ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE ====[I=N~O:=2§2=. ~19
Transcription
ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE ====[I=N~O:=2§2=. ~19
Ex/rait du Bulletin de la Société Nationale d'Acclimatation - N" 1-2 - 1939. ACTES DE LA RÉSERVE ZOOLOGIQUE ET BOTANIQUE DE CAMARGUE ====[I=N~O:=2§2=.~~19~38~.JI=== ACTES ADMINISTRATIFS Visites ,et sejours d'étude. - 'Malgré la dessication genel'ale du pays qui enlevait beaucoup d'intérêt à la Camargue, les visites et séjours d'études ont été sensiblement plus nombreux qu'en 1937. Ils se sont partagés entre le Salin de Badon et la Capelière. Ont séjourné: En mars, Mme André Corth'is, l'auteur bien connu, venue pour recueillir des impressions de Camargue; à Pâques, le camp national des cheftaines des Guides de France sous la direction des commissaires: Mlle de Blic et Mme de Saint-Victor poursuivant l'étude de la nature; le camp de la 21e troupe scoute de Marseille qui a observé par patrouilles des espèces d'oiseaux étudi,ées à l'avance; le groupe de Scouts de France de 'Tarascon, sous la direction de MM. Martel et Grandmaison; un groupe d'Eclaireuses de France de Paris. En avril, MM. Crookewit et Kuseman, de Hollande; lVI. Ormont, de Genève, M. Milon, ornithologistes, membres de la Société; Mme Chapaley, ornithologiste, de Genève. En mai, M. Durafour, président de la Société des Sciences Naturelles de l'Ain, et Mme Durafour. En juin, M. Gérard Berthet, ornithologiste, de Lyon; un groupe d'Oxford, guidé par MM. Tucker et Alexander; nos anciens visiteurs. En juillet, MM. Watson et Neligan, ornithologistes anglais; M. Edmond Dechambre, sous-directeur au Muséum et Mme Dechambre. - En aoüt, le comte Eugène de Grünne, membre du Comité international pour la Protection de la Nature à Bruxelles, accompagné de son fils et de ses neveux, MM. de Montalembert; lVI. Marc 6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Treillard, de l'Institut Pasteur, venu pour poursuivre ses intéressantes études sur les moustiques. En septembre, le commandant Neill Moss et quatre personnes. En octobre, Miss N.ancy Woodbrige, de la Société Audubon de New-York. Ont également visité la Réserve: En mars, M. Villenave, inspecteur général des Eaux et Forêts, accompagné de 1\'1. le conservateur Gouilly-Frossard, MM. les inspecteurs Millischer et du Vigneaud, de M. Hubert, prés;dent de la Fédération des SociMés de chasse des Ardennes, et de M. Verzier, président de la FMération du Rhône. En avril, la Société de Sociologie de Londres, Institut le Play; M. Borit, de Paris; M. Yeates, de Londres, à qui nous devons la belle photographie de Bihoreau au nid; M. Rolland, entomologiste; M. Edwin Cohen, de la Société Ornithologique d'Angleterre; Miss Scott; 1\'1. et Mme Senet, de St-Montant; IvIlle Trouchaud. de Montpellier; 1\'1. et Mme Cosson, de Paris, membres de la Société des Amis du Museum; le Dr Danziger, assistant à l'hôpital St-Louis; lM. Hertel, directeur du Jardin d'Acclimatation. En mai, le Dr Rudolf Drost, directeur de la Station Ornithologique d'Helgoland; MM. Morin, Berthet . et Meylan; M. Lautier, de Marseille; M. Espardeilha, viceprésident de la Fédération des Bouches-du-Rhône; 1\'1. et Mlle Lemaire, M. et Mme Planque, membres de la Société; M. Sunyach, professeur d'Histoire N atm'elle à Arles, et une vingtaine de ses élèves; M. et Mme Pégard; M. de Carmentran, inspecteur principal des Eaux et Forêts; M. Perrin, Conservateur des Eaux et Forêts; M. RoI, professeur de botanique à l'Ecole Forestière; MM. les Inspecteurs Généraux des Eaux et Forêts Dupré-Latour et J auffret; M. Dickinson, des EtatsUnis; M. L. de Monti; Mme Chabin. Le groupe de l'Association Française pour l'étude des Sols, section du Sud-Est, accompagné par le professeur Agafonoff, pédologue; Une mission hongroise composée d'éminents spécialiste et officiels, :M. X... , ministre, venue étudier le sol, la flore et la faune de la Camargue par comparaison avec la région des sols alcalins de la Hongrie. En juin, M. Denizot, maître de conférences de géologie à la Facult·é de Marseille, qui poursuit, sur la Caalgue, des études du plus haut intérêt; avec lui sont venus les professeurs de géologie de Marseille et Toulouse; le Dr Richard Joel Russel, professeur de géographie physique aux Etats-Unis et auteur d'un iravail sur le delta du Mississipi. En août, M,M. Van der Vooren et Tjittes, nos visiteurs hollandais de chaque année; M. et Mme Barbier, de Reims; ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE 7 le prince de Broglie avec M, P. Marié. En octobre, M. Marchand, doyen de la Faculté des Sciences de Marseille, accompagné de M. Kollmann, professeur, et de M. Petit, Maître de conf.érence de zoologie à la même Faculté, venus pour poser les bases d'une collaboration scientifique avec la Réserve. En novembre, notre collègue M. de Germiny, Conservateur du Musée d'Histoire Naturelle de Florence, accompagné de :NI. d'Aulan; M. le Vétérinaire Inspecteur Pleindoux et Mme Plein doux accompagné de M. le professeur Bressou, directeur général des Réserves, et Mme Bressou. Excursion du IXe Congrès Ornithologique International. Cette très importante manifestation scientifique qui a eu lieu à Rouen, du 9 au mai 1938, s'est terminée par un voyage en Camargue et à la Réserve les 1'6, et 1ï mai, et cette excursion a constitué l'événement principal parmi les visites reçues cette année par notre organisation. Le congrès était sous la direction de M. le professeur Ghigi, recteur de l'Université de Bologne, président, de M. Jean Delacour, vice-président de la Société d'Acclimatation, secrétaire général. Parmi les participants français à l'excursion se trouvaient M. Robert Sérot, député, ancien ministre; M. Rousseau-Decelle, chef des Secrétaires Rédacteurs de la Chambre des Députés; M. le professeur Urbain et Mme Urba'in; M. N égre, inspecteur général des Eaux et Forêts; M. Jacques Delamain; le comte Bonnet de Paillerets, etc... La. Société d'Acclimatation était représentée par son secrétaire général, M. Granger, inspecteur général des Eaux et Forêts, et M. P. Marié, directeLll' de la Réserve du Lauzanier, membre du Conseil. Notre collègue et excellent collaborateur M. Jacques de Greling s'était joint à notre groupe. Nous avons également remarqué parmi les participants anglais nos ancien visiteurs de la Réserve: Miss Ferrier, M'iss Acland, M. Alexander et M. Glegg, familier de la Camargue lui aussi j les allemands: Dr Drost, directeur de la Station Ornithologique d'Helgoland, le Dr Streseman; les Suisses: Dr H. N 011, Mme Chapaley, 1\1. Meylan; de nombreux Belges, Hollandais, Roumains, etc. Les congressistes (au nombre d'une centaine) à leur arrivée à Arles où les attenda'it lM. 'TalIon, directeur de la Réserve, furent a;imablement reçus à l'Hôtel-de-Ville par M. Pascal, adjoint, représentant M. le Maire, accompagné de MM. Bonnard et Toulouzan, adjoints. M. le recteur Ghigi répondit aux paroles de bienvenue de 1\1. Pascal et nous montra qu'il connaissait non seulement très bien notre langue mais aussi le Provençal, Mistral, Fabre et les « vibre >J. Après la visite 8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION des Monuments et iMusées d'Arles, que ne manquent jamais de faire les visiteurs de la Réserve, les cars emportèrent les congressistes à Nîmes où une réception avait été organisée au Museum d'Histoire Naturelle par la Municipalité représentée par un ·de ,ses adjoints, par M. l'Inspecteur général Nègre, Président de la Société des Sciences N atur'elles, et M. Marcelin, conservateur du Musée d'Histoire Naturelle. M. Marcelin fait l'historique du Musée et présente les riches collections ornithologiques générales et régionales, notamment l'ensemble des oiseaux de la Oamargue. Avec le concours de notre collègue M. Albert Hugues, une intéressante discussion s'engagea sur quelques sujets rares et critiques du Mus·ée. Puis on descendit sur Aiguemortes que la pluie ne nous permit pas de parcourir. En petite Oamargue, une visite non prévue au programme attendait nos visiteurs à la Pinède du mas des