serait de première
nécessité pour l'ensemble de la
population.
La Roumanie soufre cruellement du sous-équipement de ses centres d'intervention d'urgence, autrement dit les pompiers. Le problème est si grave qu'il est
devenu une priorité nationale. Depuis peu, la législation roumaine fait obligation
aux communes de se prendre en charge… sans pour autant leur en fournir les
moyens. Forte d'une expérience de plus de dix ans dans le domaine, OVR-Suisse a
pris le taureau par les cornes et a acheminé, début juin, un nouveau camion, remis
aux autorités locales du centre de Deda (Mures), ainsi que dix tonnes de matériel
d'intervention, avec des équipements pour plus de 200 pompiers de 3 autres
régions. L'ONG espère ainsi donner le coup d'envoi à un véritable "plan
Marshall" pour les pompiers roumains, en suscitant des émules ailleurs, notamment en France et Belgique.
P
ascani, ville de 42 000 habitants dans le judet de Iasi. Quand le feu prend
dans un groupe d'immeubles, les pompiers locaux n'ont plus qu'à s'en remettre à la providence. La seule grande échelle permettant de lutter contre les
incendies se trouve à Iasi, à 80 km… Une distance à parcourir sur les routes roumaines
à la vitesse d'un fourgon pompe. Une nouvelle fois, le commandant des sapeurs pompiers sera sur place quand l'incendie se sera éteint de lui-même… rageant de devoir seulement signer le procès verbal constatant la destruction du bâtiment.
La situation est identique à Oltenita, à la frontière avec la Bulgarie. Ce sont les
pompiers de Cernavoda, à 100 km, qui doivent intervenir. A Cluj, deuxième ville du
pays, où existe un centre de pompiers professionnels, les camions ont plus de 40 ans.
Que dire dans les petites communes, où le sapeur du coin dispose d'une sorte de kit
comprenant un extincteur, une hache, une pioche, un seau, et part éteindre les flammes
en espadrilles et short, protégé par un simple casque de chantier, en l'absence bien sûr
de masque respiratoire.
L'ISU (Inspectorat des Services d'Urgence) qui supervise les pompiers du pays, le
reconnaît volontiers: seulement 20 % des communes
principales
roumaines
disposent d'un matériel adéquat, c'est-à-dire un camion
et une tonne-pompe. Et
pourtant, ce service couvre
70 % des toutes les interventions dans le milieu
rural. Les besoins sont donc
criants et ne concernent pas
seulement la lutte contre les
incendies. La Roumanie
manque aussi de bateaux et de moyens d'intervention en cas d'inondations, de motopompes pour faire face à la sécheresse et aux feux de broussailles qui dégénèrent vite,
de fourgons tonne pompe, dans les villages ou il n'ya pas de réseau d'eau.
Nendaz, dans le Valais, poisson-pilote
Dès le tout début des années 2000, Nendaz, dans le Valais suisse, a été sensibilisé
au sujet. Sa commune sœur, Gherla, au nord de Cluj, 40 000 habitants, avec ses 8 communes et 39 villages, était aussi démunie que le reste de la Roumanie. En Suisse,
comme en France, le matériel des pompiers, mais aussi leur tenue de lutte contre le feu,
était réformé et remplacé au bout de vingt ans. Des camions encore à l'état neuf, n'ayant
souvent effectué qu'une trentaine de milliers de kilomètres, étaient ainsi mis au rebut.
Un gâchis que la section locale d'OVR a vite rapproché du sous équipement effroyable
de ses amis roumains.
C'est ainsi qu'un camion et du matériel ont été rapidement
acheminés vers Gherla, puis un autre. Les bases d'un centre
d'intervention régional, appelé à devenir centre-pilote ont ainsi
été posées, permettant d'intervenir dans les villages voisins.
Les pompiers de Nendaz sont venus sur place aider leurs collègues roumains à se former à leur nouveau matériel, constatant d'ailleurs que ce n'était pas les connaissances et les aptitudes qui leur faisaient défaut, mais bien les moyens.
Moines-pompiers barbus
Au début, les Suisses craignaient de froisser la susceptibilité des autorités compétentes roumaines, mais celles-ci se sont
montrées au contraire ravies de l'aubaine. Non seulement,
leurs pompiers ne sont plus réduits à l'impuissance, arrivant
quand il est trop tard, mais si les communes s'équipent, les professionnels pourront se livrer enfin à leur véritable vocation:
établir des plans de lutte contre les calamités et assurer la formation du personnel chargé d'intervenir.
Dans leur élan, en 2004, les pompiers de Nendaz ont aussi
pris en charge la formation des moines du monastère voisin de
Nicula, inquiets devant les risques que faisait courir l'afflux de
centaines de milliers de pèlerins, pendant une semaine, lors du
pèlerinage du 15 août, alors qu'il doivent aussi veiller à la
confection de deux millions de mititei (boulettes de viande
hachée) et d'un million de sarmale.
Ainsi est né un corps de dix sapeurs barbus, doté à sa tête
d'un moine-capitaine, ancien pilote de chasse, que l'on peut
voir s'entraîner en salopettes et casques avec leur fourgon
pompe dans un lac proche… sur les plages duquel se dorent de
jolies filles en bikinis! Outre leur mission de protéger et de
sauver éventuellement des flammes leur monastère, ces moines-pompiers assurent la défense du village contre les incendies… et arrosent les potagers, en cas de sécheresse.
Les gestes qui sauvent expliqués sur place
L'exemple de Nendaz a vite
convaincu sa voisine de Martigny
d'en faire autant, un autre camion de
pompiers prenant ainsi la direction
d'Oltina, ville du judet de
Constantsa, sur le Danube. Ces différentes actions ont permis de développer les relations avec l'ISU et les
pompiers professionnels roumains,
installés dans les villes principales
des judets et opérant sous un statut
militaire. A l'avenir, l'accent sera
mis sur la prévention, dont la base
est la communication. Les Roumains disposent d'un excellent
site internet… mais dans les villages, on ne peut pas trop espérer que les paysans le consultent.
De même, ont-ils publié, sans moyen de la diffuser à, toute
Les moines pompiers du monastère de Nicula à l'œuvre.
la population, une plaquette complète d'une vingtaine de
pages détaillant la conduite à tenir en cas d'urgence. Bien…
sauf que dans une pareille situation, on n'a guère le temps de
se référer à l'alinéa X d'une page Y… OVR-Suisse se propose
donc d'éditer en roumain un dépliant succinct, du genre "les
gestes qui sauvent", à utiliser en cas d'incendie, d'inondations,
de séisme, de glissements de terrains, etc.
Le document sera remis aux mairies, à charge pour elle de
le distribuer aux habitants et aux pompiers de l'expliciter. Et
l'intérêt pour cette initiative commence déjà à faire tâche d'huile dans les environs.
Les moyens de se prendre en charge
Sous la houlette d'OVR-Suisse, de Pascal Praz, son président, de son homonyme Christophe Praz - ils ne sont pas
parents - le "technicien", professionnel de la sécurité qui a mis
en œuvre le programme, avec l'appui de leurs communes et
corps de pompiers, une méthode cohérente d'intervention se
met donc en place. Francisc Giurgiu, président d'OVRRoumanie, est chargé de veiller à son application.
La philosophie est simple: agir de manière à ce que les
communes et villages roumains aient les moyens matériels et
humains de se prendre en charge. Pour cela, OVR Suisse s'emploie à pérenniser l'utilisation des
camions et équipements des pompiers suisses et à les acheminer. Elle
s'assure de la formation des pompiers roumains, prête à organiser des
stages s'il le faut, afin de déboucher
plus tard sur une formation entre
Roumains eux-mêmes. En quelque
sorte, un véritable "Plan Marshall"
pour les pompiers roumains!
C'est ainsi que, début juin, après
plusieurs missions exploratoires sur
place, c'est sans tambours ni trompettes, mais avec un cœur rempli
d'émotion pour les témoins et les participants, qu'un convoi a
quitté la Suisse pour la Roumanie. Un moment quasiment historique, marquant le passage d'une expérimentation de dix ans
à la mise en œuvre d'un plan global s'étalant jusqu'à 2015.
9
Les NOUVELLES de ROUMANIE
A la Une
Dossier
SUCEAVA
l
l
SATU MARE
l
ORADEA
l
l
ARAD
l
BAIA MARE
TARGU
MURES
IASI
DEDA
SIBIU BRASOV
l
l
CHISINAU
l
l
l
l
PASCANI
l
VASLUI
l
TIMISOARA
BRAILA
l
PITESTI
CRAIOVA
l
TÂRGOVISTE
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
l
OLTINA
Faire des émules
en France, Belgique…
10
Loins d'être à la traine, les
Français sont moins organisés
L'objectif d'OVR Suisse était la
création de quatre centres incendie
de secteurs dans une commune principale, et autant de zones en
Roumanie:
-à Gherla (judet de Cluj, 8 communes, 30 villages, 40 000 habitants,
pompiers militaires basés à Dej,
1/2 heure ou Cluj, une heure), soutenue par OVR-Nendaz
-à Oltina (judet deConstantsa,
une commune, 3 villages, 2800 habitants, pompiers militaires basés à
Cernavoda, 1 h 30) aidé par OVRMartigny
-à Deda (judet de Mures, 5 communes, 15 villages, 14 000 habitants,
pompiers militaires basés à Reghin,
1 h), coopérant avec O VR-Saint
Légier-Vevey
-à Livezi (judet de Bacau, 4 communes, 15 villages, 21 000 habitants,
pompiers militaires basés à Onesti,
1 h, ou Bacau, 1 h 30), pris en charge pour l'instant par OVR Suisse.
Le convoi transportait dans ses
camions du matériel aussi divers que
des canons mousse-eau, à poudre,
des appareils respiratoires, une
échelle remorquable de 18 m, un
groupe hydraulique de désincarcération, des tenues de pompiers volontaires… A leur arrivée, les pompiers
suisses sont restés sur place pendant une semaine pour la démonstration du matériel et la formation.
A leur retour, Pascal et Christophe
Praz, se montraient encore plus
convaincus de la nécessité que cette
"action citoyenne" entre Suisses et
Roumains, financée par partenariats
locaux, fassent des émules aussi en
Belgique et France.
L
es Français sont loin d'être inactifs dans l'aide apportée aux pompiers roumains. Les associations et comités de jumelage ont bien saisi la gravité du problème et l'urgence d'y apporter une réponse. Ainsi, chaque mois, un ou deux
camions et du matériel prennent la direction de la Roumanie. L'initiative d'OVR Suisse
ne peut que les encourager dans cette voie, en apportant un peu de méthode et de coordination.
En mai, un Mercèdes-Benz de 1976 de 9 tonnes, 4 roues motrices, 110 chevaux, équipé d'une cuve de 3 500 litres et d'une moto-pompe à l'arrière, quittait Castelmoron et
Villeréal, dans le Lot, pour Monor, village des Carpates de 1600 habitants. Il appartenait
au Sdis 47 (groupement départemental des pompiers) qui l'a offert et avait été remis en
état par André Amadio, pompier castelmoronais et Alain Fauguères, pompier retraité
d'Aiguillon. Le groupe musical local Amazing Grace avait donné tous les fonds recueillis
lors de ses concerts pour aider au financement du projet qui comprenait l'achat d'une
moto-pompe neuve, la
remise en état du camion,
la réparation de la cuve à
eau, de la moto-pompe
arrière, l'achat de pneus,
de tuyaux ainsi que le
coût du voyage.
Il a fallu en effet six
jours pour acheminer le
tout, avec la participation
des pompiers de l'Entente
Vallée du Lot qui sont
resté sur place une dizaine de jours afin de former
leurs collègues roumains.
L'heure du grand départ pour les pompiers
de Castelmoron et Villeréal, dans la vallée du Lot.
Mi-juin, c'est un
Direction Monor, village des Carpates de 1600 habitants.
camion-citerne feux de
forêt de Rethel, dans les Ardennes qui prenait aussi la route des Carpates, plus exactement pour Recea et Harseni, qui représentent un bassin de vie d'environ 5700 habitants.
Dans cette zone, en effet, les municipalités sont confrontées à l'impossibilité d'utiliser des
motopompes, la plupart des maisons ne possédant pas l'eau courante, mais celle des puits.
Aujourd'hui, les autorités roumaines ne font plus la fine bouche quand on leur propose ce genre d'aide. En 1995, les pompiers de Loire-Atlantique avaient préparé deux
camions, presque neufs puisqu'ils n'avaient que 7 ans, entièrement révisés, dotés d'un
important matériel, qu'ils s'apprêtaient à acheminer en Roumanie… tout feu, tout flamme
pour cette action qui avait mobilisé tout le département. Les Roumains les avaient refusés, déclarant "ne pas vouloir devenir le dépotoir de l'Europe". Les camions avaient pris
alors le chemin du Portugal, avec lequel la coopération continue aujourd'hui. Les naïfs
pompiers nantais n'avaient pas compris qu'il ne suffisait pas d'arroser les incendies pour
que leurs interlocuteurs roumains daignent accepter leur cadeau.
Le Parlement européen pour
une adhésion immédiate à Schengen
L
a veille de la réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE, le rapport de l'europarlementaire Carlos Coelho, favorable à l'entrée immédiate de la Roumanie
et de la Bulgarie dans l'espace Schengen, a été largement approuvé, par le
Parlement européen. Le document a obtenu 487 votes "pour", 77 "contre", et 29 abstentions. "Les citoyens de ces pays doivent être considérés comme des citoyens européens à
part entière, et ne doivent pas être les otages d'un discours populiste", a déclaré Carlos
Coelho. Cette décision du Parlement européen n'a qu'une valeur consultative.
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Dossier
OVR Suisse : la volonté de coller au terrain
E
n 1988, la situation dramatique de la Roumanie a
Roumanie.
poussé l'opinion suisse à se mobiliser rapidement,
Au cours de la dernière décennie, les membres d'OVR-CH
dans le cadre du mouvement OVR Suisse. A la fin
ont mis en avant leur volonté d'intervenir de façon concrète sur
1989, dès avant la chute de Ceausescu, 206 communes suisses
le terrain, alliant l'humanitaire (actions de premier secours en
participaient aux actions de protestation contre la destruction
faveur de villages durement touchés par les inondations), à la
des villages roumains et les premiers convois humanitaires
coopération (échanges scolaires, etc.). Sans jamais perdre de
étaient dépêchés vers la Roumanie, à l'ouverture des frontières.
vue les besoins de la population roumaine et les actions prioriEn 1990, les initiateurs du mouvement considéraient leur
taires à mener (écoles, dispensaires, adduction d'eau, etc.).
mission politique accomplie avec la "révolution" roumaine.
Les adhérents ont néanmoins pu continuer à bénéficier d'un
La Suisse aux côtés de l'UE
secrétariat permanent auprès de l'Association suisse pour le
par sa contribution financière
Conseil des Communes et Régions d'Europe (ASCCRE). Etait
assurés un ensemble de prestations comprenant, notamment
L'ONG est confrontée aux mêmes problèmes que ses voides tâches d'information, de liaison, d'échanges d'expériences,
sines belges ou françaises: découragement devant la lenteur
ainsi que le règlement de formalides réactions des Roumains, face
tés administratives.
à la corruption, manque d'interloD'un inventaire, établi en
cuteurs compétents… Elle doit
1991, il ressortit que certaines
aussi faire avec les préoccupations
communes, jugeant la mission de
parfois bien différentes les unes
premier secours achevée, ont soit
des autres de ses membres, s'efforrenoncé à l'action, soit constitué
çant de jouer son rôle de coordinades associations citoyennes location. Ce qu'elle réussit toute de
les, chargées de poursuivre l'œuvmême puisqu'elle compte encore
re humanitaire, muée bientôt en
dans ses rangs une quarantaine de
coopération. Une centaine de
communes et association actives.
Communes et Associations suisOVR-CH inscrit son action
ses étaient alors encore actives sur
Les chevilles ouvrières du projet "pompiers" reçus par les dans un - société civile et partenaautorités locales et les pompiers de Gherla: au dernier rang, riat - des cinq axes engagés par la
le terrain.
de gauche à droite, Pascal Praz, président d'OVR Suisse,
son homonyme Christophe Praz, maître d'œuvre, Suisse en faveur de la Roumanie,
En 1996, à la demande d'une
Francisc Giurgiu, président d'OVR Roumanie.
majorité de communes et associaà la suite d'une convention avec
tions, l'Association Opération Villages Roumains - Suisse
l'UE, la contribution de l'état fédéral suisse se montant à
(OVR-CH) était officiellement créée, dotée d'une structure
140 M€, annuellement. Les autres axes de l'aide suisse sont:
mieux établie et plus opérationnelle. Son premier président a
investissements et infrastructures (environnement, énergie
été Jean Meylan qui sera suivi de Christiane Béguin, puis de
durable), sécurité (aide à l'intégration à l'Espace Schengen,
Pascal Praz, toujours épaulés par Rose Marie Koch et Hubert
dont fait partie la Suisse), formation, santé et minorités.
Rossel. Par la suite, en 1999, OVR-CH, a décidé de rejoindre
Les membres du Comité OVR Suisse: Pascal Praz, présiOVR-International. Elle regroupait alors 54 Communesdent, Hubert Rossel, vice-président, Rose-Marie Koch, secréAssociations et 58 membres individuels. Elle s'en distancera
taire, Hans-Paul Ackermann, trésorier, membres: Christiane
toutefois en 2008 pour collaborer directement avec OVRBéguin, Jean-Claude Goy, Alain Nicola, Benedict Sergent.
Un siècle de relations diplomatiques entre la Suisse et la Roumanie
L
e dix mai dernier, l'ambassade
de Suisse en Roumanie a célébré le centenaire de l'établissement des relations diplomatiques entre
les deux pays (10 mai 1911-10 mai 2011),
marquant le coup d'envoi de manifestations qui vont se dérouler sur un an.
Parmi les plus marquantes: outre l'initiative d'OVR Suisse en faveur des pompiers roumains qui figure au programme
officiel, la participation de l'orchestre de
chambre de Lausanne au festival Enescu,
en septembre prochain, la publication en
roumain de l'histoire des Suisses en
Roumanie, la réédition des mémoires de
René de Weck, ambassadeur de Suisse à
Bucarest pendant la Seconde Guerre
mondiale, des expositions, des concerts
classiques, de rock, des présentations de
livres, de films, etc... Cet évènement doit
aussi être aussi marqué par une cérémonie à l'ambassade roumaine de Berne.
Outre son ambassade, la Suisse est
représentée en Roumanie par une chambre de commerce Suisso-roumaine … qui
doit jouer des coudes pour se faire une
place, tant la présence des "mastodontes"
européens est forte sur le terrain. Une
Maison suisse a également pignon sur rue
à Bucarest, servant de lieu de rencontre et
d'échanges. Elle existait déjà sous
Ceausescu. La Suisse fait aussi partie de
l’Organisation Internationale de la
Francophonie, présente à Bucarest.
La communauté suisse est estimée à
400 personnes dans le pays. Deux restaurants suisses sont présents à Bucarest,
dont la "Mica Elvetie" ("La petite
Suisse"), qui propose une bonne cuisine
montagnarde (raclette, fondue) accompagnée de Fendant (vin blanc), le tout
servi… à des prix suisses.
11
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le bouclier antimissiles
américain installé en Roumanie
Vie internationale
SUCEAVA
l
l
SATU MARE
l
BAIA MARE
CHISINAU
l
IASI
l
l
l
TARGU MURES
ORADEA
l
l
ARAD
SIBIU BRASOV
l
l
VASLUI
l
TIMISOARA
BRAILA
l
PITESTI
CRAIOVA
l
l
TÂRGOVISTE
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
DEVESELU
"Des fusées
tournées vers l'Iran
et la Corée du Nord"
12
Au lendemain de l'annonce du président Traian Basescu de la construction de la base aérienne de Deveselu, România libera a donné plus de
détails sur le projet. Après avoir fait
part de l'inquiétude de l'ex-président
Ion Iliescu ("cela irritera les Russes"),
et citant Traian Basescu, le quotidien
a précisé que "la base aérienne, qui
restera sous commandement roumain, sera prête en 2015 et elle sera
suivie par une autre base, cette foisci en Pologne, (terminée) pour 2018".
Les Americains vont investir près de
270 millions d'euros à Deveselu,
choisie en vertu de l'existence d'une
base créée en 1952 avec l'aide des
Soviétiques. Des missiles anti-missiles SM-3 y seront installés. Le coût
de leur maintenance est évalué à
13,5 millions d'euros par an. Le quotidien ajoute que les missiles ne seront
utilisés qu'"en cas d'attaque provenant d'Iran ou de Corée du Nord" et
que "le Pentagone affirme que l'objectif du système duquel fait partie
Deveselu est la protection du continent européen", un projet "auquel
avait déjà songé Ronald Reagan en
1983". Dans la Bulgarie voisine, le
choix de Deveselu suscite une certaine inquiétude. Ainsi, note le quotidien
populaire 24 Tchassa, "cette base est
située à 40 km de la centrale nucléaire de Kozloduï".
Une inquiétude partagée par le
journal Dnevnik, qui a calculé que
Deveselu se trouvait également à 70
km à vol d'oiseau de Belene, le site
qui devrait accueillir le projet russe
très controversé de nouvelle centrale
nucléaire sur le sol bulgare.
C'est décidé. Une partie du bouclier antimissiles américain, prévu pour protéger l'Europe d'une éventuelle menace iranienne, sera installée en Roumanie. 24
missiles intercepteurs SM3 devraient être déployés sur une base abandonnée
depuis 2002, dans le sud du pays, à 100 km du Danube. Mais l'accord entre
Bucarest et Washington est loin de satisfaire tout le monde. La Russie exige en
effet des garanties de la part de la Maison Blanche pour s'assurer que les missiles
ne seront pas dirigés contre ses intérêts stratégiques.
U
ne petite ville de 3000 habitants au Sud de la Roumanie est devenue, en
une nuit, le cœur du futur système de défense antimissiles de l'Europe. Les
négociations entre les autorités roumaines et américaines se sont conclues,
début mai, sur un accord historique. Les missiles intercepteurs terrestres seront disposés dans la base aérienne de Deveselu. Fermée depuis 2002, elle avait accueilli des
avions de l'Armée rouge à partir de 1952. Mais les temps changent, et c'est entre 200
et 500 soldats américains qui viendront occuper une partie de la base, perdue au milieu
des champs.
Le président roumain Traian Basescu est visiblement fier de cet accord. Bucarest
avait déjà signalé à l'administration Obama son intérêt pour le deuxième projet de bouclier antimissiles (ABM) en
février 2010. Le premier, qui prévoyait des installations en Pologne
et en République tchèque, avait
été abandonné en 2009 face aux
protestations russes. Mais la désignation d'une base concrétise la
deuxième mouture du projet et
signe définitivement le rapprochement entre la Roumanie et les
Etats-Unis.
La Russie montre les dents
Mais il a suffi de quelques
La future base militaire américaine.
heures pour que les premières protestations se fassent entendre. Après l'annonce, Moscou a vivement réagi. Malgré les
déclarations du président roumain qui assure que le système est "défensif", la Russie
suit l'affaire avec "vigilance". Elle a demandé à Washington des assurances sur le fait
que les missiles ne seront pas pointés sur des installations nucléaires russes. Déjà opposé au premier projet, et considérant qu'un bouclier remet en cause l'équilibre stratégique, le Kremlin demande davantage de coordination entre la Russie et les Etats-Unis
sur le sujet. Il menace entre autre de se retirer du Traité de réduction des armements
stratégiques signé il y a peu par Dimitri Medvedev et Barack Obama.
Si tout se passe bien pour les Américains, la base sera prête en 2015 et sera complétée par une autre base terrestre en Pologne, qui devrait voir le jour en 2018.
Ils iront apprendre la géographie en prison !
D
eux millions de cigarettes de contrebande en provenance de Grèce ont été
saisies dimanche 12 juin au soir à la frontière bulgaro-grecque. Les cigarettes étaient cachées dans un camion frigorifique à destination de
"Budapest... Roumanie". La confusion entre la capitale roumaine, Bucarest, et hongroise, Budapest, sur les documents de chargement ont éveillé les soupçons des douaniers.
Voilà ce qu'il en coûte de sécher les cours de géographie à l'école et de penser que les
douaniers sont incultes !
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Les USA installent leur bouclier antimissiles
sur une ancienne base du Pacte de Varsovie
Vie internationale
A Deveselu, le rêve américain a des couleurs kaki
C'est à Deveselu, une ancienne base militaire du sud de la Roumanie,
que sera construite une partie du bouclier antimissiles américain. Sur
J
usqu'à présent, la vie
dans la petite
bourgade de Deveselu,
en Olténie (région
située au sud de la
Roumanie), à quelques
centaines de kilomètres de la capitale
Bucarest,
tournait
autour du canon de la
place centrale du villa-Comment les Américains ge et de quelques
ont pu arriver chez nous ? bistrots, mais c'est le
-C’est les vers luisants
qui leur ont montré le chemin! rêve américain qui enivre les habitants depuis la venue de voitures officielles. Devant
l'ancienne base militaire roumaine, le maire George Beciu se
dit ouvert à la mondialisation promise par la mise en place
d'une partie du bouclier que l'administration américaine s'apprête à mettre en place en Europe, officiellement pour se protéger contrer la menace iranienne. "Nous nous attendons dorénavant à des milliers de jours fastes", affirme-t-il, enchanté.
ment des soldats. "Nous allons leur faire une discothèque,
nous ferons venir de belles filles", dit Gigi Paun, débordant de
satisfaction.
Après l'Empire romain, les Américains
Les villageois côtoient des militaires depuis 1952, date de
l'installation d'une base militaire (avec l'aide de l'Union
Soviétique) à Deveselu. Cette dernière est restée active jusqu'en 2002, lorsque l'OTAN a demandé sa fermeture, alors que
la Roumanie s’apprêtait à rejoindre l’Organisation Atlantique.
"Ce que j'ai pu balayer ces pistes gigantesques... Il arrivait que des avions tombent, mais c'était très rare. Ils vrombissaient dans l'air, mais nous nous y étions habitués. Les vaches
mettaient bas plus vite quand les avions volaient par ici",
raconte Paul, convaincu que le bouclier ne provoquera aucun
trouble pour la tranquillité du village.
Il y a aussi des voix dissidentes qui prétendent que les
installations du bouclier feront tomber des radiations et autres
malheurs sur leurs têtes, mais le maire les rassure: "La seule
chose qui risque de leur tomber sur la tête dans le coin ce sont
des pans de mur qui s'écroulent!", s'exclame George Beciu
avec étonnement.
"Nous ferons venir de belles filles"
Dans le Quartier de l'Aviation, fierté révolue de Deveselu,
les bâtiments décrépis ne témoiDans cette commune, privée
gnent plus des jours de gloire des
de gare depuis 2003, sans égouts
aviateurs. La plupart des pilotes
et sans gaz, la fierté d'abriter une
ont pris leur retraite et quitté la
partie du bouclier antimissile
zone. Costica Olaru a été pilote
gonfle le poitrail des autochtones.
jusqu'en 1998. "Plus de 50 piloLes quelques 3 200 habitants s'octes occupaient ces bâtisses, sans
cupent du travail dans les champs
compter le personnel auxiliaire",
et d'élevage et certains sont prêts
explique-t-il. Il garde encore
à donner quelques leçons aux 200
dans son garage son uniforme
(peut-être 500) soldats américains
aux aigles dorés, dont il se sert
qu'ils auront pour voisins. "Il y a
En attendant les batteries mobiles…Un soldat monte la garde pour nettoyer diverses pièces. "Il
à une barrière à proximité de la base de Deveselu, lors de y avait ici la crème des aviateurs
beaucoup de terrains arables
l'inauguration du site du bouclier antimissile américain, le 3 mai.
dans la base militaire. Ils pourde Roumanie. Peut-être que,
raient semer quelque chose. Nous leurs fournirons des
avec la venue des Américains, ces jours dont je rêve depuis 15
bêches", projette un habitant.
ans reviendront", confie Olaru. Maintenant, la plupart des gens
Au bistrot, des villageois sont attablés autour de plusieurs
de l'ancien quartier militaire veulent s'échapper de là et en probières, d'une tsuica et de quelques poignées de graines à
fitent pour vendre leurs appartements pour 20 000 euros.
mâchouiller. Le sujet à l'ordre du jour est examiné sous toutes
A Deveselu, neuvième village du Danube, ainsi que nous
les coutures, "c'est une auto-défense ce bouclier, il défend la
l'apprend l'étymologie slave, presque deux millénaires après
Roumanie contre les Russes, les terroristes. Maintenant qu'ils
que les Romains eurent pavé les routes pour faire passer les
ont tué Ben Laden, et si les terroristes nous prenaient pour
armées de l'Empire, les Américains arrivent avec une nouvelle
cible?", se demande l'un d'eux.
invention conquérante. "Ce que l'OTAN a pris en 2002,
En plus de l'espoir de nouveaux emplois, les villageois
l'OTAN le rend maintenant", conclut un habitant.
sont prêts à accueillir les Américains comme il se doit. Le
Ionela Gavriliu - Adriana Dutulescu
patron d'un bistrot se dit disposé à investir dans le divertisse(Jurnalul National)
13
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Vie internationale
SUCEAVA
l
l
SATU MARE
l
BAIA MARE
CHISINAU
l
IASI
l
l
l
ARAD
SIBIU BRASOV
l
l
VASLUI
l
TIMISOARA
BRAILA
l
PITESTI
CRAIOVA
l
TÂRGOVISTE
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Le bureau de la représentation officielle à Bruxelles du Tinutul Secuiesc, la
région hongroise de Roumanie, a été officiellement inauguré, fin mai, par le viceprésident du Parlement européen, Laszlo Tokes - évêque réformiste et ancien pasteur deTimisoara dont l'arrestation avait déclenché la "Révolution" de décembre
1989 - et par deux autres euro-députés de l'UDMR.
L
14
a création de ce bureau vise principalement à mener des actions de lobbying
Schengen :
en faveur du développement économique du pays sicule (centre de la
Roumanie), mais va aussi mettre en avant l'idée d'une autonomie de la région,
vers une adhésion
a confirmé Sogor Csaba, l'un des deux euro-députés magyars. Cette représentation, où
en deux temps
travailleront deux salariés en permanence, est financée par les conseils départementaux
La Roumanie et la Bulgarie resde Harghita et Covasna, qui ont lancé cette idée "pour promouvoir l'économie et le toutent pour l'instant à l'extérieur de
risme de la région et l'aider à attirer des fonds européens".
l'espace Schengen. Les ministres de
Cette ouverture a suscité l'inquiétude des autorités de Bucarest, qui y voient une
l'intérieur de l'UE réunis à
manifestation trop ostentatoire du désir d'autonomie de la zone. Mircea Geoana, le préLuxembourg, début juin,
sident social-démocrate du Sénat, a
ont décidé de reconsidérer
demandé officiellement aux autorités
une éventuelle entrée en
européennes de ne pas reconnaître
septembre, prévue initialecette entité comme un interlocuteur
ment en mars de cette
véritable. L'ambassadeur hongrois à
année. Quelques Etats,
Bucarest a ainsi été invité à s'explidont l'Allemagne, la France
quer au ministère des Affaires étranet les Pays-Bas ne font
gères sur le fait que cette représentatoujours pas suffisamment
tion est accueillie au sein de la maiconfiance aux capacités de
son des régions hongroises, à
lutte contre la corruption
Bruxelles.
des deux pays. Selon eux,
Si l'ouverture de ce bureau ravicette faiblesse mine leur
ve les tensions autour de la question
aptitude à lutter contre le
de l'autonomie de la région, les
crime organisé et à assurer
initiateurs de ce projet refusent la
Un policier des frontières roumains vérifie si des clandestins polémique. "C'est une initiative légiun réel contrôle de leurs
moldaves ne se cachent pas dans le train venant de Chisinau.
frontières contre l'immigratime, tout autant qu'une représentation illégale et les trafics.
tion transylvaine, moldave ou bucarestoise", a ainsi expliqué l'euro-parlementaire Iuliu
Une adhésion en deux temps se
Winkler, tandis que le ministre hongrois de la Culture Kelemen Hunor a déclaré que "la
dessine, mais sous conditions, a
société roumaine ne prendrait pas feu si jamais une représentation de la Bucovine ou du
annoncé le ministre français Claude
pays des Moti (Apuseni) ouvrait ses portes".
Guéant. "Une première étape serait
à l'automne (2011) avec une ouverture des frontières aériennes en présence d'officiers de police d'autres
Etats", a-t-il précisé. "La Roumanie
et la Bulgarie sont d'accord", a-t-il
assuré.
"La seconde étape interviendrait
plus tard, en 2012, avec l'ouverture
des frontières terrestres, là encore
avec l'aide de garde-frontières d'autres pays de l'UE", a-t-il ajouté. "Mais
ce ne sera possible que si tout va
bien, si nous avons reçu les assurances que nous attendons sur l'efficacité des mesures de lutte contre la
corruption", a-t-il averti.
Moldavie
Les Magyars de Roumanie louchent
vers le niveau de vie des Hongrois
Les relations roumano-hongroises sont considérées en Europe centrale et orientale
comme aussi importantes que l'entente franco-allemande à l'Ouest. Après des tensions
historiques à répétition, ces deux pays avaient trouvé la voie du dialogue au sein de
l'Union européenne. Mais les démons du passé refont surface.
Le développement très lent de la Roumanie se traduit par une forte différence de
niveau de vie entre la minorité hongroise et la Hongrie voisine qui agit comme un aimant
sur cette minorité. Tous les ans, environ 20 000 Roumains d'origine hongroise émigrent
dans leur pays d'origine à la recherche d'une vie meilleure. Les discours sur l'autonomie
territoriale se multiplient et de plus en plus de Roumains d'origine hongroise y voient le
chemin vers une nouvelle prospérité. L'Union démocrate des Magyars de Roumanie
(UDMR), le parti modéré qui les représente depuis la chute du régime communiste, est
en perte de vitesse face à des factions qui revendiquent de plus en plus fortement l'autonomie territoriale.
D'un côté flotte le drapeau roumain, de l'autre, le drapeau ukrainien
Giurgiulesti, porte "maritime" de la Moldavie
Crispations entre Bucarest et Budapest
TARGU MURES
ORADEA
l
l
Le "Tinutul secuiesc"
représenté à Bruxelles
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
La Moldavie est un petit pays enclavé, coincé entre la Roumanie et l'Ukraine, sans accès à la mer. Et pourtant, la
Moldavie dispose désormais d'un port pétrolier. Le terminal de Giurgiulesti, au confluent du Danube et de son affluent le
Prut, est directement accessible depuis la Mer Noire.
