Douleurs après hernie - Chirurgie
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Douleurs après hernie - Chirurgie
SOMMAIRE Organisateurs : E. PELISSIER (Condé-sur-Vesgre) 1. Qu’entend-on par douleurs chroniques après cure de hernie de l’aine ? N. HUTEN (Tours) 2. Comment évaluer la douleur chronique ? C. BARRAT (Bondy) 3. Quelle est la place d’éventuels examens complémentaires ? M. BECK (Thionville) 4. Quels sont les facteurs de risque et les moyens préventifs ? J.-F. GILLION (Antony) 5. Quel est le rôle du centre antidouleur ? E. VIEL (Nîmes) 6. Traitement chirurgical J.-L. BOUILLOT (Paris) QU’ENTEND-ON PAR DOULEURS CHRONIQUES APRES CURE DE HERNIE DE L’AINE? Noël HUTEN Les douleurs chroniques après cure des hernies de l'aine (1 à 63%) se définissent par leur persistance 3 à 6 mois après l'opération. La récidive doit être éliminée par l'examen clinique et éventuellement morphologique (échographie).Le plus souvent, il s'agit d'une neuropathie (traumatisme nerveux direct ou fibrose péri nerveuse).On peut aussi rencontrer des douleurs somatiques, qui correspondent à une maladie post opératoire du système neuro sensoriel. Les récepteurs nociceptifs locaux sont stimules par l'inflammation locale, aussi bien au décours d'une cure in situ, qu'alentour d'une prothèse ou à la suite d'une plicature/enroulement. Peuvent être concernés: outre les 3 nerfs classiquement évoques en laparotomie (nerfs ilio inguinal, ilio hypogastrique, génitaux fémoral), d'autres nerfs peuvent être aussi sollicites lors de l'abord coelioscopique (nerfs crural, obturateur, musculo cutané). La lésion du cartilage pibien par suture ou agrafage nécessite souvent l'ablation du matériel. La douleur testiculaire est différente de la douleur inguinale, mais elle peut être associée. Les troubles sexuels (éjaculation douloureuse, douleurs pariétales lors des rapports) peuvent être très invalidants. Le mode de survenue peut orienter le diagnostic (douleur exquise a la pression localisée pour le névrome).Le plus souvent, il est très difficile de distinguer la douleur nociceptive et la douleur neuropathique, parfois associées. Le retentissement physique, psychologique et social peut être majeur et considère comme invalidant (au moins 10 à 20% des cas).Il s'agit de douleurs sévères lors des mouvements (2 à 4% ont une EVA supérieure à 7), altérant l'activité quotidienne (professionnelle, personnelle et sportive). Le diagnostic différentiel doit toujours être recherche en pré opératoire, surtout s'il existe une douleur dépassant la gêne habituelle: cruralgie d'origine vertébrale, pubalgie, coxarthrose, colopathie. L'indication opératoire ne doit donc pas être banalisée. La prévention passe par une prise en charge adaptée s'il existe une douleur aigue post opératoire précoce. COMMENT EVALUER LA DOULEUR CHRONIQUE ? Christophe BARRAT Depuis l’utilisation des prothèses en chirurgie herniaire, le taux de récidive ayant baissé de manière spectaculaire, le problème principal après cure de hernie de l’aine, est celui de la douleur chronique. Elle est évaluée entre 1 et 53 % en fonction des séries. Dans le registre suédois, le taux de ré intervention pour douleur chronique à trois ans est compris entre 0 et 0,6%. La douleur devient chronique après une cure de hernie de l’aine si elle persiste plus de trois mois après l’intervention selon la définition retenue par la société internationale de recherche sur la douleur. Cette durée peut être portée à six mois du fait des phénomènes inflammatoires qui sont générés par la prothèse pendant cette période. Il est bien sûr nécessaire avant d’envisager le diagnostic de douleur chronique après cure de hernie de l’aine, d’éliminer les autres causes de douleur et en particulier l’existence d’une récidive herniaire. Dans le cadre de l’évaluation de ces douleurs chroniques, il est nécessaire de rechercher des facteurs de risques qui sont liés au patient ou à la technique chirurgicale. Le but de cette évaluation va être d’apprécier l’importance de la douleur chronique, d’évaluer son retentissement sur la qualité de vie, d’apprécier ses composantes neuropathiques et nociseptives, d’adapter le traitement antalgique, d’envisager éventuellement un traitement chirurgical mais aussi de comparer les techniques chirurgicales et d’évaluer les différents types de prothèse et de