Sablons où, quelques jours avant, nous avions découvert une superbe colonie de cinq cents nids environ d'Aigrettes garzettes, Bihoraux et Orabiers remplaçant la colonie habituelle de la grande Oamargue qui n'avait pu se former par suite de la dessication générale des étangs. Le spectacle de ce millier de gros oiseaux de couleur claire croisant et criant au-dessus des gra.nds pins parasols de cette dune était vraiment remarquable. Le lendemain 17, à 6 heures du matin, quand les cars s',ébranlèrent d'Arles, la pluie qui n'était pratiquement pas tombée depuis quatorze mois essayait de prendre sa revanche et c'est sous un déluge que furent abordées la Réserve et les plages nues mais boueuses du Vaccarès. Les intrépides s'avançèrent jusqu'à l'eau et aperçurent l'objet de leurs désirs, trois à quatre groupes de Flamants roses, les autres se contentèrent des Avocettes, Pluviers à collier interrompu, Hérons pourprés, de la bordure. A la Oapelière, le garde Bouisset présenta de nombreux nids de petits passereaux: Mésanges remiz, Oisticoles, Fauvettes à lunettes, etc., et le temps s'améliorant, nos fourrés et roselières se remplirent du concert ininterrompu des voix de Rossignols, Rousserolles, Bouscarles, etc. Oe fut sous le beau soleil de Provence reparu qu'on déjeuna sur les pelouses du Salin de Badon. M. Granger adressa la parole aux congressistes au nom de la Société d'Acclimatation, et M. Tallon ajouta quelques mots sur la Oamargue et la Réserve. M. le Recteur Ghigi fit pousser en l'honneur de la Société et de la Réserve les: hip hip hourra! et à l'italienne: eia eia allala! L'après-midi fut r'onsacrée à la visite des marais de la 9 ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE Tour du Valat, sous la conduite de M. H. Lomont, surveillant général de la Réserve, elle fut agrémentée des' évolutions des taureaux de la manade Aubert, et l'on vit des Echasses et leurs nids, des Aigrettes, Hérons pourprés, Canards col vert et Chipeaux, beaucoup de Chevaliers combattants, Guignettes, Sylvains, etc. La journée s'acheva par un thé à la Capelière, devant le lointain Vaccarès d'un bleu d'acier sous le soleil, fermé à l'horizon par le Bois des Rièges tremblottant par le mirage. Nous avons été heureux de présenter la Réserve à cette élite ornithologique des divers pays et nous nous félicitons de cette prise de contact. Station de baguage de la R.éserv,e. - Le nombre des oiseaux bagués en 1938 a été de 687, soit: Mouette rieuse 30S' Sterne Pierre-Garin 310 Goëland argenté à pieds jaunes 1 Vanneau huppé 1 Râle d'eau .... '" . . . . . . . 1 Gravelot à collier interrompu 2 Fauvette à lunettes . Linotte mélodieuse . Moineau domestique . Chardonneret élégant .. Hirondelle de cheminée .. Hypolaïs polyglotte . Cisticole d'Emope . Mésange penduline . 7 10 9 3 ~5 1 6 2 auxquels il faut ajouter les Chauves-souris suivantes: Grands Rinolophes fer à cheval 43 La faiblesse du contingent de bagues est surtout due à l'absence presque complète de colonies d'oiseaux de rivage, d'Ardeidés, par suite de la dessication des étangs et marais comme on le verra plus loin. Les Chauves-souris sont baguées pour la première fois. La baguage a €té effectué par 1:. Lomont, surveillant gén,éral de la Réserve qui a reçu l'aide de 1\11. Gérard Berthet, ornithologiste, en séjour d',étude à la Réserve, et du groupe des Scouts de France de Tarascon. Comme les années précédentes, le garde Bouisset s'est signalé l'al' la découverte et la surveillance de nombreux nids de petits passereaux dont malheureusement beaucoup ont été détruits par les rats ou par les pies. Nous te~lons iL remercier spécialement la Compagnie A. F. C. et 1\11. Méric, propriétaire du domaine de Fièlouse qui nous ont autorisé à baguer dans leurs îlots les seuls qui, en 1938, aient porté quelques colonies. 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Parmi les bagues étrangères qui nous ont été remises et qui ont été transmises pal' nos soïns à leurs Stations, nous citerons: 4 Etourneaux dont 1 de Breslau (1.300 kilomètres) par st. Tschammendorf), 1 de Bryniewicze Pologne pal' st. Varsovie (1.900 kilomètres), 1 cIe Halle Trotha, Saxe pal' st. Helgoland, 1 de 'Wurtemberg pal' st. Rossitten. 2 Cormorans de Lekkerkeck par st. Leiden, 1 Poule d'eau de Fribourg (Suisse), pal' st. Sempach, 3 Mouettes rieuses dont 1 au lac de Zurich pal' st. Sempach, 1 de Holstein pal' st. Helgoland, 1 de l'Ile Use dom par st. Helgoland, 1 Vanneau de Faartoft, Danemark pal' st. Skoovgaard, enfin 1 Goeland cendré (La7·us canas) repris le 4 octobre 1938, oiseau tout à fait exceptionnel pour notre r.égion et qui n'a pas encore été mentionné dans les Actes bagué au nid en juillet 1938 dans l'île de Hiddensee, Poméranie, Allemagne, transporté au Jardin Zoologique de Breslau, en Silésie, d'où il a été relaché (1.3-00 kilomètres), st. Rossitten. On trouvera plus loin le tableau des reprises des OIseaux bagués pal' nos soins qui nous a été communiqué pal' la Station Ornithologique du Museum. Les plus intéressantes sont les cinq transmises pal' la Station de Castelfusano (Italie). Elles ont trait non seulement à des Aigrettes comme en 1935-36 et 37, mais aussi à un Héron pourpré et même à un Bihoreau en Sicile, c'est la première reprise de cette espèce sur un point d'hivernage. G. T. N° DE DATE 22 Juin 1938 12 Juin 1938 Sterne P,ierre Garin Mouette Héron pourpré G 7624 E 3962 B Aigrette garzette Mouette neuse C 2990 E 4074 5,5& 29 Mai Aigrette o 2335 1934 12 Juin 193-8 5 Juin 1934 30, Mai 1934 1934 2 Juin 1937 Héron b'ihoreau 25 Mai 5 Juin 1934 Ai grette garzette Aigrette 16 Avril 193B Vanneau huppé F 3698 o 3070 o 3562 o 2492 4 Juin 1937 DE BAGUAGE Aigrette garzette ESPEOE C 3661 LA BAGUE 1 1 DATE DE CAPTURE 1 Mai 1936 Déc. 1938 Avril 1936 AoCit 1936 AoCit 1938 Juil. 1938 Janv. 193,5 Déc. 1934 5 Nov. 1937 Lago di Orbetello, provo 10 de Grosetto, Toscane (Italie cen traIe) Stag.no di Oagliari (Sar-115 daIgne) Bord du Gardon, cam. de 25 S t-Geniès de Malgoil'ès (Gard) Bords Etang de Thau, 21 cam. de Sète (Hérault) 1 Fiume Reno, pressa Fila 15 di Argenta, provo Farrave Emilia (Italie) Fiume simeto tel'l'itoriol : de Oatania (Sicile) Près du village de Ste- 13 Barbe du Fl~tat, dép. Oran (Algérie) Oatania Sicilia (Italie)' Fano Pesaro (Italie) Entre la Soukra et l'Oui-I 10 Janv. 1938 na (proxim. du lac de Tunis) Oamargue 12 Déc. 193,7 DE CAPTURE LIEU REPRISES DES OISEAUX BAGUES PAR NOTRE STATION 1 Station de OasteJfusano (Italie). M. Maestroni, à St-l' Barbe du Flétat (Oran). Station de OasteJfusana (Italie). M. Hugues, SaintGeniès-de-Magoirès (Gard) .. M. Falcou, à Sète (Hérault). Station de OasteJfusallO (Italie). Station océanographiq ue de Salambo (Tunisie). M. Gexte, Monti, p. M. Ohappelier. Prof. Francesco Oaterini (Italie). Station de OasteJfusana (Italie). 1 Station de OasteJfu- 1 sana (Italie). PAR BAGUE RENVOYÉE 12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ACTES SCIENTIFIQUES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES P11~ie (en millimètres). Janv.: 3,7,5, en 3 j. 2 j. - Mars: O. - Avril: O. - Mai: 127,,5 en 20 en 2 j. - Juil.: 11 en 2 j. - Août: 14 en 55 en 7 j. - Oct.: 54 en 6, j. - Nov.: 31 en 7 j. 8 j. - Au total: 423 m/m en 51 j. - Fév.: 5 en Juin: Sept.: Déc.: 68 en 9 j. 2 j. - - Evapomt1:on (en millimètres). - Janv.: 26,5. - Fév.: 49. - Mars: 103. - Avril: 163,5. - Mai: 1063,5. - Juin: 213. Juil. : 2715. - Aoüt :227. - Sept.: 113,6. - Oct.: 7'2. - Nov. : 32. - Déc.: 12,9. - Au total: 1.4'51 rn/m' TempémtuTe (1). - Janvier: M. - 0,5 à + 17, m. - 6' à + 6. - Fév.: lM. + 6 à + 18, m. - 2 à + 6. Mars: M. + 17 à + 25, m.: + 4 à + 12. - Avril: M. + 16 à + 25, m. + 2 à +15. - Mai: M. + 17 à + 27, 111. + 4 à +14. - Juin: M. + 22 à + 3'6, 111. + 17 à + 23. - Juil.: M. + 21 à + 37, m. + 15 à + 24. - Aoüt: M. + 27 à + 38, m. + 14 à + 25. Sept.: M. + 20 à + 31, m. + 12 à + 18. - Oct.: M. + 14 à + 26, m. +5 à + 19. - Nov.: M. + 10 à + 23, m. + 2 à + 17. - Déc. M. 0 à + 19, m. - 6 à + 13. N ombre de jours au-dessus de 30°: 58, soit 19 en juin, 21 en juillet, 17 en aoüt, dont 11 consécutifs faisant suite à 20 de juillet, 1 en sept. Maximum de l'année: 3&° le 1"r août. Nombre de jours de gelée: 23, dont 9 en janv., 7 en fév., 7 en déc. Minimum de l'ann,ée: -,6° du 4 au 7 janvier et le 21 décembre. rent. - Nord très largement dominant: 214 j. surtout de janvier à avril, dont 35 j, au-dessus de 10 m. sec (mistral). - Sud: 82 j. surtout en mai-juin, sept et nov. dont 20 j. au-dessus de 10 m. sec (marin). - Est: 51 j. surtout en juillet. - Ouest: 16 j. 1938 a été une année sèche, tout spécialement en hiver et a udébut du printemps (mars + avril: pluie 0) à température hivernale assez basse, mais sans grande durée, a été chaud et très long. Les chiffres indiqués sont ceux de Salin de Giraud très proche de la Réserve. Oependant par comparaison avec ceux (1) lVI. == maxima; m. == minima. 