Le transport routier - Direction territoriale Ouest du Cerema
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Le transport routier - Direction territoriale Ouest du Cerema
P PCI TM&L | Focus sur.... Le transport routier de marchandises – Juillet 2012 Le transport routier Le transport routier de marchandises (TRM) est le premier mode de transport pour le fret. L’activité en France du TRM (origine et destination en France) s’est élevée à 170,6 milliards de tonne-kilomètres (Md-tkm) en 2010. Le transport routier européen a représenté un total de 1 754 Md-tkm en 2010, soit 3,1% de plus qu’en 2009, mais sans compenser pour autant le recul historique de 10,1% observé en 2009 à cause de la crise économique. Le TRM représente près de 89 % des tonnes-kilomètres des transports terrestres en France (transit inclus et hors cabotage maritime) en 2010. En 30 ans, le trafic routier de marchandises (en tonne-kilomètre) a été multiplié par 2,5. Cette forte progression tient à la fois d’une hausse des flux tous modes et d’une croissance de la part modale du TRM. Plusieurs facteurs permettent d’expliquer cette dernière : de nouvelles formes d’organisation des processus industriels et de l’économie très exigeantes en termes de flexibilité et fiabilité des transports (fonctionnement en flux tendus) ; exigences auxquelles le transport routier de marchandises répond mieux que les autres modes ; une forte concurrence dans le secteur du transport routier qui tire les prix vers le bas ; le développement des infrastructures routières ; la proportion élevée de transports à courte ou moyenne distance, peu favorables aux autres modes ; le transport routier est le mode le plus adapté pour une desserte fine des territoires. Le transport routier de marchandises est un secteur clé de l’économie. Le transport routier de marchandises et auxiliaires contribue à hauteur de 2,3 % au PIB de la France et totalise près de 360 000 emplois. Néanmoins, ce secteur génère 26% des émissions de CO2, alors que la réduction des gaz à effet de serre constitue un des enjeux majeurs des politiques publiques. Le TRM, comme les autres secteurs de l'économie française, est confronté aujourd'hui au sein d'un espace de plus en plus concurrentiel aux enjeux liés à la compétitivité des entreprises, à la création d'emplois et au réchauffement climatique. La question qui se pose aujourd'hui au TRM français est de faire face à ces défis, à une époque où la concurrence des pavillons étrangers se renforce tant à l'international qu'au niveau du transport intérieur par le développement des activités de cabotage. 1 P PCI TM&L | Focus sur.... Le transport routier de marchandises – Juillet 2012 L'offre du transport routier de marchandises Les acteurs Compte propre et compte d’autrui Le principal acteur du transport de marchandises est le transporteur routier. Les transporteurs sont des compagnies privées de transport et des artisans camionneurs. Le secteur des entreprises de transport routier de marchandises se compose de près de 40 000 entreprises , dont environ 75 % de moins de 5 salariés. Le transport de marchandises peut être effectué : soit par des entreprises dont l’activité principale est le transport de marchandises : il s’agit du transport pour compte d’autrui ; soit par des entreprises dont l’activité principale n’est pas le transport de marchandises ; ces entreprises transportent leurs marchandises pour leur compte propre. Le transport routier de marchandises est une profession réglementée. Cette réglementation est harmonisée au niveau européen, dans le cadre de la politique de libéralisation du transport de marchandises définie à l'article 75 du traité instituant la CEE; cette libéralisation à l'échelle européenne est entrée en vigueur en juillet 1998 pour ce secteur. Le transport pour compte d’autrui, le plus important, représente environ 80 % des tonnes-kilomètres réalisées et 60 % des tonnages. Les véhicules pour le compte propre sont utilisés en général de manière moins intensive et pour des trajets plus courts que dans le secteur du compte d’autrui. La législation française est fondée sur le code des transports, la LOTI et la loi 98-69 visant à améliorer les conditions d'exercice de la profession de transporteur