L`effort et la solidarité à sang pour sang

BLEU. D’un regard, est né ce rêve du voyage à travers 4 pays.
DON. Un objectif: promouvoir le don de sang, coute que coute.
NOTORIÉTÉ. Les interviews se sont succédées jusqu’à Ushuaia.
PASSIONNÉ  L’itinéraire d’un enfant de Blesle (43) qui, depuis quatre ans, parcourt le monde... à bicyclette !
L’effort et la solidarité à sang pour sang
 LE VOYAGE
Le tour de l’Amérique du
Sud ? Ernesto (pas encore
« Che ») Guevara, l’avait effectué à moto ! Lui, c’est en
vélo qu’il est venu à bout de
11.200 kilomètres ! De Lima
à Ushuaia, Julien Leblay a
montré qu’il a tout… d’un
voyageur au grand cœur !
Durée
Débuté en septembre à
Lima, le voyage prend fin
en mars, soit 6 mois... et
11.220 km plus tard.
Partenaire
Dans la roue de Julien,
Teresa, son vélo, fidèle !
Marie-Edwige Hebrard
D
es yeux bleu azur, on
dit parfois qu’ils sont
lessivés, comme
usés : d’avoir vu trop de
choses, d’avoir vu trop de
monde, peut­être ?
Les siens, irradient et pé­
tillent sitôt que commen­
ce le récit de son périple à
travers l’Amérique du Sud,
à l’assaut de la Cordillère
des Andes.
Et ce regard­ci, c’est tou­
te la consécration du
voyage de ce jeune hom­
me de 26 ans. Passionné ?
C’est le moins que l’on
puisse dire ! Ce voyage­là
est né d’une rencontre,
celle avec un autre cyclo­
voyageur, lors d’un précé­
dent voyage à vélo, à Auc­
k l a n d ,
e n
Nouvelle­Zélande.
« C’était en 2005. En
p l e i n t o u r d u m o n d e,
Christophe revenait de six
mois de voyage à vélo en
Amérique Latine lorsque
nous avons déjeuné en­
semble sur le port d’Auc­
kland. Rarement je n’ai vu
des yeux aussi beaux que
les siens. Un regard qui en
disait long sur le bonheur
vécu le long de la Cordillè­
re des Andes. » Plus tard, il
croise Caroline à Gisbor­
ne: elle revient d’un an et
 DATES
6 juillet 1981
Naissance de Julien
Leblay.
1997
Un accident le plonge
dans un coma de 4 jours.
2004
Le premier tour d’Europe
vélo-moto fait entrer les
Voyageurs au grand cœur
dans le Livre des Records.
Mars 2008
En arrivant à Ushuaia,
Julien affiche 29.000 km
au compteur, parcourus
en seulement 4 ans.
Altitude
« Mon plus haut sommet
apprivoisé ? Chacaltaya,
perché à 5300 mètres
d’altitude. »
Communication
Sur son parcours, jusqu’à
13 interviews par jour !
Ushuaia, 11.000 km plus
bas, j’ai de suite éprouvé
un sentiment d’indéstruc­
tibilité ».
Indestructible Gringo
SALAR DE COIPASA. «Le désert est inoubliable. Cette photo sera la couverture de mon prochain livre, consacré au voyage en Amérique Latine. » Julien Leblay a consacré un livre à chacun de ses défis à vélo, en Europe, dans les Balkans ou en Nouvelle-Zélande.
demi d’un voyage à vélo
sous les mêmes latitudes.
Elle a les mêmes yeux.
« Dès lors la jalousie me
ronge : je veux les mêmes,
j’irai en Amérique Latine à
vélo ! » confie l’intrépide
Auvergnat. Car Julien Le­
blay n’en est pas à son
coup d’essai ! En qua­
tre ans, il a parcouru pas
moins de 29.000 km, et
traversé 25 pays. Et pas
simplement pour le
« plaisir » d’avaler des ki­
lomètres...
L’aventure des « Voya­
geurs au grand cœur »(*)
commence en 2004, aux
côtés de son ami Fabien.
L’un à vélo (déjà !), l’autre
à moto, ils parcourent
l’Europe et ont à cœur
de... véhiculer la nécessité,
si ce n’est l’urgence, de
donner son sang. Pour les
deux amis, chaque étape,
le soir, coïncide avec une
collecte de sang, auprès
des populations locales.
Collectes organisées, en
amont, par Julien, le Rota­
ry Club et la Croix­Rouge.
Promouvoir le don du
sang dans le monde
Promouvoir le don du
sang ? Insolite pour un
j e u n e h o m m e d’ a l o r s
22 ans. Mais celui­ci sait
que c’est grâce aux poches
d’hémoglobine qu’il a
reçu, à la suite d’un grave
accident, qu’il a la possibi­
lité de mener un tel com­
bat, et qu’il est en vie,
simplement ! Piquer les
esprits quant au don du
sang, c’est une chose, et
surtout pas une mince af­
faire ! « Faire changer les
mentalités, sensibiliser les
gens sur l’impérieuse né­
cessité de ce geste simple,
c’est déjà une aventure ».
Mais Julien Leblay ne
s’arrête pas en si bon che­
min. « Pour ma convales­
cence, on m’a conseillé le
vélo ». Il n’en est jamais
vraiment redescendu !
Preuve vivante… et péda­
lante qu’un accidenté, qui
plus est transfusé, a la vie
devant lui, il décide de la
croquer à pleine dent… et
de la mener sur les cha­
peaux de roues ! « C’est
aussi la promotion du
vélo, en tant que moyen
de locomotion propre et
réellement bon pour la
santé, que je souhaite fai­
re. 29.000 km en quatre
ans: qui dit mieux? Beau­
coup d’automobilistes ne
les font pas... »
Mais le vélo, en Améri­
que du sud, ça n’a pas été
tous les jours une franche
rigolade. « La conduite en
ville est un sport national :
les cyclistes ne sont pas
respectés », s’indigne Ju­
lien « plus voyageur, que
sportif ». Autre difficulté,
de taille : son arrivée au
Pérou, en pleine crise du
sang contaminé ! Rien
n’altérera, toutefois, sa dé­
termination. « Une fois
parti de Lima pour rallier
Les kilomètres défilent,
les demandes interviews à
travers la Bolivie, le Chili
e t l’ A r g e n t i n e, a u s s i !
« Partout sur ma route, on
m’a reconnu : les gens
m’avaient vu dans le jour­
nal, sur internet, ou à la
télévision. » L’aventure del
Gringo (le blanc), suscite
l’admiration et c’est en
conduisant des gens à
donner leur sang que son
défi à lui prend son sens.
Des avaries, il en a eu,
q u e l q u e s ­ u n e s, u n o u
deux coups de blues aussi.
Tous derrière lui, assuré­
ment, car de son regard
bleu ne jaillit maintenant
que l’envie de raconter :
son périple, ses aventures,
qui, au jour le jour, ont été
détaillées sur son site in­
ternet(*). Un carnet de
voyage, pas si éloigné de
celui du Che, qui avait fait
le trajet en sens inverse…
Ironie de l’histoire, le
lendemain de son premier
coup de cafard, il croise
une petite Chilienne, inti­
midée et sûrement un peu
troublée par ses yeux
bleus : elle n’en avait ja­
mais vu de si beaux ! Il re­
pense à Auckland, ce pour
quoi il est là, et sait alors
que son pari est gagné… 
(*) Photos à couper le souffle et
récits mirifiques, les sites des
voyages de Julien (www.voyage­
grand­coeur.org et http://j.le­
blay.free.fr) sont incontournables.