13 ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE de la station d'Arles, nous voyons, qu'en raison sans doute de l'éloignement plus grand de la mer, :il faudrait au niveau du Vaccarès élever le maximum et abaisser le minimum de 1° environ. Pour la pluie, la quantité tombée en mai au Vaccarès par exemple est certainement inf.érieure au chiffre de Salin de Giraud. G. T. OBSERVATIO.'lS ORNITHOLOGIQUES L'extrême sécheresse de cette année venant s'ajouter à celle déjà forte de l'an dernier a profondément modifié les conditions biologiques de la Camargue. La lande est restée absolument sans eau depuis le début de l'été 193(7, ainsi que quelques étangs: Faugassier, Impérial, Malagroy. D'autres se sont asséchés au cours de l'été 1938: Fournelet, Dame, Lion, Mouro, Galabert. Le Vaccarès a diminué peu à peu jusqu'à ne contenir plus qu'un peu d'eau dans le fond, dont la densité était de 24° Baumé. Il en est résulté une diminution considérable de l'avifaune en général, diminution portant non seulement sur les espèces à pr,éseme périodique - hivernantes et estivantes --=--- mais aussi sur des espèces considérées comme sédentaires. Les lignes suivantes relatent les aspects de l'avifaune aux deux périodes hivernales et estivales et la notation des passages d'oiS€aux en cours de migration. Période hive1'nale 1937-38 La diminution la plus sensible des oiseaux nordiques hivernants fut celle des Anatidés. Quoique les diverses espèces du contingent habituel aient été représentées, leur nombre a été réduit à quelques bandes de quelques centaines. Par contre, les Flammants ont trouvé la situation favorable puisqu'il en est resté au moins un millier qui était ré parti SUl' le Vaccarès, le Fournelet, la Dame, le Rascaillan et les autres ,étangs du sud. Ce nombre s'accrüt en févriermars pour atteindre quatre mille sujets environ en avril. J'attribue cette présence hivernale, malgré une période de froid assez intense pour congeler l'eau de la périphérie du Vaccarès sur quelque cent mètres ,au peu de profondeur des étangs. Dans ces vastes et minces couches d'eau, la Flammants trouvaient aisément les fonds de vase noire semi-liquide limités aux dépressions, où ils cherchent leur nourriture. Car ce sont ces vases de formation récente que les Flammants recherchent particulièrement, et il faut pr,écisément une faible 2 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION profondeur d'eau pour que les dépressions du fond, dans lesquelles elles se déposent, soient à la portée des Flammants. Le groupe des Garzettes, qui était d'\ùlt' centaine en 1936-3ï, fut réduit à une soixantaine de sujets. A j encontre des années précédentes, les Garzettes ne se sont pas localisées aux environs de la Capelière en raison de l'abaissement du plan d'eau qui a mis les roselières à sec. Elles ont couché jusqu'en janvier dans les tamaris du marais de Romieu, et ensuïte, en divers lieux, Mornès, Faraman, Saint-Louis. Quant aux sédentaires et aux autres hiverneurs, les quantités habituelles n'ont pas sensiblement varié. Voici le relevé des dates d'arrivée et de départ qui délim'ite nt le temps de présence des hiverneurs exclusifs: ARRIVÉE Grand Cormoran .......... . Héron cendré .............. Sarcelle d'hiver ............ Canard siffleur ............. Canard pilet . , ............. Canard souchet ............. Fuligule morillon .......... Buse variable ............... Goéland mann ............ . Troglodyte. I.nignon Grive mUSICIenne ........... Merle nOIr ................. Rouge-gorge familier ....... Fauvette pitchou Pipit des prés .............. Pinson des arbres .......... .,. o ••••• o •••••••••• 1er 17 3 20 4 22 28 24 4 3 15 15 1er 20 17 29 Sept. 193'7 Oct. 1937 Nov. 1937 Oct. 1937 Déc. 1937 Oct. 1937 Oct. 19317 Sept. 1937 JanY.1938 Nov. 1937 Oct. 1937 Oct. 193,7 Oct. 1937 Sept. 1937 Oct. 19317 Sept. 1937 DÉPART 5 Avril 13 Avril 14 Mars 16 Mars 20 :Mars 23 Mars 15, Mars 12 Avril 7 Fév. 5 Avril 12 Avril 7 Avril 17 Avril 4 Fév. 20 Mars 21 Mars 1938 19.38 1938 1938 193& 193-8 1938 1938 1938 1938 1938 193& 1938 1938 1938 1938 Période de nidification 1938 Les effets de la sécheresse se sont fait sentir avec plus d'intensité encore sur le contingent nicheur. Les groupes de Laridés, auxquels s'associaient souvent des Avocettes, qui formaient de belles colonies, n'ont pu les reconstruire faute d'îles. Ils se sont reportés en partie sur les étangs saliniers de Giraud, qui sont maintenus à niveau constant; en partie seulement car les surfaces disponibles des îles de ces étangs n'auraient pas suffi à recevoir tous les oiseaux des étangs abandonnés. D'ailleurs, les autres années, ces îles étaient toujours habitées à un point voisin de la concentration maxima. 15 ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE Il semblerait bien que les oiseaux nicheurs non sédentaires a'ient pressenti (7) cette transformat·ion d'une zone aquatique en désert, car pour certaines espèces on n'a point vu les arriv.ées régulières du printemps. Pour les sédentaires habitant les marais, c'est une émigration qui eut lieu; il est vrai qu'elle s'est faite à l'époque de migration génùale d'automne 1937 en raison de la transformal:ion de l'habitat. :Mais comme pOUl' les migrateurs normaux, ces oiseaux ne sont point revenus. Le groupe des Anatidés, dans lequel la Nette et le Col-vert étaientéta.ient si communs, fut presque inexistant. On en tlOuvait seulement dans les marais irrigués. Le trio d'Adéidés arboricole, Garzette-Bihoreau-Crabier, a lui aussi abandonné en grande partie la Camargue. En compensation pour les naturalistes, une belle colonie a été découverte en Petite Camargue par :M. Tallon, directeur de la Réserve. C'est dans une propriété pr'ivée appartenant à :MUe Baux, qui nous a aimablement autorisés à y pénétrer. Comme cette colonie existe depuis de nombreuses années sans avoir .été observée, on ne peut pas être certain qu'elle ait été augmentée du fait de l'abandon partiel de la Grande Camargue. Quant aux Flammants, le desséchement progressif des étangs qui avaient conservé de l'eau, dès mai-juin, et peut-être pour le Vaccarès, la forte concentration saline voisine de la saturation ont éliminé petit à petit cette belle espèce, sauf quelques troupes qui se sont cantonnées sur les étangs saliniers. Pour faire mieux ressortir l'absence des oiseaux, voici un tableau comparatif résumant la situation des colonÏes des îles pendant les ann.ées 1937-38: ANNÉE Iles du Fournelet: Mouette rieuse 0 ' . · · ' · · · · · .. Sterne Pierre Garin ....... . Avocette .................... Radeau de Mouro: Mouette rieuse ............. . Sterne Pierre Garin ...... . Sterne nalne .............. . Avocette .................... 1937 100 nids 60 nids néant 100 75 100 100 nids nids nids nids ANNÉE 1938 100-125 nids 0 nids 30 ou 40 nids néant - 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ANNI~E D'ACCLIMATATION 193ï 1 Iles de l'Impérial: Mouette neuse ., ........... Sterne hansel .' ............. Sterne Pierre Garin ........ Sterne naIne ................ Avocette .................... Etang des Batayolles: Avocette .................... Ilots du Galabert: Mouette rieuse ............. Sterne Pierre Garin ........ Sterne naine ............... . Ilots du Rascaillan: Sterne Pierre Garin ........ Iles du Vaisseau: Mouette rieuse ............. Sterne Pierre Garin ....... . ANNI::E 1!J38 1 nids nids nids nids nids néant 45 nids néant quelques 30 nids quelques néant 300 nids 300 nids 12,5 nids 300 nids 150-200 nids 300 nids 60 60 300 50 100 - - - - 1 En plus, sur toutes ces îles et landes VOISIneS, on trouvait habituellement des nids de Nette à huppe rousse, Canard chipeau, col-vert; cette année, point. Point de Bergeronnette printanière non plus, mais Fauvette à lunettes et Gravelot à collier interrompu comme les autres années. Remarques nicheuse: particulières à chaque espèce régulièrement Porlice7JS cristatus (L.), P. 1'uficollis (P.): absents. Ardea 7Jtu'fJurea L.: quelques rares couples seulement dans les marais irrigués. E.rJretta gal'zetta (L.), lYVct1:co}"ax nycticorax (L.), Anleola ralloides (8cop.): au bord du Grand-Rhône, l'ancienne colonie de Giraud a été réoccupée par une centaine de couples du trio. Elle compoltait mille nids environ l'an dernier. La colonie de Petite Camargue aux Sablons est faite dans un bois de Pins parasols situé sur des dunes entourées de vignes. Habitat sec par excellence toutes les années, mais le milieu aquatique néce saire à ces oiseaux se trouve à proximité, dans des marais permanents entretenus par des sources. Cette colonie comporte environ trois cents nids habités mi-partie par les garzettes, mi-partie par les bihoreaux. ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE 17 Comme toujours ici, les Crabiers y sont représentés par quatre ou cinq couples. Les nids sont édifiés dans la tête touffue des Pins et condensés sur une petite surface. En 1937, la colonie était rassemblée dans une partie voisine. Phœnicopte1'1~s 1'1~be'l' 'l'ose us Pallas: aucune nidification ne s·emble avoir eu lieu; en tous cas aucun nid n'a été trouvé, ni aucu!' œuf pondu à terre. Autant que j'en puis juger à longue distance, les Flarnmants qui se trouvaient ici au printemps étaient des immatures. On ne voyait d'ailleurs aucune manifestation d'accouplement. Anas platy7'1lynclw L., A. stepera L., iretta n~fina (Pallas): seules esp·èces notées en petit nombre dans les marais submergés des chasses particulières. Raltu,s aquaticus L.: en grande r,égression. Gallinula chlorOlJus (L.), Fulica atm L.: absentes. H imantopus himantopus (L.): très localisée dans les marais submergés. Recu'l'vil'ostl'a aL'ocetta L. : malgré le desséchement des étangs qu'habitaient de préférence les avocettes, il ne me paraît pas qu'elles aient diminué. Elles étaient concentrées sur d'autres points pas toujours favorables à la sécurité de leur nid. Elles ont dn s'adapter tant bien que mal aux circonstances, mais avec de grosses pertes occasionnées par le vent. Un groupe d'une trentaine de couples s'est établi tardivement sur la plag du Vaccarès face à la Capelière. Cette plage est sans abri, sans amas de coquilles, sans aucune végétation et battue par les vents qui ont roulé la presque totalité des œufs. Les petites cavités creus·ées par les Avocettes avec leurs pattes, quand elles ne trouvaient pas une empreinte de pied pour y déposer leurs œufs, ne suffisaient pas à les retenir contre la violence du mistral. Deux autres groupes d'une cinquantaine de couples chacun se sont fixés, l'un sur le Fournelet, l'autre sur la Dame, au pied des falaises des îles sur les toutes petites plages battues là aussi pal' les vent ; aucun nid n'a réussi sur ces deux points. D'autres groupes ont niché sur les étangs de Faraman, mais que je n'ai pu visiter. Glareola l)]'atineala (L.): deux groupes dans les landes voisines des marais irrigués à Méjaunes et la Tour du Valat. Gelochelùlon nilotica (Gm.): les autres années, cette eS1Jèce était localisée sur les îles de l'Impérial (60 nids); cette année, je n'ai noté que deux couples pêchant ou chassant au-dessus des vignes submergées. 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION Ghlidoinas leuco]JaJ'eius (T.): cent nids l'an dernier, cette année absentes. C'L~culus canorns L.: moins abondant. Deux causes semblent l'expliquer: 1° rareté des chenilles processionnaires produite elle-même par la mauvaise végétation; 2° Rousserolles plus localisées et moins abondantes, car il semble bien qu'ici elles soient les hôtes préfér.és, ou du moins les plus communs. !fùun.1o rustica L.: bien moins abondantes que les autres années. La rareté serait-elle en relation avec l'absence des moustiq ues? Luscinia megaJ'ft!J/Lchos Brehm.: toujours aussi abondant. Le soir du 20 mai, j'ai compté dix mâles chantant ensemble sur une distance d'un kilomètre le long de la roubine du roi, c'est-à-dire un tous les 100 mètres environ. D'autres partout ailleurs dans les buissons. Vers cette date, les chants se termi nent l'·égulièrement presque tous ensemble vers 20 h. 45, iL la tombée du soir. Gisticola j nncidis (Rai.): a disparu de toutes les landes et levadons, bords des roubines et des marais qui n'ont pas reçu d'eau d'irrigation où elles étaient très abondantes. Pas une seule à Badon et environs, alors que les autres années il y nichait dix à quinze couples. A la Oapelière, qui n'a pas manqué d'eau douce, quatre couples ont niché cette année. D'autres couples se trouvaient dans les régions périphériques de la Camargue en partie cultivées en prairies et céréales. La cause de l'abandon des terrains où se tenait communément la Oisticole est, je crois, intimement liée aux conséquences de la sécheresse du sol sur lequel aucune herbe érigée et à feuilles souples n'a pu croître, .Ag1·o]J!JJ'wn et autres semblables. Car le biotope de cette espèee me paraît être bien déterminé par la présence de fines graminées bien feuillues, mais pas du tout dans les Carex ou les joncs, et ceci est en rapport direct avec la technique de la construction du n'id. L'examen de plusieurs dizaines de nids - sur le terrain m'a permis de constater que la construction est commencée par la liaison des feuille non détachées des tiges qui sont incurvées et entrecroisées pour former une calotte sphér'ique qui sera la base du nid. Cette base est prolongée en hauteur par un corps en bourse de nasse fait avec les mêmes feuilles et d'autres voisines, qui sont, pour les soutenir, agrégées aux tiges. La liaison des feuilles et des tiges est assurée par des soies d'araignées. C'est à l'intérieur de cette carca.sse verte et toujours vivante qu'est tissée la bourse en bourre végétale. Je 19 ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE n'ai jamais vu des tiges de Carex ou de Joncs pratiquement utilisées; quelquefois des petits joncs, quand une touffe se trouve là, sont englobés avec les autres, mais ce n'est qu'occasionnellement. En résumé, le biotope de la Cisticole ne paraît pas être exc:lusivement conditionné par le voisinage des marais, et J'observation de .M. Trouche, parue dans Alauda (N° 3-4, J uillet-Décembre 1937) relatant la présence et la nidification probable de cette espèce dans des champs de céréales situés à flanc de coteau, semble le confirmer. Les autres espèces nicheuses non mentionnées ont été notées en quantité à peu près normale. il!igmtions Les migrateurs à leur double passage n'ont pas été aUSSI nombreux que les autres années en Basse-Camargue. Mais ils ont suivi d'autres voies, notamment les bords immédiats du Rhône, les marais permanents de la Crau, les vignes et les prairies en submersion, pour les aquatiques. DATES LIMITES DES PASSAGES - PRINTEMPS ------DU Grand Cormoran ........... Cigogne blanche ............ Sarcelle d'été ............... Busard cendré ., .......... . Epervier d'Europe ......... Buse variable ............... Milan royal ................ Milan non ................. Faucon hobereau ........... Faucon éméril10n ........... Râle de genêt .............. Grand Gravelot .' ........ Petit Gravelot .............. Pl uvier doré ............... Pluvier argenté ............ Chevalier cul-blanc ......... Chevalier sylvain ., ......... Chevalier gambette ........ . Chevalier arlequin ........ . Chevalier à pattes vertes ... Chevalier guignette ........ " 7 28 21 15 Mars Mars Mars Avril 8 Avril 3 Avril 1938 AU - - A TOMNE 1983 DU ------- 5 Avril 6 Avril 18 Mai 29 Avril 13 Mai 23 Mai 8 Août 12 Sept. 31 AoCtt 5 Nov. 5 Octobre 3 Mai 20 ~1él.rs 28 Avril 6 Avril 5 Mai 23 :;\1 ars 12 Avril 28 Avril - AU 15 Sept. 12 Sept. 25 Octobre 11 Octobre 22 Mai 22 Avril 25 29 23 25 29 23 14 Mai Avril Mai :;\1 ai Avril Mai Mai 4 Aoüt 6 Sept. S Déc. 28 Ju'in 31 Juillet 12 Sept. 12 Août 8 Sept. 21 Sept. 1 20 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DATES LIMTTES DES PASSAGES (suite) PRINTEMP S 1938 ----------------DU Chevalier combattant . . Bécassine des marais Bécasse des bois . Barg€ à queue noire . Courlis corlieu . Pigeon ramier . Hibou des marais . Engoulevent d'Europe . Martinet noir . Martinet à ventre blanc . Hirondelle de rivag€ . Hirondelle de fenêtre . Hirondelle de cheminée . Accent€ur mouchet . Accenteur alpin . Grive musicienne . Merle noir . Traquet motteux . Traquet des prés . Roug€-queue à front blanc .. .!:touge-queue noir . Pouillot chantre . Pouillot veloce . . Gobe-mouche gris . Gobe-mouche noir Bergeronnette gris€ . B~rgel~?nnét~e des ruisseaux. Ple-gneche ecorcheur . Etourneau sansonnet . Pinson des arbres . Linotte mélodieuse . Verdier d.'EurDpe . Proyer d'Eui'ope . Bruant ortolan . 13 Mars 9 Février AU 23 Mai 11 Mars Mars 20· Avril Avril 28, Avril Mars 4 Mars Avril 17 Avril Mai 29 Mai 22 Avril 12 Avril un seul sujet 21 Avril 5 Mai 18 Mars 16 Mars 11 Avril 26 Avril 16 Avril 28 Avril 28 Février 12 Avril 28' Février 7 Avril 4 Avril 28 Avril 28 Avril 3 Mai pr Avril 28, Avril S Mars 21 Mars 16 Mars 3 Mai 7 Mars 28 Avril er 1 Mai 16 Mai 13 Avril 18 Mai 5 Mars 16 Mars 9 20 3 12 25 30 Avril 15 Avril AUTOMNE 1938 ------~~------ 26 Mai 17 Avril DU 1er Août 4 Nov. 22 Octobre· 31 Déc. 7 Sept. 4 Nov. 28 Août 1er Sept. 8 Août 12 Août 14 Sept. 10 Octobre 7 Oct. 16 Oct. 19 J u'Ïllet 22 Octobre 24 Octobre 20 Octobre 7 S€pt. 15 Sept. 19 Juillet 5 Août 21 Août 19 Août 12 Sept. 22 Août 8, Sept. 29 Sept. 15 Sept. 23 3 5 25 11 Sept. Octobre Octobre Octobre Octobre H Octobre H. OBSERVATIONS AU 14 Odobre 14 Octobre 25 Octobre Il Déc. 9 Nov. Nov. 23 Nov. pr Nov. 5 Nov. re r LOMONT. BOTANIQUES il! odification dans la végétation de la Camargue consécutives. cl la sécheresse de 1937-1938 La sécheresse de l'année 1938 a eu une répercussion considérable sur la végétation non seulement à cause de la très faible quantité d'eau tombée, mais aussi parce qu'elle a fait ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE 21 suite à la sécheresse de 1937 et que l'hiver et le début du printemps n'ont eu que des pluies infimes; mars et avril 1938 n'en ont (;'onnu aucune goutte alors qu'habituellement ces mois correspondent au deuxième maximum de pluie de l'année. La conséquence en a été l'assèchement continu des marais, des baisses, des fossés, de toute la lande à Salicornes et finalement de tous les étangs salés, sauf le Vaccarès qui a conservé au centre une petite quantité d'eau saturée en seL En avril, alors que les années précédentes toute la Camargue verdoyait sous l'influence des tièdes ondées venues par vent du S.-K, et que les pelouses se couvraient de fleurs, le paysage avait conservé (;omplètement son aspect hivernal, par l'arrêt complet de la végétation. Un sol gris craquelé à la place des grandes étendues d'eau saumâtre où fleurissait Ranuncttltts Bctudotii un reverdissement à peine marqué des hautes herbes à BTachypodiwn phœnicoides ou AgTOPY1'UJn IJycnanthu171. Dans le SalicoTnietum macTostachyœ, les petites espèces annuelles d'un développement infime ont déjà terminé leur évolution et elles sont presque sèches. Dans le SalicOTnietuJn fntticosœ, sur le sol sec remplaçant la submersion, rien ne s'est développé entre les Salicornes qui sont rousses. Dans le Phillyreet1.llln, rien n'a poussé sur les arbustes, ou a immédiatement grillé.. Seule la forêt riveraine à Populus alba et Ulmus a moins souffert par suite de la plus ou moins grande imprégnation par les eaux douces proches. Mais la différence est surtout sensible par l'absence des pelouses sèches et humides composées presque exclusivement d'espèces annuelles qui au printemps s'emparent des mo'indres surfaces de terrain découvert émerg.é et pas trop salé, pelouses à Papilionaoées très fleuries (TrifoZi1.llln et M edicago sp. div.) peloli'ses sèches 'et rases se rattachant plus ou moins à l'association à Statice echioides et GatapodiuJn loliaceuln, fonds plus humides Oll domine Pol!Jpogon maritùnwn. Dans les parties les moins sèches, il y avait eu, en hiver, un peu de germination et en mars on pouvait voir quelques pelouses composées de plantules de 1/2 à l' centimètre, mais en avril elles étaient déjà mortes sàuf en sol de sable ou de débris de coquilles( bords du Fournelet) où elles ont pu parfois, tout en conservant cette taille liliputienne, arriver à produire quelques' fleurs et graines. Les Orchidées et autres géophytes que nous avons vu fleurir abondamment,' lors d'un printemps sec, au cours des années précédentes, par suite de leurs réserves, ou ne se sont pas montrées spécialement en terrain très compact, ou ont vu leurs rosettes brülées par le sel avant la floraison. C'est seu- 22 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION lement sur les sols meubles et peu sal,és qu'elles se sont développée à peu près normalement et c'est là que nous avons vu fleurir les espèces précoces, notamment: Barlia longibracteata toujours en progression et plus tard dans les parties ayant conservé un peu de fraîcheur: Ophrys apifera. Dans le périmètre de la Réserve, où on ne rencontre presque uniquemei1t que des sols plus ou moins salés, cette action de la concentration en sel a paru pl us forte que celle de la sécheresse qu'elle a précédé. La situation s'est encore aggravée au cours de l'été long, chaud et sec. Les quelques plu'ies tombées ont été immédiatement évaporées et sans effet. Les Tamaris ont donné l'occasion de faire une observation importante. Non seulement sur le bord de la région steppique, mais dans toute la zone qui est la leur, intermédia'ire entr;~ les terres plus hautes consacrées aux cultures et les lagunes et landes salées, zone de marais saumâtres peu profonds, à sol compact, l'-estée complètement sèche en 19308, les Ta.maris n'ont poussé que de minuscules rameaux clairsemés. De loin, -ils para.issaient presque d-épouillés. A la fin de l'été, beaucoup de branches étaient sèches et dans les cas les plus graves des arbres entiers avaient péri, spéc'ialement semble-t-il ceux qui d'ordinaire avaient le pied dans l'eau, alors que les Salicornes voisines étaient simplement moins vigoureuses. Ce fait que nous voyons pour la première fois depu'is la création de la Réserve corrobore bien ce que nous avons écrit des besoins en eau du Tamaris. Nous savons par Braun Blanquet que seul parmi les halophytes de la Camargue, le Ta,maris a une forte transpiration (sept fois plus que Salicornia 1nacrostachyœ par exemple). C'est pour cela qu'il n'a pu résister à l'assèchement. De plus, les Tamar'is que nous considérons n'avaient sans doute que des racines peu profondes tant à cause de la compacté du sol que de la présence habituelle de l'eau superficielle. Ces phénomènes, seproduisant chaque année dans la zone des sansouires, nous paraissent apporter une explication à l'absence totale de Tamaris dans cette région. L'état pitoyable de la végétation de l'ensemble de la Camargue contrastait avec celui tout à fait normal des parties où par les canaux, les fossés, on avait introduit artificiellement de l'eau même en très petite quantité. Un peu de cette eau étant venue dans les fossés de la route vers le Salin de Badon, on a pu y voir se développer et fleurir en juin: Ranuncullus Baudotii, que certaines ann,ées nous avons vu fleurir le 15 janvier. • 23 ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE CLICHÉ ED. DECHAMBRE. Plage Est du Vaccarès en 1932. CLICHÉ H. LOMONT. Même vue en 1938. Depuis le retrait des eaux, la plage est occupée par le Suœdo·Kochiettl1n; en avant, pieds de Salico1'11Îa macros· tachya installés dans la partie à sec depuis deux ans. 24 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION De bonne heure, nous l'avons vu, toutes les étendues d'eau ont été desséchées et les étangs ont eu de larges plages allant sans ce,sse en augmentant. Deux groupements de pionniers très voisins et qui parfois se compénètrent ont été les seuls à profiter de oette situation. 