Sparte et la Bataille des Thermopyles : En quoi la fiction diffère-t

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Sparte et la Bataille des Thermopyles : En quoi la fiction diffère-t
Sparte et la Bataille des Thermopyles
En quoi la fiction diffère-t-elle
des sources historiques
Jean-David Sandoz
AID 3B
Travail de mémoire effectué dans le cadre de la troisième année
de formation d’assistant en information documentaire, 2009.
Jean-David Sandoz
Table des matières
Introduction ........................................................................... 3
La fiction ............................................................................... 5
Sparte et la Grèce .................................................................. 7
Politique ....................................................................................................... 8
La culture de Sparte ..................................................................................... 10
L’éducation .................................................................................................. 11
La bataille des Thermopyles ................................................. 15
Récit général ................................................................................................ 15
Les troupes Perses ....................................................................................... 17
L’effectif Grec ............................................................................................. 19
Pourquoi si peu d’hommes .......................................................................... 21
Pourquoi ce sacrifice. .................................................................................. 22
Conclusion ............................................................................ 26
Bibliographie ........................................................................ 28
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Introduction
« Passant, va dire en Lacédémone qu’ici nous sommes morts pour obéir à ses lois »
Epitaphe en l’honneur des héros de la bataille des Thermopyles
Durant le 4ème siècle avant J.-C. la Grèce se trouve constamment perturbée par ce qu’on
appelle les Guerres Médiques. Alors composé d’une multitude de cités indépendantes et
constamment en querelles, ce pays se voit soudainement menacé par l’empire Perse qui
tentera à deux reprises de l’envahir. Durant les premières Guerres Médiques menées par
Darius Ier, la Grèce sera sauvée principalement par Athènes au cours de la bataille de
Marathon qui voit la défaite de l’armée Perse et le salut de la Grèce. C’est quelques années
plus tard que Xerxès, héritier de Darius Ier, tentera à nouveau d’envahir la Grèce. Il lèvera,
à ce qu’on dit, la plus grande armée jamais vue et fera construire une énorme flotte. Afin
de contrer cette menace, beaucoup des cités grecques s’allient pour combattre l’ennemi.
Cette alliance fut nommée le congrès de Corinthe.
Alors que Xerxès approche, les Grecs, réunis sous le commandement de Sparte et de son
roi Léonidas Ier, mettent en place une ligne de défense située dans le défilé des
Thermopyles. La bataille des Thermopyles constitue le premier affrontement des 2èmes
Guerres Médiques. Elle compte parmi les batailles les plus marquantes de l’histoire par son
héroïsme. C’est dans ce défilé étroit, qu’on appelle la porte d’entrée de la Grèce, qu’une
poignée de Grecs affrontent durant des jours entier l’armée gigantesque de Xerxès. Une
partie de l’armée composée de Spartiates vont même jusqu’à rester sur place alors que la
mort est certaine. Ils périssent dans cet acte de bravoure pour la liberté.
Ce fait d’arme impressionnant inspira nombre d’auteurs contemporains qui, se basant sur
des récits tels que celui d’Hérodote, écrivirent leurs propre vision de cette bataille ainsi que
de ce peuple étonnant qu’étaient les spartiates. Ce pan de l’histoire fut notamment mis sur
planche par un auteur de bande dessinée américain nommé Frank Miller. Montrant une
vision originale de cet évènement, il présenta une vision, certes caricaturale, mais très
représentative du peuple Spartiate et fit passer dans son oeuvre le message qui selon moi
fut celui de ces héros. Son œuvre graphique, intitulée 300, a donné lieu à une adaptation
cinématographique en 2007.
Etant moi-même depuis bien longtemps un admirateur de la bande dessinée d’origine, puis
du film, j’ai voulu connaître avec le plus de précision possible le contexte et les détails
historiques de ce récit, et comprendre la mentalité du peuple spartiate afin de pouvoir les
comparer avec la vision de Frank Miller.
