Brigitte CAYSSIALS
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Brigitte CAYSSIALS
Brigitte CAYSSIALS Nathalie BRUN Professeurs d'Economie-Gestion Lycée A. MONTEIL de RODEZ FRANCE PROJET COMENIUS (Année 2006-2007) RAPPORT DE VISITE AU LYCEE FYRISSKOLAN d’ UPPSALA (SUEDE) Du 16 mars au 1er avril 2007 Nous sommes allées en Suède au lycée Fyrriskolan d'Uppsala dans le cadre du projet Comenius "Enhancement in teaching and learning computer and language skills", pour le 1er échange entre le lycée Suédois (représenté par Stephen Grossmann), le lycée de Buzau (Roumanie) avec Adriana Pietrareanu, et notre lycée de Rodez (France). Arrivées le lundi 26 mars au soir, nous sommes revenues le dimanche 1er avril. Le mardi 27 mars, à 9 h 30, Stephen Grossmann nous a donné un aperçu du programme de la semaine. A 10 h 55, nous avons assisté à un cours d'anglais de Mme Marie Bacchus, avec un groupe de 16 élèves, venant soit de l’enseignement général, soit de l’enseignement professionnel. Au début, elle a rendu un test en faisant un commentaire pour chaque élève. Puis elle a posé l'objectif du cours : la lecture d'un petit livre en anglais (environ 50 pages) sur 3 heures, cette lecture étant évaluée à l'aide d'un test de compréhension et d'un compte-rendu. Les élèves sont venus choisir un livre parmi ceux proposés et ont lu (en silence) jusqu'à la fin de l'heure. L'après-midi, nous avons visité le lycée : très grand, avec de nombreux espaces réservés aux pauses des étudiants, une bibliothèque avec de nombreuses salles de travail équipées de postes informatiques pour les recherches personnelles. Environ 250 élèves sur 1 300 fréquentent quotidiennement la bibliothèque. Le lycée dispose de nombreuses salles de sport, mais les élèves ne font qu'une heure de sport par semaine. Les professeurs se retrouvent dans un grand salon-salle à manger, avec une machine à café, une cuisine équipée pour ceux qui amènent leur repas. Chacun dispose d'un bureau et d'un ordinateur, qu'il utilise pour préparer ses cours et enregistrer les absences et retards de ses élèves à chaque cours. La durée des cours est variable (de 40 mn à 1 h 30). La journée commence à 8 h 30 et se termine à 17 h 30 au maximum. Nous avons aussi rencontré plusieurs personnes (assistantes d'éducation ?) chargées d'écouter et de trouver des solutions aux problèmes personnels des élèves (drogues, tabac, alcool, famille…) Nous avons pu comparer ainsi l'organisation éducative suédoise, roumaine et française. Le mercredi 28 mars, Stephen Grossmann nous a invitées à assister à son cours d'informatique : 8 élèves poursuivaient leur travail sur un projet commencé précédemment. Ils travaillaient sur la création d'un site web, en relative autonomie, le professeur intervenant en cas de nécessité (durée : une heure). Puis il nous a installées dans une salle informatique pour traduire des exercices français en anglais (apprentissage de Word, Excel et Access), afin de les rendre utilisables dans les 5 pays participant au projet, voire plus ! En effet, un des objectifs du projet est de constituer une banque d'exercices informatiques. En fin d'après-midi, nous avons observé deux classes pendant un cours de sport : basketball pour les garçons, fitness pour les filles. Nous avons échangé nos idées sur les programmes d'éducation physique et les conditions d'exercice de nos systèmes respectifs. Puis nous avons participé à un entraînement sportif réservé aux professeurs (aérobic). Le jeudi 29 mars, le matin, nous avons terminé la traduction des exercices, l'après-midi, nous avons découvert Uppsala, avant de revenir à 17 h au lycée, pour participer à une soirée "pub", organisée à l'occasion de notre visite. Cela nous a permis de rencontrer d'autres professeurs (de nombreux professeurs de mathématiques-physique, de langue (suédoisanglais), informatique, de communication, ainsi que le Proviseur du Lycée, auquel nous avons donné une plaquette et un CD-ROM sur l'Aveyron. La soirée a été animée par deux professeurs du lycée , l’un guitariste et chanteur, l’autre flûtiste. Le vendredi 30 mars, une fiche de travail de cours de philosophie (en suédois) nous a permis de constater que, comme en anglais, un travail de lecture de textes philosophiques (Descartes, Berkeley et Locke) sur le thème "Rationalisme contre Empirisme" était demandé aux élèves. Ensuite, ils devaient fournir