fixation. Les outils à disposition sont de trois types : - des questionnaires généraux, - des questionnaires spécifiques sur la douleur - des questionnaires spécifiques sur la douleur en chirurgie pariétale. Par ailleurs, l’évaluation la plus simple est celle qui se base sur une échelle visuelle analogique. La difficulté qu’il existe à l’utilisation des questionnaires est qu’un certain nombre a été développé dans des pays anglo-saxons ou dans des pays scandinaves et qu’il n’existe pas forcément de traduction en français. Par ailleurs des droits peuvent être liés à l’utilisation de ces différents questionnaires, ce qui en limite leur généralisation. En conclusion, il apparaît nécessaire et souhaitable d’évaluer les douleurs chroniques après cure de hernie car il s’agit du problème principal actuel dans ce type de chirurgie. Le mieux, afin de réaliser cette évaluation est d’utiliser un questionnaire général de qualité de vie et un questionnaire spécifique sur la douleur. QUELLE EST LA PLACE D’EVENTUELS EXAMENS COMPLEMENTAIRES ? Matthieu BECK La douleur séquellaire chronique après chirurgie de la hernie de l'aine est fréquente, avec une incidence comprise entre 5 % et 20 % des cas, et peut poser de difficiles problèmes thérapeutiques. Il est logique qu'après un interrogatoire et un examen clinique minutieux, on soit tenté de recourir à des examens complémentaires avant de décider s'il faut ou non intervenir, et, le cas échéant, quelle intervention choisir. Le but de ce travail est de définir l'apport des examens radiologiques (radiographie simple, échographie, tomodensitométrie, et IRM) dans le choix thérapeutique. Radiographie simple Elle ne peut donner des informations qu'en cas d'utilisation d'agrafes métalliques. Un repère métallique est placé sur la peau en regard du point douloureux. La radiographie montre si le repère se superpose avec une agrafe, auquel cas celle-ci peut être enlevée de façon élective. Des cas de disparition de la douleur après ce traitement ont été rapportés. Il semble toutefois d’après la plupart des publications que ce traitement est insuffisant et qu’il est recommandé de se tourner vers des gestes plus complets (1,2). Exceptionnellement, cet examen permet de mettre en évidence une ostéite, au niveau d'un point d'ancrage par exemple, sur la branche ilio-pubienne ou la symphyse. Échographie inguinale On imagine facilement que l'échographie puisse montrer des remaniements postopératoires. En fait, ce que l'on attend le plus souvent de cet examen, c'est de mettre en évidence une hernie occulte, et dans le cas particulier de notre sujet, une récidive cliniquement non palpable. Bien que de rares travaux fassent de l'échographie l'examen de référence dans le diagnostic des hernies de l'aine (3), la plupart montrent les limites de la fiabilité de cet examen avec une sensibilité correcte mais une spécificité très médiocre. La métaanalyse de Robinson (4) est très éloquente à ce sujet. Ses conclusions rejoignent celles du « club hernie », présentées au congrès MESH 2013 (5) : le diagnostic de hernie doit rester clinique. On voit donc mal comment l'échographie, déjà peu performante dans des tissus vierges, pourrait être un examen de référence dans des tissus remaniés par une précédente intervention. IRM On pouvait attendre un apport important de l'IRM (6) dans ces situations de douleurs postopératoires chroniques. Dans la littérature, on retrouve une seule étude spécifique répondant bien au problème posé. Le travail de Aasvang (7) compare les aspects postopératoires d'une aine non douloureuse à ceux d'une aine siège de douleurs chroniques. Non seulement qu'il est impossible d'identifier des signes spécifiques liés à la douleur, mais encore il n'y a pas de concordance entre les interprétations de deux radiologues différents. La conclusion de cette étude ne va pas en faveur d'un quelconque intérêt de l'IRM dans cette pathologie. En revanche, comme le scanner, l’IRM permettrait d’éliminer une autre cause de douleurs chroniques telle une tumeur nerveuse (6). Tomodensitométrie Pas plus que l'IRM, le scanner ne montre des lésions spécifiques de douleurs chroniques. Il a au moins le mérite d'être plus facile d'accès pour la plupart des équipes et de montrer une fibrose péri-prothétique (8), et ses rapports avec les viscères, lorsqu'une prothèse