Mais, dans le travail préliminaire à ce mémoire, j’ai découvert qu’il n’existait pas une
version unique des faits historiques de la bataille de Thermopyles mais plusieurs. En effet,
si Hérodote nous en donne un récit très détaillé, d’autres auteurs tels que Plutarque,
apportent quant à eux des éléments qui se trouvent parfois en contradiction avec le récit
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d’Hérodote. Il m’a parut alors utile de comparer ces différents récits afin de tirer une idée
aussi globale que possible de cette bataille.
A partir de là, j’ai trouvé intéressant de juxtaposer la version de Miller à ces différents
tableaux historiques, parfois contradictoires, pour en découvrir les similitudes et les
différences.
Ayant en tête la vision libre de cet auteur, comparer les faits historiques avec l’œuvre de
Miller m’a semblé d’un intérêt supérieur à une simple analyse historique. Effectivement, si
cette fiction ne respecte pas à la lettre les faits historiques, elle se veut avant tout de passer
un message. Je voulais savoir si ce message correspondait bien à l’esprit de cette bataille
dans son contexte historique.
Ainsi, j’aborderai dans ce travail plusieurs aspects historiques, à commencer par une
description de Sparte, chose qui me paraît essentielle afin de bien comprendre comment
une telle bataille fut possible. La suite se concentrera sur la bataille des Thermopyles et sur
les contradictions historiques que l’on trouve chez les auteurs l’ayant rapportée. Tous ces
thèmes seront accompagnés d’une description du film en lien avec les sujets évoqués.
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La fiction
300 est une œuvre créée par Frank Miller en 1998. Elle conte de manière attractive et
artistique les évènements survenus durant la bataille des Thermopyles. Sous forme de
bande dessinée, elle montre le côté dur des spartiates à travers des dessins rudes et violents.
Ecrit et dessiné par Frank Miller, colorié par Lynn Varley, ce livre est clairement une
fiction et n’a pas pour but de reprendre avec exactitude les faits historiques tel qu’on les
connait. L’histoire reprend, avec comme personnage principal Léonidas, la bataille depuis
l’arrivée d’un ambassadeur perse à Sparte, proposant à Léonidas de se rendre, jusqu’à la
mort des 300 courageux spartiates dans les Thermopyles.
Tout commence donc à Sparte lorsqu’un émissaire grec arrive. Léonidas, lui demandant ce
qu’il veut, l’émissaire répondra que le grand roi Xerxès exige sa soumission, en échange de
quoi Léonidas pourra rester roi de Sparte. Il n’aura de compte à rendre qu’à Xerxès luimême. Léonidas, fou de rage à cette idée, tue le messager.
Léonidas s’en va demander l’avis des Ephores qu’il qualifie de « résidus des temps
anciens ». Ceux-ci lui interdisent de partir en guerre, la fête de la Carneia ayant lieu à cette
période, Sparte ne peut pas partir en guerre. Léonidas, sous le conseil de Gorgo sa femme,
ne se fiera pas à cet ordre et partira avec sa garde personnelle composée de 300 guerriers
laissant le gros de l’armée à Sparte. Croisant les Athéniens en route, ceux-ci sont effrayés
en voyant le petit nombre de soldats que Sparte engage.
C’est en arrivant aux Portes Chaudes que les grecs se placent dans le défilé et qu’Ephialtès
rencontre Léonidas, lui proposant de combattre dans son armée pour racheter l’honneur de
ses parents. Léonidas refuse à cause d’un handicap limitant ses mouvements. Celui-ci s’en
va, maudissant Léonidas.
Xerxès lance une partie de son armée qui se fracasse sur les boucliers des spartiates. Le
reste de l’armée grecque, hormis les 300, est postée sur le sentier permettant de contourner
le défilé. Durant plusieurs jours, les forces perses ne parviennent pas à venir à bout des
hoplites1. Alors intervient Ephialtès qui, en échange de fortunes, terres et pouvoir, indique
à Xerxès le chemin pour contourner les lignes infranchissables qu’occupe Léonidas. Ainsi
menacées, les forces grecques se replient, seul Léonidas et ses 300 restent sur place, pour
la gloire et l’honneur. « Spartiate, déjeunez de bon cœur, ce soir, nous mangeons en
1
Les Hoplites sont le nom donné aux soldats grecs.
