Monographie de Madiran

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Monographie de Madiran
MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE MADIRAN
Titre 1er
Situation géographique.- La commune de Madiran est située au nord-ouest du canton
de Castelnau-Rivière-Basse, Hautes-Pyrénées ; ses limites sont : au nord St Lanne et
Castelnau-Rivière-Basse ; au levant Castelnau-R-B en partie, Hères et Soublecausse; au
sud Soublecausse encore, Bétracq et Crouseille et à l'ouest Arrosès et Crouseille. Ces trois
dernières communes sont situées dans les Basses-Pyrénées.
L'étendue de la commune est de 1 445 ha.
Elle mesure environ 5k800m de l'est à l'ouest et 4k800m du sud au nord ; la distance au
chef-lieu du canton est de 5km ; du chef-lieu de l'arrondissement ou du département 39
km.
Le pays présente un aspect pittoresque : il est sillonné de côteaux plantés en vignes ;
elles produisent un vin très tonique qui gagne beaucoup en vieillissant ; aussi il a acquis, à
juste titre, une certaine renommée. Jusqu'à présent la vigne a été épargnée par le
phylloxéra ; le mildew a commencé à sévir avec l'oïdium qui persiste toujours ; mais ce
dernier est combattu avec succès par le soufrage. Cà et là où la vigne ne saurait être
cultivée avec avantage sont des côteaux boisés ; ailleurs de petites plaines ou des plateaux
spacieux très fertiles où l'on récolte des céréales : blé, avoine, maïs.
Richesses du sol.- Dans la région méridionale du territoire il existe des couches ou
veines souterraines de pierres calcaires dont on fait de la chaux hydraulique de très bonne
qualité ; plusieurs carrières sont ouvertes : il se fabrique 50.000 quintaux de chaux par an.
Cours d'eau.- Les cours d'eau sont au nombre de deux seulement : ce sont le Bergons
et le Ruisseau proprement dit ; ils sont l'un et l'autre de peu d'importance. Pendant l'été,
ils ne coulent presque pas ; la direction des eaux est du sud au nord ; ces deux cours d'eau
se réunissent au nord du territoire tant soit peu en avant d'un moulin qui ne fonctionne que
pendant l'hiver, et cela s'explique si bien que, passé cette saison, l'eau fait défaut.
Cependant par suite de pluies continuelles ou d'orages, les eaux reprennent non seulement
leur cours, mais elles sortent parfois de leur lit et inondent les prairies avoisinantes.
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Eaux potables.- Les eaux potables sont données par plusieurs fontaines et par bon
nombre de puits qui ne tarissent jamais. Pour abreuver les animaux il existe des réservoirs
qui sont alimentés par les eaux pluviales ou par les eaux de source quand cela se peut.
Altitude.- L'altitude dans la plaine du Bergons ou du ruisseau est de 177 et celle des
hauteurs est 200 (environ).
Le climat est doux ; des vents violents soufflent parfois ; des pluies tombent à certaines
époques pendant une série de huit ou dix jours ; la température est variable selon les
saisons ; mais elle n'est ni trop basse pendant l'hiver ni trop élevée pendant l'été ; le vent
est sec et salubre.
II
Le chiffre de la population est de 1044. Ce chiffre tend à diminuer en raison de deux
mauvaises années qui se sont succédé : la récolte du vin, qui est la principale ressource de
la commune, a été enlevée ou par la grêle et la gelée ou par le mildew. Un certain nombre
d'ouvriers et même des familles entières ont émigré pour aller chercher de l'ouvrage
ailleurs.
La commune est divisée en douze quartiers, savoir :
1° Le Bourg (le plus important) a une population de
372
2° De Priour et ..................................................
115
3° De Lastéchénéres .........................................
59
4° Des Capets ..................................................
42
5° Des Mounous ...............................................
59
6° Des Gajous ..................................................
30
7° Des Tucos ....................................................
34
8° Du Parsandebat ............................................
113
9° Des Arrodets ................................................
66
10° Des Bourdies ................................................
27
11° Du Bergons ..................................................
105
12° Des Cuileries ................................................
22
total égal ................... 1 044
Le nombre de feux est de ................................
295
Pour les douze quartiers il n'y a qu'un conseil municipal composé de douze membres y
compris le maire et l'adjoint.
La commune est desservie pour les cultes par un prêtre résidant.- Pour les finances, le
percepteur du canton.
Il existe dans la commune un bureau de poste, mais pas de télégraphe.- La valeur du
centime est de 88.97.
Les revenus ordinaires s'élèvent à 5.434F.
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III
Productions.- On cultive le blé, l'avoine, le maïs, les pommes de terre, les haricots. Les
procédés de culture sont les labours profonds avec de fortes charrues en fer. Après la
récolte du blé, l'année suivante, on sème du maïs ; la troisième année on laisse ces terres
en jachères en leur donnant cinq ou six labours.
Il n'existe dans la commune que des parcelles de bois de peu d'étendue, appartenant à
différents propriétaires : l'essence est principalement le chêne.
Les vignes d'une contenance d'environ 450 hectares, sont l'objet des plus grands soins
du cultivateur ; c'est aussi pour ainsi dire son unique revenu. Elles sont taillées et
labourées avec la plus grande attention. A celui qui les entretient le mieux pour obtenir le
plus de rendement possible. Il y a quatre ans environ que le philloxéra semblait devoir
envahir nos vignes : quelques tâches se sont produites dans certaines parcelles ; depuis
lors on n'a plus rien remarqué. Ce qu'il y a même de plus surprenant, c'est que des vignes
qui semblaient contaminées, ont repris, après quelques amendements, une vigoureuse
végétation.
Animaux.- La commune compte environ cent paires de bœufs et autant de vaches,
quatre-vingt chevaux ou juments ; il y a huit ou dix troupeaux seulement.- On se livre peu
à la chasse et beaucoup moins à la pêche : il n'y a pas de cours d'eau important.
Quant aux carrières, il y en a huit ou dix d'où l'on extrait la pierre calcaire pour la
fabrication de la chaux hydraulique, comme il est décrit au titre 1er ; et un moulin de faible
importance, construit sur le Bergons.
Une belle route départementale dite de Bagnères à Bordeaux traverse la commune du
sud au nord : il y a à peu près cent ans qu'elle est construite, ainsi que le pont appelé pont
de Séré.- Un autre pont a été construit en aval et tout près du moulin, il y a trois années,
appelé pont du moulin.
Il n'y a pas de voie ferrée : la gare de Caussade, qui est à une distance de 6 kilomètres,
est la plus rapprochée. Pour le chef-lieu de canton il n'y a aucun moyen de transport. Pour
le chef-lieu d'arrondissement ou de département c'est le chemin de fer.
Le commerce local consiste dans les boutiques de trois marchands épiciers et d'un
quincaillier, ----------------- trois marchands de son, de farine et de denrées de toute
espèce ; deux bouchers et d'un charcutier ; de deux marchands drapiers.- Les marchés se
tiennent le mercredi par quinzaine : il s'y fait peu d'affaires. Depuis de longues années trois
foires sont établies : la première le 22 janvier, la 2è le 26 avril et la troisième le 9
septembre ; celle-ci a une petite certaine importance.- Les mesures locales aujourd'hui en
usage sont les mesures légales.
IV
L'étymologie probable du nom de la commune serait Mata (méchant) où les Maures
auraient été écrasés.
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Traditions : l'abbé Monllézun, chanoine d'Auch a écrit beaucoup sur madiran dans
l'histoire de la Gascogne. Je connais des personnes qui ont conservé de vieux manuscrits,
des cartulaires et de vieux actes.
Idiomes : l'idiome, c'est la langue locale, le patois.
Chants : chant national, chant guerrier, et quelques vieilles chansons ou romances.
Mœurs : les habitants ont des mœurs simples, mais bonnes, assez affables quoique
tant soit peu suffisants. Ils professent le culte catholique avec un peu de tiédeur.
Dans leurs coutumes il n'y a rien de recherché, mais ils sont toujours d'une mise
convenable.
L'alimentation se compose de bon pain de blé, de la viande de porc, de veau, rarement
du bœuf et du mouton, de gallinacées, de bon vin rouge : la nourriture est très saine.
Monuments.- L'église est très ancienne : sa fonction date du 9è au 10è siècle ; il existe
encore quelques vestiges d'un ancien couvent (ou prieuré) où les Bénédictins et les
Jésuites se sont alternativement succédés. Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, mais pour
compulser tous les documents, il ne faudrait pas être limité par le temps.
Dans les archives communales il est un vieux cadastre ou livre terrier ; c'est tout ce qu'il
y a.
Annexe au titre IV
L'historique de l'enseignement des écoles de la commune aux diverses époques
consistait, il y a cinquante ans à enseigner les plus simples notions de la grammaire, une
mauvaise orthographe, pas de rédactions françaises, les quatre opérations sans application
aux usages pratiques, l'écriture et la lecture pure et simple sans du tout s'assurer si l'élève
comprenait ou non la signification de certains mots et le sens des phrases et moins encore
l'idée contenue dans le sujet au chapitre lu.
Insensiblement le cercle s'est élargi et l'enseignement a été donné selon les vues des
programmes de l'époque.- Il n'y avait pas alors de maison d'école ; ce n'est que depuis
trente-cinq ans environ que la commune possède une maison d'école. Elle n'offrait pas tous
les avantages nécessaires ni pour la salle d'école ni pour le logement de l'instituteur. Ainsi,
en 1883, elle a été appropriée selon les besoins actuels.
La maison d'école est exposée au levant bordant à l'ouest une belle route
départementale dite de Bordeaux à Bagnères ; derrière est une basse-cour assez spacieuse
et un jardin à la suite d'une contenance d'environ 3 ares ; au nord est bâti un préau
couvert, qui présente les inconvénients de n'être ni assez vaste ni assez haut.
La salle d'école mesure environ 63 mètres carrés : elle est éclairée par quatre
ouvertures dont deux donnent au levant et deux au midi. Sur la porte principale ou
d'entrée est un imposte vitré ; en face de celle-ci se trouve une porte pour communiquer à
la basse-cour. Sur la salle d'école est la salle de la mairie où se réunit le conseil municipal,
et où sont déposées les archives de la commune.
Au rez-de-chaussée est située la cuisine de l'instituteur, attenante à une chambre
longeant la route ; c'est le cabinet de travail. A ces deux pièces, au 1er étage,
correspondent deux chambres à coucher ; et tout à côté de la salle du conseil il en une
troisième pour les besoins de l'instituteur. Enfin, le galetas sert de décharge.
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Le local est suffisant. La fréquentation laisse à désirer ; elle n'est pas régulière : cela
tient en général au mauvais état des chemins et à la grande distance que bien des enfants
sont de la maison d'école.
L'état de l'instruction n'est pas trop mauvais, mais il pourrait être mieux si les élèves
étaient plus assidus.
Le nombre des conscrits illettrés de la dernière année est néant (tous ont signé); quant
aux conjoints, il y en a un qui n'a pas signé.- Pas d'institution scolaire.
Depuis 1873 il y a une bibliothèque scolaire, qui comporte 80 volumes et 7 prêts.- La
caisse des écoles n'existe pas ; mais la caisse d'épargne fonctionne.
Le traitement du maître est de 1.250f. Pas de sacrifices à demander à la commune.
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Département des
Hautes-Pyrénées
Commune
de Madiran
Arrondissement
de Tarbes
Monographie
La Commune
Situation La commune de Madiran est située dans le département des Hautes-Pyrénées,
elle est comprise dans l'arrondissement de Tarbes et le canton de Castelnau Rivière-Basse.
Elle est limitée au nord par les communes de Castelnau Rivière-Basse et de Saint Lanne, à
l'est par celles de Castelnau, Hères, et Soublecause, au sud par celles de Bétracq et de
Crouseilles et enfin à l'ouest par la commune d'Arrosès.
Ces trois dernières communes appartiennent au département des Basses-Pyrénées et font
partie du canton de Lembeye, arrondissement de Pau.
Origine Sa fondation remonte à une époque si éloignée qu'il est impossible d'en préciser
la date, même approximativement. Son nom actuel nous paraît avoir été complètement
changé : Ce n'est point Madiran que l'on devrait prononcer, mais "Maridan" du latin "Maria
Dona" patronne de son église et du grand monastère qui existait autrefois et duquel nous
aurons à reparler dans la suite.
Forme Sa forme est irrégulière et son territoire s'étend sur une longueur de (8) huit
kilomètres du nord au sud.
Surface Sa surface totale est de 1455ha hectares 41 ares, 10 centiares répartis en terres
labourables, vignes, prés, bois taillis et futaies, landes et quelques autres cultures de peu
d'importance.
Population La population s'élève à (943) neuf cent quarante trois habitants d'après le
dernier recensement.
Nature du sol Le sol est assez accidenté. Le bourg est bâti en longueur de la limite de la
commune de St Lanne au nord, à la limite de celle de Bétracq au sud ; et en largeur du
ruisseau dit de Jacou, jusqu'au lieu désigné sous le nom de Moulin à vent.
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Relief L'est du bourg est bordé par des côteaux escarpés couronnés du plateau dit des
Capets.
A l'ouest et jusqu'aux confins du Béarn, se trouve la jolie plaine du Bergons arrosée par le
ruisseau qui porte ce nom. Elle est très fertile donne d'abondantes céréales et renferme
d'excellentes prairies qui fournissent une grande partie du foin consommé par les animaux
de la commune.
Les côteaux de formation tertiaire, présentent un sol profond de nature argilo-calcaire ou
argilo-siliceuse.
Conditions climatologiques Au point de vue climatologique la commune de Madiran,
comme presque toute la contrée du sud-ouest de la France, souffre trop souvent hélas !
des rigueurs de la température printanière.
Cette belle saison autrefois si belle et si favorable à l'éclosion des fleurs et à la formation
des fruits, a bien changé de nos jours. Les gelées de mars, d'avril et même de mai sont
depuis longtemps le malheur et la ruine de la vaillante population agricole.
En revanche l'automne nous apporte habituellement une température assez chaude qui
favorise la maturité et la récolte des fruits.
L'hiver est généralement tempéré, et tout irait pour le mieux si, comme nous l'avons déjà
dit, cette température hivernale ne se prolongeait trop avant et ne venait ainsi gravement
compromettre les joies du cultivateur.
Cours d'eau A proprement parler la commune de Madiran ne compte pas de cours d'eau ;
elle est simplement traversée par deux petits ruisseaux dont le plus important, appelé
Bergons prend sa source au pied de la colline de Montcamp canton de Lembeye - (BassesPyrénées) et, va se jeter dans l'Adour en aval de Riscle (Gers) après avoir arrosé les
communes de Montcamp, Montpezat, Bétracq (Basses-Pyrénées), Madiran, St Lanne
(Hautes-Pyrénées), Canet, Riscle et St Mont (Gers) et reçu les eaux d'un certain nombre de
très petits ruisseaux.
Pendant l'hiver son débit est assez considérable pour lui permettre d'actionner quelques
moulins à farine mais dès qu'apparaissent les chaleurs son niveau baisse, ses eaux ne
coulent bientôt plus qu'en mince filet et les usines chôment par le manque de force
motrice.
Géographie Politique
Division La surface territoriale de la commune comprend un bourg composé d'une
centaine de maisons et de plusieurs quartiers assez espacés les uns des autres.
D'après le dernier recensement le montant total des habitants s'élève à 943 dont 312 de la
population agglomérée.
