l`art doit être au service d`un engagement

Transcription

l`art doit être au service d`un engagement
N° 46 sept.-oct. 2013
ÉDITION Nationale
ACTU
La laïcité
fait sa rentrée
SANTÉ
Imprimé sur du papier recyclé. Ne jetez pas ce magazine sur la voie publique : donnez-le. Merci !
Hajj : la menace
du coronavirus
SPORT
L'accompagnement
mental indispensable
MÉDINE
« L’art doit être
au service d’un engagement »
Dossier spécial : MODE ET BEAUTÉ EN ISLAM
SALAMNEWS N° 46 / septembre-octobre 2013
ÉDITO
SOMMAIRE
Du bon sens
républicain
ACTU
4 La laïcité fait sa rentrée
Le dialogue islamo-chrétien
fête ses 40 ans
C
6 Hajj 2013 : le nombre de pèlerins
en baisse
7 L’Arabie Saoudite face à la menace
du coronavirus
« L’accompagnement mental
est indispensable »
© D. R.
SPORT
8 Mohamed Regragui :
TÊTE D’AFFICHE
16 Médine : « L’art doit être au service
d’un engagement »
CULTURE
18 « Par ICI Dakar ! » :
le Sénégal vient à Paris
Omar – Sur le chemin de l’école
Jérusalem
De VOUS À NOUS
22 Doutes et certitudes
FOCUS
© Saphir Média
CINÉMA
20 Rock the casbah – Enfants valises
Spécial MODE ET BEAUTÉ
10 Petite histoire du fantasme
sur l’Arabo-musulmane
1 2 Islam et beauté
13 Cosmétiques halal :
14 Voile, strass et business
à la mode musulmane
15 Quand le voile devient « in »
Salamnews est édité par Saphir Média, SARL de presse au capital de 10 000 euros.
Saphir Média : 153, boulevard Anatole-France – 93521 Saint-Denis Cedex 01
Directeur de la publication : Mohammed Colin. N° ISSN : 1969-2838. Dépôt légal : septembre 2013.
Directeur commercial : Mourad Latrech. Directeur de la rédaction : Mohammed Colin.
Rédactrice en chef : Huê Trinh Nguyên. Journalistes : Hanan Ben Rhouma, Nabil Djellit
Maria Magassa-Konaté, Karima Peyronie.
A participé à ce numéro : Chams en Nour. Rédaction : [email protected] – www.salamnews.fr
Conception graphique : Pierre-André Magnier.
Imprimé en France. Tirage : 100 000 exemplaires. Photo de couverture : © Saphir Média
© D. R.
« le maquillage n’est pas haram ! »
e n’est un secret pour personne, à
Salamnews nous défendons une laïcité ouverte et inclusive, telle qu’elle fut
votée en 1905. C’est donc notre héritage
et nous nous efforçons de le vivre en ce
début de XXIe siècle. Alors, oui, nous nous
réjouissons de toute action visant à promouvoir les valeurs de la laïcité. Rappelons
que la laïcité avait pour objectif de « neutraliser » et de pacifier l’espace public ainsi
que les espaces d’enseignement où s’exerçait une influence considérable de l’Église
catholique alors toute-puissante. Les
minorités religieuses de l’époque, protestantes, juives mais aussi catholiques progressistes, ont appuyé cette séparation
des Églises et de l’État.
La charte de la laïcité aurait donc pu totalement nous réjouir. Mais, à vrai dire, nous
avons quelque gêne. Depuis une vingtaine
d’années, ce principe de vie altruiste a été
investi par les idées de l’extrême droite tel
un cheval de Troie. Ces idées morbides
font croire à l’opinion publique que l’islam
de France mettrait en danger les fondements de l’État républicain. Hier, la laïcité
était un vecteur de rassemblement de la
nation et de protection de la conscience
des minorités mais, aujourd’hui, sous
influence de l’extrême droite, cette laïcité
orientée tente de nous faire virer à la discorde et à la mise au pilori des citoyens de
cultures musulmanes.
C’est donc non pas une laïcité névrosée
que nous voulons, mais une laïcité apaisée,
qui puisse donner du sens à notre triptyque
républicain : Liberté, Égalité, Fraternité !
Or force est de reconnaître qu’aujourd’hui
l’égalité, aussi bien dans l’acquisition des
savoirs de base que dans l’accès à un
emploi et au logement (quand même le
capital économique est présent) n’est
absolument pas assurée. ■
Mohammed Colin
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SALAMNEWS N° 46 / septembre-octobre 2013
4
ACTU
w Pour plus d’actus, saphirnews.com,
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SOCIÉTÉ
Agenda
La laïcité fait sa rentrée
CINÉ-DÉBAT
© D. R.
ÉCOLE. Le ministre de l’Éducation
nationale, Vincent Peillon, a présenté sa charte de la laïcité le 9
septembre, qui doit être affichée
dans « les lieux d’accueil et de passage
des écoles » et sera complétée dès
2015 par l’enseignement de la
morale laïque. Une charte en 15
articles, qui rappelle la neutralité
des institutions et de l’enseignement
face aux religions, la liberté de
conscience ou encore l’interdiction
du port des signes religieux à l’école,
déjà sacralisée par la loi de 2004.
Même s’il « salue la mise en place par
le ministre de l’Éducation nationale
d’une charte de la laïcité », Dominique
Baudis, le Défenseur des droits, a
annoncé son intention de saisir le
Conseil d’État afin d’obtenir des
« clarifications nécessaires ». Il dit
constater en effet, « à travers les réclamations reçues, que beaucoup d’incer-
titudes demeurent quant au champ
d’application de ce principe de laïcité ».
Dominique Baudis fait ici référence
aux « collaborateurs bénévoles ou occasionnels du service public » telles les
mères voilées accompagnant les
enfants lors de sorties scolaires. L’utilité de la charte est d’ores et déjà
remise en question, certains la considérant comme un dispositif visant
les musulmans de France, cibles
réguliers de débats politiques sur la
laïcité. ■ Maria Magassa-Konaté
INTERRELIGIEUX
Le SRI fête ses 40 ans
ANNIVERSAIRE. « Entrer en
dialogue ne signifie pas oublier les différences doctrinales fondamentales qui
existent, mais assumer ces différences,
pratiquer la rencontre et l’action commune », déclare le père Christophe
Roucou, à la tête, depuis 2006, du
Service national pour les relations
avec l’islam (SRI), qui fête ses 40 ans
d’existence. Pour marquer le coup,
le SRI organise une conférence sur
le dialogue interreligieux le 28 septembre et publie l’ouvrage Le Prêtre
et l’Imam (Éd. Bayard, 2013), coécrit
par Christophe Roucou et Tareq
Oubrou.
C’est en 1973 que naît, sous la
houlette de la Conférence des évêques de France, le premier Secrétariat pour la rencontre avec les
musulmans, qui deviendra en 1975
le SRI. Aujourd’hui, dans 70 diocèses, des délégués (prêtres, religieux
ou laïcs), nommés par l’évêque du
lieu, sont chargés des relations islamo-chrétiennes. Venant en appui
des rencontres sur le terrain, le SRI
édite des dossiers thématiques
(les mariages islamo-chrétiens ; la
prière ; la présence des musulmans
dans l’enseignement catholique…)
et organise, chaque année, une session
de formation. ■ Huê Trinh Nguyên
Abd el-Kader,
construction
d’une icône nationale
La France fit de lui
un héros de son panthéon
républicain, l’Algérie
indépendante l’a adopté
comme le père de
la nation : l’émir Abd
el-Kader, qui résista
à la colonisation française
puis fut exilé jusqu’à
sa mort en 1883, reste
une légende. Débat avec
Slimane Zeghidour, suivi
de la projection du film
À la recherche de
l’émir Abd el-Kader,
de Mohamed Latrèche
(2004).
w Le 3 octobre, à 18 h 30
MUCEM
1, esplanade du J4
13002 Marseille
www.mucem.org
THÉÂTRE
Invisibles
La superbe pièce
de Nasser Djemaï se joue
plus d’un mois à Paris.
Partant à la recherche
de son père inconnu,
un jeune homme
va à la rencontre
de quatre chibanis dans
un foyer d’anciens
travailleurs immigrés.
Le texte, nourri de
témoignages recueillis
sur le terrain, est porté
par cinq acteurs dont
le jeu est fait de dignité
pour aller à l’essentiel :
l’émotion.
w Jusqu’au 20 octobre
Théâtre 13
103A, bd Auguste-Blanqui
Paris 13e
www.theatre13.com
Illumination(s)
Ahmed Madani met
en scène neuf jeunes
du Val-Fourré, quartier
populaire de Mantesla-Jolie, pour nous conter
une saga familiale
sur trois générations.
w Du 15 au 20 octobre
Théâtre des métallos
94, rue Jean-PierreTimbaud – Paris 11e
www.maisondesmetallos.org
Belgique
Le halal encaisse
1,7 milliard
d’euros
ÉCONOMIE. Le marché belge
des produits halal représente un
chiffre d’affaires de 1,7 milliard
d’euros, selon une estimation du
département flamand de l’Agriculture et de la Pêche effectuée sur la
base du marché néerlandais. Le
département évoque une croissance
« sauvage » des organismes de certification halal dans un pays qui en
compte actuellement une dizaine,
chacun disposant de ses propres
critères et méthodes de contrôle.
Près de 630 000 musulmans vivent
en Belgique. Le marché national
du halal pèse donc bien plus lourd
que l’estimation donnée, qui ne tient
pas compte du marché de la Belgique francophone, où vit aussi une
importante communauté musulmane. ■ M. M.-K.
DANEMARK
Premier minaret
en construction
PATRIMOINE. La construction
de la première mosquée de Danemark dotée d’un minaret de 22 m
de haut sera bientôt achevée. En
1990, Copenhaque avait donné sa
première autorisation pour l’édification d’une mosquée, mais ce n’est
que récemment que le financement
(150 millions de couronnes, soit
20 M€) a été trouvé auprès du
Qatar. Le projet comprend, en plus
d’un espace cultuel, une école, un
restaurant et un centre culturel sur
une surface totale de 6 800 m².
Les critiques n’ont pas tardé à fuser.