a été placée en rétro péritonéal, ou lorsque qu'elle comprend une composante rétro péritonéale. Conclusion L'évaluation de la douleur postopératoire chronique après chirurgie herniaire est difficile et il paraît tentant de s'appuyer sur des examens complémentaires pour décider du choix thérapeutique. En fait, l'intérêt des examens radiologiques apparait modeste. La radiographie simple peut éventuellement montrer une agrafe non résorbable correspondant à un point douloureux électif. La tomodensitométrie montre une fibrose péri-prothètique et précise les rapports entre une prothèse profonde et les viscères. On pourrait attendre de l'échographie qu'elle fournisse un argument en faveur d'une récidive occulte, mais la fiabilité de cet examen est trop limitée. Enfin, il n'y a pas de lésions spécifiques des douleurs chroniques visibles à l'IRM. L'évaluation de la douleur chronique après chirurgie herniaire est donc avant tout clinique. Références 1. Martin F Bjurstrom, Andrea L Nicol, Parviz K Amid, and David C Chen Pain control following inguinal herniorrhaphy: current perspectives. J Pain Res. 2014; 7: 277–290. 2. Alfieri S, Amid PK, Campanelli G, et al. International guidelines for prevention and management of post-operative chronic pain following inguinal hernia surgery. Hernia. 2011;15:239–249. 3. Bradley M, Morgan D, Pentlow B, Roe A. The groin hernia – an ultrasound diagnosis? Ann R Coll Surg Engl. 2003; 85:178–180. 4. Robinson A, Light D, Nice C. 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Jean-François GILLION Définition : douleurs chroniques > 3-6M1,2 Incidence : dépend des critères retenus 3 Intensité / impact on QOL : affectant activités courantes = 0,5-6%4 Facteurs de risque Liés au patient 2 Patient jeune 5,6,7,8 Sexe féminin 5,6,7,8 Hernie récidivée 6 Douleurs pré-op > simple gêne 5,6,7 Réduction pré-op des activités courantes 9 Tempérament non optimiste 10 Réponse élevée aux tests nociceptifs (chaleur) 9 Prédisposition génétique (DQB/*03:02 HLA) 11 Liés à la technique 2 Opérateur peu expérimenté ou centre non expert 6 Technique open 6,8,12,13 Heavy-weight mesh (open)14 (lap)15 Fixation: (suture open)16 (Agrafes lap)17 Lichtenstein + neurolyse du nerf Ilio-inguinal18 Complications post-op 8 Douleur post-op intense 6 Dysesthésies locales 7,9,18 Classés par Niveaux de preuve 19 EHS Guidelines (2009) Risque: Rraphie / Prothèse (1B) Open / laparoscopie (1B) Patient jeune (2A) Femmes (2B) Présence de douleurs pré-op (2B) Douleurs post-op sévères (2B) Mécanismes en cause Lésions directes des nerfs Dissection Fixation Conflit prothèse / nerfs / tissus Meshoma et shrinkage Incorporation du nerf dans la sclérose Tractions sur le nerf / réaction fibreuse Conflit prothèse / nerfs / tissus Même sans meshoma ni shrinkage Inclusion dans la fibrose hypertrophique péri-prothétique Démyélinisation au contact de la prothèse21 Dévascularisation du déférent Lésion directe du déférent: Même sans meshoma ni shrinkage (ici après Shouldice) => Douleurs testis Et pas scrotales Comme lésion BGGF Récidives infra cliniques Récidives non encore palpables22,23,24 Ou interstitielles sous la prothèse25 (tuméfaction 0, douleurs +) Fausses douleurs post-op chroniques A. Persistance de douleurs préopératoires Pseudo-herniaires Associées ou non à une authentique hernie Risquent fort de persister après la cure de la hernie B. D’apparition secondaire Généralement après un intervalle libre / cure de hernie Comme une douleur de récidive Éliminer récidive débutante (revoir le patient après 3 à 6 mois) Rechercher dysesthésies Rechercher autres causes: Causes extra-herniaires (hanche, …) Endométriome Causes extra-herniaires (rachis +++, …) SD de Maigne (DIM) Dérangement Intervertébral Mineur D12/L1 (Apophyses articulaires) Branche antérieure Causes extra-herniaires (rachis +++, …) SD de Maigne (DIM) Dérangement Intervertébral Mineur D12/L1 Mesures Préventives • Risques liés au patient • Risques liés à la technique • Comment prévenir les risques ? Liés au patient Patient jeune 5,6,7,8 Sexe féminin 5,6,7,8 Hernie récidivée 6 Douleurs pré-op > simple gêne 5,6,7 Réduction pré-op des activités courantes 9 Tempérament non optimiste 10 Réponse élevée aux tests nociceptifs (chaleur) 9 Prédisposition génétique (DQB/*03:02 HLA) 11 Comment prévenir les risques ? Liés au patient Patient jeune 