1 0 L'Association à Salsola Soda et Suœda slJlendens de Braun Blanquet qui dès le début de juin, soit près de deux mois plus tôt que d'ordinaire, sous une forme plus ou moins fragmentaire, étaït en plein développement sur les fonds de cuvette riches en débris végétaux (habituellement pleins d'eau saumâtre) et ayant conservé sous cette couche une humidité suffisante, tels que le lit de l'ancien canal de Fumemorte au Salin de Badon, où nous avons relevé en plus des deux espèces ci-dessus: Salicornia heTbacea, .Jb'lurops littoralis (Scù'pus maritimus sec, reste de l'ancienne végétation). 2 0 L'Association à Suœda ma1'itima et J{ ochia hi1'st~ta Braun Blanquet qui a couvert d·e très bonne heure certaines parties de la ceinture la plus extérieure des immenses plages découvertes et salées de l' étan g du Vaccarès. Des vingt relevés effectués, nous pouvons extraire le tableau conden·sé suivant (1): StUJ'da ma1'itima V, + à 3; J{ ochia hÙ'suta III, + à 3; herbacea V, 2 à 4; Salsola soda III, + à 2; Salicornia macrostachya II, + à 1; Aster tripoliU1n l, + L'ensemble forme un tapis dense très vert. Salico1'1~ia n est facile de comprendre pourquoi nous n'avons eu qu'un facies assez appauvri, stade :initial de l'association, car les surfaces occupées ne sont exondées que depuis un à deux ans. L'association ne s'est développée d'une façon importante qu'à une distance pas trop grande des canaux d'écoulage dans l'éatng, spécialement aux points où le sol est plus perméable, ce qui a permis de conserver un peu d'humidité dans le sol, par exemple sur 4 kilomètres de long entre les canaux de Roquemaure et de Fumemorte (région de la Capelière) et une largeur de 10 à 100 mètres. Les eaux ayant disparu sur la plus grande partie de ces plages dès le mois de mars, la v·égétation a eu hu'it mois au lieu de un à deux pour se développer. Aussi, non seulement les surfaces recouvertes ont-elle.s été considérables, mais les plantes ont acquis une taille exceptionnelle. Nous avons (1) Les coefficients (sur 5) représentent le chiffre romain, la proportion de présence dans les différents relevés, le chiffre arabe, j'abondance moyenne. ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE 25 observé des touffes de K ochia de 1 mètre de diamètre et 60 centimètres de haut, de Salicornw he7'bacea de 60 centimètres de diamètre avec des tiges fortement lignifiées de 15 millimètres de diamètre, de Suœda 7lta7'itima de 70 centimètres de haut et 80 centimètres de diamètre. Le dessèchement de ces vastes plages au bord des étangs salés, leur colonisation par cette a-ssociation de pionniers annuels, l'évolution de ce groupement représentent un des phénomènes botaniques les plus marquants de 1938. Cette évolution présente un intérêt tout spécial pour la connai'ssance de l'implantation de la vég,étation sur ces sols salés complètement nus. Nous allons l'examiner en décrivant la végétation des plages du Yaccarès dans la région de la Capelière, ce qui permet de raccorder ces observations à celles déjà publiées (1). Ce territoire ayant également le grand avantage de n'être parcouru paT aucun troupeau venant troubler l'évolution natm'elle de la végétation. Il y a lieu tout d'abord de se rappeler que le Vaccarès baisse progressivement depuis trois ans et que les hautes eaux d'hiver n'ont jamais recouvert qu'une partie des plages découvertes l'été. Considérons la végétation de la région susdite au début d'octobre 1938. L'eau se trouve au loin, à 2 kJilomètres. Si nous partons de cette eau pour gagner la berge, nous rencontrons successivement: 1 0 Une étendue entièrement nue abandonnée récemment par une eau salée très concentrée; 110 Une très vaste étendue découverte depuis plus longtemps où se sont installées isolément et à de grandes distances les unes des autres quelques touffes de Salicol'nia herbacea, Suœda ma7'itima. IIIo A une distance variable de l'ancienne berge, 100 mètres an maximum, commence brusquement la zone de l'association que nous venons de décrire et sa limite paraît coïncider avec celle du sol perméable dans lequel une C'ertaine humidité est entretenue. Dans cette zone III,' qui n'€st découverte que depuis le printemps 1938, l'association se réduit à Salicornia herbacea, Suœda maritima, K ochw hirsllta, Salsola Soda; c'est donc une végétation ess€ntiellement temporaire. Les deux premièl:es espèces dominent alternativement beaucoup, on arrive même dans certaines parti€s à avoir des peuplements purs de Salicornia herbacea, peuplements que nous avons plusieurs fois cités au cours des années précédentes comme re(1) Actes n° 20, 1936. 26 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION couvrant le fond des gazes pendant les quelques mois de leur exondation, et dont la signification nous apparaît ainsi: ils doivent se rattacher au S1uedo-Kochietum comme cas limite, facies appauvri à l'extrême de l'association typique. IVo En se rapprocant encore du bord, on rencontre une zone qui avait déjà émergé en 1937 et avait vu ainsi que V et VI l'installation d'un Suœdo-Kochiet1t1n très ouvert où dominait 8uœda maritima de taille réduite, puis avait reçu une petite quantité d'eau au cours de l'hiver, mais avait de nouveau émergé très tôt en 1938. Là aussi, nous avons le même 8uœdo-Kochietum, mais avec de nombreux plantules de 8alicornia macrostachya. Vo La zone suivnte est émergée complètement depu'is deux à trois ans; dans le Suœdo-K oclviettt1n, se trouvent de nombreux pieds assez élevés de 8alico1'1tia macrostachya. Vl" Cette zone est constituée comme V, mais contient à sa périphérie extrême de vieux pieds de Salicornia macrostachya à rameaux très allongés en hauteur, que nous avons connus avec 30 centimètres à '50 centimètres d'eau au p'ied, alors qu'ils luttaient pour se maintenir malgré l'élévation des eaux du Vaccarès. VIIo La zone qui occupe les derniers mètres avant la limite ancienne des eaux marquées par un petit ressaut éta,it occupée par l'a,ssociation à 8alicontia Tadicans ne comprenant pratiquement que les quatre espèces de Salicornes. Depuis le recul des eaux, Salicornia 1'adùans, qui demande le plus d'humidité, est très souffreteux et a disparu en plusieurs points; Salicol'nia fTuticosa végète, 8alicornia mficrostachya prend le dessus. Le 8alicoTniet1t1n radicantis s'est cependant conservé à proximité immédiate des canaux qui lui conservent l'ünprégnation suffisante. Il y a lieu d'ajouter que précisément dans tout le vo'isinage immédiat des canaux d'écoulage et dans toutes les zones, il y a des semis très abondants de Tamaris, L'évolution de cette région par abaissement du niveau de l'eau de l'étang et mise à nu des plages est donc bien nette. La végétation s'installe par une association de p'ionniers éphémère, le 8uœdo-Kochietttllt. Si ces plages restent exondées, 8alico1'ltia l1WcTostachya s'y introduit bientôt et arrive rapidement à dominer, cr·éant ainsi une végétation permanente et préparant le 8alicorniettMn 1nac1'ostachyœ, qui n'évoluera lui-même sans doute que lentement, suivant le mode que nous avons décrit, à moins d'apports éoliens im- ACTES DE LA RÉSERVE DE CAMARGUE 27 portants. Auprès des canaux d'écoulage, c'est le Tamaris qui s'installe de suite dans le Suœdo-K ochietum et qui formera rapidement des fourrés de cette essence. Si ces plages sont alternativement submergées et exondées, le Suœdo-K ochietU-'ln a des chances de se maintenir longtemps. Si l'étang remonte tout à fait, et submerge à nouveau ses plages d'une façon constante, le Suœdo-K ochietum disparaîtra naturellement et nous assisterons à la lutte pour la vie du Saliconbia 11WcTostachya qui peut résister longtemps par élongation de ses rameaux, si le niveau