Au Danemark, la communauté
musulmane (226 000 personnes,
soit 4 % de la population totale),
subit comme partout en Europe une
montée de l’islamophobie. Le Parti
du peuple danois, le parti d’extrême
droite, dispose de 22 sièges au
Parlement. ■ M. M.-K.
SALAMNEWS N° 46 / SEPTEMBRE-OCTOBRE 2013
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ACTU
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Hajj 2013 : l’Arabie Saoudite
réduit le nombre de pèlerins
Manque à gagner
C’est le cas de l’agence Star Travel International. Tous les ans,
le quota de visas qui lui est attribué est de 450 mais, avec la
réduction de cette année, ce sont
360 visas qui pourront lui être
délivrés par les autorités saoudiennes. « Nous avons 90 visas
en moins. Ce n’est pas négligeable »,
commente Saer Said, l’un des
responsables de l’agence, qui
compte 11 ans d’activités derrière
elle.
Au courant de la décision prise
par l’Arabie Saoudite, « il y a deux
mois », Star Travel a heureusement
pu annuler les contrats qu’elles
avaient signés par avance avec les
hôteliers sans pertes financières.
Au final, la réduction du nombre
de pèlerins lui coûtera tout de
même un manque à gagner par
rapport aux années précédentes.
Un manque qui a son poids, car
l’offre pèlerinage équivaut à 50 %
de l’activité de cette agence de
voyages.
Toutes les autres agences qui
proposent le hajj subissent ce sort
comme Méridianis, qui voit son
quota descendre à 700 visas, ou
Ariane Voyages, qui se retrouve
avec moins de 400 visas au lieu
d’un peu plus de 500. Mais la
réduction des quotas n’a pas causé
d’autres « préjudices » car les autorités saoudiennes ont « prévenu
à l’avance », indique également
Salim, d’Ariane Voyages.
© D. R.
QUOTAS. Le nombre des pèlerins venant de l’étranger a été
réduit de 20 % et celui des fidèles du royaume de 50 %. « Cette
décision est exceptionnelle et temporaire », a assuré le ministre du
Hajj, Bandar Hajjar. Motif : les
travaux d’extension de la Grande
Mosquée de La Mecque qui
devraient, à terme, porter la capacité d’accueil du site à 2,2 millions de personnes. Conséquence :
dans les pays musulmans, cette
décision a suscité de nombreuses
déceptions chez les personnes qui
comptaient effectuer leur grand
pèlerinage (hajj) cette année ; en
France, les agences qui proposent
ce voyage ont dû revoir leur organisation.
© D. R.
Les autorités saoudiennes ont annoncé
une réduction importante du nombre
de fidèles autorisés à effectuer le hajj,
le grand pèlerinage à La Mecque,
prévu pour mi-octobre 2013. En France,
les agences de voyages ont dû se réorganiser.
La mesure de baisse des quotas de pèlerins restera en vigueur jusqu’à la fin des travaux
réalisés autour du mataf (zone de circumambulation autour de la Ka‘ba). Elle coûterait
à l’industrie du hajj 1,3 milliard de dollars.
que-t-il. Pourtant, nous avons
« un engagement financier et un
Lenteur
engagement humain » auprès des
de l’administration
Les professionnels du secteur clients, insiste M. Said.
montrent du doigt l’organisation
des autorités saoudiennes qui Des travaux urgents
tardent trop souvent à leur com- « Pour peser » face à une admimuniquer des prises de décisions, nistration saoudienne qui ne leur
pourtant cruciales pour la pré- facilite pas la tâche, plusieurs
paration des voyages des candi- agences agréées hajj, dont celles
dats au pèlerinage. Ainsi, pour où travaillent Saer et Salim, se
les agences, le renouvellement sont regroupées à travers un colannuel de l’agrément hajj relève lectif sous l’égide du ministère
du parcours du combattant.
de l’Intérieur.
Quant aux informations fournies Mais une nouvelle déconvenue
par les autorités saoudiennes, à pourrait les frapper car une légistravers notamment le consulat, lation interdisant les personnes
elles sont « très opaques » et assez de faire le hajj plus d’une fois
« floues », juge Salim, d’Ariane tous les cinq ans pourrait être
Voyages. « Il faut comprendre que appliquée cette année. Une note
le contexte saoudien est un contexte officielle dans ce sens a été
particulier » marqué par « la len- envoyée aux agences au mois
teur de l’administration », expli- d’avril. Si Méridianis ou Ariane
Voyages ont pris leur « précaution » en n’acceptant aucun client
ayant effectué le hajj il y a moins
de cinq ans, ce n’est pas le cas de
certaines agences qui risquent de
se retrouver avec des annulations
à un mois du pèlerinage.
Reste que les travaux menés à La
Mecque sont essentiels face à
l’afflux des fidèles. « C’est un mal
nécessaire, c’est plus qu’urgent »,
estime M. Said. À La Mecque,
la construction de l’Abraj Al Bait,
un complexe de plusieurs tours
destinées à l’accueil des pèlerins,
s’est achevée en 2012. À présent,
les travaux dans la Ville sainte
se concentrent autour de l’extension de la Grande Mosquée.
À terme, ils devraient permettre
d’accueillir plus de 2 millions de
personnes. ■
Maria Magassa-Konaté
www.salamnews.fr
3,16 Mio
w 3,16 millions, c’est le nombre officiel de pèlerins, ayant effectué le hajj à La Mecque
en 2012. Plus de 1,7 million d’entre eux sont des pèlerins étrangers, venus de 189 pays.
(Source : Bureau saoudien des statistiques générales et de l'information)
7
La menace du coronavirus
SANTÉ. L’Arabie Saoudite est le pays le plus
touché par le coronavirus. Depuis septembre 2012,
le royaume saoudien a recensé pas moins de 100
cas (sur 114 dans le monde), dont 47 sont morts
du virus proche du SRAS, le syndrome respiratoire
aigu sévère. Rebaptisé syndrome respiratoire du
Moyen-Orient (MERS-CoV) du fait que cette
région est le foyer de l’infection, le coronavirus
a dernièrement tué 2 Saoudiens.
Restrictions de voyage
pour les plus fragiles
À ce jour, l’Organisation mondiale de la santé
(OMS) n’a pas émis de restriction de voyage à
destination du pays et des Lieux saints de La
Mecque et de Médine, estimant que « le risque
pour un pèlerin individuel de contracter le
MERS-CoV est très faible ». De son côté, l’Arabie Saoudite déconseille l’accès à son territoire
aux personnes souffrant de maladies chroniques comme le diabète, les femmes enceintes,
les enfants âgés de moins de 12 ans et les personnes de plus 65 ans désirant effectuer le hajj,
qui aura lieu cette année en octobre. La Direction générale de la santé (DGS) en France, qui
avait d’abord évoqué une restriction de visas en
juillet, indique désormais qu’il ne s’agit que
d’une mise en garde.
Plutôt que de se terrer dans le silence, le ministère
saoudien de la Santé a établi un plan de communication sur le coronavirus pour mettre en avant
ses efforts dans la lutte contre cette menace sanitaire, informer des derniers cas déclarés dans le
pays et ainsi rassurer au mieux ses citoyens et les
candidats au pèlerinage. Pour ce faire, il a mis en
place un site officiel (en arabe et en anglais) dédié
au MERS-CoV [www.moh.gov.sa]. ■
Hanan Ben Rhouma
© D. R.
Lors du grand pèlerinage à La Mecque, la menace du coronavirus plane
toujours. Le hajj réunit chaque année plus de 3 millions de musulmans.
Dans le même temps, le mystère reste entier sur le virus de type SRAS
contre lequel aucun traitement ni vaccin n’existe.
Conseils
Les autorités saoudiennes appellent
à la vigilance de chacun pour réduire
la propagation de la maladie.
Se laver les mains régulièrement,
utiliser des mouchoirs pour tousser
ou éternuer et s’en débarrasser
dans une poubelle, porter un tissu
devant sa bouche lors de son
pèlerinage et rester à l’écart des
personnes infectées sont quelquesuns des conseils à retenir. En cas
de fièvre ou de troubles respiratoires
lors du pèlerinage et dans les jours
qui suivent le retour au pays,
le patient est tenu de consulter
un médecin sans délais et d’alerter
les autorités compétentes.
8
sport 3
SALAMNEWS N° 46 / SEPTEMBRE-OCTOBRE 2013
w Chez les sportifs de haut niveau, 3 types de facteurs prédisposent à la blessure : les facteurs
psychologiques, les facteurs sociaux et les facteurs d’entraînement. Ainsi, la capacité d’adaptation
au stress et l’image de soi seraient en relation avec une certaine propension aux blessures sportives.
Par Nabil Djellit
Regragui : « L’accompagnement mental
est indispensable »
Quelle est la place du mental
dans les résultats sportifs
des athlètes de haut niveau ?
Mohamed Regragui : Le mental,
c’est 70 % de la performance finale.
On peut être à 200 % physiquement et ne pas être bon car, dans
la tête, cela ne suit pas.
Dans le footbal, les exemples sont
légion. Les équipes réduites à 10
après une expulsion s’imposent
parfois face à 11 joueurs. Cela n’est
dû qu’à des facteurs psychologiques.
Cela situe l’importance du mental,
et les problématiques qui peuvent
en découler.
En quoi l’accompagnement
mental est-il si important ?
Il est indispensable. Le football
est le sport où il y a le plus de
besoins parce que les sommes en
jeu sont importantes, et souvent
les joueurs ont des baisses de régime
du fait de l’environnement ou de
leur rapport à l’argent.
Jérémie Janot, on a travaillé sur la
confiance, c’est un gros stressé, et
Kevin Anin, il était dans une quête
de soi-même. Je ne fais pas tout le
travail, ce n’est jamais grâce à moi,
ce sont les ressources de chaque
personne qui font qu’elle avance.
L’hypnose comprend plusieurs
méthodes, ce n’est pas forcément
comme on peut se l’imaginer, et
cela peut être simplement conversationnel.
Montrés du doigt,
les comportements des
entourages peuvent-ils influer
sur le mental du sportif ?