5,6,7,8 Sexe féminin 5,6,7,8 Hernie récidivée 6 Douleurs pré-op > simple gêne 5,6,7 Réduction pré-op des activités courantes 9 Tempérament non optimiste 10 Réponse élevée aux tests nociceptifs (chaleur) 9 Prédisposition génétique (DQB/*03:02 HLA) 11 Si on ne peut pas toujours les prévenir On peut prévenir le patient Et ainsi prévenir les ennuis post-opératoires Toujours rechercher ATCD Lombalgies, sciatalgies, migraines, op précédentes Prévenir le patient qu’il est dans un groupe à risque Tailorisation29 ? : Coelio >> Lichtenstein Surtout si réaction nociceptive forte À un stimulus de chaleur 9,29 à 47° (eau dans tube à essai) En tous cas: Douleurs sans tuméfaction herniaire: méfiance! Éviter ou différer op (Même si écho ‘montre’ des choses; Nbx faux +) cas particulier ‘hernie du sportif’ (multidisciplinaire)39 Douleurs + tuméfaction seules les douleurs liées à la hernie disparaîtront’ Liés à la technique (voie ANT) Prévenir lésions des nerfs Identification des 3 nerfs, réduit le risque de douleur chronique (2B) 4,19,20 Résection prophylactique nerf II ne réduit pas le risque de douleur chronique (2A)19 Préserver nerfs, à défaut les réséquer si abimés 30 Liés à la technique (voie POST) Prévenir lésions des nerfs Pas d’agrafage dans le triangle of pain Mieux: pas d’agrafage du tout ! Prévenir lésions des nerfs Respect de la lame de Stoppa 33 Interface entre prothèse et nerfs (BGGF) qui n’ont pas de gaine propre 34,35 Comment prévenir les risques ? Liés à la technique A. Utiliser une prothèse ‘moderne’ Utiliser une prothèse light EHS guidelines 2009 19 Méta-analyse techniques open 14 Méta-analyse techniques coelio 15 Light joue surtout sur sensation de corps étranger Éviter fixation / prothèse autoAuto aggripante 36 Auto fixante 37 Colle 38 B. Améliorer sa technique Améliorer son Licht. Conseils d’Ami(d) Opter pour cure POST Laparoscopie TIPP Conclusions tirées de EBM Identifier les nerfs Identifier les patients à risque Privilégier cures pré-péritonéales Références 1. Aasvang E, Kehlet H (1986) Classification of chronic pain. Descriptions of chronic pain syndromes and definitions of pain terms. Prepared by the International Association for the Study of Pain. Subcommittee on Taxonomy. Pain suppl 3:S1:S226 2. Bjurstrom MF, Nicol A.L, Amid PK, Chen DC. Pain control following inguinal herniorrhaphy: current perspectives. Journal of Pain Research 2014, 4(7): 277-290 3. 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Éric VIEL Centre d'Evaluation et Traitement de la Douleur, Centre Hospitalier Universitaire Caremeau, 30029 Nîmes cedex 9, [email protected] Les douleurs neuropathiques localisées répondent à de multiples étiologies au premier plan desquelles les névralgies post-zostériennes, les douleurs neuropathiques postincisionnelles, les CRPS, certaines neuropathies d’origine toxique (alcool, chimiothérapies anti-cancéreuses…), les douleurs post-amputation (douleurs fantômes et douleurs de moignon)…etc. Les douleurs chroniques post-chirurgicales et post-traumatiques représentent un motif de recours fréquent aux consultations et centres d’évaluation et de traitement de la douleur (CETD). Dans le contexte bien particulier de la chirurgie de l'aine, il peut être difficile de différencier s'il s'agit de la persistance d'un syndrome douloureux ancien ou de l'émergence d'une nouvelle douleur. Quatre critères sont proposés pour définir une douleur chronique postchirurgicale : a)la douleur est apparue après une intervention chirurgicale ; b)la douleur évolue depuis au moins deux mois ; c)les autres causes de douleur ont été éliminées, notamment une cause infectieuse postopératoire, une complication chirurgicale identifiable de l'acte opératoire ou une évolution de la pathologie initiale; d) la douleur n'est pas une simple persistance de la douleur qui avait initialement amené le malade à l'intervention chirurgicale. Dans ce contexte particulier de la chirurgie de l'aine, il n'est pas rare de recevoir en CETD, des patients portant des douleurs depuis plusieurs années après l'intervention. Niraj et Rowbotham évoquent une incidence de 5% à 35% après cure de hernie inguinale. Pour Kehlet, chirurgien viscéral danois internationalement connu pour ses travaux sur la réhabilitation et les douleurs chroniques postchirurgicales DCPC, l’incidence globale toutes chirurgies