Mincir par le froid
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Mincir par le froid
12 Beauté Le Temps l Samedi 27 février 2016 Mincir par le froid De plus en plus appréciée – les professionnels parlent d’une croissance annuelle à deux chiffres – la médecine esthétique ne cesse d’évoluer. Transformation des mœurs et de la demande oblige, elle évite ces résultats inesthétiques qui militaient en sa défaveur et s’offre aussi une palette de nouveaux traitements bluffants. Dont l’harmonisation du visage. P ar Marie-France Longerstay pensais à cette agression. Impossible de tourner la page. Lorsque cela m’est arrivé, la seule manière de réparer mon nez, c’était la chirurgie esthétique. Mais cela impliquait que le chirurgien me le casse encore une fois. Or, je ne voulais pas en entendre parler. Trop de douleur. En 2009, je me suis tournée vers le docteur Gabor Varadi, un chirurgien plasticien brillant, qui avait développé des techniques très spécifiques dans le domaine de la médecine esthétique, notamment des injections sous-musculaires. Un artiste qui est malheureusement décédé cet hiver. Il m’a proposé de m’injecter de l’acide hyaluronique dans les fractures, à la façon d’un sculpteur, et a ainsi réussi à redresser mon nez. Pour moi, cela relevait presque du miracle! D’une certaine manière, en réparant mon nez, il m’a fait réparation.» Le geste d’un peintre Parvenue à l’âge de raison, la médecine esthétique, pour autant qu’elle soit pratiquée par des spécialistes qui maîtrisent autant les gestes que les appareils et les produits de comblement, a fait, en effet, d’incroyables progrès. «L’embellissement, résume le docteur Michel Pfulg* – chirurgien esthétique, fondateur de Laclinic à Territet, établissement également pluridisciplinaire – et le rajeunissement ne sont pas là pour révolutionner mais pour perfectionner. Apporter cette touche artistique qui illumine l’ensemble du visage en le rendant plus harmonieux, plus équilibré. Tendre la peau telle une toile cirée gomme les effets du temps, mais également les expressions indispensables qui traduisent l’âme et l’esprit.» Pour l’amateur d’art qu’il est, redonner une nouvelle jeunesse «L’embellissement et le rajeunissement ne sont pas pour révolutionner mais pour perfectionner. Apporter cette touche artistique qui illumine l’ensemble.» Michel Pfulg, chirurgien esthétique et fondateur de Laclinic à Territet mes patientes était complexée par un nez dont elle trouvait les narines trop larges et la forme plate. Elle ne souhaitait pas passer par la case chirurgie et en injectant dans le haut du nez, sur l’os, j’ai pu rendre la forme plus linéaire. J’ai aussi injecté dans la columelle (tissu entre les deux narines), pour favoriser une pointe. En moins d’une demi-heure, le résultat était très réussi. Elle était enchantée.» Mais, prévient le docteur, on peut aussi aboutir à un véritable ratage si on injecte trop ou mal à propos. De rhinoplastie, il est aussi question dans le témoignage d’Ilana qui souhaite rendre hommage à son chirurgien, aujourd’hui disparu. «Lorsque j’avais 28 ans, j’ai reçu un projectile qui m’a cassé le nez, expliquet-elle, âgée à présent d’une cinquantaine d’années. A 28 ans, ce nez déformé, cela donnait du caractère à mon visage. Vingt ans plus tard, mes traits paraissaient durs, presque masculins. Et surtout, chaque matin, lorsque je me regardais dans le miroir, je re- à la peau, c’est reproduire le geste du peintre qui, à coups de petites touches de pinceau, illumine une nature morte et lui redonne vie. Avis partagé par Patrick Micheels, médecin spécialisé dans la médecine esthétique, qui évoque la demande de la majorité de ses patient(e)s: gagner en éclat, avoir bonne mine, gommer quelques rides. Aux attentes excessives, parfois farfelues des décennies précédentes ont succédé des souhaits plus réalistes et surtout moins repérables par un regard non exercé. «Pour les miracles, plaisante Patrick Micheels, je leur suggère d’aller à Lourdes. Les injections ont, en effet, changé la donne. Grâce aux acides hyaluroniques volumateurs, on peut retarder un lifting, ou le compléter, mais s’il y a déplacement des masses graisseuses ou un relâchement cutané important, on n’évitera pas le lifting.» Pour le médecin expert dans ce domaine – il fut l’un des tout premiers en Suisse, il y a vingt-cinq