Plus fort qu`Avatar

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Plus fort qu`Avatar
29 Mars 2010
Plus fort qu'Avatar
INFORMATIQUE: Plus avancé que les derniers films Hollywoodiens ou
l'industrie du jeu vidéo, le Laboratoire d'informatique graphique et
géométrique obtient des résultats fascinants dans la digitalisation de formes
complexes.
Des blockbusters historiques comme Avatar annoncent une révolution numérique
massive de l'industrie du cinéma. Avec ce passage en force du septième art dans
l'ère digitale, la capture des performances d'acteurs est essentielle.
Elle se fait pour l'instant en habillant les comédiens avec des combinaisons bardées
de capteurs ou en plaçant des points sur leurs visages pour reconnaître leurs
expressions.
Pour le Laboratoire d'informatique graphique et géométrique (LGG) du professeur
Mark Pauly, cette technologie, qui permet pourtant les merveilles visuelles du film de
James Cameron, est déjà obsolète !
Le Robust Single-View Geome-try And Motion Reconstruction ou, plus simplement,
la recherche avancée sur la Performance Capture, permet d'acquérir et de
reconstruire de manière très exacte des formes complexes et mouvantes, comme
une main ou un visage humain expressif.
Grâce à cet algorithme «top secret» du LGG, plus besoin, dès lors, qu'un acteur soit
couvert de capteurs pour que l'ordinateur reconstruise son avatar numérique.
CLONER HARRISON FORD
Les applications des recherches du LGG vont du cinéma à la médecine en passant
par le jeu vidéo, un média qui génère plus de revenus que l'industrie
cinématographique et musicale réunis. Les enjeux sont énormes. «Beaucoup de
gens nous contactent, ils veulent le code» s'amuse Hao Li, chercheur invité de l'ETH
Zurich.
Industrial Light and Magic, la célèbre boîte d'effets spéciaux (FX) créée par Georges
Lucas (responsable des FX de Star Wars ou de Indiana Jones) utilise des
technologies implémentées et issues des travaux du LGG, précise Hao Li.
«Si on avait fait ça il y a plus de 10 ans, on aurait pu cloner Harrison Ford et avoir
tout plein d'Indiana Jones», plaisante l'étudiant doctorant, «maintenant c'est trop
tard, il est trop vieux !»
Dans cette recherche de pointe sur la géométrie de reconstruction de formes
complexes, le LGG collabore avec les meilleures écoles au monde comme le MIT,
Princeton et l'Institute of Creative Technology de la USC, la crème de la crème en
matière de cinéma.
LA MAGIE DES OMBRES
Un side-project, Shadow Art, permet de construire des objets protéiformes qui
projettent des ombres différentes selon les points de vue éclairés. Par exemple, un
même bloc créé numériquement par les outils de calcul du LGG, montrera trois
formes, selon les angles: la tête d'Andy Warhol apparaîtra sur une face, une boîte de
soupe Campbell ou le visage de Marylin Monroe sur une autre. Ludique et artistique,
shadow art démontre visuellement la puissance, presque la magie, des algorithmes
du LGG.
Résultat de cette étonnant side-project, une grosse construction en lego trône dans
le bureau du professeur Mark Pauly. Selon l'angle regardé, on voit apparaître
différents logos de monnaies un $, ¥ ou €. Clin d'œil amusant pour un
laboratoire dont les recherches font saliver l'industrie du jeu vidéo et du cinéma.
L'INFORMATIQUE ET L'ART SE RAPPROCHENT
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29 Mars 2010
La Suisse n'est pas en reste, puisqu'une performance théâtrale Zurichoise,
plasmaplasm.ch, a repris un travail du LGG, explique le post-doctorant Thibaut
Weise. Un visage humain digitalisé grâce à leurs fameux algorithmes, y est projeté,
pendant que la vraie performance d'acteur a lieu sur scène. Le projet de capture
faciale s'appelle Face/Off. «Absolument aucun rapport avec le film du même nom»
s'amuse Thibaut Weise. Face/Off a reçu le best paper award lors du Symposium
Siggraph/Eurographics en 2009.
Les recherches du laboratoire lausannois vont encore plus loin. Elles permettent,
lors d'une capture de performance, de reconstruire ce que la caméra ne scanne pas.
Ainsi ce qui est caché (par de l'ombre ou des plis de vêtements) est calculé et ajouté
à l'animation. Les passionnés peuvent se rendre sur le site officiel du laboratoire
lgg.epfl.ch pour découvrir, en vidéo et étape par étape, l'étonnant résultat sur une
marionette.
DES APPLICATIONS INDUSTRIELLES
D'autres études s'ouvrent sur l'architecture, comme la recherche sur la détection de
symétrie. Des algorithmes de calcul permettent de détecter des similitudes de
symétrie ou de structure dans une construction ou même dans une forme biologique
comme un fossile.
En biologie ou en archéologie, cela permet de reconstruire ultra précisément des
aspects manquants, explique l'étudiante doctorante Duygu Ceylan.
Cela peut servir pour faire des économies lors de la création de moules avec les
formes complexes de l'architecture moderne, souligne encore Mario Deuss,
assistant- doctorant. De Hollywood aux fossiles, en passant par l'architecture, le
LGG couvre un nombre d'application à très large spectre.
Web:
• Laboratoire d'informatique graphique et géométrique - http://lgg.epfl.ch
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