Le restant est réparti de la manière suivante :
Quartier dit de
Nombre de maisons
Nombre d’habitants
Arrodets
Bergons
Bourdies
Bourg
Capets
11 maisons
34 maisons
7 maisons
91 maisons
13 maisons
52 habitants
114 habitants
31 habitants
312 habitants
51 habitants
7
Gajous
Mounous
Parsan-Debat
Prouzet
Las Téchénéres
Tucos
7 maisons
17 maisons
21 maisons
29 maisons
15 maisons
8 maisons
25 habitants
44 habitants
98 habitants
124 habitants
52 habitants
40 habitants
L'administration communale est placée sous la direction d'un Maire, et d'un adjoint chargés
du pouvoir exécutif et assistés d'un Conseil Municipal.
La commune n'a aucune ressource. Le montant des annuités qu'elle est obligée de payer
pour intérêts et amortissements des emprunts qu'elle a contractés et qui s'élèvent à ......
francs est fourni par ...... centimes additionnels ajoutés au principal des quatre
contributions directes.
Les minimes dépenses que la loi l'oblige à faire pour le payment des fonctionnaires
communaux, l'entretien des édifices publics et autres ne lui permet même pas d'équilibrer
son budget ordinaire, et une somme d'un millier de francs est inscrite chaque année sur
son budget à l'article : "Imposition extraordinaire pour insuffisance de revenus".
Ecoles L'enseignement est donné aux garçons par un instituteur laïque et aux filles par
des sœurs de l'ordre de St Joseph de Tarbes.
Les deux écoles sont très bien installées et ne laissent rien à désirer tant au point de vue
du mobilier scolaire, que du matériel d'enseignement.
Culte Le culte catholique est le seul professé à Madiran. Le service est assuré par un
prêtre auprès duquel se trouve un conseil de Fabrique chargé de la gestion des revenus de
l'Eglise.
Les ressources sont faibles et ne se composent guère aujourd'hui que de la location des
chaises et de la part revenant à la Fabrique sur les différents services religieux.
Justice Sous le rapport judiciaire, les huit communes du canton dépendent du chef-lieu.
Un juge de paix y rend la justice ; il est assisté d'un greffier et d'un huissier. A côté de lui
se trouve également une brigade de gendarmerie à pied.
Perception Le Percepteur et le Receveur de l'Enregistrement étendent leur action sur
toutes les communes du canton.
Un receveur des Contributions Indirectes exerce sa surveillance sur les cantons de
Castelnau Rivière-Basse et de Maubourguet.
Ponts-et-chaussées Un conducteur des Ponts-et-Chaussées est chargé de la surveillance
et de l'entretien des voies de communication de ces deux cantons.
Notariat Il existait autrefois trois études de notaires dans le canton ; l'étude de Castelnau
Rivière-Basse, celle de Madiran et celle de Lascazères.
La suppression de l'étude de Madiran opérée en faveur de celle de Lascazères eut lieu vers
1820 et ramena à deux le nombre de notaires pour le canton. Les minutes remontent à
1647.
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Géographie Economique
Routes et chemins
La commune de Madiran est largement dotée de voies de
communications ; la route départementale d'Aire-sur-l'Adour à Maubourguet la traverse du
Nord au Sud sur toute sa longueur.
Une voie de grande communication la relie au chef-lieu de canton, une autre la fait
communiquer avec le Béarn et enfin une troisième la relie à la route n° 135 de Bordeaux à
Bagnères de Bigorre et à la voie ferrée.
Les chemins vicinaux et ruraux sont également très nombreux et forment un réseau
d'environ (55) cinquante-cinq kilomètres de longueur répartis de la manière suivante :
Réseau subventionné : (chemins vicinaux) ………….. 30000 m
Réseau non subventionné : (chemins ruraux) …….. 25000 m
Total
55000 m
Entretenus avec soin, ils assurent un facile débouché aux produits agricoles et
commerciaux et favorisent largement l'exploitation du sol.
Courrier Séparée de la voie ferrée par une distance de (5k) cinq kilomètres trois cents
mètres, Madiran est reliée à cette dernière par un Courrier des postes qui effectue le
service en voiture quatre fois par jour.
Ce service régulier permet aux voyageurs de monter et de descendre en Chemin de fer à la
gare de Caussade sans aucune difficulté.
Jusqu'en 1844 il n'existait pas de bureau postal. Le service était fait par un simple facteur
qui, prenant les dépêches à Maubourguet venait opérer une tournée journalière dans notre
commune.
Service Postal Par une délibération en date du 3 juillet 1842, le Conseil Municipal
demanda la création d'un bureau de distribution.
Cette demande fut favorablement accueillie, et le bureau accordé fonctionnant jusqu'en
1874. A partir de cette époque ce bureau fut transformé en une recette dépendant du
bureau cantonnal.
En 1885 (délibération du 20 mai) la municipalité, considérant que le développement de
l'industrie communale et du commerce qui en était la conséquence, exigeaient qu'une
importance plus considérable fut donnée au bureau de poste, demanda la suppression du
courrier de Castelnau à Madiran et son remplacement par un courrier direct de Madiran à la
gare de Caussade.
Télégraphie L'extension du service postal croissant sans cesse, la création d'un bureau
télégraphique fut autorisée par un arrêté préfectoral en date du 18 octobre 1892.
Les dépenses résultant de cette création s'élevèrent à la somme de .......... francs et furent
couvertes par une souscription publique.
Le 1er février 1893 un deuxième emploi de facteur était créé et enfin le 1er août 1894 le
courrier à pied fut remplacé par un courrier en voiture.
Exploitation du sol La répartition territoriale mentionnée dans le cadastre dressé en
1818 partageait ainsi le territoire :
Terres labourables ................................. 528ha 30.10.
Vignes ................................................. 368ha 51.60.
Prés .................................................... 107ha 65.77.
Bois taillis ...........................................
127ha 55.18.
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Landes ................................................. 221ha 72.20.
Jardins et autres petites cultures .............
91ha 66.50.
Soit un total de : 1445ha 41.40.
Depuis cette époque l'exploitation du sol a bien changé et en ce moment le tiers à peu près
du territoire communal est affecté : soit à la culture d'anciennes vignes, soit à celles des
vignes reconstituées en plants américains.
Le sol de nos côteaux est d'ailleurs très favorable à cette culture, et le vin du Madiran a
acquis une réputation assez répandue pour que nous puissions nous dispenser de faire ici
son éloge.
Nous nous permettrons néanmoins de reproduire un article inséré dans le n° 837 du
journal "La Liberté des Hautes-Pyrénées" portant la date du 18 avril 1894, résumant d'une
manière aussi savante que juste l'état actuel du vignoble madiranais.
Le Vignoble Madiranais
Le vignoble madiranais est situé au nord du département des Htes Pyrénées sur les côteaux qui
constituent les avant derniers échelons des Pyrénées vers les Landes. Il s'étend le long de la voie ferrée
qui met en relation Tarbes avec Bordeaux, sur une longueur de huit kilomètres et une largeur de quatre
kilomètres, occupant presque la surface totale des communes de Madiran, de St Lanne, de Soublecause,
et de Castelnau Rivière Basse.
Ces côteaux, de formation tertiaire, présentent un sol profond, de nature argilo-calcaire ou argilosiliceuse ; ils ont une altitude moyenne de deux cent trente-huit mètres.
Le vignoble madiranais occupe, dans les quatre communes que nous avons citées, une superficie totale de
1392 hectares contenant chacune 4000 à 8000 souches. Il est complanté en mansenc. Toutes les terres
qui le composent aujourd'hui constituaient avant le XIIè siècle le fief d'une abbaye de Bénédictins dont
les ruines ont servi à construire l'église paroissiale de Madiran.
Ce sont les Bénédictins qui donnèrent de l'extension à la culture de la vigne dans cette région, et qui
firent connaître le vin de Madiran en le faisant goûter à tous les visiteurs ou pèlerins.- A cause de leur
origine les vins de Madiran furent employés pendant très longtemps pour la célébration de la Messe
dans les diocèses de Tarbes, Oloron, Bayonne, Aire et Auch. Aujourd'hui encore ses vins sont connus
dans le Sud-Ouest sous le nom de (Vins des Curés)
D'après les archives départementales des Htes Pyrénées, on constate que les vins de Madiran avaient une
importance considérable dès le XIVè siècle.
C'est ainsi que, dans les fors et coutumes confirmés en 1309 à la ville forte de Castelnau par le comte
d'Armagnac, il est fait plusieurs mentions relatives aux vins. L'importance de la viticulture dans le
Madiranais n'a fait que croître depuis cette époque. Elle serait encore beaucoup plus grande si les
propriétaires avaient consenti à abandonner les vieux procédés de culture et vinification que leur ont
transmis les traditions.
Les vignes sont hautes et disposées deux par deux auprès d'un même tuteur en châtaignier. On donne à
chaque cep deux bras perpendiculaires entre eux, que l'on fait courir horizontalement le long des fils de
fer, l'un dans le sens des rangs de vigne et l'autre perpendiculairement à cette direction. Ces bras sont
établis à une hauteur de 1m, 70 au-dessus du sol ; on les dirige de façon que ceux d'un cep soient dans le
prolongement de ceux du cep qui est accoudé au même échalas. Et l'angle droit que forment les deux bras
d'un même cep est opposé par le sommet à l'angle qui constitue les bras du cep attaché au même tuteur.
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Les ceps internes de quatre tuteurs voisins forment les sommets d'un quadrilatère dont les côtés sont
constitués par leurs bras.
La taille se fait indifféremment en novembre ou en janvier. On taille le rameau qui vient de fructifier à
un œil et on attache au fil de fer le nouveau sarment dès qu'il est formé. On laisse un œil de réserve sur
chaque bras. Les tuteurs qui se trouvent à l'extrémité d'un rang de vignes ne possèdent naturellement
qu'un cep. Les tuteurs sont placés aux distances suivantes :
Nature des vignes
vignes anciennes
vignes récentes
vignes plantées depuis deux
ans
Distance en rang
3 mètres
2m, 66
2m, 22
Distance sur les rangs
2m, 66
2m, 22
2m, 22
Quelques plantations ont été faites dans ces dernières années en vignes américaines greffées en tannat.
Jusqu'à ces temps derniers, les vignerons madiranais ne fumaient pas, craignant de nuire à la qualité de
leurs vins : ils se contentaient de faire de temps en temps un terrage.
Aujourd'hui les vignobles bien tenus sont fumés et terrés, mais ils ne sont pas nombreux. Ces fumures se
font surtout avec des fumures d'étable.
On emploie aussi quelques composts constitués avec du fumier, des terres légères, des cendres, de la
chaux, des détritus de toutes sortes.
Les engrais chimiques sont peu employés.
Les vignes sont chaussées en mars et rechaussées en mai ; ces deux labours absolument insuffisants se
font avec des charrues très primitives.
Le vignoble madiranais n'est pas éprouvé sérieusement par les maladies et par les intempéries ; cette
circonstance est très heureuse, puisqu'il est déjà mal entretenu.
La grêle et la gelée font des dégats insignifiants ; l'oïdium et le mildew sont prévenus par des soufrages
et des sulfatages à la bouillie bordelaise ; seule la coulure agit tous les ans et cause des ravages assez
considérables.
Les viticulteurs de cette région ont très bien compris la nécessité de faire des traitements préventifs
contre les maladies cryptogamiques, ils ont commencé à reconstituer en vignes américaines les vignobles
dévastés par le phylloxéra ; et dans tous leurs essais ils ont obtenus d'excellents résultats. Nous les
félicitons de l'intelligence et de l'énergie qu'ils ont témoignées, mais nous voudrions qu'ils songent aussi à
améliorer leur culture et à soigner leurs fumures, car nous sommes convaincus qu'ils ont là beaucoup à
faire.
La vinification est généralement mal faite. L'outillage est défectueux : le cuvage se fait dans de vieux
foudres en chêne qu'on met en place debout ; le pressurage s'exécute avec de vieux pressoirs en pierre. Le
foulage se fait à la main dans les foudres défoncés qui restent ouverts pendant toute la durée du cuvage
; c'est à dire vingt ou trente jours.
Quelques propriétaires ont seuls apportés certains perfectionnements à cette vinification tout à fait
rudimentaire.
Ils égrappent avant de fouler pour diminuer l'astreingence qui est toujours trop considérable ; ils
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maintiennent le chapeau submergé pendant la cuvaison et décuvent dès que la fermentation
tumultueuse a cessé. Il est à souhaiter que ces améliorations se répandent dans toute la région et que les
propriétaires qui les ont tentées aillent encore de l'avant.
C’est ainsi que les vins de Madiran arriveront à prendre leur véritable place.
Ces vins se consomment en nature dans la région, mais ils sont assez recherchés par le commerce et
surtout par les négociants de Paris qui les coupent ou les mouillent grâce à leur richesse alcoolique.
Ces vins pèsent 11° à 13 ° degrés en moyenne, mais ils ne possèdent que 3 pour 100 d'extrait sec ; ils
sont très riches en tanin et sont parfois trop astringents, surtout dans leur jeunesse. C'est pourquoi
l'égrappage s'impose d'une façon presque absolue pour cette région. Cette trop grande teneur en tanin
constitue le seul défaut que l'on puisse remarquer dans ces vins ; C'est le plus bel éloge qu'il soit permis
d'en faire, car ce défaut est l'un de ceux que l'on prévient le plus facilement par une bonne vinification.
Le prix moyen des dix dernières années au décuvage s'élève à 33 francs l'hectolitre. Les vins vieux se
vendent 50 à 70 francs, car ils se dépouillent en vieillissant d'une partie de leur teneur en tanin et
acquièrent une certaine finesse. Plusieurs médailles d'or ont été décernées aux concours agricoles de cette
année aux viticulteurs du Madiranais. Ces récompenses officielles ratifient donc la bonne renommée que
ces vins ont acquise dans le commerce.
Les propriétaires considèrent une récolte de 50 hectolitres comme un maximum qu'on ne saurait dépasser
sans nuire à la qualité.
La conservation de ces vins se fait dans de très mauvaises conditions : on ne les colle pas, ce qui serait
très utile vu leur richesse extrême en tanin ; on ne les soutire pas et on ne les ouille pas. Cette négligence
fait perdre bien des vins aux viticulteurs qui ne vendent pas après la décuvaison.
En résumé, le Madiranais produits d'excellents vins qui prendront une place considérable dans notre
commerce le jour où les propriétaires auront réalisé dans la culture et dans la vinification les
améliorations que nous leur avons signalées.
Raymond Brunet.
Les critiques contenues dans ce savant exposé sont aussi justes que les éloges sont
mérités, mais la jeune génération, imbue de nouvelles idées, tend à s'affranchir de la
routine et des méthodes surannées ; l'époque n'est donc pas éloignée où le Madiranais
occupera dans la statistique viticole la place que ses excellents produits lui assignent.
Céréales Quoique la viticulture occupe ici la place d'honneur, les diverses branches de
l'agriculture ne sont pas tout à fait négligées : les céréales y sont cultivées avec succès et
suffisent généralement à l'alimentation des habitants.
Légumes Les légumes nécessaires au ménage sont produits assez abondamment par le
petit carré de jardin que possède presque chaque famille.
Arbres fruitiers Les arbres fruitiers pommier, poirier, pêcher, prunier, cerisier etc.... sont
aussi très nombreux et donnent des fruits abondants et savoureux.
Prairies Les prairies naturelles et artificielles fournissent à peu près assez de fourrage
pour l'alimentation des bestiaux, et les forêts dont quelques unes conservent encore des
12
arbres magnifiques, suffisent largement à la consommation locale et permettent même
l'attribution d'un stock considérable de bois de chauffage à l'industrie de la chaux qui se
pratique ici sur une large échelle.