D
epuis Chisinau, la capitale moldave, la route est
longue jusqu'à Giurgiulesti: en réalité, la distance
ne dépasse guère 200 kilomètres, mais il faut
compter au moins cinq à six heures de trajet, tant la route est
mauvaise. Toutefois, la chaussée défoncée fait brusquement
place à une route récemment asphaltée, juste avant que n'apparaisse le panneau "Giurgiulesti International Free Port ".
Il y a quelques années encore, ce "port" se limitait à un
terrain vague entouré d'un mur, coincé entre les frontières roumaines et ukrainiennes. Giurgiulesti se trouve en effet au
confluent du Danube et de son affluent le Prut. Au début des
années 1990, l'Ukraine a rétrocédé quelques arpents de territoire à la Moldavie pour que celle-ci dispose d'un accès direct
au Danube. Le port avait d'abord été tenu en concession par
une entreprise azerbaïdjanaise, mais les travaux n'ont jamais
véritablement démarré. En 2006, le port a été cédé à Danube
Logistics, une joint-venture contrôlée par l'entreprise hollandaise EASEUR Holding BV.
Aux frontières de l'Union Européenne
Pour pénétrer dans les nouvelles installations portuaires, il
faut présenter patte blanche. La petite zone portuaire, ultramoderne et très sécurisée, se trouve coincée entre les frontières des deux États voisins: d'un côté flotte le drapeau roumain,
de l'autre, le drapeau ukrainien.
Le port est moderne, mais reste modeste: en-dehors des
pétroliers, seuls quelques cargos viennent de temps en temps
mouiller auprès du second terminal, dédié aux grains. Un terminal porte-containers est également en cours de construction.
Angelina, la chargée de communication du port, est originaire
de la ville de Cahul, la petite capitale du sud moldave. Après
des études d'anglais, elle a pu trouver ce travail "bien payé",
dont elle se réjouit chaque jour, malgré les deux heures de
transport qu'elle doit faire quotidiennement. Angelina
explique que "deux à trois tankers" arrivent chaque semaine,
et que le port respecte toutes les normes environnementales les
plus strictes de l'UE.
Tout marche aux pétrole grec
Les responsables de Danube Logistics mettent en avant la
position "exceptionnelle" du port, situé "aux frontières de
l'Union Européenne", et directement raccordé au réseau de
chemin de fer roumain, donc européen, et au réseau ukrainien,
lui-même relié au réseau russe. Cependant, l'état catastrophique des routes bride sévèrement les ambitions du port. Le
gouvernement aurait promis de refaire le réseau routier, mais
rien ne vient encore.
Danube Logistics mise aussi sur le statut de zone écono-
mique libre accordé à Giurgiulesti jusqu'en 2030: toutes les
entreprises installées dans les 120 hectares de la zone portuaire sont exemptées de taxes et d'impôts, mais aucune n'est
encore venue s'installer, hormis les sous-traitants de Danube
Logistics. Pour l'instant, le port ne vise guère qu'à desservir le
marché moldave, notamment en produits pétroliers. EASEUR
Holding BV, l'entreprise mère de Danube Logistics, possède
également une chaîne de stations-services en Moldavie,
Bemol. À Chisinau, un manager allemand du groupe,
Alexander di Leonardo explique que "tout le pétrole vient de
Grèce". A ses yeux, un gage de qualité, mais ce n'est sûrement
pas la solution la plus écologique: pour arriver à Giurgiulesti,
les tankers doivent remonter les Dardanelles et le Bosphore,
avant de s'engager dans le Danube par le canal de Sulina.
Avec ses trois millions d'habitants, la Moldavie représente un marché étroit. Le pays est toujours l'un des plus pauvres
d'Europe. Les ambitions d'EASEUR Holding BV peuventelles s'y limiter? Les responsables de Danube Logistics insistent sur le respect des normes environnementales de nos hôtes,
mais aussi sur l'intérêt de la position géographique du port,
ressassant qu'il est "aux frontières de l'Union Européenne", au
point qu'un doute finit par s'insinuer.
Pavillon moldave de complaisance
En face du terminal pétrolier, des pêcheurs taquinent le
poisson sur une île plantée au milieu du Danube, déjà en territoire roumain… Les responsables du port assurent que l'on
peut, sans crainte, boire l'eau du fleuve ou même se baigner
autour des pontons du terminal. Plus en aval, une responsable
de la réserve écologique ukrainienne du Delta du Danube,
confie pourtant ses craintes: pour elle, Giurgiulesti est une
"bombe à retardement”, car les habitants des villes ukrainiennes d'Izmail, Reni ou Vilkovo boivent tous, effectivement,
l'eau du Danube. Que se passera-t-il le jour où, malgré toutes
les protections prises, une pollution se produira? Giurgiulesti
est le terminal pétrolier le plus en amont sur le Danube, même
s'il reste bien petit au regard des grands ports voisins, comme
Reni, en Ukraine, ou Galati, en Roumanie.
Danube Logistics assure la gestion du port, mais la capitainerie est toujours, naturellement, sous contrôle de l'État
moldave. Le port dispose également d'un terminal passagers,
sous gestion publique: l'an dernier, un ferry hebdomadaire partait pour Istanbul, mais la liaison a été interrompue. Le port de
Giurgiulesti, toutefois, immatricule volontiers les navires, et
plus d'une centaine de bateaux navigueraient déjà sous
pavillon moldave de complaisance. Un record pour un pays
qui ne dispose pas d'accès à la mer.
Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin
(Le Courrier des Balkans)
15
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Moldavie
Entre heures d'idéologie
Ils ont été
Plusieurs Moldaves qui ont fait leur service militaire pendant la période soviétique ont raconté au journal Adevarul Moldova leur expérience dans une des plus
redoutables armées de l'époque. A seulement 18 ans, on les envoyait à des milliers
de kilomètres de leurs maisons, ils devaient parler russe, endurer des conditions
misérables d'existence et se soumettre aveuglement aux règles militaires.
Près d'un million
de passagers
à l'aéroport de
Chisinau en 2010
16
Au 1er trimestre 2011, Air Moldova
a transporté 81 000 passagers
(+ 10 % par rapport à la même période 2010) dont 25 000 en mars (stable
par rapport à mars 2010), incluant
2100 passagers en transit entre
Moscou, Bucarest et l'Europe sur le
trimestre. Air Moldova a desservi sur
cette période 20 destinations, dont:
Francfort, Vienne, Bucarest, Istanbul,
Lisbonne, Munich, Varna, Madrid,
Londres, Athènes, Larnaca, Rome,
Kiev, Antalya, Milan, Vérone, Paris,
Moscou, Saint Pétersbourg et Sotchi.
Avec une offre de 2 classes
(Affaires et économique) en 2010, Air
Moldova a transporté 464 000 passagers, soit + 10 % par rapport à l'an
2009. L'Aéroport International de
Chisinau a reçu 171 910 passagers
au 1er trimestre 2011, dont 56 120 en
mars 2011.
Les destinations qui attirent le plus
de trafic passager sont Bucarest,
Moscou, Athènes, Vienne, Londres,
Munich et Istanbul. 17 compagnies
aériennes opèrent à l'aéroport de
Chisinau, dont 4 moldaves et 13
étrangères, qui le relient à 28 destinations internationales. A noter, qu'en
2010, l'Aéroport International de
Chisinau a traité 937 030 passagers.
P
endant la période soviétique, le service militaire était obligatoire pour les jeunes moldaves, tout comme pour leurs semblables des autres quinze républiques-sœurs. L'armée était considérée comme l'école de la virilité et on
n'appréciait guère les jeunes hommes qui ne faisaient par leur service. Les Moldaves
servaient la soit-disant patrie, en fait très loin de leurs maisons, dans toutes les régions
de l'ancienne URSS, de Moscou à la Sibérie ou à l'Asie, ainsi que dans les "pays frères"
de l'ancien bloc communiste.
Toutefois, 20 ans après la déclaration de l'indépendance de la Moldavie, beaucoup
d'anciens soldats du front rouge ont la nostalgie de cette époque et continuent de célébrer la Journée de l'Armée Soviétique, le 23 février. La plupart d'entre eux reconnaissent cependant que l'armée, chez les Russes, était une expérience extrêmement dure.
Garder les détenus
Tudor Nani, 51 ans aujourd'hui, a été recruté en 1978. Il ne
savait pas où on allait l'amener, ni
ce qu'il allait faire. On l'a fait
monter dans un train sans même
en connaître la destination. Il en
est descendu cinq jours plus tard,
à 2000 km de son du village natal,
Ulmu dans le district de Ialoveni.
Il se trouvait à Kazan, la
Service militaire dans l'Armée Rouge
pour les soldats moldaves.
capitale de Tatarstan, en Russie,
une ville dont les habitants ont les yeux bridés et tout petits. "C'était la première fois
que je voyais tant de monde de toutes les nationalités regroupées ensemble. Je ne parlais pas très bien le russe et, malheureusement, il n'y avait pas d'autres Moldaves à mes
côtés", se souvient-il.
Le souvenir du premier tir à l'arme à feu reste toujours vif. Il se souvient: "J'étais
presqu'un enfant quand on m'a donné un Kalachnikov. Quelle émotion j'ai éprouvée
quand, pour la première fois, j'ai appuyé sur la détente! C'était pendant des exercices
militaires, les balles sifflaient tout près de mes oreilles. Il pleuvait et il y avait de la
boue. Nous avions reçu l'ordre de ramper et de tirer". Tudor Nani faisait partie d'une
garnison qui surveillait près de deux mille détenus parmi les plus redoutables, dans un
pénitencier très strict. "Je garde dans ma mémoire la haute enceinte avec ses barbelés,
les militaires soviétiques avec des étoiles sur les épaules, accompagnés de chiens dressés, ainsi que les visages rudes des prisonniers, là depuis plusieurs années. En hauteur,
depuis les miradors, je surveillais, l'arme au poing. Maintenant je réalise qu'on faisait
garder un endroit tellement dangereux à des enfants", raconte-t-il.
"On nous a rasé la tête, on a mis le feu à nos vêtements civils"
Un autre Moldave, Ion Lazar, a fait son service militaire à quelques dizaines de
kilomètres de Chisinau seulement, en Ukraine. "J'ai été enrôlé le 19 octobre 1980. On
nous a transportés du commissariat militaire au centre de tri d'Odessa, où l'on avait
rassemblé des recrues de toute l'Union Soviétique. Ensuite, on m'a envoyé dans le régiment des ponts et pontons à Reni.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
communiste et missions en temps de guerre froide
soldats de l'Armée Rouge
On nous a rasés la tête, on a mis le feu à nos vêtements
civils et on nous a donné des uniformes militaires. Nous avions
l'air très drôle !", s'amuse-t-il. Au printemps 1981, son régiment a été basé sur le Danube afin qu'on leur apprenne à construire des pontons. "Nous avons installé nos tentes dans un
endroit avec beaucoup de roseaux. Il a plu tout le temps. Le
matin nous assemblions un pont massif pour l'artillerie lourde
et le soir nous le démontions"., se souvient encore Ion Lazar.
Le travail demandait un effort physique énorme, car à elle
seule la plate-forme du pont pesait 60 tonnes. "Il fallait huit
personnes pour lever une plaque métallique de presqu'une
demie-tonne. Nous nous coltinions aussi des traverses en bois
d'une centaine de kilogrammes. Certains ne pouvaient pas
tenir l'équilibre et tombaient de quatre mètres environ dans
l'eau", raconte-t-il.
"Leurs camarades les prenaient avec des rets et les sortaient de l'eau. Certains ont eu la malchance de tomber sur les
barres métalliques qui soutenaient les pontons. Ils se fracturaient les bras et les jambes, certains ont même subi des fractures de la colonne vertébrale", témoigne-t-il également.
Ensuite, on l'a transféré dans une unité militaire située à
Balta, première capitale de la République Autonome Moldave,
à présent située en Ukraine. Dans sa nouvelle unité, il devait
porter de l'armement dans un dépôt souterrain situé dans la
forêt. "L'immense dépôt était secret. Les gens des alentours ne
soupçonnaient même pas son existence. Le transport des armes
depuis la gare se faisait seulement
la nuit. Il arrivait que dans un
virage des boîtes de munitions se
renversent du camion. Alors, nous
cherchions minutieusement avec
des torches et ramassions les cartouches perdues".
l'Union Soviétique lui étaient subordonnés. L'instruction quotidienne, jusqu'à l'épuisement, les règles de fer et l'humiliation
des supérieurs constituaient des examens de passage extrêmement difficiles pour les jeunes gens.
"Tous les mouvements était chronométrés. Après le réveil
à 6h00, nous n'avions que 30 secondes pour nous habiller.
Ceux qui n'y réussissaient pas étaient punis, leur temps libre
était supprimé. Beaucoup d'entre nous ne supportaient pas un
régime si dur. Certains pleuraient, d'autres avaient des dépressions", se souvient le retraité.
Au large de Cuba, prêt à l'attaque
Le service militaire en URSS n'était pas seulement l'un des
plus durs, mais il était aussi parmi les plus longs dans le
monde. Les jeunes gens des républiques soviétiques étaient
enrôlés pour deux ans dans les forces terrestres et pour trois
ans dans la flotte maritime.
En 1962 alors qu'il avait 20 ans, Ion Ionascu est parti
d'Orhei, en Moldavie, pour Mourmansk, dans le nord de la
Russie. Il ignorait tout de ce qui l'attendait: de la neige en plein
mois d'août et la mer froide comme de la glace. Pendant quatre ans il a ainsi accompli son devoir dans la flotte nordique de
l'Union Soviétique.
Après deux ans d'intense préparation, une fois appris en détail
la construction et le fonctionnement des sous-marins, le Moldave
a été envoyé dans une mission
dont, aujourd'hui encore, il parle à
voix basse. Il a embarqué sur un
sous-marin qui transportait trois
missiles balistiques et dix torpilles
au-delà de l'Océan Atlantique. Le
vaisseau a largué les amarres en
Mer de Barents et, trois semaines
30 secondes pour s'habiller
Ion Ionascu: de l'entraînement plus tard, il accostait vers Cuba.
dans le nord de la Russie… au large des côtes de Floride.
"C'était pendant la Guerre
A 70 ans, Eugen Benis ressent aujourd'hui encore les cicaFroide. Notre mission consistait à se préparer à une éventueltrices de l'éducation reçue dans l'armée rouge. "Disciplinés et
le attaque des Etats-Unis. Les Américains craignaient les
durs, voilà comment étaient les Soviétiques", constate le vieil
Russes, réciproquement les Russes craignaient les Américains.
homme. Il a été enrôlé quand il était étudiant, à l'âge de 21 ans.
Chaque jour par radio nous recevions un télégramme de
C'était en 1962, lorsque l'URSS était en déficit de soldats pour
Moscou avec des instructions", raconte Ion, machiniste
avoir envoyé un contingent important à Cuba afin de soutenir
responsable de la pression hydraulique dans le sous-marin.
le régime de Fidel Castro.
Après avoir passé plus de deux mois au large, et puisqu'il
Après une sélection dure, Eugen Benis a été inclus dans le
n'y a pas eu d'intervention militaire, le sous-marin est rentré au
Régiment 2010 d'infanterie motorisée, de la 14ième armée staport. A ses côtés, Ion comptait dix autres Moldaves, ainsi que
tionnée dans la ville ukrainienne de Nikolaev. "J'étais mécondes Russes, des Tatares et des ressortissants d'autres pays de
tent d'avoir dû interrompre mes études à l'université, mais j'ai
l'URSS. "Nous nous entendions très bien. Mais parfois,
accepté l'armée comme un défi. Je ne pouvais pas m'opposer
lorsque nous, les Moldaves, nous parlions roumain entre nous,
à l'impératif étatiqu ", souligne Eugen Benis.
les Russes étaient mécontents. Nous leur disions qu'ils n'aPeu de temps après, son régiment est devenu sa maison et
vaient qu'à apprendre notre langue s'ils souhaitaient nous
sa famille. Il a progressé du rang de soldat à celui de commancomprendre", se souvient Ion Ionascu.
dant de peloton et des soldats de toutes les républiques de
(lire la suite page 18)
17
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
(suite de la page 17)
Du vin contre les radiations
1,3 milliard
d'euros de réserve
18
Au 14 avril 2011, la Banque
Nationale de Moldavie détenait 1,3
milliards d'euros en réserves de devises, battant son record. En 2 mois, les
Moldaves établis à l'étranger ont
envoyé un total de 160,74 millions de
dollars vers leur pays, soit une hausse
de 18,5 % par rapport à la même période 2010. Par ailleurs, pour la période 2010 - 2012, le FMI a débloqué
574 millions de dollars, sous forme de
prêts, à la Moldavie, dont 180 millions
de dollars ont déjà été versés. En
2009, le FMI avait déjà prêté 186
millions de dollars à la Moldavie.
PIB transnistrien
Selon le ministère de l'économie
de Transnistrie, pour l'année 2010, le
PIB s'est chiffré à 1,4 milliard d'euros.
La croissance économique, en prix
courants, s'est accrue de 10,4 % mais
a baissé de 4,5 % en dollars. Le PIB
per capita s'élève à 1 907,7 dollars.
Les chiffres (Moldavie)
Population : 4 350 000 habitants
Habitants sur place : 3,5 millions
Superficie : 33 700 km 2
Croissance en 2010 : 6,9 %
PIB en 2010 : 4,4 milliards d'euros
PIB/habitant : 1010 €
Salaire mensuel moyen en 2010 :
179 euros à Chisinau
80 € dans le reste du pays
Salaire minimum brut en 2010 : 58 €
Inflation annuelle en 2010 : 10%
Chômage (chiffre officiel) : 8 %
Espérance de vie (hommes/femmes):
62-70 ans
*Chiffres donnés sous réserves
Cours euro/leu moldave :
1 euro = 17,0358 lei
Le Moldave confie qu'on menait plutôt une bonne vie sur le sous-marin. Pendant
leur temps libre, les marins regardaient des projections de films soviétiques, à table on
leur servait de la viande à volonté, du poisson, du caviar et même du chocolat. "On nous
donnait un décilitre de vin rouge par jour pour contrer les radiations. Parfois, nous les
Moldaves, nous échangions notre vin contre du chocolat avec les Russes".
Eux, parfois, consommaient même “de l'alcool destiné aux besoins techniques ",
se rappelle Ion, tout amusé. Les politzaneatia hebdomadaires (heures d'idéologie communiste) ne manquaient pas. Un zampolit, c'est-à-dire un officier désigné par le Parti
Communiste, en était l'animateur. "Il s'efforçait de m'attirer au sein du Parti. Moi, je
lui répétais que je n'étais pas encore prêt", témoigne l'ancienne recrue. Après son service militaire, Ion Ionascu a appris qu'il n'avait pas eu d'avancement parce qu'un de ses
oncles habitait en Roumanie.
Le prêtre Profir Garbuz (52 ans), a fait ses études à l'Ecole d'Aviation d'Irkoutsk,
près du Lac Baïkal, à près de 7 000 kilomètres de Chisinau. Après quatre ans d'études,
il a servi la Patrie soviétique huit autres années, dans la région d'Amour, en Sibérie, à
la frontière chinoise. Il était ingénieur sur les avions stratégiques qui partaient en mission spéciale d'espionnage jusqu'au Pôle Nord, avec des missiles nucléaires à bord.
Aujourd'hui prêtre (notre photo) de l'église de Dolna, dans le district de Nisporeni,
il vient d'une famille de prêtres. Du coup, il avait été difficilement accepté dans le komsomol (Union de la Jeunesse
Communiste) et ne pouvait
pas faire carrière en Union
Soviétique, a fortiori une carrière militaire. "Mon père ne
donnait plus des messes. Les
églises étaient fermées et il
avait trouvé du travail dans
un kolkhoze. Toutefois, toute
ma vie on n’a cessé de me
surnommer le Pope" raconte
l'ancien aviateur.
Hier aviateur, aujourd'hui prêtre
Dans sa jeunesse, le futur prêtre ne pensait pas au sacerdoce, à cette époque là, ce
qui était prestigieux c'était d'être aviateur ou cosmonaute. Maintenant, il regrette son
option pour la carrière militaire. "Ces années-là ont été vaines", affirme-t-il aujourd'hui. Profir Garbuz se souvient avoir préparé pour leurs missions des centaines d'avions
Tupolev 95, considérés dans l'ex-URSS comme les plus modernes. Un avion avait à son
bord trois missiles, chacun pesait six tonnes. Il pouvait voler 28 heures sans escale et
se ravitaillait en plein vol, raconte l'ingénieur aviateur. "Personne ne pouvait lancer les
missiles car seuls des officiels de Moscou connaissaient le code requis à cette fin".
Profir Garbuz a abandonné l'armée et l'aviation suite à un incident avec le KGB, au
début des années 90. Un collègue de son unité lui avait remis quelques feuilles d'une
revue parue en Roumanie, en lui disant: "Eh, toi, le Roumain, qu'est ce qu'on écrit ici?".
C'était un article sur la propriété privée. Je lui ai dit alors que la vie était meilleure en
Roumanie, que là-bas on pouvait s'acheter une voiture, tandis qu'en URSS il fallait
attendre 20 ans pour avoir droit à une Jiguli ou Moskvitch. "Il se peut que celui qui m'a
donné ces feuilles là m'ait livré à la sécurité", s'interroge le prêtre de Dolna.
Etant considéré comme un élément dangereux, il a été exclu du komsomol et, à partir de ce moment-là, il a compris que c'était la fin de sa carrière militaire. Mais cet incident s'est passé à l'époque de l'écroulement de l'Union Soviétique lorsque les Moldaves
de Sibérie commençaient à revenir dans leur patrie.
Nadejda (www. adevarul_moldavie, traduit pour www.moldavie.fr)
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Politique
Les coups de filet bien arrangeants de la DNA
L
a DNA (Direction Nationale Anticorruption) a promandats d'arrêts) est la dissimulation d'importations de marcédé, fin mai, à une cinquantaine de perquisitions à
chandises à partir du port de Constanta. Il s'agit d'une
Bucarest et à Constanta, dans un dossier d'évasion
arnaque d'un montant de 60 millions d'euros! Peut-être le
fiscale et de contrebande, sur lequel la police des frontières
meilleur exemple pour ceux qui crient encore qu'il est imposenquête depuis octobre dernier. Cette foissible d'échapper à la TVA...
ci, c'est le port de Constanta qui était visé.
Malheureusement, une fois de plus c'est
Parmi les habitations perquisitionnées par
l'arbre qui cache la forêt car ces arrestales enquêteurs, celle du secrétaire général
tions sont avant tout des avertissements landu ministre de l'Intérieur, Laurentiu
cés à une partie des parlementaires PDL,
Mironescu, qui a été démis de ses foncles perdants du dernier congrès du parti de
tions. Autre "gros poisson" concerné par
Basescu, qui menaçaient de faire tomber le
cette enquête, le sénateur démocrate-libégouvernement. De nombreux parlementairal Mircea Banias, ancien directeur de l'adres traînent des casseroles qui apparaissent
ministration des ports de Constanta, qui a
à des moments stratégiques (il s'agit touMircea Banias, sénateur jours de se maintenir au pouvoir par tous
été conduit dans les locaux de la Direction
de Constantsa, "gros poisson",
nationale anti-corruption (DNA) pour être
victime du coup de filet de la DNA. les moyens). Par ailleurs, ces coups de filet
entendu puis, mis en examen, pour trafic d'influence.
opportuns montrent à Bruxelles la bonne volonté du pouvoir
Rapportée par lepetitjournal.com, cette information a prodans sa lutte contre la corruption.
voqué la réaction suivante d'un de ses lecteurs, connaisseur de
La DNA serait-elle instrumentalisée en haut-lieu? Ce
la Roumanie:
coup de semonce du pouvoir en place portera ses fruits dans
"L'infraction qui a conduit à cette vague d'arrestation (50
les esprits des brebis qui tenteraient de s'égarer"...
Emil Boc réélu à la tête du Parti de Basescu
Emil Boc a largement été réélu président du Parti démocrate libéral (PDL), à la mimai. Si le Premier ministre a appelé à l'unité pour préparer les élections générales de 2012,
ses déclarations n'ont pas fait oublier les luttes internes qui ont eu lieu durant la campagne.
L
'unité reste sauve, du moins en apparence. C'est ce qu'il est ressorti des élections internes du PDL qui se sont déroulées au Palais du Parlement à Bucarest, dans le cadre de
la convention nationale du parti. L'actuel Premier ministre a obtenu 868 votes (62%),
contre 499 (34%) pour son principal rival, Vasile Blaga, ancien ministre de l'Intérieur, et seulement 24 votes pour le troisième homme, l'ancien ministre de la Culture Theodor Paleologu. "Aucun de ceux qui ont voté pour moi
aujourd'hui ne partiront du parti", a déclaré Vasile Blaga quelques minutes après avoir pris connaissance des résultats.
L'unité, le parti en a grand besoin s'il veut avoir une chance de garder le contrôle du Parlement lors des élections législatives
de 2012. La coalition de centre-droit au pouvoir ne dispose en effet que d'une faible majorité face à l'USL (Union sociale libérale). Cette opposition - constituée de libéraux, de conservateurs et de sociaux démocrates - a en effet uni ses forces dans un but commun: faire tomber à tout prix le gouvernement d'Emil Boc.La campagne interne du PDL a tout de même mis en lumière les fortes
dissensions qui existent au sein du parti. Emil Boc a été accusé d'utiliser sa fonction de Premier ministre pour mener sa campagne.
Soutenu par le président Traian Basescu, il a multiplié les promesses à travers tout le pays pour s'assurer le vote des élus locaux.
Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)
Nouvelle charrette de licenciements
L
ors de ses négociations avec le Fonds monétaire international, le gouvernement Boc s'est engagé à supprimer
7000 postes dans les sociétés d'Etat des secteurs ferroviaire et énergétique, ainsi qu'à la Poste. Principale société concernée: la
CFR (chemins de fer). Le plan prévoit en effet des suppressions
d'emplois dans toutes les branches: la CFR Marchandises (3000 postes), la CFR Voyageurs (1000 postes d'ici au mois de juin), la CFR
(1500 postes) ainsi que les filiales réparation, télécommunications et
électrification (respectivement 30, 250 et 100 postes au moins). 600
emplois seront aussi supprimés à la Compagnie nationale des autoroutes, 300 à Termoelectrica, 200 dans la société énergétique Turceni,
et 70 à la Poste.
Moins de policiers… plus de CRS
A
lors que le ministre du Travail Traian Igas
voudrait bien licencier quelque 10 000 policiers, une rallonge de près d'un million d'euros vient d'être accordée au Service d'informations roumain (SRI) pour les dépenses liées au personnel affecté
au maintien de l'ordre et à la sécurité nationale. La décision, prise en avril par le gouvernement, a été publiée fin
mai dans le Journal officiel. Traian Igas a assuré lors
d'une conférence de presse que les licenciements dans
son ministère débuteraient fin juin. Par ailleurs, le salaire maximum octroyé à un policier sera fixé à 1200 lei,
soit 300 €.
19
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
l
SATU MARE
BACAU
l
l
l
VASLUI
ARAD
BRAILA
l
l
BRASOV
TIMISOARA
PITESTI
l
l
CRAIOVA
l
l
TULCEA
l
TARGOVISTE
n
BUCAREST
GIURGIU
l
l
CONSTANTA
Prévision d'inflation
relevée à 5,1%
pour 2011
20
et des agriculteurs n'en veulent pas, mais…
des OGM dans l'Union Européenne ?
l
IASI
TARGU
MURES
l
La Roumanie cheval de Troie
l
SUCEAVA
ORADEA
l
La grande majorité des Roumains
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
La Banque nationale de Roumanie
(BNR) a relevé sa prévision d'inflation
pour cette année de 3,6% à 5,1%,
sans prendre en compte la majoration
du coût du chauffage annoncée pour
cet automne. L'inflation a atteint en
mars son plus haut niveau depuis
août 2008, s'établissant à 8,01% en
glissement annuel. Toutefois, une
bonne année agricole 2011 pourrait
atténuer cette envolée, alors que les
prix alimentaires en Roumanie ont
enregistré la 2ème hausse la plus
forte dans la région après la Bulgarie.
La BNR a également revu à la hausse sa prévision d'inflation pour 2012,
de 3,2% à 3,6%. En 2010, l'inflation
s'était élevée à 6,1% tandis que la
hausse des prix à la consommation
avait bondi à 7,96%., à la suite de la
majoration de cinq points du taux de
TVA, de 19% à 24%, décidée en
juillet afin de contenir le déficit public.
La Roumanie grosse
importatrice de fleurs
La Roumanie a importé 7000 tonnes de fleurs en 2010 pour une valeur
de 23 millions d'euros, soit 1300 tonnes et 3 millions d'euros supplémentaires par rapport à l'année précédente. Les pays Bas sont le premier fournisseur (4000 tonnes et 16 M€), suivis de la Turquie (2500 tonnes, soit
2,8 M€) et de la Hongrie (250 tonnes,
1,7 M€). Pendant la même période la
Roumanie a exporté 420 tonnes de
fleurs (soit près de 17 fois moins que
le contingent importé) pour un peu
plus d'un million d'euros, à destination
de la Hongrie, des Pays Bas, de
l'Italie, de la Grèce, la Pologne et
l'Espagne.
Les vingt dernières années en Roumanie ont vu la restructuration de l'agriculture issue du système communiste vers un système libéral de type "économie de
marché". Avec l'adhésion à l'Union européenne en 2007, la Roumanie a commencé à faire face à une nouvelle série de problèmes: la transformation de l'agriculture roumaine va vite, très vite, et il n'est pas impossible que le visage de l'agriculture roumaine ressemble, dans vingt ans, à celui des autres pays de l'Union
Européenne: concentration des terres, agrandissement des exploitations agricoles,
exode rural, utilisation de semences hybrides et mécanisation.
L
a Roumanie est un pays d'agriculteurs. Cela ne peut échapper aux voyageurs... Partout des paysans fauchent, travaillent la terre, souvent avec pour
seul soutien, le cheval. La population active est pour un tiers agricole. Ce
pourcentage a tendance à diminuer assez rapidement. Il serait d'après les services officiels roumains autour de 28% en 2008, alors qu'il était encore à 35% en 2003. On estime donc la population active agricole à plus de 2,6 millions, soit une baisse de près de
un million en cinq ans.
En parallèle, on note une augmentation de l'émigration roumaine vers les autres
pays de l'UE, l'Australie, ou le Canada. A titre indicatif, en France, la population active agricole est inférieure à 3% avec 805 857 emplois dans l'agriculture en 2007 (selon
l'Insee). Au niveau de la mécanisation, la différence entre la France et la Roumanie est
là encore assez importante. D'après la FAO, en 2007, la Roumanie comptait 174 000
tracteurs, alors qu'en France, il y avait 1,135 million de tracteurs, soit plus d'un tracteur
par actif agricole (et en proportion vingt fois plus qu'en Roumanie).
Exportatrice de matières premières agricoles
et importatrice de produits alimentaires finis
Contrairement à la plupart des pays européens, les agriculteurs roumains sont clairement divisés en deux classes: d'un côté 2,6 millions de fermes de moins d'un hectare
qui pratiquent une agriculture paysanne, et
de l'autre 9600 exploitations agricoles de
plus de 100 hectares. Ce sont ces grandes
exploitations qui perçoivent la plus grosse
part des subventions agricoles.
En France, la taille moyenne des exploitations agricoles était, en 2000, de 42 hectares (contre 15 hectares en 1955, ce qui s'est
accompagné d'une très forte diminution de
leur nombre). En 2006, on comptait environ
350 000 exploitations agricoles en France.
La topographie de la Roumanie, contrastée
elle aussi, explique en partie cette dualité de
l'agriculture: à l'est et au nord du pays, de larges zones de montagnes (Transylvanie, Valachie, Moldavie); à l'ouest et au sud, une
plaine fertile où se pratique une agriculture intensive. Ce sont dans ces plaines que les
champs de plantes génétiquement modifiées étaient majoritairement recensés. On le dit
souvent, et l'exemple de la Roumanie le confirme, les OGM sont d'autant plus intéressants que les fermes ont une grande superficie.
La Roumanie est à la fois exportatrice de matières premières agricoles et importatrice de produits alimentaires finis. En 2005, les produits transformés représentaient
68% des importations tandis que les produits non transformés représentaient 59% des
exportations. En 2009, la Roumanie était le cinquième producteur agricole dans l'UE,
et pourtant elle a importé des produits agroalimentaires pour une valeur de 3,7 milliards
d'euros. Ce déséquilibre est lié au fait que les grands exploitants qui fonctionnent sur
fonds publics - subventions - étouffent le marché avec des
matières premières qu'ils exportent à bas prix, sans les transformer.
Mamaliga transgénique
Depuis 2007, la Roumanie a toujours défendu une position en faveur des OGM dans le débat européen. Lors des
votes sur les autorisations (ou la levée des clauses de sauvegarde), la Roumanie a été soit en faveur des OGM, soit s'est
abstenue. Or la Roumanie avec ses 14 votes est un État important, le septième en nombre de voix. Ainsi, par exemple, elle a
voté pour la levée du moratoire autrichien sur le T25 et le
moratoire français sur le Mon810, s'est abstenue pour les
moratoires autrichien et hongrois sur le Mon810. Autre exemple, la Roumanie a voté pour l'autorisation du maïs Mir604, et
s'est abstenue en juillet 2007 sur la demande d'autoriser la
pomme de terre Amflora.
Les cultures transgéniques en Roumanie ne sont pas un
phénomène récent. Les premières PGM (Plantes génétiquement modifiées) ont été introduites en Roumanie dès 1998
avec l'autorisation de 14 variétés de soja pour la culture commerciale, alors qu'aucune législation ne permettait d'assurer
l'évaluation ou le suivi de ces cultures. A cette époque, le soja
GM était considéré du point de vue législatif équivalent aux
variétés conventionnelles.
Un ministre ex-communiste proche de Monsanto
Les premières statistiques officielles pour le soja GM
datent de 2004. Les surfaces semées de soja GM étaient de 5
Cette situation risque de perdurer dans les années à venir.
523 hectares en 2004, 87 600 en 2005 et 137 275 en 2006.