ans, à suivre des formations en méde- La cryolipolyse – la congélation des cellules graisseuses – est pratiquée en Suisse depuis trois ans et rencontre de plus en plus d’adeptes convaincus. Une alternative indolore et non invasive à la lipoaspiration. Test D irection La Réserve, puis le Spa Nescens, et au bout d’un couloir, le cabinet du Dr Valérie Leduc, spécialisée en angiologie, l’un des rares médecins à Genève à pratiquer la cryolipolyse. Enfin, à La Reserve, on parle plutôt de Cool Sculpting® ou sculpture par le froid, une appellation plus explicite et un peu moins angoissante. Le docteur Valérie Leduc, spécialisée dans la beauté des jambes, est la meilleure publicité qui soit pour sa profession. On voudrait ses jambes, là, tout de suite si possible. «Cette technologie est une révolution au même titre que l’épilation laser lorsqu’elle est apparue, relève le médecin. C’est non invasif, vous pouvez reprendre votre vie tout de suite après, c’est efficace, non douloureux contrairement à la lipoaspiration. Il n’y a pas de suites difficiles comme après une intervention de chirurgie esthétique. Et on peut tout traiter, sauf les chevilles et les mollets. » Après avoir vu les résultats sur une amie, et lu tous les témoignages positifs sur les forums de discussion, j’ai eu envie d’essayer aussi. «Ce qui me dérange, c’est cette zone, et celle-là», relève le docteur Leduc en empoignant fermement mes poignées d’amour. Un avant-goût de la pression de la machine. Le médecin trace alors un signe au feutre, sur la zone à traiter et m’installe sur un lit de soin, mais en position assise «parce que cette position optimise le traitement des poignées cine esthétique –, la qualité et la multiplicité des produits offrent au praticien un grand éventail de traitements n’entraînant pas ou peu d’éviction sociale et professionnelle. Parmi les soins récents, et très appréciés, il cite, comme le docteur Pfulg, la technologie des ultrasons focalisés conseillés pour redéfinir l’ovale du visage ou retendre la peau du cou. Et les fils crantés résorbables qui permettent, eux aussi, de retarder le moment du lifting. «On les glisse sous la peau pour retendre un peu le visage ou remonter des bajoues, précise Michel Pfulg. Le traitement se fait en ambulatoire et les effets durent entre un et deux ans. Surtout le geste ne nécessite pas de bloc opératoire.» Indiscutablement, à entendre les divers médecins et chirurgiens rencontrés, l’évolution de la médecine esthétique a rejailli sur la chirurgie dont les méthodes sont aussi devenues moins agressives, moins intrusives. «On peut même dire, relève Michel Pfulg, que le recours à la toxine botulique, capable de remonter un sourcil ou de gommer les rides du haut du visage, a quasiment supprimé le lifting frontal.» Cette même toxine qui a également permis d’éviter les excisions faites, il y a une vingtaine d’années, pour venir à bout de l’hyperhydrose. En agissant à la baisse sur l’action des glandes sudoripares, la toxine botulique a remplacé le bistouri. d’amour». Ce dernier dure une heure par zone, soit deux heures au total, mieux vaut emporter un peu de travail avec soi. Ensuite commencent les choses sérieuses. Le médecin place une sorte d’aspirateur doté d’une électrode qui génère le froid et dont les moteurs aspirent le bourrelet qui sera maintenu pendant une heure, à –10 degrés. Ce refroidissement entraînera une apoptose cellulaire (destruction des cellules graisseuses) sans tiq®, la seule qui soit agréée par la FDA (Food and Drug Administration). Pendant le traitement, la machine vérifie l’état de la peau et de la température. Au moindre signe d’intolérance c utanée, elle s’arrête», souligne le médecin. Il y a peu de contre-indications, à part les patients présentant une forte réactivité au froid, une mauvaise circulation sanguine sur la zone traitée, les personnes atteintes de la maladie de Raynaud. Un traitement contre-indiqué aux «On diminue le volume graisseux de 30% sur chaque zone.» Dr Valérie Leduc abîmer les autres. «On diminue le volume graisseux de 30% sur chaque zone», explique-t-elle. C’est un peu froid au début, puis l’on s’habitue. Le seul inconfort que l’on ressente, c’est lorsque le médecin ôte l’appareil et masse la chair refroidie. Contrairement à ce que l’on m’avait dit, le lendemain, je n’ai aucun bleu. Juste