Elevage Madiran, avons nous dit, récolte à peu près assez de fourrage pour ses bestiaux,
mais s'il y a le nécessaire il n'y a point de superflu, aussi l'élevage du bétail ne se pratique
guère dans notre contrée, à part quelques vaches laitières et quelques troupeaux de
brebis, le bétail possédé par chaque propriétaire ne se compose que des animaux
nécessaires à l'exploitation de la propriété.
Animaux de basse-cour Les animaux de basse-cour : poule, canard, oie, dindon, etc...
sont élevés avec succès et généralement appréciés par les vrais connaisseurs.
Apiculture L'apiculture est tout à fait délaissée et c'est à peine si l'on rencontre chez
certains propriétaires quelques ruches isolées qui fournissent un miel de peu de valeurs.
Méthodes d'exploitation
Quoique les voies de communication soient nombreuses et
assurent un large débouché aux produits du sol, les méthodes d'exploitation laissent
encore beaucoup à désirer : l'outillage aratoire surtout offre une lacune qu'il importe de
combler le plus tôt possible.
Outillage
Si l'on excepte quelques faucheuses à mécanique et quelques machines à
dépiquer, la plupart des outils employés ne sont plus en rapport avec les exigences de
l'agriculture nouvelle.
La routine joue ici un rôle prépondérant, mais nous devons cependant ajouter pour être
juste, que cette facheuse situation se serait bien améliorée si la gêne ne s'était point fait
sentir d'une si dure manière à la suite des diverses maladies cryptogamiques et du
phylloxéra qui ravagèrent les vignes et détruisirent ainsi la récolte du vin qui est l'unique
ressource de notre pays.
Aujourd'hui la situation paraît s'améliorer, les nouvelles plantations nous font espérer
encore l'aisance de l'ancien temps, et avec cette aisance naîtra le progrès qui en est la
conséquence presque obligatoire.
Chasse Le pays est assez giboyeux mais les multiples occupations de nos paysans et le
prix assez élevé des permis de chasse ne permet cet exercice qu'à quelques privilégiés de
la fortune qui, la plupart du temps nous viennent des villes voisines.
Pêche Les cours d'eau faisant défaut et leur débit n'étant que temporaire, la pêche est
impossible. Malgré cela, le poisson d'eau douce n'est pas rare, apporté par les riverains de
l'Adour, il est vendu à un prix très abordable même pour les plus pauvres.
Carrières
Le sol des côteaux de Madiran est argilo-calcaire. Ce dernier élément
augmente au fur et à mesure qu'il s'enfonce dans le sol, et arrivé à une certaine
profondeur, il est transformé en une pierre essentiellement calcaire qui donne une chaux
hydraulique très estimée.
Cette chaux se fabrique à Madiran sur une grande échelle ; six usines fonctionnent presque
continuellement et fournissent une moyenne de (6.000.000) six millions de kilogrammes
de chaux par an.
Le volume de la pierre employée s'élève annuellement à (6.000) six mille mètres cube
13
environ. Cette pierre est extraite de carrières souterraines dont les galeries ont une
profondeur moyenne de deux cents mètres. La voûte a une hauteur de quatre mètres
environ et est formée par une couche de pierre dure et franche de crevasses ayant une
épaisseur de quatre mètres au moins. Les piliers disposés en quinconce ont tous plus de
trente mètres carrés de surface portante et garantissent amplement la solidité de la voûte.
Les ouvriers y travaillent donc avec une sécurité parfaite.
L'écoulement des eaux se fait à l'aide de drains et de tuyaux souterrains ; malgré cela il
existe dans plusieurs carrières de véritables lacs recouvrant en général d'anciens chantiers
abandonnés. Ces eaux, quoique restant constamment au même niveau, se renouvellent
sans cesse et sont d'une limpidité parfaite ; elles n'exhalent donc pas de miasmes
malfaisants et n'offrent aucune espèce de danger pour les carrières.
L'extraction de la pierre se fait à l'aide de la poudre de mine et, autant que possible en
conformité de l'arrêté préfectoral en date du 11 février 1893, portant réglementation de
l'emploi des explosifs dans les carrières.
Le transport des pierres de la carrière aux fours à chaux, qui ne sont éloignés que de
quelques centaines de mètres, se fait à l'aide tomberaux trainés par des bœufs. Ce genre
de traction a le double inconvénient d'être très lent et d'exposer les animaux et leurs
conducteurs à certains dangers. Un chemin de fer système Decauville remplacerait
avantageusement et économiquement, croyons-nous, ce mode transport.
Chaux Les qualités hydrauliques de cette chaux en rendent l'écoulement facile. Cette
qualité d'hydraulicité ne se rencontre pas toujours dans les produits similaires, et
lorsqu'elle s'y rencontre, elle est parfois insuffisante et constitue alors un produit de
deuxième ordre M.M. les Ingénieurs architectes et entrepreneurs n'acceptent que très
difficilement.
Il résulte des expériences faites par le célèbre ingénieur Vicat et par M. Durand-Claye,
ingénieur général et ancien directeur du laboratoire des Ponts et Chaussées, que les chaux
hydrauliques sont celles dont la pâte durcit par elle-même ou sous l'eau.
La durée du temps nécessaire pour le durcissement sous l'eau est variable selon le degré
d'hydraulicité.
La durée de la prise a fait classer les chaux comme ci-après :
Les chaux émminement hydrauliques font prise du 2ème au 4ème jour.
Les chaux hydrauliques proprement dites font prise du 5ème au 9ème jour.
Les chaux moyennement hydrauliques font prises du 10ème au 15ème jour.
Les chaux faiblement hydrauliques font prises du 16ème au 30ème jour.
Ces savants Ingénieurs ont encore déterminé, au moyen de l'analyse chimique, le degré
d'hydraulicité de ces diverses chaux comme il est indiqué dans le tableau ci-dessous.
Désignation des chaux
Chaux grasse ou maigre
« faiblement hydraulique
« moyennement hydraulique
« hydraulique proprement dite
« emminement hydraulique
Indice d’hydraulicité
de 0.00 à 0.10
de 0.10 à 0.16
de 0.16 à 0.31
de 0.31 à 0.42
de 0.42 à 0.50
Or l'analyse de deux échantillons provenant des usines de M. F. Lalanne fils (analyse faite
par le laboratoire de l'école nationale des Ponts et chaussées le 3 février 1896) a donné les
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résultats suivants :
Extrait du Registre des Essais
Désignation des échantillons
Silice
Alumine
Peroxyde de fer
Chaux
Magnésie
Perte au feu
Eléments non dosés et perte
Total
Indice et hydraulicité
Chaux en poudre éteinte
18.30
5.50
2.25
62.50
0.54
10.70
0.21
100.00
0.38
Chaux en pierre non éteinte
18.75
6.00
2.25
66.60
0.82
5.25
0.33
100.00
0.37
La chaux de Madiran doit donc être classée au premier rang des chaux hydrauliques
proprement dites, et constitue un produit de premier ordre.
La chaux blutée présentant des garanties de pureté supérieures à la chaux en pierre et
pouvant être transportée beaucoup plus facilement, est généralement préférée à cette
dernière. Il serait donc désirable que M.M. les Industriels de Madiran suivissent l'exemple
qui leur a été donné par M. le marquis de Francklieu et qu'ils transformassent leurs usines
et le mode de fabrication de manière à conserver à leurs produits l'extension et le rang que
leur assignent leurs qualités véritablement supérieures.
Eaux minérales
Madiran ne possède pas d'eaux minérales mais nous avons ici une
fontaine très abondante à l'eau de laquelle la tradition attribue des vertus très efficaces
dans les cas nombreux où les mères n'ont pas le lait nécessaire à l'entretien de leur
nourrisson. Elles vont pendant plusieurs jours de suite boire l'eau dite de Ste Poupette et le
lait devient (paraît-il) abondant dans leur sein.
Commerce
Produits exportés
En dehors du vin et de la chaux Madiran n'exporte aucun de ses
produits qui suffisent à peine à la consommation locale.
Le commerce n'est donc représenté que par quelques marchands énumérés ci-dessous :
Deux boulangers
Deux débitants de pain porté de l'étranger
Quatre marchands de grains
Trois bouchers, dont un forain
Quatre épiciers en détail
Deux marchands drapiers
Neuf débitants de boisson
Un pharmacien
Un bijoutier
Foires et marchés
Si l'on consulte le Tableau Indicatif des foires et marchés de la
région, on trouve que Madiran y figure comme ayant un marché tous les mercredis et trois
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foires annuelles : le 22 janvier, le 26 avril et le 9 septembre.
Ces marchés et foires remontent à une époque très éloignée qu'il nous est impossible de
préciser.
Ils cessèrent d'exister à la suite des troubles qui survinrent pendant les guerres de religion.
Une délibération trouvée dans les archives de la Mairie et portant la date du 22 mai 1679
fera connaître les efforts tentés par l'Administration communale de cette époque en vue de
leur réorganisation.
_____________________________________________________________
L'an mille sis cens septante neuf et le vingte deusième may au lieu de Madiran et à Lendroit ou l'on a
accoutume de s'assembler pour délibérer des affaires de la communauté ou estant assemblés en corps de
parade Dominique Mieussens, Jacques Prombet, pierre Bruzon, Jean Dufau, consuls modernes du d.
Madiran la présente année Antoine Mieussens sergen de Laparade Gaspard Mieussens sergent de
mondique
"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""
Les tous manans et habitans du d. Madiran faisant la plus grande et seine partie de la Communauté
auxquel a cité représente par le d. Mieussens premier consul que de tout temps la d. Communauté a eu
pouvoir et privilège de tenir marché dans le Bourg du d. Lieu.
Cette délibération porta-t-elle ses fruits ?
Nous croyons que oui vu le prix assez élevé que payaient, longtemps après cette époque,
les marchands forains pour la location de la place qu'ils occupaient, les jours des foires et
marchés.
____________________________________________________________
Les mercredis de chaque semaine lequel pendant quelque temps a esté interrompu à cause du grand
trouble de guerres qu'il y a eu en la province et que depuis peu de temps, la d. Communauté a vouleu et
désire de rétablir le d. marché et arreste verbalement, di assister un de chaque maison chaque jour de
mercredi afin de mieux establir et faciliter le d. marché bien loin di satisfaire la plus grande partie de la
d. Communauté lont méprise et nont daigné y vouloir assister ce qui peut causer beaucoup de préjudice
au général et particulier. C'est pourquoi le d. Mieussens Consul a prié et requis la d. Communauté de
vouloir délibérer suivant le narré si-dessus et de vouloir convenir et satisfaire de même de vouloir
imposer une loy pour ladvenir contre tous les habitans d'une commune voix qu'ils veulent de leur bon
gred volonté acquiesser au contenu de dessus ayant convenu et demeuré d'accord que c'est un grand
avantage pour tous tant en général que particulier et en outre ont demeuré d'accord tous d'une commune
voix qu'il soit imposé une loy de trois sols contre tous les défaillans qui nacisteront au d. marché tous les
mercredis de chaque semaine sauf
_____________________________________________________________
Le centre principal des transactions commerciales était à la Halle.
Cet édifice ayant été détruit pendant les guerres de religion (probablement en 1569 en
même temps que l'église et le prieuré) sa réédification fut redemandée par une délibération
de l'Assemblée communale en date du 18 septembre 1707. Mis en adjudication, ces
travaux furent adjugés ce même jour au sieur Dupont dit St Roch d'Arrosès (BassesPyrénées) moyennant une somme de cinq cents livres.
16
_____________________________________________________________
légitime excuse pour le paiement de Laquelle Loi de trois sols les d. hauts consentent que le d. Mieussens
Consul puisse exécuter sans forme ni figure de procès de tous les défaillans pendant l'année de son
Consulat donnant mesmes pouvoir aux Consuls qui seront après luy en charge laquelle loy de trois sols
sera employée aux affaires les plus pressantes de la Communauté dont les d. Consuls seront obligés de
rendre compte au d. habitans chaque année promettant tout ce dessus entretenir de point en point et
consentant que le d. Mieussans fasse pour plus grande autoritté authoriser en la Cour de Mr le Juge de
rivière Basse le présant acte de délibération bref comme il plaira et trouvera à propos promettant ne le
révoquer en rien ainsi le veulent envers et Contretous ainsi a esté stipulé et ceux qui savent écrire se sont
signés avec moi greffier et secrétaire des d. Consuls (1) - signé _____________________________________________________________
(1) Archives de la Mairie de Madiran
Halle Cette somme devait être payée en deux années à raison de deux cents livres par
an imposées sur tous les contribuables du lieu. Le surplus, soit cent livres, devait être pris
sur ceux qui devaient des reliquats sur leur compte d'administration pendant les années
précédentes.
_____________________________________________________________
Louis par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre
et tous présents et à venir Salut nos bien-aimer, les consuls habitans du lieu de Madiran an riviere
basse, généralité d'Auch nous ont fait remontrer qu'il y avait autrefois au d. lieu de Madiran deux foires
qui se tenaient l'une le lendemain de St Marc vingt-six du mois d'avril et l'autre le lendemain de NostreDame neuvième septembre par chacun an comme aussi un marché le mercredi de chaque semaine et que
pour la commodité des marchands on avait fait construire une halle considérable ; lesquelles foires et
marchéz ne sestant plus teneus depuis plusieurs années à l'occasion des guerres à l'exception de la foire
qui se tient actuellement le lendemain de Nostre-dame de septembre la halle ayant estée négligée estant
sur le point de tomber en ruines lorsque les exposants se sont apperceus du grand préjudice que leur
causerait l'entière destruction de cette halle de mesme que celuy qu'ils souffraient par la cessation de
l'une des d. foires et des d. marchéz ce qui les
(1)
_____________________________________________________________
(1) Archives de la Mairie de Madiran
La reconstruction de la Halle terminée, l’assemblée demanda des lettres patentes
autorisant la réorganisation des foires et marchés
__________________________________________________________
« aurait obligez de se pourvoir à nostre seigneur le Sr Legendre pour loss Intendant en la généralité de
Montauban lequel après avoir examiné les délibérations des exposants et reconnu la nécessité pressente
de rétablir la d. halle de Madiran pour y maintenir le commerce leur aurait entre autres choses promis
d’imposer la d. communauté la somme de deux cents livres pour employer à la réparation de la d. halle
par son ordonnance du huit novembre mil sept cent sept en exécution de laquelle ils ont fait réparer la d.
halle mais comme leurs titres d’establissement des d. foires et marchez ont esté adhires et qu’ils n’ont
pour eux que la notoriété publique ils nous ont très humblement fait supplier de leur accorder nos lettres
17
et confirmation de rétablissement des d. foires et marchez ils espèrent que nous leurs ferons cette grâce
dautant plus volontiers que c’est par le seul secours du commerce qu’ils peuvent estre en estat de nous
payer les sommes qui sont imposées sur eux.