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enfer » s’écrie-t-il en apprenant la nouvelle. C’est ainsi que, faisant mine de se rendre,
Léonidas tira sa lance sur Xerxès qui s’était approché afin d’assister à sa victoire. Celui-ci
atteint au visage, Léonidas montre que même Xerxès, autoproclamé dieu, peut saigner.
C’est sous les traits des flèches ennemies que les 300 valeureux meurent avec bravoure.2
Une adaptation cinématographique de cette œuvre a été faite en 2007. Réalisé par Zack
Snyder, ce film de deux heures reprend avec beaucoup de fidélité le scénario de la bande
dessinée, y ajoutant toutefois certains éléments telle que des complots politiques à Sparte
ainsi que quelques créatures fantaisistes absentes de la bande dessinée. C’est surtout ce
film, plus poussé que l’œuvre de base, que je vais utiliser par la suite.3
Frank Miller, l’auteur principal de cette œuvre, né en 1957, a écrit principalement dans le
milieu des comics book américains. Scénariste et dessinateur, ses œuvres sont souvent
d’une violence étonnante mais toujours accompagnées d’un scénario intéressant.
Admirateur de cette bataille pour son héroïsme et intrigué par la société spartiate, il créera
cette histoire qui deviendra une de ses œuvres les plus connues.
Frank Miller écrit parmi les plus grands titres de la bande dessinée américaine dont Sin
City, Daredevil l’homme sans peur, Batman Dark Knight et collaborera avec les plus
grands noms tels qu’Alan Moore dans Spawn ou Warren Ellis dans Machine man. Ses
dessins, peu conventionnels, changent tout le temps de style mais restent propres à lui. Il a
récemment commencé sa carrière de réalisateur de cinéma4, rendant sa participation à
l’adaptation de 300 très active.
Cette vision de la bataille des Thermopyles me paraît particulièrement riche. Tout d’abord,
l’auteur ne cherche pas à respecter à la lettre les faits historiques mais présente sa propre
vision de comment cela aurait pu se passer, apportant à cette fiction une vision
relativement libre. En me penchant plus attentivement sur l’histoire, je me suis rendu
compte que ce récit n’était pas si différent de ce qui se trouve relaté dans nos sources
historiques, mais relativement proche des récits d’époque (Hérodote). L’univers y est très
riche et très libre par rapport aux descriptions de la Grèce antique mais l’histoire en ellemême présente bien des similitudes avec les faits historiques. De plus, une œuvre
graphique donne encore un intérêt artistique à l’œuvre. Effectivement, les dessins de Frank
Miller et Lynn Varley, particulièrement originaux, mettent en scène à merveille ce récit.
Bien d’autres œuvres se sont inspirées de ce fait d’arme. Certains
en ont simplement repris le thème, d’autres en ont fait des récits
très complets. On compte de nombreux livres5, historiques ou
ludiques, un autre film6 mais aussi des poèmes7 plus
contemporains ainsi que des pièces de théâtre8. 300 est celle que
j’ai choisie pour illustrer ce travail du fait de son accent sur la
mentalité Spartiate.
2
300 [Bande dessinée] / Frank Miller ; Lynn Varley. – Rackham 1999
300 [Document audio-visuel] / Zack Snyder. – Warner Bros, 2007
4
Sin City, 2005, en collaboration avec Robert Rodriguez et The Spirit, 2008
5
Les murailles de feu / Steven Pressfield. – Archipel, 2001
6
La bataille des Thermopyles [Document Audio-Visuel] / Rudolph Maté.
7
Thermopyles / Georges Aldas
8
Léonidas : tragédie en cinq actes / M. Pichat
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Sparte et la Grèce
La Grèce, autour de 480 avant J.-C. est dominée par plusieurs grandes villes, parfois
rivales ou d’autres fois, au contraire s’alliant entre elles contre d’autres cités. Ces rivalités
peuvent conduire à la guerre ou simplement créer des tensions sans grande importance.