un léger inconfort qui dure quelques jours, et le sentiment d’une peau comme anesthésiée. Il y a forcément un moment, pendant ces deux heures, où l’on se demande si la machine est sûre. «Nous utilisons la machine Zel- femmes enceintes et aux porteurs de dispositifs électroniques. La cryolipolyse doit être exclusivement réalisée par un médecin. Quant aux résultats? Rendez-vous dans trois mois. «L’élimination des cellules se fait par le foie. Il faut être patiente», encourage le docteur Leduc. Trois mois? Parfait pour la séance honnie des essayages de maillot de bain… Isabelle Cerboneschi Contact: Dr Leduc La Réserve Spa Nescens Route de Lausanne 301, Tél. 022 959 59 99 Choisir le bon praticien A la question récurrente: comment choisir le «bon» praticien? on serait tenté de répondre: commencez par réclamer la preuve d’une véritable formation. En faveur des établissements pluridisciplinaires consacrés à l’esthétique: la possibilité de disposer de différents médecins et chirurgiens, chacun expert dans sa discipline, ce qui offre une grande variété de traitements et empêche qu’un médecin isolé ne puisse être tenté de multiplier des gestes inadéquats. «Si l’on veut offrir le meilleur à nos patients, détaille Michel Pfulg, il est indispensable de travailler en équipe sous le même toit, sans concurrence, chacun étant spécialisé dans un domaine, de façon à dispenser le meilleur service possible.» Questionné sur la formation, Michel Pfulg évoque un apprentissage dispensé hors de Suisse et par les fabricants de lasers et d’appareils spécialisés. Détenteur de divers diplômes français, dont celui délivré par le Collège national de médecine esthétique en France et des universités parisiennes dans le domaine des injectables et des lasers, Patrick Micheels regrette cette absence. «J’aimerais qu’il y ait, en Suisse, un enseignement universitaire, comme c’est le cas en France, en Belgique ou en Espagne.» Bien sûr l’appartenance du praticien à la FMH (Fédération des médecins suisses) et à la Société suisse de médecine esthétique a de quoi rassurer, mais le bouche-àoreille n’est pas négligeable. Il permet de visualiser les résultats sur d’autres visages. Dans tous les cas, évitez les «Botox parties» où le médecin enchaîne les injections dans un hôtel ou un lieu privé. L’injection réussie est celle qui respecte la dynamique d’un visage et se fait à l’aide d’un acide hyaluronique sélectionné en fonction de la zone à traiter. > Une panoplie de traitements Différencier chirurgie et médecine esthétique tient en un mot: bistouri. Alors que la première «pénètre» dans le corps, la seconde use de méthodes moins invasives n’entraînant pas ou peu d’éviction sociale. Liste non exhaustive des pratiques médicales. •Toujours en tête des demandes, les injections d’acide hyaluronique et de toxine botulique s’attaquent diversement aux rides. Le premier, comme on l’a vu, ne se contente plus de «remplir» rides et ridules, d’améliorer la capacité de la peau à retenir l’eau, mais permet aussi toute une harmonisation des traits. La toxine botulique, injectée dans les muscles pour en empêcher la contraction, permet d’effacer certaines rides d’expression tout en conservant une mobilité suffisante pour ne pas altérer l’expressivité du visage. •Les skin boosters: il s’agit, là aussi, d’acide hyaluronique dispensé dans le derme profond par des microcanules émoussées ou de multiples petites injections à l’aide d’une fine aiguille. Le produit reste dans le derme environ un mois avant d’être complètement résorbé. Il hydrate 24 heures sur 24 et stimule les cellules pour la production de nouveau collagène. La peau s’en trouve mieux hydratée, élastique et lumineuse. Moins ridée aussi. •Les lasers: venir à bout des troubles pigmentaires, de la couperose, corriger des lésions cutanées bénignes, atténuer les rides profondes, mais aussi traiter le relâchement du bas du visage, du cou comme le font les ultrasons focalisés (sous l’effet de la chaleur produite, les fibres de collagène se rétractent, provoquant une mise en tension) type Ulthera… La palette des lasers est très vaste et les appareils parfaitement maîtrisés. MÉDECINE ESTHÉTIQUE PAPER BOAT CREATIVE I l est banal de dire que la médecine esthétique a considérablement évolué. Encore faut-il savoir ce que couvre cette assertion. Médecin