Et ces causes voulant favorablement traiter les exposants de nostre grace spéciale pleine puissance et
authorité royalle nous avons de ladvis de nostre très cher et très aimé oncle le duc d’Orléans petit-fils de
France régent de nostre royaume confirmé et en tant que besoin
___________________________________________________________
Ce vœu transmis à la cour royale par Monseigneur le Gendre, Chevalier Intendant de la
généralité de Montauban, fut favorablement accueillis et les lettres patentes
___________________________________________________________
estably, confirmons et establissons par ces présentes signées de nostre main au d. lieu de Madiran un
marché tous les mercredis de chaque semaine et deux foires qui se tiendront l’une le lendemain de St
Marc et l’austre le lendemain de la nostre dame de septembre par chacun an et à tous jours auxquelles
foires et marchez nous voulons que tous marchands et autres y puissent aller et venir, séjourner vendre
et débiter troquer et eschanger toutes sortes de marchandises, livrer permiser tous les privilèges,
franchises et libertés des autres foires et marchez de la province permettons aux d. exposants de faire
augmenter halles, bancs et étaux nécessaires pour le couvert et sûreté des marchands et de leurs
marchandises et percevoir les droits qui seront perceus deuls suivant les us et coutumes des lieues pourvu
toutefois qu’a quatre lieues à la ronde il n’y ait daustres jouissantes foires et marchez auxquelles ces
présente puissent préjudicier qu’il néchèent au jour de dimanche et messes solennelles auquel cas elles
seront remises au lendemain et sans que l’on puisse prétendre aucune franchise et exemption de nos
droits. Sy donnons en mandement à nos bien aimez les gens de nostre cour du parlement de Toulouze et
autres officiers qu’il appartiendra que ces présentes ils fassent registrer lire et publics partout ou besoin
sera et de leur contenu lire et user partout les d. exposants pleinement et paisiblement cessant et faisant
cesser tous troubles et empêchements contraires.
____________________________________________________________
dûment scellées du grand sceau de l'Etat furent accordées à la communauté de Madiran.
Malgré tous les efforts tentés à cette époque, les marchés n'existent plus aujourd'hui ; une
seule foire, celle du 9 septembre, se tient encore et a même une certaine importance.
_____________________________________________________________
Car tel est nostre plaisir et affin que ce soit chose ferme et establie a toujours nous avons fait mettre
nostre scel à ces présentes.
Donné à Paris le vingt deuxième jour du mois de janvier l'an de grâce mil sept cent dix-neuf et de
nostre règne le quatrième (1)
signé : .Louis.
(1)
Archives de la Mairie de Madiran
Historique
Chapitre I
18
Nous connaissons de Madiran la situation, la superficie et la population totale ; un 2ème
chapitre nous en a dévoilé la géographie politique ; et par un troisième chapitre nous avons
clôturé cet aperçu par la géographie économique.
Dans cette seconde partie nous allons montrer Madiran sous le point de vue historique,
vivons quelques instants de sa vie sous les Romains sous les Sarrasins et, d’une manière
plus actuelle, sous les religieux Bénédictins cédant leur place au XVIè siècle aux P.P
Jésuites du collège royal de Toulouse.
Nous nous réjouissons avec nos pères dans les évènements heureux qui surviendront et
nous souffriront de leurs souffrances dans les jours tristes qu’ils traversent. Nous
assisterons fiers et contents à l’émancipation communale à l’abandon volontaire d’une
partie des droits seigneuriaux que le prieur Claude Chard de St Sulpice leur accord avant
d’abandonner le prieuré aux fils de St Ignace de Loyala :
II - Antiquités Gallo-Romaines
Les Romains venus en Bigorre se sont emparés de ce beau pays qui touche aux Pyrénées ;
les commentaires de César ne laissent aucun doute sur ce point. Sont-ils arrivés jusqu’à
Madiran ? A cette question nous croyons pouvoir répondre par l’affirmation. En feuilletant
les livres terriers de 1658 et de 1757, nous trouvons la preuve du passage des Romains
dans notre Madiranais.
Bertrand de Lana dit Couet possède Bousigue et lande au Parsan appelé à la bousigue de
Castéra…Plus la moitié d’une bousigue au Castéra…
Plus lande et bousigue au dit Castéra (1)
III – Antiquités Gauloises
Comme antiquités gauloises, nous pourrions citer divers tertres ou tucos qui se réclament
d’une grande ancienneté.
Le champ ardon appelé aussi camp ardoun par sa dénomination aussi bien que par sa
configuration ne nous laisse aucun doute sur sa destination primitive.
Ce tertre n’était autre chose qu’un camp celte ou romain.
Les tucos et tucoulets (2) dont on rencontre les noms dans les actes publics doivent avoir
une semblable origine.
Tous ces monuments dont un certain
_____________________
(1) Livre terrier de 1658 P. 530. Archives de la mairie de Madiran
(2) Livre terrier 1656 p. 139.229. Lagrange, étude Dufour Clarac Castelnau RB
(3) Reg 1693 - 1699
Nombre existaient vraisemblablement avant l’arrivée des Romains sont encore debout
malgré le travail d’effritement du temps et du laboureur. Ces ouvrages se réclament d’une
antiquité difficile à déterminer.
Voie romaine
Les quartiers de la Viasse (1) et de la vie vieille (2) semblent par leur tournure latine, nous
rappeler la grande voie, voie stratégique reliant les castella établis par nos vainqueurs pour
contenir les vaincus dans ce qu’ils appelaient par euphémisme le maintien de l’ordre.
De Leschar (Bencharmum) elle traversait les villages suivants : Buros, Morlaas, St Laurent,
Abères, Anoye, Momy, Lucarré, Lucamau, Montégu, Lahitte-Toupière, Lascazères, Héchac,
Madiran, Castelnau, Maumusson… et aboutissait à Aire (3).
19
Cette route qui portait alors le nom de chemin romain prit celui de Viasse au XVIIè siècle et
s’appelle Poudge de nos jours. On reconnaît facilement ces voies à leurs grandes
dimensions. Celles traversant les sommets des hauts plateaux de Lascazères, Hichac,
Madiran doivent appartenir d’une manière indubitable à cette ramification de voies
romaines qui avaient partout de vastes proportions.
__________________________
(1) Livre terrier 1656 p. 108, 200, 394, 440 et 444
(2) Livre terrier 1656 p. 177, 203, 225, 235 et 255
(3) Déjeanne – De quelques voies anciennes de l’Aquitaine.
Maures
Nul doute que les Maures ne soient venus dans nos contrées.
Au VIIIème siècle les Sarrasins étaient maîtres de l’Espagne. Ces conquérants à la
physionomie africaine, au caractère vif et remuant, à l’âme voluptueuse et passionnée, à
l’imagination brillante, aux mœurs orientales, inondaient la Patrie de Pélage.
Ils accouraient du sein de leur région de feu et tombaient par tourbillons, comme les sables
du désert, sur cette belle terre embaumée de fleurs et d’orangers. Ils la parèrent de leur
génie, la couronnèrent d’alhambras, la chargèrent de rubis, d’arabesques, de monuments
féériques, mais ils s’aperçurent bientôt que l’Espagne était pour eux un lit trop étroit.
Ils voulurent aller plus loin ; le torrent déborda. Ils abaissèrent sous leurs pas, la cime des
Pyrénées et portèrent l’épouvante dans l’Aquitaine et la Bigorre (1). Ils allèrent jusqu’au
coeur des Gaules, se faire tailler en pièces par Charles Martel.
L’armée fugitive d’Abd-el-Rahman regagnait l’Espagne à travers les Pyrénées. La
population pyrénéenne qui avait eu tant à souffrir lors du premier passage des musulmans
s’arma en hommes de bonne volonté et fit de grands massacres soit dans la lande de
mourine, au pré St Jean à Paillole, soit dans la vallée d’Aure, où l’on trouve tant de saints
morts en portant les armes contre les partisans du cimeterre dont la devise était : « Crois
ou meurs. » (1)
Tous les Sarrasins ne furent pas égorgés, un certain nombre d’entre eux qui échappèrent
au massacre regagnèrent l’Espagne ; d’autres s’enfuirent ou cherchèrent un refuge dans
les bois et menèrent une triste existence.
Nous avons à Madiran le quartier des Mauras (2) et de Mouret, comme nous avons à Hères
le bois de la Mourelle, le chemin de Mouret, le gué de Mouret etc… dénominations qui,
croyons-nous tirent leur origine du passage des Maures.
________________________
(1) Fourcade – Album des Pyrénées, p. 245
Sarrasins et Cagots
Des auteurs sérieux tels que : « Marca, (Histoire du Béarn) et Bellefont (Cosmographie
universelle) et autres, prétendent que les Cagots ne sont que les quelques Maures
échappés à la défaite de la lande Mourine ; d’autres auteurs veulent qu’ils soient les
_______________________
(1) Lagrèze (B.d.) Histoire de la Bigorre.
(2) Livre terrier 1656 page 450 – 1757 page 212.
descendants des Goths qui ont laissé en France une si lugubre mémoire. Leur nom luimême ne renferme-t-il pas dit (Cénac Moncaut) (1) cette hypothèse : le mot Béarnais Cagot
(bas Goth) chiens de Goths répond au terme injurieux donné à toutes les races méprisées :
Chiens de Juifs, chez les Européens ; chiens de Chrétiens parmi les Musulmans.
20
En Béarn comme en Bigorre Ca veut dire chien.
Les Cagots, dit le même auteur, vécurent à toutes les époques dans un état d’humiliation
dont les preuves sont partout reproduites. Le mépris populaire les accusait d’avoir l’oreille
courte et les pieds d’une oie.
Les Parlements de Bordeaux et de Navarre les condamnèrent à porter sur leurs habits un
morceau d’étoffe en forme de pied de canard pour marque distinctive.
Les fors du Béarn exigeaient le témoignage de sept d’entre eux pour contrebalancer celui
d’un chrétien.
Ils devaient porter un vêtement distinctif, n’avoir ni bottes, ni armes, ni manteau, éviter les
autres citoyens et les avertir de leur approche (2). Les quartiers qui leur servaient de refuge
recevaient une
________________________
(1) Cénac Moncaut (Histoire des peuples et des Etats Pyrénéens) T1 p. 335
(2) Fors et coutumes du Béarn p. 168.
dénomination méprisante. Ils avaient une place à l’église avec leur porte et leur bénitier.
Ce qui se pratiquait en Béarn se reproduisait à Madiran : nous avons à l’église la porte
murée des Cagots avec son bénitier extérieur (1). Nous avons aussi la Christianie ou
quartier où résidaient les Cagots (2). La coste déous Cagots (3) la vie déou chrestia, le camp
déou chrestia, la palanque déou chrestia (4).
Plusieurs siècles après, l’excès de la misère les porte à recevoir le baptême, afin de trouver
quelque pitié auprès des catholiques, ce qui les fit appeler les Chrestiaas ; mais le stigmate
originel ne s’effaça jamais complètement. C’est (le malheur aux vaincus) dans toute la
force de son exécration.
Que nous sommes loin de l’esprit de tolérance et de liberté dont nous jouissons
aujourd’hui. Heureusement les peuples civilisés travaillent à faire disparaître ces préjugés
indignes d’être véritablement humains.
VII – Féodalité
Qu’a été la féodalité à Madiran ? Ce qu’elle a été partout ailleurs : dure sous les seigneurs
laïques, un peu adoucie, peut-être sous les moines qui leur ont succédé.
_________________________
(1) Voir ci-après (Description de l’église – G. Larrieu)
(2) Livre terrier 1656 p. 545
(3) Livre terrier 1656 p. 395 à 546
(4) Livre terrier 1656 p. 305, 342, 392 et 545
Les excès de tout genre commis dans ces temps de ténèbres nous sont suffisamment
connus, nous n’avons pas à en faire l’historique d’autant plus que pour ce qui regarde
Madiran, les documents nous font presque complètement défaut. Nous savons que le prieur
était seigneur de Madiran et Hères, le Syndic du grand collège des Pères Jésuites de
Toulouse était plus tard prieur et seigneur de Madiran et Hères. Nous savons aussi que le
seigneur de Madiran et Hères avait pris en engagement le domaine royal sur Madiran et
Hères et qu’il avait droit de justice haute, basse et moyenne ; qu’il usait de ses droits dans
la circonstance.
Les exécutions capitales se faisaient par pendaison aux fourches patibulaires, nous avons
conservé le quartier du Hourquet (1). Nous avons conservé encore de nos jours le souvenir
de la côte de Matet (2). Si le mot Hourquet est d’origine romaine le mot Matet est sûrement
d’origine espagnole qui nous remet en mémoire les tortures de la question.
21
Divers quartiers portent le nom de Tray Guilhem, de Fray Jean en souvenir
_______________________
(1) Livre terrier 1656 P. 360-364
(3) Livre terrier 1657 P. 184-187-216-245
des bénédictins qui ont précédé les Pères de la compagnie de Jésus (1).
Nos seigneurs avaient le droit de lods, ventes et prélations, moulin, banal…
La communauté de Madiran possédait le droit de souchet et taverne qu’elle donnait chaque
année en afferme et arrentement. Le droit de souchet et de taverne donnait un revenu de
41 livres.
Le 15 février 1736 il était spécifié dans l’acte que personne dans tout le tailhable du d.
Madiran ne pourra vendre au détail à pot et painte du vin sans payer au preneur 40 sols
par barrique de vin qui sera vendu à pot et painte et qui aura été acheté hors du tailhable
du d. et vingt sols par chaque barrique qui sera vendue et livrée au d. Madiran (2).
VIII – Protestantisme
Les Protestants sont venus à Madiran. Malheureusement leur passage n’a été qu’une suite
de pillages de rapines et de cruautés.
L’histoire, la tradition et les désastres encore apparents nous racontent
_________________________
(1) Livre terrier 1658 p. 30-40-62-97
(2) Bacarrère Reg. 1735-1742 fol 792 (Archives Mieussens Lascazères)
(3) Bacarrère Reg. 1735-1742 Fol 857
encore les hauts faits de ces partisans de la religion réformée.
Nous lisons dans l’enquête sur les ravages faits par les Huguenots dans le comté de Bigorre
les 5-6-9 et 10 septembre 1575…Le comte Montgomery a pris les monastères de St Lézer, maison du
prieur de Madiran, l’abbaye de Tasque où ils brularent et pillarent les d. églises abbatiales, prieurales et
maisons des religieux lesquelles ne se sauraient remettre à leur premier estat pour deux cens mille
livres(1). Le Syndic ajoute qu’il est fort véritable que les dîmes appartenant tant au d. M. l’Evêque que
chapitre de Tarbes, abbé de St Pé de Généres et la Reule prieurs de St Lézer et Madiran, archiprêtres et
curés depuis le passage de Montgomery en l’année 1569, comme estant en pays de Béarn, sont empêchés
et destitués de revenus ; le d. chapitre y perd 500 escus et plus ; le d. Seur y perd ses droits de collation,
vacans autres fiefs et pension ; les d. abbés, prieurés et monastères, la plus grande partie de leurs
revenus, les archiprêtres et curés le sont, dont sont contraints de mendier n’aiant autres moiens de vivre
et n’osant demeurer au d. pays de Béarn et y faire de la religion catholique apostolique et romaine.
«
________________________
Carsalade (Les Huguenots en Bigorre P. 163 et 166)
De ce document se dégagent deux faits ; en premier lieu, dès l’année 1569, les protestants
maîtres du Béarn et de Madiran avec le Rivière Basse, se conduisent dans ce pays comme
on se conduit dans un pays conquis, à la pointe de l’épée ; ils s’emparent de tous les
revenus civils et écclésiastiques, dépouillent ainsi les abbayes, les monastères, les prieurés
et les curés de toute classe condamnant les titulaires à « mendier ».
Nous voyons en second lieu le prieuré et l’église de Madiran livrés aux flammes après avoir
été pillés. Les dégâts furent si considérables qu’on ne saurait réparer les églises et maisons
22
des religieux de St Lézer, Madiran et Tasque pour « Deux cens mille livres, somme très
forte pour la seconde moitié du XVIème siècle.
