Untitled - CAUE de Côte d`Or

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Untitled - CAUE de Côte d`Or
jeudi 19 avril, de 8h à 15h30
Alain Houpert,
sénateur
vice-président du Conseil Général de Côte-d’Or
président du C.A.U.E. de Côte-d’Or
Félicien Carli,
architecte, directeur du C.A.U.E. de Côte-d’Or
et toute l’équipe du C.A.U.E.
sont heureux de vous accueillir à
1 journée terre cuite
suivie d’un cocktail préparé par
le Restaurant Le Conty
5 rue Ziem
21200 Beaune
03 80 22 63 94
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Programme
• 8h
départ en bus,
derrière la maison du tram (pavillon Darcy), Dijon
visite de l’atelier de céramique
d’Yves Lairaudat à Lucy-le-Bois (Yonne)
Dans l’ancienne briqueterie familiale, Yves Lairaudat se consacre à la céramique et notamment
aux carreaux émaillés, avec comme maître mot :
la qualité, la beauté, l'amour du métier.
Les Granges-sous-Grignon
Lucy-le-Bois
Nan-sous-Thil
visite du musée de la tuilerie
aux Granges-sous-Grignon
Dijon
De l’ancienne tuilerie des Granges-sous-Grignon,
restent un atelier et un bâtiment de production
dans lequel se trouvent encore un four, des
vieilles machines et une collection importante de
tuiles et briques estampillées.
visite de la tuilerie Laurent
à Nan-sous-Thil
Fondée en 1862, la tuilerie Laurent fabrique des
tuiles plates, des carreaux de sol, des briques et
bien d’autres produits sur mesure. Ces divers
matériaux sont fabriqués à la main avec les argiles de leur propre gisement.
cocktail
• 15 h 30
R
30 km
retour en bus,
derrière la maison du tram (pavillon Darcy) , Dijon
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Atelier Yves Lairaudat
Yves Lairaudat possède un immense atelier à Lucy-leBois, près d'Avallon, dans l'Yonne. Il y travaille les mélanges d'argiles, de grès, de pigments qu'il a sélectionnés,
les broie, les cuit dans des fours afin d'obtenir une texture
et une couleur singulière, qui fait de chaque cuisson d'objets un lot unique, non reproductible à l'identique. Certains
carreaux émaillés rappellent les ciels du Nord de l'Europe,
d'autres l'été dans les îles grecques. De chaque pièce,
unique, émane une beauté qui interpelle. La carrière
d'Yves Lairaudat, né en 1952, semblait toute tracée : son
grand-père puis son père dirigeaient la briqueterie familiale, qui a employé jusqu'à 20 ouvriers dans les années
60, lorsque le four tunnel à charbon de 75 m. de long,
fonctionnant 24 h sur 24, fournissait en briques les entreprises du bâtiment. C'était sans compter sur l'essor du parpaing qui remplace en quelques années la brique : en
1980, la briqueterie ferme.
Yves Lairaudat, qui s'est formé à la céramique à Vierzon,
a alors dû chercher du travail dans différentes sociétés de
tuiles en Alsace, en Charente. En 1985, il revient à Lucyle-Bois comme employé dans la briqueterie familiale,
louée par un céramiste pour y cuire des carreaux de
faïence...
En 1992, après le départ de la société de céramique de
l'usine de Lucy-le-Bois, il crée son entreprise, oublie briques
et tuiles et se consacre à la céramique avec comme maître
mot : la qualité, la beauté, l'amour du métier. Depuis, des
commandes lui parviennent de particuliers locaux, comme
de grands fournisseurs et décorateurs parisiens.
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Musée de la tuilerie
Historique de la tuilerie raconté par Henri Laurent (82 ans) en fêtant avec son fils Eric les 130 ans de la fondation de la tuilerie
(en 1862).