un travail personnel écrit pour pouvoir participer à un débat par groupe. Puis, nous sommes retournées observer un cours d'anglais de Mme Marie Bacchus, de 12 h 20 à 13 h 15, avec 13 élèves. Elle a visionné deux épisodes de la série américaine "Friends" en V. O. durant 25 minutes avant de leur demander de reprendre leur lecture du livre. Des questions seront posées ultérieurement sur le film. Le vendredi après-midi, nous avons découvert une tranche d'histoire de la Suède à Gamla. Le samedi 31 mars fut consacré à la visite de Stockholm, avec la tour de Käknas, le musée Vasa avec ce magnifique vaisseau (le Vasa) qui sombra en 1628 lors de son voyage inaugural, renfloué et restauré il y a une quarantaine d'années sans oublier le Musée du Prix Nobel où nous avons aussi pu contempler une exposition de peinture de Winston Churchill. Cette magnifique journée s'est achevée par un dîner concocté par Stephen Grossmann, que nous remercions chaleureusement pour son accueil et sa disponibilité. CE QUE NOUS RETIENDRONS Au cours des différentes discussions que nous avons pu avoir avec les professeurs du lycée de Fyrisskolan , voici quelques observations (il est évident qu’il ne s’agit en aucun cas de jugement de valeur) relatives au système éducatif, à la vie et à la pédagogie utilisée dans ce lycée suédois. A propos du système éducatif : - la réforme des années 1990. Au cours des années 90, une réforme radicale du système éducatif suédois a été entreprise. Elle a modifié le fonctionnement de l’ensemble de l’enseignement (pré-élémentaire, primaire, secondaire et supérieur). La réforme reposait sur une décentralisation du système scolaire : à un fonctionnement régulateur de l’administration scolaire s’est substituée une pratique de gestion plus axée sur la réalisation d’objectifs clairement définis et on a privilégié une éducation comportant moins de règles. L’objectif des réformes de l’enseignement secondaire supérieur (qui correspond à nos lycées) est d’améliorer la qualité de l’enseignement en dérégulant et en décentralisant les activités, en laissant la liberté aux établissements scolaires de développer leurs propres pratiques d’enseignement et en construisant un système éducatif secondaire suffisamment flexible pour évoluer avec son époque. Les modifications du système de l’enseignement secondaire supérieur s’appliquent avant tout aux anciens programmes d’enseignement professionnel, dont la durée a été étendue à trois années. Un nouveau système de notation et de nouvelles conditions d’entrée en établissements secondaires ont été mis en place dans les années 1990. Afin de renforcer la pertinence de l’enseignement secondaire supérieur, la réforme a également intégré les secteurs de l’éducation non formelle, où l’éducation est acquise sur le lieu de travail. On a dû harmoniser cette éducation non formelle et l’éducation formelle dans des programmes scolaires communs. - Le système éducatif aujourd’hui : Le niveau national L’ensemble de la législation, des réglementations et des programmes en matière d’éducation est déterminé par le Parlement et le ministère de l’Éducation et des Sciences, à l’exception des formations qui relèvent du ministère de l’Agriculture. La formation et l’enseignement professionnels reposent sur une législation émanant conjointement du ministère de l’Éducation et des Sciences et du ministère de l’Industrie, de l’emploi et des communications. Le niveau local La responsabilité du personnel enseignant et la mise en œuvre des activités scolaires sont assumées par les 290 municipalités que compte la Suède . Celles-ci sont responsables des écoles primaires et secondaires, de l’éducation des adultes, y compris l’enseignement du suédois pour les immigrants, ainsi que de l’éducation des jeunes et des adultes handicapés. L’enseignement secondaire supérieur La loi sur l’enseignement scolaire, oblige les municipalités à proposer à chaque élève un enseignement de second cycle jusqu’à 20 ans. Ce cycle s’échelonne sur 3 ans et prévoit 17 programmes nationaux : 14 à dominantes professionnelles et 3 généraux à orientation universitaire. L’enseignement secondaire professionnel (48 % des jeunes) et l’enseignement secondaire général (52 % des jeunes) sont dispensés dans les mêmes lycées appelés gymnasieskola. Le système étant modulaire, les élèves ont un large choix de matières. Un tiers des