Parmi ces villes se trouve Sparte, alors une des villes de Grèce la plus puissante et la plus
respectée. En grand conflit contre Athènes, elle contrôle la quasi-totalité du Péloponnèse9.
Sparte étonne par son système politique, culturel et social. Son organisation est unique
dans toute la Grèce. Effectivement, ville renfermée sur elle-même, Sparte se glorifiait de
ses combattants inégalés dans le monde entier. Ne pratiquant que peu de commerce, elle
était parmi les seules cités grecques importantes à ne pas être accessible par voie maritime.
Ce qui frappe surtout, c’est la manière de vivre spartiate. L’utilisation actuelle du terme
spartiate pour définir quelque chose de rude, de dure et d’éprouvant est tout à fait
appropriée quand nous savons ce qu’était un spartiate.
Situation de la Grèce en 480 av. J.-C. Les villes marquées en gras sont les cités principales dont
parle le paragraphe ci-dessus.
Référence de la carte : Les guerres médiques / Peter Green. – Tallandier 2008
9
Le Péloponnèse est la presqu’île sur laquelle se trouve Sparte, Argos et Corinthe.
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Politique
10
Le système politique spartiate fut, selon le mythe, introduit par
Lycurgue. Il était un grand roi qui introduisit un grand nombre de
réformes : l’institution politique, la formation de militaires de métier,
le partage équitable des terres etc.11 Les textes d’historiens anciens
tels qu’Hérodote ou Plutarque, sont tellement contradictoires qu’il
est très difficile de situer ce personnage dans le temps et dans
l’histoire avec certitude, donnant à ce personnage un aspect
mythique. Il est néanmoins certain que Sparte fut très en avance sur
son temps et très évolué par rapport aux autres peuples grecs durant
bien longtemps. Tout comme il est certain que ce Lycurgue fut un
grand roi qui participa pleinement à la réformation de Sparte. Ces réformes que nous
attribuons à ce grand roi sont uniques dans la Grèce entière. Celles-ci, décrites ci-dessous,
avaient pour but de faire de Sparte une cité dotée d’une armée de métier, mais aussi une
cité aristocratique.
En 480 av. J.-C., la population à Sparte était divisée en trois catégories très distinctes et de
rangs différents.
Les mieux placés étaient les citoyens, nommés Egaux ou Pairs. Ils possédaient chacun des
terres suffisantes pour subvenir à leurs besoins. Ces terres, nommées klèros, leurs étaient
attribuées à parts égales par l’état. Ce nom, Egaux, indique que Sparte était une cité
égalitaire entre tous les citoyens. C’est la réforme principale que l’on attribue, selon le
mythe, à Lycurgue. Les Egaux n’avaient pas le droit de s’adonner à d’autres activités que
l’art de la guerre. Leur seule occupation était donc la défense de leur patrie. L’agôgè, le
dressage, était le nom donné à leur système éducatif. Il consistait à éduquer l’enfant dès
son plus jeune âge à l’art de la guerre, l’endurcissant par de la gymnastique et par le
maniement des armes. Les citoyens menaient une vie communautaire, vivant en caserne
jusqu’à l’âge de trente ans et participaient en tout temps à des repas en commun. Cette
formation créait des hoplites, guerriers endurcis, dont l’unique savoir était la guerre et le
maniement des armes. Un poète athénien, Tyrtée, cite ainsi l’idéal du guerrier spartiate :
« Que chacun reste ferme sur ses jambes écartées, qu’il fixe ses pieds au sol,
morde sa lèvre de ses dents. Qu’il couvre ses cuisses et ses jambes, sa poitrine
et ses épaules sous le ventre de son vaste bouclier. Que sa droite brandisse la
forte lance, qu’il agite sur sa tête l’aigrette redoutable »12.
Les Périèques composaient la seconde classe à Sparte. C’était des hommes libres qui
pratiquaient l’élevage, cultivaient les terres les moins fertiles des périphéries de Sparte,
laissant les meilleurs aux citoyens, et pratiquaient l’artisanat ainsi que des échanges. Ils
étaient eux-mêmes maîtres de leurs villages ou bourgades mais ne possédaient aucun droit
politique au sein même de Sparte.