Un autre indice semble nous prouver le passage des Huguenots dans le Madiranais. En
consultant le vieux livre terrier, fidèle interprète de la tradition, nous trouvons consigné
dans deux passages « L’arriou de Navarre » ou Ruisseau de Navarre.
Selon toute probabilité, les protestants béarnais du navarrais devaient camper aux
environs et abreuver leurs chevaux à ce cours d’eau.
___________________________
(1) Livre Terrier 1656 P 360 – 364
IX – Fronde
De nouveaux malheurs vinrent fondre sur notre malheureuse contrée. La fronde avec ses
désordres, ses déploiements d’armes, ses soldats qui arrachent à nos laboureurs le peu
d’argent ramassé depuis les désastres des protestants et les denrées : froment, avoine et
paille mettaient le comble à tous nos malheurs.
Nos paysans étaient imposés de par le roi et de par la fronde.
Il fallait de l’argent set il fallait le logement et les vivres pour les soldats et pour les
chevaux.
X – Révolution
La paisible population du Madiran vit venir la Révolution, avec enthousiasme quoique
vivant tranquillement de sa vie propre avec ses consuls et son maire perpétuel, qui n’avait
du maire de nos jours que le nom, elle sentait le besoin de changement de gouvernement.
Comme partout ailleurs la Révolution eut des adeptes ardents ; ces hommes prirent de
bonne heure la direction des affaires, ils formèrent à l’instar des villes leur Comité du Salut
Public.
Nous regrettons vivement la perte du premier cahier des délibérations de la commune de
Madiran de 1789. à 1792 ; nous aurions vu les deux éléments en lutte et nous aurions
assisté au triomphe de la Révolution.
Chapitre II
Prieuré de Madiran
Nous aurions eu beaucoup de plaisir à donner en son entier la relation de la fondation du
prieuré de Madiran, par Larcher, mais nous devons nous borner. Pour cela nous prendrons
le résumé qui précède le cartulaire de Madiran dans le fonds Doat à la bibliothèque
nationale de Paris (1).
Environ 1088 – Relation de la fondation du prieuré de Madiran du diocèse de Tarbes avec
les actes des donations faites audit prieuré contenues dans un ancien registre en
parchemin trouvé aux archives des Pères Jésuites de Toulouse qui jouissent du dit prieuré
lesquelles donations sont sans date à la réserve de deux, sauf que les comtes, archevêques, évêques et
autres personnages de qualité qui vivaient au temps où lesdites donations furent faites y sont nommés ;
de laquelle relation et donation la substance est marquée en signes particuliers.
________________________
(1) Fonds Doat p 152 p 146
Relation de la fondation du prieuré de Madiran contenant que Sautius chevalier, qui était de la race des
seigneurs de Madiran et fils de Garsan, fils de Loup surnommé Picoth, venant d’Espagne qui fut le
premier chevalier qui se réfugié à Madiran avec la permission de Raymond, comte de Bigorre, qui alla
23
souvent repousser les ennemis avec Garsie Arnaud, comte de Bigorre ; qu’ayant été fait consul de toute
la Gascogne, sa réputation s’étendit si loin qu’il reçut beaucoup de visites, entr’autres d’Etienne, abbé
de Marcillac, qui le mena dans son abbaye, où il lui donna l’habit de religieux ; d’où étant retourné à
Madiran, il fit agrandir le monastère et bâtir une église et alla après trouver Ricard évêque et ledit
Garsie Arnaud, comte pour les prier de faire en sorte que les seigneurs de Madiran affranchissent ledit
monastère ; lesquels s’étant assemblés avec les chevaliers et prud’hommes voisins, convinrent que pour
cet effet ledit comte quitterait à Raymond Arnaud et à Santius Arnaud qui étaient les principaux
seigneurs dudit lieu une albergue de 50 cavaliers qu’ils lui payaient tous les ans. Que quelques années
après ledit Santius se voyant proche de mourir envoya chercher un nommé Bonus Par, son cousin, pour
lui déclarer qu’il avait donné ledit monastère et tous ses biens audit abbé de Marcillac et pour lui dire de
quitter sa femme et de se faire raser et couper les cheveux et qu’après qu’il aurait pris l’habit dans
l’abbaye de Marcillac de reprendre ledit monastère ; qu’après la mort dudit Santius ledit Bonus Par se
voulant mettre en possession du monastère, alla trouver avec les deux frères lévites, ses cousins, Bernard
comte et Eraclius, évêque et les pria de se rendre à Madiran avec Aimeric, comte d’Auch, Bernard, comte
d’Armagnac, Gaston comte de Foix, et les chevaliers voisins, pour mettre en liberté et sûreté le lieu de
Madiran ; ce que lesdits évêques, comtes et chevaliers ayant fait, jurèrent de ne faire aucun tort ni
dommage audit lieu ; que ledit Bonus Par parvenant à mourir, laissa ledit monastère sous la conduite et
régime de Guillaume Par, son fils ; lequel ayant acquis d’un nommé Guillaume Donatus les dîmes des
églises de St Léon, de St Marie de la Grasse et de St Michel de Sault, tua en duel Raymond Lupus de
Lidos pour raison du bois de Médiana, où il se fit bâtir des hameaux et vécut, misérablement pendant
quelque temps, mais que Pons évêque set Centullus comte, ayant appris sa mauvaise vie l’auraient
chassé et mis à sa place un nommé Bernard qui acheta l’église de St Michel de Hagedet d’Etienne qui en
était abbé ; que dans peu de temps, Gombert qui fut le quatrième abbé de Marcillac après ledit Etienne,
son prédécesseur se souvenant que ledit Santius avait donné ledit monastère de Madiran audit Etienne
alla trouver avec Vinald abbé de Moissac, Guillaume archevêque d’Auch, et lui fit voir en plein concile,
l’usurpation qu’on lui avait faite du lieu de Madiran où Bernard était présent, sur quoi le dit
archevêque consulta Pons évêque de Bigorre, et que ledit Gombert étant après en possession dudit
monastère nomma B… pour en être abbé.
Du temps du pape Urbain 11, de Bernard Centulle, comte, et d’Odon, évêque de Bigorre.
Liste des abbés et prieurs et donations qui leur furent faites
Nous allons donner la liste des abbés et prieurs avec les donations qui leur furent faites :
I – Sans fondateur Sons Gardie Arnaud, comte de Bigorre (Léjosne lui donne la date de
1020-B. de Lagrèze celle de 1030, et Larcher 1088)
II – Bon par (omis par B. de Lagrèze est posté en 1055 par Lejosne)
III – Guillaume Par (1080 d’après Lejosne)
_________________________
(1) Urbain H (1088-1099) Bernari 1096-1097 Odon 1055-1095)
Ce dernier ajoute en note :
24
« Une révolte éclata dans le prieuré ; les moines voulant s’affranchir de l’abbaye de Marcillac, mais
l’abbé Guillaume brise la résistance ».
IV – Bernard élu par les religieux sous la présidence de l’évêque de Bigorre Pons (Omis
par Lejosne)
V – Boson placé en 1079 par Gombert abbé de Marcillac, (Léjosne n’en fait pas mention)
sous ce prieur donation fut faite par Bernard Darcaian, chevalier à Dieu et à St Marie de
Madiran de soi-même pour religieux et de la censiste, services et autres droits qu’il avait
Eres et à Sault et sur le bois de Cubère, du consentement et en la présence de Bernard
Lobat évêque de Bigorre, de Centullus vicomte de Bigorre de Boson prieur de Madiran et
autres y exprimés ».
donation faite par la dame Nagiscarde à St Marie de Madiran de cinq casals y mentionnés,
situés à Priesles, en présence de Bernard Gartias de Cadets, de Garsias Lupus de Bidoze et de Raymond
de Gerdirest. Du temps de Raymond Donat évêque de Lescar et de Boson prieur de Madiran ».
Autre «
VI – Bernard Dupui ou de Podio (1132 omis par Lejosne) donation faite par les père et
mère d’Arnaud d’Audos à Dioeu et à St Marie de Madiran et à Bernard del Poi prieur de la
maison, del Palassis avec ses dépendances. De la purification de N.D. 1132.
« vente faite par Guillaume,
abbé de St Laurens, à Grimaldus, prieur de Madiran de l’église de St Laurens avec ses dépendances pour
la somme de 1500 sols merlans et ledit prieur et ses religieux le reçoivent pour frère dans ledit prieuré et
entretiennent sa femme et des enfants durant leur vie ».
VII – Grimald de Barran (Lejosne lui assigne la date de 1090)
« Donation faite par Arnaud Raymond Bemi, chevalier, à Grimald de Barrau, prieur et aux religieux de
Madiran, de l’église d’Espas avec toutes ses dépendances à condition qu’il serait enterré dans le lieu le
plus honorable de son cloître ».
« Donation de Arnaud Odon, vicomte de Montaner à Dieu et au prieur de St Marie de Madiran de sept
maisons savoir :trois à Estirag, deux à Banaires et deux à Sorbeit en actions de grâces de ce que Dieu
l’avait délivré de la tentation qu’il avait eu après avoir demeuré neuf jours dans l’église dudit prieuré …
faite en présence de Bernard Lobat évêque de Tarbes, d’Odon, comte de Ribère d’Arnaud de Baubad et
autres. Du temps de Grimald de Barrau prieur de Madiran et de Bernard Centullus, comte de Bigorre ».
« Donation faite par Bernard de Foncent noble et puissant et Naguiscarde, sa femme, à St Marie de
Madiran, de quatre maisons à Pressag en action de grâce de ce que Dieu, par l’intercession de Notre
Dame lui avait donné un fils appelé Falania. Du temps de Guinald, prieur de Madiran et de Bernard
Centullus comte de Bigorre.
VIII – Alamand Del Mored
(1163 d’après Larcher Léposne le place en 1170)
Acte duquel appert que Guillaume Majenc,
abbé de St Martin de Bidos, ayant engagé) un religieux de Madiran l’église de St Martin de Bidos pour
100 sols. Morlans, ayant été excommunié pour en avoir joui étant laïque la vendit à Mamanus del
25
Mored prieur dudit Madiran pour 200 sols morlans. Du temps de Bernard Labat, évêque de Tarbes,
d’Alamand del Mored prieur de Madiran et de Centullus comte de Bigorre »
« Donation faite par Raimond de Bialis à St Marie de Madiran de Vitalis son fils pour religieux et d’un
casal dit la Pinsobiran, qu’il avait acheté à Ramond de Bidos son frère. Du temps de Bernard Labat
évêque de Tarbes, d’Alamand del Mored prieur de Madiran et de Centullus comte de Bigorre »
« Donation faite par Garsias Arnaud de Lasserre, chevalier à St Marie de Madiran, de soi et du casal de
Balin avec ses appartenances. Du temps d’Alamand del Mored et de Bernard Labat évêque de Tarbes.
IX – Hector de Montmirail (1170)
X – Arnaud de Rosério ou de Roser
(1125 ou 1195 d’après Le Lespone) « Acte
duquel appert que Maradnaga de Roser, chevalier
donna à St Marie de Madiran et à Arnaud de Roser, prieur, son fils Odo et deux parties de l’église de
Crabasse que, sans pénius de Gerderest, évêque de Lescar, tenait un engagement pour 80 sols merlans »
« Donation faite par Bernard de Pardela, seigneur de Pardela, voulant passer la mer à St Marie de
Madiran, de 5 sols que Bernard Guillaume abbé de Sentoche, lui donnait tous les ans, lequel ayant été
excommunié par un évêque pour avoir joui de ladite église estant laïque, la donna aux religieux du dit
prieuré de Madiran du temps de Gérant de la Barthe, archevêque d’Auch, Arnaud Guillaume d’Oson,
évêque de Bigorre, sans aner de Gerderest, évêque de Béarn, Arnaud de Roser, prieur de Madiran et
Gaston comte de Bigorre et vicomte du Béarn ».
Acte duquel il appert que Ricard d’Aurios ayant enlevé de la maison de Madiran 40 pains et des
chandelles en haine de ce que Bernard son père, avait donné à ladite maison l’église Sanchi Génumeri de
Tarigos avec Loules les dîmes et prémies il envoya une lettre estant malase à Arnaud de Roser qui était
prieur pour lui aller enjoindre la pénitence ce que ledit prieur ayant fait, il lui restitua lesdits pains et
lesdites chandelles. Du temps de Sans Aner de Garderest, évêque de Lescar, d’Arnaud Guillaume
d’Oson, évêque de Tarbes, et de A. de Sanlane seigneur de Sanlane ».
«
« Donation faite par Arnaud de la Cost chevalier et par Naspisée sa femme à St Marie de Madiran de
Montosinus, leur fils, pour religieux et du casal del Calemas del Pi. Du temps d’Arnaud Guillaume
d’Oson, évêque de Tarbes, d’Arnaud del Roser prieur de Madiran et de Centullus comte de Bigorre ».
XI – Gérand de Calzade ou Caussade
(1177) « Donation faite par Gabionalde Ladour
aux religieux du prieuré de Madiran, de son corps et
de l’église de Senjuri s’en réservant la sixième partie ; laquelle Odo Senjuri, seigneur de Senjuri et
Gauthier, son fils, lui avaient baillé sous la redevance de 10 sols et lesdits religieux donnent audit
Gassinal ?? une mule de la valeur de 100 sols »
« Donation faite par Garsias Raimond de Gosbes, chevalier aux religieux de St Marie de Madiran de la
moitié de la sixième partie de l’église de Senjuri avec le canal de la Roque et ses dépendances du
consentement d’Odo de Senjuri et Géraud de Calzade prieur donna audit Garsias 400 sols morlans pour
26
payer ses dettes. Du temps de Géraud de la Barthe, archevêque d’Auch, qui mourut outre-mer Bertrand,
évêque de Lamare, Odon seigneur de Permarco et Géraud prieur de Madiran »
« Acte duquel appert que Arnaud de Roser, prieur de Madiran et l’abbé et les religieux de Bolas ayant
convenu par l’entremise de Géraud de la Barthe archevêque d’Auch, que ledit prieur leur quitterait la
dîme de Bolas moyennant 15 sols morlans il fut convenu de rechef que lesdits abbé et religieux de Bolas
outre lesdits 15 sols en payeraient 400 à la maison de Madiran et qu’il y aurait paternité entre eux. Du
temps de B. de Montaut, évêque de Lectoure, d’Oson de Lomaïc et de Géraud de Calzade, prieur de
Madiran ».
« Accord entre Géraud de Calzade prieur et les religieux d’une part et Bernard de Sarter Comanaie de
Bordères et Amanieu de Labartère, d’autre part, touchant le décimaire de Fagedet, par lequel lesdits
prieur et religieux retiennent l’endomenjadure et les terres cultes et incultes et le reste des autres droits
est partagé entre parties. Du temps d’Arnaud Guillaume d’Oson, évêque de Bigorre, de Géraud de
Calzade prieur de Madiran et de Gaston comte de Bigorre et vicomte de Béarn ».
« Donation d’Odon de Sadirac, noble et puissant aux religieux de St Marie de Madiran, d’une vigne
appelée de Sadiraq à la sortie du lieu de Madiran faite en présence de son Altesse de Gerderesn évêque de
Lescar et de Sanz de Gerderest d’Arnaud de Saulane, d’Arnaud de Clarac et autres ; du temps de
Géraud de Calzade prieur de Madiran ».
