légèreté (lettre
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L'OBS Date : 21/27 MAI 15 Page de l'article : p.112 Journaliste : Christel Brion / Céline Cabourg / Séverine De Smet / Tess Lochanski / Lauriane Melierre / Marie Vaton / Dorane Vignando Pays : France Périodicité : Hebdomadaire Paris OJD : 460780 Page 1/2 L E S 1 0 S N O B I S M E S D E L ' É T É 2015 légèreté (lettre £a PAR CHRISTEL BRION, CÉLINE CABOURG, SÉVERINE DE SMET, TESS LOCHANSKI, LAURIANE MELIERRE, MARIE VATON ET DORANE VIGNANDO e snob est insupportable, surtout l'été. Il s'affiche. Il déambule nonchalamment, nez au vent, avec cette débauche de style, d'esprit et de légèreté joyeuse qu'on trouve horripilante. Face à lui, on est comme sur un ring, prêt à dégainer des salves insensées de cruauté etde perfidie. Mais on abeau essayer, on n'y arrive pas. On a peur d'avoir l'air eon. Alors de peur d'aggraver notre cas, on fait comme tout le D monde : on rit bêtement quand on ne comprend pas. Cet été, le cru 2 015 est particulièrement corsé : à l'apéro, le snob délaisse le fameux jambon Pata Negra et se gorge de fines lamelles de lard. En vacances, il continue de miser sur la Grèce, mais côté nord, là où vont les autochtones. Il ne brunche plus mais déjeune sur l'herbe, sur une nappe brodée. La simplicité, la normalité, il a déjà donné. Ce qu'il cherche, c'est la rareté. Chic mais un poil oie oie. Parce que le nouveau snob veut montrer qu'il ade l'humour. Qu'il précède les tendances, mais toujours au second degré. Au vélo, il préfère le cruiser, une sorte de mini-skateboard pour citadins, format sac à main. Il ne rechigne pas non plus à mélanger les styles et les époques, mixantaudacieusement la visière deville, les « colliers de chien » ras du cou à sa tenue des grands soirs. Funambule du style, il jongle avec tous les codes, sans jamais tomber du mauvais côté. Parce que le nouveau snob applaudit la vulgarité, mais quand c'est lui, et seulement lui, qui la porte. M.V. Tous droits réservés à l'éditeur Cap sur la ChalcùKque Quand ses compatriotes migrent vers les Cyclades, le néo-snob abandonne sans regret sa cabane de pêcheur à Amorgos et prend fièrement le chemin du nord de la Grèce. Direction la côte de Chalcidique et ses 500 kilomètres de plages édéniques. Il SANIRESORT 0668304400508 L'OBS Date : 21/27 MAI 15 Page de l'article : p.112 Journaliste : Christel Brion / Céline Cabourg / Séverine De Smet / Tess Lochanski / Lauriane Melierre / Marie Vaton / Dorane Vignando Pays : France Périodicité : Hebdomadaire Paris OJD : 460780 Page 2/2 y a un peu de monde, certes, mais les touristes sont grecs, alors... Une chose est sûre : la location de la belle villa façon esprit de famille, c'est no way. Le snob préfère se la couler douce au Sam Resort, complexe haut de gamme construit sur une réserve écolo, qu'il a booké avec sa bande de potes et plein de marmots. »> ll y a un siècle, en 2014 : la chambre chez l'habitanf ou l'hôtel de charme a Site L/n bon bout de gras En plein règne végétal, le lardo diColonnata se retrouve sur toutes les tables des chefs qui comptent. « Une des plus goûteuses et subtiles friandises du monde civilisé », c'est Pierre Jancou. fan de la première heure, qui le dit AColonnata, petit village de Toscane, on place dans des vasques de marbre le gras, prélevé sur le dos du cochon, durant de longs mois avec des épices et du poivre. Ce lard blanc et épais de trois centimètres se déguste tranche fin comme du papier bible sur du pain de campagne grille. »> ll y a un siecle, en 2014 : la soupe verte detox, à based'épinaids, courgettes etjusde persil le très sulfureux « cruiser ». Un modèle petit et coloré, qui sert plus à se déplacer qu'à traîner au skatepark. Le vrai snobisme ? Fixer son cruiser à son sac à dos pour garder les mains libres. Easy. »+ ll y a un siecle, en 2014: le skatetoai d en bois revisité par Isabel Marant Déjeuner sur l'herbe Quand le snob veut de la verdure, il y met les formes. Oubliés le tarama, les rillettes et le pâté Hénaffdans la glacière. En 2015, on ne pique-nique pas, on déjeune sur l'herbe. Tel