matières est imposé (tronc commun : il est constitué de huit matières fondamentales, c’est-àdire : le suédois, le suédois en tant que deuxième langue, l’anglais, les études sociales, les études religieuses, les mathématiques, les sciences, le sport et la santé et les activités artistiques). Le reste des programmes est choisi par l’élève, suivant ses aspirations mais aussi, selon les caractéristiques de l’emploi au niveau local. A propos de la vie dans le lycée : - la première chose qui frappe en entrant dans le lycée, c’est la tranquillité qui y règne : pas de sonnerie, pas d’appel au micro, pas de couloirs bondés. Les cours ne commencent pas et ne finissent pas aux mêmes heures. Il y a toujours des professeurs en salle des professeurs, qui discutent ensemble, qui se reposent ou qui se détendent ou encore qui prennent les repas amenés. Dans la salle, sont installés plusieurs salons très confortables, des tables avec des jeux d’échecs, un fauteuil pour massage relaxant et une grande table pour prendre les repas. - les élèves disposent également de multiples « petits » lieux de repos aménagés dans les couloirs : tables et bancs disposés toujours près de fenêtres. La recherche de la lumière extérieure est un souci permanent. - tous les professeurs ont une carte magnétique qui leur permet d’accéder aux différentes salles du lycée. Un système de vidéo-surveillance est installé dans le lycée. - les professeurs, à quelques exceptions près, enseignent au moins deux matières. - peu de règles régissent la discipline mais si elles ne sont pas respectées, les sanctions s’appliquent vraiment. Il n’y a pas d’agressivité vis-à-vis des professeurs. Ils « n’obligent pas » les élèves à travailler en classe. Ils ne crient pas, ne s’énervent pas. Ils donnent les objectifs à atteindre. L’élève fait son choix mais ne dérange pas les autres. L’attitude des jeunes en classe est très, très décontractée. - les jeunes sont autonomes et responsabilisés. Une allocation gouvernementale est attribuée à chacun. A partir de 18 ans, le jeune la perçoit lui-même. Elle peut lui être retirée s’il ne fait pas preuve d ‘assiduité. Dès qu’il a problème (absences, comportement….), les professeurs en informent le personnel du lycée : « tuteurs » ou l’élève lui-même vient demander de l’aide, essentiellement psychologique. Un jeune peut donc quitter le domicile familial à 18 ans s’il le souhaite, vivre avec l’allocation versée par l’état, emprunter pour poursuivre ses études ou s’installer, faire ce qu’il souhaite, il peut être vraiment indépendant de la cellule familiale, en un mot, il est considéré comme un adulte. - tous les élèves du lycée suivent des cours d’informatique (Hardware et Software). L’informatique peut être utilisé comme outil dans les autres matières. - le nombre d’élèves par classe ou groupe est relativement faible. Dans les classes où nous avons assisté aux cours, on comptait de 8 à 15 élèves. - le niveau des élèves est évalué avec des lettres A, B, C, D. (Pas de signe + ou -). - l’évaluation finale est effectuée avec des sujets nationaux. Il faut atteindre le niveau requis dans chaque matière pour obtenir l’examen. - les élèves sont souvent invités à lire en classe sur une ou plusieurs séquences des textes relatifs au thème choisi par le professeur qui effectue ensuite un test de compréhension suivi d’une discussion ou d’un débat, classe entière ou par groupe (philosophie, langues étrangères, suédois).Remarque : la Suède est le pays d’Europe où il y a le plus de lecteurs. - la commune d’Uppsala finance tous les équipements du lycée (les constructions, le mobilier … jusqu’au tasses à café de la salle des professeurs portant le logo du lycée). Le logo du lycée représente un pont en bois qui enjambe la rivière Fyris, il a été fabriqué par les élèves du lycée Fyrisskolan. En ce moment, des travaux importants sont en cours. Les professeurs sont des « employés communaux », recrutés et payés par elle. La cantine est gratuite pour tous les jeunes. Ce qui nous a le plus marqué, c’est l’absence de « stress » et l’autonomie des jeunes. Les suédois « respirent » le calme, sont proches de la nature. Ils utilisent les transports collectifs et leurs bicyclettes. Il y a très peu de voitures qui circulent dans Uppsala. On observe également une certaine « uniformisation » de la culture des jeunes. Nathalie BRUN Brigitte CAYSSIALS