« Donation faite par Bernard de Montus, chevalier, aux religieux de St Marie de Madiran, de soi et du
casal del Biau, avec ses dépendances, du consentement de Hasmors, sa fille, de Bernard, son fils de
Pierre de Baulad. Du temps de Géraud de Calzade, prieur de Madiran de Centullus, comte de Bigorre »
« Donation faite en l’année 1183 par Arnaud Raimond de Sarrant et Gualarde sa femme, aux religieux
de St Marie de Madiran du casal d’Artigas avec ses dépendances (Année 1183)
XII – Oson de Roserio ou de Roser
(1216 à 1223) Donation faite par Arnaud
de Calzade et par sa femme à St Marie de Madiran de la
personne de Géraud, son fils, pour religieux avec la 3ème partie de l’église de Lobiac, 15 journaux de terre
à Sorbeix et toute la dîme de Calzade.
Avec un acte par lequel Guillaume Bernard de Calzade, prêtre, se donne au prieuré de Madiran, avec la
3ème partie de ladite église de Lobiac, du consentement de Bernard, son gendre, et en présence d’Odon,
comte de Ribère, d’Arnaud Guillaume de Biran, évêque de Tarbes et d’Odon de Roser, prieur de
Madiran, et d’autres, y nommés ».
Donation de Gaston, comte de Bigorre et vicomte de Béarn, à la maison de Madiran, de soi-même pour
frère et de trois maisons, les deux à Corbères, et l’autre à Roser, faite sen présence de Raimond de Bénac,
évêque de Lescar, de Bernard de Morlane, évêque d’Oloron et de Guillaume Raimond d’Abos, chevalier,
du temps d’Arnaud Guillaume de Biran, évêque de Tarbes et d’Odon de Roser, prieur de Madiran ».
27
Donation faite par Arnaud d’Aidies, chevalier, à Dieu et à St Marie de Madiran de soi et d’un casal à
Aydies avec le consentement d’Arnaud Garsie, son frère. Du temps de Raimond de Bénac, évêque de
Lescar et d’Odon prieur de Madiran ».
Donation faite par Hamoss, femme d’Aidies au prieuré de Madiran et à Odon Roser prieur du casal del
Poiau avec ses appartenances. Du temps de Raimond de Bénac, évêque de Lescar et d’Arnaud
Guillaume de Biran, évêque de Bigorre ».
Telles sont les principales donations que reçut le prieuré dans le premier siècle de sa
fondation. Ces donations consistaient en hommes, en droits seigneuriaux, en redevances
annuelles et en maisons et terres.
Nous aurions pu en continuer l’énomée, mais elles sont sans date, et d’une moindre
importance, nous nous contenterons de la longue énumération que nous venons de faire en
parlant des prieurs que nous venons de citer. (On ignore le nom de plusieurs prieurs qui
ont succédé à Odon de Roser)
XIII – Guiraud de la Tors
13 janvier 1346 fut présent au jugement de la Cour Majeure de Rivière Basse pour
Dominique Dangays abbé de la Case Dieu contre Vital de Nabonas voir Larché XX 390)
XIV – Pierre de Lanis
Assista le 28 septembre 1392 à l’hommage rendu par Bernard de Rivière seigneur de
Labatut.
XV – Pierre ou Pey de Senlanne
Exécuteur testamentaire du noble Pierre de Canet, seigneur de Canet en Rivière Basse
nommé par son testament du 20 septembre 1422 VII 210
XVI – Guillaumelbrard
Abbé de Marcillac était prieur de Madiran en 1482 et 1491.
XVII – Jean de Planis ou Duplas
Fils d’Antoine seigneur de Plas, diocèse de Cahors et de Marie de Miremont, fut docteur
en l’un et l’autre droit, conseiller au grand conseil (un magno consistorio). Il fut
antécesseur dans l’Université de Poitiers. Il fut fait évêque de Périgueux et permuta contre
l’évêché de Bazas avec Foureaud de Bonneval en 1535 ; le roi l’envoya en Guyenne en
1537 ad quartem partem, salis colligendam.
_________________________
(1) Larscher – Dictionnaire historique, article Madiran.
(1)
Il fut ensuite ambassadeur en Angleterre et céda l’évêché de Bazas à son père en 1544. Il
fut prieur de Madiran en 1518 et en fit démission en 1523 en faveur de son frère
Dominique Frotard qu’il avait chargé de sa procuration au spirituel et au temporel, fit titre
de la cure d’Hères en 1521.
XVIII – Dominique Frotard
28
Quelques auteurs le donnent comme prieur en 1521 D. de Lagrèze et L. Lejosne sont de
cet avis ; Larcher dit qu’il n’était qu’un administrateur du prieuré pour Jean de Planis et
nous avons vu ce dernier résigner en faveur de son frère.
XIX – Anne de Planis
Succéda à Jean de Planis son frère dans le prieuré et fit titre de la cure d’Hères le 22 avril
1523. Il fut évêque de Bazas et abbé de la Couronne. Il mourut en 1544 au château de
Curamont, diocèse de Tulle.
XX – Jacques de Seconda
Eut le prieuré de Madiran en commande le 8 juillet 1529. Il nomma le 24 janvier 1544, à la
cure de Notre Dame de Cassa freta, loci de Villanova diocèse de Tarbes vacante par la mort
de Jean de Castelbajac. Son procureur remit un titre du 3ème avant les idis d’avril 1278. Le
vicaire général de Tarbes en demanda un plus ample et quasi possession des présentes. Le
prieur de secondal présenta le 17 mai 1546 à la cure d’Hères et le 21 octobre 1564 de celle
de Hichac.
Il était en 1550 au 26 septembre, vicaire général du cardinal de Meudon, archevêque de
Toulouse.
XXI – Louis de Pins de Montbrun
Chanoine de Cahors, mort en 1616, il était prieur depuis le 18 août 1581 par bulles de
Grégoire XIII.
XXII – Claude Antoine Ebrard de St Sulpice
Chanoine et grand archidiacre de Cahors abbé de la Garde Dieu, prieur de St Hilarien de
Duranillo, bullé par Paul V le 4 avant les Ides d’Août 1616 pour le prieuré de Madiran. Il le
donna aux Jésuites ; Sylvestre abbé de Marcillac y consentit le 12 novembre 1625.
Le célèbre paléographe, Larcher, ajoute dans son Pouillé du diocèse de Tarbes : « Le prieuré
de Madiran est uni au collège des Jésuites de Toulouse depuis 1625 parle pape Urbain VIII. Il y a deux
ecclésiastiques nommés par le recteur pour représenter les moines(1).
Pères Jésuites
Comment le prieuré de Madiran est-il passé de Bénédictins aux Jésuites ? L’ordre de St
Benoît avait jeté dans le monde catholique, le plus grand éclat ; les vertus les plus austères
avaient été pratiquées avec un zèle admirable et des saints nombreux avaient quitté le
cloître pour aller peupler le Paradis. Des évêques, des plus illustres avaient été donnés à
l’église ; des papes, des plus célèbres avaient échangé leur cellule monastique
pour les palais romains et leur crosse abbatiale pour la tiare pontificale. Mais la décadence
n’épargne pas plus les ordres religieux que les choses humaines, et les Bénédictins au
__________________________
(1) Souvenir de la Bigorre T. 111 p. 371.374
XVIIème siècle ne se recrutent plus suffisamment pour peupler les nombreuses maisons
qu’ils ont fondées dans les temps de grande ferveur.
C’est l’opinion de L. Lejosne. « La décadence, dit-il, inhérente à toutes ces pieuses créations dont le
nombre s’était trop multiplié, n’épargna pas notre prieuré. En 1621 on essaya de le soustraire à une
ruine complète en l’unissant au collège de Jésuites de Toulouse » (1)
29
Notre auteur n’est pas si heureux dans la dernière phrase de son trop court article. Il
ajoute : « Les Révérends Pères (Les Jésuites) y ouvrirent depuis, et pendant un siècle et demi, une école
vers laquelle accourut la noblesse du pays ». Nous avons feuilleté de nombreux registres des
notaires de Lascazères et de Castelnau, R.B. et nous n’avons jamais trouvé la moindre
allusion à un collège de la noblesse du pays.
Ce que nous savons bien, c’est qu’un syndic nommé par les Pères de Toulouse, gérait les
affaires matérielles du prieuré, il portait le qualificatif de : « Prieur seigneur de Madiran et
Hères »
Nous connaissons le nom de quelques-uns de ces prieurs.
______________________
(1) Revue d’Aquitaine XXII p. 78.80
Nous les trouvons mentionnés dans les actes notariés. Nous ne connaissons ni la date de
leur nomination ni la date de leur mort ou disparition comme syndics des Pères.
Prieurs
Paul Vignolles 1643
Jean Chaumart 1662 – 1666
Claude Former 1670 – 1679
Dublok 1696
Marc Antoine de Laur 1700
Jean Marie Maisonneuve 1742 – 1753
François de Gailh – 1755
La communauté et Paul Vignolles n’étaient pas d’accord. La communauté se refusait à
présenter huit noms au prieur de Madiran pour qu’il eut à choisir les quatre consuls.
De là procès entre les deux parties. Une transaction est intervenue pour les arranger dans
leurs intérêts.
Cette pièce est assez intéressante pour qu’elle trouve ici sa place ; elle nous montre les
aspirations de la population vers le règne de la liberté
« Comme soit ainsis qu’il y eust procès en la Cour du Parlement de Toulouse (entre le 1er sindic des Pères
jésuites du collège de la Compagnie de Jésus en Toulouse comme prieur du lieu de Madiran contre les
consuls des lieux dud. Madiran et Hères pour raison de l’eslection consulaire du d. lieu prétendant led.
Sindic comme engagiste et adjudicataire du domaine appartenant à Sa Majesté esd. Lieux que les
consuls sortant de charges estait obligés de faire nomination de huit personnes de la qualité requise et la
présenter aud. Sindic ou ses officiers pour dfes huit personnes en chouesir quatre pour exercer le consulat
pendant l’année et à ses fins le d. sindic aurait fait assigner les d. consuls et même obtenir contre eux
arret le 6Xbre dernier envers lequel les d. consuls estait sur le point de se pourvoir sur ce qu’ils disaient,
que le d. sindic ne pouvait avoir plus le droit que le Roy duquel il avait acquis le domaine et que jamais
les officiers de S.M. n’avait prétendu cette faculté deslire quatre personnes de Luit ?? auquel de lont
temps la nomination des huit estant faite par les consuls qui devait sortir de charge lélection de quatre
ce faisait par le suffrage des habitans à la pluralité des voix set que cette ancienne coutume ne devait
estre altérée sous prétexte de l’engagement du domaine. Et parce que outre cette prettention led. Sindic
en lad. qualité d’adjudicataire du domaine prétendait s’estre en droit de prohiber la chasse et la pêche
ausus habitans et de bastir pigonniers, tourelles avoir clapiers et garennes et de pleus en lad. Qualité de
30
prieur de Madiran demandent le disme des légumes et que les d. habitans furent tenus de faire les
charois et maneuvres nécessaires pour réparer l’église à quoy Me Jean Tursan recteur dud. Lieu Le
Madiran serait aussi intervenu et demande la même condamnation du disme des légumes et de plus que
lesd. Habitans fussent teneus de leur bastir une maison presbiterale pour se loger dans led. Lieu et de
plus leur fournir les ornements nécessaires pour le service de la paroisse missel et autres livres ou en tout
cas que led. Sindic comme prieur devait fournir les d. ornements et livres.
De plus demande led. Tursan contre led. Sindic, les entières novables comme appartenantes de droit, aux
recteurs et que led. Sindic peut tenir de payer le disme de certaines pièces louées par led. Sindic comme les
autres habitans ou exiber les titres en vertu desquels il prétand en estre exemple et tant led. Sindic que
Tursan que les habitans avant que pouvoir semer les fruits sujets au disme feussent teneus d’avertir les
fermiers ou agents des d. sieur prieur et recteur suivant les ordonnances à quoi de la part des d. consuls
estait reparty que pour la chasse, pêche, pigonniers, garennes et tourelles qu’il n’y avait esté jamais
troublé pendant qu’ils ont esté soubmis immédiatement à la juridiction royalle et que par l’engagement
du domaine leur condition ne peut avoir empiré ; et pour ce qui est du disme des légumes ils entendent de
ce tenir à la coutume et ne peuvent soumettre à un insolite contre les usages de tout temps gardé esd.
Lieux quy doit unir de loyaux parties non plus qu’aux maneuvres charrois et construction de la maison
presbitériale veu que par les coutumes du lieu de Madiran accordées entre le prieur et les habitans, il est
dit seulement qu’ils faisant réparer la chapelle de St Jean et pour tout le surplus le prieur est chargé de
réparer le monastère et dailheurs qu’il ne serait pas juste que les habitans contribuassent aux réparations
de l’église destiné pour les religieux n’y ayant que l’autel de St Jean pour le service de la parroisse que les
habitans s’obligent de réparer de sorte qu’ils prétendent estre exemps des charois, maneuvre de la maison
presbitériale attendu que le recteur ou vicaire perpétuel a toujours esté logé dans le monastère avec les
religieux et quant aux ornements que cest une charge des fruits décimaux que les habitans ont toujours
payé sans fraude. Comme aussy led. Syndic
répondait aud.1er Tussan que pour lesd. Nouvalles elle avait toujours esté fouiées, par led. Prieur sauf
que led. Recteur en prenait au quatrième qui prétendait ne leur appartenir par indevis au joueur comme
curé primitif et pour les pièces qu’il jouissait exemple de disme et de taille, il estait fondé sen la
procession immémorialle quel luy servit de titre d’écclésiastique en ecclésiastique et pour se quy est des
ornements qu’il le fournissait aux religieux et que led. Tussan les devait fournir pour la paroisse ou tous
ensemble contribuer pour faire côte à raison de fruits perroibant et pour la maison presbitériale il
n’aparaissait pas que le recteur ou vicaire eut esté logé dans le monastère mais que c’était le devoir des
habitans de loger leur pasteur. Pour lesquelles contestations les parties étaient en un grand procès par
Ladois de M. Lamothe Parissot et Gabois docteurs et advocats en la cour leurs conseils en aurait traité
à l’amiable comme sensuit pour 11 juin 1643 avant midi en Toulouse dans le collège de la compagnie de
Jésus Regnaut… R.P. Paul Vignoles religieux sindic du d. collège comme prieur sindic d’une part et Me
Jean Tursan recteur du d. Madiran d’autre chacun en ce que leur concerne pour eux et leurs successeurs
et noble Jean Dufau de Laraignet procédant pour et au nom des conseils et communauté de Madiran
suivant la délibération contenant son pouvoir du 3 du courant retteneu par de Priellé notaire de la d.
communauté extrait de laquelle il a délivré aud. Père sindic aussi d’autre. Lesquels de leur bon gré ont
renoncé et renoncent à tout procès mais on a mouvoir sirconstances ou dépendances et ont convenu et
accordé que les d. conseils suivant l’ancienne coutume au four destiné fairait nomination de huit
personnes laquelle sera montrée au procureur juridictionel dud. Prieur ou son agent pour lui estre
31
remontré ce qu’il jugera à propos pour le bien publicq et intérêt de la communauté et après sera procédé à
l’exécution des quatre des d. huit par le suffrage et voix des d. habitans pour exercer le consullat
pendant l’année après avoir prêté le serment, entre les mains du d. prieur ou ses officiers, et pour ce qui
est de la chasse et pêche les d. habitans en useront suivant les règlements portés par les ordonnances et
arrêt de la Cour et au surplus demeureront en l’estat qu’ils estait avant l’engagement. Et pour ce qui est
du payement des dismes il sera fait sans fraude à la côte accoutumée auquel effet le d. prieur et recteur
ou leurs fermiers commettront des personnes en nombre suffisant pour marquer le droit de disme sur le
nombre des gerviers après quoy et non plus tôt il sera permis aux particuliers et propriétaires de lever les
d. gerviers et fruits restants set pour ce qui est de la prétention du disme des légumes il est convenu et
accordé que les parties prouveront respectivement la cotume par eux alléguée sous devant un magistrat
notaire ou tel autre personne que par eux sera accordée et cependant par provision en demeureront des
chargés comme aussi des ornements livres et autres choses naicessaires au service de la paroisse que les d.
prieur et recteur fourniront au prorata de ce chacun presoit de fruits décimaux sçavoir le dit 1er prieur les
trois quarts et led. 1er recteur fourniront au prorata l’autre part et de pleus a esté arrêté que led. Sindic
jouira comme il a fait les pièces qu’y leur appartiennent présentement quittés de dismes et que tant led.