En effet, en septembre 2010, Valeriu Tabara a été nommé
Lorsque la Roumanie est devenue membre de l'UE en 2007, la
ministre de l'Agriculture. Cet ancien communiste est connu
culture du soja GM a été officiellement interdite en Roumanie,
pour ses liaisons avec l'industrie agro-chimique et cela depuis
conformément à la réglementation
des années. Il a joué un rôle clé en
européenne. En effet aucun soja GM
faveur de l'introduction des PGM en
n'est autorisé pour la culture dans
Roumanie et cela dès la fin des années
l'Union Européene.
90 avec les premières cultures de soja
La même année, autre conséquentransgénique. D'ailleurs, à plusieurs
ce de l'entrée dans l'UE, c'est le
reprises, en 2007 et en 2010, le minisfameux maïs Mon810 qui a été autoritre de l'Agriculture a déclaré à la pressé à la culture sur le territoire rouse qu'il soutiendrait l'autorisation de la
main. Les ONG dénoncent une autoriculture de soja GM devant les institusation qui s'est faite automatiquement,
tions européennes. Il justifie ses
sans consultation publique, et sans
déclarations par "les avantages évique soient menées des études indédents au niveau agricole" et "les
pendantes sur l'impact des cultures de
résultats positifs pour l'économie roumaïs GM sur l'environnement et l'amaine" que la culture de ce soja a
griculture roumaine. D'ailleurs,
engendrés. Comme le note InfOMG*,
Proche de Monsanto, ancien membre du
actuellement, la conduite de telles étuParti communiste, Valeriu Tabara est aujourd'hui la Roumanie a été un des rares pays au
ministre de l'Agriculture d'un gouvernement
des n'est toujours pas prévue par la
prônant le libéralisme économique et est monde à présenter des statistiques
favorable à la culture du soja transgénique. donnant des rendements à l'hectare
réglementation.
Or, la Roumanie est un pays où le maïs appartient au patriplus importants dans le cas des cultures de soja GM par rapmoine culturel et une partie de la gastronomie roumaine s'est
port au soja conventionnel. La société civile n'a jamais pu
élaborée autour du maïs (comme la mamaliga, équivalent de la
vérifier l'authenticité de ces "performances".
polenta italienne). Ainsi, dans ce pays, on trouve une très large
Enfin, Valeriu Tabara ne fait pas mystère de ses conflits
diversité génétique de variétés traditionnelles de maïs. Les
d'intérêts. Selon sa dernière déclaration, il reste en contact
presque trois millions d'hectares plantés avec du maïs convenavec Monsanto même en étant ministre de l'Agriculture: "Il n'y
tionnel, bio ou traditionnel (c'est-à-dire utilisant des semences
a rien de secret ni d'illégal". Ce qu'il ne dit plus c'est qu'il a
non hybrides) sont donc exposés à la contamination.
travaillé pour Monsanto, comme en témoigne son CV téléMais l'engouement initial pour le maïs Mon810 - de 332
chargé à partir du site du Parlement roumain, le 2 juin 2006.
ha en 2007, on est passé à 6 130 ha en 2008 - s'est très vite tari,
Ce CV a depuis été expurgé de toute référence à Monsanto.
avec seulement 3244 ha en 2009 et 823 ha en 2010. En effet,
(Lire la suite page 22)
le Mon810 est génétiquement modifié pour produire un insec*Inf'OGM, association loi 1901, est une veille citoyenne
ticide contre la pyrale (Ostrinia nubilalis), un parasite qui n'a
d'information, qui décrypte l'actualité mondiale sur les orgapas une présence significative en Roumanie. Cet OGM n'a
nismes génétiquement modifiés et les biotechnologies.
donc pas vraiment d'intérêt pour les agriculteurs roumains. Par
Inf'OGM produit et diffuse une information critique et indéailleurs, l'ONG Green Agent précise qu'en 2007, dans le judet
pendante et se donne l'objectif d'œuvrer pour une véritable
de Iasi, le maïs Mon810 a très mal supporté la sécheresse.
transparence.
21
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Actualité
(Suite de la page 21)
SUCEAVA
l
l
BREB
l
TARGU
MURES
ARAD
BACAU
l
l
SIBIU
l
l
BRASOV
l
GALATI
l
TIMISOARA
BUZAU
PITESTI
CRAIOVA
l
Deuxième derrière l'Espagne
l
IASI
ORADEA BAIA
l
MARE
l
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
l
SLOBOZIA
l
CONSTANTA
80 % des pauvres
vivent en milieu rural
22
La pauvreté des campagnes a
toujours été plus importante que
celle des villes en Roumanie. Le
boom économique qu'a connu le
pays au début des années 2000 n'a
fait qu'accentuer les disparités.
Cristea Gascan s'est fait connaître dans toute l'Europe il y a trois
ans pour son programme "Des chèvres à la place de l'aide sociale".
Ce maire d'une commune de 3 300
habitants du sud-est de la
Roumanie avait eu l'idée, à l'époque, de réformer lui-même le
système d'allocations.
"Plutôt que ces aides sociales
soient bues au premier bar du coin
et que les enfants ne bénéficient de
rien, c'est mieux que je donne des
animaux à traire, à condition qu'on
n'ait ni le droit de les vendre ni le
droit de les manger", argumentait-il
alors.
Cette initiative a été un demisuccès et n'a fonctionné que deux
ans. Aujourd'hui, Cristea Gascan
n'est plus médiatisé, mais il fait toujours face aux mêmes problèmes.
"Près de 80 % des villageois touchent moins que le revenu minimum (600 lei, soit environ 150 €),
mais seulement neuf personnes ont
droit aux allocations", dit-il.
Les récentes réformes du système d'aide sociale entreprises par
l'État ont en effet conduit à une
baisse importante du nombre de
bénéficiaires.
Par exemple, les personnes possédant plus de 2000 m2 de terrain
autour de leur habitation n'y ont
désormais plus droit.
(à suivre page 24)
La position pro-OGM du gouvernement roumain se manifeste aussi par le
nombre d'essais en champs de PGM que
ce pays accueille. Si l'Espagne reste, sans
surprise, le grand leader des essais en
champs, la Roumanie vient juste après...
En 2008, la première accueillait 45 essais
en champs sur 84 en Europe (soit 54%),
lui enlèves sa culotte…
et en 2009, 61 essais sur 98 (soit 62%). qu'on ne mette pas de-Tu
polyesters dans la soupe !
La Roumanie, elle, accueillait, en 2008,
9 essais (soit 11%) et 21 en 2009 (soit 22%). En 2010, le nombre d'essais roumains a
encore augmenté atteignant 33 essais.
La législation roumaine dans le domaine des OGM est le résultat d'une harmonisation hâtive des normes nationales avec les directives européennes. La Roumanie est l'État qui a le plus de lois pour réglementer les OGM (au nombre de 27). Cela aboutit à une
réglementation compliquée qui laisse une grande place à l'interprétation. Sur ces 27 textes, 20 sont des décisions gouvernementales d'urgence ou des ordonnances ministérielles, donc sans débat parlementaire. Et à plus forte raison sans débat public.
Dans l'UE, la coexistence et, son corolaire, la responsabilité sont gérées au niveau
national. Actuellement, la loi roumaine impose une distance de 200 mètres entre champs
GM et non GM. En cas de contamination, c'est l'agriculteur qui cultive des PGM qui est
responsable, théoriquement. Jusqu'à présent, il n'y a eu aucune plainte pour contamination, ce qui ne signifie pas l'absence de contamination. Mais les agriculteurs n'ont pas les
moyens financiers et techniques pour faire des contrôles.
Au-delà des textes, ce qui pose le plus problème est la mise en œuvre de cette réglementation. L'exemple de l'interdiction de la culture du soja GM est caractéristique. C'est
avec un grand laxisme que le gouvernement a "surveillé" les champs, et aucune amende
ou pénalité n'a été infligée aux agriculteurs qui n'avaient pas respecté l'interdiction nouvellement proclamée. En outre, le registre national des OGM en 2006 montre que les
autorités n'avaient aucun contrôle sur la culture du soja génétiquement modifié même
quand il était autorisé en Roumanie.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Social
81 ans… et une retraite de deux lei
Dotie Visovan ne bouge pas de sa chaise tout au long de la journée. Une pauvre ampoule pendue au plafond éclaire la
pièce sombre de la maisonnette traditionnelle qu'elle habite à l'écart d'un chemin du village de Breb, dans le Maramures.
Elle ne l'allume qu'à la nuit tombée. Par souci d'économie. Car l'octogénaire doit vivre avec sa retraite de 2 lei par mois et
une aide sociale de 105 lei que lui verse la mairie.
L
a vieille femme médite… comme elle dit. Du lever
au coucher, c'est d'ailleurs sa seule occupation, car
presque personne ne vient la voir. Si…fin avril, le
pope lui a rendu visite. Elle avait
peur de ne pas passer Pâques, ni de
voir ses 82 ans. Elle lui avait demandé de venir la confesser.
Dotie Visovan médite sur la
dureté de la vie. Orpheline dès l'âge
de quatre ans, elle a été élevée par sa
grand-mère, laquelle est morte à 104
ans. Elle a eu trois enfants de son
mari, Ion, décédé en 1988, ancien
"soldat au travail" au temps de
Gheorghiu-Dej. Le dictateur avait
mobilisé l'armée pour l'envoyer dans
les mines, sur le canal, ou travailler dans les combinats et à la
construction des blocs.
Même si elle n'était pas rose auparavant, la situation de la
villageoise s'est brutalement aggravée après la "Révolution".
Depuis 1996, elle reçoit une retraite de… 2 lei (un demi-euro).
Il paraît que c'est la loi et qu'elle n'a pas droit à plus, n'entrant
pas dans la catégorie des personnes bénéficiant de la pension
minimum, fixée au niveau national à 350 lei (85 €) par mois.
"La moitié me suffirait !" s'insurge-t-elle, avant de s'emporter
et maudire le gouvernement. "La Roumanie, c'est une honte !"
répète-t-elle au bord des larmes.
Des impôts à payer, malgré tout !
Pas de télévision, ni radio…
la redevance coûtant le double de sa pension
Voici quelques années, Dotie a eu la surprise de constater
que sa pension avait été augmentée
de 50 %. Le facteur lui avait remis 3
lei. C'était une erreur de l'administration qui l'a rectifiée dès le mois suivant, tout en ayant la "délicatesse"
de ne pas lui réclamer le trop perçu.
La mairie de Breb lui verse une
aide sociale mensuelle obligatoire de
120 lei (30 €), mais elle ne perçoit
rien d'autre. La vieille dame se souvient cependant, qu'en 20 ans, elle a
reçu 2 ou 3 fois un sac de 10 kg de
farine, en provenance de l'UE, ainsi
qu'un kilo de sucre et quelques boites de lait… "Mais jamais d'huile, bien que l'Europe en ait
envoyée !", s'exclame-t-elle.
La misère n'empêche pas Dotie d'être une citoyenne
comme les autres. La mairie lui réclame 105 lei d'impôts par
an (25 €) pour les deux terrains qu'elle possèderait sur la commune, bien qu'elle ne soit propriétaire que d'un seul et ne
La vieille dame aimerait bien avoir un peu de distraction,
regarder la télévision, mais son
poste ne marche plus, et elle n'a pas
de radio. Elle devrait en outre payer
une redevance mensuelle de 4 lei…
deux fois sa retraite. Ce qui l'arrête
surtout, c'est la perspective de la
note d'électricité. Elle lui revient
déjà à 14 lei chaque mois.
Dotie Visovan redoute beaucoup la détérioration de son état de
santé. Elle a de plus en plus de difficulté à se déplacer. "Comment est-ce
que je vais faire ?" s'angoisse-t-elle.
Elle est persuadée que les maisons
de retraite ne la prendront pas, au vu du niveau de sa pension.
En outre, elles n'ont pas de place. La plus proche, à Sighet, ne
peut accueillir que 200 personnes, et des centaines de candidats figurent déjà sur ses listes d'attente. "Et puis, c'est une prison!" se révolte-t-elle. Dotie replonge dans le silence de ses
méditations sans fin…
57 communes et 24 restaurants auto-proclamés "zones sans OGM"
Comme l'oblige la législation européenne, la législation roumaine prévoit l'étiquetage des produits génétiquement modifiés comme étant obligatoire depuis juin 2006.
Mais la loi n'est pas mise en œuvre. Pour l'instant il n'existe pas même un aliment commercialisé en Roumanie qui soit étiqueté comme OGM ou en contenant.
L'opposition aux OGM est le fait des autorités locales et des consommateurs En
Roumanie, il y a à ce jour 57 autorités locales et 24 restaurants qui se sont publiquement
déclarés comme Zone Sans OGM. Ils ont signé une déclaration d'intention visant à les
interdire et demandant aux autorités et politiciens nationaux de s'assurer que les intérêts
des agriculteurs en Roumanie qui souhaitent produire des cultures non-GM seront protégés par la loi. Les 57 autorités locales se sont également obligées à utiliser des moyens
démocratiques, tels que des conférences et autres activités éducatives visant à persuader
les agriculteurs de ne pas cultiver des plantes GM.
En mai 2010, InfOMG a commandé un sondage national d'opinion à OMNIBUS.
81,5% des roumains veulent que les autorités interdisent les OGM et 74,1% ne veulent
pas manger d'OGM.
La Roumanie est un pays qui a un grand potentiel agricole et où la majorité des
citoyens et des agriculteurs ne veulent pas de PGM. Or, jusqu'à présent, les autorités
jouent le jeu de l'industrie biotechnologique, en Roumanie même mais aussi au niveau
de l'Union Européenne. Pour longtemps ?
Christophe Noisette et Ramona Duminicioiu (InfOMG*)
devrait acquitter que 25 lei. Sur place, personne ne s'est donné
la peine de débrouiller cet imbroglio. D'ailleurs, en dix ans,
l'assistante sociale communale n'est venue lui rendre visite
qu'une fois. En bonne paroissienne,
l'octogénaire donne aussi au pope ce
qu'elle peut quand il vient bénir la
maison, en janvier. Une fois dix lei,
la suivante cinquante, selon ses possibilités.
De temps en temps, Dotie reçoit
de l'aide de deux de ses neveux, plus
attentifs que ses propres enfants.
L'un travaille en Italie et vient une
fois l'an, l'autre s'est installé à
Constantsa à l'autre bout du pays.
Pour arriver à la fin du mois, elle
doit économiser sur tout. Elle ne mange pas de viande, se
contentant d'une soupe de carottes et de pommes de terre et
fabrique elle-même son pain, bien qu'ayant beaucoup de mal à
le pétrir à cause des rhumatismes qui lui déforment les mains.
Elle calcule aussi la rentrée du bois pour se chauffer, et
avoir deux mois d'avance, ce qui lui coûte 150 lei, plus que ses
deux pensions cumulées. Comme ses médicaments ne sont pas
totalement compensés (remboursés), elle ne prend qu'un demicomprimé par jour, alors que ses problèmes de cœur et de tension exigeraient un traitement suivi.
23
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Social
l
ORADEA
SATU
MARE
l
CLUJ
l
l
BOTOSANI
ARAD
SF. GHEORGHE
l
BRASOV
l
l
CHISINAU
l
l
l
IASI
l
TARGU
MURES
TIMISOARA
SIBIU
l
GALATI
BRAILA
l
l
l
TULCEA
CRAIOVA
l
n
CONSTANTA
BUCAREST
GIURGIU
Bogdan Hossu : "En Roumanie, on a
Leader du syndicat d'origine chrétienne Cartel Alfa, Bogdan Hossu juge très
grave la situation sociale de son pays. Il estime que la Roumanie ne sait plus où
elle va et voit sa société retourner à des fonctionnements datant du Moyen-âge. Il
a confié ses craintes à Henri Gillet.
l
l
(suite de la page 22)
"La rupture avec
le milieu urbain
est énorme"
24
Le leader du syndicat
"Dans ma commune, la majorité
des habitants ont entre 2 000 m2 et
3000 m2 de terrain. Alors, ils survivent comme ils peuvent. Soit avec
une vache ou un mouton qu'ils ont
gardés, soit avec les allocations de leurs enfants",
continue Cristea Gascan.
Selon une étude roumaine du Centre de recherche
de la qualité de vie, près de
80 % des pauvres vivraient
en milieu rural. La croissance économique exponentielle qu'a connue le pays
dans les années 2000 a en
effet bénéficié tardivement
aux campagnes, alors
qu'elles ont été les premières et les plus touchées par
la crise.
"À cela s'ajoutent les réformes du
système social qui ne prennent pas
du tout en compte la spécificité de
certaines communautés", développe
la sociologue Manuela Stanculescu.
Dans un souci d'optimiser son service public, l'État est effectivement
en train de fermer de nombreux
petits hôpitaux ou écoles en milieu
rural sans qu'aucune étude d'impact
soit réalisée. “La rupture entre le
milieu rural et le milieu urbain est
énorme et s'accentue. Bucarest, c'est
l'Europe, alors que les campagnes
de Moldavie n'ont rien d'européen",
insiste la sociologue.
Et Cristea Gascan de conclure:
"La situation n'est certainement pas
près de s'améliorer".
Jonas Mercier (La Croix)
Henri Gillet : La Roumanie voit-elle le bout du tunnel ?
Bogdan Hossu : Non ! Le gouvernement ne fait rien dans ce sens. Il ne stimule
pas les investissements, empêtré dans sa taxe à taux unique (24 %) qui paralyse certains secteurs et est inique: l'eau, le pain sont taxés comme les night clubs ou l'achat
d'une Ferrari ! On ne voit pas de perspectives pour les quatre ans à venir. L'Etat disposera toujours des mêmes recettes, n'augmentera pas ses rentrées. Il n'ya pas de véritable lutte engagée contre la travail au noir qui concerne 1,7 millions de personnes sur
4,2 millions de travailleurs du privé, soit 40 % du total. La lutte contre la fraude fiscale, 28 % du PIB, n'avance pas. Elle est constituée pour moitié par le travail au noir et
pour l'autre par l'évasion fiscale, la TVA non payée.
H.G. : Comment se traduit la crise sur le plan social ?
B.H. : Le gouvernement en profite pour faire passer des législations rétrogrades,
comme les nouveaux codes du travail et social. Le PDL (parti du président Basescu)
est plein de contradictions. Il se présentait
comme une formation ouverte au dialogue social. Dans les faits, il le détruit pour
avantager les groupes d'intérêt qui sont
les gagnants, comme les multinationales
qui ont peu apporté au pays, en ont beaucoup profité, et voient faciliter leurs plans
de licenciements sans avoir à apporter de
contreparties. J'ai bien peur que les services publics, comme les transports, la
sécurité, la police, la santé, les organismes sociaux, l'enseignement même, ne
glissent vers les privatisations, faisant
encore grandir les disparités sociales.
Pour certains, c'est déjà en cours.
"Un gouvernement autiste et incompétent"
H.G. : Y-a-t-il une issue politique ?
B.H. : Le gouvernement est un champion du double langage. Il clame bien haut
qu'il lutte contre la fraude, la corruption… et par en-dessous, il bloque le processus de
la Justice. Il parle de dialogue, mais entreprend de déconsidérer les syndicats qui lui
résistent, ce qui nous amène à porter plainte auprès de l'Organisation Internationale du
Travail et devant la Commission Européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg. En
fait de dialogue, il s'agit d'un monologue, comme au temps du communisme. Il nous
convoque pour nous annoncer les mesures qu'il a décrétées. Il n'écoute d'ailleurs pas
plus les employeurs qui aimeraient aussi savoir quelle politique il entend suivre. En
fait, il ne sait pas où il va. Il est autiste et incompétent.
Par exemple, il reçoit des subventions de l'UE pour moderniser 22 gares… et supprime 5000 km de voies ferrées dont une partie les dessert. Il crée des salles de sports
dans des petites communes, mais n'en équipe pas de grandes stations touristiques.
L'efficacité, le retour sur investissement, sont des notions qui lui échappent.
Quant à l'opposition (anciens nomenklaturistes du PSD), ce n'est pas mieux. Elle
est ambiguë, incohérente dans ses choix, n'a pas de vision de l'avenir. Bref, elle manque
de crédibilité. Tout cela est bien triste car le moteur des décisions reste tout de même
entre les mains des politiques.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Cartel Alfa évoque l'hypothèse d'une nouvelle Révolution
l'impression d'être en Amérique du Sud plutôt que dans l'UE"
"Le jeu de l'Union Européenne n'est pas clair"
"Les Roumains n'ont pas
confiance dans leurs institutions"
H.G. : L'Europe reste-t-elle indifférente devant cette
crise de confiance ?
H.G. : Comment réagissent les Roumains ?
B.H : Son jeu n'est pas clair. Au plus fort de la crise chez
B.H. : L'intervention du FMI dans nos affaires, les presnous, elle a surtout penser à sauvegarder ses intérêts et, avant
sions de l'UE ont fait que l'Etat a vu son rôle de régulateur,
tout, ceux de ses banques qui sont toutes étrangères maintevoire de protecteur du citoyen, diminuer, ce qui change consinant, administrées par des intérêts autrichiens, français, holdérablement la nature du contrat social entre les pouvoirs
landais, etc. Elles ont aggravé la crise en sortant leur capital de
publics et les Roumains. Pour l'instant, le débat public n'est pas
Roumanie, par précaution, spéculant contre l'intérêt des
engagé dans les médias. Il ne faut pas oublier qu'ici il existe
Roumains, portant leur niveau d'émigration au taux le plus fort
toujours une opacité dans l'application de la démocratie. La
de l'UE. En même temps,
population est toujours
leurs gouvernements blotraitée à la méthode
quaient l'entrée des tracommuniste, ce qui
vailleurs roumains sur
amène nombre de nos
leur marché.
compatriotes à quitter le
Dans
la
vieille
pays car c'est invivable.
Europe, après le tournant
Les Roumains n'ont
libéral des années 90,
pas confiance dans leurs
l'UE vante maintenant les
institutions. Elles sont
vertus de la flexisécurité,
incompétentes et coralliant la flexibilité du
rompues. Un discrédit
marché du travail à la
structurel s'est installé à
protection sociale, tout en
tous les niveaux, notams'appuyant sur une cerManifestation à Bucarest: “Ah oui, nous vivons bien” ment vis-à-vis de la
(promesse de Traian Basescu lors de la dernière élection)... Bande de profiteurs !
taine justice fiscale.
Justice.
Et bien en Roumanie, elle préconise la potion libérale à la
A mes yeux, il n'existe qu'une seule voie: le recours à la
Barroso et a même eu l'audace d'affirmer par un de ses représociété civile. Mais chez nous, elle est à peine née. Pourtant, il
sentants, lors d'un colloque en janvier dernier, que la protecfaut s'organiser. Cartel Alfa se rapproche par exemple de l'aution sociale y était suffisante. Il n'avait sans-doute jamais mis
tre syndicat BSN (Bloc Syndical National) pour fusionner à
les pieds dans un de nos dispensaires et n'aura sans-doute pas
l'automne. Devant la dérive de la société, nous nous réunissons
à débourser la moitié de sa pension de retraite pour payer ses
avec des personnalités comme les sociologues Marian Preda,
médicaments.
Catalin Zamfir, la politologue Alina Mungiu Pippidi, le jourQuant à la flexibilité, elle va devenir maximum avec les
naliste Cristian Pârvulescu, etc., tous engagés, à un titre ou à
nouveaux codes du travail et social. Il n'existe plus de contrats
un autre, dans un combat pour une véritable démocratie, ainsi
collectifs ou de branches. Les employeurs vont pouvoir pratiqu'avec des employeurs pour élaborer un nouveau contrat
quement licencier comme ils veulent, sans avoir à assumer
social. Il doit être prêt en septembre pour être proposé comme
leurs responsabilités. Les impôts, eux, restent au même seuil
un contrat global de société aux dirigeants politiques. Il s'agit
de 24 %, qu'on soit milliardaire ou smicard. Cela doit satisfaide donner aux Roumains une vision de l'avenir reposant sur
re notre président, puisqu'il a déclaré au début de l'année "qu'il
une vraie flexibilité, prenant en compte toute la dimension
était heureux de la fin de l'Europe sociale".
sociale.
Et bien, malgré tout cela et l'incompréhension devant cerIl ya urgence… si on ne veut pas voir les structures de la
taines de ses attitudes et décisions, les Roumains gardent
Roumanie replonger dans le Moyen-âge. Sinon, quelle issue ?
quand même espoir dans l'UE qui leur paraît la seule capable
Ne va-t-on pas vers une nouvelle Révolution ?
de pousser leur pays dans la bonne direction.
Propos recueillis par Henri Gillet
Gros salaires en baisse
C
ent quarante cinq mille lei mensuels (32 000 €), soit 1,7 million de lei à l'année (400 000 €), tel est le salaire le plus
élevé enregistré l'an dernier à Bucarest. L'heureux élu est un administrateur de fonds, selon les données publiées par la
direction générale des finances publiques de Bucarest. Le podium des Bucarestois les mieux payés est complété par un
intermédiaire commercial (1,55 million de lei en 2010), suivi d'un consultant dans le secteur des affaires (1,12 million de lei). Au
total, les dix Bucarestois les mieux rémunérés ont amassé 11,6 millions de lei en 2010, soit une somme 3 fois et demi inférieure à
celle enregistrée par le top 2010 pour l'année 2009. A noter aussi qu'en 2009, les cinq premières places de ce top 10 étaient occupées par des banquiers qui ont, cette année, déserté les sommets du classement.
25
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Actualité
Social
l
l
SATU
MARE
ORADEA
ARAD
l
HUNEDOARA
l
l
l
TIMISOARA
SUCEAVA
TARGU
MURES
IASI
l
l
CRAIOVA
l
l
l
l
l
GALATI
l
TULCEA
l
PLOIESTI
n
BUCAREST
CERNAVODA
l
Cinq modèles
de flexibilité
et de sécurité
sur le Vieux Continent
26
Les analyses de l'Union
Européenne divisent pour l'instant les
marchés du travail des 27 pays
membres en cinq typologies:
-modèle anglo-saxon (RoyaumeUni et Irlande) : degré élevé de flexibilité et un niveau relativement faible
de sécurité et d'imposition, efficace
dans la création d'emplois, faible
dans la lutte contre la pauvreté.
-modèle continental (Allemagne,
Belgique, Autriche et France), avec
flexibilité, sécurité et imposition
moyennes, bon pour combattre la
pauvreté, mais faible pour créer des
emplois.
-modèle méditerranéen
(Espagne, Portugal et Grèce) : une
flexibilité et une sécurité réduites et
un niveau d'imposition élevé, inefficace pour créer des emplois comme
pour lutter contre la pauvreté.
-modèle est-européen plus
l'Italie: une flexibilité moyenne, une
faible sécurité et un niveau moyen
d'imposition, inefficace pour la création d'emplois et pour lutter contre la
pauvreté.
-modèle nordique : une flexibilité
moyenne à haute, un haut niveau de
sécurité et une imposition moyenne à
haute, efficace dans la création d'emplois et la lutte contre la pauvreté.
Pour sa part, la Roumanie navigue à vue, sans définir de stratégie
claire, accumulant plutôt les défauts
de chaque modèle que leurs qualités,
optant cependant pour le modèle
anglo-saxon… mais en veillant à ce
que ses bénéfices aillent en priorité à
la nomenklatura en place.
La Roumanie vient de se doter d'un nouveau code du travail qui favorise la
souplesse pour embaucher et débaucher. Mais, faute d'accompagnements
sociaux, cette potion, outre qu'elle n'est pas en harmonie avec les objectifs de
l'UE, risque d'être particulièrement amère.
On espère
simplement
que la citerne
transporte
bien du gazoil
pour
le tracteur.
L
e nouveau code roumain du travail, entré en vigueur le 2 mai, permet désormais d'embaucher et de débaucher plus facilement. On assure qu'avec lui
le marché du travail deviendra plus souple et plus riche en emplois. Mais
cette rengaine va à l'encontre de l'expérience de l'Union Européenne et de son ensemble de valeurs. Dans les années 1990-2000, l'UE était unanime: la protection de l'emploi conduit à une certaine rigidité et empêche la création de nouveaux emplois. Mais
l'Union a désormais complètement renoncé à cette idée, après que la pratique a
démontré que cet amollissement de la protection de l'emploi n'a créé que des emplois
à court terme. Le mantra récité aujourd'hui par les responsables européens, en commençant par László Andor, le commissaire européen chargé de l'Emploi, des Affaires
sociales et de l'Intégration, est la "flexicurité".
Il s’agit d’ un élément-clé de la
Stratégie Europe 2020, qui a fixé pour
objectif un taux d'emploi de 75 % de la
population active: en bref, la flexibilité du
marché du travail et la sécurité des travailleurs - un concept venu du Danemark,
dont les habitants sont régulièrement classés comme étant les plus heureux sur terre.
La Roumanie à la dernière place
La flexibilité seule a un impact négatif
sur la création d'emplois à long terme, et
elle accroît la segmentation du marché c'est-à-dire la polarisation entre des
emplois bien rémunérés et sûrs et des
emplois mal payés, précaires et dénués de
protection sociale. Le concept de sécurité
Le nouveau code du travail vu par Gazdaru. pour les travailleurs a évolué, lui, de la
sécurité du maintien de l'emploi dans une entreprise vers celle consistant à pouvoir
trouver en permanence des emplois sur le marché du travail. Or le but de l'Europe est
d'être économiquement compétitive, tout en conservant vigoureusement ses valeurs
centrales : progrès pour tous et intégration sociale.
En abandonnant la flexibilité à tout va, l'UE renonce donc à un mauvais modèle.
Ce n'est pas vraiment l'orientation de la Roumanie lorsqu'elle modifie uniquement le
code du travail et oublie d'introduire des politiques sociales et économiques susceptibles d'épauler ces changements. Or on sait comment qualifier ceux qui répètent les
mêmes actions, s'attendant à obtenir des résultats contraires à ceux déjà vérifiés par
l'expérience...
Pas étonnant donc que, dans les analyses de l'Union Européenne, Bucarest se
retrouve bonne dernière en matière de flexicurité. Le pays a le marché du travail le
moins performant: rigide, avec une faible mobilité verticale, des taux élevés de chômage de longue durée et de faibles taux d'emploi pour la population de plus de 55 ans.
En même temps, la protection sociale et la participation à des programmes de qualification et de formation continue sont au plus bas. Tout cela signifie une seule chose:
inefficacité économique et dégradation de l'environnement social, sans aucune perspective d'amélioration.
Coca et Nescafé : un goût
spécifique pour pauvres à l'Est ?
En Roumanie, le café, denrée rare sous le régime communiste, a conservé depuis une importance particulière. De nombreux Roumains s'étonnent
encore de trouver des produits Jacobs Krönung ou Nescafé dans les magasins. Mais là où le bât blesse, c'est que le café n'est pas bon…
l
VASLUI
SIBIU
G. BERTHELOT
R. VÂLCEA
Social
La flexibilité à tous crins
l
BACAU
Le social totalement absent des
préoccupations gouvernementales
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L
'aura qui entoure les produits alimentaires de
l'Ouest vendus en Europe de l'Est n'empêche pas
que de nombreux Roumains, plutôt que d'aller
acheter leur café et leur chocolat au coin de la rue, préfèrent
demander à des parents ou connaissances vivant en Allemagne
ou en Autriche de leur en expédier. Ils pensent que les produits
de marque occidentaux disponibles en Roumanie sont moins
bons qu'à Vienne ou à Munich.
Ce soupçon est désormais étayé scientifiquement: une
étude effectuée par l'association slovaque de protection des
consommateurs a révélé que des produits de marques telles
Coca-Cola, Jacobs Krönung, Tchibo Espresso et Nescafé Gold
présentent une moindre qualité sur le marché est-européen
(Ré-publique Tchèque, Pologne, Slovaquie, Roumanie,
Bulgarie, Hongrie) qu'en Allemagne et en Autriche.
Mystérieuse "confusion"
"Il est tout à fait courant que des produits d'une même
marque soient fabriqués différemment d'un pays à
l'autre"…constate l'association en relevant que le Coca-Cola
vendu en Europe de l'Est contient un édulcorant nommé isoglucose, tandis qu'en Allemagne et en Autriche on utilise des
ingrédients plus chers, le saccharose et le sucre cristal. CocaCola s'est montré surpris de ces reproches. Selon Ibolya Szabo,
responsable de la communication de Coca-Cola Europe, l'entreprise utilise du sucre raffiné, que ce soit en Allemagne, en
Autriche ou en Roumanie. Il s'est dit "étonné par les prétendus
résultats des tests concernant le Coca-Cola vendu en
Deux Roumains sur trois
ne partiront pas en vacances
D
eux tiers des Roumains ne vont pas partir en vacances
cette année, selon un sondage sur le comportement des
Roumains, réalisé par l'Institut roumain d'évaluation et
de stratégie. L'an dernier, 50% des personnes interrogées n'avaient
déjà pas pris de congés. Quant au tiers qui comptent prendre des
vacances - des jeunes urbains avec études supérieures en majorité
- la crise a fait évoluer son comportement. 65% d'entre eux comptent en effet passer leurs vacances en Roumanie, contre 4 % seulement en Bulgarie, Espagne ou Italie, et la proportion de ceux qui
partent en avion a baissé de 15%, tandis que l'autobus fait un retour
en force dans les moyens de transport choisis.
Roumanie" et a l'intention de voir comment une telle "confusion" a été possible. Un porte-parole de la centrale allemande
de Coca-Cola a également déclaré que la "recette utilisée
depuis 125 ans" en Allemagne n'était pas différente de celle
des autres pays.
"Mmmh, délicieux, café… Mais pourquoi a-t-il un goût si
bizarre"… John Dalli, commissaire chargé de la protection des
consommateurs slovaques, s'est néanmoins montré prudent
face à l'analyse: "L'étude a été menée sur un nombre limité de
produits, et je ne suis pas sûr que l'on puisse réellement se fier
aux résultats", a dit un porte-parole. "Il est tout à fait courant
que des produits d'une même marque soient fabriqués différemment d'un pays à l'autre. C'est à l'entreprise qu'il incombe
de garantir leur qualité".