confondues varie de 10% à 50%, dont 2% à 10% sont qualifiées de sévères. La chirurgie du sein, la chirurgie thoracique, la cure de hernie inguinale et les amputations de membres sont les pourvoyeuses les plus connues, mais aucun type de chirurgie n’échappe à cette complication potentielle. L’ASA (American Society of Anesthesiologists) recommande d’informer systématiquement les opérés (en consultation de chirurgie et/ou d’anesthésie) du risque de DCPC. La pérennisation de douleurs après une intervention chirurgicale peut avoir des conséquences fonctionnelles délétères et retentir sur la vie des patients de manière importante. Elle ne signe pas une erreur ou une faute chirurgicale. Pour autant, la prévention reste l'affaire du chirurgien comme de l'anesthésiste. Le développement des consultations et centres de la douleur a agi comme un révélateur de ces pathologies longtemps ignorées et qui n'ont que peu suscité la réalisation d'études prospectives. Des incidences aussi élevées que celles rapportées après herniorraphie inguinale interpelle cependant et donne à ce problème l'ampleur d'un véritable problème de santé publique. La plupart des ouvrages de référence, chirurgicaux ou consacrés à la douleur, n'accordent aucune place aux syndromes douloureux chroniques post-chirurgicaux et l'on a vu plus souvent reprocher au patient ces douleurs pour lesquelles le chirurgien se trouve souvent démuni. Des pistes de réflexion se dessinent au fil d'une meilleure identification de ces douleurs et notamment le fait que les patients porteurs de pathologies douloureuses chroniques (migraines, colites, phénomène de Raynaud…) constitueraient un groupe à risque de chronicisation des douleurs postopératoires, témoignant d'une part importante des phénomènes de plasticité neurologique centrale. S'y ajoutent probablement des facteurs psychiques, ethniques, sociaux et culturels mal connus et peu étudiés jusqu'à présent, qui doivent impérativement être pris en compte dans toute étude visant à définir des moyens de prévention. Il faut donc sortir d'une culture où toute manifestation morbide postopératoire est perçue comme une faute du chirurgien, voire du malade… pour accepter que la douleur chronicisée puisse être un effet adverse de certaines chirurgies. Ceci constituerait probablement un bon point de départ pour la mise en place de traitements curatifs et surtout préventifs de cette morbidité spécifique. Au plan thérapeutique, ces douleurs après chirurgie de l'aine relèvent de traitements médicamenteux, en dehors de l'exceptionnel névrome qui pourrait relever d'une ré-intervention chirurgicale qui ne peut cependant garantir un effet analgésique significatif. L'expertise des CETD peut alors s'avérer déterminante pour leur prise en charge. Les recommandations actuelles (européennes, nord-américaines) comprennent pour l’essentiel des thérapeutiques systémiques (anti-comitiaux, antidépresseurs de type IRSNA…, certains opiacés et, horsAMM, les emplâtres de lidocaïne. Plus récemment, des patches de capsaïcine haute concentration (8%) ont été mis sur le marché dans l’indication très large des douleurs neuropathiques localisées et leur utilisation reste réservée aux CETD, dans le cadre d'une hospitalisation de jour. La capsaïcine, extraite du piment capsicum annum, autrefois utilisée avec une efficacité faible et inconstante dans des préparations faiblement concentrées, est un agoniste des récepteurs TRPV1 (transient receptor vanilloid 1, portés par les fibres Aδ et C. L’exposition prolongée de ces récepteurs à la capsaïcine conduit à leur dé-fonctionnalisation réversible et rend compte de l’effet antalgique de cet agent, qui résulte donc de la réduction de la densité des fibres concernées au niveau de l’épiderme. Les travaux publiés rendent compte de l’efficacité de ces patches dans de nombreuses indications. Les effets adverses possibles, locaux et transitoires, associent sensation de brûlures et érythème. Il n’y a pas d’effets collatéraux sytémiques, la fraction du produit actif résorbée par voie plasmatique étant très faible (> 2%). Il s’agit donc du TRAITEMENT LOCAL de DOULEURS LOCALISEES dont l’efficacité et la bonne tolérance doivent inciter à définir une place plus précoce dans les recommandations thérapeutiques à venir. Pour approfondir le sujet : quelques données bibliographiques 1. Kehlet H et al. Persistent post-surgical pain: risk factors and prevention. Lancet 2006 ; 367 : 1618-25 2. Backonja M et al. Lancet Neurol 2008; 7:1106-12 3. Simpson DM et al. Neurology 2008 ; 70 :2305-13 4. McCormack Drugs 2010; 70:1831-42 5. Aasvang EKet al. Predictive risk factors for for persistent postherniotomy pain. Anesthesiology 2010; 112: 957-69. 