Souvent, quand le sportif
acquiert de la notoriété, on imagine que ce sont les potes ou ceux
qu’on appelle les nouveaux amis
qui sont les plus néfastes. Mais
l’environnemesnt familial peut
l’être également : un père omniprésent par rapport aux gains du
joueur ; les frères qui galèrent un
peu… autant d’étapes de vie difficiles. Et puis les joueurs gagnent
beaucoup d’argent, mais ils en
prêtent aussi. Je suis ami avec
Zoumana Camara (défenseur du
PSG), il a toujours été aux petits
soins avec sa famille.
Vous avez travaill
avec des footballeurs
professionnels comme
Jérémie Janot, Ousmane Dabo
ou Kévin Anin ; en quoi
l’hypnose a-t-elle été utile ?
Pour Ousmane Dabo, je suis
intervenu dans le deuil qu’il a dû La France a été traumatisée
faire de sa fin de carrière. Avec par le fiasco du Mondial 2010.
© D. R.
Spécialiste de la gestion mentale des sportifs
de haut niveau, Mohamed Regragui utilise
l’hypnothérapie pour mieux aider les joueurs
de football à appréhender leur environnement
ainsi qu’à optimiser leurs performances.
Cet ancien joueur au parcours atypique, passé
par Saint-Étienne, le Portugal et le Bangladesh,
séduit déjà quelques clubs professionnels
qui voient la possibilité de mieux accompagner
les carrières des footballeurs, parfois instables.
Entretien.
« L’environnement familial, amical et les aléas de la vie peuvent avoir des influences
néfastes sur les performances finales », déclare Mohamed Regragui, coach auprès
de sportifs de haut niveau (ici en compagnie de David Beckham, ex-PSG).
Aussi « l’accompagnement mental est indispensable ».
En termes de valeurs, les jeunes
footballeurs originaires
de banlieue ont été visés,
qu’en pensez-vous ?
Les éducateurs du football
n’avaient pas vu venir le phénomène. Cette nouvelle génération
a d’autres valeurs, elle n’en a parfois
plus du tout. À une autre échelle,
cela pourrait se reproduire comme
au sein de clubs par exemple.
Quand un jeune de centre de formation gagne 7 000 € et qu’il sait
que son professeur n’en gagne que
1 200, il est difficile de garder les
pieds sur terre. Cependant, le travail est aussi à faire avec les entourages, et notamment les parents.
Depuis le Mondial 98, ils vivent
dans un rêve. À l’époque, j’étais
éducateur de poussins au Racing
92, j’avais vu des parents venir me
me demander si leur gamin pouvait
devenir Zidane…
Sochaux l’utilise déjà, à Lorient
aussi, et cela existera de plus en
plus, car les éducateurs en place
ont une autre manière de travailler.
Et le nerf de la guerre, ce sont les
codes de communication qu’il
manque pour échanger avec certains jeunes. Il faut faire du cas par
cas, car chaque individu est différent. Il y a des personnes qui marchent à l’affect, d’autres ont besoin
de communication…
Avez-vous été approché par
des clubs ou des fédérations ?
Oui, j’ai rencontré Noël Le
Graët, le président de la Fédération
française de football (FFF), ainsi
que Willy Sagnol, entraîneur de
l’équipe de France Espoir, eux souhaitaient que j’établisse un plan
pour travailler avec la direction
technique nationale (DTN). J’ai
aussi rencontré le président de
l’OM Vincent Labrune et, fin
Quelles sont les solutions ?
juillet, j’ai vu José Anigo, le direcL’accompagnement mental est teur sportif de l’OM ; il a été très
indispensable. Un club comme réceptif, c’est en cours. ■
SALAMNEWS N° 46 / septembre-octobre 2013
FOCUS
Spécial
Mode et Beauté
Dans la peinture orientaliste du XIXe siècle, la femme apparaît souvent nue ou à demi-nue lors de scènes de bain, de hammam ou de harem,
ou bien dansant sous le regard masculin… Ici dans La Sieste (1878), de Frédérick Arthur Bigman, le corps de la femme est allongé dans la nonchalance
mais ne reste pas moins un objet d’attirance.
© D. R.
10
Petite histoire du fantasme
sur l’Arabo-musulmane…
«
Par Karima Peyronie
Décrite, dessinée, esquissée depuis des siècles, la beauté arabe fascine
autant qu’elle fait peur. Les plus grands peintres, écrivains et, plus tard,
cinéastes ont posé leur regard sur ces belles d’Orient.
Retour sur quelques références qui ont fait leur réputation.
« Sur l’escalier, en face de nous […] une
femme debout, en pantalons roses, n’ayant
autour du torse qu’une gaze d’un violet
foncé […]. Elle a sur le bras droit, tatouée,
une ligne d’écritures bleues », c’est par ces
mots que Gustave Flaubert décrit (dans
Le Voyage en Égypte, 1849-1852) la danseuse orientale qui se présente à lui, et qui
lui offrira un spectacle des plus dépaysants entre percussions et ondulations.
Tous les clichés de la belle Orientale sont
réunis comme le veut la lignée des orien-
talistes qui ont tant sublimé cet exotisme
lointain.
Peintres et écrivains s’en sont donné à
cœur joie pendant des siècles pour décrire
l’image de la beauté arabe, pleine de volupté, charnue, sensuelle, plantureuse,
indécente de beauté et si impudique sous
leur œil voyeuriste.
Alors que les femmes de l’époque du
Vieux Continent étaient guindées dans
leurs corsets trop serrés, la femme arabe
représentait la liberté du corps, la jouis-
sance de l’opulence lovée dans son harem
et/ou hammam, des thèmes si chers notamment au peintre Jean-Léon Jérôme.
Dans Bain maure (1870) et Après le bain
(1881), il dépeint sous la moiteur des vapeurs la nonchalance aguicheuse de ces
femmes d’un autre monde, qui passeraient leur temps à papoter, à chanter et à
se laver dans une oisiveté et un narcissisme
les plus complets. Et ce ne sont pas les
illustres peintres Eugène Delacroix (Femmes d’Alger dans leur appartement, 1834)
www.salamnews.fr
3100-2907 av. J.-C.
et Pierre-Auguste Renoir (L’Odalisque, 1870)
qui iraient s’opposer à cette image puisque,
à travers leurs œuvres, ils figent, eux aussi, à
jamais ce fantasme.
Exotisme pour voy(ag)eurs
Dans ce temps où l’Orient ne se dévoile qu’à
quelques aventuriers et à leurs caravanes venus
s’engouffrer dans le désert tout aussi secret, la
femme arabe devient synonyme de sensualité
– pour ne pas dire sexualité –, voire d’amour.
Comme l’énigmatique « Aziyadé », la muse
de Pierre Loti, cette Turque qui fit chavirer un
jeune officier : « Elle passa chaque matin une
heure en effort pour apprêter ses cheveux rebelles
qu’elle trouvait inconvenants […] et celui qui
consiste à teindre ses ongles. »
La femme arabo-musulmane est coquette,
elle est l’exultation de la féminité, baigne dans
des rituels de beauté à n’en plus finir. Comme
le souligne l’écrivaine tunisienne Emna Bel
Hadj Yahia : « Le hammam est le royaume des
corps nus, il est la vengeance de la chair nue
sur la pudeur, la décence et les scrupules. » Ces
mêmes soins et gestes qui sont encore des références dans la cosmétique d’aujourd’hui. La
femme arabe de l’époque se porte en trophée
pour ces voyageurs, comme joyau rapporté
servant de muse à une toile ou à une page
vierge en manque d’inspiration.
Télégénie de la femme arabe
pantalons transparents et vouée à être danseuse
du ventre. » Le cliché s’exporte en Europe, où
une certaine Samia Gamel, cascade de cheveux ondulés, visage de porcelaine aux formes « tentatrices », déchaîne les spectateurs
hypnotisés par son déhanché d’une sensualité
extrême. Elle fera tourner la tête à Fernandel
dans Ali Baba et les Quarante Voleurs (1954),
un rôle qui la propulse à jamais au rang de
star, la première du genre.
Il faudra attendre les vagues de colonisations et
l’amélioration des moyens de transport pour
que le monde reconnaisse une forme moins
chimérique à la femme arabo-musulmane.
Finalement, elle ressemble à l’Occidentale.
Elle va même jusqu’à se travestir en reprenant
les mêmes codes, minijupe et bigoudis sur la
tête, du Caire à Tunis, en passant par Alger.
Puis les décolonisations marquent progressivement le retour du voile : « À partir des années 1970, […] le mouvement de revoilement se
déclenche, avec un point marquant lors de la révolution théocratique en Iran qui réaffirme avec
force l’identité islamique et impose aux femmes
iraniennes le port du tchador », puisque « les
espoirs déçus d’une société juste provoquent une
désaffection à l’égard des idéologies nationalistes et populistes, tandis que le discours fondamentaliste apporte une critique et un projet »,
analyse Lucette Valensi, directrice d’études à
l’EHESS et co-auteure de L’Islam en dissidence
(Éd. Le Seuil, 2004).
Une nouvelle battante
La beauté se voile en public devant l’œil étranger, pour mieux se préserver dans sa sphère
privée. Pourtant, peu à peu, la femme arabe
© BAC Films
Plus tard, le cinéma reprendra ce témoignage.
Et comme le rappelle le réalisateur Jack Shaheen dans son documentaire Real Bad Arabs
(2006) : « Dès le cinéma muet, Hollywood va
représenter la femme arabe toujours vêtue de
w C’est à cette période que l’on date les premiers cosmétiques et maquillages, à
l’époque pharaonique. Fards à paupières, rouge minéral pour les lèvres, khôl étaient
déjà utilisés par les belles reines d’Égypte, symbole absolu de la beauté orientale.
Dans Caramel (2007), la réalisatrice Nadine Labaki met en scène 5 personnages féminins, emblématiques de la diversité
des femmes d’aujourd’hui et loin des stéréotypes. Dans un institut de beauté, à l’abri du regard masculin, elles se confient
et s’entraident afin d’ourdir des stratagèmes pour rester jeune, séduire l’homme aimé ou redevenir vierge.
11
devient une effrontée, celle qui tient tête face
aux hommes de son entourage. Le type de figures que l’on retrouve dans les films La Source des femmes (de Radu Mihaileanu, 2011)
ou encore Une séparation (d’Asghar Farhadi,
2010). Elle devient même maligne dans sa
stratégie pour faire advenir la paix comme
dans Et maintenant, on va où ? (de Nadine
Labaki, 2011) ou franchement rebelle contre
les diktats du système comme dans Persepolis
(de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi,
2007).