Sindic que recteur partageront les dismes novalles de même que les anciens sçavoir que led. Sindic en
prendra les trois quarts et led. Recteur l’autre part restant comme ils ont fait jusque à présent set
néamnoins en cas il y aura des réparations à faire dans lad. Eglise seulement les habitans seront teneus
comme led. 1er Dufau à leur nom les oblige de faire les charrois et maneuvres naicessaires suivant les
formes prescrites par les arrêts, et moyennant ce demeureront des chargés des réparations particulières de
la chapelle de St Jean et de même eurent les d. parroissiens teneus de battir une maison logeable pour
led. 1er recteur dans quatre ans prochain et cependant leur payer leur louage jusqu'à l’entière
construction de la maison presbitéralle lieu ou elle estait autrefois ou autre comode set proche de l’église.
Et pour se faire et l’observation de ce dessus…. Lequel Tursan se réserve autres droits qu’ils pourront
prétendre contre le d. prieur… Présents : Etienne Nogès natif de l’Esle Dailligeois, Guillaume
Armemgnaud natif de la présente ville et les tous marchands et moy Anthoine Serres notaire set
tabellion du roy en Toulouse. (1)
Nous ne ferons pas de remarque sur cet acte ; il est d’une telle importance que le lecteur
fera lui même les réflexions qu’il comporte.
Mais le Presbytère n’a pas été bâti dans le délai voulu. Le curé Jean Tursan a fait ses
réclamations auprès de qui de droit. La population doit s’exécuter
Comme soit ainsi que prous fait estre pendant en juridictions la cour du Parlement de Thoton entre les
habitans du lieu de Madiran et entre Jean Tursan prêtre et recteur dud. Lieu pour raison de la
construction d’une maison presbéteralle, lequel prous
________________________
(1) Archives A. Duffouve à Hères
aurait été terminé par transaction du mois de Juin 1643 par laquelle les d. habitans s’engagent à luy
bâtir maison convenable à son habitation et ce dans l’espace de quatre ans après lad. Transaction et
d’aultant que les d. habitans pour tenir compte pendant led. Temps de construire lad. Maison le d.
recteur aurait fait instance devant L. le Sénéchal ou devant Mr le juge de Lectoure tant que l’instance
s’en serait ensuivie par laquelle il aurait esté ordonné entre autres choses que les d. parties conviendrait
d’experts pour désigner le lieu et la forme du d. bâtiment coique ayant esté fait par les d. parties eg
32
expert c’étaient portés pas trop diverses fois sur le lieu de Madiran auraient demeuré d’accord que les
habitans du d. lieu bailleront au d. 1er recteur la somme de 500 livres dans trois mois après moyennant
laquelle somme led. 1er recteur aurait teneu de bâtir une maison presbiteralle convenable à son
habitation. En outre la d. somme les d. habitans auraient teneus faire tous charrois soit de pierres, sable,
chaux tuiles bois set terre nécessaire pour le bastiment de lad. Maison à leurs cotz et des pans, sauf que
led. 1er recteur serait obligé de bailler à chaque boubies travailhant d’un soult et une tasse de vin ;
laquelle condition ayant esté acceptée par led. 1er recteur et les habitans, les d. habitans aurait pris
délibération entre eux de cotiser lad. Somme et pour c’est fait prier le d. recteur de recevoir deux escus en
particulier la taxe qui en aurait par eux esté faite suyvant le rolle quy luy en aurait esté » mis en main.
Acquoy le d. recteur aurait pris le d. rolle et reçu de quelques particuliers la somme de 304 livres 7 sous 6
deniers ; partie de laquelle il lui convient d’employer à l’achat d’une maison la plus commode qu’il a peu
trouver dans l’anclos du d. lieu. Du prix de laquelle maison et patres joignant icelles, il est demeuré
d’accord avec Jean Dusquet dit du Barbé tellement qu’il ne reste que passé contrat et cause de quoy
aujourd’huy 6 Juin 1649 après midi au lieu de Madiran…Jean Dusault, dit Barbé …lequel a vendu
ceddé et délaissé à jamais au d. Mr Jean Tursan prêtre et recteur du d. Madiran…faisant pour et au
nom de lad. Communauté de Madiran sçavoir est une maison appelée au Poustau debat avec le patus y
joignant du côté d’occident et midy bastie lad. Maison sur des paroich en muraille, couverte de tuile à
canal, confronte d’orient rue publique, derrière avec les fossés du d. lieu, dessus avec place de maison
appelée la provande du 1er Guitoyre et autre confrontation sil en y a de plus……seize et ….. dans
l’enclos dud. Lieu de Madiran, faisant…..au seigneur du d. lieu franches et grasses de toutes charges et
arrérages jusqu'à ce jour.
Cette vente a faite le d. Dusault au d. 1er recteur au nom de la d. communauté moyennant le pris et
somme de 262 livres 16 sous en ce comprise la portion en laquelle le d. Jean Dusault estait cottizé qu’est
2 livres et 16 sous iceluy Dusault a confessé avoir reçu des mains dudit recteur avant la passation du
présent acte en pièces de vin et un sous et autre mormoye dont c’est contenté et les quitte et de lad.
Maison de patron s’est desmis et dépouillé et en a investi set mis en possession le d. 1er recteur par le bail
de la plume de moy notaire fait en ces mains par celles du d. vendeur avec promesse de lui garantir la d.
vente envers et contre tous… Présents Jean Cire, Ducasse Monique, Jean Dabat chirurgien, Joseph
Mieussens 1er de Mondiguan et Jean Mieussens dit Aurillac
Du d. Madiran…Tursan, Dusault, Ducasse de Mieussens Joseph Mieussens, Dabat, Desault
(1)
(Reg.1647-53 fol. 74)
Nous ne ferons pas l’histoire des divers prieuto qui ont présidé aux destinées de Madiran
comme seigneur de ce lieu. Nous dirons seulement qu’ils n’ont pas toujours été fidèles à
leurs engagements. Mais la population réclamait ses droits et le seigneur s’exécutait. C’est
ainsi qu’après avoir promis deux religieux prêtres dans le prieuré, le sindic n’en envoie
________________________
(1) Desault – Etude Dufour – Clarac à Castelnau RB
qu’un seul. C’est alors que nos madiranais réclament au nom de la solennité du culte un
second prêtre qui sera au secours du curé.
L’an 1763 et le 20 mars avant midy au lieu de Madiran et dans la chambre de la salle publique lieu où
l’on a accoutume de s’assembler pour délibérer… Jean Fauron Bertrand Dartigue Vigo, Dominique
33
Lafourcatère Lajolle, André Latérrade Andrewet, consuls modernes… et avec eux noble Joseph de
Prisellé les tous habitants du présent lieu représentant la plus grande et seine partie des habitants de
lad. Communauté, à laquelle d. assemblée a été dit et représenté par les d. sieurs consuls que depuis tout
temps le prieur du présent lieu afin de rendre les services convenables à la paroisse ainsi qu’il l’a fait
jusqu’au commencement du carême de l’année 1762 que Mr Antoine Izard et Arnaud Cassou prêtres
habitant au d. prieuré décédèrent sans que le d. prieur aye rempli que l’une de ces deux places ; au moyen
de quoy la communauté manque du service que led.
Priseur est obligé de leur faire rendre et comme il est de l’intérêt de lad. Communauté que ses deux places
soient remplies, les d. sieurs consuls requièrent lad. Assemblée de vouloir délibérer sont présentement sur
ce qu’elle trouvera à propos à raison de la d. représentation cy dessus faite ; et aussitôt les voix
recueillies tant en général qu’en particulier et a été unanimement délibéré conclu et arrêté en la présente
assemblée qu’il est de l’intérêt et avantage de lad. Communauté que les places que led. Prieur en y
mettant deux prêtres ainsi qu’il a toujours été pratiqué ; et à cet effet elle a nommé et nomme la
personne du 1er Jean Fauron premier consul auquel elle donne pouvoir de le transporter dans la ville de
Toulouse et partout ailleurs ou besoin sera pour prier Monseigneur le Procureur général du Roy en la
souveraine cour du parlement de Toulouse de vouloir faire remplir la place vacante au d. prieuré de
Madiran en y mettant un prêtre séculier pour que conjointement avec le premier avec le 1er Pegrel que le
prieur y avait déjà nommé après le décès des d. Izard et Cassou ils puissent remplir les obligations dont
ils sont tenus envers la d. communauté. Et à cet effet leur donne pouvoir de demander à mon d. seigneur
le Procureur Général de se faire représenter par le Recteur et sindic du Grand collège de Toulouse qui
poscédait led. Prieuré de Madiran, le concordat qui avait été passé entre le d. collège et la d.
communauté pour qu’a la vue d’iceluy l’on puisse sçavoir au juste les obligations auxquelles les deux
prêtres qui doivent habiter au d. prieuré et y estre entretenu aux dépens du d. prieur sont tenus de
remplir envers la d. communauté ; et s’il est nécessaire la même assemblée donne pouvoir au 1er Fauron
consul de présenter requête au dit parlement pour y faire statuer de constituer tous procureurs et
avocats élire domicile et enfin faire pour tout et le bien de la cause commune à raison de ce dessus tout
ce qu’il sera nécessaire promettant lad. Assemblée d’avoir et tenir pour fait et agréable tout ce que par le
dit 1et consul sera fait, fait à raison de ce dessus et de fournir aux frais et dépens nécessaires qu’il sera
obligé de faite, même de leur payer les paines journées et vacations. Ainsi a été convenu, délibéré, conclu
et arrêté en la présente assemblée et ceux d’icelle qui ont su signer et ont signé avec moi secrétaire
d’office de la communauté à l’original non les autres qui ont déclaré ne sçavoir de ce par moy requis ;
Fauron, Dartigue Laterrade, Priele, d’Abadie, Serres, Bacarrère, Louit, Bruzon, Daste, Cazenave,
Lasserre, Couloumès, Loubashère, Lacoustère, Fettère, Daries, Lafaille, Jean Fittère, ?? Ducasse,
Colon, Ducasse, Dartiguelongue, Dabat, Bruzon Dabat, Barbe, Lauzin Terrade, Sarrant, Ducasse,
Lalanne, Bruzon, Vergez, Labruffe ; Dabbadie secrétaire d’office. Et à la marge du d. original est écrit
: Controllé à Castelnau le 20 mars 1769. Reçu douze sols, dix deniers. Saint Pierre pour le commis signé
à l’original (1).
___________________________
(1) Archives de la Mairie de Madiran.
Prêtres qui ont habité le prieuré
Pierre Guillamotac 1662-1692
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Dominique Mieussena Sacristain 1670-1684
Pierre Ducasse prêtre et religieux 1684
Jean Misolles 1692
Jean Beyssade 1693-1700
Hyacinthe Pérès 1696-1720
Jean Dader 1715-1739
Antoine Hard 1736-1762
Arnaud Cassou 1739-1762
Jacques Peyren 1763- Fait son testament en 1766
Joseph Béron fait son testament en 1724
Livres à la descharge du d. père sindic annuellement aux religieux et sacristainq du d. Madiran leur
portion ordinaire de bled, vin argent en la forme et aux termes accoutumés et de rapporter quittance au
dit père sindicq
Pour faire comprendre la valeur matérielle du Prieuré de Madiran, nous allons donner l’acte
de ferme des terres qui lui appartiennent :
L’an 1662 et le 22 avril… au lieu de Madiran RP.Jean Chauniart syndicq du collège des Pères Jésuites
de Tholoze prieur et seigneur dud. Madiran lequel à son gred a bailli en afferme et arrentément à M.
Jean de Ubrottes prêtre et curé dud. Lieu de Madiran et à M. Jean Ducasse consul habitans du même
lieu sçavoir : est tous et chacuns les fruits décimaux de bled, vin, linet, carnallages et autres
appartenand au d. prieur en lieu et paroisses de Madiran, Hères, Hichac, Hagedet, Bétrac, Aydies, St
Lanne, Castelnau, Montus, Villenete et Castillon pour en jouir en la forme que led. 1er prieur et sindic
les a jouys sy devant aux pactes et conditions suyvantes. Premièrement que led. Afferme est faite pour le
temps et espace de deux armées complaittées et révolus quy commencèrent au premier jour du mois de
may prochain et finiront à pareills jour de l’année qu’on comptera 1664 et ce moyennant le prix et
somme de 650 livres pour chacune des deux années payables solidairement par les d. sieurs fermiers sans
division ny discussion aucune en deux parts esgaux, Noël et Pasques à commencer à la prochaine feste
de Noël portés et rendus dans la ville et collège de Tholoze à leurs frais et dépans. En second lieu seront
teneus et promettent les d. Srs fermiers de payer cultre et par dessus la sus d. somme de 650 livres à la
descharge du d. père sindic annuellement aux religieux et sacristainq du d. Madiran leur portion
ordinaire de bled, vin argent en la forme et aux termes accoutumés et de rapporter quittance au dit père
sindicq de respondre en leur propre sauf pour les causes et raisons que de droit il leur serait défendu par
iceluy sindicq de faire les d. payements auquel cas néanmoings s’ils ne préfèraient luy donner compte des
d. bled, vin, argent des d. portions. Pareillement seront teneus et promettent les d. Srs fermiers de payer
annuellement, en tant moines touttefois de la sus et somme de 650 livres les charges ordinaires du d.
prieuré savoir : 200 livres au curé d’Hères pour sa…..et les décimes tant ordinaires qu’extraordinaires
au receupveur du diocède de Tarbes et d’en rapporter bonne et valable quittance et le tenir quitte de tous
frais et despans qu’on pourrait faire par faute de payement d’icelle charge aux preneurs accoutumés.
Comme aussi seront teneus d’envoyer environ les festes de Pasques cherchés à Pau ou Auch deux paires
les loger et entretenir pendant qu’ils y seront et après les reconduire aux ed. lieux à leurs frais et despans
; set moyennant ce dessus, iceluy père sindicq promet faire jouir les d. fermiers du présent afferme et d’en
35
demeurer aux cas fortuits tout ainsi en la forme que le seigneur Evesque et Chapitre de Tarbes ont
accoutumé faire à leurs fermiers et lui diront dans huit jours après iceuxarrivés, avec pacte néanmoins
exprès qu’au cas on ne pourrait demeurer d’accord amiablement du domaine arrivé il sera loizible au d.
père de reprendre a soy le d. afferme sy bon lui semble et de départir du présent contrat sans autre forme
ny figure de procès ; comme aussy en cas iceux fermiers resteraient un moys après le d. terme écheux sans
payer le d. afferme et pour l’observation. Présents Me Pierre Guillamotue, prêtre et Bernard Nabonne
dict comte de Madiran, J. Chauniart, J. Orotte, Ducasse, Guillamotac, Nabonne, et Desault (1).