Oui, je me souviens de ce que mon père Paul Laurent racontait, lʼœuvre de son père et lʼévolution souvent difficile
mais combien persévérante. C'est en 1862 que mon
grand-père François Laurent Moreau, travaillant à la tuilerie dʼAisy-sous-Thil dénommée la Cobrotte, eut lʼidée,
en passant à pied sur la route venant de Braux à Aisy, de
prendre dans son mouchoir de la terre fraîchement remuée dʼun champ aboutissant au bord du chemin de Thilla-Ville. A Aisy, il fait quelques tuiles plates, cuites dans le
four de son patron.
Au défournement, il constate avec satisfaction la qualité
apparente de son essai. Et là, il décide dʼacheter une parcelle de ce terrain pour concrétiser son rêve, fabriquer des
tuiles avec lʼargile de Thil.
A cette époque, il fallait tout créer de ses mains : extraire
lʼargile à la bêche, la concasser à la pioche, lʼhumidifier
abondamment, la remuer à la pelle, façonner des briques
et des tuiles en pâte molle dans des cadres en bois, puis
soigner les ébauches en cours de séchage avec une batte.
Ensuite venait la phase très sérieuse de la cuisson au
bois. Il fallait construire un petit four en briques pleines non
cuites, et empiler à lʼintérieur des tuiles.
La première cuisson (au bois sec) permettait dʼatteindre
980 degrés. Un deuxième four plus important fut construit
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ainsi quʼun bâtiment le recouvrant, celui-ci permettant un
séchage abrité et une aire de broyage (un manège avec
lʼaide dʼun cheval actionnant une pierre de granit roulant
sur le sol dur en écrasant la terre brute). Là, il y avait déjà
un progrès. La tuilerie existait et pouvait fonctionner avec
plusieurs ouvriers, mais la concurrence entre tuiliers obligeait la vente des produits avec un faible bénéfice. Pour
survivre, mon grand-père profita du moment présent :
cʼest-à-dire faire des transports pour les fonderies de
Précy en transportant la fonte à Pont-Royal. Ceci a duré
plusieurs années et lui a permis de sʼéquiper en moyen
de transport de l'époque (8 chevaux et des charretiers).
Il en profite pour faire de lʼagriculture et lʼélevage et crée
de ce fait une entreprise multiple plus rentable : tuilerietransport-culture. Mais les forges de Précy ferment leurs
portes et cʼest la faillite et la suppression des transports.
Mon grand-père, toujours entreprenant et équipé pour les
transports, décide de faire lʼexploitation de bois, de transports de grumes aux scieries.
Heureusement son fils Jules commençait à le seconder,
ce fut une progression dans cette nouvelle branche, si
bien que la tuilerie fonctionnait faiblement avec quelques
ouvriers. La culture se développait avec des bâtiments
dʼélevage et lʼexploitation des forêts. En réalité, lʼentreprise était en bonne voie et la tuilerie tenait sa place et le
four consommait le bois de chauffage.
Mon père faisait ses études à Châtillon-sur-Seine. Mes
grands-parents avaient quatre enfants et la mort subite de
leur fils Jules à 26 ans entraîna la mort de mon grand-père
à lʼâge de 63 ans.
Mon père Paul nʼa que 20 ans et se trouve seul devant
cette situation et la direction de lʼentreprise (aux dires de
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la rumeur publique, cʼest une affaire perdue et ce nʼest pas
le fils qui nʼa pas un poil de barbe au menton qui pourra
sʼen sortir).
Dʼune façon acharnée, mon père travaille à continuer lʼexploitation forestière de 50 ha, à soutenir lʼexploitation agricole et à développer la tuilerie jusquʼen 1907.
De 1907 à 1914, mon père modernise partiellement la tuilerie : construction dʼun four à grille de 28 m de long avec
cuisson au charbon, construction de la grande cheminée
pour créer un meilleur tirage naturel du four et de la chaudière (machine à vapeur de 20 Cv), et lʼinstallation dʼune
moûleuse à 2 hélices capable de fabriquer 2 tonnes de
produits, la terre étant broyée par un cylindre double.