Récemment, ses plus grands rôles sont offerts
dans les films en prise avec le Proche-Orient,
où elle incarne à la fois la « mère-mama »,
dans sa dévotion, et l’effrontée tenace, dans
son engagement, comme dans Inch’Allah
(d’Anaïs Barbeau-Lavalette, 2013) ou Incendies (de Denis Villeneuve, 2011).
Sa grâce transparaît dans la profondeur et la
détermination de son regard unique et non
plus dans l’impudeur de ses courbes. Sa beauté devient secrète, objet à nouveau de tous les
fantasmes, proie de ses détracteurs européens
qui peinent tant à vouloir percer le mystère de
cette femme arabe.
Belle et schizophrène…
Au même moment, les codes de beauté changent aussi dans le monde arabe. Très paradoxalement, sous les voiles de plus en plus
en longs se cache une explosion de sensualité contrariée, ornée par des toilettes les plus
osées et griffées. L’art musical met en scène
les plus sulfureuses, de Nancy Ajram à Haifa
Wehbe, en passant par Myriam Farès. Des
poupées ultrarelookées et refaites, qui dictent
les nouveaux standards du monde arabe.
Enfin, les nouvelles générations abandonnent
les chaînes européennes pour les musicales
arabes, où défilent en boucle leurs nouveaux
miroirs. Et c’est ainsi que fleurit en Iran et
aux Émirats l’explosion des rhinoplasties et
liftings pour des femmes voilées de la tête aux
pieds.
Dernier rebondissement dans ce va-et-vient
schizophrénique de la féminité arabe : le revoilement de ses icônes arabes, comme l’actrice égyptienne Hanane Tork, portées par
la rédemption et l’expression de leur identité
face à un Occident hostile depuis les événements du 11-Septembre.
Finalement la femme arabe, serait-ce cette
beauté insaisissable, pleine de paradoxes,
entre pudeur et féminité, soumission et force,
nonchalance et activisme ? ■
SALAMNEWS N° 46 / septembre-octobre 2013
12
FOCUS
Spécial
Mode et Beauté
Par Karima Peyronie
Islam et beauté
Les règles d’hygiène
Ainsi, la purification de l’âme passe obligatoirement par celle du corps, notamment
à travers les ablutions : « Ô vous qui croyez !
Lorsque vous vous disposez à la salât [prière rituelle], lavez vos visages et vos mains jusqu’aux
coudes ; passez les mains mouillées sur vos têtes
et lavez vos pieds jusqu’aux chevilles. Si vous
êtes en état d’impureté majeure, purifiez-vous »
[Coran, s. 5, v. 6]. L’islam impose même un
bain complet hebdomadaire ; le Prophète
recommandait en ces termes : « Se laver le
vendredi est obligatoire pour chaque musulman. Et il doit en plus se nettoyer les dents
avec le siwâk et toucher un peu de parfum »
(hadith rapporté par Muslim). D’ailleurs, le
vendredi, jour de prière collective à la mosquée, est aussi l’occasion de se distinguer :
« Ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de
prière portez votre parure (vos habits). Et
mangez et buvez ; et ne commettez pas d’excès,
car Dieu n’aime pas ceux qui commettent des
excès » [Coran, s. 7, v. 31].
© D. R.
EXIGENCE. « Dieu est source de beauté et
aime la beauté » est un hadith bien connu
des musulmans. En ces quelques mots,
il rappelle la splendeur et la grandeur du
Créateur tout en soulignant que ses créatures, hommes et femmes, doivent tendre vers
Sa perfection. On retrouve cette même idée
dans : « Certes, nous avons créé l’être humain
dans la forme la plus parfaite » [Coran, s. 95,
v. 4]. La notion de beauté n’est pas seulement physique ici, elle fait surtout référence
à celle de l’âme, à la bonté, à la sincérité,
à la générosité… autant de qualités, parmi
celles de Dieu, qu’on retrouve dans ses 99
beaux noms (asma ul-husna). Cette beauté
est intemporelle, elle s’imprègne dans les
bonnes actions et intentions qui parleront
pour le fidèle, le jour du Jugement. Mais
pour accomplir et affronter avec force les
contraintes de la vie, l’islam impose la santé
des corps, leur beauté et leur fraîcheur.
© D. R.
La religion musulmane exalte la beauté et ses rituels à travers
de nombreux hadiths et sourates qui s’adressent aussi bien
aux hommes qu’aux femmes. Lecture appliquée de quelques-uns…
Fiole à khôl, ivoire incrusté de nielle,
XIVe-XVe s., période mamelouke, Égypte.
L’islam ne fait aucune distinction de genres
concernant cette nécessité de soin, qui est
considérée non pas comme de la coquetterie
mais comme un respect envers autrui. Il encourage les fidèles à choyer ce que Dieu leur
a offert comme : « Celui qui a des cheveux doit
les honorer », préconise le Prophète Muhammad (rapporté par Abû Dâwud).
L’union dans la beauté
La beauté ne doit pas être ostentatoire, elle se
résume à de la pudeur dans la sphère publique et à de la séduction entre époux. Ainsi,
le port du voile permettrait de préserver cette
beauté : « Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes
filles et aux femmes des croyants, de ramener sur
elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite
reconnues et éviteront d’être offensées » [Coran,
s. 33, v. 59]. Plusieurs interprétations accompagnent cette sourate, mais toutes les écoles
juridiques musulmanes s’accordent sur le
fait qu’il est interdit à la femme de se parer
de telle sorte qu’elle provoque des « désirs illicites ». L’homme aussi possède ses propres
recommandations comme : « Distinguezvous des polythéistes : laissez pousser les barbes
et taillez les moustaches. » La Sunna (tradition
prophétique) recommande aussi l’épilation
ou le rasage des poils des aisselles et du bas
ventre, au moins une fois tous les 40 jours.
On conclut ainsi que l’hygiène, et par extension la beauté, devient un signe de distinction, et d’appartenance chez les musulmans,
comme c’est le cas de la circoncision des jeunes garçons. ■
Flacon de parfum incrusté d’or et d’argent,
période islamique (640-1805 apr. J.-C), Égypte.
Cosmétiques
prophétiques
Le musc
Matière naturelle extraite des glandes
abdominales des cerfs porte-musc
d’Asie centrale, le musc est le plus
noble des parfums utilisés par
le Prophète, selon lequel « celui qui
reçoit du parfum qu’il ne le refuse pas
car c’est un produit léger à porter
et agréable à sentir ».
Le henné
Extrait des feuilles d’un arbuste
tropical, le henné s’utilise pour
les cheveux mais aussi les ongles
des mains et des pieds
pour en prévenir l’altération
grâce à ses vertus antifongiques
et astringentes. Le Prophète a dit :
« Les meilleures choses par lesquelles
vous pourriez changer la couleur
de vos cheveux blancs sont le henné
et le katam. »
Le khôl
Poudre minérale utilisée à l’origine
par les femmes et les hommes, dont
le Prophète, pour soigner les yeux,
le khôl est aujourd’hui à la base du
maquillage car il intensifie le regard.
www.salamnews.fr
5 Mrds
w L’Asie, qui abrite plus de 60 % de la population mondiale musulmane, est le premier marché
des cosmétiques halal, dont le marché mondial est estimé à 5 milliards de dollars, soit 3,6 milliards d’euros.
(Source : Organic Monitor)
13
Cosmétiques halal :
« Le maquillage n’est pas haram ! »
Les cosmétiques halal débarquent timidement en France pour des consommatrices averties et au beau
potentiel d’achat. Le point sur ce nouveau marché avec Nebila Ayachi, créatrice de Hasna Cosmetics*.
Jusqu’où va
la « halalisation »
des cosmétiques ?
Même les plus grands hits de
la cosmétique traditionnelle se retrouvent
en version halal pour tenter de suivre
les tendances de la mode sans renier
les principes tirés de la foi. Quelles sont
leurs promesses ?
• Le vernis, d’Inglot :
grâce à
sa formule
légère, l’eau
peut atteindre
l’ongle pendant
les ablutions ; ce vernis pourrait donc être
porté pendant la prière… Testé
et approuvé par un imam…
• Les poudres minérales,
de Samina Pure MakeUp :
elles laisseraient
respirer la peau
pour un maquillage
naturel et sain.
Se démaquille
à l’eau.
• Les gammes
capillaires et gels
douches, d’Hussana :
à base de glycérine
végétale, des produits doux
pour la peau et enrichis
en huiles essentielles
pour le côté sensoriel.
• La bb cream,
de Glamore
Halalcosmetics :
une crème qui lisse,
hydrate et teinte,
pour remplacer le fond
de teint trop épais
et moins discret…
Photos non contractuelles : © D. R.
© D. R.
Qu’est-ce que la cosmétique
Les produits cosmétiques bio
halal ?
ont souvent la réputation d’être
Nebila Ayachi : Appliquée aux
moins efficaces, moins aboutis
cosmétiques, la notion de halal
que les produits classiques. Il
(licite) s’applique à travers des
n’empêche que les consommachartes qui encadrent la productrices de culture musulmane les
tion et la composition, en exiutilisent fréquemment, car ce
Ayachi
geant l’utilisation de composants Nebila
sont des produits sains. Depuis
a fondé Hasna
végétaux, une absence formelle Cosmetics en 2012 :
l’arrivée des cosmétiques halal,
d’alcool, de produits agressifs ou « Nous proposons des elles disposent d’une alternative
de maquillage
allergènes, ou encore de graisses produits
qui correspond à leurs convicde haute qualité
animales. Il existe aujourd’hui abordables, qui suivent tions, en plus d’être naturels.
des ingrédients qui peuvent les tendances. Mon
est de faire
poser problème comme l’allan- souhait
Quel est l’état du marché
accéder à un large
toïne (extrait de bave d’escargot), public ces produits
en France ?
l’ambre gris (qui provient du de cosmétique halal
La cosmétique halal est très
de développer
cachalot), le collagène d’origine et
peu
connue en France, contraiune gamme
animale, l’élastine, l’éthanol… de soins corporels
rement à l’Asie et au ProcheLa cosmétique halal interdit la et capillaires. »
Orient. Cependant, les persmaltraitance des animaux et
pectives de croissance sont
impose la notion de commerce équitable, prometteuses : les mentalités changent doude partage et de soutien communautaire. cement en France, car le sujet divise même
Nous-mêmes reversons chaque année la au sein de la communauté. Moi-même, je
zakât [« impôt social purificateur », 4e pilier me suis fait la réflexion de dire qu’on « hade l’islam, ndlr] et soutenons la cause des lalise » tout et n’importe quoi de nos jours !
