DOPAGE SANGUIN

Transcription

DOPAGE SANGUIN
Performance et sécurité dans les sports de montagne : état des recherches
DOPAGE SANGUIN :
EFFETS SUR LA PERFORMANCE ET PROBLEMATIQUE DE LA DETECTION
Paul Robach, ENSA
L’érythropoïétine (Epo) est une hormone secrétée par le rein et permettant la synthèse des
globules rouges. L’Epo recombinante (rEpo) est un médicament utilisée pour traiter diverses
pathologies impliquant un déficit en globules rouges.
Certains sportifs utilisent rEpo pour améliorer leur performance en endurance. Cette pratique
interdite rentre dans le cadre du dopage sanguin. Dans des conditions d’oxygénation normales,
l’administration prolongée de rEpo induit une augmentation de la consommation maximale
d’oxygène (VO2max) ainsi qu’une amélioration massive de la performance en endurance pouvant
atteindre 50%. Cet effet ergogénique est principalement lié à l’augmentation de la capacité de
transport de l’oxygène par le sang (CaO2). De plus, il a récemment été suggéré que rEpo stimulait
directement sur le muscle et le cerveau. Toutefois, des données récentes suggèrent au contraire
que rEpo ne modifie pas les paramètres musculaires et cérébraux potentiellement impliqués dans
la performance sportive.
Contrairement à la normoxie, en hypoxie sévère (au-delà d’une altitude de 4000m) l’administration
de rEpo reste sans effet sur VO2max, en dépit d’une augmentation substantielle de CaO2. Une
explication possible est que l’hypoxie cérébrale joue un rôle prépondérant sur la limitation de la
performance, ce qui expliquerait pourquoi VO2max devient indépendant de CaO2 dans cette
condition.
Mais c’est probablement en condition d’hypoxie modéré (altitudes de 2000-3500m) que l’effet
ergogénique de rEpo devient « maximal ». En effet, dans cette condition, le gain de VO2max
consécutif à une administration de rEpo est encore plus marqué qu’en normoxie. Le dopage
sanguin est donc une problématique majeure dans le cadre des sports compétitifs d’endurance se
déroulant en moyenne altitude.
Enfin, la détection du dopage sanguin demeure complexe. Il est donc important et urgent de
continuer à améliorer les tests directs de détection, de développer la détection indirecte (passeport
biologique, profilage), et enfin, de parvenir à détecter la transfusion autologue.
Ecole Nationale de ski et d’alpinisme – 21 juin 2012