Ravitaillement dans
les supermarchés allemands
En Europe de l'Ouest, le Coca-Cola est donc adouci avec
du saccharose ou du sucre cristal et le serait en Europe de l'Est,
avec un édulcorant bas de gamme: l'isoglucose. En Europe de
l'Est, la qualité prétendument moindre des produits profite à
certains hommes d'affaires malins, comme Marius Popescu,
qui ne veut pas révéler son vrai nom. Une fois par semaine, il
se rend à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche et y fait
ses courses dans les supermarchés, du café à la lessive en passant par le chocolat. L'idée de faire des affaires avec les produits de l'Ouest lui est venue d'un voyage en Allemagne à la
suite duquel il a dû ramener du café à tous ses voisins. Il sait
que ce commerce n'est pas précisément légal. Mais les affaires
sont florissantes, et l'argent lui a permis de construire une maison pour sa famille. Marius Popescu n'a pas entendu parler de
l'étude slovaque, et peu lui importe…
Ruxandra Stanescu
Le mariage valeur sûre
E
n quoi les Roumains ont-ils confiance ? En
l'Eglise (72%), le mariage (81%), les organisations écologistes (65%), Internet (64%) et les
multinationales (46%), affirme une étude sur les "Trusted
Brands" réalisée par le Reader's Digest. Ils ne sont que 32%
à faire confiance en la presse, 31% en la publicité (l'un des
scores les plus élevés de l'UE) et 29% dans les fonctionnaires publics. En queue du classement, la justice, à qui seuls
17% des personnes interrogées font confiance, et le gouvernement qui récolte un ridicule 6%, le score le plus faible
des pays de l'UE. Toujours selon cette étude, 53% des
Roumains ont confiance dans l'euro et 51% dans l'UE.
27
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le nouvel axe de Bucarest
passera sous le palais de Ceausescu
Evénements
BOTOSANI
l
SATU
MARE
l
l
SUCEAVA
l
ORADEA
FOCSANI
l
DEVA
l
BRASOV
l
l
l
GALATI
l
SIBIU
TIMISOARA
PLOIESTI
T. SEVERIN
l
PITESTI
CRAIOVA
l
l
l
n
BUCAREST
LETEA
l
l
l
TULCEA
CONSTANTA
l
Découverte d'un
temple dédié à
Némésis à Alba Iulia
28
Evénements
D'origine roumaine
l'Israélien le plus riche est mort
l
TARGU
MURES
ARAD
l
IASI
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Un groupe d'archéologues a
découvert un temple dédié à la déesse Némésis, dans la forteresse de la
ville d'Alba Iulia, en Roumanie. La
découverte a eu lieu au cours de travaux de réhabilitation sur le site.
Constantin Inel, Directeur adjoint
du Musée National de l'Unification de
Alba Iulia, a qualifié la découverte d'
"unique" et de "sans précédent". Lors
de travaux de réhabilitation de la forteresse dans cette ville roumaine,
des archéologues ont découvert un
temple romain dédié à la déesse
Némésis. La trouvaille est d'autant
plus exceptionnelle que les temples
sacrés construits à l'intérieur d'un fort
Romain sont très rares.
Le quai d'Orsay,
par l'intermédiaire
de ses bulletins
électroniques estime que "la découverte est datée du
IIe siècle ou du IIIe
siècle, pendant la
domination romaine
en Dacie." Au sein
de ce sanctuaire,
les archéologues ont trouvé une statue de marbre représentant Némésis.
La déesse y apparaît sous les traits
d'un griffon: animal mythique au
corps de lion, aux ailes, griffes et tête
d'aigle et aux oreilles de cheval. Une
pièce qualifiée de "spectaculaire" par
le ministère des Affaires étrangères
et Européennes français. Pour les
Romains, cette divinité symbolisait la
vengeance et était considérée
comme la patronne des soldats de
l'empire et des gladiateurs.
L
e nouvel axe routier qui reliera les quartiers sud de la capitale à Piata
Victoriei a été adopté dans sa totalité par la Commission d'urbanisme de la
municipalité, une décision qui devrait être suivie par le Conseil municipal.
Surnommée "l'autoroute de Bucarest", ce boulevard partira de Piata Progresu dans le
sud de la capitale et arrivera à Piata Victoriei en passant sous le parc du Palais du
Parlement, ancien palais de Ceausescu. Cette solution, à contrario des grandes métropoles européennes, a été privilégiée par rapport à celle préconisant une amélioration du
contournement de la ville.
Selon l'architecte Sorin Gabrea, membre de la Commission d'urbanisme et interviewé par le quotidien Gandul, un tunnel devra être construit à une profondeur de 25 mètres "pour éviter les constructions souterraines qui se trouvent dans cette zone". Il aura
une longueur de 850 mètres et devrait coûter 153 millions d'euros. Cette artère centrale aura une longueur totale de 12,5 km et devrait permettre aux automobilistes de rallier le sud au nord de la capitale en seulement 20 minutes, selon les défenseurs du projet. Les travaux du tronçon nord de ce boulevard ont déjà commencé, notamment dans
le quartier de Piata Matache, où la destruction de monuments historiques a soulevé la
colère des associations de protection du patrimoine.
La mort de 200 chiens des rues
fait scandale à Botosani
U
n nouveau scandale a éclaté,
mi-mai à Botosani, autour du
très sensible problème des
chiens errants. Tous les chiens communautaires - soit 230 pris en charge par la
mairie de la ville dans un abri spécialement aménagé - ont été retrouvés morts.
Les membres des associations de protection des animaux ont parlé de "carnage"
et
accusé
les
employés municipaux
en charge du refuge d'avoir commis "cette
boucherie". Ces derniers, qui auraient été
en état d'ébriété au moment des faits, ont
déclaré avoir tué les chiens sur ordre de
leurs supérieurs. La mairie a affirmé que
les chiens ont été euthanasiés car ils
étaient tous gravement malades. "Nous
avons été obligés par la loi de les euthanasier", a déclaré le vice-maire, Florin
Ghiorghita, "sinon nous risquions une
grave épidémie dans toute la ville".
Les chevaux sauvages de Letea sauvés
O
n n'abattra pas les chevaux sauvages de Letea, en tout
cas pas pour le moment. La mobilisation d'une partie
de la société civile pour "sauver" les chevaux de la
forêt de Letea, dans le Delta du Danube, a porté ses fruits.
Une petite centaine de chevaux de la commune de C.A. Rosetti
étaient enfermés dans des enclos, maltraités, et une partie devait
être conduite à l'abattoir. Selon les habitants, ces chevaux, retournés à l'état sauvage
après avoir été libérés dans la nature il y a des années, seraient malades et surtout abimeraient la forêt de Letea, qui fait partie des sites protégés par l'UNESCO.
Mais les ONG ont fait du lobbying, sur le terrain et sur Internet, pour stopper le
"massacre". Dimanche 22 mai, le convoi qui transportait 49 chevaux vers le département de Covasna, où ils devaient être abattus, car soi-disant malades, a été arrêté par
les représentants de l'Autorité nationale sanitaire et vétérinaire, et les animaux mis à l'abri dans une ferme de Braila. Ils ont constaté que les animaux n'avaient pas été traités
correctement pendant le transport, au cours duquel deux chevaux sont d'ailleurs morts.
Les services vétérinaires auraient également constaté que seuls 19 des chevaux étaient
effectivement malades. Le Premier ministre Boc a assuré que "la loi (serait) respectée
et que les chevaux (devaient) être traités correctement". Les services ont affirmé qu'aucun autre transport ne serait effectué avant la clarification de la situation.
L
'homme le plus riche d'Israël, l'armateur Sammy
Ofer, dont le groupe est au
cœur d'un scandale avec
l'Iran, est mort à l'âge de 89 ans, début
juin. Sammy Ofer avait bâti avec son
frère Yuli une des premières flottes commerciales au monde. Son groupe, Ofer
Brothers, accusé par les Etats-Unis d'avoir vendu un navire pétrolier à la compagnie Iran Shipping Lines (IRISL), a
été visé le 24 mai par des sanctions américaines, mais il avait démenti avoir
jamais vendu des navires à la
République islamique. Les autorités
israéliennes avaient réagi prudemment à la décision américai-
ne, alimentant des rumeurs de liens possibles entre les frères
Ofer et leurs services de renseignement.
Sammy Ofer (au centre sur notre
photo) était né en Roumanie en 1922.
Sa famille s'était installée peu après
dans ce qui allait devenir l'Etat d'Israël.
Son père a construit une entreprise de
transport maritime que ses deux fils ont
transformée en leader mondial, et qui
avait pris des participations en
Roumanie. Sammy Ofer était un collectionneur d'art, particulièrement des
œuvres impressionnistes. Il aurait payé
40,3 millions de dollars en 2006 pour
acquérir aux enchères un tableau de Vincent Van Gogh.
Une villa de Ceausescu
rénovée avec des fonds européens
Bucarest : une salle de 16 000 places
remplace une patinoire
U
ne ancienne villa de protocole du dictateur communiste située au sud-ouest du pays va être rénovée
grâce à des fonds européens et transformée en pension touristique, a déclaré le président du conseil général de
Mehedinti, Marius Balu.
Cette bâtisse se trouve
dans la localité de Gura
Vaii, à côté du barrage
danubien des Portes de
fer. Le financement
alloué par l'UE est de
1,7 million d'euros et
s'intègre dans un programme de coopération
régionale transfrontalier
entre la Roumanie et la
Bulgarie. "Nous allons
refaire le crépis, et les pièces destinées à l'hébergement et à la
restauration seront agrandies", a détaillé Marius Balu. Un centre de conférence y sera également aménagé. Nicolae Ceausescu
avait rencontré par deux fois dans cette villa Josip Broz Tito,
l'ancien maréchal-dictateur de l'ex-Yougoslavie.
Population en baisse et vieillissante
S
elon les prévisions du baromètre Eurostat, la population roumaine devrait tomber à 19,8 millions d'habitants en 2035, contre 21,4 début 2010. Cette baisse drastique devrait se poursuivre et même s'accentuer, puisqu'en 2060, les experts européens tablent sur une population de
17,3 millions d'habitants, faisant de la Roumanie l'un des pays
européens enregistrant le plus important déclin démographique. En 2060 toujours, la Roumanie devrait avoir l'une des
populations les plus âgées de l'UE, puisque 35% des habitants
auront plus de 65 ans (contre une moyenne de 29% dans l'UE).
L
a patinoire Flamaropol, située dans le parc Lia
Manoliu de la capitale, va être détruite pour faire
place à une salle polyvalente, a annoncé la ministre du Tourisme Elena Udrea lors d'une conférence de presse.
"Cette salle aura une capacité de 16 000
places et nous espérons qu'elle sera prête
l'année prochaine", a affirmé la ministre. Le
projet de construction d'une nouvelle salle
polyvalente à Bucarest avait été annoncé en
avril dernier par la Compagnie nationale
d'investissement (CNI). Son coût avait été
estimé à 50 millions d'euros pour une capacité de 20 000 places. "L'investissement sera
moindre", a assuré Elena Udrea, qui n'a toutefois pas dit si elle comptait remplacer la
patinoire Flamaropol.
Les dangers de Messenger et internet
U
n quart des enfants roumains auraient reçu des
messages et des images à caractère sexuel via
Internet l'an dernier, selon une enquête "EU Kids
Online", financée par la Commission européenne et dont l'objectif est de mesurer les risques que courent les jeunes utilisateurs d'Internet. 43,7% des enfants ont été gênés par ces messages à caractère sexuel.
Présentés devant le Sénat roumain par la sociologue
Valentina Marinescu qui a participé à cette étude réalisée sur
23 000 enfants européens entre 9 et 16 ans, les résultats de l'enquête révèlent, entre autres, que 12,2% des enfants interrogés
en Roumanie ont été dérangés ou harcelés en ligne. 11,4% ont
réellement rencontré des personnes qu'ils avaient connues sur
internet mais seuls 2,5% ont déclaré avoir été dérangés par cette
rencontre "réelle". Enfin, ces contacts virtuels se font principalement via Messenger, pour 75,2% des enfants.
29
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Santé
SUCEAVA
BAIA
MARE
l
l
ORADEA
SIBIU
l
l
TIMISOARA
TG. JIU
l
T. SEVERIN
IASI
l
TARGU
MURES
ARAD
l
l
l
CHISINAU
CRAIOVA
l
FOCSANI
l
l
GALATI
PITESTI
l
l
n
BUZAU
CONSTANTA
BUCAREST
l
Hôpitaux :
on ne prête
qu'aux riches
30
Alerte rouge pour la médecine roumaine
l
BRASOV
l
l
Le pays compte 1,9 praticien pour 1000
habitants au lieu de 3,5 en moyenne
Le processus de classification des
hôpitaux en fonction de la qualité des
soins proposés est terminé, a annoncé le ministre de la Santé Attila
Cseke.
Verdict du classement: 7 des 347
centres hospitaliers du pays sont
classés en catégorie 1. Seuls l'hôpital
Floreasca, l'hôpital universitaire d'urgence de Bucarest, les hôpitaux de
Constanta, Targu-Mures, Timisoara,
Cluj-Napoca et Iasi remplissent les
critères nécessaires pour être considérés comme des établissements de
haut niveau. Le ministre de la Santé
a par ailleurs déclaré que 58% des
établissements se classaient dans les
catégories 4 (124 centres hospitaliers) et 5 (96 centres).
Attila Cseke a expliqué que ce
nouveau système de classification
allait entraîner une refonte du mode
de financement des hôpitaux roumains. Désormais les centres bien
classés seront favorisés par rapport
aux établissements moins compétents. Dès cet été, une rectification
budgétaire de 500 millions de lei sera
réalisée. A titre d'exemple, "le budget
des hôpitaux de Cluj, Iasi et TarguMures sera réévalué de 30% environ", a annoncé le ministre. Le fossé
va donc encore s'élargir entre les
hôpitaux de luxe, dont l'accès est
facilité pour les classes les plus
aisées (relations, bakchichs) qui, de
toutes façons ne pourraient pas
accueillir l'ensemble de la population,
et la médecine réservée aux pauvres,
dans les dispensaires sous équipés
de campagne, qui souffrent déjà du
manque de médecins.
Les blouses blanches en ont marre, comme l'a montré le conflit récent entre
les médecins de famille et la Caisse d'assurance maladie. Alors que le système de
santé, sous financé et au bord de la faillite, s'enfonce dans la crise, beaucoup choisissent la voie de l'exil. Président de l'ordre des médecins de Roumanie, Vasile
Astarastoae décrypte cet exode et ses importantes conséquences pour lepetitjournal.com/Bucarest.
Quelle est l'ampleur du phénomène de migration des médecins ?
Vasile Astarastoae: Jusqu'en 2007,
il ne concernait que 0,3 - 0,5% des
41.000 médecins roumains. Mais
depuis 2007, il s'est accéléré et 8900
médecins sont déjà partis exercer à l'étranger, en Europe, mais aussi aux
Etats-Unis, en Australie, aux Emirats
Arabes... Depuis le début de l'année,
1000 ont fait leurs valises. C'est une
énorme perte, d'autant que dans le
même temps, seuls 7300 "nouveaux" médecins ont été formés. Il y a donc un déficit
qui se creuse, nous exportons plus que nous ne formons ! Or, selon l'Organisation mondiale de la santé, il faut tirer la sonnette d'alarme et réagir lorsque la proportion de
médecins qui migrent dépasse 2%. En Roumanie, c'est donc l'alerte rouge !
Qu'est-ce qui explique l'exode des médecins ?
Il y a plusieurs motifs qui se combinent. Déjà, s'ils restent dans le système de santé
roumain, les médecins ne peuvent pas mettre en pratique correctement ce qu'ils ont
appris au cours de leurs études, et choisissent donc d'aller exercer dans de meilleures
conditions à l'étranger. Il y a ensuite les salaires, bien supérieurs à ce qu'ils peuvent
gagner ici. Enfin, à l'étranger, un médecin sera reconnu, son travail valorisé.
Aujourd'hui, en Roumanie, les médecins sont mal perçus, les autorités les rendent
responsables de la faillite du système de santé, on met l'accent sur les cas de malpraxis.
Ce n'est pas facile d'être médecin en Roumanie, je ne crois pas qu'un médecin français
ou allemand saurait se débrouiller ici et exercer son métier.
Quels sont les domaines les plus touchés ?
Les spécialités où l'on a déjà trop peu de médecins formés sont fortement concernées: la cardiologie, la chirurgie... Il existe aussi une migration interne, vers Bucarest
et les grandes villes. Le déficit de médecins est donc criant dans les villes de province
et à la campagne, là où les conditions de travail sont les plus difficiles. Mais les centres universitaires commencent aussi à être touchés aujourd'hui. A l'hôpital universitaire Sfantu Spiridon de Iasi, où je travaille, sur 26 postes d'anesthésistes, seuls 9 sont
occupés !
Quelles sont les conséquences de cet exode sur le système de santé ?
La Roumanie avait déjà un nombre de médecins par habitant très inférieur à la
moyenne européenne - 1,9 pour 1000 personnes contre 3,5 en moyenne. Cette tendance s'accentue et complique l'accès aux soins. Il n'y a plus de médecins dans certaines
zones rurales, il y a un vrai déficit de personnel dans les hôpitaux. Résultat, pour les
patients, il devient plus difficile de se faire soigner vite et correctement. Quant aux
médecins qui restent, ils sont épuisés, enchaînent les heures, sacrifient leur vie personnelle. Un tel rythme et de telles conditions de travail accentuent ensuite le risque d'erreurs médicales... C'est un cercle vicieux.
Propos recueillis par Marion Guyonvarch
(www.lepetitjournal.com/Bucarest)
NDLR : Un récent rapport de l'ordre des médecins de la Meuse précise que 67 %
des jeunes praticiens qui s'installent dans ce département viennent de Roumanie.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Santé
Société
Comment la pilule a changé la vie des Roumaines
Jusqu'en 1989, la pilule contraceptive était introuvable en Roumanie, son usage sévèrement réprimé, mais on en trouvait sur les marchés de l'ouest du pays, importées en contrebande. En cas de grossesse indésirée, il n'y avait pas d'autre
recours que l'avortement clandestin. La "révolution de la contraception" est donc un phénomène encore récent dans le pays.
Des femmes témoignent de ce changement radical.
B
ayer Schering Pharma a inventé la pilule contrapilule a changé sa vie. "Grâce à la pilule, j'ai pu choisir le
ceptive en 1960. Aux États-Unis, elle n'était accesmoment d'avoir un enfant. J'ai librement choisi le moment de
sible qu'aux femmes mariées qui venaient consultomber enceinte: j'avais déjà une carrière satisfaisante et le
ter accompagnées de leur mari. Quinze ans plus tard, des inforfait de pouvoir décider de faire un enfant à 30 ans, quand j'émations sur la contraception orale sont enfin arrivées en
tais réellement préparée, a été extraordinaire. Sofia est une
Roumanie. "Une partie de la population connaissait l'existenenfant joyeuse qui vit dans une famille joyeuse. Si je l'avais eu
ce de la pilule avant 1989, mais il s'agissait de gens instruits,
à 25 ans, alors que je n'étais pas prête, rien ne serait pareil.
ayant des relations à l'étranger. Certains parvenaient même à
Sans la pilule, il aurait été dur pour moi de penser sans arrêt
se la procurer, difficilement et en prenant des gros risques.
aux risques d'une grossesse et à ce que j'aurais fait dans ce
Légalement, la pilule est devenue accessible à partir de 1990,
cas", raconte la chanteuse.
quand les mentalités ont commencé à changer, mais l'information sur la contraception a mis du temps à se mettre en place.
Quand les maris la prennent
Par conséquent, c'est seulement aujourd'hui qu'on peut parler
à la place de leurs femmes
d'une vraie révolution de la contraception en Roumanie", soutient la psychologue Aurora Liiceanu.
D'un autre coté, les médecins attiDans les années 1980, sur les marchés
rent l'attention sur l'ignorance de la moide Timisoara et Arad (villes proches de la
tié de la population concernant la pilule.
frontière yougoslave, bénéficiant donc
Par exemple, les spécialistes se souviend'une certaine "ouverture" à l'ouest), des
nent d'une femme qui avait cessé de
Tsiganes vendaient les pilules au noir,
prendre la pilule car elle ne la tolérait
appelant les clients en criant: "des antipas, mais qui, pour éviter de tomber
bébés !" ou "la pilule".
enceinte, avait fait prendre le reste de la
"Elles se vendaient par plaquette. Je
plaquette à son mari.
n'ai jamais compris comment les Tsiganes
"Il y a des gens qui ne savent pas
se les procuraient, de Serbie ou Hongrie,
que la pilule peut être utilisée par les
comme pour les cigarettes Superfilter ou
femmes, sans effets néfastes, tout au long
les montres électroniques. C'était assez
de leur vie fertile", témoigne le Docteur
comique, d'ailleurs, d'entendre les
Doina Bold, médecin de famille, en
Tsiganes crier "des piles, des anti-bébés",
ajoutant que l'utilisation de la pilule ne
parce qu'elles vendaient bien sûr toute
porte pas atteinte à la fertilité.
sortes de produits", se souvient une habiEn Roumanie, dans tous les chefstante de Timisoara.
La politique nataliste de Ceausescu, obligeait lieux, et même dans de plus petites
les Roumaines à trouver des subterfuges. villes, le réseau national de santé a
Du Gerovital contre des pilules
ouvert des cabinets de planning familial. N'importe qui peut
s'y rendre, sans ordonnance, afin de bénéficier d'une consultaUne dame d'un certain âge se souvient comment, après un
tion gratuite. En revanche, seules certaines catégories sociales
voyage en ex-Yougoslavie, elle a ramené des pilules cachées
peuvent recevoir la pilule gratuitement: les lycéennes, les étudans l'ourlet de ses vêtements. "C'était en 1967, durant les
diantes, les femmes au chômage et celles sans emploi. Les autvacances après la fin de l'université. J'étais partie à la mer, à
res peuvent se la procurer sur ordonnance.
Dubrovnik. J'avais vendu des produits Gerovital (marque rouActuellement, les stocks de contraceptifs oraux sont épuimaine de cosmétiques) et, avec cet argent, je m'étais acheté
sés, et des procédures d'enchères pour un nouveau contracepdes pilules. J'avais passé toute la nuit à coudre les plaquettes
tif oral ont été lancées par le ministère de la Santé. "Les seuls
sous l'ourlet de la jupe que j'ai portée au retour".
contraceptifs qu'on trouve dans les planning familiaux sont les
Heureusement, elle a trouvé, de retour en Roumanie, un
préservatifs, les contraceptifs injectables et les stérilets",
médecin qui lui a expliqué comment les utiliser. "L'avantage
indique la doctoresse Cristiana Bîrladeanu, présidente de l'asen ex-Yougoslavie, c'est qu'elles se vendaient librement, sans
sociation du Planning familial en Roumanie. Elle précise aussi
ordonnance. Chez nous, les jeunes mouraient en essayant par
que de plus en plus de femmes viennent consulter avec leurs
tous les moyens - souvent douloureux et illégaux - d'avorter.
partenaires, malgré le pourcentage élevé des personnes qui
J'ai eu des amies qui ont beaucoup souffert et certaines sont
n'utilisent pas encore les moyens modernes de contraception.
mortes en essayant d'avorter".
Georgeta Petrovici (Evenimentul zilei)
La chanteuse Dana Nalbaru témoigne de la façon dont la
Traduit par Miruna Mitranescu
31
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Emigration
l
l
SUCEAVA
SATU
MARE
l
IASI
ORADEA
l
l
l
VASLUI
BACAU
SF. GHEORGHE
l
l
l
l
TIMISOARA
BRASOV
URZICENI
CRAIOVA
l
GALATI
BRAILA
l
n
BUCAREST
l
l
l
TULCEA
CONSTANTA
elles ont cru dans les promesses des autorités françaises. A tort…
Les "nounous" sans
papiers ont bien du mal à se faire régulariser
Elles sont Togolaises, Algériennes ou Moldaves, gardent les enfants ou s'occupent des parents âgés, mais elles vivent dans la clandestinité. L'accord signé par le
gouvernement le 18 juin 2010, qui leur donnait l'espoir d'être enfin régularisées,
leur a ouvert une brèche d'espoir. Un faux espoir ?
l
Le calendrier
scolaire 2011-2012
32
Togolaises, Algériennes ou Moldaves
l
TARGU
MURES
ARAD
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le ministère de l'Enseignement
roumain a précisé le calendrier de
l'année scolaire pour l'année 20112012, qui sera toujours divisée en
deux semestres, le nombre de jours
d'école restant le même.
Deux innovations: les vacances
de Noël sont prolongées d'une
semaine, afin de lutter contre l'absentéisme (enfants malades, villages
inaccesibles aux transports scolaires); les vacances de Pâques seront
précédées d'une semaine au programme extra-scolaire, baptisée
"L'école autrement", permettant également d'organiser les finales nationales des olympiades scolaires par
disciplines.
Les dates:
Premier semestre: du lundi matin
(rentrée) 12 septembre 2011 au vendredi soir 23 décembre 2011.
-Vacances d'automne pour les
maternelles et le primaire: du vendredi soir 21 octobre au lundi matin
31 octobre.
-Vacances d'hiver pour tous:
du vendredi soir 23 décembre 2011
au lundi matin 16 janvier 2012.
Deuxième semestre : du lundi
matin 16 janvier 2012 au vendredi
soir 22 juin 2012 (fin de l'année scolaire).
-Vacances de printemps (précédées de la semaine "L'école
autrement"): du vendredi soir 6 avril
au lundi matin 23 avril. Pâques
orthodoxe tombe le 15 avril (le 8
avril en France).
-Vacances d'été: du vendredi
soir 22 juin 2012 au lundi matin 10
septembre 2012.
I
ngrid, 37 ans, arrivée du Togo il y a huit ans,
s'occupait depuis deux ans du petit Victor au
domicile de ses parents. Embauchée en CDI,
elle était déclarée, payait ses impôts, mais n'avait toujours pas de titre de séjour. Aussi, quand elle a entendu
parler par d'autres nounous, elles aussi sans papiers, de
l'accord signé par le gouvernement le 18 juin 2010, qui
lui donnait l'espoir d'être enfin régularisée, elle a
contacté un avocat. Pour lui, sa cliente remplissait
"tous les critères". Ingrid a donc pris son courage à
deux mains pour avouer à "monsieur Éric", son
employeur, sa situation et lui demander de remplir les
documents nécessaires pour déposer son dossier à la
préfecture. Éric reconnaît avoir été surpris de découvrir à cette occasion qu'elle n'avait
pas tous ses papiers en règle: "Elle m'avait donné il y a deux ans son passeport, sa carte
Vitale, je la déclarais sur "Paje emploi" (NDLR :le site de déclaration simplifié pour les
employeurs à domicile). Je perçois pour elle l'aide de la CAF, je paie les cotisations à
l'Urssaf. Je n'ai pas pensé un seul instant qu'elle pouvait être en situation irrégulière".
Bien qu'un peu déçu qu'elle lui ait caché une partie de la vérité, Éric n'a pas hésité à
remplir les formulaires exigés pour appuyer sa demande de régularisation. "Elle est adorable, serviable, on est attachés à elle. Elle est depuis longtemps en France, on connaît
son histoire : elle est veuve, a un fils de 12 ans, scolarisé. Il était inimaginable pour nous
de ne pas l'aider, alors qu'on est les seuls à pouvoir le faire".
"Les préfectures n'appliquent pas la circulaire"
Mais voilà: quinze jours plus tard, Éric a reçu de la préfecture une lettre recommandée "un peu affolante", opposant à sa demande "un refus catégorique, assorti des articles de loi qui lui rappelaient les fortes amendes encourues (jusqu'à 40 000 €) s'il continuait à l'employer". Ingrid, de son côté, a reçu un arrêté de reconduite à la frontière.
Motif invoqué: la situation de l'emploi dans la région Île-de-France, où de nombreuses
assistantes maternelles seraient à la recherche d'un emploi. "Ils n'ont qu'à faire les
annonces eux-mêmes ! s'emporte Éric. Ils verront que ce n'est pas si facile de trouver
une nounou à domicile. Et elles sont quasiment toutes d'origine étrangère".
Malentendu ou erreur d'appréciation? L'accord passé entre le gouvernement et les
syndicats le 18 juin incluait la possibilité de régulariser plus facilement les employées à
domicile. À l'heure où l'on entend développer les services à la personne, "ces salariées
jouent un rôle essentiel dans l'économie française", souligne Zita Obra, déléguée CFDT,
qui rappelle que, depuis novembre 2009, elles ont été incluses dans la liste des métiers
en difficulté de recrutement.
Mais, comme pour les autres travailleurs sans papiers, cet accord du 18 juin "n'a pas
changé grand-chose, estime Jérôme Martinez, à la Cimade. Les préfectures n'appliquent
pas cette circulaire. Il y a manifestement un blocage, voire une machine arrière, les discours sur l'immigration ayant tendance ces derniers temps à se durcir".
L'employeur ne risque pas grand-chose, l'employée… l'expulsion
“Dans le contexte actuel, les demandes individuelles (effectuées par un employé
et son employeur) sont fortement déconseillées", assure Françoise Nassoy, l'une des
responsables du comité parisien de l'organisation Femmes égalité, qui s'occupe activement de ces femmes souvent isolées.
Ces démarches peuvent même être "dangereuses", ajoutet-elle, non pas pour l'employeur, qui en réalité ne risque pas
grand-chose (aucune sanction n'a été prononcée jusque-là à
son égard), mais pour l'employée, car le refus s'accompagne
souvent d'une "obligation de quitter le territoire français"
(OQTF). Françoise Nassoy garde en revanche l'espoir que les
350 dossiers déposés (ou en instance de l'être) dans les préfectures de façon "collective", par l'organisation et par le biais de
la CGT, trouvent une issue plus positive.
"Comme ces femmes travaillant chez des particuliers ne
pouvaient pas faire grève, on les a adjointes aux listes des grévistes", précise-t-elle. Mais, comme pour les dossiers des autres sans-papiers déposés depuis juillet, les réponses se font
attendre. "Seules quelques femmes de notre liste ont reçu des
autorisations de séjour provisoires de trois mois, précise
Françoise. On doit donc maintenir la
pression pour inciter le gouvernement à tenir ses engagements".
"Quand j'écoute les infos,
j'ai peur et je ne bouge plus"
En attendant, dans les locaux de
la CGT, où elles assurent une permanence d'accueil deux soirs par semaine, les bénévoles de Femmes égalité
continuent d'aider ces femmes à
constituer leurs dossiers. Ce soir-là,
Natalia, 55 ans, arrivée de Moldavie
il y a plus de six ans, classe ses
papiers et vérifie que tout est en
ordre. C'est la première fois qu'elle
fait cette démarche.Avant, elle ne savait pas "comment faire".
Aujourd'hui, elle veut "avoir le droit d'aller et venir" et de
retourner chez elle voir ses enfants. Infirmière de formation,
elle s'occupe surtout de personnes âgées, mais complète ses
revenus "en faisant un peu de tout": du ménage, du repassage,
des gardes d'enfants. Elle a en main les attestations d'embauche remplies par cinq de ses employeurs.
Seule la personne âgée qu'elle va voir quatre jours par
semaine (elle lui fait ses courses, sa toilette, vérifie qu'elle n'a
pas laissé le gaz allumé…) n'a pas voulu "signer le papier".
"Elle a peur de la police, sourit-elle avec indulgence. Mais la
mairie lui a proposé une autre personne, et elle a refusé: elle
ne veut que moi pour s'occuper d'elle!" .
Une jeune Algérienne de 26 ans, en France depuis six ans,
qui garde des enfants et fait des ménages, n'apas eu de peine à
obtenir le soutien de ses trois employeurs. Elle n'avait pas osé,
elle non plus, jusque là "faire la demande". "J'avais peur de
me faire repérer, d'avoir une réponse négative", explique-telle. Elle travaille jusqu'à dix heures par jour. Et quand elle a
fini sa journée, elle se calfeutre chez elle. "Quand j'écoute les
infos, j'ai peur et je ne bouge plus".
Une grande femme ivoirienne n'ose même pas parler. Elle
a été embauchée comme nounou par l'intermédiaire d'une
agence, alors que sa carte de séjourexpirait. Son employeur est
furieux, a refusé "d'entrer dans ces magouilles" et l'a aussitôt
licenciée. Perdue, elle ne sait plus quoi faire.
"Je suis décidé à la garder, avec ou sans papiers"
Quentin, lui, a accompagné sa
"nounou", Natacha, une Moldave de
30 ans, pour la soutenir. Ce jeune
chef d'entreprise, habitant un arrondissement chic de Paris, n'aurait
jamais imaginé se retrouver un jourdans des locaux de la CGT, mais il
attend son tour, comme les autres,
assis sur sa chaise en plastique.
Seul homme perdu au milieu de
ces femmes dont il "admire le courage", il tapote sur son iPad, pose desquestions, remplit avec elle les formulaires. "J'ai voulu essayer un piston que j'avais au ministère de l'intérieur, avoue-t-il. Mais on m'a dit que,
dans le contexte actuel, nous n'avions aucune chance". Alors,
il est venu ici sur les conseils de Natacha. "Je suis en totale
contradiction avec ce que je pensais il y a six mois, confie-t-il.
Je ne suis pas favorable à la régularisation des sans-papiers
et je ne suis pas là par conviction. Je n'adhère pas à cette
démarche, mais je la fais quand même, car il y a une relation
humaine qui est derrière. J'ai une confiance absolue en cette
femme: je lui confie mes filles, je lui laisse les yeux fermés tout
ce que j'ai de plus cher. Je suis de toute façon décidé à la garder. Avec ou sans papiers".
Christine Legrand (La Croix)
67 % des nouveaux citoyens roumains sont moldaves
E
n 2009, 776 000 personnes ont
acquis la nationalité d'un État
de l'UE. Les nouveaux
citoyens étaient principalement originaires d'Afrique (29% du nombre total de
nationalités acquises), d'Asie (24%), de
pays européens hors UE (22%),
d'Amérique du Nord et du Sud (15%) et
d'Océanie (1%). Les citoyens de l'UE
ayant obtenu la nationalité d'un autre État
membre représentaient 8% du total.
Dans certains États membres, une
large proportion des personnes ayant
obtenu la nationalité venait d'un seul
pays. C'est le cas de la Grèce (84%
étaient des citoyens d'Albanie), de la
Roumanie (67% de Moldavie), et la
Hongrie (66% de Roumanie).
33
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Minorités
SUCEAVA
l
ORADEA
BAIA
MARE
l
IASI
l
SIBIU
PITESTI
CRAIOVA
l
l
BRASOV
l
TIMISOARA
FOCSANI
l
l
l
l
TARGU
MURES
ROSIA M.
ARAD
l
GALATI
BRAILA
l
l
l
CERNAVODA
BUCAREST
l
l
T. MAGURELE CONSTANTA
Chère messe
du dimanche
34
Religion
Catita Matei, 82 ans, s'est fait vertement réprimandée par son fils
quand elle lui a annoncé au téléphone qu'elle avait acheté une place
pour s'asseoir lors de la messe du
dimanche dans l'église de son village, Cintei (judet d'Arad), pour la
somme de 1570 € (6600 lei).