un tableau de Monet, la sauterie champêtre doit être soigneusement préparée avec, dans le panier en osier sur mesure, des verres en cristal, une nappe en lin et l'argenterie de grand-maman. Au menu, petites terrines artisanales et vin de pays. Le dernier chic est de commander son panier aux restaurateurs. Plus cher mais moins risqué. B-»- ll y a un siecle, en 2U w: ûruncner en terrasse Forêt tie joncs Oubliés les bracelets à pampilles, couleur corail ou turquoise, qui se marient mal avec la peau blafarde... Cet été, le chic est au sobre jonc doré. Fin et rigide, porteur de messages. Un peu de « Love », d'« Happiness » ou encore de « Bonne étoile », gravés dans le métal et voilà le poignet habillé pour l'été. Evidemment, on les superpose. On les trouve chez Merci, dessinés par Delphine Pariente (95 €, en plaque or), chez Aurélie Bidermann (660 €, en vermeil et personnalisable) ou chez Mya Bay (50 €, en laiton plaqué). orr ii y o un siècle,en 20k ic an-an = nue surnommé charms, le bracelet brésilien Micromania L'été passé, les grands cabas s'affichaient à tour de bras. Pour l'été 2015, le concept de sac... n'estplus. Porte-monnaie microscopique à porter en bandoulière ou pochette de la taille d'une enveloppe, les « vraies » troquent l'utile pour du (presque) invisible. « T'as pas un mouchoir ? - Non, pas cette saison. » in- il y a im siecle, en 2014 : le cabas en toile ou en cuir perforé Tous droits réservés à l'éditeur Laisses respirer Le boxer pour homrrj a-t-il vécu? Alors que d<J marques averties commj Acné lui préfèrent le sli]| kangourou — plus vin-} tage —, le boxer est auss} menacé par un re tour en force du caleçon flottant. L'e-shop du Slip français, petite marque reine buzz, propose ainsi ses modeles papy hipster, rebaptisés : « René », « Léon» ou « Félix ». Après la gaine pour madame, le caleçon de pépé pour monsieur ! a-»- ll y a un siecle, en 2014 : le boxer Dim Fan des années 2000 La mode marche à rebours. Après un engouement universel pour les seventies, on observe un retour criant des années 2000. On glorifie une esthétique pop postgrunge. Rétrofuturiste à la Missy Elliott, acidulée cheap à la Britney Spears. Concrètement cela se traduit comment ? Des matières synthétiques et techniques, du moulant sexy un brin baby doll, le ventre à l'air et des colliers ras du cou, de l'ombre à paupières pastel ou nacrée. L'allure fait un peu peur, mais c'est quand l'image est dure à avaler qu'elle est moderne. Ah, la mode ! a+ ll v a un siecle, en 2014 : les années 1970 Des avantages de ht visière On "cruise" urbain Au commencement de la hype, il y eut le skateboard. Puis les vélos à pignon fixe - « fixie ». Enfin les longboards, ces planches de skate XXL inspirées du surf californien. En 2015, on fixe son longboard au mur (oui, juste au-dessus de son canapé Scandinave) et on dévale les boulevards sur basket blanche pieds nus. Le dessin de la cheville, surtout si elle est fine, est le summum de l'élégance. Il n'y a que le j ean patte d'éph qui vaut que l'on cache ses attaches. Mais pitié, si les temps sont frais, oubliez les socquettes couleur chair. Optez plutôt pour de courtes chaussettes de couleur ou brodées de dentelle. Etre snob, notez-le cependant, ce sera les pieds nus ou rien du tout... a+ ll y 3 un siecle, en 2014.les chaussettes en Lurex Pieds nus dans les baskets Avant, les filles de la mode ne mettaient pas de chaussettes en hiver. Maintenant, des collégiens aux badauds, tous portent la La visière a, comme toute chose, un côté clair et un côté obscur. Inévitablement, elle rappelle la haute société, les courts de tennis. En ville, loin de la terre battle, c'est une autre affaire. Déjà, c'était compliqué. Alors la visière... Elle est par définition utile. Elle protège du soleil, soit. Mais encore ? Elle n'endommage pas la coiffure, mais surtout en 2015, elle ne se prend pas au sérieux; elle est perlée, strassée, plastifiée. Presque révolutionnaire quand on y pense : elle descend des terrains de golf et envahit la rue. a+ ll y a un siècle, en 2014 : le chapeau de paille SANIRESORT 0668304400508