n'est pas trop élevé et que la lutte ne soit pas trop longue. A partir de septembre, il est tombé des pluies assez régulièrement espacées qui, si elles ont été sans influ'ence sur les étangs et marais, ont suffi cependant à faire reverdir toute la végétation qui n'était pas morte, notamment les hautes herbes à BTaclvypodiwm phœnicoides et AgTopY1'urm pycnanthum. Il y a eu une belle floraison des espèces automnales: AsteT tripolium, Statices divers. Plusieurs espèces fleurissant normalement en été, Statice viTgata par exemple, et qui n'avaient pu le faire, se sont rattrapées en automne et cette dernière saison, à température très douce, a vu se prolonger la végétation ressuscitée. Evolu.tion générale du Te1'ritoire de la Capeliè1'e L'évolution de ce territoire est particulièrement intéressante à suivre du fait qu'il a été avant la Réserve très influencé par l'homme et les animaux: cultivé, pâturé, fauché, déboisé, brûlé, piétiné, qu'il est actuellement en Réserve totale et qu'il est un des rares endroits de notre territoire où l'évolution puisse aller assez loin dans le sens de l'implantation de la forêt par suite de la légère élévation du terrain et de son dessalement partiel par les eaux douces des différents fossés qui l'entourent. Oette dernière cause a permis à la végétation de souffrir moins qu'ailleurs en 193'8. Pour cette année, nous n'en mentionnerons que quelques traits principaux. Les espèces ligneuses existant avant la Réserve: Peupliers blancs, Saules, Tama-ris se sont beaucoup développés. Il s'est créé un petit bosquet de Peupliers blancs au nord de la maison autour d'un vieil arbre dans une zone sablonneuse imprégnée par le canal d'eau douce. Tout le long de ce canal les POPUltbS alba se· sont semés en rang serré, quelques-uns atteignent déjà 3 mètres de haut, avec quelques Ormeaux, C01'11Il"S sanguinea, C1'atœgus l1wnogyna. 28 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION De vastes ronciers impénétrables se sont ~nstallés sur les deux chem'ins existant autrefois sur la propriété et parcourus par les chevaux qu'on y cantonnait spécialement. Ces chemins ont d'abord été occupés soit par le Brachypod,ium phœnicoides, soit par un groupement dominé pal' Ag1'OpY1·um pycnantllllkrn, Dorycnium J ordani, Lotus tenuis. Quelle est la cause certaines de ottte localisation des ronciers? Elle nous échappe encore: sol plus riche en azote? présence de fossés d'eau douce le long de ces anciens chemins? Quoiqu'il en soit, ils gagnent sur les friches anciennes, prairies m3!igres, fauchées, à Agropyrum pycnanthurm et Dm'ycnium J ordani, la « bauque ''', et par l'étouffement de cette « bauque " ils préparent l'installation des arbres et arbustes par semis abrité. En un point, la chose est déjà commencée et un vaste fourré s'·est installé composé d'Ormeaux jeunes (8 à 5 m.), de Cornouillers sanguins et de quelques Tamar,is, le tout émergeant des R1bbus. La Capelière est donc un point (à peu près le seul), de la Réserve où l'on puisse raisonnablement prévoir l'installation d'une végétation arborescente sinon continue, du moins assez fournie. Cette végétation se rattache plus ou moins à la forêt de Popul1t.s alba avec, en quelques points plus secs, passage sans doute temporaire par le Phillyreetum. Il n'est pas besoin de souligner dès maintenant l'intérêt de cette nouvelle v·égétation pour la nidification. G. TALLON. CLICHÉ ED. DECHAMBRE. Sur les plages du Fournelet 11<" MÉMOIRES ORIGINAUX LES ANOPHÈLES DE LA RÉGION MÉDITERRANÉENNE OCCIDENTALE ET LEURS REPRÉSENTANTS EN CAMARGUE par M. TREILLARD On sait que les moustiques CuLic}dés de la famille des Anophélinés ont été beaucoup recherchés et étudiés à cause de leur qualité de transmetteurs d'une des plus importantes endémies du globe: le paludisme. On est arrivé ainsi à décrire it l'heure actuelle plus de 150 espèces à travers le monde, sans parler des variétés plus ou moins distinctes. Ces formes sont surtout nombreuses dans les régions tropicales: pour notre Indochine, par exemple, on compte plus de 20 espèces dont on commence à connaître non seulement la morphologie, mais aussi les particularités physiologiques et biologiques, en rapport avec leurs aptitudes variées à la transmission de la maladie. Dans la région méditerranéenne occidentale, le nombre des espèces anophéliennes distinguables mOTphologiq llement ne dépasse pas une douzaine. Sans entrer dans des cléta.ils inutiles, il convient d'indiquer rapidement les caractères permettant assez facilement de distinguer ces quelques espèces, dont la répartition, imparfaitement connue, demande encore de nombreuses recherches. En ce qui concerne les espèces de l'Ancien Monde, le grand genre Anophèles a été subdivisé comme l'indique ].e tableau résumé ci-dessous, qui montre déjà la complexité relative de cette classification. 30 A. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION BORD COSTAl, DE L'AILE AVEC mQillS de 4 taches CRES: SOUS-GE~RE AU SE~S ÉTROIT. Anopheles BLA~ 1 0 Groupe A nopheles au sens très étroit: bord costal sans tache, palpes c:;;? sans bandes blanches. a) Champs de l'aile tach~te. 1. Taches nettes; frange: tache apicale m aculipennis. 2. Taches peu nettes; frange sans tache sacharovi (elutus). b) Champs de l'aile sans taches: 1. Touffe blanche entre les yeux bien développée. o. Frange alaire entièrement sombre: 3. Corps roussâtre . claviger (bifurcatus). 4. Corps noir et gris plwnbeus. . . Frange avec tache à l'apex . nwrteri. 2. Touffe blanche entre les yeux très peu développée. 5 . algeriensis. 00. 2 0 Groupe Myzorhynchus: bord costal avec deux taches blanches; palpes c:;;? avec des bandes blanches: 6. Extrémité des pattes postérieures noire . hyrcanus, var. pseudopictus. 7. Extrémité des pattes postérieures blanches ... coustani (mauritianus). B. BORD COSTAL DE L'AILE.-\.VEC CRES: SOUS-GE);,RE au moins 4 taches BLAX- iVJysomyia. 1 0 Groupe Paramy.zomyia: extrémité des palpes c:;;? nOIre: 8. Aile: pas de tache claire marginale en face V 5, 2e branche . hispaniola. 9. Aile: une tache en face V 5, 2 . 111ulticolor. LES ANOPHÈLES EN CAMARGUE 31 2° Groupe l\!Iyzomyia, au sens étroit; palpes <:? à bout blanc: la. Palpes <:? : 3 minces anneaux blancs . sergenti. 11. Palpes <:? : 1 large et 2 minces . superpictus .. N'ont été trouvées en France, jusqu'ici, que les espèces 1, 3, 4 et 6. L'A. maculipennis est, de beaucoup, en Europe et dans la région méditerranéenne, l',espèce la plus répandue et la plus importante pour la transmission du paludisme. Les recherches poursuivies par nombre d'auteurs depuis une vingtaine d'années sur oette espèce ont fait ressortir à son actif une très grande diversité biologique. On s'est tout d'abord aperçu que sa présence, même en grande quantité, ne correspondait pas toujours à l'existence du paludisme. L,e phénomène avait été l'apporté à différentes causes, parmi lesquelles les progrès de l'hygiène et de la quininisation. En 1920, E. Roubaud, s'attachant à l'étude du problème, reconnut que dans certaines régions, l'A. nwculipennis semblait préférer les animaux aux hommes: cette absence ou cette diminution de contact avec l'espèce humaine expliquait l'absence ou la rareté du paludisme dans les régions où une telle « déviation » se produisait. Il rapporta le phénomène à la différwciation de races diverses chez ce moustique, les unes à zoophilisme particulièrement différencié, les autres anthropophiles. Il trouva une expression morphologique de cette différenciation en observant que chez les peuplement préférant manifestement piquer les animaux, le nombre moyen des denticulations microscopiques de très fins stylets maxillaires (qui constitue la partie agissante de la trompe), était plus élevé que chez les Anophèles préférant manifestement piquer l'homme: plus de quatorze dents dans le premier cas et moins de quatorze dans le second. Ce nombr,e constitue ce qu'on a appelé l'indice maxillaire; il peut natureliement varier selon les espèces, selon les régions ou diverses autres circonstances. On peut expliquer cette différence en considérant qu'une sélection a dû s'opérer en vue du percement 32 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION de la. peau plus épaisse des animaux, qui nécessite des mâchoires plus robustes et plus armées. Il s'avérait donc que l'A. rnaculipennis devait comporter plusieurs variétés 011 arces dans l'étendue de son aire d'extension géographique, qUI est considérable à la surface du globe. En 1923, l'auteur italien Falleroni appuya ses vues en reconnaissant que des caractères différenciables peuvent être trouvés dans la morphologie des œufs. A l'heure actuelle, en effet, on ne distingue pas moins d'une dizaine de races ou biotypes de l'A. rnaculipennis dont le tableau suivant donne les principaux caractères. A. ŒUFS PLUS OU MOINS 1 effilés: Flotteurs longs,. surface: avec 2 bancs var. typicus barres et t,aches, claire , var. rnesseéE. barres et taches, foncée var. fallax. entièrement noire var rnelanoon. 