"Maman, mais tu as acheté toute
l'église !" s'est-il exclamé, furieux de
voir ainsi dépensé l'argent qu'il lui
envoie chaque mois d'Espagne, où il
travaille, lui reprochant "un caprice
d'orgueil pour se faire valoir auprès
des villageois". "Tu n'as aucun égard
pour ta mère et ses vieille jambes "
lui a-t-elle rétorquée, "Tu te fiches
que je sois obligée de rester debout
pendant des heures !".
Les italiens de Roumanie, ayant la nationalité roumaine, forment un des groupes ethniques du pays, et selon le recensement de 2002 ils sont 3331, dispersés de
façon relativement uniforme sur le territoire roumain. En tant que minorité nationale officiellement reconnue, ils sont représentés à la Chambre des députés de
Bucarest.
L
a présence des italiens en Roumanie
est bien plus significative en réalité que ne le laisse
l'apercevoir les statistiques officiels. En effet dans l'histoire et
notamment après 1947 et l'avènement du communisme, se
revendiquer comme italien en
Roumanie relevait de l'acte de
courage. Ainsi de nombreux
La communauté italo-roumaine compte
un peu plus de 3000 ressortissants.
roumains d'origines italiennes,
ont tout fait pour cacher ces origines, en changeant de nom, en dissimulant les documents d'état civil. Certains ont également préféré retourner en Italie. Il n'y a cependant
pas en Roumanie de judet où aucun roumain ne se soit déclaré de la minorité italienne.
En grand nombre mais par petits groupes, les italiens sont venus en Roumanie du
XVIIIe siècle jusqu'à plus de la moitié du XIXe siècle, s'installant en Transylvanie, en
Bucovine, dans le Banat et en Bessarabie, et en majorité dans les grandes agglomérations, profitant de la construction de grands ouvrages.
Le motif de cette immigration a été principalement économique. Ils se sont installés là où, pensaient-ils, ils pouvaient exercer la même profession, que celle qu'ils
avaient en Italie. L'exemple de Târgoviste montre l'importance dans l'entre-deux-guerres de la minorité italienne, puisqu'en 1937 y avait été ouverte une agence consulaire
italienne, nécessaire étant donné la taille de la communauté.
D'autres se sont lancés dans le commerce, dans les ports le long du Danube ou sur
la Mer Noire, à Constantsa, Galati ou Braila, où il existait alors l'une des plus grande
bourse de blé d'Europe. Ces communautés existent encore aujourd'hui.
Un député au parlement de Bucarest
Le fauteuil 44 de l'église orthodoxe avait été mis aux enchères par
le curé de la paroisse, Nicu Preda, à
la suite du décès de son titulaire.
Plusieurs fidèles, âgées, s'étaient
porté candidates, mais avaient abandonné au fil de l'adjudication. Un berger avait suivi Catita jusqu'à 6500 lei,
mais avait renoncé… car son troupeau risquait d'y passer. Tout heureux du montant atteint, le curé a
déclaré qu'il allait pouvoir entreprendre des travaux de rénovation de la
toiture du bâtiment.
Des italiens de Roumanie se sont illustrés dans différents domaines tels que la
musique, le cinéma, la médecine, le journalisme, la peinture, la littérature ou encore
l'enseignement. Parmi ces personnalités on peut citer Antonio, Alfonso et Carlo Cirillo,
Altieri Zanvettor, Florin Bogardo, Mensis Barberis, Sorana Coroama-Stanca,
Alexandru Pesamosca, Ivanca Olivotto, Amelio Olivotto, Livio Bellegante, Nicolo
Girardi, Dante Viecelli, Virgil Toso,Puschiazis Vicenzo, Madalina Coracin, Mihaela
Profiriu Mateescu-Culluri, Horia Moculescu, Misu Fotino, Adrian Marino, Ileana
Stana-Ionescu, Angela Tomaselli, Cristian Topescu.
Aux élections législatives de 2004, l'association des italiens de Roumanie
("Associazione degli italiani in Romania RO.AS.IT.") a tenté de réunir dans sur une
même liste les différentes groupes et sensibilités de la minorité italienne, avec l'idée
d'unir les italiens de Roumanie, qui venant de régions différentes en Italie, vivent également dans des régions différentes en Roumanie. Ces élections ont également vu la
désignation de Mircea Grosaru comme député représentant les italiens au parlement
roumain. Avant lui Iuliano Valentin avait assuré cette tâche de 1992 à 1996, Marilena
Tomov de 1996 à 2000 et Ileana Stana Ionescu enfin de 2000 à 2004.
Société
Le Centre d'Etudes byzantines a rouvert ses portes à Bucarest
dirigé par les Assomptionnistes, d'origine française
"La Roumanie doit respirer
avec ses deux poumons, oriental et occidental"
l
n
l
Minorité nationale officielle
les Italiens sont un peu plus
de 3000 en Roumanie
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Plus de 60 ans après sa fermeture par le régime communiste, le Centre d'Etudes byzantines a rouvert ses portes à
Bucarest, le lundi 17 janvier. Animé par les religieux assomptionnistes, il est l'héritier de l'Institut d'études byzantines
fermé en 1947. Cette congrégation religieuse catholique d'origine française a en effet pu obtenir la restitution de l'immeuble qu'elle avait construit au milieu des années 1930 et va retrouver sa vocation: être un lieu de dialogue entre l'Orient et
l'Occident chrétiens, tant au plan de la culture que de l'éducation et du débat sur les questions de société.
I
l y a 63 ans, 25 000 livres sur le christianisme d'Orient
transformé en polyclinique, la chapelle devenant un atelier de
étaient sauvés de justesse, clandestinement transférés
prothèses dentaires.Aujourd'hui, 21 ans après la chute du régien France, après la fermeture par les communistes de
me du dictateur Nicolae Ceausescu en Roumanie, la congrégal'Institut d'études byzantines de Bucarest. Ce centre a rouvert
tion assomptionniste a récupéré cet immeuble, comme promi-janvier en Roumanie.
priétaires spoliés de leurs biens. Les quelques rares
"Cet institut, fondé par les
médecins qui exerçaient encore dans le bâtiment ont
religieux assomptionnistes
été indemnisés pour ouvrir un cabinet ailleurs.
catholiques, comptait parUne importante bibliothèque a été reconstituée
mi les plus grands spéciaavec 15 000 ouvrages venus d'Athènes et de Rome
listes
mondiaux
de
dont des pièces rares comme l'Euchologe, un gros livre
l'Orient chrétien. Il a toude prières ukrainien de 1646, gravé et écrit à la main,
jours eu une histoire à
dont n'existent que trois exemplaires au monde.Outre
rebondissements",
des rayons philosophie ou iconographie, un art où les
explique le père français
orthodoxes excellent, la bibliothèque comprend aussi
Michel Kubler, directeur
de nombreux livres sur et par les chrétiens d'Orient,
du nouveau centre de
Liban, Egypte, Syrie... A l'heure où ces chrétiens sont
Bucarest et ancien rédacmenacés dans certains pays, "il est aussi important de
teur en chef religieux de
faire connaître la vivacité de leur patrimoine", souliLa Croix.
gne le P. Kubler.
Fondé à Istanbul à la
L'immeuble restauré qui abrite
le Centre d'études byzantines Danser avec une orthodoxe était un pêché
fin du XIXe siècle,
et de rencontres chrétiennes de Bucarest.
l'Institut d'études byzantines dut déménager à Bucarest après l'arrivée du régime laïque
Spécialiste des Pères de l'Eglise, communs aux orthod'Atatürk. Dans les années 1930, la Roumanie était à la fois un
doxes et catholiques, le P. Lucian Dinca, 40 ans, sera le
pays calme et au cœur de la chrétienté orthodoxe. L'arrivée des
responsable de cette bibliothèque rare. Membre de la minorité
communistes au pouvoir en 1947 bouleverse la donne: les relicatholique latin en Roumanie, il explique avoir "redécouvert
gieux français, chercheurs du CNRS reconnus
son côté oriental",
mondialement, sont sommés de partir
lors de ses études en
.
France et au Canada.
"Avant, dans mon
25 000 ouvrages sauvés
village, on disait aux
par la valise diplomatique
catholiques de se
L'un d'entre eux, Emile Jean, réussit à se
confesser si on avait
cacher et organise avec l'aide de quelques étudansé lors d'une soidiants le sauvetage des 25 000 livres, une collecrée avec une orthotion unique au monde. "La légende dit qu'ils ont
doxe", rappelle-t-il.
jeté les livres par-dessus le mur de l'Institut, dans
Aujourd'hui, il a étales jardins de l'ambassade de France. Plus probabli des ponts entre sa
blement, on pense qu'ils ont percé un trou dans un
communauté et celle
Le P. Lucian Dinca avec l'Euchologe,
des murs du sous-sol pour faire passer les livres
un livre de prières ukrainien de 1646, gravé et écrit des orthodoxes, très
discrètement", précise le P. Kubler. La précieuse à la main, dont il n'existe que trois exemplaires au monde. majoritaires en Roubibliothèque traversera le rideau de fer en train, dans des
manie, cassant une partie des stéréotypes et préjugés. "J'aime
wagons scellés considérés comme "valise diplomatique" et
cette image de Jean-Paul II disant que la Roumanie doit respisera accueillie à Paris où elle se trouve toujours. Le bâtiment
rer avec ses deux poumons, oriental et occidental", conclut-il.
néo-gothique de l'Institut dans le centre de Bucarest fut lui
Isabelle Wessenlingh (AFP)
35
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Sports
l
l
l
IASI
ORADEA
l
l
BRASOV
l
TIMISOARA
BACAU
l
SIBIU
l
l
TÂRGOVISTE
l
TG. JIU
l
PITESTI
CRAIOVA
l
GALATI
BRAILA
l
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Piturca de nouveau
sélectionneur
36
La chaussure trouée de l'émissaire du FMI
suscite la consternation des Roumains
l
TARGU
MURES
ARAD
Insolite
Otelul Galati : champion sans stade
SUCEAVA
SATU
MARE
Premier titre pour le club soutenu
par le leader mondial de la sidérurgie
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Victor Piturca, a donné son accord
pour devenir le nouvel entraîneur de
l'équipe nationale roumaine de football
après la démission du sélectionneur
Razvan Lucescu début juin, malgré sa
victoire sur la Bosnie (3-0) qui, après
un début de campagne médiocre, a un
peu relancé la Roumanie dans la
course à la qualification pour l'Euro
2012 lequel doit se dérouler en
Pologne et en Ukraine. L'équipe roumaine joue dans le même groupe que
la France. Actuellement quatrième,
mais à une encablure des 2ème et
3ème, elle doit à tout prix terminer
seconde pour pouvoir disputer les barrages qualificatifs.
Agé de 55 ans, Victor Piturca a
déjà une longue expérience à la tête
de l'équipe nationale roumaine qu'il a
entraînée de 1998 à 2000 puis de
2004 à 2009. Il a également entraîné
à plusieurs reprises une des équipes
les plus emblématiques de Roumanie,
le Steaua Bucarest. L'entraîneur
démissionnaire de l'équipe nationale
Razvan Lucescu est parti pour le
Rapid Bucarest (1re div. roumaine).
“Classico" pour la
coupe de Roumanie
Et de vingt en Coupe de Roumanie
pour le FC Steaua Bucarest (ex-club
de l'armée), , qui a battu son rival du
FC Dinamo Bucarest (ex-club de la
police) 2-1 à Brasov., au cours d'une
finale considérée comme le "classico"
de Roumanie, à l'instar de Real
Madrid-FC Barcelone. Cela faisait 21
ans que les deux clubs de Bucarest
ne s'étaient plus rencontrés à ce stade
de la compétition. La dernière victoire
du Steaua en Coupe de Roumanie
remontait à 1999.
Pour la première fois de son histoire, le club Otelul Galati, fondé en 1964, a
remporté le championnat de football roumain. Leader de la Liga I depuis de longues semaines, il a écarté de la course au titre son principal rival, Timisoara (2-1),
lors de l'avant-dernière journée. Otelul est ainsi qualifié pour la Ligue des
Champions, où il représentera la Roumanie.
D
ans la petite ville industrielle, la victoire a déclenché une véritable liesse
et plusieurs dizaines de milliers de supporters sont sortis dans les rues pour
crier leur bonheur. Dans les rangs des dirigeants l'on regardait déjà plus
loin. Vers l'Europe et la Ligue des champions que le petit club moldave jouera la saison prochaine. "Nous ne ferons pas honte à la Roumanie", a promis l'entraîneur,
Dorinel Munteanu. De son côté, Ionel Bors, représentant du groupe sidérurgique angloindien ArcelorMittal, principale entreprise installée dans la ville, leader mondial de la
sidérurgie (280 000 employés dans 60 pays) qui sponsorise le club et siège au Conseil
d'administration, semble prêt à relever ce nouveau défi.
Trois mois pour se mettre aux normes européennes
Mais le pari paraît bien difficile. Le club dispose de 3 mois pour refaire un stade
aux normes de l'UEFA. Jusqu'ici, il disputait ses matchs dans l'Arena Dunarea, une
enceinte de 23 000 places, vieille de 65 ans. Le stade ne dispose que de 7000 places
assises, installées en 2004 et quelques marches en ciment. Les garde-fous sont rongés
par la rouille et les toilettes dans état épouvantable. Il est dépourvu de casemate pour
délivrer les billets et de tourniquets pour contrôler les entrées. Une baraque sous
laquelle se réfugient des chiens errants constitue la seule infrastructure.
D'une manière générale, l'édifice ne paraît pas très solide. Les murs sont craquelés, le ciment tombe. Si la pelouse est dense, le terrain est dénivelé. Il faudrait en outre
installer le chauffage. Rénover l'Arena Dunarea en trois mois serait une prouesse encore plus grande que remporter le titre. Le club a cependant lancé un emprunt d'un
million d'euros, cherche des contrats de sponsorisation pour deux millions et demandé
une aide à la mairie contre l'engagement de s'y produire pendant vingt ans.
Les plus réalistes estiment que Otelul Galati va être amené à disputé ses rencontres de ligue des Champions à Bucarest, dans l'arène nationale, toute neuve. Mais l'entraîneur Dorinel Munteanu préfèrerait jouer à Piatra Neamt, où il estime que ses
joueurs seraient davantage soutenus par les supporters locaux. Otelul Galati avait accédé à la 1ère division roumaine en 1986 et participé pour la première fois à une coupe
d'Europe (C3 en 1988-1989), deux ans plus tard.
Le classement final
1 Otelul Galati 70 pts (qualifié en
Ligue des Champions)
2 FC Timisoara 66 pts (rétrogradé
en 3ème division, mais qui a fait appel)
3 FC Vaslui 65 pts
4 Rapid Bucarest 59 pts (Ces deux
derniers clubs participeront à la coupe
UEFA, ainsi que le Steaua Bucarest, vainqueur de la coupe de Roumanie)
5 Steaua Bucarest 57 pts
6 Dinamo Bucarest 56 pts
7 Gaz Metan Medias 55 pts
8 Universitatea Cluj 47 pts
9 Astra Ploiesti 45 pts
10 CFR Cluj Napoca 45 pts
11 Targu Mures 45 pts
12 FC Brasov 43 pts
13 Pandurii Targu-Jiu 37 pts
14 Gloria Bistrita 35 pts
15 Universitatea Craiova 30 pts
16 Victoria Branesti 25 pts (ces quatres derniers clubs sont rétrogradés en
2ème division).
Clubs de seconde division promus :
Groupe 1 : 1.Ceahlaul Piatra-Neamt
67 pts, 2. Concordia Chiajna 61 pts.
Groupe 2: 1. Petrolul Ploiesti 59 pts,
2. FC Bihor Oradea 58pts.
E
n Roumanie, début mai, plus rien ne comptait, à l'exception des histoires de chaussures... Le pays a été en effet offusqué que l'émissaire du Fonds monétaire international Jeffrey Franks se soit présenté pour un entretien avec le président
Traian Basescu avec une chaussure trouée. L'image a éclipsé tous les commentaires de Jeffrey Franks sur les dépenses
publiques, le chômage ou encore l'inflation. La photo de la chaussure a par ailleurs mystérieusement disparu du site Internet de la
présidence.
Peu importe, cette "affaire" a continué à dominer l'actualité. "Rien ne peut justifier qu'on se présente devant le président d'un pays avec une chaussure trouée",
a lancé le commentateur de télévision Mircea Badea. Realitatea TV a aussi noté
que l'émissaire du FMI portait un costume noir avec des mocassins marrons qui
semblaient avoir vécu. "Et regardez sa montre, c'est une de ces électroniques à dix
euros… rien à voir avec celle de Sarkozy", a renchéri Mircea Badea.
Un cordonnier d'Arad a proposé de lui réparer ou de lui envoyer une nouvelle
paire fabriquée avec des matières roumaines, "pour qu'il ait un souvenir de la
Roumanie, comme nous nous souviendrons de lui", a-t-il ajouté, sur un ton amer.
Le FMI a en effet demandé à la Roumanie d'approuver un plan d'austérité drastique pour réduire son déficit budgétaire à 4,4 % cette année. Philosophe, un commentateur a ajouté: "Peut-être Jeffrey Franks a-t-il voulu nous montrer l'exemple de ce qui nous attend".
Ne les appelez plus
Hohenzollern-Sigmaringen
L
e Palais Elisabeta a fait avoir que le roi Michel
et sa famille avaient officiellement rompu les
liens dynastiques unissant la Maison royale de
Roumanie et la maison princière de HohenzollernSigmaringen. "A compter du 10 mai 2011, la maison royale de Roumanie ne portera plus le nom de HohenzollernSigmaringen et sera connue sous le nom de Maison royale
de Roumanie", a annoncé un communiqué officiel. Le roi a
précisé que cette décision avait été prise "en conformité
avec les souhaits de notre grand-père, le roi Ferdinand, de
conférer un caractère national et indépendant à la dynastie et à notre Maison royale". Mais il faut se souvenir que
la maison princière de Hohenzollern avait refusé en son
temps d'attribuer son label au mari de la fille aînée du roi,
la princesse Margareta, l'ancien comédien Radu Duda, de
dix ans son cadet. Depuis, ce dernier, mortifié dans ses
ambitions mais fait prince de Roumanie par le Roi, a pris
l'ascendant sur la famille royale et inspire ses décisions.
37
Des milliers de lycéens dansent
le quadrille en Roumanie pour battre un record
E
nviron 2000 lycéens ont dansé
le vendredi 20 mai le quadrille
à Timisoara et Lugoj (ouest de
la Roumanie), dans une tentative de battre le record de la plus grande danse synchronisée au monde, aux côtés de lycéens
danseurs de sept autres pays des Balkans
et de Chypre.
A la mi-journée, près de 1500
lycéens vêtus en noir et blanc et arborant
des ombrelles, se sont rassemblés sur une
des places centrales de Timisoara pour
danser le quadrille au son de la musique
du compositeur autrichien Johann Strauss
fils. "Ce fut dur d'apprendre les pas de
cette danse ancienne, mais nous avons
réussi", s'est réjouie une des participantes, Romina Mihoc, du lycée Azur. Les
lycéens ont ensuite exécuté deux danses
traditionnelles, l'une roumaine, l'autre
serbe. Plus de 400 de leurs camarades ont
fait de même dans la ville de Lugoj.
Baptisée la "parade des diplômés" ou
"dance with Europe", cette opération est
organisée simultanément dans 60 villes
de neuf pays du sud-est de l'Europe:
Albanie, Bosnie-Herzégovine, Chypre,
Croatie,
Macédoine,
Monténégro,
Roumanie, Serbie et Slovénie. Des écoles
de Slovénie en sont à l'origine avec l'idée
pour les lycéens de célébrer leur diplôme
de fin d'études et le début d'une nouvelle
étape de leur vie, selon les organisateurs.
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Carnet de route
Voici deux mois que je prépare ce voyage 2011, le plus long de l'année. Près de
6 semaines à courir les routes de Roumanie et de Moldavie. Faire coïncider les rendez-vous, les rencontres, les itinéraires, n'est pas une chose simple. Je choisis maijuin, car les jours sont plus longs, la chaleur est censée s'installer sans être accablante.
SUCEAVA
l
l
l
l
BAIA
MARE
l
IASI
ORADEA
l
TARGU
MURES
ARAD
TIMISOARA
SINAIA
CRAIOVA
l
l
l
l
PITESTI
BACAU
M. CIUC
l
BRASOV
GALATI
l
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Budapest…
et Bucarest:
éternelle ritournelle
38
Au pays des surprises…
Mardi 3 mai. - Nous voilà partis.
Dolores pour Budapest, plus proche
de sa commune d'origine, Pâncota,
près d'Arad, et moi pour Bucarest.
Evidemment, le poids de sa valise flirte comme d'habitude avec la limite
supérieure des 23 kg tolérés par Air
France, ce qui fait tiquer l'hôtesse
chargée de l'enregistrement.
Je suis d'ailleurs toujours surpris
de constater que le poids des bagages des femmes est régulièrement
inversement proportionnel à celui
qu'elles souhaitent pour leur ligne…
Comme ma valise est beaucoup plus
légère, je propose de faire un transfert de quelques affaires… histoire de
vérifier si les Français confondent
toujours les deux capitales!". "Mais
Madame va à Budapest" s'exclame
l'hôtesse. "C'est pas grave… c'est sur
la route". Elle hausse les épaules et
nous laisse passer.
J'ai emmené ma méthode Assimil
pour répéter quelques leçons de roumain dans l'avion. Elle est vraiment
bien utile. Je me souviens, voici une
quinzaine d'années, avoir voisiné au
cours d'un dîner avec la Princesse
Margareta, la fille aînée du Roi
Michel, qui me confia se dépêcher d'y
apprendre sa langue paternelle avant
de retrouver cette Roumanie qu'elle
n'avait jamais connue. Visiblement,
on n'avait pas trop d'espoir de remonter sur le trône dans la famille royale.
Je ne peux pas non plus m'empêcher de penser à Ionesco qui y fit son
apprentissage de l'anglais… avouant
n'avoir jamais réfléchi auparavant, au
fait que le plafond se trouvait en haut,
le plancher en bas, et que son tailleur
était riche.
Préparatifs. - Dolores, qui fait un aller-retour express depuis son pays pour assurer la mise en page du n°65, sur le point de sortir, douche un peu mon enthousiasme: la
situation de la Roumanie est de plus en plus pesante. La veille de son départ pour
Nantes, elle a reçu un coup de téléphone d'une ancienne collègue, professeur dans son
lycée, lui demandant de lui prêter de l'argent. Une démarche tout à fait inhabituelle de
la part de cette très digne femme, qui vient de partir à la retraite.
- D'accord… Tu as besoin de combien ? D'un air gêné et visiblement angoissé, elle
répond en anciens lei: 100 000… soit 2,5 € ! Son fils est venu les chercher immédiatement. Sa mère n'avait même plus de quoi faire la soupe du soir.
"Gai… Gai, marions-nous"… sans trop penser à la facture
Mercredi 4 mai. - Enfin à Bucarest. La première constatation que je fais, c'est que,
bien qu'ayant changé de marque de stylos feutre, passant de Pilot à Bic, l'encre des premiers ayant régulièrement coulé dans les poches de ma veste pendant le vol… il en est
de même pour ce dernier modèle.
Octavian, mon jeune ami
journaliste, m'attend à l'aéroport. Il en profite pour m'inviter à son mariage avec Ana,
une de ses consœurs, qui doit
se dérouler le 23 juillet prochain, près de Brasov. Il aurait
voulu une cérémonie simple,
moderne et surtout pas coûteuse… mais les familles ne l'ont
pas entendu de cette oreille. La
noce comptera 170 invités,
dont une centaine que le jeune
couple devra loger à se frais à
l'hôtel. J'en suis ébahi, d'autant
Devant le monument dédié à Cristian Paturca, décédé plus qu'il paraît que c'est un
en janvier dernier, l'auteur de l’hymne des Golani,
"Il vaut mieux être mort que communiste" chanté chiffre assez modeste… d'habilors des manifestations Place de l'Université en 1990. tude, on compte 400, voire 700
convives. A 35 - 40 € le repas, cela fait déjà une note de 6000 €, à laquelle il faut ajouter l'hôtel - qui consent toutefois un prix raisonnable car il assure l'intendance - les
musiciens, le pope, la robe de la mariée, les fleurs… Au bas mot, 8 à 9000 €. Octavian
et Ana avaient pensé réduire la facture avec des gratars (grillades), louant un chapiteau.
Rien que pour ce dernier, il fallait compter 2000 € pour la journée. Cela leur revenait
au total aussi cher avec, en prime, les complications de l'organisation.
Le mariage est devenu un véritable "business" en Roumanie. Passage obligé, les
jeunes s'y ruinent, espérant récupérer la somme engagée par les dons des invités, 50 100 € en moyenne par personne, sans oublier les généreux donateurs. Par ces temps de
crise, çà coûte cher à tout le monde… et nos deux jeunes tourtereaux attendront d'avoir
fait les comptes pour savoir s'ils peuvent s'offrir un voyage de noces…
Le vieux prof drapé dans sa dignité de pauvre
Jeudi 5 mai. - Entre les premiers rendez-vous, j'ai commencé mes flâneries dans
Bucarest. Je tombe nez à nez avec Catherine Durandin, dans une librairie évidemment.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Connaissance et découverte
bonnes ou mauvaises
Dans quel autre endroit aurais-je pu rencontrer l'écrivaine,
grande spécialiste de la Roumanie? Je mets la main sur un
magnifique album photos, comparant les années Ceausescu à
celles des premiers pas de l'après-Révolution. Réalisé par l'un
des plus grands photographes roumains, Florin Andreescu, il
s'intitule "Flashback 1972-1992". Saisissant !
En me voyant chercher mon chemin, un retraité largement
septuagénaire s'est proposé de me conduire à l'adresse où je
suis attendu. Propulsé de plein fouet dans les situations sociales de plus en plus précaires qui envahissent le pays, j'ai hésité à accepter, à ma grande confusion. Était-ce un quémandeur
cherchant une occasion de gagner quelques lei? Bien que très
digne, sa veste élimée, son visage fatigué, me le laissaient croire… En fait, cet homme visiblement éprouvé, était heureux de
rendre service à un étranger, guidant à bon port mes pas dans
un parfait français, me saluant très poliment avant de s'éloigner et que j'ai esquissé le moindre geste pour le remercier.
Sans-doute un de ces professeurs retraités dont la pension a été
réduite à la portion congrue?
Les interminables travaux dans le vieux Bucarest
ne permettent pas de goûter au charme de Lipscani.
res de conversation avec les portables orange, 1h30 avec les
autres réseaux ou les fixes partout en Roumanie, dans l'UE et
en Amérique du nord.
Rumeurs sur Orange
"Gouverner pour les nuls"
La rumeur court en Roumanie qu'Orange (français) s'apprête à quitter le pays où il est pourtant majoritaire, à la suite
Continuant ma ballade, je remarque des empreintes de pas
des pertes enregistrées l'an passé, ainsi qu'en Côte d'Ivoire et
peinturlurées sur les trottoirs de la capitale et à moitié effacées.
en Egypte, alors qu'il progresse partout ailleurs dans le monde.
Sorin Oprescu, le
Voilà la Roumanie rangée aux côtés des états qui ont
maire, veut inciter ses
défrayé la chronique ces derniers mois. Un signe qui
concitoyens à les
ne trompe pas sur la dureté de la crise, ici. Orangeemprunter, plutôt que
Roumanie, qui a dégringolé de 11 millions d'utilisala chaussée. Sauf qu'iteurs à 10,27 millions, alors que son concurrent
ci les trottoirs sont
anglais, Vodafone, est passé de 9,66 millions à 9,80
souvent encombrés.
millions, dément formellement.
Les piétons sont inviCôté transports, je suis paré. Je prends des taxis
tés à marcher en file
(1,4 lei le km, 0,3 €) et il m'arrive d'effectuer des traindienne… et dans un
jets à tous juste 1 €, les parcours les plus longs me
seul sens… Comique.
revenant à 3-4 € maximum, avec l'avantage de me
Les sourires sont rares dans la capitale. conduire exactement aux adresses que je n'ai pas
Un ami m'assure que
cette plaisanterie a coûté 2 M€. J'ai dû mal à le croire… mais
encore pratiquées. Je remarque que les taxis pirates ou voyous,
on voit tellement de choses extravagantes ici ! Ah, il faudrait
aux tarifs compliqués (prise en charge, heures de nuits, de
vraiment inventer "Gouverner pour les nuls"!
week-end, etc, et à 3-4 lei le km), souvent concentrés Piata
Romana, ont presque disparu, suite à la dureté des temps… qui
Vendredi 6 mai. - Je passe ma journée à régler tous mes
fait d'ailleurs qu'on trouve davantage de taxis libres aux heures
problèmes d'intendance. Octavian me fait installer une clé 3 G
de pointe.
chez Orange pour mon ordinateur portable. Génial: elle me
Je complète l'usage du taxi en achetant une carte de bus,
permet de capter internet partout (ou presque). C'est mieux que
4 € pour une semaine et tout le réseau. S'il pleut ou que je suis
la wi-fi: on est totalement indépendant et on n'a plus à implofatigué de marcher, je peux ainsi sauter dans le premier trolleyrer nos amis pour pouvoir utiliser l'internet chez les uns ou les
bus ou tramway qui passe. Très pratique et, en outre, c'est
autres. 35 € pour la clé et 10 € pour un abonnement illimité à
sympa de se plonger dans la vie quotidienne des Bucarestois.
Internet en Roumanie d'un mois.
Octavian m'emmène aussi chez mon opticien où je me fais
Pendant l'installation, le vendeur ne décoche pas un sourifaire deux paires de lunettes (une de près, une de loin) pour un
re, répond par monosyllabe aux questions. On est bien à
total de 100 €, en en 24 heures. Est-ce que çà vaut le coup ?
Bucarest! Je lui demande si la clé est garantie? "Da"... sans
Oui, me dit un compatriote, car avec les accords européens on
préciser la durée. Je rajoute dans mon roumain: "Jusqu'à la
peut se faire rembourser en France, même si la Sécurité sociasortie du magasin ?". Il ne relève même pas.
le se fait tirer l'oreille. J'avais fait établir à l'avance la prescripOctavian me trouve également un forfait formidable pour
tion dans un cabinet mutualiste d'ophtalmologues de Nantes où
mon portable. D'habitude je mange mon crédit de 30 ou 40 €
quatre Roumaines exercent… et qui n'ont nullement l'intention
en 3-4 jours, ce qui me rend furieux. Là, avec 7 €, j'ai 30 heude rentrer au pays. Révélateur !
39
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
(suite de la page 39)
La Roumanie en BD
SUCEAVA
l
l
l
l
BAIA
MARE
ORADEA
l
IASI
l
TARGU
MURES
ARAD
BACAU
l
l
l
TIMISOARA
SLATINA
l
CRAIOVA
l
BRASOV
PITESTI
GALATI
BRAILA
l
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Bagarres pour un
poste de sénateur des
Français à l'étranger
40
Jeudi 12 mai. - "Je prends la
route pour la "Roumanie profonde",
au volant de mon Opel Astra, louée
25 € par jour, tout compris, chez
Francrocar. C'est toujours un moment
de bonheur… sauf que je quitte
Bucarest sous une tornade, direction
la vallée de Prahova, à une centaine
de kilomètres, où réside une lectrice
française. Elle m'attend et m'offre un
régal de mignardises à la turque,
légèrement sucrées qu'elle se procure strada Calderon, dans le centre de
Bucarest, près de la Piata C.A.
Rosetti, à la Pateseria Fadel. Quelle
bonne idée pour offrir, lorsqu'on est
invité plutôt que des fleurs hors de
prix venues de Hollande.
Même celles de Roumanie sont
chères: un euro les 3 brins de
muguet, abondant pourtant dans le
pays et que l'on achète indépendamment du 1er mai. D'ailleurs, à cause
du mauvais temps, la végétation a de
deux à trois semaines de retard, le
lilas venant tout juste d'éclore.
Mon amie qui connaît son
Bucarest francophone par cœur me
rapporte les derniers potins animant
cette communauté.
Ainsi, j'apprends la naissance
d'une seconde branche de l'UFE,
l'Union des Français à l'Etranger,
l'UFE Bucarest, créé par le patron du
Novotel, qui ambitionne d'être élu
sénateur des Français à l'étranger
pour cette partie de l'Europe, avec
tous les avantages que cette position
confère: les entrées chez l'ambassadeur de France, les réseaux, etc. Il
considère la branche traditionnelle
comme regroupant "des vieux hors
du coup".
Samedi 7 mai. - C'est devenu une tradition. Je retrouve le samedi matin suivant
mon arrivée en Roumanie mes amis Dodo Nita, qui a relancé l'intérêt pour la bande
dessinée en Roumanie, et son compère, le caricaturiste Vali, au bar de l'hôtel Ibis. Il a
l'avantage de se situer tout près de la gare du Nord pour Dodo, qui vient de Craiova.
Aujourd'hui, le train met 3 h 20 jusqu'à la capitale… Sous Ceausescu, il fallait 2 h 40.
Dodo est ravi d'apprendre que la fille d'Hugo Pratt, le créateur du célèbre personnage de Corto Maltese, dont les aventures sont très prisées en Roumanie, habite à
Nantes. Il se propose d'en faire l'invitée d'honneur de son salon de la BD 2012, à
Constantsa.
Vali se consacre à ses albums illustrés
racontant la vie des Haiducs (les voleurs
au grand cœur), les aventures des héros de
Jules Verne, et prépare une série BD sur
l'histoire de la Roumanie. Ses dessins sont
une pure merveille. Imagés, d'un trait fin,
ils reconstituent l'ambiance des caravansérails, des cours des voivodes… Dodo se
chargera de la traduction pour le français.
"Banchet" au Cercle militaire
Je me retrouve au Cercul militar en
compagnie d'une délégation d'OVR
(Opération Villages Roumains) suisse. Un
moment électrique: des lycéens s'apprêtant à passer le bac s'y retrouvent pour
l'immanquable et traditionnel "banchet",
Le dessinateur Vali vient de publier sous forme repas dansant qu'ils partagent en compade bande dessinée les aventures des haiducs,
bandits au “grand cœur”, avant de s'attaquer gnie de leurs professeurs pour marquer la
à l'histoire illustrée de la Roumanie,
qui devrait aussi paraître en français. fin du lycée et, en quelque sorte, leur
entrée dans la vie d'adultes. A travers tout
le pays, le mois de mai est réservé à ces agapes joyeuses et il est parfois difficile de
trouver des restaurants libres.