Puis, au fur et mesure de mes recherches, j’y
femmes dans le monde.
ai compris la nécessité.
On ne « mange » pas son maquillage,
Certains ne considèrent-ils pas
alors pourquoi des gammes halal ?
Des laboratoires américains ont prouvé qu’il est contradictoire de promouvoir
qu’une consommatrice de rouge à lèvres du maquillage halal, puisque, selon eux,
ingérerait jusqu’à 24 mg de produit par le maquillage est contraire à la pudeur
jour ! Les produits cosmétiques classi- musulmane ?
ques contiennent de nombreux composés
En soi, le maquillage n’est pas haram
chimiques, qui, au fil du temps, imprè- (illicite) : selon de nombreux hadiths (parognent notre organisme et peuvent conduire les du Prophète), il est autorisé d’utiliser du
à des problèmes de santé publique (cancers, khôl et du henné. Pour les autres produits
maladies chroniques, allergies, fertilité…). (fard, fond de teint…), ils n’existaient pas
Les cosmétiques halal, comme ceux que aux premiers temps de l’islam, on se réfère
nous proposons, sont fabriqués à partir de donc aux avis juridiques émis jusqu’à préminéraux, de plantes, d’extraits de fruits et sent. De façon générale, l’embellissement
d’huiles végétales.
et la parure, quelle que soit leur forme, ne
doivent pas être « excessifs ». ■ K. P.
Alors, quelles différences
entre le bio et le halal ?
* www.hasnacosmetics.fr
SALAMNEWS N° 46 / septembre-octobre 2013
14
FOCUS
Spécial
Mode et Beauté
Par Karima Peyronie
Voile, strass et business
à la mode musulmane
ont moins de 25 ans… toutes
de potentielles acheteuses dans
la visière des investisseurs. Aux
États-Unis, on déploie même le
tapis rouge comme à la dernière
Fashion Week de New York, qui
accueillait en guest star la couturière noire américaine Ann Nahari
et ses modèles voilées.
« La Malaisie a toujours été à la
pointe de la création de la mode musulmane, à mi-chemin entre monde
moderne et conservatisme, tout en
bénéficiant d’une main-d’œuvre
avantageuse », décrypte Sara, la
créatrice de Dubai Dress Mastoura
[www.robeorientaldubai.fr].
Depuis près 10 ans, il est vrai
que ce pays multiplie les événements mode pour devenir, selon
son propre aveu, « le Paris de la
mode musulmane d’ici à 2020 ».
Sur les podiums, tous les styles
s’affrontent : les robes de soirée,
les abayas revisitées, les sarouels
dénaturés, avec strass et paillettes pour couvrir les formes en
stilettos… Certains couturiers
sont même hissés au rang de
stars comme l’excentrique Dian
Pelangi ou le sage Rizalman
Ibrahim.
Des Émirats à la Turquie, en passant par le Maghreb, la Russie
et certaines capitales d’Europe
(comme Londres), les festivals de
mode islamique se multiplient. Et
pour cause, lorsqu’on sait qu’il y
a 800 millions de femmes musulmanes dans le monde, dont 40 %
C’est la question que l’on se pose
en voyant les dernières campagnes
de pub Valentino, où les tuniques
longues aux cols fermés, d’héritage arabo-musulman, remplacent
les fendus et décolletés. Sûrement
le rachat en 2012 de la maison par
la très mondaine Cheikha Mazah
Bint Nasser du Qatar y est pour
quelque chose…
À l’heure où l’indécence a été exploitée outre mesure, où chaque
centimètre de peau a été exposé,
et si le nouvel esthétique était
de se couvrir ? Et le succès de la
jeune Britannique Barjis Chohan
conforte cette théorie. La jeune
protégée de Vivienne Westwood
a créé la surprise en quelques saisons, en s’imposant dans la mode
internationale tout en promouvant l’image d’une femme « qui
marche dans la rue sûre d’elle-même
et de ses choix ». Sa philosophie ? «
La pudeur, c’est beau. Se couvrir est
un choix libérateur ! » Sara ne peut
que se réjouir de ces dynamiques
qui « apportent une image différente de la femme musulmane et,
espérons-le, feront évoluer l’opinion
sur l’islam en général ». ■
Et si la mode islamique
Le show à la musulmane devenait LA mode ?
Le marché mondial de la mode
islamique représente 72 milliards
de dollars (source : ESMOD). Ici, un
des défilés de mode qui s’est tenu
à l’Islamic Fashion Fair, à Jakarta
(Indonésie), en mai 2013.
© D. R.
sont à l’infini, car, comme l’exprime Hana Tajima, il est important
d’« offrir une vision de la beauté
qui a été sous-estimée dans la mode
grand public. […] L’idée qu’il existe
des formes de beauté qui ne sont pas
sexualisées et qui ont un sens ». Ces
figures de mode alternative s’inspirent elles-mêmes de stylistes issus
de la haute couture islamique.
© D. R.
HIJABISTAS. On les appelle les
« muslimhipster » ou « mipsters »,
ces hipsters musulmans, ceux qui
créent un style « musulman à la
cool » à grand renfort de clichés
décalés sur les réseaux sociaux.
Pas de frontière géo-sociétale, le
Web se charge de globaliser ces
musulmans tendance, en portant
en égérie quelques icônes, comme
la styliste-photographe anglaise
Hana Tajima [hanatajima.com/]
ou la blogueuse maroco-danoise
Imane [fashionwithfaith.tumblr.
com].
Leur point commun ? Porter le
voile sans faire de concession sur
leur style, à la fois pudique, urbain et chic. Digne des portfolios
des magazines, elles se mettent
en scène sur leurs sites où rien
n’est laissé au hasard dans ces
mix’n’matchs gagnants. Le voile
devient une forme d’art. L’ode à
une féminité retrouvée, qui mise
sur le vêtement plutôt que sur le
corps.
Suivies de très près par la communauté des hijabistas (pour hijab
et fashionistas), elles donnent des
pistes pour détourner la mode
à l’avantage de leur foi. Le voile
devient un accessoire de mode à
part entière, lorsque l’on surprend
même des vidéos tutorielles sur
hijup.com, qui montrent les différentes façons de le nouer. La créatrice Fatima Rafiy – et sa marque
Noor D’Izar – en exploite aussi
toutes les possibilités, en proposant un voile avec visière, en fourrure, ou même avec des ouvertures
pour les lunettes ! Les possibilités
© D. R.
La religion musulmane exalte la beauté et ses rituels à travers de
nombreux hadiths et sourates qui s’adressent aussi bien aux hommes
qu’aux femmes. Lecture appliquée de quelques-uns…
www.salamnews.fr
13 M€ millions
78,95
w C’est le prix de la robe la plus chère au monde, une abaya, de la créatrice anglaise
Debbie Wingham, incrustée de diamants rouges.
11
15
Quand le voile devient « in »
BUSINESS. Alors que les sites
anglo-saxons de vente de prêt-àporter destiné aux femmes pudiques explosent, en France l’offre
reste encore très limitée. Depuis
moins de deux ans, des marques
sortent du lot ici ou là pour
proposer des collections « islamo-compatibles » qui suivent
les tendances. « Avant, les filles
allaient s’acheter leurs vêtements
au marché ou sur des e-shop musulmans où se vendaient quelques
modèles d’abayas exportées », explique Fouzia, créatrice de Miss
Toura [www.misstoura.com].
« J’ai lancé ma marque pour mon
cercle proche. Jamais je n’aurai
pensé être en rupture de stock un
an après la création ! Impossible
de savoir le nombre de femmes
voilées en France, mais une chose
est sûre : nous sommes de plus en
plus nombreuses, et se vêtir reste
un besoin primaire. »
Deux évidences sur lesquelles
repose un marché français où
tout est à faire, et les perspectives d’évolution certaines puisque « aujourd’hui les femmes
musulmanes veulent être à la
mode, sans s’exclure socialement.
Elles ont baigné dans leur culture occidentale, tout en ayant un
profond désir de s’habiller selon
les règles de l’islam ». Avec cette
même volonté : exprimer leur
identité avec style !
Le hijab version H&M
et Zara
« La vraie première révolution est
celle des couleurs, lorsque, enfin,
dans la rue, on ose sortir du noir,
bleu marine ou gris », analyse la
blogueuse Hafida [www.hijabselect.com], qui porte un regard de
fashionista pieuse dans la mode.
Et c’est vrai qu’en regardant les
nouveaux e-shops on s’émerveille
devant la diversité des tissus et la
variété des styles. « Sur mon blog,
je propose des looks adaptés à toutes les femmes musulmanes, qu’elles
© France Keyser
Peu d’offres, beaucoup de demandes, les chiffres
sont inexistants pour décrire la réalité de la mode
islamique en France. Tour d’horizon sur les prémices
de cette tendance modeste.
Les femmes de culture musulmane n’hésitent plus à associer vêtement « islamicocompatible » et accessoires de mode, créant ainsi leur propre look.
soient plutôt casual chic, sportwear,
classique ou urbaine… »
Comme les collections sur les
e-shops français restent encore
limitées et que les frais de port
vers les autres pays peuvent être
un frein à l’achat, la meilleure
méthode reste de « hijabiser le
style H&M ou Zara ». Sur une
robe noire ou une jupe longue
et chemisier, on n’hésite plus à
multiplier les bijoux, jusqu’à
porter des headbands sur le
voile pour parfaire le look.
Les modeuses musulmanes deviennent, malgré elles, des stylistes d’un jour en façonnant
elles-mêmes leur look, car malheureusement « il y a encore un
problème de qualité et de finitions
dans l’offre existante. Les marques
de mode musulmane ont trop peu
de visibilité. Le cœur du problème, ici, est le manque de cohésion
et de solidarité pour promouvoir
un véritable marché, et cela pas
seulement dans la mode… »,
déplore Hafida. ■ K. P.