2 0 Flotteurs courts: indice 0,35-0,40, taches var. atroparvus indice 0,24-0,30; taches var. carnbot~rnacci. B. 0 ŒUFS N,US OU MOI~S 1 . . . . . . trapus: Flotteurs léduits: tacheture claiTe et polaire . var. labranchiéE. tachetu'/'e foncée var. sicaulti. 2°Flotteurs absents; pas de taches . var. sacharovi (elutus). 0 A ces différences d'ordre morphologique s'associent des différences dans Je comFortement biologique que nous allons ntpidement énumér.er; elles portent sur: 1 0 La l18ture de l'hôte préféré pour la pigùre sanguine: plutôt l'homme (anthropophilie) ou plutôt l'animal (zoo- LES ANOPHÈLES EN CAMARGUE 33 philie). N'ont une tendance marquée à l'anthropophilie que les var. labranchire, sicaulti et sacharovi; 2° La nature des eaux où se fait la ponte et le développement larvaire: eau douce, eau saumâtre ou salée, eau stagnante ou courante, eau claire ou plus ou moins chargée de matières organiques. Semblent préférer l'eau saumâtre (avec exception), les var. atroparvus, carnbournaci, labranchire, sicaulti et sacharvoi; le sous-genre M yzom'Yia préfère nettement les eaux claires et courantes; 3° La possibilité de la fécondation dans des enceintes plus ou moins restreintes: nécessité de « vols nuptiaux » hors de toute enceinte (eurygamie) ou fécondation possible dans des cages de quelques centimètres d'arête (sténogarnie) avec tous les intermédiaires. Ne sont sténogames que les var. atroparvus et surtout carnbournaci; 4° La durée et J'importance du sta,de de vie plus ou moins ralenti au point de vue œproductif: ar:rêt absolu de la ponte pendant un temps variable (hétérodynamie) ou seulement diminution dans le rythme et l'importance numérique des pontes, quelquefois à peine ralenti (homodynamie). N'ont un arrêt vraiment marqué, non influençable extérieurement que les variétés à œufs barrés (1nesere, typicus, etc.) et aussi la var. sacharovi; 5 ° La possibilité de continuer de piquer durant le stade de vie raledie, ou l'arrêt plus ou moins complet de la nutrition sanguine indépendamment de la cessation ou de la diminution de la ponte. Continuent à piquer lorsqu'elles sont au chaud, les var. atropm'vus, ca1nbournaci, labranchire et comme nous l'avons Hl avec E. Roubaud, rnessere dans Certaines conditions; 6° La possibilité de croisement entre mâles et femelles d'une ou plusieurs variétés (croisement quelquefois possible par les femelles mais non par les mâles et vice versa). Nous avons pu avec E. Houbaud obtenir des croisements jusque là jugés impossible entre ].e groupe à œufs barrés et celui à œufs tacehtés; 7 ° La n:1ture des refuges préférés: intérieurs, domestique (entophilie) ou externes hors des habitations humaines ou 3.niamles (exophilie). Je semble mnnifester une certaine eX0philie que la var. la bran chire ; 34 BULLETIN DE LA 8° La longévité fluence externe. Ce réalité et l'intérêt extrême-orientales, l'A. rn.aculipennis. SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION spécifique, indépendante de toute incaractèl:e, dont nous avons montré la chez un certain nombre d'espèces a été enCOTe trop peu étudié chez Ces huit groupements d'alternatives du comportement biologique, non seulement n'ont pas reçu de réponse identique pour chacune des neuf variét·és signalées, mais surtout n'ont pas, un grand nombre de fois, reçu de réponse complète et nette, et, très souvent, pas de réponse du tout. Parfois aussi, pour une même variété morphologique, les réponses ont différé selon la région ou la période envisagée, ce qui complique le problème. On voit l'intérêt qu'il y a pour les naturalistes à amasser le plus d'observations possibles et à noter soigneusement les corrélations qu'il peut y avoir entre c.es différents comportements (et peut-être d'autres) et les cm:actères morphologiques immédiatement discernables D'autre part, connaît-on l'existence de toutes les espèces ou Tares anophéliennes présentes en France ou seulement en France méditerranéenne, et la répartition complète de celles que l'on y a rencontrée8? Il s',en faut de beaucoup, et il n'y a, en somme, que très peu de régions qui aient été bien étudiées à ce point de vue. De vastes territoires où les moustiques abondent n'ont pas été prospectés à ce sujet, ou l'ont été rapidement et superficiellement, sans tenir compte, par exemple, du problème des races de l'A. maculipennis. Parmi ces « terres à moustiques}) connues depuis longtemps était la Camargue. Prospectée au point de vue anophélien à cause du paludisme qui y a longtemps régné, on savait seulement que s'y trouvait l'Il. rn.aculipennis (Marchoux) en abondance, et aussi le Myzorhynchus hyrcanus (Léger) que nous n'avons pu encore y retrouver. Les prospections que nous avons lJU faire jusqu'ici dans plusieurs régions de la Camargue nous permettent d'affir:ner qu'il y existe au moins trois de ces variétés on races de l'A. maculipennis dont une signalée panr :a prern 1ère fois en lj'rance, la var. cambournaci et d,eux autres déj,\ rencontrées sur notre territoire, les var atroparvlls et m·!'sseœ. Cette coexistence de l'atoparvus et du carn.bour- LES ANOPHÈLES EN CAMARGUE 3·5 naci, si proches comme morpologie et comme biologie, nous a permis, par l'étude d'élevages expérimentaux, de confirmer l'indépendance et la validité de la race can"bot"rnaci que I~OUS avons été le premier à signaler avec le professeur Roubaud, au POl:tuga1. En effet, outre le caractère morphologique de l'étroitesse des flotteurs latéraux de l'œuf, dont nous avons éprouvé la constance, l'expérimentation nous a montré que deux caractères biologiques différenciaient encore ces deux variétés; la var. cambournaci montre: 1 une sténogamie plus accusée, c'est-à-dire que sa fécondation peut se produire dans un espa.ce extrêmement restreint; 2 0 une homodynamie plus marquée puisque le stade d'arrêt reproductif est à peine sensible et cède facilement à de conditions thermiques meilleurs. La troisième variété que nous avons rencontrée en Oamargue, la var. rnesseœ nous a permis d'élucider avec E. Roubaud ].e problème d'une des sources de l'engmissement hibernal chez cette variété hétérodyname, c'est-àdire manifestant un arrêt reproductif prolongé. Oette production de graisse n'a pu, en effet, avoir d'autre source que des repas sanguins :r:épétés, qui n'ont donné lieu, d'autre part, à aucun développement ovarien; cet engraissement sans reproduction n'empêche donc pas chez messeœ la possibilité de contact avec l'homme et, par conséquent, son rôle possible de vecteur épisodique de paludisme. L'immense résen-oir de moustiques que constituent les terres, diversement sauvages, de la Oamargue, doit pouvoir permettr€ l'étude des problèmes encore nombreux que la biologie, déjà si étudiée, des Anùphèles laisse entrevoir, et la Réserve de la Société d'Acclimatation apportera à ce point de vue de grandes facilités aux zoologistes et aux parasitologues intéressés par cette question théOTique et pratique: le nombre et la situation de ces établissements, ainsi que la compétence et la courtoisie de son personnel nous en donne l'assurance. 0 - ,- .. Q - . -~ -. . .. . ,. . . , -. CHATEAUROUX - IMPRIMERIE CENTRALE (LOUIS LABOUREUR & cie)