Les filles, tenues affriolantes,portant talons aiguilles, boucles tombant en cascade
sur les épaules, rivalisent d'élégance, et conserveront toute leur vie la robe confectionnée à cette occasion, souvent courte et très décolletée. Les garçons, cravate, chemise
blanche, costume, sont sur leur 31. De rares réfractaires, cheveux longs, se distinguent… mais même leur jean, chemise et baskets sont impeccables. Tous se lancent
dans des danses endiablées, se défoulant à l'approche de l'examen.
Quand le fado détrône Edith Piaf… grâce à la SACEM
Dimanche 8 mai. - Quel temps ! Je gèle la nuit et grelotte. Des bourrasques
balaient les boulevards. Il pleut sans discontinuer et neige sur les sommets.
Décidément, cela devient une habitude! Depuis trois ans, le mois de mai varie entre
épouvantable et correct, bien loin de ses promesses. Des Bucarestois me confient qu'ils
n'ont jamais connu çà depuis 10-12 ans.
Je retrouve Liana, artiste et pianiste, qui interprète depuis 40 ans le répertoire de la
chanson française d'Edith Piaf à Barbara, avec une force et une expression qui vous
retournent. Elle revient du festival mondial du cirque de Monte-Carlo, où elle interprétait la partition chantée de la sélection roumaine, laquelle a obtenu la médaille de bronze. Elle ne chante plus que le fado à cause des droits d'auteurs exigés par la SACEM
française… Même l'Institut français de Bucarest où elle se produisait ne veut plus
payer! Vive la promotion de notre culture…
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Je discute avec un habitué du bistrot Ateneu, à deux pas de
cette imposante et belle salle de concert, en plein centre-ville:
il hoche la tête, constatant que, dehors, tous les 3 ou 6 mois on
y refait la chaussée. "La Roumanie est le pays de toutes les
possibilités, me glisse-t-il. On y a inventé le seul macadam à
la garantie maximum de vie de trois mois". Un autre client
rajoute: "Ah, ici c'est le pays de toutes les surprises… bonnes
ou mauvaises".
Pour ces dernières, je suis verni: plus d'électricité dans la
garçonnière où j'habite. Je m'attendais plutôt à ce qu'il n'y ait
plus d'eau chaude sous la douche. Je descends les escaliers
dans l'obscurité la plus totale, pour partir aux nouvelles. Les
habitants du bloc râlent: "On est revenu au temps de
Ceausescu !". Ils ont tort, car aujourd'hui on prévient quand il
y a une coupure… Un avis que personne n'avait d’ailleurs lu
était bien affiché en bas de la cage d'escalier.
"Ils sont sortis du système"
Connaissance et découverte
plus chère. "C'est voulu, tonne-t-il, car comme çà, le gouvernement à moins de pensions à payer !". Et de me lancer cette
phrase terrible: "Vous savez ce qu'on dit à la télévision, dans
les enquêtes, les rapports, quand les petits vieux meurent ?…
Il sont sortis du système !".
Mardi 10 mai. - Liana revient très remontée du lycée où
elle enseigne le piano. Une brigade d'une trentaine de contrôleurs a débarqué dans l'établissement, sans crier gare, vérifiant
pendant toute la matinée les comptes, la cantine, les sanitaires,
les classes, etc., rentrant sans frapper, interpellant les enseignants sur un ton arrogant et brutal. Les élèves et leurs professeurs ont été traumatisés. Mais c'est une pratique habituelle,
qui remonte au communisme et perdure.
Pourtant le lycée flambant neuf n'avait aucune raison d'être particulièrement visé. Alors, une dénonciation par jalousie?
Un proverbe roumain illustre à merveille ce comportement :
"Sa moara capra vecinului !". Si le voisin a une chèvre, plutôt
que de se débrouiller pour en avoir une aussi…mieux vaut
prier pour qu'elle crève !
Lundi 9 mai. - Autre tradition : à chaque voyage, je m'efforce de rencontrer Bogdan Hossu afin de faire le point sur la
"Pas de bakchich… pas de perfusion"
situation sociale. Le leader du syndicat Cartel Alfa n'est pas
facile à coincer. Il est toujours parti par monts et par vaux, à
Mercredi 11 mai. - Rencontre avec Sébastien… ou
travers la Roumanie ou l'Europe, et son bureau est sans arrêt
Sebastian, car ce garçon de 22 ans, étudiant à l'institut
envahi par des délégations ou des représentants des fédérations
Polytechnique de Bucarest, spécialisé en aéronautique, a la
de travailleurs. Cette fois-ci, c'est un inspecteur de la DNA qui
double nationalité franco-roumaine. Sa mère est roumaine et
débarque pour lui remettre une convocation. Envoyée en misson père français. Cette situation lui plaît beaucoup. Arrivé
sion par le gouvoici un an à Bucarest, après avoir quitté le giron
vernement, la
familial de Salon de Provence, il s'est bien fait à la
Direction
vie bucarestoise, même si le début ne fut pas évident.
Nationale AntiOn le sent partagé, mais la Roumanie occupe une
corruption
a
grande place dans ses pensées et le jeune homme
entrepris
de
monte vite au créneau pour la défendre, si on la met
déconsidérer
en cause. Cela ne l'empêche pas de conserver sa luciles organisadité sur la situation du pays et lui aussi de s'emporter
tions syndicales
quand "trop, c'est trop".
afin de masquer
Sébastien me raconte cette histoire survenue derses propres turnièrement dans la famille d'un de ses copains roupitudes et son
mains. Son père rendait visite régulièrement au
incompétence,
grand-père, atteint de la maladie d'Alzheimer et placé
mélangeant à
dans un hospice. Ne pouvant se déplacer, il téléphodessein, "torLe "banchet" marque la fin du lycée et l’entrée dans la vie ne pour prendre des nouvelles et apprend qu'il a été
d’adulte pour les adolescents qui s'apprêtent à passer le bac. transféré pour d'autres soins dans un hôpital, deux
chon
sales"
servant d'alibi et "torchons propres", qui dérangent.
jours auparavant, sans que personne ne l'ait prévenu.
Le pauvre est plutôt en mission-suicide. Il n'a plus un poil
Il téléphone aussitôt, le service concerné lui répondant
de sec et tremble de tous ses membres, en présentant à la signaqu'il ne peut le garder… à moins de fournir du sang! "On en
ture son accusé de réception à cette force de la nature qu'est le
manque!". Drôle de marché… La famille étant éloignée, perleader syndical… 150 kg pour près de 2 mètres. Lors des négosonne ne pouvant se déplacer dans les délais fixés, ce fils fonce
ciation salariales, sa voix de stentor fait disparaitre sous la
à l'hôpital pour donner le sien.
table les ministres ou hauts fonctionnaires quand il commence
Sur le conseil du médecin de famille, il achète une boite de
à s'échauffer au cours et si en plus, qu'il tape du poing…
dix pilules, très chères, qui doivent aider à stabiliser l'état
Mais Bogdan Hossu a aujourd'hui d'autres motifs pour
neurologique du vieil homme, à raison d'une pilule par jour.
s'emporter. Il hoche tristement la tête en me parlant du vieillisQuand il revient le lendemain, la boîte est presque vide… Son
sement prématuré de la population, payant toutes les privations
contenu revendu auprès d'autres malades ?
subies depuis Ceausescu. De ces vieux qui n'ont pas les
Le grand-père ne peut pas, non plus, se nourrir tout seul. Il
moyens de se procurer de bons médicaments (au moins 60 €
lui faut une perfusion quotidienne, administrée par une infirpar mois pour des pensions d'une centaine d'euros), de la hausmière contre bakchich. Un jour, son fils arrive en retard, l'inse des tarifs du gaz, de l'électricité, de la nourriture de plus en
firmière est déjà passée… Pas de bakchich… pas de perfusion!
41
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
(suite de la page 41)
BAIA
MARE
l
Bananes contre chasse-neige
SUCEAVA
l
l
l
SIGHET
IASI CHISINAU
ORADEA
l
l
l
l
l
ARAD
CLUJ
l
l
TIMISOARA
SIBIU
TARGU
MURES
l
l
GALATI
BRAILA
PITESTI
l
l
l
l
TULCEA
l
CRAIOVA
BACAU
BRASOV
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Festins d'huitres
42
Les Français installés à Bucarest
font désormais leurs courses à
Carrefour où les Bretons trouvent du
vrai beurre salé, du sel de Guérande
qui picote le bout de la langue (le sel
de mine roumain ne sale pas vraiment), des petits cornichons. Il arrive
qu'il y en ait dans de modestes alimentations, mais leur approvisionnement est très irrégulier.
Une compatriote y a déniché parfois des artichauts, inconnus ici, ainsi
que des asperges. Un délice avec de
la crème, du beurre fondu, du vrai
sel et un filet de vinaigre. La première fois qu'elle en a trouvées, elle les
a laissées sur sa table de cuisine
avec un petit mot pour sa femme de
ménage: "SVP, faites les cuire".
La brave dame s'est exécutée
mais, prise d'un doute, lui avait téléphoné à son bureau, trouvant étrange leur consistance. Elle les avait
mises au four telles quelles, sans les
éplucher…
On peut se procurer de plus en
plus souvent de salades vertes,
essentiellement de la romaine. Bien
que maigrichonnes, quelques petites
feuilles, manquant d'espaces pour
s'épanouir, pas éclaircies, elles sont
très tendres.
Les Français d'ici se promettent
de s'offrir un somptueux plateau de
fruits de mer dès leur retour. Mon
ami Michel Micard, artisan normand,
ne ratait pas les deux rendez-vous
annuels de l'UFE, en octobre pour le
Beaujolais nouveau et en avril pour
les huitres.
Au second, Il conviait sa femme et
ses beaux-parents roumains qui en
avaient la phobie, payant quatre participations… pour s'en empiffrer au
moins une fois l'année.
Vendredi 13 mai.-Sur la route de Sibiu, je m'arrête dans un complexe touristique
ne payant pas de mine, le complexe Europa, 40 km après Fagaras, qui se révèle être une
très bonne adresse. Ma chambre double, moderne, confortable, donnant sur un torrent,
m'est facturée 30 €, y compris un copieux petit déjeuner. Pour 40 €, on y est hébergé
à cinq ! Le patron pittoresque, un peu roublard, une force de la nature, sort à chaque
occasion une bonbonne de plastique de derrière son bar pour offrir une rasade de tsuica. Je commande un ciolan (jambonneau) aux pommes de terre forestières. " Il n'en
reste plus" m'assure la serveuse. "Comment çà ?" s'étrangle son patron. Un quart d'heure plus tard, un plat fumant, en débordant, apparaît miraculeusement sur la table.
Continuant vers Sibiu, je fais un détour vers le célèbre lac Baila, où l'on peut accéder par un téléphérique et y visiter un hôtel fonctionnel de glace. La route, importante,
menant plus au sud de la
Roumanie est coupée
par les congères, alors
qu'il serait si facile de la
dégager. Je me dis qu'il
serait peut-être temps
que l'ex-Guinée de
Sékou Touré renvoie les
chasse-neiges expédiés
dans les années 70 par le
bloc soviétique contre
des régimes de bananes.
Samedi 14 mai. Rasinari, le village natal
Devant la maison natale d'Emil Cioran,
de Cioran, une dizaine
à Rasinari, où un buste en terre cuite a été installé
à
la
dernière
minute
pour
marquer
le centenaire de sa naissance.
de kilomètres au sud de
Sibiu, est un passage obligé en cette année du centenaire de sa naissance. Les habitants
semblent découvrir l'enfant du pays, à la renommée aujourd'hui mondiale. Un buste en
terre mal cuite a été façonné à la va-vite. Mais devant l'afflux des admirateurs ou
curieux venus de l'étranger, chacun sait aujourd'hui indiquer le chemin de sa maison. La
commune, belle et calme, aux rues parsemées d'imposantes vieilles maisons transylvaines pourrait certainement profiter de la notoriété du philosophe, en organisant par
exemple des universités d'été, d'autant plus que la région, superbe, ne manque pas d'inviter aux excursions. Mais ici, la gloire locale c'est son contemporain, le poète Octavian
Goga, éphémère Premier ministre d'avant-guerre, sympathisant fasciste, qui a donné
son nom à l'école.
Conduite tango et conduite tsuica
Le soir, je retrouve mon restaurant préféré de Sibiu, "Crama Vechiului". Je m'étonne: sur le menu, la bouteille de pinot noir de Vinul Cavalerului figure à 45 lei… et
la demi-bouteille, à 17 seulement. Erreur? "Non, me répond le garçon. On ne veut pas
pénaliser les clients solitaires ou qui boivent peu", avant de rajouter, de manière plus
prosaïque "et puis on n'a pas trouver de bons rouges à offrir en pichet".
Dimanche 15 mai. - Direction le Maramures, où je dois retrouver l'écrivain-journaliste genevois, Noël Tamini. Je sais qu'il est de retour des hauts plateaux abyssins car
les premières cigognes sont revenues d'Ethiopie pour leur migration annuelle.
Un rythme qu'il accompagne fidèlement, ce qui lui assure un temps superbe tout
au long de l'année. Je prends le chemin des écoliers, aidé à me perdre par un paysan qui
me salue d'un respectueux "multa sanatate"… mais m'envoie dans la direction opposée.
Ah, cette propension des Roumains à toujours vouloir rendre service… même quand ils
ne savent pas.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Quittant le judet de Sibiu, au pied même du panneau indiquant que j'entre dans celui d'Alba, le goudron s'arrête net pour
laisser place à un chemin de terre. C'est tellement saisissant
que j'oublie d'en faire une photo ! La même situation se représentera dans le judet de Salaj (Zalau). En fait, l'état des routes
dépend de l'état des finances - et de la corruption- des judets
qu'elles desservent.
Parfois, pour éviter un trou, je fais un brusque écart vers
le milieu de la chaussée, la voiture venant en face également on se retrouve nez à nez - pour s'écarter aussi brutalement au
dernier moment. C'est la conduite tango. De leur satellite, les
cosmonautes observent, eux, la conduite tsuica… les automobilistes zigzagant de droite à gauche et vice-versa.
Quatre millions de vélos chinois
pour les prochaines élections ?
Connaissance et découverte
Victime des mêmes procédés, le patron roumain de la petite société voisine, en difficulté à cause de la crise, a eu le malheur de confier qu'il voulait vendre sa Logan pour dégager un
peu de trésorerie. Dès le lendemain, la brigade de contrôleurs
était de retour, son chef précisant tout de suite "çà tombe bien,
j'ai besoin d'une voiture".
Quant aux déclarations péremptoires du gouvernement ou
aux enquêtes claironnant que la crise est derrière et la reprise
bien installée… tout en précisant que les consommateurs ne la
verront qu'un peu avant les élections, le Breton n'en croit pas
un mot, rejoint par ses collègues roumains du coin. Tous ne
voient que les bakchichs qui poudroient et le chômage qui verdoie. Les carnets de commande sont toujours aussi désespérément vides et personne ne se risque à embaucher. Découragé,
il pense quitter le pays et aller tenter l'aventure ailleurs.
Dans le Maramures on se croirait à Los Angeles
Lundi 16 mai. - Il se chuchote que le gouvernement
actuel aurait commandé quatre millions de vélos en Chine
Mercredi 18 mai. - J'arrive à Sighetu-Marmatiei, à la
pour les distribuer aux électeurs, lors des élections à venir. Les
frontière ukrainienne. Six policiers pour une zone de 30 km de
premières cargaisons auraient déjà
rayon à surveiller, dont quatre le
été livrées dans le port de
plus souvent attablés à la terrasse
Constantsa, m'assure-t-on.
de l'hôtel Marmatia, tout comme
La grande majorité des
les médecins de l'hôpital ou les
Roumains circulent phares alluinspecteurs et fonctionnaires de
més, alors que ce n'est obligatoire
l'enseignement. Tout le monde
que sur les routes européennes.
semble en prendre à son aise. Pas
Comme on ne sait jamais si la
étonnant que j'entende dire qu'on
législation a été changée ou non,
ne respecte plus rien et que le
mieux vaut se prémunir d'avoir un
pays, écœuré par l'exemple venu
bakchich à verser à la police. Car
d'en haut, s'enfonce peu à peu
celle-ci ne manque pas de sauter
dans une sorte d'anarchie.
sur la moindre occasion. Un couJe n'ai vraiment pas de chanple de Français en camping-car a
ce… car je tombe sur les deux
été arrêté, ses feux de croisement
Charcuterie et fromages traditionnels, au pied du lac Baila. policiers au boulot, qui m'arrête
étant allumés. "Ce sont vos antipour excès de vitesse: 69 km/h au
brouillards, c'est interdit !" se sont exclamés les trois policiers,
lieu des 50 autorisés en en agglomération. J'ai été repéré par le
dont une belle blonde, prêts à verbaliser. Il a eu beau expliqué
radar embarqué d'une voiture venant en face, une nouveauté
que les phares s'allumaient automatiquement comme sur tous
(attention cet été !). Je suis quand même verni car à un km/h
les véhicules aux normes Euro 5, rien n'y faisait. "Ici, on n'est
près (70 km/h) j'évite de tomber dans la catégorie supérieure
pas en Europe, mais en Roumanie" a rétorqué le trio. Le coudes PV, qui m'aurait couté 45 € au lieu des 15 versés cash,
ple n'a cependant pas lâché le morceau et te trio racketteur fut
ainsi que la perte de points. Ce n'était pas bien grave, le systècontraint de battre en retraite tout en maugréant pour ne pas
me informatique européen de retrait des points sur les permis
perdre la face "Vous aurez du mal à faire croire çà à nos autnationaux ne sera opérationnel que dans un ou deux ans. Et
res collègues".
puis j'ai le droit à un "bonus". Avant de repartir, le policer me
glisse à l'oreille: "Attention, il y a un autre contrôle à cinq
"Anne, ma sœur Anne… as-tu vu la reprise ?"
kilomètres… aujourd'hui on fait une opération coup de poing
avec l'aide de la police de Baia Mare". Je me console: finaleMardi 17 mai. - Rencontre avec un Breton marié à une
ment, j'ai eu deux contraventions pour le prix d'une !
Roumaine et exploitant depuis plusieurs années une scierie
Je ne veux pas m'excuser, mais il faut bien constater que
artisanale sur les hauteurs d'une petite commune, près de Baia
dans le judet on se croirait à Los Angeles : on ne sort jamais
Mare. Le couple, à peine la quarantaine, pourtant habitué à
des agglomérations devenues tentaculaires à la suite d'une
rouler sa bosse à l'étranger, se montre de plus en plus désabuurbanisation sauvage, chacun s'étant installé où il voulait. Pas
sé. Les descentes de la Garde financière et autres administraétonnant que, si l'on ajoute les trous sur la route, la densité de
tions ne cessent pas. Tout est prétexte à revenir pour de noula circulation, la moyenne horaire dans le judet soit tombée de
veaux contrôles et bakchichs. Pourtant son entreprise respecte
70 à 50 km/h depuis la "Révolution". Pour les habitants, c'est
tous les critères de sécurité et est même plus moderne que bien
plus rapide d'aller à Budapest (4 heures), Vienne (6 h) qu'à
de ses semblables en France.
Bucarest, 18 heures de train pour 500 km.
43
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
(suite de la page 43)
SAPÂNTA
l
l
l
BAIA
MARE
l
CHISINAU
IASI
ORADEA
l
l
TARGU
MURES
ARAD
Grimper à pied l'équivalent de l'Empire State building chaque jour
SUCEAVA
l
BACAU
l
l
BRASOV
l
l
TIMISOARA
TÂRGOVISTE GALATI
BRAILA
l
PITESTI
CRAIOVA
l
l
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Sur le toit
du monde en Trabant
44
Mardi 24 mai. - Me voilà dans la
boutique du seul libraire de Sighet
que l'on veut faire déménager pour
récupérer son local. J'y découvre un
livre qui a eu son heure de gloire à la
fin des années 70 et raconte une histoire vraie curieuse. En 1975, après
de longues démarches, une équipe
de quatre alpinistes de Brasov,
conduite par Ionel Coman et Zoltan
Kovacs, avait obtenu l'autorisation
des autorités de tenter d'être les premiers Roumains à gravir les sommets proches de l'Himalaya. Ce n'était pas évident de sortir du pays à
cette époque, mais voyant le profit
de propagande qu'il pouvait en tirer,
le régime avait finalement donné son
feu vert.
L'équipe était partie à bord d'une
Trabant dernier modèle, la 601 et
d'une Dacia 1100, de première génération, la R8 qui avait précédé la R
12. Un voyage aller-retour de 16 000
km, à travers la Bulgarie, la Turquie,
l'Iran, l'Afghanistan et le Pakistan,
sans ennui mécanique, ni encombres, malgré un lourd matériel à
emmener. La voiture en "carton"
avait magnifiquement tenu la route,
sur une route pourtant pleine de
trous, avec comme seul dégât un
phare cassé, rafistolé avec des pansements.
Au retour, les alpinistes, qui
avaient escaladé le Koh-e-Bandaka,
7000 mètres, avaient été accueillis
comme des héros, faisant la Une des
médias communistes, entamant une
tournée de conférences à travers la
Roumanie, sans bien se rendre
compte que leur exploit tenait à toute
autre chose que leur performance de
montagnards !
Jeudi 19 mai. - La région de Sighet a souffert d'un froid terrible cet hiver. Il y a eu
pire en record, mais jamais -20 °, -25 ° sans discontinuer pendant un mois et demi, de
mi-janvier à fin février, les températures ne remontant pas au-dessus de -15° en milieu
de journée, alors que d'habitude elles flirtaient avec les 0°. Canalisations qui explosent,
familles qui grelottent, le stock de bois étant épuisé, cols impraticables et chiens retrouvés gelés au petit matin.
Dans les vieux blocs de la ville, hauts de dix étages et sans ascenseurs, les locataires, parmi la population la plus modeste et souvent la plus âgée, devaient effectuer des
aller-retour pour grimper avec leurs fagots de bois, déjà acheminés sur leur dos ou leur
vélo, car ils ne possèdent pas de voiture. Cinq fois dans la journée… et ils avaient déjà
escaladé l'équivalent de l'Empire State Building !
Je retrouve Téo, un ami journaliste-écrivain. Il est abasourdi. Alors qu'il effectuait
des travaux dans la fermette qu'il restaure, il a entendu des bruits de scie électrique. Il
est sorti immédiatement et a vu deux gars qui coupaient tranquillement ses arbres. "Çà
ne te regarde pas" ont-il haussé les épaules. "Mais c'est chez moi !". "Ah, bon…". Et les
deux voleurs sont partis, tranquillement, sans oublier de charger les troncs dans un
camion qui les attendait en contrebas. "Je ne pouvais pas m'opposer" confie Teo, pourtant plutôt bien bâti, "ils n'auraient pas hésité à m'agresser avec leurs engins… Je leur
ai dit que j'allais porter plainte à la police… Fais-donc, m'ont-ils répondu".
De fait, la police qui connaît les deux larrons, récidivistes, lui a confirmé qu'elle ne
pouvait rien faire, qu'il devait porter l'affaire en justice, que cela lui coûterait cher et ne
servirait à rien, car ils étaient insolvables. Ses arbres protégeaient sa source d'eau, pour
l'alimentation de sa maison.
"Ce n'est pas De Gaulle, mais Robespierre qu'il vous faut !"
Vendredi 20 mai. - Une
étude d'Eurostat, l'organisme
des statistiques de l'UE, fait
l'objet de nombreux commentaires. Trois quarts des jeunes
Roumains veulent partir à l'étranger. "Ils ont bien raison"
abondent mes amis roumains.
Pourtant, il s'agit de leurs
enfants.
Autre sujet d'actualité qui
fait la une: DSK. Les médias
s'en donnent à cœur joie, rivalisant avec la presse "people"
Les circuits de financement les plus rapides du FMI: d'Outre-Manche, heureux de
“Vas dans le lit... et tu me dis s'acharner avec des airs de
de combien de milliards ton pays a besoin”.
revanche patriotards sur le
patron du FMI qui a mis leur pays en redressement. Les Roumains, habitués aux manipulations de la Securitate, se montrent beaucoup plus réservés et cherchent l'erreur.
Certains se montrent choqués de voir le lubrique ex- futur président français traité par
la police comme un terroriste qui aurait fait sauter tout Manhattan. En tous les cas, dans
ma chambre d'hôtel,en tant que Français je suis dans mes petits souliers. Je me tiens à
carreau dès qu'une femme de ménage entre.
Samedi 21 mai. - Visite d'écoles primaires dans le Maramures. Un médecin scolaire responsable de 2300 élèves me confie disposer de 120 € par an pour approvisionner
en médicaments les infirmeries des établissements sous sa responsabilité. J'apprends
également que les paysans pauvres, du moment qu'ils sont propriétaires d'un terrain de
plus d'un hectare, qu'ils ne peuvent d'ailleurs souvent pas exploiter, faute de moyens ou
Les NOUVELLES de ROUMANIE
parce qu'ils sont trop vieux, ne bénéficient pas du RMI. Seule
possibilité: le céder à un privé, mais ces derniers renâclent car
il faut payer des taxes, ou le donner à l'Etat, solution généralement choisie.
Toutes ces injustices me mettent en colère. Les Roumains
me disent souvent qu'il leur faudrait un De Gaulle. Je leur
réponds que ce n'est pas possible, car l'Homme du 18 juin s'est
appuyé sur une élite de dizaines de milliers de femmes et hommes issus de la Résistance, quelque soient leurs opinions, pour
reconstruire la France. Ici, le Roi serait nu! "Non, c'est
Robespierre qu'il vous faut !". Un ami Roumain me reprend au
vol: "Ah, mais on a déjà eu… Vlad Tepes l'Empaleur". Enfin,
une note d'optimisme !
Orange, l'arroseur… arrosé
Dimanche 22 mai. - Pour augmenter le nombre de ses
abonnés dans le Maramures, Orange a lancé une vaste campagne publicitaire annonçant que toute la région, pas très bien
desservie, recevrait désormais son signal cinq sur cinq.
Aussitôt dit, aussitôt fait… un émetteur très puissant a été
installé. Si puissant qu'il a couvert le réseau mobile ukrainien
MTS.UKR frontalier, ses usagers ne le captant plus, leurs
communications locales passant au tarif roaming international,
soit 0,80 € la minute. Les Ukrainiens, agressés, n'ont pas tardé
à réagir, installant un émetteur plus puissant. Aujourd'hui, ce
sont les Roumains de Sighet utilisant Orange qui, à leur grande colère, sont taxés à ce même tarif quand ils téléphonent à
leurs voisins, leurs communications passant par l'Ukraine!
Je passe devant le groupement de la police des frontières
basée à Sighet. Bâtiments et logements ultra-modernes, belles
voitures sur le parking. Une église a été construite à l'intention
de cette corporation , ainsi qu'un musée rapportant leur activité et leur histoire. Ces policiers, qui disposent aussi d'une
imposante troupe folklorique professionnelle qui leur est
financée, sont chargés d'assurer la sécurité des frontières
Schengen. Ils sont payés 2-3 fois le prix d'un chirurgien et 4-5
fois celui d'un professeur, sans parler de tous les bakchichs
reçus pour fermer les yeux. Tout cela avec des fonds européens… Les frontières sont-elles pour autant bien gardées ?
Non, ce sont des passoires, suivant l'avis général.
Les Hongrois ont résolu le même problème à leur manière, efficace et beaucoup moins coûteuse. Leurs frontières sont
surveillées pas des polices privées, composée uniquement d'étrangers, principalement des Allemands.
A Sighet, la mafia-pot de fer
contre le libraire-pot de terre
Lundi 23 mai. - Petrova, toujours dans le Maramures, est
régulièrement victime d'inondations dévastatrices. A peu près
tous les deux ans, une dizaine d'habitations de Tsiganes sont
submergées. Voici 7-8 ans, la mairie a promis d'élever une
digue de protection. En fait, elle s'est contentée de creuser un
peu le lit de la rivière, sans aucun résultat. Le gouvernement a
promis d'envoyer des fonds. Les riverains n'en ont toujours pas
vu la couleur. Ont-ils été envoyés… ou se sont-ils perdus en
cours de route ?
Connaissance et découverte
Je passe devant l'unique véritable librairie du Maramures,
à Sighet, existant depuis 60 ans. Son propriétaire actuel,
40 ans, marié, deux enfants, est loin de rouler sur l'or, comme
on peut l'imaginer, mais a fait presque un sacerdoce de sa fonction. Il loue à la mairie son local pour 200-300 €/mois. Voici
quelques semaines, il a reçu une mise en demeure lui demandant de l'acheter dans les 90 jours pour une somme… de
110 000 € (sur la base d'une évaluation technique totalement
fantaisiste), sous peine d'être immédiatement expulsé. Encore
s'agissait-il d'une "faveur", plutôt une obligation légale, car il
était prioritaire, occupant les lieux.
L'histoire remonte aux lendemains de la "Révolution".
Quelques anciens propriétaires juifs sont revenus sur place
pour récupérer leurs biens confisqués sous le communisme
qu'ils ont revendus aussitôt à la mafia locale, deux politiciens
(PDL et PNL), un escroc, voleur professionnel condamné à l'étranger et un notaire véreux. Le quatuor a fait main basse sur
tout le centre-ville, tient la mairie qui va au-devant de ses
désirs. Pris dans ses filets, le pauvre libraire a bien tenté un
procès… perdu d'avance. Sans illusion, il a fait appel. La sentence devait être rendue fin juin, mais il a déjà préparé sa valise pour émigrer, cherchant du travail à l'étranger.
Œcuménisme intéressé
45
Successeur de Jean-Paul II, l'archevêque de Cracovie est venu bénir
la nouvelle église du village polonais de Poiana Micului, en Bucovine.
Mercredi 25 mai. - Moi, ma performance est d'avoir franchi le col de Prislop (1416 mètres), reliant le Maramures à la
Bucovine sans encombre. Rarement je l'ai vu dans un tel état.
Même un gruyère en serait jaloux. Voilà sans-doute une des
raisons qui explique, avec la crise et la distance, la mauvaise
saison touristique réalisée l'an passé par les pensions installées
dans la région des monastères.
A destination, mon entêtement à poursuivre ma route est
toutefois récompensée, car je suis convié à assister à une fête
dans un village polonais où l'on consacre une église catholique, financée par la Pologne, la cérémonie étant présidée par
l'archevêque de Cracovie. Les costumes des participants sont
magnifiques. Le clergé orthodoxe est absent, non pas par rivalité de confession, mais retenu par la célébration de la Sainte
Elena. La présence d'un pope garantit cependant l'œcuménisme de la cérémonie. Il est vrai qu'il dirige l'entreprise qui a
construit l'édifice religieux !
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
(suite de la page 45)
SUCEVITA
l
ORADEA
CHISINAU
Un ami de vingt ans
l
l
l
l
CAMPULUNG M.
Jeudi 26 mai. - Retrouvailles à Manastirea Humorului avec Léonard, un ami de
plus de vingt ans, connu à la "Révolution"… çà nous laisse encore dix ans de bon !
Avec Elena, sa femme, il veille sur son petit-fils, Alexander, un an, confié pour
quelques mois par ses parents émigrés en Amérique.
BUCAREST
Directeur d'école, Léonard me conte toutes les difficultés qu'il rencontre pour
boucler le budget de son établissement. La mairie lui alloue une subvention annuelle
de 24 000 €, dont près de la moitié est engloutie par le transport scolaire. Entre l'entretien du véhicule, les réparations, le gazole, le chauffeur à payer, ce sont mille euros
Bonnes et mauvaises
qui s'envolent chaque mois, l'état se déchargeant de ses responsabilités sur la commuadresses à Bucarest
ne. Le mini-bus, un Fiat, est cependant bien apprécié. Il permet aux enfants des villaEn flânant dans Bucarest, je retroges les plus éloignés de ne plus se lever à 5-6 heures pour deux heures de marche dans
uve avec grand plaisir la table du
le froid et le noir, l'hiver. Quand il tombe en panne, le concessionnaire le répare dans
"Harbour", Piata Amzei,
les 24 heures.
tout près de l'ambassade de
Arrêt décidé depuis bien longFrance. On y entend
temps sur la tombe de Traian Popovici
d'ailleurs souvent parler
à Colacu, près de Câmpulung
français. Comme d'habitude,
Moldovenesc, pour y déposer quelques
j'y commande un borsh de
fleurs. Je porte une grande affection à
Gâsca dolofana (soupe d'oie
cet ancien maire de Cernauti (à cette
avec une sauce aigrelette
époque, ville roumaine), qui a résisté
de betterave, accompagnée
puis
désobéi
aux
consignes
de crème fraîche et d'un
d'Antonescu, de ses sbires qui ont tenté
ardei iute - poivron fort)
de l'assassiner, méprisant l'hostilité de
accompagné bien sûr d'un
ses compatriotes, sauvant d'Auschwitz
petit verre de palinca Je me
25 000 juifs à la barbe des Allemands,
régale aussi avec la suite:
encourant les risques personnels les
des saucisses de Plescoï,
Traian Popovici repose du sommeil des Justes plus fous, inventant les mensonges et
connues dans tout le pays,
à l’ombre du clocher de l’église de Colacu, en Bucovine. prétextes les plus extravagants, trafiet une purée. Le tout, avec
quant des document pour empêcher jusqu'au dernier moment des familles entières de
une carafe de vin pour 8-10 €.
monter dans les trains de la mort. Qu'il repose dans la paix des Justes que lui a réserDans Lipscani, je passe devant
vée le jeune Etat d'Israël, après bien des années, car, décédé prématurément en 1946,
"Caru cu bere" ("Le charriot à bière")
à l'âge de 54 ans, il n'a pu goûter de son vivant la reconnaissance des hommes.
que je fuis. Quelle tristesse de voir cet
Une jolie route de Bucovine conduit à sa tombe, dans le jardin de l'église de son
endroit prestigieux où, jusqu'à la guervillage. Tout comme Schindler, Traian Popovici sortira bientôt de l'anonymat grâce à
re 39-45, l'élite du pays se retrouvait,
un film hollywoodien tourné non pas par Steven Spielberg, mais par un autre artiste
transformé en foire à touristes, dans
juif, Dustin Hoffman, qui interprètera aussi son rôle.