6. Kennedy WR et al. J Pain 2010 ; 11 :579-87 7. Niraj G, Rowbotham DJ. Persistent postoperative pain: where are we now? Br J Anaesth 2011; 107: 25-9 8. Lavand’homme P. The progression from acute to chronic pain. Curr Op Anesthesiol 2011; 24: 545-50 9. Armstrong EP et al. Curr Med Res Opin 2011; 27:939-50 10. Viel E et al. Douleurs 2012 (nov.), poster T048 11. Vranken JH. Cent Nerv Syst Agents Med Chem 2012 ; 12 :304-14 TRAITEMENT CHIRURGICAL Jean-Luc BOUILLOT Hôpital Ambroise Paré, Boulogne 92100. [email protected] Au cours des 20 dernières années, des progrès considérables ont été accomplis dans la prise en charge chirurgicale des hernies de l’aine. Les modalités de l’hospitalisation se sont modifiées avec généralisation de la prise en charge chirurgicale ambulatoire, la gestion anesthésique s’est améliorée grâce à la pratique d’anesthésies locorégionales, les techniques chirurgicales se sont radicalement transformées. Le progrès le plus important est sans conteste l’usage extensif de prothèse pariétale pour le traitement de pratiquement toutes les hernies de l’aine chez l’adulte, comme cela est préconisé dans les recommandations européennes [1]. L’insertion d’une prothèse de renfort pariétal, que ce soit par abord laparoscopique (TAPP ou TEP), ou par abord inguinal, avec prothèse superficielle type Lichtenstein ou prothèse profonde (TIPP, méthode préconisée depuis fort longtemps par Rives et ses élèves et qui a notre préférence), a permis de réduire le taux de récidive après cure de hernie de 10-15% à moins de 2% actuellement [2]. De fait, la préoccupation principale des chirurgiens s’intéressant à la chirurgie herniaire n’est plus de réduire encore le taux de récidive, mais plutôt de proposer aux patients une technique sûre et sans séquelle sur le long terme. La principale séquelle à distance d’une cure de hernie est l’existence et la persistance d’une douleur post-opératoire invalidante qui dans les différentes séries rapportées dans la littérature peut toucher près d’un patient sur deux. On parle de douleur résiduelle lorsque ces douleurs persistent 3 à 6 mois après l’acte chirurgical (excluant ainsi les douleurs souvent rapportées par les patients dans les suites opératoires immédiates de la chirurgie et accessibles à un traitement antalgique banal). La symptomatologie de ces douleurs est très large et variée : engourdissement de la région inguinale, sensation de brulure, hypersesthésie, inconfort notamment aux changements de position, douleur testiculaire, douleur lors des rapports sexuels... [3]. L’origine de ces douleurs est variable : Certaines sont liées au dommage tissulaire, à la réaction inflammatoire et à la cicatrisation post-opératoire, d’autres dites neuropathiques sont secondaires à une plaie d’un nerf ou de ses branches lors de l’intervention ou à leur irritation par un granulome cicatriciel au contact d’un fil, de la prothèse ou de ses moyens de fixation. Il n’y a pas de réel consensus dans la littérature quant à l’origine exacte de ces douleurs. La majorité des auteurs pense que la blessure des nerfs de la région inguinale est la cause essentielle de ces douleurs, mais la différenciation entre douleur nociceptive et douleur neuropathique n’est pas facile à faire en pratique quotidienne, car il n’y a pas de méthode diagnostique reproductible pour les différencier [4]. La prise en charge de ces patients reste toujours discutée, car aucun consensus n’existe sur les traitements à proposer. Chacun cependant s’accorde pour proposer une prise en charge multidisciplinaire associant le chirurgien, les équipes spécialisées de prise en charge de la douleur, des psychothérapeutes..... [1] Le traitement fait appel aux antalgiques, aux anti-inflammatories, aux infiltrations anesthésiques et corticoïdes, aux stimulations électriques.....Dans quelques cas, l’échec de cette prise en charge peut conduire à proposer un geste chirurgical pour soulager les patients. Indications La chirurgie