La dernière classe était composée d’Hilotes. Ils avaient un statut proche de celui des
esclaves. Leur rôle était de cultiver les terres des citoyens et de leur verser, en nature, de
10
Image tirée de Les vies des hommes illustres : tome I / par Plutarchus, Jacques Amyot. –
Dupont, 1826. – p. 144
11
Histoire de l’éducation dans l’antiquité / Henri-Irénée Marrou. P. 45
12
Tyrtée, 2ème Messénique. Traduit par Marc Szwajcer.
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Paris : P.
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quoi vivre et se nourrir. Ils étaient beaucoup plus nombreux que les Egaux, leur faisant
craindre une rébellion. Pour éviter que cela n’arrive, les jeunes guerriers spartiates en
formation devaient parfois en massacrer quelques uns afin de s’endurcir et de faire régner
la peur chez les esclaves. Les Hilotes pouvaient cependant garder tout ce qu’ils
produisaient après avoir versé leurs taxes au citoyen qu’ils servaient. Ils avaient ainsi de
quoi se nourrir et vivre.
Ces divisions de classe semblent être le fruit des invasions Doriennes. Le rapport entre les
Egaux et les Hilotes étaient celui du vainqueur et du vaincu (les Doriens et les Achéens).
Les Périèques seraient des Doriens, arrivés plus tard et qui n’auraient pas réussit à
s’implanter dans la communauté au même titre que les citoyens.
La constitution qui tenait ce système en place se nommait la Rhètra. Celle-ci est la plus
vieille constitution grecque connue. Bien que contestée, la date est attribuée au VIIIème
siècle avant J.-C, proche de l’époque à laquelle a vécu Lycurgue.
Malgré le fait que chaque citoyen était égal, Sparte restait une monarchie gouvernée par
deux rois. Ceux-ci appartenaient à deux dynasties, probablement d’origine achéenne pour
l’une et dorienne pour l’autre. Ces rois étaient prêtres et chefs militaires plus que
gouvernants. Ils prêtaient serment chaque mois de rester fidèle et de respecter les lois de
Sparte.
Un Conseil de tous les citoyens, nommé Apella, délibérait des affaires publiques. Il
semblerait que ce Conseil ne faisait qu’entériner les actes proposés, les décisions étant
prises par le Gérousia, Sénat ou Conseil des anciens, composé des deux rois et de vingthuit Gérontes (citoyens ayant au moins soixante ans) élus par l’Apella. Les gardiens des
lois, nommés Ephores (surveillants) étaient des magistrats. Au nombre de cinq, ils
s’assuraient du respect des lois par les rois et surveillaient l’éducation des enfants. Ils
étaient dotés de grands pouvoirs occultes et maintenaient la constitution traditionnelle.
Sparte était considérée par le reste de la Grèce comme une aristocratie. Chose très ambiguë
car, si les citoyens étaient tous égaux, le corps civique était très réduit par rapport à la
population (l’estimation est de un citoyen pour dix hilotes). Il s’agissait en fait d’une
société égalitaire, le pouvoir n’étant pas donné qu’aux nobles mais égal pour tous les
citoyens. 13
« Folie ? C’est cela Sparte ! »
Léonidas
Sparte est présentée comme une ville prospère, tranquille où règne l’ordre. Tous les
habitants y sont beaux, minces et en bonne santé. Les hommes sont musclés, souvent de
manière abusive. Ils portent tous des armes et chacun est couvert de cicatrices. Les femmes
sont belles, voluptueuses et habillées très légèrement. Situé au milieu d’immenses champs
de blés entre les montagnes, il est clair que l’auteur a voulu y montrer une ville symbole de
puissance. Le fait que chacun soit fort et en bonne santé va avec l’optique du film qui est
13
Encyclopaedia Universalis : Sparte / Pierre Lévêque.