ARAD
l
l
l
BAIA
MARE
TARGU
MURES
l
l
TIMISOARA
SIBIU
BACAU
l
IASI
l
BRASOV
GALATI
l
l
PITESTI
CRAIOVA
l
46
TULCEA
l
n
CONSTANTA
l
un brouhaha indescriptible ! Enfumé à
en pleurer, en outre... Comment imaginer qu'écrivains, députés, journalistes,
artistes venaient y commenter dans de
discrets chuchotements les aléas de la
vie bucarestoise. A éviter… sauf à y
venir prendre son café matinal.
Au moins, le Cercul militar (Cercle
militaire), dans Calea Victoriei, près
d'Universitate, a gardé toute sa prestance. Avec ses boiseries, ses ors,
l'endroit est si impressionnant qu'il
semble interdit au commun des mortels. Détrompez-vous: on peut s'y
installer et y consommer un simple jus
de fruit. Mais surtout, il ne faut pas se
risquer à s'y restaurer… C'est infect et
c'est une tradition !
Direction Moldavie
Je téléphone à Jean Pollard, cet ami belge de 74 ans, qui file le parfait amour avec
Margareta Kelemen, dans un village hongrois près de Targu Mures, pour lui annoncer
que je ne pourrais pas passer le voir. Le couple s'est marié voici un peu plus d'un an
et Margareta a hérité du patronyme de Pollard-Kelemen. L'administration roumaine a
attribué le même nom à Jean qui, pourtant, n'a rien demandé et doit désormais se dépêtrer de cette situation car ses papiers ne sont plus reconnus. Tout juste si on ne le soupçonne pas d'usurpation d'identité !
Je m'apprête à prendre la route de la Moldavie. Non sans appréhension, bien qu'il
s'agisse de mon quatrième voyage dans l'ex-république soviétique. A Bucarest, un
homme d'affaires français m'a confié que c'est la seule fois qu'on lui a tiré dessus, alors
qu'il circulait en voiture. Un Roumain me raconte qu'il y a eu la peur de sa vie, voici
quelques années, quand, en pleine nuit, quatre motos ont entouré son véhicule, s'apprêtant à le dévaliser. Il en était sorti de justesse. Voilà qui promet quelques émotions!
Henri Gillet
A suivre dans le prochain numéro: "Carnet de route en Moldavie"
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Farniente en Roumanie
Carnet de route
C
ertes, la Roumanie çà se visite… mais on peut y
passer aussi d'agréables moments de détente. Au
hasard de la route, deux bonnes et même très bonnes adresses pour la beauté de leur cadre, le confort et l'élégance de leurs aménagements, la qualité des services offerts, de
leur table également, et leurs prix tout à fait corrects. Des haltes bienvenues, appréciables pour leur calme.
Sucevita (Bucovine), au cœur du pays des monastères.
Hôtel Sofia (quatre étoiles). La classe dans un cadre magnifique. L'établissement, de luxe, est situé dans une forêt. Tout
juste si on n'entend pas les loups hurler la nuit, sinon, ce sont
les oiseaux qui babillent dans la journée. Une salle de restaurant à tomber à la renverse, mais aussi une terrasse ombragée
où l'on peut prendre ses repas sur un pont en bois enjambant
un cours d'eau. Piscine couverte (eau à 30 °), sauna, internet
dans les chambres: le grand jeu pour 40 € la nuit et petit déjeuner en chambre simple et 60 € en double. L'établissement
aurait été financé par la police des frontières… Seul ennui: il
est complet l'été, de mi-juin à mi-septembre, et réservé tous les
week-ends de l'année pour des mariages… donc les chambres
ne sont guère disponibles que du lundi au vendredi matin.
Hôtel Sofia 72 510 Sucevita, 355 A Suceava, tel: (00 40)
(0) 230 417 407, (00 40) (0) 751 476 342, site internet: sofiahotel.ro, mail: [email protected].
Berca (à 16 km de Buzau), dans la vallée de Buzau. Casa
Matei (auberge quatre marguerites). Délicieux endroit, sur la
rive même de la rivière Buzau, au pied des collines de la vallée portant le même nom et qui offre de ravissantes excursions.
Tout le confort dont on peut rêver, plus familial que l'adresse
précédente; piscine extérieure, tennis, terrain de mini-foot; raffinement et hospitalité.
Les chambres disposent d'une terrasse. Cuisine soignée…
des plats alsaciens figurant à la carte: l'influence de cette
région où la propriétaire et son mari, roumains, se sont connus
pendant leurs études. Du coup, l'établissement prend une note
francophone et même francophile. (40 € la chambre pour une
personne avec petit- déjeuner, 55 € pour une chambre double).
Casa Matei, Berca (jud Buzau) : (00 40) (0) 724 265 193
ou (00 40) (0) 238 510 830; site internet: casa-matei.ro, mail:
[email protected].
47
L'hôtel Sofia (quatre étoiles), à Sucevita :
la classe dans un cadre magnifique, au cœur d'une forêt.
La Casa Matei (auberge quatre marguerites) :
un délicieux endroit, sur la rive même de la rivière Buzau.
Sur la route
omplex touristic Europa
Transfagarasan: sur la route
du lac Baela, entre Fagaras et
Avrig, à 10 km de l'intersection. Sympa,
confortable, pas cher du tout (30 € pour
une chambre double, 55 € pour un appartement 5 pers.) Belles excursions aux
environs. Tel: 0745 323 315 - 0742 068
360. www. europatransfagarasan.ro
Sibiu: Hôtel Imparatul Romanilor,
strada Nicolae Balcescu, au cœur de
Sibiu (notre photo). Le grand luxe dans
un établissement de prestige, complètement rénové. On se croirait au Crillon…
pour 52 € la chambre double et petit
déjeuner (42 € pour une personne).
Surtout ne pas se priver pour un séjour
qui laissera des souvenirs dans cette belle
C
ville, capitale européenne de la culture
voici 3 ans. Au fil des siècles, y ont
séjourné le Roi Charles II de Suède, l'empereur d'Autriche Joseph II, Brahms,
Strauss, Liszt… et Danielle Mitterrand.
A compléter en se régalant à la
Crama Sibiul vechi, à deux pas, qui sert
une cuisine d'Ardeal dans une cave voutée joliment aménagée. Prix convenables.
Sighetu-Marmatiei (Maramures):
Hôtel Marmatia, 97 strada Mihai
Eminescu. Hôtel confortable, tranquille
(sauf les jours de noces, le week-end en
général). Belle terrasse où on peut prendre ses repas (cuisine soignée). La
meilleure adresse dans cette ville. 45 €
pour une chambre simple, 55 € pour une
double.
Voronets (Bucovine, près de Gura
Humorului): Casa Elena, Résidencehôtel pleine de charme, avec un magnifique parc arboré et fleuri. Tout y est fait
avec goût. Adresse où descendent les présidents ou premiers ministres roumains
quand ils sont en visite dans la région.
Cuisine soignée. 45 € pour une chambre
simple, 55 € pour une double.
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Carnet de route
l
l
l
l
SUCEAVA
SAPÂNTA
l
l
BAIA MARE
IASI
ORADEA
l
TARGU
MURES
ARAD
TIMISOARA
l
SIBIU
PITESTI
CRAIOVA
l
l
CHISINAU
BACAU
l
l
l
BRASOV
GALATI
BRAILA
l
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Si on veut bien
manger à Bucarest
48
Frontaliers qui rient…
frontaliers qui pleurent
Quelques bonnes adresses, si on
veut bien manger:
-La Rocca, 36 strada Th. Aman,
près de la gare du Nord. Un gradina
de vara (terrasse d'été) très agréable
(mais on peut aussi se replier à l'intérieur, l'hiver). Une ambiance et une
cuisine roumaine de qualité. Pas cher.
-Tasty fish, dans le même secteur,
50 str. Général Berthelot. Excellent
restaurant de poissons, ce qui est rare
en Roumanie, cadre raffiné, service
excellent sans être pesant et prix
convenables. A recommander.
-Saint Gheorghe, 44 str. Franceza,
dans Lipscani (le quartier historique
de Bucarest): restaurant hongrois à la
cuisine soignée, dans un intérieur distingué. Prix convenables. A recommander.
-Terasa Doamnei: 9 Str. Doamnei,
près de Lipscani; dans un cadre pittoresque qui mérite le coup d'œil, une
cuisine roumaine et un spectacle folklorique de qualité. Prix convenables.
-Bistro Ateneu, 3 str. Episcopiei,
près du Hilton Ateneu et de l'Athénée
roumain; pour une pose au cours
d'une promenade dans le centre;
ambiance agréable, rétro. On y rencontre beaucoup de touristes anglosaxons et français.
A
u nord du Maramures, la Tisa fait frontière avec l'Ukraine, et sépare cette
région historique en deux. Les Roumains passent volontiers le pont-frontière de Sighetu Marmatiei pour se baigner dans les lacs salés ukrainiens ou
aller déguster les meilleures bières d'Europe de l'Est : tchèques, slovaques, polonaises,
ukrainiennes, russes ou moldaves. Un quart d'heure d'attente au maximum, seulement
un passeport à présenter pour ces heureux citoyens de l'UE… et le tour est joué.
Il en est tout autrement de l'autre côté. Depuis 2007 et l'entrée de la Roumanie dans
l'UE, les Ukrainiens frontaliers, d'origine roumaine, doivent obtenir un visa pour pouvoir rendre visite à leur famille, distante souvent de moins de trois kilomètres. Au début,
ils allaient faire cette démarche au consulat roumain de Cernauti, le plus proche, soit
500 à 600 km aller-retour, mais les scandales de corruption à répétition qui s'y sont
déroulés les ont amenés à le bouder. Ils se sont donc tournés vers le consulat d'Odessa,
sur la Mer noire… près de 1500 km aller-retour !
Pour s'éviter ce trajet qui prend 2 à 3 jours, les Ukrainiens s'en remettent à des intermédiaires dont le commerce est fleurissant: 500 dollars pour un visa qui en coûte tout
juste une trentaine et n'est valable qu'un an.
Lors de leur adhésion à l'UE, la République Tchèque, la Slovaquie, la Pologne, la
Hongrie ont négocié âprement le sort de leurs populations frontalières, obtenant des
dérogations qui ont humanisé les conditions de circulation. La diplomatie roumaine a
pris le "paquet" d'adhésion tel quel, sans discussion, ne cherchant même pas à améliorer le sort de ses populations. Une preuve de mépris et d'incompétence aux yeux des
observateurs.
Orphelins malgré eux
Voilà qui renvoie 65 ans en arrière, en 1946, quand les Soviétiques, du jour au lendemain et sans crier gare, ont coupé le Maramures en deux, s'en réservant la plus grande partie. Des familles roumaines du nord de la région avaient envoyé leurs enfants étudier dans les collèges de Sighetu-Marmatiei, plus réputés. Environ 500 d'entre eux, de
tous âges, y vivaient dans des internats. Après que l'Armée Rouge ait installée en
quelques heures ses barbelés, ils n'ont jamais pu retrouver leurs familles, grandissant
comme des orphelins. On les voit encore aujourd'hui dans les rues de Sighet; ils ont
entre 70 et 80 ans. Certains avaient tenté de rejoindre clandestinement leurs parents, à
moins que ceux-ci n'essaient de les récupérer en trompant la vigilance des garde-frontières soviétiques. Quand ils étaient pris, ils étaient fusillés sur le champ. Les cas ont été
fréquents, mais les archives les attestant restent toujours inaccessibles.
Seule ville au monde avec trois écartements différents de rails
Sighet porte les stigmates de ces déchirements de l'Histoire jusque dans son réseau
ferroviaire. C'est la seule ville au monde qui, entre 1946 et 1975, a utilisé simultanément trois écartements de voies et autant de trains différents y circulant à plein régime.
Aujourd'hui, le plus ancien (notre photo), aux vieilles normes
européennes (760 mm) ne sert guère plus qu'au transport de bois ou
de charbon, aux trains genre mocanitsa.
Le second a été installé par les Soviétiques en 1946. 60 kilomètres de rails avec un écartement de 1580 mm. Ce mini-réseau servait
au transport des troupes soviétiques, puis ukrainiennes en transit et
de marchandises, car côté URSS, cette infrastructure n'existait pas.
Le trafic a été supprimé voici deux ans, quand les douanes roumaines ont découvert que la locomotive était remplie de cigarettes de
contrebande!
Le troisième correspond au réseau moderne européen (1430
mm) et permet à la région d'être relié au reste de l'UE.
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Carnet de route
Quand les rivières forment des frontières comme au Moyen Âge…
A Pomi, "le pont qui se promène" facilite la vie des riverains
Q
uand on prend le chemin des écoliers au sud de Baia Mare, à Pomi, pour se rendre vers le nord du Maramures, et rejoindre Circalau, juste en face, la route s'arrête brutalement en haut d'une colline. Pas la peine d'insister, le Mures forme
une barrière infranchissable. Il n'y a plus qu'à faire demi-tour, direction la préfecture du judet et longer la rive nord.
Un détour de 50 km! Rageant…
Miraculeusement, un bac à vaches apparaît. Les gens du coin l'appellent le "pod umblator" ("le pont qui se promène") et il n'est guère
connu que des riverains. Il enjambe la rivière, tracté par le courant,
accroché à un câble, dirigé par le "podist" à l'aide d'une immense perche. Survivance d'un autre temps, il rend d'énormes services à la population et fonctionne à la demande, du lever au coucher du soleil. Il ne
chôme pas. 4-5 voitures peuvent y prendre place, un peu moins s'il faut
embarquer des véhicules plus encombrants. La manœuvre donne des
sueurs froides à l'automobiliste, mais le podist la guide d'un œil sûr. La
traversée, épique et réservant bien des émotions, prend un quart d'heure
dans chaque sens et déjà la queue se forme sur la rive en face.
Les tarifs sont affichés : 8 lei (2 €) pour une Dacia et ses passagers.
La traversée, épique et réservant
C'est le seul véhicule identifié sur le panneau, mais le prix est le même bien des émotions, prend un quart d'heure dans chaque sens.
s'il s'agit d'une Mercedes ou d'une Ferrari à la taille raisonnable. Pas la peine de donner plus, le podist vous reverse le trop perçu,
vous signifiant dans son accent rocailleux qu'il n'en a pas besoin.
Autrefois, le Maramures comptait une vingtaine de poduri. Il
n'en reste plus que trois et celui de Pomi est le plus spectaculaire.
Pour autant, les autorités n'ont pas remplacé ceux qui ont disparu par
des vrais ponts, ce qui complique énormément la vie des habitants,
les renvoyant aux temps anciens où les rivières étaient considérées
comme des frontières.
Leur usage n'est pas sans danger. Sur un seul pod, on a compté
plusieurs accidents depuis 1950, voitures qui tombent dans la rivière et sont récupérées plus en aval, passagers ivres qui se noient. Au
total, 12 noyés, dont 3 podists. Mais il ne faut pas le crier trop haut.
Sous prétexte de normes de sécurité européennes, le gouvernement
pourrait supprimer le pod de Pomi, sans bien sûr le remplacer, rendant encore plus difficile la vie des riverains et faisant disparaître à
Le "podist" de Pomi assure la traversée
de la rivière du lever au coucher du soleil. jamais un trésor qui constitue un musée vivant.
Ceausescu et Ben Ali : drames et espoirs
D
ans l'avion m'emmenant à Bucarest, j'ai la chance
d'être assis à côté d'un Tunisien et la conversation
tourne vite à autour de Ben Ali et Ceausescu. Les
similitudes sont nombreuses: des épouses détestées, des clans
qui se partagent le pouvoir, la police politique, une surveillance de tous les instants - les deux millions de portables des
Tunisiens étaient écoutés grâce à un système mis en place et
géré par 600 ingénieurs, comme tous les postes fixes des
Roumains autrefois - la méfiance généralisée vis-à-vis des voisins, des collègues et même au sein des familles. Un peuple
qui ne voit aucun espoir, courbe la tête, désespère de guetter un
salut hypothétique venu de l'extérieur.
Mon voisin s'est exilé en Allemagne, voici près de dix ans.
Il vient à Bucarest pour la première fois afin de négocier des
contrats pour la firme allemande qui l'emploie. Il me parle de
la joie des Tunisiens devant la liberté retrouvée, des partis politiques - 55 aujourd'hui - qui éclosent à l'aurore comme les
roses, des discussions passionnées qui n'en finissent pas, des
radios qui naissent. La même euphorie de libération que dans
la Roumanie de décembre 1989, vécue par des peuples chaleureux et généreux. Et aussi, en dépit des déboires, une profonde francophilie.
Si Ben Ali et sa femme ont échappé d'extrême justesse au
sort des Ceausescu, mon voisin convient qu'un sort similaire à
celui des Roumains attend les Tunisiens: la mise sous tutelle
du nouveau pouvoir par les rescapés de l'ancien régime.
Certes, Tunis n'a guère à craindre une descente de ses mineurs
pour "mettre à la raison" les étudiants et démocrates qui veulent préserver leur Révolution… afin qu'on n'y mette pas de
guillemets.
Les mines de phosphate de la région de Gafsa, pratiquement la seule richesse naturelle du pays - contrairement à la
riche Algérie où la population a cependant un niveau de vie de
moitié inférieur - sont quasiment en faillite, à cause de l'impéritie des précédents gouvernants, comme les combinats mastodontes de la Roumanie.
49
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Sur la route
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
En 1988, Herta Müller publiait son premier roman en français
Livres
L'homme est un grand faisan sur terre
L'homme est un grand faisan sur terre est le premier ouvrage d'Herta Müller publié en France.
Nous sommes en 1988 et Herta Müller ne vit en Allemagne de l'Ouest (à Berlin) que depuis quelques
mois. En 1987, elle a quitté la Roumanie des Ceausescu où ses premiers romans ne pouvaient échapper à la censure. Herta Müller faisait alors partie de la minorité germanophone du Banat, région
multi-ethnique du sud-ouest de la Roumanie et c'est d'elle dont traite ce petit roman.
W
Deux heures de marche pour se rendre à l’école et en revenir quand
le minibus est en panne. Intérieur traditionnel d’une maison dans le Maramures.
50
indish, meunier du
village, a décidé d'émigrer à l'Ouest avec sa
femme et sa fille. Déjà, le mégissier et
le menuisier sont sur le départ. Ils ont
tout vendu et leurs appartements sont entièrement vides. Ils
ont obtenus les passeports. Car bien est là la difficulté de l'opération. Il faut obtenir les passeports. Et les intermédiaires
sont nombreux: le maire, le policier et le prêtre notamment.
Pour le maire, il faut livrer des sacs de farine plus de l'argent. Mais, malgré tout, le résultat se fait attendre. Avec le prêtre, il faut obtenir le certificat de baptême et, pour cela, le prêtre n'accepte que les femmes: "Il a un lit en fer et c'est là qu'il
cherche les certificats de baptême ... Si tout va bien, a raconté le veilleur, il les cherche cinq fois. Mais s'il faut un travail
plus approfondi, c'est dix fois". Quant au policier "Il perd les
demandes de passeport et les timbres fiscaux de certaines
familles et recommence jusqu'à sept fois. Il les cherche avec
les femmes qui veulent émigrer sur un matelas qui est dans
l'entrepôt de la poste".
Les lourds souvenirs de la déportation
des Allemands de Roumanie en URSS
Ci-dessous, consécration
d’une église catholique dans
un village polonais de Bucovine.
Le rythme de la vie
dans un hameau
Charcuterie et fromages dans un village de montagne.
Windish encaisse mal ces exigences et les conversations
familiales sont âpres. Lui a honte, sa femme moins. Lui l'accuse de s'être prostituée en URSS au temps de la déportation
et de la faim. Elle le traite de salaud et veut envoyer leur fille
Amélie chercher les passeports. Avec son angoisse lourde
comme "une pierre dans la poitrine", Windish finit par se dire
que "l'homme est un grand faisan sur terre".
Ce roman se trouve ainsi au cœur de la grande Histoire
où se rencontrent les lourds souvenirs de la déportation des
Allemands de Roumanie en URSS, l'oppression sous la dictature communiste et l'émigration massive de cette même com-
munauté allemande vers le paradis de l'Ouest.
Certains de ces Allemands ont profité de contacts qu'ils
avaient en RFA pour partir. Ainsi, dans le roman de Herta
Müller, le mégissier, un ancien de la Wermacht, a son beaufrère installé à Munich. A son arrivée là-bas, il lui fut attribué
un logement social de trois pièces. En dépit de cela, le mégissier écrit: "il y a une chose très dure. C'est un mal que nous
connaissons depuis la guerre. Le mal du pays".
Les passeports obtenus, le départ s'avère difficile pour
Windish et sa femme. Le monde vers lequel ils vont leur est
finalement inconnu: "Qui sait ce que nous allons devenir..." se
demandent-ils. Mais tous deux se font aussi la promesse de
revenir: Si le Seigneur le veut, l'été prochain nous reviendrons
ici, en visite". Ce que d'ailleurs, Herta Müller fait se réaliser
dans le final du roman où la femme de Windish, mal équipé de
chaussures à talons hauts, ne reconnaît pas son village où
pourtant rien n'a changé.
Si la communauté allemande de Roumanie comptait
environ 750 000 membres dans les années 30, elle diminua
fortement dans les décennies suivantes. La déportation en
URSS fut une des premières grandes raisons de cette hémorragie. Les 90 000 déportés ne revinrent pas tous du Donbass.
Sous Ceausescu, ce sont près de 100 000 départs qui furent
enregistrés vers la RFA qui "rachetait" ces Allemands. Après
la révolution, il y eut un nouvel et massif exode au point qu'en
2000 la population allemande de Roumanie ne comptait plus
que 60 000 membres. Aujourd'hui, avec l'entrée de la
Roumanie dans l'Union Européenne, les villages allemands de
Transylvanie et du Banat commencent à se repeupler de jeunes Allemands.
Bernard Camboulives
L'homme est un grand faisan sur terre (Der mensch ist
ein grosser fasan auf der welt) par Herta Müller, Prix Nobel
de littérature 2009, Rotbuch-Verlag, Berlin 1986, Editions
Maren Sell 1988, traduction de l'allemand par Nicole Bary.
Les juifs roumains ont été la première communauté d'Israël
A
ujourd'hui, à peine 6000
Juifs vivent en Roumanie
contre 750 000 pendant
l'Entre-deux-guerres.
Discriminés, déportés sous le régime
pro-nazi du Général Antonescu, les Juifs
de Roumanie ont été des acteurs majeurs
du sionisme, et 280 000 d'entre eux ont
émigré en Israël de 1948 à 1989.
A travers leur livre Mémoires des
Juifs de Roumanie qui vient de paraître,
Mehdi Chebana et Jonas Mercier invitent
à faire connaissance avec neuf Juifs roumains. Leur ouvrage contient une somme
d'informations. On y apprend que la première colonie de peuplement juif a été
fondée par des habitants d'une commune
de Roumanie en 1881. Les Israéliens originaires de Roumanie constituait jusqu'aux années 1970 la première commu-
nauté dans ce pays, remplacée ensuite par
celle des Russes. Les auteurs mettent
aussi en lumière, la responsabilité de l'État roumain, de nombreux hommes politiques et intellectuels et de secteurs
entiers de la société dans les exactions et
les crimes antisémites.
Mehdi Chebana et Jonas Mercier,
Mémoires des Juifs de Roumanie, Éd.
Non Lieu, juin 2011, 128 pages, 12 €.
51
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Cinéma
l
l
l
l
l
BAIA MARE
IASI
ORADEA
l
TARGU
MURES
ARAD
TIMISOARA
SIBIU
PITESTI
CRAIOVA
l
CHISINAU
l
l
BRASOV
GALATI
BRAILA
l
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Dustin Hoffman :"Je
suis un Juif roumain"
52
Connaissance et découverte
a sauvé plus de 20 000 de ses administrés juifs des camps de la mort de Transnistrie
"Juste parmi les Nations", bientôt sur les écrans
l
BACAU
l
l
Les listes de Traian Popovici,
SUCEAVA
SAPÂNTA
l
Le maire de Cernauti, alors ville roumaine
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Dustin Hoffman incarnera donc à
l'écran Traian Popovici. Jusqu'ici ses
biographes indiquaient qu'il était d'origine russe, mais l'acteur américain
avait mis les choses au point en
déclarant: "Je suis un juif roumain",
précisant aussi avec force sont attachement à ses racine juives.
Ses parents avaient quitté le pays
en 1937, peu avant sa naissance,
seulement trois-quatre ans avant le
début de l'Holocauste et les premiers
pogroms en Roumanie, pour s'installer
en Californie. Sa mère portait un prénom roumain, Liliana, mais son patronyme,
Gold, ne
permet pas
de cerner
exactement
l'endroit où
vivait la
famille, car
on le retrouve aussi
bien, et fréquemment, à Bucarest
qu'en Moldavie. Il en est de même
pour le nom du père de l'acteur,
Harvey Hoffman, très répandu.
En Amérique, Harvey Hoffman travailla comme décorateur-designer et
Liliana Gold comme pianiste de jazz.
Elle transmit à son fils la passion de la
musique qui étudia avec application le
piano avant de se tourner vers le cinéma, obtenant la consécration avec
deux oscars (Kramer contre Kramer
en 1979, Rain man en 1989).
Il n'est donc pas étonnant que
Dustin Hoffman ait accepté le rôle proposé, taillé presque sur mesure, et qui
aura force de témoignage aux yeux de
l'acteur.
Dustin Hoffman interprètera le rôle de Traian Popovici (1892-1946), maire
de Cernauti pendant la seconde Guerre mondiale, dans le film "20 000 saints"
qui sera un des évènements cinématographiques de l'année 2012. L'acteur américain, d'origine juive roumaine, tenait à rendre hommage à cet immense héro,
non juif, dont la détermination et le courage ont permis de sauver 20 000 juifs de
cette ville de Bucovine, alors roumaine et aujourd'hui ukrainienne, promis aux
camps de la mort… mais aussi à ce qui restait d'honneur de la Roumanie de cette
terrible époque. La sortie du film sera précédée de la publication d'un livre retraçant cette épopée mal connue et oubliée.
P
roduit par la compagnie canadienne
Veni Vici Entertainment Inc., le long
métrage entend montrer comment au
péril de sa vie, le maire de Cernauti, l'une des
plus belles et culturelles cités de l'Europe centrale, à une heure de voiture seulement de
Suceava, a réussi à tromper la vigilance des
autorités d'occupation allemandes mais aussi
roumaines de l'époque dans leur dessin d'anéantir la communauté juive.
A lui seul, Traian Popovici* a sauvé treize
fois plus de Juifs qu'Oscar Schindler, dont le
film de Steven Spielberg, "La liste de
Schindler", rapportait la manière extraordinaire dont cet homme d'affaires allemand avait
soustrait ces employés des griffes des nazis et de leurs chambres à gaz.
Avocat de carrière à Bucarest, Traian Popovici avait été "réquisitionné" en 1941
par le maréchal Antonescu pour appliquer sa politique dite de "roumanisation" à
Cernauti, alors capitale de la Bucovine, devenue roumaine en 1918. Par ce terme, le
dictateur entendait l'élimination des Juifs, très nombreux dans la région - Cernauti était
la ville roumaine comptant le plus de Juifs, après Bucarest - en les envoyant dans les
sinistres camps de la mort de Transnistrie qui n'avaient rien à envier à Auschwitz.
Le futur maire, âgé alors de 49 ans, n'avait jamais rencontré Antonescu - et avouera d'ailleurs n'avoir pas compris pourquoi il avait été choisi - sauf peut-être pour sa
connaissance des lieux. Il était né à Udesti, dans une famille de prêtres orthoxes installés en Bucovine et avait fait ses études à Cernauti, se réfugiant à Bucarest quand les
Soviétiques avaient envahi la Bucovine du nord et la Bessarabie, en juillet 1940, après
avoir pactisé avec Hitler.
Au milieu d'un laboratoire
d'une expérimentation idéologique raciale
La prise de contact avec la ville qu'il était chargé d'administrer fut terrible. "Je me
trouvais au milieu d'un laboratoire d'une expérimentation idéologique raciale"
confia-t-il plus tard. Sa première obligation fut d'ouvrir un ghetto. Le gouverneur de
Bucovine, Alexandre Riosanu, l'un des rares à partager son indignation, l'aida à trouver une parade pour gagner du temps: prétexter auprès de Bucarest de la nécessité
d'envoyer une mission en Allemagne et en Pologne pour étudier le savoir-faire des
nazis dans ce domaine.
Malheureusement, le gouverneur décéda subitement, et Traian Popovici se vit
flanquer d'un successeur, Corneliu Calotescu, particulièrement brutal, partageant l'idéologie antijuive ambiante, de surcroît encadré par Mihai Antonescu**, ministre
antisémite, qui effectua de nombreuses visites sur place pour vérifier si ses consignes
étaient bien appliquées.
Le nouveau maire fut obligé d'accepter la mise en œuvre
par le nouveau gouverneur des mesures arrêtées par Bucarest
à l'encontre des Juifs: interdiction d'exercer leur profession,
d'accéder aux écoles publiques, fermeture de leurs lieux de
culte, travail forcé non rémunéré, prix double du pain, circulation dans les rues limitées à 3 heures par jour, interdiction d'accès aux dispensaires et hôpitaux, etc.
Inventant tous les motifs, faisant
des faux pour protéger ses administrés
lui arrachant finalement la vie sauve de 5619 chefs de famille
et 16 569 autres personnes… beaucoup plus que les 200 autorisées initialement.
Finalement, les déportations s'arrêtèrent le 15 novembre faute de Juifs "déportables" - le maire de Cernauti réussissant
encore à tirer des griffes des autorités fascistes roumaines 3120
autre personnes qui purent retourner chez elles, munies d'une
autorisation "Popovici", alors qu'on s'apprêtait à les "charger"
dans des wagons. Malheureusement, Traian Popovici fut
démis de son poste, interdit de toute fonction publique, remplacé par Dimitrie Gales, un antisémite notoire, les déportations reprenant en juin 1942, concernant 4139 personnes. Son
action avait cependant permis de sauver plus de 20 000 de ses
concitoyens juifs, mais 85 % des déportés ne reviendront
jamais de Transnistrie.
Quand il apprit les 10 octobre 1941 que la déportation de
la communauté juive de sa ville était prévue dès cet l'automne,
Traian Popovici se précipita à Bucarest. Faisant le siège du
maréchal Antonescu, il réussit à le convaincre, notamment par
des arguments économiques et afin d'éviter une situation de
chaos à Cernauti, à "retoucher" son plan et à épargner nombre
L'équivalent de 60 000 € pour avoir la vie sauve
de ses administrés. Les premiers trains où les déportés étaient
entassés comme du bétail dans une cinquantaine de wagons,
Le gouverneur Calotescu et son administration ne se monavaient déjà pris la direction des camps de Transnistrie et l'eftrèrent pas toujours intraitables. Selon un rapport de la
froi était à son comble parmi les Juifs restés sur place.
Siguranta, la police politique royale, 496 familles furent autoAvec les dirigeants de leur comrisées à rester dans le ghetto de
munauté, le maire constitua dans
Cernauti - leurs maisons avaient
l'urgence des listes de personnes
été souvent saccagées lors de
indispensables à la bonne marche de
manifestations antisémites ou
la cité. Arpentant le ghetto, il rajouoccupées après qu'ils en aient été
tait sans arrêt des médecins, des rabexpulsés - moyennant espèces sonbins, des enseignants, des tranantes et trébuchantes. Le prix
vailleurs, des commerçants, des artid'une autorisation pour avoir la vie
sans, des vieux, des femmes, des
sauve se négociait autour de
enfants qui, lors de ses visites s'age200 000 lei de l'époque, payables
nouillaient devant lui, s'agrippaient
en dollars, diamant ou or, le salaià ses vêtements, remerciaient le
re mensuel d'un fonctionnaire était
"maréchal" pour sa clémence. "Ils
alors de 4000 lei. Une somme qui
pleuraient et je pleurais avec eux"
représenterait aujourd'hui en
Des colonnes de Juifs en marche vers
confia plus tard leur sauveur.
les camps de Transnistrie et pour beaucoup, vers la mort. France 60 000 euros.
Traian Popovici inventait tous
Traian Popovici est mort en
les motifs pour allonger ses listes, retarder les départs, alors
1946, à l'âge de 54 ans dans le village de Bucovine de Colacu,
que nombre de convois s'accélérait, faisant fulminer le gouvercommune de Fundu Moldovei, près de Câmpulung
neur et ses sbires qui le menaçaient de représailles, téléphonant
Moldovenesc, où il est enterré. Un monument y a été élevé à
sans cesse à Bucarest. Il annotait à la main ses listes, inventant
sa mémoire. Israël lui a donné le titre de "Juste parmi les
de faux degrés de parentés, des motifs inexistants pour justifier
Nations", honneur réservé aux non-Juifs qui ont sauvé des
ses interventions, utilisant des tampons trafiqués…
Juifs au péril de leur vie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les "autorisations Popovici" synonymes de salut
A l'automne 1941, Cernauti comptait encore 50 000 Juifs
qui constituaient la majorité de la population. La communauté
avait terriblement souffert quelques mois plus tôt avec l'invasion soviétique. Le NKVD, ancêtre du KGB, avait débarqué
dans la ville et déjà procédé à la déportation vers la Sibérie de
10 000 d'entre eux dans des wagons de marchandises fermés.
Chaque jour d'octobre, Traian Popovici se rendait chez le
gouverneur Calotescu, lui présentant ses listes -179 au total-
*Lire le terrible témoignage de Cartea neagra - Le Livre
noir de la destruction des Juifs de Roumanie 1940-1944, par
Matatias Carp, édition Denoël, février 2009, 703 pages, 27
euros.
**Mihai Antonescu, ministre du maréchal Ion Antonescu,
n'avait aucun lien de parenté avec celui-ci. Les deux hommes
seront jugés et fusillés le 1er juin 1946, à la prison de Jilava,
le roi Michel leur refusant sa grâce sous la pression des communistes. On peut voir la vidéo de leur exécution sur Internet,
en tapant leur nom.
53
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Mémoire
l
BAIA
MARE
devenir impératrice africaine
Jean Bedel Bokassa (1921-1996), l'ubuesque et féroce dictateur de la
République Centrafricaine a eu 18 femmes officielles et 39 enfants reconnus.