esthétique, responsable du centre lausannois The Beauty Suite, le docteur Marco Cerrano est notamment spécialisé dans les corrections esthétiques du nez par injections de produits de comblement. En modifier l’apparence générale, sa forme, sa taille, retirer une bosse, affiner la base, le raccourcir ou le rallonger relevaient exclusivement de la chirurgie. «Ces dernières années, la rhinoplastie médicale a vu le jour. Pour compléter un geste chirurgical, mais aussi le remplacer.» Tout en précisant qu’en cas de déviation latéro-latérale ou de bosse trop importante, la médecine ne suffit pas, le docteur Cerrano confirme les atouts des injections – acide hyaluronique ou Radiesse®, un hydroxyapatite, produit résorbable, biocompatible et biodégradable – pour affiner un nez, combler un creux dans la partie haute en apportant un peu de volume, ou encore agir sur une bosse discrète. «Il y a une quinzaine d’années encore le souci n° 1 était de combler des rides. Puis on s’est concentré sur le visage dans sa globalité et on a parlé de liquid lifting ou de soft lifting, allusion au caractère non invasif de ces techniques. Grâce à une meilleure connaissance, on a appris à corriger un nez à l’aide d’injections, pour le rendre un peu plus étroit par exemple.» Acide hyaluronique bien réticulé (donc plus épais), au pouvoir liftant ou Radiesse® aux vertus lissantes très importantes, la variété des injectables a contribué à fournir les outils nécessaires. «La clientèle chinoise est très demandeuse. L’une de Beauté Le Temps l Samedi 27 février 2016 La maîtrise du geste •Les peelings: du plus doux à l’acide glycolique ou à l’acide trichloracétique au plus profond au phénol, tous cherchent, à l’aide d’une substance chimique, à provoquer une destruction de l’épiderme ou des couches superficielles du derme. Cette destruction vise à obtenir une régénération des couches détruites et à stimuler la production de fibres élastiques et de collagène qui vont densifier la peau. Amélioration du teint et du grain de peau, diminution des taches brunes, atténuation des ridules et rides superficielles, les indications se valent. Toutefois les suites du peeling au phénol sont plus lourdes et la brûlure provoquée peut entraîner une indis- ponibilité sociale pouvant durer jusqu’à deux semaines. •Le PRP (pour plasma riche en plaquettes) consiste à utiliser le propre sang de la patiente pour produire du plasma enrichi en plaquettes, facteurs de croissance de cellules-souches. Réinjecté sous la peau, ce traitement stimule la formation de collagène, la revascularisation et la réparation des tissus. Effet régénérant assuré! Y compris au niveau du décolleté. •Le thermage: utilisant la radiofréquence qui provoque un échauffement des structures profondes, ce traitement stimule les fibroblastes et entraîne une production massive de collagène et d’élastine. Conseillé sur toutes les zones qui se relâchent avec l’âge, il donne de très bons résultats dans les mois qui suivent. Et ses effets durent plusieurs années. •Le lipofilling: de la graisse autologue, en petites quantités quand il s’agit du visage, est prélevée sous anesthésie locale et réinjectée, après centrifugation, à l’endroit souhaité: pommettes, joues, sillons nasogéniens… Pour remodeler un visage, venir à bout d’une ride, ou apporter un coup d’éclat, c’est parfait! •Les fils crantés résorbables: constitués, majoritairement d’acide polyactique, implantés plus ou moins profondément sous la peau, ils lissent et tendent les tissus. En revanche, le docteur Varadi se montre réticent. «Ils sont susceptibles de créer une fibrose souscutanée qui peut être contre-productive si on choisit ensuite de faire un lifting sousmusculaire.» •La cryothérapie (lire ci-dessus): les cellules graisseuses étant ultrasensibles au froid, l’appareil (de préférence l’original, soit Zeltiq®, détenteur de l’agrément décerné par le très sévère FDA américain) promet, par l’intermédiaire d’une ventouse appliquée à l’endroit désigné, de se débarrasser, en six à huit semaines, d’un grand pourcentage d’adipocytes. Jugé très satisfaisant pour celles qui l’ont essayé, ce traitement est parfait pour venir à bout d’un petit ventre, d’un surplus graisseux au niveau des hanches ou des cuisses. Marie-France Longerstay * La beauté exactement, Docteur Michel Pfulg. Editions Image 22. 13