Amel Boubeker, sociologue :
« Le voile se banalise en dehors de tout message politique »
ÉLITE. « Dans les années 1990, le voile avait une dimension engagée, plutôt réservée à l’élite, il était
LAÏCITÉ. « Les jeunes filles ne perçoivent pas leur voile comme une provocation des valeurs laïques
françaises, ni une manière de s’isoler, surtout lorsqu’elle “l’occidentalise”. Elles ne le voient pas comme
un obstacle et sont convaincues que les choses changeront dans quelques années ; même si,
pour l’heure, certaines femmes déchantent, elles l’abandonnent, font des compromis, quittent le pays ou sombrent
dans la déprime, ne voyant pas leur ascension socioprofessionnelle possible. D’ailleurs, 90 % des femmes qui portent le jilbab
(vêtement ample qui couvre tout le corps, de la tête aux pieds, ndlr) sont mariées, le mari prenant le relais économique. »
LIBERTÉ. « Le voile en France peut être perçu comme l’échec cuisant de l’émancipation de la femme occidentale alors
que dans les pays arabes il peut être considéré comme une forme de liberté, surtout là où il était interdit. L’un des acquis
des révolutions arabes est d’avoir permis l’émergence du voile dans l’espace public. Il se banalise en dehors de tout message
politique. Il est tout à fait possible de voir une femme voilée et gauchiste aujourd’hui ! »
© D. R.
le signe d’un certain avènement. Aujourd’hui, les jeunes filles ne passent plus par ce même cheminement
religieux ni politique. Leur voile devient un phénomène de génération plutôt que cultuel. Il est l’affirmation
d’une identité minoritaire, circonscrit par l’environnement immédiat où il est facile de le porter. »
SALAMNEWS N° 46 / septembre-octobre 2013
16
Tête d’affiche
Médine
Avec son dernier opus Protest Song, Médine, le rappeur
made in Havre, met une fois de plus sa plume et sa voix
rauque au service de ses multiples engagements,
notamment contre l’islamophobie.
Rencontre avec un artiste conscient.
À 30 ans, vous sortez
votre quatrième album,
est-ce l’album de la maturité ?
Médine : Je n’aime pas trop les
expressions toutes faites. C’est
l’album d’un rappeur qui a une
vie de famille maintenant. Je
n’ai jamais eu une vie subversive avec des rebondissements.
J’ai toujours eu une vie paisible.
Mon histoire s’est construite en
même temps que ma carrière.
Je préfère parler d’album musicalement plus abouti, dans son
époque.
Souhaitiez-vous être
un rappeur engagé
dès vos débuts ?
C’est l’image que j’aimerais
garder. J’ai une vie d’homme
engagé. Dans la lutte à la fois
contre l’islamophobie et contre
les discriminations. Je suis aussi
président d’un club sportif situé dans un quartier populaire
du Havre. Je suis sur plusieurs
fronts dans ma vie d’homme et
cela se ressent dans mon art, car
le rappeur a la prétention d’être
le plus sincère, celui qui ne
crée pas de personnage, qui est
en phase avec les gens. J’essaie
d’être honnête.
Mais ce n’était pas mon ambition de départ : je voulais faire
du rap comme les grands rappeurs que je voyais à la télé :
NTM, IAM, Idéal J, Arsenic.
C’était par amour de cette musique. Ensuite, il y a l’amour
de la langue française qui est
entré en ligne de compte. Puis
on se rend compte que l’art n’a
d’intérêt que s’il est mis au service d’un engagement ou d’un
message. C’est dans ce sens-là
que je conçois aujourd’hui ma
pratique.
Vous avez sorti, en 2012,
le livre Don’t Panik
avec Pascal Boniface…
Cela reste de l’écriture. C’est
un autre format, mais c’est
le même principe. Écrire un
morceau, écrire un chapitre,
c’est sensiblement pareil. Je le
vois comme un autre format
qui va permettre à mon message
d’aller ailleurs, de ne pas rester
dans les carcans du rap français.
© Saphir Média
« L’art doit être
au service d’un
engagement »
BIO EXPRESS
Né au Havre le 24 février 1983, Médine Zaouiche, d’origine
algérienne, grandit entouré d’un frère et d’une sœur. Dès les années
1990, il fait partie d’un collectif de rappeurs, La Boussole. Le groupe
créé son propre label Din Records en 2002.
Deux ans plus tard, Médine sort son premier album solo intitulé
11 septembre, récit du 11e jour, dans lequel il revient sur les
conséquences des attentats du World Trade Center. En 2005, il sort
son deuxième album, Jihad, le plus grand combat est contre soi-même.
La même année avec le titre « Boulevard Vincent Auriol », il rend
hommage aux victimes de l’incendie d’un immeuble parisien. En 2008,
il signe l’album Arabian Panther, qui devient alors son plus gros succès
dans les bacs. En 2012, l’artiste publie son premier livre Don’t Panik,
coécrit avec le géopolitologue Pascal Boniface. En 2013, il sort l’album
Protest Song et peaufine actuellement un ouvrage sur le thème
des chansons protestataires. Sa tournée 2013 commence à l’Olympia,
à Paris, le 13 septembre, et se poursuit en régions jusqu’en novembre.
Côté familial, marié à une Laotienne, Médine est l’heureux papa
de deux enfants, Massoud et Mekka.
Avez-vous l’intention
de renouveler l’expérience ?
Bien sûr. C’est déjà en cours
avec l’album Protest Song, j’ai
fait quelques recherches, eu
quelques discussions avec des
amis qui ont aussi fait des recherches sur le sujet. On a
réussi à compiler un bouquin
comprenant 15 chapitres sur
l’histoire du Protest Song, de la
chanson contestataire depuis les
chants d’esclaves dans le sud des
États-Unis jusqu’au rap français
d’aujourd’hui.
Vous êtes l’un des rares
artistes à revendiquer
votre identité musulmane.
Pourquoi est-ce important ?
Justement parce qu’il n’y en
pas beaucoup d’autres qui s’affirment et se revendiquent comme étant des personnes qui sont
www.salamnews.fr
« La communauté musulmane n’est pas un organe marginal de la société
française. Les musulmans sont bien dans leurs baskets. »
de la communauté musulmane.
Sans jouer le rôle de la victimisation, c’est parce qu’il y a si peu de
personnes que je prends très au
sérieux ce sujet quand je le traite
dans mes albums. Je me dis : «
Si, moi, je déserte le terrain, qui
va le faire ? » Et je sais que revendiquer son appartenance à la
communauté musulmane peut
être disqualifiant. On peut dire :
« Médine, c’est un musulman qui
ne parle qu’aux musulmans, donc
commercialement cela ne m’intéresse pas, je n’irai pas acheter son
album. » Médiatiquement aussi
cela peut fermer certaines portes.
Je l’ai déjà ressenti en radio, dans
la presse et des salles de concert.
On a l’impression qu’affirmer
son appartenance à la communauté musulmane est un
facteur d’exclusion. Je le vis
déjà socialement ; alors artistiquement je le comprends mais
j’essaie justement de passer par
là où les gens ne m’attendent
pas. En effet, je ne parle pas
que de sujets qui concernent
les musulmans. Cependant, la
lutte contre l’islamophobie doit
concerner tout le monde.
Vous étiez dernièrement
à la Rencontre annuelle
des musulmans de France
et à celle du Havre. Que vous
apportent ces rencontres ?
Cela me rend fier et me galvanise sur pas mal de choses. Ce
sont des endroits qui sont devenus des forums d’expressions
pour que la communauté musulmane se retrouve, discute des
sujets de préoccupation. C’est
une source à laquelle je vais
m’abreuver. Je vais comprendre
les préoccupations de ma communauté, voir comment on y
réfléchit, quels sont les process
mis en place pour aboutir à un
plan d’action pour essayer de
résoudre certains problèmes :
des problèmes d’identité, des
problèmes de logistique... Cela
me rend fier aussi de rencontrer
la communauté musulmane
dans sa grande diversité : je vois
des gens d’origines différentes,
de compétences différentes,
d’origines sociales différentes…
Finalement, la communauté
musulmane n’est pas, comme
on tente de la montrer, un organe marginal de la société
française. En réalité, les musulmans sont bien dans leurs
baskets. Ils sont impliqués dans
tous les cœurs d’action, socialement, professionnellement.
Face à la montée
de l’islamophobie,
comment réagissez-vous ?
J’ai concocté une petite stratégie, que j’appelle de la transgression. Je pense qu’il y a des
gens qui sont mieux placés que
moi pour réagir, organiser et
mobiliser les gens. Moi, je suis
un artiste et je peux utiliser un
autre instrument pour protester
contre les actes islamophobes.
Protester, ce n’est pas forcément
réagir au lendemain des événements. J’essaie de faire deux pas
en arrière et d’observer la situation, de voir comment la communauté le prend, comment
cela est traité médiatiquement
et là j’interviens. On peut penser
que je ne réagis pas, mais c’est
une réaction moins frontale qui
porte ses fruits sur la longueur. Je
ne veux pas être dans une réaction impulsive. C’est une stratégie qui vise plutôt à couper l’eau
directement au robinet plutôt
que d’essayer d’endiguer l’eau à
certains endroits.
Dans Protest Song, vous
célébrez l’Afrique. Y avezvous des projets ?
J’ai fait un premier voyage
au Sénégal, il y a une dizaine
d’années. Je trouve aujourd’hui
le Sénégal transformé quand
j’y suis retourné dix ans plus
tard. J’observe une espèce de
force vive, une jeunesse qui est
encore plus dynamique que la
jeunesse française et qui est de
plus en plus instruite. On a un
rôle à jouer en tant qu’Africain
de la diaspora, que ce soit en
Afrique subsaharienne ou au
Maghreb.
Il faut rappeler que l’Afrique,
ce n’est pas que des petits Africains noirs qui tendent la main
pour réclamer. C’est une presse
qui se libère de plus en plus.
Ce sont des intellectuels, des
économistes : c’est ça l’Afrique.