pour douleurs post-herniorraphie ne s’adresse qu’aux quelques patients très handicapés par ces séquelles douloureuses persistant plus de 6 mois après la chirurgie et manifestement secondaires à celui-ci (il convient d’être très prudent si ces douleurs existaient déjà avant la chirurgie, laquelle n’était sans doute pas une bonne indication). Cette réintervention ne se conçoit qu’après large évaluation multidisciplinaire et échec des traitements non invasifs. Le patient doit être informé des risques de complication (notamment ischémie testiculaire avec un risque de 2 à 5%), et du caractère aléatoire des résultats. Quelques équipes proposent un test thérapeutique avant de réintervenir chirurgicalement. Et il n’est proposé de chirurgie qu’aux patients chez qui les infiltrations anesthésiques sur le trajet des nerfs ont montré une bonne efficacité sur la résolution de la douleur [5,6]. Le chirurgien doit s’enquérir de l’histoire clinique du patient, de son état pré-chirurgical, de la technique utilisée par le chirurgien (disposer du CRO), notamment de la prothèse utilisée et de ses éventuels moyens de fixation. La place des explorations complémentaires dans le diagnostic et la prise en charge n’est pas clairement établie [4] S’il convient de ne pas se précipiter pour réopérer ces patients douloureux, à l’inverse, il ne faut pas retarder la prise en charge médicale, car la probabilité de succès de cette prise en charge dépend du délai de prise en charge de ces patients (il ne faut pas laisser les patients s’installer dans la douleur chronique qui devient alors difficile à faire disparaître). Technique : Compte tenu des doutes quant à l’origine des douleurs post chirurgie herniaire, les techniques chirurgicales sont très variables. Deux gestes essentiels sont réalisés: Neurolyse et/ou résection nerveuse et ablation de la prothèse. La voie d’abord préconisée par la majorité des équipes est l’abord incisionnel, même si 2 études ont rapporté des succès par approche laparoscopique [6]. Le premier temps de l’intervention est exploratoire : Libération du cordon qui est parfois comprimé, trop serré dans l’orifice inguinal profond, vérification de l’absence de récidive herniaire qui aurait pu passer inaperçue à l’examen clinique, repérage des 3 nerfs et vérification de leur intégrité, ablation de l’ensemble des corps étrangers (moyens de fixation de la prothèse, fils, tackers). La prothèse est ensuite retirée, facilement s’il s’agit d’une prothèse superficielle type Lichtenstein, beaucoup plus difficilement s’il s’agit d’une prothèse placée dans l’espace sous péritonéal (mais faut-il alors la retirer ?). Le risque est de blesser non seulement le cordon spermatique, mais aussi les vaisseaux iliaques et il ne faut pas hésiter à laisser en place un fragment de prothèse s’il est adhérent à la lame prévasculaire. Lorsque l’exploration a montré un nerf au sein d’une zone inflammatoire ou strangulé par un fil ou la prothèse, certains se contentent d’une simple neurolyse. Peut-être vaut-il mieux dans cette situation proposer la résection de ce seul nerf. Dans ce cas, il faut réaliser une résection de tout le trajet du nerf depuis son émergence entre les muscles obliques jusqu’à sa terminaison, en liant l’extrémité proximale et en enfouissant celle-ci au sein de la paroi musculaire. La majorité des équipes cependant propose de principe la résection des 3 nerfs de la région : ilio-hypogastrique, ilio-inguinal et branche génitale du génito-fémoral [7] Mais ceci ne permet pas de traiter l’ensemble des douleurs, notamment lorsque la prothèse a été placée dans l’espace sous péritonéal par voie inguinale ou par voie laparoscopique avec possible irritation du tronc du nerf génito-fémoral. Il a pu être ainsi proposé la résection du tronc de ce nerf en regard du muscle psoas. Les effets secondaires de cette résection sont semble-t-il limités : hypoesthésie du scrotum et disparition du réflexe crémastérien [8] Faut-il ensuite replacer une nouvelle prothèse ? La littérature ne permet pas de trancher. Si la paroi paraît solide, il est tentant de ne pas réinsérer de corps étranger pour se mettre à l’abri de tout risque futur de meshome. Lorsque la prothèse responsable des douleurs était un plug, il est alors souhaitable d’insérer une nouvelle prothèse plane superficielle, souple placée