routier : la libéralisation du secteur s'est accompagnée d'outils de régulation : règle d’accès à la profession de transporteur, harmonisation technique des véhicules, harmonisation sociale fixant des règles spécifiques à la profession de conducteur (temps de conduite et de repos, formation, etc.). Le problème crucial pour le transport pour compte propre est celui des retours à vide plus élevés que pour le transport pour compte d’autrui, ainsi qu’un taux de remplissage des véhicules en général moins élevé. Les transporteurs pour compte d'autrui peuvent être classés selon la nature des activités réalisées (nomenclature NAF) : 491A pour le transport de marchandises interurbain, 491B pour le transport de marchandises de proximité, 4941C pour la location de camions avec chauffeur, 5259A pour la messagerie et le fret express et 5229B pour l'affrètement et l'organisation des transports internationaux. Toutes les entreprises de transport routier rentrent dans le champ d'application de la loi : en particulier les entreprises utilisant un véhicule de poids maximum autorisé de moins de 3,5T ou les entreprises utilisant des modes de transport de moins de quatre roues (arrêté du 14 décembre 2006). Il convient de distinguer les transporteurs routiers des commissionnaires de transport : les commissionnaires sont des intermédiaires qui organise le transport pour le compte d'un chargeur, avec une obligation de résultat. Les conditions d'accès à la profession – conditions d'honorabilité professionnelle, de capacité professionnelle et de capacité financière - ont définies par la directive européenne 96/26/CE modifiée par la 98/76/CE puis traduite en France par le décret 99-752. Toutes les entreprises doivent toutes être inscrites au registre des transporteurs et des loueurs , tenu par la Préfecture de région ; en retour elles obtiennent les titres d'exploitation européen ou de transport intérieur. Lot et messagerie Les pratiques de transport routier sont variées, elles s’adaptent à la demande et à son évolution. On distingue deux caractéristiques structurelles des envois : la messagerie et le transport par lot. 2 P PCI TM&L | Focus sur.... Le transport routier de marchandises – Juillet 2012 La messagerie est une modalité du transport de marchandises qui traite les envois de moins de 3 t constitués de colis, et faisant l’objet de cinq opérations successives : tournée de ramassage, groupage, transfert de la plate-forme d’expédition à la plateforme de destination, dégroupage, puis livraison. Le groupage est une action consistant à réunir les envois de marchandises de plusieurs destinataires. Des progrès importants ont été réalisés en termes de réductions des émissions à la source des principaux polluants atmosphériques locaux, grâce à l’introduction progressive des normes EURO de plus en plus contraignantes et à des motorisations plus performantes sur le plan environnemental. Grâce à ces mesures, la réduction des émissions à la source l’emporte sur l’augmentation des trafics. Par conséquent, les émissions totales des polluants atmosphériques locaux sont à la baisse. On peut donc dire que pour les principaux polluants atmosphériques, le TRM relève le défi environnemental en réduisant ses émissions. En revanche, les émissions totales de CO2 du TRM sont à la hausse. Le transport de lot peut être défini en première approche comme ce qui n’est pas de la messagerie. Un lot complet recouvre une seule expédition émanant d’un seul expéditeur, à l’adresse d’un unique destinataire occupant la totalité d’une unité de charge. Un lot partiel peut faire l’objet d’opérations logistiques de groupage/dégroupage afin de constituer un lot complet. Défi social et défi de la sécurité Le transport de lot représente environ deux tiers du transport routier de marchandises en tonneskilomètres. Le savoir-faire lié au transport par lot consiste à rechercher le meilleur remplissage des véhicules sur des parcours, à la différence de la messagerie où une optimisation globale sur un réseau de plates-formes est recherchée. La réglementation sociale européenne fixe des durées maximales de conduite journalière (9h), des obligations de pause et des durées de repos journalier minimales (11h consécutives). La durée