Des infrastructures qui prennent naissance. Un peuple qui
parvient à se révolter. Il y a des
tentatives démocratiques qui
sont en train de se réaliser, en
Tunisie par exemple. Toutes ces
initiatives qui voient le jour sur
le continent africain : je me dis
qu’on a un rôle à jouer.
Le Havre : votre ville natale
est également importante
à vos yeux...
C’est bien beau d’avoir des
projets pour nos continents d’origine, mais je suis né au Havre,
j’ai toute ma famille au Havre, je
n’ai pas envie de déplacer ma proactivité, de la mettre au service des autres alors que les
gens qui me sont le plus proches en ont le plus besoin. J’ai
des projets pour Le Havre. Je
me dis pourquoi ne pas rattacher culturellement la ville du
Havre à Paris en créant une
espèce d’académie, une école ?
En tout cas, j’y réfléchis.
Il y a six duos dans votre
dernier album, c’est ça
l’esprit collégial du rap ?
C’est un esprit que j’ai développé récemment. Dans mes
albums précédents, il n’y avait
que deux ou trois morceaux que
je partageais avec un invité. Là,
j’ai décidé d’en faire davantage,
car c’est au contact des autres
que je m’enrichis. ■
Propos recueillis par
Maria Magassa-Konaté
17
Abcédaire
AAmitié
comme
Toutes mes histoires ont été
enrichies par la présence
de mes amis d’enfance.
Je suis depuis la plus tendre
enfance avec certains amis
avec lesquels je continue à
travailler. On est de la même
génération, on a découvert
la musique, repratiqué notre
religion et forgé notre état
d’esprit ensemble.
CCompétitivité
comme
C’est vouloir être le premier
sans écraser son frère. Une
compétitivité positive. C’est
ce qu’il manque dans mon
domaine, le rap français.
Souvent, pour se faire valoir,
on va marcher sur la tête d’un
autre. Je suis opposé à cela.
FFraternité
comme
C’est lorsqu’on pousse
l’amitié un peu plus loin.
C’est ce qui nous lie dans
mon équipe, le label Din
Records. Il y a des Rebeus,
des Renois, des Blancs,
des Chinois. On ne fait pas
de différences.
PPassion
comme
L’amour, la passion de
quelque chose peut réussir
à soulever des montagnes
à des moments où l’on n’y
parvient plus autrement.
SSavoir
comme
Dans l’album Protest Song,
un morceau s’appelle
« D’arobase à zéro »,
où je mets en avant cette
capacité à s’en sortir
socialement grâce au savoir,
à la connaissance et
à la compréhension. Je mets
en évidence le lycée Averroès
(classé meilleur lycée
de France en 2012, ndlr).
SALAMNEWS N° 46 / SEPTEMBRE-OCTOBRE 2013
18
culture
Par Huê Trinh Nguyên
Par ICI Dakar !
Le Sénégal vient à Paris
ÉCLECTISME. Après les États-Unis
(« Islam & the City », en 2011, annonçant l’ère post-11-Septembre) et
l’Algérie (« Viva l’Algérie ! », célébrant
le cinquantenaire de l’indépendance
en 2012), c’est au tour du Sénégal
d’investir l’Institut des cultures d’islam
(ICI).
Sous l’intitulé « Par ICI Dakar », l’ICI
offre une programmation hors des
sentiers battus de ce pays foisonnant
d’artistes qu’est le Sénégal, qui vient
d’ailleurs de voir nommer une femme
comme nouveau Premier ministre en
la personne d’Aminata Touré – chose
assez rare sur le continent africain
comme ailleurs pour être soulignée.
Programmation résolument
contemporaine
© Fabrice Monteiro
Institut des cultures d’islam – Institut français du Sénégal
« Par ICI Dakar » navigue entre spectacles de musique (Didier Awari, Matador, Nuru Kane) et de danse (Hardo
Kâ), chants sacrés, contes de la tradition orale (Boubacar Ndiaye)…
Si la semaine du 13 au 21 septembre
marque le cœur du festival, par une
programmation journalière riche de
découvertes, « Par ICI Dakar » se prolonge jusqu’au 21 décembre, ponctué
de visites guidées dans le quartier de
la Goutte-d’Or, de ciné-débats (Toiles
d’araignée, d’Ibrahima Touré, le 21 novembre ; Des étoiles, de Dyana Gaye,
en avant-première le 19 décembre) et
de brunchs littéraires.
Un foisonnement
qui questionne l’islam
subsaharien
Parmi les brunchs, on notera, en particulier, le 7 décembre, la rencontre
avec François-Xavier Fauvelle-Aymar,
auteur de Le Rhinocéros d’or (Alma,
2013), et le 21 décembre, la venue
de Souleymane Bachir Diagne, classé
parmi les 25 plus grands penseurs du
monde en 2005, spécialiste de Muhammad Iqbal, qui présentera son
nouvel ouvrage L’Encre des savants.
Réflexions sur la philosophie en Afrique,
et partagera ses idées avec Séverine
Kodjo-Grandvaux, auteure de Philosophies africaines (tous deux publiés chez
Présence africaine).
Quant à l’exposition photographique
de Fabrice Monteiro « La voie du Baye
Fall », elle met en lumière un mouvement spirituel assez critiqué dans le
monde sunnite arabe : le Baye Fall, une
branche de la confrérie
des Mourides, fondée
par le cheikh Ibrahima
Fall, lui-même disciple
de cheikh Amadou
Bamba. Forts de leur
culture wolof mais pas
moins musulmans, les
Mourides représentent
28 % de la population
sénégalaise. ■
Voir le programme complet
sur www.ici.paris.fr
© Élise Fitte-Duval
Du 13 septembre au 21 décembre, l’Institut
des cultures d’islam lance la 8e édition
de son Festival, avec pour invité d’honneur
le Sénégal.
Tandem Dakar-Paris
VITALITÉ. « Par ICI Dakar » s’inscrit
dans le Tandem Dakar-Paris, un programme
d’échange culturel organisé par les deux
capitales qui a permis, durant le 1er semestre
2013, à des artistes français comme Grand
Corps Malade de se produire au Sénégal, et,
durant le 2e semestre, à des artistes sénégalais
connus (le chanteur Ismaël Lô ; la chorégraphe
Germaine Acogny…) ou qui le sont moins
d’aller à la rencontre du public parisien.
Parmi les quelque 50 événements culturels
emmenés par des artistes dakarois dans une
dizaine d’établissements parisiens : la « Black
Fashion Week » (5 et 6 oct.) ; les « Mardis
du cinéma de Dakar » (du 15 oct. au 5 nov.) ;
un hommage au cinéaste Djibril Diop Mambety
(12, 17 et 24 nov.) ; un bal populaire (8 déc.)…
w www.tandem-dakarparis.com
Pour aller plus loin
HORIZONS. Et si jamais les amoureux
de ce pays ne peuvent se déplacer à la capitale,
on ne manquera pas de (re)lire avec délice
les grands auteurs sénégalais devenus
des classiques que sont Cheikh Hamidou Kane
(L’Aventure ambiguë, grand prix littéraire d’Afrique
noire 1962), Mariama Bâ (Une si longue lettre,
1980), Aminata Sow Fall (La Grève des Battu,
1986) ou Fatou Diome (Le Ventre de l’Atlantique,
2004).
Côté culture générale, on lira de Souleymane
Bachir Diagne l’indispensable Comment
philosopher en islam ? (Éd. du Panama, 2008),
et de Tidiane N’Diaye ses ouvrages édifiants
sur le pillage du continent noir, que ce pillage
soit historique (Le Génocide voilé, Gallimard,
2008) ou contemporain (Le Jaune et le Noir,
Gallimard, 2013).
Côté cinéma, on se visionnera les nombreux
films d’Ousmane Sembène (Camp de Thiaroye,
prix spécial du jury au Festival de Venise 1988)
ou encore de Moussa Touré (La Pirogue,
prix du public et prix de la mise en scène
au Festival de Locarno 2012).
SALAMNEWS N° 46 / SEPTEMBRE-OCTOBRE 2013
20
CInÉMA
À voir aussi w Le tout nouveau Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM),
à Marseille, propose des cycles cinéma Istanbul (21 et 22 sept.), Israël-Palestine (12 et 13 oct.)
et une série de films accompagnant l’exposition « Au bazar du genre : féminin-masculin en Méditerranée ».
Par Huê Trinh Nguyên
père et notable de la ville de
Tanger, vont être l’occasion de
régler les comptes et de mettre
à nu l’hypocrisie qui a régné durant toutes ces années passées où
le père régnait en maître. Dialogues corrosifs, soins apportés
aux décors, casting féminin particulièrement réussi, rencontres
édifiantes ou poétiques avec
les fantômes (Omar Sharif)…
Rock the Casbah peut être vu
comme un film éminemment
féministe qui égratigne les traditions et interdits faits au nom
de l’islam, mais aussi comme
une parabole des sociétés arabes dont les peuples viennent
© Hassen Brahiti
COCOTTe-minute. L’on rit
et l’on pleure dans le film de
Laïla Marrakchi. Mais le spectateur ne pleure pas de tristesse
à la mort du patriarche comme
le font les héroïnes du film, ce
sont des larmes d’émotion. Car
de l’émotion, il y en a dans Rock
the Casbah. Rien à voir avec la
chanson bien connue du groupe
rock punk des Clash des années
1980, mais le propos n’est pas
moins explosif. Car la casbah,
la maisonnée familiale, est une
vraie cocotte-minute. Les trois
jours de deuil qui vont voir se
réunir les membres de la famille
de Moulay Hassan, le défunt
© 2013 Arnaud Borrel
Rock the Casbah
de faire leur révolution mais ne et sensibles nous laisse le cœur
parviennent pas à faire le deuil plein d’espoir. ■
de l’ancien système dictatorial dont les vestiges sont encore Rock the Casbah, de Laïla Marrakchi,
Morjana Alaoui, Nadine Labaki,
prégnants. Un film d’actualité avec
Lubna Azabal, Hiam Abbass,
donc, qui s’achève par une acmé Adel Bencherif, Fatima Harandi
dramatique mais parce qu’il a "Raouia", Omar Sharif…
été parcouru d’épisodes joyeux En salles le 11 septembre 2013.