La véritable histoire de Sparte et de la bataille des Thermopyles / Jean Mayle. P. 47-49
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principalement de mettre en avant cet aspect de peuple guerrier. La ville est grande et
entièrement bâtie en pierres accentuant l’aspect de puissance. La politique y est présentée
de manière extrêmement barbare. La première chose que fait Léonidas est de tuer
l’émissaire Perse, montrant un mépris très marqué des traditions.
Ayant appris la nouvelle de l’invasion Perse, Léonidas s’en va voir les Ephores, gardiens
des lois à Sparte sans qui, même le roi ne peut rien
entreprendre. Les Ephores sont représentés comme de
vieux monstres, couverts de pustules que Léonidas qualifie
de « Pourceaux consanguins ». Les hilotes présentés sont
souriants et vêtus comme tous citoyens, tous semblent
égaux. De même, les travailleurs semblent être au même
rang que les guerriers, chose impossible dans la véritable
Sparte. Lorsque Léonidas réunit ses 300, un groupe de
vieillards arrive lui interdisant de partir, invoquant pour
cela la parole des Ephores. Ce passage fait penser à la Gerousia qui restera présente plus
tard alors que Gorgo, la femme de Léonidas, pousse cette même assemblée à envoyer des
troupes au secours de Léonidas.
Sparte est très peu présentée dans ce film, la quasi totalité du film se passe aux
Thermopyles. Aucun plan réel ou reconstitution n’est présent durant les scènes à Sparte, ni
d’ailleurs durant tout le film. Chaque scène a été filmée sur fond bleu pour ensuite y mettre
des images de synthèse en guise de décor.
La culture de Sparte
L’époque florissante pour Sparte commença autour de 800 av. J.-C. En effet, très en
avance au niveau de son aristocratie et de sa constitution politique, cette ville joua un grand
rôle dans la Grèce classique.
Jusqu’en 550 av. J-C., les spartiates pratiquaient des sports athlétiques, tels que la course à
pied. Une particularité était que les femmes aussi pratiquaient la gymnastique à Sparte,
chose unique en Grèce.14 Une autre chose qui peut paraître étonnante pour une éducation
guerrière était l’enseignement de la musique. Effectivement, la danse, le chant et la
musique étaient des activités très importantes à Sparte. La danse entraînait pour la
gymnastique et le chant transmettait la poésie. Sparte étant peu lettrée, cette forme littéraire
permettait de ne pas oublier les histoires ainsi que les mythes.15
Vers 550 av. J-C. Sparte changea. L’art et les sports athlétiques furent supprimés et le
grand centre culturel qu’elle était resta par la suite à l’état de civilisation purement
militaire. La Sparte dont nous parlons ici, autour de 480 av. J.-C., possédait une culture
non seulement conservatrice mais surtout réactionnaire. Son but était de rétablir la culture
et les mœurs traditionnel de Lycurgue, c'est-à-dire une société entièrement refermée sur
14
15
L’éducation dans l’antiquité / Henri-Irénée Marrou. P 49
L’éducation dans l’antiquité / Henri-Irénée Marrou. P 46
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elle-même, ne pratiquant aucun commerce et entièrement tournée vers la pratique
guerrière. Les sources tardives que nous avons de la culture spartiate16 ne donnent pas
suffisamment d’informations pour en faire une description beaucoup plus précise.
Effectivement, Sparte étant tourné vers l’art de la guerre, elle accorda beaucoup
d’importance à rester une ville de semi-illettrés.17
« Ne soit ni idiot ni évasif, Perse, c’est proscrit à Sparte »
Gorgo, l’épouse de Léonidas
Les quelques aperçus de Sparte nous montrent une ville sans aucune décoration, personne
ne porte de bijoux mis à part la reine, les habits sont
simples, sans aucune notion d’esthétique. Le seul bijou
est celui que la reine donne à Léonidas lors de son départ,
une dent accrochée à un fil de cuir. Ceci contraste
beaucoup avec les Perses qui sont constamment parés
d’une multitude de bijoux. Cette absence de tout élément
esthétique semble correspondre à la Sparte historique.
Aux vues de leur mode de vie, il est probable qu’aucune
décoration ni parure n’ai été tolérée dans l’ancienne Sparte, ainsi qu’étaient presque
interdits l’or et les richesses.