Dans cet acte ne sont point comprises les terres et métairies possédée à par le prieuré et
qui étaient de grande valeur et rendement.
Cure de Madiran
La cure de Madiran étant dépendante du prieuré. Il en avait la nomination. Dans le
principe, l’un des moines faisait fonction de curé, il était le vicaire perpétuel du prieur, qui
était regardé comme le chef spirituel de la paroisse.
Les archives de la Mairie ont été brûlées dans la première moitié du siècle, nous avons à
regretter la perte d’une infinité de documents intéressants. Nous déplorons la perte de tous
les registres des baptêmes, des mariages et des sépultures antérieures à la Révolution. Ils
nous feraient connaître les noms des prêtres qui ont gouverné l’église de Madiran.
(1)
Desault. Etude Dufour Clarac à Castelnau RB. 1654-1662 Fol. 3065
Voici les quelques noms que nous avons pu recueillir dans les actes notariés :
Jean de Tursan 1643-1658 était de la mamelle des Tursan d’Espaignet.
Le vingt sept mars 1658 Jeanne de Perron laissait par testament la somme de 500 livres
pour messes, 30 livres à Goucyle, 30 livres à St Croix de Marciac, 30 livres aux pauvres de
Madiran à distribuer le vendredi saint à 10 livres pendant 3 ans. Légataire universel : Jean
de Crotte de St Lamu, curé de Madiran.
Jean de Crotte était curé de St Lamu en 1653. A quelle époque a t-il succédé à l’abbé
Jean de Tursan ? Nous le trouvons curé de Madiran 1662, réclamant un presbytère à la
population qui lui donne une somme suffisante pour acheter une maison « logeable ».
Dans un acte de 1690, il signe comme ancien curé de Madiran.
Il est le frère de Jean Jacques de Crotte curé de Canet. En 1684.
Dans son testament du premier décembre 1695, Antoinette de Noguès, veuve de Jean
Ducasse, lègue et laisse la somme de trois livres pour être employée à l’entretien de la
lampe à présent de la chapelle de St François Xavier en lad. Eglise de Madiran.
Pierre Claverie de Louit en Bigorre, -t-il succédé à Jean de Crotte dès 1690 Son nom
paraît en 1700 dans un acte d’achat. Il est encore curé de Madiran en 1731, à partir de
cette date il signe comme ancien curé de Madiran jusqu’en 1738.
Bernard Claverie neveu du précédent est à Madiran dès le 7 août 1729 ; à cette époque
et ajoute à son nom le titre de curé de Madiran. Nous trouvons encore sa signature en
1735. Il est probable qu’il a laissé la succession à son petit neveu.
Bernard Vergez de Madiran régit la paroisse dès avant 1788. Il était curé pendant la
Révolution, il jure obéissance aux lois de l’Etat et continue sa carrière tranquillement
36
jusqu'à une vieillesse très avancée, le Concordat le retrouve dans sa cure
comme disent les vieux papiers.
« faisant le bien »
Dominique Sabail était chapelain en 1789 et prêta le serment exigé par la loi le 7 octobre
1792.
Jean-Pierre Ducasse ministre du Culte en 1801.
Sénac prêtre en ?
Antoine Duclos prêtre en ?
Antoine Mengelatte prêtre en 1854
Hippolyte Lauga prêtre en 1872
_____________________
(1) Lagrange Reg. 1693-1699 Etude Dufour Clarac Castelnau RB.
Monuments historiques
Eglise
Par un arrêté ministériel d’après l’avis de la commission des Monuments Historiques en
date du 7 juillet 1893, l’église de Madiran a été classée comme monument historique.
Erigée en suivant l’application de tous les principes observés au Xe et au XIe siècle par les
prieurs initiés à tous les secrets de l’architecture romane se composait d’une grande nef
renfermant de larges pilastres surmontés d’arcs doubleaux avec plafond voûté en berceau,
elle était terminée à l’aspect est par un sanctuaire d’une richesse incomparable, et
sûrement le plus beau de la contrée.
Ce sanctuaire était formé d’une partie droite et d’une partie cintrée indiquant l’abside ; sa
décoration murale se composait de dix neuf travées limitées par des colonnes dégagées,
surmontées de magnifiques chapiteaux aux dessins les plus variés où les fleurs, les fruits,
les animaux et les personnages affluent. Le tout était couronné
_________________________
(1) Rapport de Mr G. Larrieu, architecte à Tarbes au sujet de la restauration de l’Eglise de
Madiran (10 août 1891)
par de superbes archivoltes superposées, moulurées et entièrement sculptées. La partie
supérieure devait être en harmonie avec celle inférieure, et les voûtes arcs doubleaux
disposés avec hardiesse formaient le complément de cette savante combinaison.
Arc triomphal L’entrée du chœur en répondant à l’ensemble du monument s’ouvrait par
un arc triomphal de toute beauté donnant accès à la partie la plus imposante de l’église.
Chapelle Au nord existait une petite chapelle qui a gardé le caractère vrai de l’époque : là
encore des arcatures, des colonnes, des chapiteaux, des arcs plein cintre, des voûtes en
berceau et en cul de four qui conservent l’empreinte la plus sûre de l’art dans cette
époque.
Bâtiments extérieurs Pris dans un sens général et en considérant l’aspect extérieur, on
se trouve en présence d’une grande bâtisse formée d’un vaisseau principal se terminant
par une abside arrondie et flanquée au nord d’une grosse tour set au sud d’un avant corps
renfermant un escalier en pierre conduisant au-dessus de l’abside et communiquant au
clocher par un passage pris dans l’épaisseur d’un mur à sa partie supérieure ; le tout est
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percé d’ouvertures à plein cintre de petites dimensions et ne présente aucun indice
intéressant à l’exception du chœur où un bandeau avec billettes se profile en épousant les
formes de la construction à hauteur des seuils des premières baies.
A signaler la présence de quatre contreforts massifs de peu de saillie.
Enfin le tout était en pierres, posées par assises régulières de hauteurs différentes,
appareillées à joints irréguliers, l’intérieur des murs est en blocaille.
Remarques spéciales - Comme autres marques dignes d’être citées, on aperçoit encore,
sur la façade nord de l’Eglise des traces d’une seconde porte sans ornement actuellement
bouchée et près d’un bénitier scellé extérieurement dans la maçonnerie ; c’était la porte
spéciale aux Cagots ; enfin une petite crypte très basse où sont des piliers reliés par des
arcs, est voûtée et placée sous le sanctuaire ; elle communique avec un souterrain
aujourd’hui détruit ; la partie attenante à l’autel est en saillie et tournée vers l’occident.
Sarcophages en pierre. Des sarcophages en pierre très nombreux sont fixés dans
l’épaisseur des murs sur le pourtour de l’église au niveau du sol. Telle était l’œuvre que
nous avons élucidée.
Résumé de l’état ancien. Le Roman a donc été observé dans ses plus petits détails. Ce
monument représente les caractères les plus purs de cet incomparable siècle ; s’il manque
cette profusion de sculptures, d’éléments puisés dans le domaine de la conception idéale
que nous avons admiré dans d’autres édifices de ce genre, l’on retrouve au moins les
grandes lignes suivies et correctes de cet art lorsqu’il était arrivé à son apogée ; après
examen on se trouve en présence de principes sérieux, bien compris, qu’on peut en toute
confiance suivre comme modèle de nos jours.
Effets des dégâts commis en 1569. Les traces laissées par l’incendie sont restées
apparentes sur les murs, l’incrustation faite par les flammes sur la pierre se voit et ces
dernières ont gardé, en certains endroits, une couleur rouge foncé, nuance qui ne laisse
aucun doute à ce sujet.
Toute la partie supérieure de l’église fut détruite, le chœur a sérieusement souffert des
dégâts connus.
Etat actuel. L’état actuel est déplorable, l’on remarque que les ressources firent toujours
défaut à la commune pour la réalisation d’un projet complet. C’est ce qui explique qu’après
ces années de troubles, l’on se contenta d’araser les murs pouvant être conservés, qu’on
échafauda sur les ruines une toiture en tuiles ; qu’on mit un crépi et enduit sur les murs,
ceux du chœur exceptés, sans se préoccuper.
Enseignement
La destruction d’une grande partie des archives communales par un incendie survenu en
1805, d’une part set le peu de soin qu’ont apporté les divers fonctionnaires de
l’enseignement dans la rédaction d’un procès- verbal d’installation au moment de la prise
de possession de leur poste, d’autre part, ne nous ont point permis de rétablir d’une
manière précise l’historique de l’enseignement.
C’est tout au plus si, en feuilletant les registres qui nous ont été conservés, nous avons
trouvé le nom de quelques instituteurs.
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Nous savons d’ailleurs, quoique nous n’ayons de cela aucune preuve à l’appui, qu’avant la
révolution il existait au couvent de Madiran un collège destiné à élever les jeunes gens
nobles. Comme à cette époque la classe ouvrière était considérée comme quantité
négligeable, nous sommes portés à croire que l’enseignement du véritable peuple ne
remonte pas dans cette commune, à une époque très éloignée.
Dès 1662 il existait néanmoins un « Régent ». Nous ne connaissons pas comment était
exercée cette fonction, mais tout nous porte à croire qu’elle devait l’être d’une manière fort
imparfaite. Le local faisait complètement défaut et la sollicitude de l’administration
communale pour tout ce qui touchait l’enseignement du peuple était plus que douteuse.
En effet, par une délibération du 9 novembre 1834, le Consul, répondant à une demande
qui lui avait été faite, expose qu’il ne peut rien voter pour l’instruction primaire, mais en
considération de ce que l’instituteur reçoit gratuitement les enfants pauvres, il accorde une
allocation de 36 francs destinée à payer le loyer de la salle de classe qui, jusqu’à ce
moment était louée aux frais du maître d’école.
Le Conseil d’Instruction primaire de Tarbes, après avoir pris connaissance de cette
délibération prit un arrêté en date du 25 mars 1835 par lequel la commune de Madiran
était rayée du tableau des communes pour lesquelles un secours devait être demandé à
l’Etat afin de construire ou de réparer la maison d’école.
Le Conseil municipal de Madiran protesta de sa fidélité à la loi du 28 mars 1833 sur
l’instruction primaire, il accepta alors Monsieur St Hillaire comme instituteur communal et
vota un traitement annuel de 200 francs plus 36 francs pour payer le loyer de la maison
d’école ; elle fixa en outre le prix de la rétribution scolaire à 0f.75 par mois pour les élèves
qui ne savaient pas lire et à 1f.25 pour les autres. Les indigents étaient reçus gratuitement.
L’instituteur soumettait tous les mois à Monsieur le Maire l’Etat des élèves payants.
Cette libéralité presque obligatoire du conseil municipal ne dura pas longtemps, en effet
l’année suivante (1835°) l’administration porta d’office au budget communal une somme
de 200 francs pour le traitement de l’instituteur, mais la municipalité était libre et non
communal, et l’indemnité fut refusée.
Le peuple réclama-t-il plus instamment l’instruction de ses enfants, ou le conseil municipal
comprit-il mieux ses devoirs ? Nous ne pouvons le dire, toujours est-il que l’année après
(1836) cette même assemblée qui avait refusé de voter le traitement de l’instituteur
l’année précédente le vota et y ajouta 60 francs pour le loyer de l’école et 30 francs pour le
logement de l’instituteur.
En 1840, le traitement de l’instituteur fut porté à 260 francs.
En 1853, ce traitement est de 600 francs plus 60 francs pour location du local scolaire et
30 francs pour logement du maître.
Si à cette époque la situation de l’instituteur s’est un peu améliorée, le local scolaire reste
ce qu’il avait toujours été : une salle humide, trop petite et peu aérée, meublée de
quelques tables plus ou moins boiteuses et complètement dépourvue de tout matériel
d’enseignement.
Dès 1837, le propriétaire de la salle d’école a donné congé à l’instituteur, la commune doit
donc se préoccuper du choix d’un nouveau local.
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Il est d’abord question de construire l’école au couchant de l’église en adossant le mur à
celle-ci. Ce projet trouva des partisans mais il eut aussi des adversaires. Les choses
traînèrent en longueur, l’entente ne se fit pas et finalement, en 1846, la maison d’école
actuelle fut achetée à Monsieur Jéronce Vergez pour une somme de 4500 francs.
Remise à neuf en 1883, elle renferme aujourd’hui la mairie, la salle de classe et le
logement de l’instituteur.
Le mobilier scolaire et le matériel d’enseignement ne laissent rien à désirer et c’est avec un
légitime orgueil que nous pouvons comparer la situation des maîtres et des élèves de
l’ancien temps avec celle que leur est faite aujourd’hui.
Le corps enseignant n’est pas ingrat, il a à cœur de prouver par son dévouement à
l’enseignement du peuple et à la République qu’il était véritablement digne de la sollicitude
qu’on lui a accordée.
Instituteurs de Madiran
1662
1671
1728
1729
1766
1795
1806
1819
1822
1839
1841
1854
1856
1857
1861
1862
1863
1863
1864
1865
1866
1890
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Pierre Lafitte, Régent
Jean Doussine
Pierre Dabadie
Bernard Loubatères 1722
N. Simeux
Jean Fuilhan
Jean Dabat
J.J. Bourthoule
J. St Hillaire
C. Roignan
Joseph Lauzaoueilh
~ Lalanne
~ Cazenave
~ Laforgue
~ Ribes
~ Mars
~ Dusser
~ Navarre
~ Cazaux
~ Courtade
~ Maumus
Félix Contraire
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Développement économique
Mouvement de la population en conclusion
Comme nous l’avons déjà dit au commencement de cet ouvrage, le développement
économique a considérablement augmenté à Madiran depuis moins de cinquante ans. Des
routes nouvelles ont été tracées, l’état des anciennes a été amélioré, les chemins de fer
assurent un facile débouché aux produits agricoles et industriels, les Postes et les
Télégraphes nous permettent de correspondre rapidement et sûrement avec les pays
étrangers ; tout irait donc pour le mieux si les terribles maladies cryptogamiques n’étaient
venues jeter le trouble dans le pays et décourage nos cultivateurs.
Heureusement nos paysans ont l’âme bien trempée et leur découragement n’est que
passager. Ils se sont donc remis à l’œuvre avec une ardeur nouvelle et grâce à leurs
efforts, nos coteaux un instant dévastés se recouvrent de vignes pleines de sève qui
semblent aujourd’hui défier l’aiguillon de l’insecte destructeur.
Si l’avenir de la propriété peut être envisagé avec confiance il est une question qui a déjà
attiré l’attention des pouvoirs publics et qui nous attriste très sincèrement : Nous voulons
parler de la dépopulation.
Nous nous permettrons néanmoins de supposer qu’elle est due en grande partie à l’excès
des boissons alcooliques qui atrophient les facultés humaines et détruisent de plus en plus
le sentiment de la famille et de la raison.
Puisse le peuple français conjurer le terrible fléau qui est la cause de cette dépopulation et
conserver ainsi à notre chère France la grandeur et la force que l’ont toujours placée au
premier rang parmi les nations civilisées.
Fait à Madiran
le 10 septembre 1899
L’Instituteur
F. Contraire
La transcription des deux monographies a été réalisée par Henry PASSADE SAINT AUNIS
en respectant la graphie de l’instituteur.
NB – Ce texte est la propriété des Archives Départementales des Hautes Pyrénées. Sa
reproduction et sa vente sont interdites.
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