moyenne du travail des conducteurs routiers est nettement plus élevée que celle des autres salariés. Les salaires moyens sont assez faibles aux regards d’heures travaillées importantes. Ces difficultés sociales, qui font du TRM un secteur sensible, peuvent ressortir fréquemment dans des crises pouvant pénaliser l’ensemble de l’économie. Transport routier de marchandises et défi environnemental Le TRM est à l’origine d’émissions de polluants atmosphériques locaux et de gaz à effet de serre. Les véhicules du TRM émettent du dioxyde de soufre, des particules en suspension, des oxydes d’azote, des composés organiques volatiles et du monoxyde de carbone. Ces polluants ont des impacts sur la santé humaine (maladies respiratoires principalement) et sur l’environnement (pluies acides, eutrophisation des milieux naturels, etc.). Le TRM émet aussi du dioxyde de carbone (CO2) et du protoxyde d’azote qui sont des gaz à effet de serre, avec une contribution à environ 11% des émissions de CO2 . Le TRM est également une source de nuisances sonores. Figure 1. Semaine type d’un conducteur routier 3 P PCI TM&L | Focus sur.... Le transport routier de marchandises – Juillet 2012 Les conditions de travail (durée du travail, pénibilité, etc.) ne sont pas seulement un enjeu interne au secteur mais prennent une dimension publique, du fait de leur impact potentiel sur la sécurité routière. Les poids lourds sont impliqués dans un nombre d’accidents proportionnel à leurs circulations, mais ces accidents sont plus graves que la moyenne. Par ailleurs, le TRM contribue à la congestion routière et la subit. Politique européenne du routier des marchandises transport La Commission européenne souhaite une meilleure application de la réglementation afin d’éviter les distorsions de concurrence entraînées par la fraude et les risques en terme de sécurité que cela entraîne. Cela passe par une harmonisation des sanctions, des contrôles accrus, et l’encouragement des échanges d’informations entre administrations. Par ailleurs, l’UE souhaite revitaliser les autres modes de transport et des réflexions sont en cours sur une tarification de l’usage des infrastructures qui reflète les coûts imposés à la collectivité par chaque mode (pour le TRM, il s’agit des coûts liés à l’infrastructure routière, à l’insécurité routière, à la dégradation de l’environnement, et à la contribution des poids lourds à la congestion). Défi de la rentabilité du secteur La profitabilité du TRM est faible, reflétant l’âpreté de la concurrence. Le TRM est un secteur où il est difficile de répercuter sur les prix les augmentations de coût. Les principaux postes de coûts correspondent au coût du travail, au coût des carburants et au coût du matériel de transport. La recherche de la productivité passe par une optimisation des trajets (meilleur remplissage des camions, éviter les retours à vide), des économies de carburants (formation des chauffeurs à la conduite écologique, renouvellement des matériels roulants, etc.), etc... L’UE souhaite également harmoniser la fiscalité des carburants professionnels pour le transport routier. Les taxes sur les carburants et les redevances pour l’usage des infrastructures sont deux instruments fondamentaux de tarification, qui permettent l’internalisation des coûts externes du transport routier. C’est dans cette logique que la France va instaurer en 2013 une écotaxe kilométrique qui devra être acquittée par les poids lourds pour l’utilisation du réseau routier national non concédé et des routes départementales. Le non-respect de la réglementation permet à certaines entreprises d’augmenter artificiellement leur rentabilité en diminuant leurs coûts. Les principales méthodes consistent à conduire plus que ce qui est autorisé, à prendre moins de repos, à utiliser du travail dissimulé, à dépasser les poids et dimensions réglementaires, à ne pas respecter les interdictions de circulation. Ces comportements aboutissent à des distorsions de concurrence en défaveur des entreprises les plus respectueuses de la réglementation. Le transport routier de marchandises, A. Sauvant, Techniques de l’ingénieur, 2007. Transport de marchandises, Caractéristiques de l’offre et capacité des modes de transport, Sétra, 2008. 4