Nous pouvons apercevoir, lorsque le corps des 300 marche en direction des Thermopyles,
un joueur de flûte à l’avant de la formation. Ces flûtes, utilisées à des fins militaires pour
les marches, étaient apparemment les seuls instruments utilisés à Sparte.
L’éducation
Un des éléments les plus marquants dans la culture spartiate est sans aucun doute
l’éducation des jeunes. Comme dit plus haut, la manière dont étaient éduqués les enfants se
nomme l’agôgè, autrement dit, le dressage. Une éducation extrêmement violente et dure
afin de faire de chaque enfant un guerrier robuste. Cette éducation ne se pratiquait
évidement qu’avec les enfants des Citoyens. Les Hilotes et les Périèques n’y avaient pas
droit. Chaque enfant citoyen devait passer par là pour pouvoir exercer ses droits civiques.
L’éducation spartiate, comme le dit Homère, n’était pas celle d’un chevalier mais celle
d’un soldat. Le jeune homme n’était pas éduqué dans un cadre seigneurial mais dans une
atmosphère plus politique dont l’idéal est collectif. Le citoyen spartiate appartenait
entièrement à l’état dès son plus jeune âge jusqu’à sa mort. L’enfant devait être confié à sa
naissance à un Conseil qui l’examinait. Il n’était accepté que s’il était beau, bien formé et
robuste. Dans le cas contraire, il était jeté au dépotoir, nommé les Apothètes (pratique que
l’on peut comparer avec celle des vikings qui trempaient le nouveau-né dans une eau
presque gelée ; s’il survivait, c’était qu’il était assez fort).
16
17
Plutarque, textes datant des Ier et IIe siècles.
L’éducation dans l’antiquité / Henri-Irénée Marrou. P 51, Le grand refus.
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C’est à sept ans que commence l’agôgè. L’éducation dure de sept à vingt ans. L’enfant est
donc embrigadé dans des formations de jeunes dont la hiérarchisation peut se comparer à
celle du scoutisme d’aujourd’hui (bien que le scoutisme n’ait absolument aucun but
militaire). Les enfants étaient répartis en fonction de leur âge. De 8 à 11 ans, ils étaient
« Petit-gars », de 12 à 15 ans, « Garçons » et de 16 à 20 ans « Irène ». Durant ces trois
cycles, les enfants étaient répartis en unités, commandées par les plus grands. Ce principe
d’éducation avait pour but d’arracher l’enfant à sa famille et de le faire vivre dans une
communauté de jeunes, développant son sens du collectif. Dès vingt ans, le soldat était
incorporé à l’armée. Il vivait toujours en caserne et partageait ses repas avec son groupe,
cela même si il était marié. C’est à 30 ans seulement qu’il pouvait avoir une vie de famille.
Il était libéré de l’armée à 60 ans.18
A partir de 550 av. J.-C., cet apprentissage était devenu purement militaire et bannissait
absolument tout le reste, culture, musique et art. Plutarque affirme tout de même que les
spartiates n’étaient pas totalement illettrés mais qu’ils apprenaient « le nécessaire » en
lecture et en écriture et conservaient un goût pour la musique (telle que les marches ou la
musique militaire) et la poésie, adaptée à des fins éducatives.
L’entraînement brut formait donc la principale activité des enfants et des jeunes.