sous l’oblique externe. Superficielle. La non réinsertion de prothèse expose au risque de récidive herniaire chiffré dans cette situation dans la littérature à moins de 5%. Résultats Le résultat de ces résections nerveuses est difficile à établir compte tenu du nombre limité de publications sur le sujet avec un nombre de patients restreints dans la plupart de ces séries et surtout avec un caractère très disparate de ces travaux [6]. Disparité dans l’échelle des douleurs pré et post-opératoires, disparité dans le geste effectué (résection nerveuse limitée ou extensive aux 3 nerfs, ablation ou non de la prothèse), disparité dans la qualité du suivi et de la durée de celui-ci avec peu d’études à long terme (et on sait que des douleurs neuropathiques liées à une résection nerveuse peuvent apparaître très à distance de l’acte chirurgical). Dans la série de Campanelli rapportant 46 patients traités par abord inguinal et exploration de l’ensemble de la région pré et rétrofasciale, section des 3 nerfs et ablation de tout matériel prothétique, il est fait état de disparition de toute symptomatologie douloureuse chez 87% des patients. La raison pour laquelle cette stratégie n’a pas été efficace chez 13% des patients n’est pas clairement établie, et les auteurs recommandent qu’à l’avenir on puisse définir des critères (notamment psychologiques) permettant de sélectionner les patients chez qui on peut espérer une disparition des douleurs avec cette approche chirurgicale [9] Dans l’expérience d’Amid portant sur 225 patients réopérés après 219 interventions par voie inguinale et 6 par voie laparoscopique, 180 patients ont vu leur douleur disparaître après triple neurectomie, 34 ont été améliorés et 11 n’ont eu aucune amélioration au décours de la réintervention [7]. Aussi, tous les auteurs insistent sur la nécessité d’une large étude multicentrique pour comprendre le mécanisme de ces douleurs et tenter de déterminer le profil des patients susceptibles de bénéficier d’une réintervention chirurgicale pour douleur post-herniorraphie. Le meilleur traitement de ce lourd handicap reste préventif: Bonne indication chirurgicale (n’opérer que des patients chez qui le diagnostic de hernie ne fait pas de doute et être très réticent chez les patients se plaignant de douleur inguinale sans véritable hernie clinique), Bonne technique chirurgicale en privilégiant les prothèses souples et légères, en identifiant en cas d’abord inguinal les nerfs de la région et en privilégiant l’approche laparoscopique et la mise en place de prothèse dans l’espace prépéritonéal [10] Références 1: M. P. Simons, T Aufenacker, M Bay-Nielsen, J. L. Bouillot, G. Campanelli, JD de Lange, R. Fortelny, T. Heikkinen, A. Kingsnorth, J Kukleta, S. Morales-Conde, P. Nordin, V. Schumpelick, S. Smedberg, M. Smietanski, G. Weber, M. Miserez European Hernia Society guidelines on the treatment of inguinal hernia in adult patients . Hernia 2009; 13:343-403 2 : Bouillot JL, Alexandre JH. Traitement des hernies de l'aine. Intérêt de la mise en place par voie inguinale d'un tulle de Dacron non fendu avec pariétalisation des éléments du cordon. A propos de 1017 cas. Ann Chir 1996; 50:803-807 3: Courtney CA et al: Outcome of patients with severe chronic pain following hernia repair. Br J Surg 2002; 89:1310 4: Kehket H et al. Persistent pain after inguinal hernia repair. What do we know and what do we need to know. Hernia 2013; 17:293-297 5: Tokvis A et al: Surgical management of neuroma pain: a prospective follow up study. Pain 2010; 151: 862-69 6: Werner MU. Management of persistent postsurgical inguinal pain. Langenbecks Arch Surg 2014; 399:559-569 7: Amid PK: Causes, prevention and surgical treatment of posthernioraraphy inguinodynia: triple neurectomy with proximal end implantation. Hernia 2004; 8:343-49 8: Amid PK, Chen DC. Surgical treatment of chronic groin and testicular pain after laparoscopic and open preperitoneal inguinal hernia repair. J Am Coll Surg 2011; 213:531-6 9: Campanelli G et al. Surgical treatment of chronic pain after inguinal hernia repair. Hernia 2013; 17:347-353 10: Alfieri S et al. International guidelines for prevention and management of postoperative chronic pain following inguinal hernia surgery. Hernia 2011; 15:239-249 NOTES NOTES NOTES
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