SORTIEs dvd
INTÉGRATION. Dans le train
de la vie, 25 voyageurs, 15
nationalités… Tako, Thierno,
Simbala, Dalel, Hamza… Des
adolescent(e)s venu(e)s du
Congo, de Côte d’Ivoire,
d’Algérie, de Tunisie il y a
quelques mois à peine en France
sont élèves en classe de primomigrants dans un collège parisien. Pas facile quand on a été
élevé par ses grands-parents au
pays, que l’on a connu la guerre
ou que l’on est devenu orphelin
de s’adapter à sa nouvelle vie en
France. Or l’intégration passe
d’abord par l’apprentissage de la
langue. Et c’est Julie, professeure
de français et professeure principale, qui est chargée de mener
© Aloest Distribution
Enfants valises
cette classe atypique, que Xavier
de Lauzanne a filmée une année
durant.
Au plus près des visages, des
doutes aussi, la caméra filme le
long apprentissage de ces jeunes
gens. Malgré les difficultés de
la langue, ceux-là mêmes qui
Djeca, enfants
de Sarajevo,
d’Aida Begic
(Bosnie, Allemagne,
France, Turquie),
mention spéciale
du jury Un certain
regard, au Festival
de Cannes 2012.
n’osaient s’exprimer du fait de leur
accent prennent de l’assurance
et se révèlent de vrais poètes. Ils
chantent la vie, leurs souvenirs
d’amour et leur espoir de réussir.
Xavier de Lauzanne affirme
n’avoir pas voulu réaliser un
film militant et politique sur la
Aujourd’hui,
d’Alain Gomis
(Sénégal, France),
ours d’argent,
à la Berlinale 2012.
question de l’immigration. Mais
en nous faisant découvrir la formidable implication des enseignants, il fait mentir un certain
président qui estimait que les
fonctionnaires de l’Éducation
nationale ne travaillaient pas suffisamment et dénonce en creux
un de ses ministres qui faisait
arrêter des enfants de familles
sans-papier à la sortie de l’école.
Avec Enfants valises, l’on se dit
alors que la France conserve
sans doute encore sa tradition
d’accueil et peut continuer à se
prévaloir comme étant le pays
des droits de l’homme. ■
Enfants valises, documentaire
de Xavier de Lauzanne.
En salles le 11 septembre.
Le Passé,
d’Asghar Farhadi
(France), prix
d’interprétation
féminine et prix
du jury œcuménique,
Festival de Cannes
2013.
www.salamnews.fr
PROGRAMME TV
Sur le chemin de l’école
MARATHON. Jackson, 11 ans, et sa
petite sœur vivent au Kenya ; Zahira, 12
ans, habite dans les montagnes de l’Atlas
marocain ; Samuel, 13 ans, est en Inde ;
Carlito, 11 ans, et sa sœur sont dans les
plaines de Patagonie. Sur des continents
différents, ces enfants ont ceci de commun qu’ils ont ce même courage pour
parcourir des kilomètres afin de gagner
leur lieu de savoir qu’est l’école. Et cette
même soif d’apprendre…
Parce que les aléas de la vie leur ont tôt fait comprendre que l’instruction
est une clé, voire la seule, pour s’extraire de leurs dures conditions. Un
film documentaire soutenu par l’UNESCO. ■ H. T. N.
Sur le chemin de l’école, de Pascal Plisson. En salles le 25 septembre.
Jérusalem
HISTOIRE. Documentaire à 180°
Imax® présenté sur écran géant à la
Géode, Jérusalem se donne à voir de
façon inédite. L’on survole, depuis
le ciel, le mur des Lamentations,
l’église du Saint-Sépulcre et le dôme
du Rocher, les trois lieux emblématiques des religions monothéistes qui
marquent leur présence au sein de
la Ville sainte. Et l’on se promène en
compagnie de trois jeunes filles, juive,
chrétienne et musulmane, qui nous
racontent « leur » Jérusalem. Une immersion visuelle concoctée
par National Geographic. ■ H. T. N.
Iqraa International
Le Bouquet Musulman
disponible chaîne 664 chez
Free et chaîne 536 chez SFR
12 h et 22 h (tous les jours)
Fatawa
Découvrez l’émission
incontournable qui répond
à toutes vos questions
fondamentales sur la religion.
Envoyez vos questions à :
[email protected]
7 h 30 et 13 h 30
(du lundi au jeudi)
La science
et la foi
Cette
émission met
en lumière
les merveilles
de la science
et conduit à une méditation
spirituelle pour renforcer la foi
en Allah.
Politique-Fiction. Omar vit en
Cisjordanie, éloigné de sa bien-aimée
Nadia par le mur de Séparation. Déjouant les balles des soldats israéliens, il
escalade quotidiennement le mur pour
rejoindre Nadia. Avec ses deux amis
d’enfance Tarek et Amjad, il décide de
créer une cellule de résistance. Sauf que
leur première opération tourne mal.
Capturé, torturé puis manipulé par
l’armée israélienne, Omar est relâché
contre la promesse d’une trahison. Va-t-il la tenir ? Premier film
financé à 100 % par des Palestiniens, Omar a remporté le prix du
jury Un certain regard au Festival de Cannes 2013. ■ H. T. N.
Omar, de Hany Abu-Assad. En salles le 16 octobre.
MBC, dans
le Bouquet Arabia
de Free, SFR, Bouygues
Telecom, Virgin.
11 h (du dimanche au jeudi)
Al Kabir
Découvrez le talk-show animé
par Khaled et Jane, qui traite
des questions de société.
14 h (du mardi au samedi)
Tala
Nouvelle
série
événement
sur MBC.
Découvrez
la vie mouvementée de
la jeune Tala.
15 h (tous les jours)
Tabakh Al Sultan
10 h 30 et 14 h 30 (mercredi)
L’histoire de l’Andalousie
Jérusalem, de Daniel Ferguson. En salles le 16 octobre à la Géode.
Omar
21
Un documentaire poignant
et instructif sur l’Histoire
de la civilisation musulmane
en Andalousie.
20 h (du lundi au vendredi)
Visitez la Palestine
Nouvelle série turque sur
vos écrans. L’histoire d’amour
impossible entre un cuisinier
et une mystérieuse jeune fille.
21 h 30 (tous les jours)
Ramiz Ankhamoun
Découvrez plus de 29 villes
différentes en Palestine,
leurs coutumes et traditions
et plongez au cœur des
événements les plus importants.
Découvrez cette émission
hors du commun présentée par
Ramez Galal, qui met à l’épreuve
ses invités dans des tombeaux
égyptiens pleins de pièges.
Découvrez la programmation
complète sur :
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complète sur :
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www.bouquet-arabia.tv
SALAMNEWS N° 46 / septembre-octobre 2013
22
DE VOUS À NOUS
Par Chams en Nour, psychanalyste
Doutes et
certitudes
Vous traversez un moment difficile ? Vos réactions et celles
des autres vous surprennent ? Vous avez l’impression d’être
dans une impasse ? Quelle décision prendre ?…
Cette rubrique accueille vos questions, vos réflexions
ou tout simplement vos partages d’expériences.
À partir du bel islam et d’une lecture appliquée du Coran,
des solutions peuvent toujours être trouvées.
Posez vos questions à de [email protected]
« JE VIENS DE PASSER LE BAC (avec succès, ouf !)
mais j’ai un gros souci dans mes relations avec mes amis.
J’ai tendance à être solitaire, à avoir besoin de me réfugier
dans ma bulle, car je trouve que les gens sont trop durs. Je
ne les comprends pas, je ne partage pas les mêmes valeurs en
général.
Par exemple, les amis ne pensent qu’à s’amuser, à faire la fête ;
mais moi, cela ne me dit rien, et ils me traitent de rabat-joie. Je
suis inquiète pour mon avenir, est-ce que je suis parano ? »
Aminata, 18 ans
Chams en Nour. Peut-être aviez-vous besoin de vous
concentrer sur votre examen ? Et de ce point de vue vous avez
bien fait, puisque vous avez passé avec succès cette épreuve
qui vous ouvre les portes de la vie d’adulte.
Mais si vous avez tendance à préférer la solitude, en effet,
à votre âge, ce n’est généralement pas courant. Il y a bien
sûr un équilibre à trouver. Il faudrait en savoir plus sur votre
histoire, votre enfance, les relations dans la famille, les frères
et sœurs. Votre place dans la fratrie, par exemple, peut avoir
son importance.
Vous êtes à un âge de transition souvent malaisé, le moment
où l’on s’élance dans la vie nécessite d’avoir de bonnes assises. Parfois, on peut en manquer et l’envol est de ce fait plus
difficile. ■
« MA FILLE ME REPROCHE de n’avoir pas su la soutenir, et je
vous avoue qu’elle n’a pas tort. Elle est courageuse, a réussi ses études,
commence à travailler et elle s’est construite en l’absence d’une maman, car ma première femme est décédée quand elle a eu 4 ans.
Je me suis remarié quelques années plus tard. Je reconnais que je
ne me rendais pas compte qu’elle se battait toute seule et je n’ai
pas voulu voir que sa belle-mère ne s’intéressait pas à elle. J’ai sans
doute été trop accaparé par mon travail. Pourtant, je suis sûr de
l’avoir encouragée, mais je n’ai pas dû en faire assez… Être père, ce
n’est pas toujours facile. » Omar, 47 ans
Chams en Nour. En effet, être père est difficile. Son rôle est
réel et symbolique à la fois. Il a le devoir de protéger, d’offrir les
meilleures conditions d’épanouissement possible à ses enfants. Il les
prépare à la vie en société, à tenir compte des règles, et des autres en
général. Il est aussi de donner l’exemple par son comportement. Pas
toujours évident, en effet.
Mais il y a aussi le niveau symbolique. Il est alors le représentant de
la Loi, il est celui qui transmet les valeurs de ses ancêtres aux générations futures. C’est un passeur des valeurs vraies. Une « sacrée »
responsabilité, n’est-ce pas ?
L’intention compte plus que tout en islam. Si vos intentions étaient
et sont bonnes, votre fille saura le comprendre. Si non, il vous reste
la possibilité de lui demander pardon du fond du cœur. Cela aussi,
elle devrait pouvoir le comprendre. ■
N° 46 SEPT.-OCT. 2013
$
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