La guerre de 1914 arrête pour 5 années le fonctionnement
de la tuilerie, les 12 ouvriers mobilisés sont obligés de
nous quitter. Mon père ne reviendra quʼen janvier 1920.
Ma mère, pendant 5 ans, élève ses 2 enfants et subsiste
en gardant un peu lʼagriculture et lʼélevage, ce qui procurait une base de nourriture et de ressources familiales. La
paix enfin revenue, jʼétais un écolier de 10 ans quand mon
père Paul, libéré, reprend son activité. Après plusieurs
mois dʼentretien, de réparations, lʼusine redémarre.
Les débouchés terre cuite deviennent importants. Mon
père délaisse lʼexploitation forestière, achète un camion
de 6 tonnes pour livrer à domicile les produits fabriqués
(tuiles, briques, carrelages et drainages).
En 1932, la tuilerie produit à son maximum, lʼagriculture
et lʼélevage sont maintenus. Dès lʼâge de 18 ans, je seconde mon père dans tous les rouages de lʼexploitation :
agricole, industrielle et commerciale.
Ma formation dans le métier mʼoriente vers une amélioration de la qualité et de la diversité des produits nouveaux
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offrant des débouchés toujours en augmentation.
En 1937, cʼest lʼannée de mon mariage, mon père nous
cède la tuilerie, mon épouse Jeannette et moi représentons la 3ème génération de tuiliers sous le titre Henri Laurent Daumont. Notre entreprise travaille avec 9 ouvriers à
une cadence à peu près normale. Mais le 7 septembre
1939, je suis mobilisé, cʼest à nouveau la guerre. La tuilerie ferme mais la culture se poursuit.
Pendant cette période de la drôle de guerre, nous végétons pour vivre, soutenir notre famille et nos amis. Mon
père a les fonctions de maire, poste délicat et peu enviable. A la Libération, le travail à lʼusine reprend rapidement
selon les possibilités de ravitaillement, nous nʼavons plus
de moyen de transport, il faut être tributaire des transporteurs. Nous achetons un camion pour porter nos livraisons
et assurer ainsi notre autonomie.
Hélas, la nuit du 6 au 7 avril 1948, un incendie dʼune violence extrême ravage en quelques heures la tuilerie
construite avec une forte proportion de bois (350 m3 de
sapin sec).
Nous sommes minés, accablés mais décidons de reconstruire rapidement et nous mettons tout en œuvre pour déblayer les gravats, récupérer ce qui peut servir et
construire dʼabord la salle de fabrication sous un toit provisoire.
Deux mois après le sinistre, la fabrication partielle reprend
avec le séchage à lʼair libre et la cuisson dans les fours
épargnés par leur robuste construction. Si bien que nous
fabriquons nos tuiles pour la reconstruction de la même
surface mais avec un seul étage (alors qu'il y en avait 3)
et dʼune façon incombustible. La production un an après
le sinistre atteignait son rythme normal. Notre rayon com-
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mercial augmente, particulièrement avec la brique des plafonds (le faciola). Nous achetons la tuilerie de Bligny-surOuche et organisons la fabrication avec 3 personnes.
En 1962, nous fêtons le centenaire de la fondation et en
profitons, par une fête officielle, de faire décorer une dizaine de nos fidèles ouvriers et en particulier son président
Paul Laurent Darcy (mon père). En 1963, encouragé par
le marché, jʼachète toutes les parts dʼune “SARL Tuilerie
des Granges” à Grignon, et remets en activité cette usine
déjà fermée depuis 2 ans. A lʼautomne de 1963, cet achat
est donc conclu et je suis majoritaire de la SARL. Mon fils
François Laurent ayant 25 ans, je lʼencourage à devenir
membre de la société. Après 8 années, la tuilerie des
Granges marche avec quinze ouvriers et la production très
satisfaisante assure un trafic régulier qui laisse espérer
une progression. Mais ce fût lʼinverse qui se produisit et
en 1972 la situation se dégrade rapidement et toutes les tuileries de la Côte-dʼOr, petites ou grandes, ferment leurs
portes. Nous sommes torpillés par le ciment, le placoplâtre
et la plastique. Nous décidons de fermer les usines des
Granges et de Bligny, nos fils sont obligés de trouver dʼautres situations. Je reste donc seul à Thil, et cʼest la dernière tuilerie active en Côte-dʼOr. Quel crève cœur !