Parmi ces épouses, sa préférée, une Roumaine, Gabriela Drimba. Cadeau de
Ceausescu et patronnée par la Securitate, elle faillit êtres sacrée impératrice aux
côtés de celui qui se proclama l'Empereur Bokassa 1er et qui venait de se faire
musulman pour plaire à son voisin, Kadhafi, afin de bénéficier de ses pétro-dollars. La cérémonie, une véritable pantalonnade organisée avec la bénédiction de
la France, eut lieu le 4 décembre 1977, le nouveau souverain revêtant le même
costume que le maréchal Ney lors du sacre de Napoléon Ier. Voici l'histoire étonnante de celle que les médias ont appelé la "danseuse aux microphones" ou la
"Mata Hari" roumaine.
Catherine avait 15 ans, lorsqu'elle avait rencontré JeanBedel. Très vite, elle avait quitté parents et école pour vivre
avec lui, son amant, son mentor, son pygmalion. L'homme de
sa vie, avait fait d'elle sa princesse. Elle lui devait tout, son
standing, son rang de première dame et sa fortune.
Certes leur “couple” n'allait pas bien, mais Catherine faisait tout son possible pour réanimer la flamme, craignant d'être reléguée à une position subalterne par une jeunette qui avait
huit ans de moins qu'elle. Autant dire que l'engouement de son
mari pour la Roumaine était une catastrophe et allait déclencher une lutte féroce.
Les deux rivales étaient également ambitieuses. Gabriela
exigea d'abord un mariage grandiose qui la placerait sur un
pied d'égalité avec Catherine… Bokassa improvisa une réception en catimini, avec banquet et orchestre, qui joua de nuit,
sous la pluie: il voulait éviter les foudres de Catherine.
l
TARGU
MURES
ARAD
l
IASI
ORADEA
l
l
l
CHISINAU
BACAU
l
l
VISCRI
l
l
TIMISOARA
BRASOV
TÂRGOVISTE
PITESTI
CRAIOVA
l
l
GALATI
BRAILA
l
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Aujourd'hui, à 57 ans,
retirée à Bucarest
riche mais seule
54
Connaissance et découverte
préférée des 18 femmes de Bokassa 1er
La Roumaine qui faillit
SUCEAVA
l
Gabriela Drimba était la
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Pendant un tiers de siècle, depuis
fin 1977 et son retour discret en
Roumanie, Gabriela Dramba a vécu
dans le mystère le plus absolu. Des
journalistes roumains on réussi à
retrouver sa trace, fin 2010, en prétextant qu'ils étaient à la recherche d'un
logement à louer.
Aujourd'hui, à 57 ans (photo), elle
est devenue une femme avisée vivant
à Bucarest, seule mais largement
grâce à ses placements dans l'immobilier, possédant plusieurs villas dans
le quartier périphérique le plus
recherché de la
capitale, Pipera, et
des appartements
dans le centre-ville
qu'elle loue pour
plusieurs milliers
d'euros par mois.
Gabriela
Dramba a accepté
de révéler une
partie de son
passé à condition
que les journalistes fassent justice
de tous les "cancans" courant sur
son compte et
abondamment
repris dans la presse. Ainsi a-t-elle nié
être passée par Paris à son retour,
affirmant avoir regagné directement
Bucarest où elle aurait entrepris des
études de médecine. Elle reconnaît
que Bokassa l'avait richement dotée à
son départ de Bangui, mais que, malgré tout, elle a vécu un drame qui a
brisé sa jeunesse et a rendu sa vie
très difficile par la suite.
R
endant visite en 1975 à son ami
Nicolas Ceausescu, Bokassa avait
remarqué la beauté ravageuse
d'une danseuse effilée, aux longs cheveux
blonds et aux yeux bleus, lors d'un spectacle
donné à Bucarest. Tout pour faire rêver un
Africain. Il était immédiatement entré en pourparlers avec le Conducator pour s'emparer de
cette nouvelle proie.
Le "soudard", comme l'appelait De Gaulle
ne se doutait pas qu'il était tombé dans un
piège tendu par la DIE, la branche extérieure
de la Securitate, à l'injonction des
Ceausescu qui étaient fascinés par les diamants et voulaient mettre, sinon la main,
du moins un pied dans les mines de
Centrafrique qui en regorgeaient.
Gabriela Drimba n'était nullement une aguicheuse de night club, mais une traductrice de français et anglais, prise en main par les services secrets roumains.
Pour ses beaux yeux, Bokassa accorda des concessions minières à la Roumanie,
ne prélevant que 10 % des bénéfices, versés sur un compte suisse. Quelques
semaines après la visite de Bokassa, la belle Gabriela prenait le chemin de Bangui
avec un groupe de danseurs folkloriques, prétexte à animer une de ses fêtes, avec
la fonction de "dame de compagnie" et traductrice. Le "paquet cadeau" de
Ceausescu comprenait deux autres jeunes et attrayantes roumaines, Mariana et
Claudia, cette dernière étant emmenée directement depuis l'aéroport dans le lit du
dictateur, alors qu'il prenait davantage de gants avec celle dont il languissait.
Bokassa se comporta avec Gabriela comme un amoureux transi, délaissant les
affaires pour lui faire visiter pendant quinze jours son pays. Mais de retour à
Bucarest avec la troupe de danseurs, sa vie changea du tout au tout. Le piège s'était refermé. Le dictateur africain envoyait fax sur fax à son "confrère" roumain
pour réclamer le retour de la belle Roumaine, lui demandant même sa main!
Douzième épouse mais première dans le cœur
Bien que déjà fiancée, Gabriela fut obligée de céder aux pressions de la DIE et de
Ceausescu en personne, reprenant quelques semaines plus tard le chemin de Bangui,
sans savoir qu'elle faisait partie d'un marché, ni pouvoir faire ses adieux à son fiancé
et à sa famille. Le mariage eut lieu en avril 1975, Gabriela devenant sa 12ème épouse,
tout en occupant la première dans son cœur. Mais la Roumaine fut vite confrontée à la
jalousie de celle qui entendait conserver le rôle de première du harem et les privilèges
conférés par son antériorité.
La couronne impériale
lui échappe par référendum
La belle Gabriela (au premier plan), lorsque Bokassa l'avait rencontrée.
ses ministres, Bokassa préféra délaisser à contrecœur l'amour
et opter pour un choix purement politique. Pourtant, il ne désirait qu'elle à ses côtés pour le sacre de sa vie. Catherine était
soulagée, elle savourait sa victoire…et l'héritier serait un de
ses enfants.
Rivaliser avec la
"Grande Catherine"
Désormais, l'obsession unique
Bokassa la combla toutefois en
de Gabriela sera de rivaliser avec la
lui offrant un train de vie luxueux, lui
"Grande Catherine". La vie conjucédant tout d'abord la splendide villa
gale de l'empereur avec la belle
Kolongo. Ensemble, ils eurent même
danseuse n'avait de fait rien de
une fille, Anne. Outre sa beauté,
reposant, et l'exotisme tournera vite
Gabriela était pétillante, un brin volà l'aigre. Lors de disputes, elle n'hécanique, et leur enfant, surnommé
sitera pas à lui jeter la précieuse
La cérémonie de couronnement de Bokassa 1er vaisselle qu'il lui avait offerte à la
Titina, sembla être un rayon de
et la rivale de Gabriela, "la belle Catherine".
soleil pour le dictateur. Cette noufigure.
velle vie tourna bientôt la tête à la jeune femme, bien qu'elle
Comme Catherine, Gabriela devra elle aussi subir les
avoua plus tard ne jamais avoir aimé ce mari imposé, tout en
assauts de jalousie de Bokassa. Plaçant des indicateurs auprès
ajoutant qu'il ne l'avait pas brutalisée.
d'elle, il apprit à l'automne 1977 qu'elle aurait eu trois amants.
"Il lui arrivait d'exiger que l'on rouvre un supermarché en
Identifiés, ils seront arrêtés le 28 septembre et exécutés. Le
pleine soirée pour acheter un paquet de petits-beurre", se souchoix des modalités a de quoi surprendre: ils seront battus à
vient Reine, la fille aînée de Catherine et Jean-Bedel. Celle-ci
mort à coups de chaîne.
décrit encore les tensions régnant entre les deux épouses: "De
Lors de son second procès de 1987, pour lequel il sera
temps à autre, il nous emmenait chez elle en cachette de ma
jugé par le nouveau régime pour ses excès de brutalité, les
mère, qui ne supportait pas que nous allions chez d'autres femanciens gardes de Bokassa témoigneront que la fureur de leur
mes. Gabriela ouvrait sa penderie pleine de bijoux et demanchef avait été déclenchée par la découverte de photos obscènes
dait si Catherine avait les mêmes".
de sa femme. Gabriela fut dès lors confinée dans son luxueux
L'affaire était de plus en plus sérieuse pour Catherine.
palais, prisonnière de Jean-Bedel.
Jean-Bedel qui avait maintenant en tête de se faire proclamer
Entre Catherine et Gabriela, ce sera désormais la guerre
empereur voulait officialiser sa liaison avec Gabriela devant
ouverte. Pour se prémunir contre les scènes de jalousie,
son peuple, en la faisant couronner impératrice. Mais les choBokassa avait prévu jusqu'au moindre détail. Il avait organisé
ses ne se passèrent pas comme prévu. Par référendum, les
son palais de Berengo en plusieurs résidences: la principale,
Centrafricains avaient choisi Catherine, laquelle ne se monqu'il occupait, jouxtait celle de Catherine, à une distance suftrait pas très chaude pour cette idée, estimant que Jean-Bedel
fisante néanmoins pour pouvoir se rendre à une troisième résipoussait un peu loin le bouchon. Une impératrice à la peau
dence, où était logée Gabriela. Il put donc la rejoindre sans
noire leur paraissait bien plus apte à les représenter qu'une
susciter le soupçon de Catherine.
jolie Roumaine, à la plastique certes irréprochable. Dans cette
Mais celle-ci n'avait-t-elle donc jamais eu la curiosité d'allutte du pouvoir entre les deux femmes, Catherine sut s'impoler jauger sa rivale ? "Aucun chauffeur n'aurait accepté de l'aser grâce au soutien des conseillers de Bokassa.
mener à sa résidence! Il aurait terminé aux crocodiles", confia
Face à une Gabriela aussi déterminée qu'elle, Catherine
plus tard, horrifié, Orner Malenguebou, ancien chauffeur pers'est battue bec et ongles pour l'emporter. Sous l'influence de
sonnel de Catherine.
(Lire la suite page 56)
55
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Tourisme
SUCEAVA
l
l
l
BAIA
MARE
IASI
TARGU
MURES
l
BACAU
l
ARAD
Un nouveau média francophone a été lancé à Bucarest, l'été dernier: Bucarest
francophone, distribué à 25 000 exemplaires partout dans la capitale. Il propose
diverses informations très utiles sur la ville. Parmi eux, un article à la fois documenté et judicieux, sur la meilleure manière de se déplacer à Bucarest.
l
ORADEA
l
BRASOV
l
l
TIMISOARA
TÂRGOVISTE
PITESTI
GALATI
BRAILA
l
l
l
TULCEA
L
a plupart des voyageurs arrivent à Bucarest par l'avion, à l'un des deux aéroports internationaux: Otopeni-Henri Coanda ou Baneasa-Aurel Vlaicu
(deux pionniers de l'aviation roumaine, ayant eu de très forts liens avec la
France). La grande majorité des passagers utilisent Otopeni, même si des compagnies
(suite de la page 55)
aériennes lowcost profitent des redevances d'atterrissage moins chères à Baneasa.
A l'abri derrière
Otopeni est a 17 kilomètres au nord de Bucarest, l'aéroport fut construit au début
le Rideau de fer
des années 1970 quand il y avait peu de trafic sur la route DN1. Prés de quarante ans
Gardée jour et nuit, ne pouvant sorplus tard cette route est la plus empruntée de la Roumanie et le trajet, surtout en voitir de sa résidence, Gabriela ne pouture, vers le centre-ville peut être un véritable cauchemar, notamment aux heures de
vait plus supporter cette vie. Elle
pointe (3 heures pour gagner le centre de Bucarest). Une fois sortie avec vos bagages.
menaca de se suicider. Finalement,
Dans le hall de l'aéroport vous rencontrerez des chauffeurs de taxi qui vous offriront
Bokassa la laissera repartir et acceptedes balades en centre-ville. Ignorez-les à tout prix. Ce sont en grande partie des chaufra de divorcer. Elle n'oubliera pas
feurs privés et la course vous coûtera quatre fois son prix minimum. A l'extérieur de
d'emporter tous ses bijoux et diamants.
l'aérogare vous trouverez une station de taxis avec des compagnies agrées par l'aéroElle sera restée à peu près trois ans
port. Ces taxis appartiennent à de nombreuses sociétés et à des privés. Regardez bine
auprès de Bokassa.
le prix affiché au km, car il peut varier du simple au double. Une autre attention à
Le général Pacepa, responsable
avoir: que le compteur soit bien à zéro et que le chauffeur le mette en marche dès votre
des services secrets de Ceausescu,
montée.
affirma dans Horizons rouges que la
Vous pouvez aussi aller en ville en prenant l'un de deux autobus (solution a privibelle prit la direction de Paris, envisalégier si on n'a pas trop de bagages et bien prendre un place assise, vue la durée du trageant, à 23 ans, d'y mener une vie
jet) - le 783 qui fait le trajet vers le centre-ville avec des arrêts à Piata Victoriei, Piata
aisée, tranquille, dans l'anonymat.
Romana et Piata Universitatii, ou le 780 qui vous amène à la gare ferroviaire principaToutefois, lorsque la nouvelle de sa
le, la Gare du Nord. A votre descente vous pouvez prendre un taxi pour vous rendre à
fuite commença à être connue,
votre point de chute, ce sera beaucoup moins cher.
Ceausescu, qui
Ces bus circulent toutes les trente minutes et se trouvent en bas
craignait que des
du hall d'arrivées et devant le terminal des vols intérieurs. En ce
journalistes franmoment le billet coûte 6 lei (1,3 € valable pour deux voyages) il
çais ne se mettent
devra être acheté avant de monter à bord, la cabine d'achat des
à sa recherche, fit
billets se trouve sur votre droite dès la sortie du bâtiment de l'aérorépandre par la
port. Un petit conseil futé: sauf si vous en avez urgemment besoin,
DIE la rumeur que
ne pas changer d'argent à l'aéroport, ou très peu. Le taux de chanBokassa l'avait
ge est très bas et vous pouvez faire beaucoup mieux en ville.
renvoyée directeBaneasa. Si vous arrivez à l'aéroport de Baneasa, les mêmes
ment à Bucarest.
conseils s'appliquent. Le seul avantage, il est plus proche du centL'opération de
re-ville, ce n'est pas le cas dans le reste de l'Europe, pour un aéroC’est Ceausescu qui mettra Gabriela dans port accueillant des compagnies aériennes lowcost. Le désavantage
désinformation
les bras de Bokassa, pour son uranium.
réussit pleinement
est que l'aéroport est petit et souvent bondé. Il existe un plus grand
puisque Le Canard Enchaîné ainsi
choix de transport. Deux autobus, les 131 et 135, s'arrêtent à l'extérieur de l'aéroport,
que le livre de Pierre Péan Bokassa
terminant à Piata Romana, ainsi que le 780 terminus Gare du Nord. Pour acheter un
1er confirmèrent vite son retour de
billet il y à un guichet à coté de l'arrêt du bus.
l'autre côté du rideau de fer, mettant
Gare du Nord. Vous arriverez à la Gare du Nord si vous venez en train. D'autres
définitivement Gabriela à l'abri des
gares existent en ville mais elles ont peu d'intérêt pour les visiteurs étrangers. La Gare
curieux et, surtout, préservant le secret
du Nord s'est beaucoup améliorée depuis des années mais il y a toujours des précaude son appartenance à la DIE.
tions à prendre.
Sources:
Vous trouverez un supermarché, un choix de fast-foods et les toilettes payantes
- Diane Ducret, Femmes de dictateur
(comme elles sont). Il existe aussi une consigne à bagages mais il faut bien vérifier les
- Jean-Barthélémy Bokassa (fils aîné
horaires d'ouverture avant de déposer vos précieux bagages. Pour vous rendre en ville,
de Martine Bokassa), Les diamants
il est conseillé de prendre un taxi à l'extérieur, en faisant bien attention au choix de la
de la trahison
compagnie et au prix indiqués. (Voir liste).
- Général Ion Pacepa, Horizons
Métro. Le métro une autre possibilité. On a le choix de deux lignes - ou vers Piata
Rouges
Victoriei ou vers Piata Unirii.
CRAIOVA
l
56
l
l
Aéroports, gares, taxis,
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
métro, bus, tramway : se débrouiller dans Bucarest
Ouvert en 1979, il est indubitablement l'une des grandes
réussites le l'ancien régime, il est propre, fiable, sûr et bon
marché. Le billet ordinaire (actuellement 2.5 lei, 0,5 €) est
valable pour deux voyages, il existe aussi des billets d'une
journée, de 10 voyages et un abonnement mensuel. Les rames
circulent entre 05 h 30 et 23 h 30 et fonctionnent avec une fréquence comprise entre 3-12 minutes.
Tramway, Autobus et Trolleys. Le réseau de transport
public est vaste et le service est régulier, fiable et pas cher.
Dans le cas des bus et des trolleys, aux heures de pointe les
services peuvent être un peu casse-tête en raison du nombre de
voyageurs qui les empruntent. Le billet (actuellement 1,3 lei
pour un simple voyage) doit être acheté avant de monter à bord
dans les kiosques RATB situés un peu partout dans Bucarest,
Ils doivent être compostés à l'intérieur des véhicules. Des cartes prépayées électroniques existent, à la semaine, au mois,
elles se chargent avec autant de crédit souhaité et sont très pra-
tiques. Si vous êtes contrôlés sans billet vous devrez payer une
amende de 50 lei (12 €). Important, les pickpockets sont présents partout dans tous les transports publics de Bucarest.
Taxis. Il y a deux sortes de taxis à Bucarest: ceux sous la
gestion des compagnies connues et honnêtes et les indépendants. Éviter à tout prix ces derniers prenant pour cible les touristes. Pour faire la différence regardez bien le nom de la société qui sera affiché ainsi que leur numéro de téléphone. Faire
attention aussi aux tarifs indiqués. Un seul tarif (pas de nuit ou
de week-end), le prix par kilomètre doit être entre 1,30 - 2,50
lei (0,3 à 0,6 €).
Le taxi est pratique (surtout si on ne connaît pas trop les
lieux et que l'on veut éviter les bus surchargés au moment des
heures de pointe, mais alors ils sont très recherchés) et peu
chers, une course revenant entre 3 et 5 €. Si vous sortez d'un
hôtel, d'un restaurant ou d'un bar c'est toujours mieux de
demander à la direction de vous appeler un taxi.
Les principales compagnies :
Cristaxi
021 9461
Cobalcescu 021 9451
Meridian 021 9444
Speed Taxi 021 9477
Confort
021 9455
GrantTaxi
021 9433
Prof
021 9422
Taxi 2000
021 9494
FlyTaxi (cher) 021 9440
Sibiu séduit pour sa réputation culturelle
plus que pour la qualité de ses services
L
oin des clips promotionnels et
des programmes nationaux
développés par le ministère du
Tourisme pour promouvoir la Roumanie
et la fameuse "brand de tara" (logo du
pays), la ville de Sibiu a sa propre stratégie pour attirer les touristes. Elle vient de
réaliser la première étude approfondie sur
le sujet, qui éclaire enfin un peu le profil
et les comportements des touristes en
Roumanie
Qui visite Sibiu et comment faire
grossir le nombre de touristes qui foulent
chaque année la Piata Mare de l'ex-capitale européenne de la culture? Pour le
savoir, près de 5000 touristes ont été
interrogés sur une période de dix ans, sur
le modèle d'études similaires réalisées à
Londres, Barcelone ou
Luxembourg. L'objectif:
mieux connaître le profil
des visiteurs et affiner
l'offre proposée.
Que révèle ce document, baptisé Dix ans de
développement culturel
à Sibiu: capitale européenne de la culture et
ses suites, et coordonné
par le professeur universitaire Ilie Rotariu?
Que Sibiu attire les touristes éduqués, et de plus en plus: en 2010, 85%
des touristes interrogés avaient suivi des
études supérieures, contre 43% en 2001.
Ces touristes ont aussi des revenus
confortables, en général, et font partie des
classes moyennes à supérieures de la
population.
Tourisme d’affaire en baisse
mais chaque visiteur
dépense en moyenne 450 €
Si 28% des visiteurs viennent rendre
visite à leur famille ou à des amis, l'attrait
culturel de Sibiu explique la visite de
16% des touristes. Preuve que l'expérien-
ce de capitale européenne de la culture a
eu un impact réel, la proportion de visiteurs qui s'arrêtent au Musée Astra et au
Musée Bruckenthal a considérablement
augmenté.
Le tourisme d'affaires, lui, semble en
perte de vitesse, passant de 23% il y a
deux ans, à 11% l'an dernier. Au fil des
ans, les dépenses effectuées par les touristes lors de leur séjour ont également
augmenté, passant de 200 euros en
moyenne en 2001 à 450 euros en 2010.
Mais la crise a fait baisser les dépenses
moyennes depuis 2009.
Et c'est sans doute sur ce point que
s'attarderont les professionnels du secteur
touristique, Sibiu séduit plus pour ce
qu'elle est que pour la qualité des services
proposés. Chaque touriste interrogé
devait en effet donner une note sur la destination en elle-même et une sur les
infrastructures touristiques, la première
l'emportant systématiquement sur la
seconde dans les réponses. Reste que le
bilan est très positif: entre 2001 et 2010,
la moyenne de ces deux notes a sensiblement augmenté, passant de 7, 5 en 2001 à
plus de 9 en 2008.
Marion Guyonvarch
(www.lepetitjournal.com/Bucarest)
57
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Blagues à la roumaine
Humour
Boulette
Un patron discute avec Bula qui
cherche de l'embauche :
-Il y a deux choses qui comptent pour
moi. Premièrement, la propreté. A ce propos… est-ce que tu t'es essuyé les pieds
sur le tapis avant d'entrer ?
-Bien sûr, Patron !
-Deuxièmement, j'exige de mes
employés la sincérité la plus totale… Il
n'y a pas de tapis à l'entrée !
Demande justifiée
58
-Pardon Patron, est-ce que je peux
vous parler deux minutes ?
-Assieds-toi !
-Voilà. Je travaille ici depuis dix ans,
je ne vous ai jamais rien demandé. Je ne
vais pas tourner autour du pot… Je voudrais une augmentation.
-Mais tu sais que c'est la crise ?!
-Oui, mais vous me connaissez… Je
suis sérieux, ponctuel, je prends des
initiatives, je ne rechigne pas à rester travailler bien après la fermeture du bureau.
J'ai toujours été loyal avec vous.
D'ailleurs j'ai voulu vous parler en premier car il y a d'autres sociétés qui me
cherchent…
-Bon, bon, je reconnais. 10 % en plus
et cinq jours de congés supplémentaires
par an…çà te va ?
-Très bien ! Merci Patron !
-Dis-moi… Je suis un peu curieux…
qui c'est les autres qui te cherchaient ?
-Euh… le service contentieux de ma
banque, le service des impayés de l'eau,
de l'électricité, du gaz, du chauffage, et
aussi des loyers…
Urgences roumaines
Bula se coupe en réparant une vitre
cassée. Le sang gicle. Il se fait un pansement de fortune et file vite au dispensaire. Il tombe sur deux portes, "Malades" et
"Accidentés", et prend donc la seconde.
Là, encore deux portes, "Avec saignements" et "Sans saignements".
Discipliné, il pousse la première pour
trouver deux autres portes, "Urgence
vitale", "Non urgent", et choisit donc la
seconde… pour se retrouver dans la rue.
De retour chez lui, on lui demande
s'il a pu se faire soigner: “Non, je n'ai vu
personne…Mais alors quelle organisation! Chapeau!".
Manque d'à propos
Le téléphone sonne en pleine nuit,
dérangeant Ion et Maria en plein sommeil. Ion, mal réveillé, grogne :
-Si c'est pour moi, tu dis que je ne
suis pas là.
Maria répond :
-Oui, il est là !
Ion furieux :
-Mais qu'est-ce que je t'ai dit bon
sang !
Maria :
-La ferme ! C'était pour moi…
Cigognes
Rentrée des classes. L'institutrice
interroge ses élèves, chacun raconte ce
qu’il a fait tout au long de l’été.
-Et toi Bula, quoi de neuf pendant ses
vacances ?
-J'ai eu un petit frère.
-Bravo Bula... C'est la cigogne qui te
l'as amené. Et maintenant, ta maman va
bien... qu'est-ce qu'elle fait ?
-Oh ! Elle est sans arrêt au lit avec la
cigogne.
Travailler plus
pour gagner plus
Saint Pierre accueille un chauffeur de
taxi bucarestois aux portes du Paradis:
-Bienvenue mon fils... Qu'est-ce-que
tu faisais sur terre ?
-J'ai conduit un taxi pendant 15 ans.
-Oh, Bravo ! Tiens, prends cette chasuble matelassée et ce sceptre en or! Tu
peux entrer!
Un autre "client" se présente:
-Je m'appelle Ion, j'ai été pope pendant 40 ans.
-Bien... enfile cette bure en lin et
prends ce bâton de bois... Tu peux entrer
aussi.
-Quoi, s'indigne le pope... On me
traite moins bien qu'un mécréant qui a
écrasé je ne sais combien de passants
dans les rues !
-Vois-tu , fiston, on a été bien obligé
de se mettre à l'heure de "travailler plus
pour gagner plus" et de récompenser les
plus méritants. Maintenant, ici tout est
une affaire de performance.
Toi, pendant tes sermons, tout le
monde dort. Lui, dans son taxi, tous ses
passagers prient... et, en plus, ils nous
envoie des clients !
Secret de famille
Dans le village de Cocarlatesti, une
poule a pondu un oeuf d'un demi-kilo. La
télévision vient interviewer le fermier,
puis demande à la poule :
-Bonjour, comment avez-vous réussi
cette performance ?
-Secret de famille !
-D'accord, mais dites-nous quels sont
vos projets ?
La poule, aux anges :
-Faire un oeuf d'un kilo !
Le reporter va voir le coq, à l'origine
de l'exploit:
-Bonjour, comment avez-vous réussi
cette performance ?
-Secret de famille !
-D'accord, mais dites-nous quels sont
vos projets ?
Le coq, furieux :
-Aller casser la "gu..." à cette "enfoirée" d'autruche qui s'est permis de rentrer
dans ma basse-cour !
Traitement de choc
Terminant ses études de médecine,
Ion est envoyé dans un village d'Olténie
pour remplacer pendant une semaine le
médecin en place. Celui-ci lui prodigue
plein de conseils et, à son retour, lui
demande comment çà s'est passé:
-Eh bien, le premier jour, une grandmère est venue qui avait mal à la tête; je
lui ai donné des cachets. Le mercredi,
c'est un gamin qui s'était déchiré le genou
en jouant; j'ai lavé la plaie, désinfecté et
fait un pansement.
Puis le vendredi soir, alors que j'allais fermer le cabinet, Maria est entrée.
Elle s'est déshabillée, allongée sur la
table d'auscultation et m'a dit: "Docteur,
je n'ai pas vu d'homme depuis trois
mois"...
-Mais alors, qu'est-ce que t-as fait ?
-Je lui ai mis des gouttes dans les
yeux.
Infos pratiques
Les NOUVELLES de ROUMANIE
ABONNEMENT
CHANGE*
(en nouveaux lei, RON**)
Euro
Franc suisse
Dollar
Forint hongrois
= 4,23 RON
(1 RON = 0,24 €)
= 3,51 RON
= 2,97 RON
= 0,02 RON
(1 € = 267 forints)
*Au 19 juin 2011 ** 1 RON = 10 000 anciens lei
Les NOUVELLES
de ROUMANIE
Numéro 66, juillet-août 2011
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
Siège social, rédaction :
8 Chemin de la Sécherie
44 300 Nantes, France
Tel. : 02 40 49 79 94
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Laurent Courderc, Mirel Bran,
Marion Guyonvarch, Jonas Mercier,
Ionela Gavriliu, Adriana Dutulescu,
Jean-Arnault Dérens, Diane Ducret,
Laurent Geslin, Christophe Noisette,
Ramona Duminicioiu, Gazdaru,
Ruxandra Stanescu, Nadejda,
Christine Legrand, Chaunu,
Bernard Camboulives, G. Petrovici,
Miruna Mitranescu, I. Wessenlingh.
Autres sources: agences de presse et
presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, télévisions
roumaines, Roumanie.com, Le
Courrier des Balkans, sites internet.
Impression: Helio Graphic
2 rue Gutenberg
44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex
Numéro de Commission paritaire:
1112 G 80172; ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro: sept. 2011
Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,
pour un an / 6 numéros, port compris
Entreprises, administrations : 100 € TTC / an
Associations et particuliers : 80 € TTC / an
Multi-abonnement
Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 %
sur le prix de l'abonnement.
Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous
bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 €
à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €).
Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est
de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €).
Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à
50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €).
Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas
abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération).
Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les
coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés.
Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 €
Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou
plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée
directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui
de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement
normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €).
Nom:…………………………………………………………………………
Adresse:……………………………………………………………………..
Code postal:.......................Ville……………………....................................
Pays:.................................Tel:………………........ Fax:……………………
E-mail:……………………………………. Cachet, signature :
Paiement
France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA.
Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire
sans frais.
Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste
international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros).
Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à:
Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie
44 300NANTES - France.
59
Les NOUVELLES de ROUMANIE
A quatorze ans, Cadmiel
rêve des plus grandes scènes
C
60
admiel Botac… un nom que l'on retiendra bientôt. Le gamin de
quatorze ans abandonne de plus en plus souvent les jeux de ses quatre petits frères et sœurs qu'il porte sur son dos, chevauchant à travers le modeste appartement familial, ou se livrant à des parties de cache-cache… pour les plus
prestigieuses scènes de Roumanie. Et demain, du monde ?
Le jeune pianiste de Sighetu-Marmatiei, au nord du Maramures, a déjà obtenu quatre-vingt
prix depuis qu'à onze ans il a remporté le concours international de Zagreb, réservé aux espoirs
de moins de vingt ans. Les talents les plus prometteurs étaient venus du monde entier: Russes,
Chinois, Européens. Ce fut la stupéfaction quand on annonça le nom du vainqueur. Ne parlant
pas croate, Cadmiel et la professeur qui l'accompagnait n'ont compris que lorsque tous les
regards se sont tourné vers eux… à la confusion des organisateurs qui n'avaient prévu ni drapeau, ni hymne roumain. Dans la foulée, le garçon remporta trois olympiades nationales - il est
maintenant hors concours - et, à treize ans, en novembre dernier, le prestigieux prix Dinu Lipatti,
alors que tous les concurrents avaient près de dix de plus que lui. Présent dans la salle, l'ancien
président Ion Iliescu consolait les perdants : "Vous n'avez pas à rougir… Vous ne pouviez rien
face à un tel talent".
C'est alors que Cadmiel comprit que les choses devenaient vraiment sérieuses. Jusqu'ici, le piano c'était principalement un jeu.
D'ailleurs ses parents lui avaient offert un orgue électrique comme jouet, alors qu'il avait trois ans. Il ne l'avait pas lâché avant que
les piles ne soient usées. Impressionné, son père en avait parlé à l'école de musique voisine. Un professeur était passé voir le prodige mais avait décrété "prea mic" ("trop petit") pour se raviser finalement et l'accepter parmi ses élèves.
Cadmiel apprit ainsi le solfège avant de savoir lire. Si aujourd'hui, il doit se colleter avec tous ses pièges, enfant, il s'amusait
à dépasser ses chausse-trappe, les prenant comme des provocations à vaincre, ne se décourageant jamais. Bien que ne connaissant
pas grand-chose à la musique, son père, fort de son expérience dans la fanfare de l'Armée, lors de son service militaire, l'a épaulé tout au long de scs années, l'aidant à trouver le bon tempo.
Bien que de conditions très modestes - sa mère est infirmière, son
père tailleur, est au chômage aujourd'hui après la fermeture de son
entreprise, et trois de leurs cinq enfants suivent un traitement médical lourd et coûteux - ses parents se sont saignés aux veines pour lui
offrir un piano, pour ses neuf ans. Les coups de balais des voisins du
dessus n'ont pas tardé à résonner. Heureusement, le garçon a porte
ouverte à l'école de musique toute proche où il fait la fierté de l'établissement, ses camarades étant devenus ses premiers supporters.
Les multiples sacrifices d'une famille aimante
Cadmiel, comme de nombreux autres talents en herbe roumains,
se heurte à l'indifférence de l'Etat. Pratiquement aucune aide n'est
consentie pour les promouvoir. Seuls peuvent réussir les enfants qui ont des parents derrière eux, des relations. L'adolescent a eu
cependant la chance d'être soutenu par une famille exceptionnelle. Au prix de multiples sacrifices : sur la table, on voit plus souvent des pommes de terre que de la viande, des fruits ou des yaourts.
Pourtant, la carrière de Cadmiel prend une courbe ascendante. En septembre prochain, il entrera au lycée de musique
Sigismund Toduta de Cluj, l'un des plus côtés de Roumanie. Auparavant, invité par une fondation américaine qui l'a repéré, il effectuera cet été un stage d'un mois à Boston.
Après avoir donné un récital au Luxembourg, et avoir été hébergé par l'ambassadeur de Roumanie, il s'est produit en soliste le
14 juin sur la plus prestigieuse scène musicale roumaine, l'Ateneu de Bucarest, invité par Marin Cazaca, le plus grand violoncelliste du pays. Le garçon vient d'enregistrer son premier CD professionnel. Sur Internet, plusieurs sites lui sont déjà consacrés où
on le voit interpréter des morceaux connus ou très difficiles.
Cadmiel aimerait se produire en France. Ce sera peut-être l'année prochaine, au festival de Montrond les Bains, dans la Loire.
Modestement, il voit son avenir en professeur de piano. Mais il ne faut pas le pousser trop pour qu'il avoue bien vite son rêve
à peine secret : être un jour un soliste entouré par les plus grands orchestres du monde, de Londres, Paris, New-york.
Du haut de ses quatorze ans, il confie ressentir un plaisir immense lorsqu'il se présente sur la scène où une formation de vingttrente musiciens l'attend. Dès qu'il a posé ses mains sur le piano, il oublie tout le stress, ses parents, professeurs et amis dans la
salle, les regards du public qui convergent vers sa frêle silhouette. Cadmiel est alors entré dans son univers.

Documents pareils