La Ve République : institutions et vie politique

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La Ve République : institutions et vie politique
corrigé bac 2012
Examen : Bac S
Epreuve : Histoire
France-examen.com
RAPPEL DU SUJET
SUJET 2 : COMPOSITION
LA Ve REPUBLIQUE : INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE
LE CORRIGÉ
I. ANALYSE DU SUJET
Le sujet est issu de la 3e partie du programme, intitulée "La France de la Ve République (= depuis 1958)". Il porte sur le
chapitre d’histoire politique de notre pays, et non sur celui consacré à l’économie, la société et la culture.
On pouvait l’anticiper, en cette année d’élections présidentielles et législatives.
La difficulté tient plutôt à son ampleur et son ambition puisqu’il semble couvrir l’intégralité du chapitre, sans réduire
l’étude au président de la République, par exemple. Il va donc falloir faire des choix pour pouvoir le traiter dans le temps
imparti (vous ne pouvez pas y consacrer plus de 3h).
D’où l’intérêt, encore et toujours de problématiser, sans réciter par cœur les œuvres successives de chaque chef de
l’Etat de 1958 à nos jours. Il faut certes avoir des connaissances mais aussi révéler l’intérêt du sujet.
Ici deux termes sont à analyser :
-
"institutions" : il s’agit des règles du jeu politique, qui sont inscrites dans le texte de la Constitution de 1958 (c’est
la "théorie") ;
-
"vie politique" : il s’agit ici de la réalité effective de la politique en France (c’est la "pratique").
Faire une partie sur la Constitution et une autre sur l’action des différents Présidents et gouvernements conduirait à un
plan déséquilibré. Mais surtout, cela oublierait l’essentiel : mettre en relation les 2 termes du sujet, les institutions et leur
mise en pratique.
Optez donc plutôt pour un plan chronologique, qui répondrait à une problématique telle que : "En quoi la vie politique
française depuis 1958 s’est-elle révélée conforme aux institutions voulues et mises en place par de Gaulle ?". En effet,
le général occupe forcément une place un peu particulière puisqu’il est à la fois le fondateur et le 1er Président de la Ve
République.
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II. LES CONNAISSANCES ESSENTIELLES
Une fois que vous avez bien réfléchi au sujet, vous pouvez envisager un plan chronologique comme le suivant :
1. 1958-1974 : une vie politique conforme à l’esprit des institutions de la Ve République
1.1 La Constitution de 1958 rompt avec la logique de la IVe République (renforcement du pouvoir exécutif, notamment
du Président, chef des armées, de la diplomatie, qui nomme et peut révoquer le 1 er ministre, sans oublier ses 3 armes
essentielles : droit de dissolution de l’Assemblée nationale, utilisation du référendum, art.16 lui offrant des pleins
pouvoirs temporaires et en cas de crise).
1.2 De Gaulle (1958-1969) se montre très à l’aise dans ce costume sur mesure de "monarque républicain" (diplomatie
ambitieuse, dissolutions réussies de 1962 et 1968, art.16 pendant la guerre d’Algérie), d’autant plus qu’il le renforce
(pour ses successeurs) de l’élection au suffrage universel direct par la révision constitutionnelle de 1962.
1.3
Pompidou (1969-1974) se montre avant tout l’héritier de la pratique gaullienne des institutions (utilisation du
référendum, révocation de son 1 er ministre Chaban-Delmas qui lui faisait un peu d’ombre, fixation des grandes
orientations du pays comme l’ "impératif industriel").
2. 1974-1995 : sous les présidences non gaullistes, la vie politique change et la pratique des institutions
aussi
2.1 VGE (1974-1981), qui avait critiqué l’ "exercice solitaire du pouvoir" de De Gaulle, entend moderniser et rajeunir la
pratique des institutions (descente à pied des Champs-Elysées, photo officielle, petits déjeuners chez les Français, les
éboueurs invités à l’Elysée etc.) mais veut continuer à être le chef de l’exécutif. D’où le 1er conflit ouvert de l’histoire de
la Ve avec son 1er ministre Jacques Chirac. Il fixe les grands axes : adapter la France à l’évolution des mentalités
(majorité à 18 ans, lois sur l’IVG et le divorce), puis lutter contre la crise économique avec la politique d’ "austérité"
menée fidèlement par Raymond Barre.
2.2 Mitterrand (1981-1986), 1 er Président de gauche de la Ve, mène une politique contrastée mais c’est bien lui qui
décide de faire passer des grandes réformes "sociales" en 1981-1982 (abolition de la peine de mort, radios libres, 39h
et 5 e semaine de congés payés, décentralisation, nationalisations) puis d’opérer le "tournant de la rigueur" de 1983,
justifié comme une adaptation inéluctable à la mondialisation.
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2.3 Mitterrand (1986-1995) se montre ensuite nettement moins fidèle à l’esprit des institutions même s’il s’appuie sur
son interprétation de la Constitution de 1958 pour éviter la démission à la suite de la défaite aux législatives de 1986 (il
dit vouloir "assurer la continuité de l’Etat"). Commence alors, avec son 1 er ministre de droite Chirac, une "cohabitation"
inédite et qui n’avait pas été anticipée (et aurait été probablement refusée) par de Gaulle. Mitterrand s’en trouve affaibli
même s’il défend son "domaine réservé" (défense et diplomatie) et finit par être réélu… avec les mêmes
conséquences !
3. 1995-2012 : paradoxalement, deux Présidents se réclamant du gaullisme semblent s’éloigner encore un
peu plus de l’esprit des institutions de 1958
3.1 Chirac (1995-2002) affaiblit largement la fonction présidentielle avec sa dissolution manquée de 1995, qui lui vaut 5
ans de cohabitation avec un 1er ministre socialiste, Jospin, qui dirige largement la politique du pays.
3.2 Chirac (2002-2007), réélu largement dans des circonstances improbables (avec les voix de la gauche face au
candidat de l’extrême-droite Le Pen au 2 e tour) retrouve des accents gaulliens (et de la popularité) en 2003 avec son
refus de la guerre en Irak voulue par les Etats-Unis. Mais le référendum raté sur la constitution européenne en 2005, sur
lequel il s’était personnellement engagé et qui n’entraîne pas sa démission, l’éloignent du modèle (Cf. la démission du
général après le référendum raté de 1969). En outre, le mandat présidentiel est ramené en 2000 à 5 ans (quinquennat)
par une révision de la Constitution de 1958.
3.3 Sarkozy (2007-2012) incarne un paradoxe : une volonté d’ "hyperprésidence", mais des moyens utilisés
(intervention sur tous les sujets, ultramédiatisation, "peopleisation") aboutissant à l’effet inverse… et qui paraissent à
l’opposé des conceptions de De Gaulle, pour qui l’autorité passait par un nécessaire éloignement, le Président devant
se placer "au-dessus des partis" et rassembler les Français.
En conclusion
Après un bref résumé de votre propos, il serait évidemment dommage de ne pas faire une "ouverture" sur l’élection de
François Hollande, dont la campagne et les premiers pas de chef de l’Etat ont voulu répondre aux critères d’une
présidence "normale" et marquer un retour à une pratique des institutions plus classique. Le contexte apparaît
favorable, au vu de la large majorité obtenue par son parti (socialiste) aux législatives des 10 et 17 juin derniers.
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