Nous nous replions sur nous-mêmes.
De 1972 à 1989, ayant conservé une fabrication artisanale, le marché avec les monuments historiques se développe : réfection des églises, de châteaux, dʼanciennes
demeures et création de toitures au style ancien.
En 1990, notre dernier fils, Eric Laurent, reprend le flambeau et assure la quatrième génération de tuilier de Thilla-Ville.
Thil-la-Ville le 3 octobre 1992
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Tuilerie Laurent
Cʼest en 1990 que je décide de prendre la succession de
mon père. Reprise de lʼentreprise familiale avec un seul
employé Michel. De gros travaux sont effectués ; une nouvelle implantation de machines de fabrication plus rationnelle et simplifiée, de nombreux planchers (très bas 1,90
m) sont démontés afin de pouvoir permettre lʼutilisation
dʼun chariot élévateur.
Les rayonnages à clayettes sont démontés pour permettre
lʼévolution aisée des palettes et wagons. Une période de
6 mois a été nécessaire pour ces améliorations et la production a repris son rythme normal.
A la fin de 1990, les différentes transformations mʼont encouragé à poursuivre mes améliorations, rénovation du
séchoir, augmentation des aires de séchage, entretien du
four.
Dans la période hivernale de décembre à fin mars, la production est arrêtée et nous nous consacrons uniquement
à la cuisson des produits préalablement stockés et aux
travaux dʼentretien.
En 1992, les machines de fabrication ont subi une nouvelle implantation afin de permettre un stockage de terre
plus importante.
40 tonnes de terre pré-malaxée qui, après un repos de
quelques jours, bénéficie dʼune bonne homogénéité.
La tuilerie compte désormais 2 employés, la production
est de 350 tonnes par an, 70 % de la production est réservée à la fabrication de tuiles plates aux formats divers,
ainsi quʼun nombre important dʼaccessoires de couverture
où il faut parfois recréer des modèles aujourdʼhui disparus :
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les 30 % restant étant consacrés à la fabrication de
briques creuses de petits formats, briques pleines, carrelage rustique, terre à modeler pour les écoles.
Le résultat de la production réside essentiellement par la
cuisson au bois qui nous apporte beaucoup de nuances
de coloris, et de formes par des excès de température.
Ces produits sont très appréciés pour leur mode de fabrication artisanale et pour le savoir-faire.
En revoyant les photos du centenaire en 1962 où jʼétais
âgé de 4 ans, mon père mʼavait déjà présenté comme son
futur successeur afin dʼassurer la 4ème génération de tuilier.
30 ans plus tard, je me retrouve dans la même situation
que mon père.
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Atelier Lairaudat
29 grande rue
89200 Lucy-Le-Bois
email : [email protected]
℡ 03 86 31 02 90 (domicile)
℡ 03 86 31 07 71 (atelier)
http://sites.google.com/site/atelieryveslairaudat/
Musée de la tuilerie
Association Les Tuileries de l'Auxois
(association crée en 2004 avec une équipe de bénévoles
dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine industriel
et des tuileries)
visite guidée sur rendez vous au 03.80.96.88.26. animée
par Michel Tallandier et François Laurent
Les Granges-sous-Grignon
21150 Grignon
[email protected]
Tuilerie Laurent
Thil-la-Ville
21390 Nan-sous-Thil
℡ 03 80 64 52 75
e-mail : [email protected]
http://www.tuilerie-laurent.fr/
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