L’apprentissage du métier militaire se faisait plus tard avec le maniement des armes,
l’escrime, le javelot etc. mais aussi les mouvements militaires tels que les formations
serrées et les manœuvres sur le champ de bataille. L’éducation au niveau moral était au
moins aussi poussée que l’apprentissage physique. Tout était tourné vers la formation d’un
caractère conforme à un idéal bien défini. Tyrtée décrit ainsi l’aspect héroïque de cet idéal :
« Je ne jugerais pas un homme digne de mémoire […] pour sa seule valeur
dans la course à pied ou la lutte, fut-il grand et fort comme les cyclopes […],
s’il n’a pas la valeur militaire, s’il n’est pas homme à tenir bon dans la
bataille ; c’est là la vraie valeur ; c’est un bien communautaire, utile à la cité
et au peuple tout entier, que chacun […] tienne bon sur ses deux jambes, […]
chassant de sont cœur toute idée de fuite. »19
Cet idéal, se confond beaucoup avec celui que nous verrons réapparaitre au XXe siècle,
durant la deuxième guerre mondiale, dans l’éducation totalitariste nazi. Effectivement, cet
idéal portait entièrement sur les points suivants : tout doit être tourné vers l’intérêt de la
communauté et de la nation, dévouement à l’état et patriotisme extrême allant jusqu’au
sacrifice. Les enfants étaient éduqués dans un milieu fait pour forger sa résistance à la
douleur. A partir de douze ans, l’enfant était soumis à un régime extrêmement sévère. Il
était mal vêtu, le crâne rasé, il couchait sur une litière faite de roseaux garnie en hiver de
bourre de chardons. Il devait voler pour pouvoir se nourrir et était constamment amené à se
battre et à être battu. La dernière étape était le massacre d’Hilotes afin de s’endurcir.
Le guerrier hoplite spartiate, toujours autour des années 480 av. J.-C. se basait donc
entièrement sur un idéal éduqué durant l’agôgè. Leur enseignement les poussait à ne
penser qu’au bien collectif de l’état. De cette manière, embrigadés par unité, les spartiates
n’étaient jamais seuls et devaient à tout moment compter sur leurs frères d’armes.
Plutarque nous dit :
18
19
La véritable histoire de Sparte et de la bataille des Thermopyles / Jean-Malye. P. 51
Tyrtée, Histoire de l’éducation dans l’antiquité, p. 48
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« Lycurgue accoutuma les citoyens à ne pas vouloir, à ne pas même savoir
vivre seuls, à être toujours, comme les abeilles, unis pour le bien public
autour de leurs chefs. »20
C’était aussi le cas sur le champ de bataille et c’est ce qui conférait cette force aux
phalanges spartiates. Chaque soldat était protégé par son bouclier mais aussi par le guerrier
à ses cotés.
« Il est beau de mourir, tombé au premier rang, en brave qui combat pour la
patrie. »21
Du coté des filles, l’éducation, aucunement tournée vers l’aspect militaire, était
entièrement consacrée au fait de faire des enfants vigoureux. Ainsi, l’éducation visait à
endurcir chaque femme afin de lui « ôter toute délicatesse et toute tendreur efféminée »22.
Des manières pratiquées à cette fin étaient par exemple de les exhiber nue durant des fêtes
et des cérémonies.23
Cette éducation était le fruit d’en renfermement de sparte sur elle-même. Comme dit plus
haut, la Sparte glorieuse tant admirée l’était jusqu’en 550 avant J.C. L’éducation décrite ici
faisait partie du déclin de Sparte vers une idéologie fasciste, idéologie qui fut énormément
admirée des nazis et souvent citée par Mussolini.24
Sparte partageait entièrement les croyances du reste de la Grèce. Les Spartiates pensaient
que c’était le dieu de Delphes qui leur avait donné ses lois. Selon Sparte, Léonidas était un
descendant direct d’Héraclès : « il est le fils d’Anaxandride, fils de Léon, fils
d’Eurycratidas, fils d’Anaxandros, fils d’Eurycratès, fils de Polydoros, fils d’Alcaménès,
fils de Téléclos, fils d’Archélaos, fils d’Hégésilaos, fils de Doryssos, fils de Léobotès, fils
d’Echestratos, fils d’Agis, fils d’Eurysthénès, fils d’Aristodèmos, fils d’Aristomachos, fils
de Cléodaios, fils d’Hyllos, fils d’Héraclès »25. Il est donc clair que les croyances du reste
de la Grèce étaient pleinement partagée par les spartiates.
Un point divergeant du reste de la Grèce était que Sparte, dès 550 av. J.-C., ne pratiquait
plus de musique, si ce n’est à fin militaire. Ils ne louaient ainsi pas les dieux bien que leur
mode de vie fut très pieux. Un autre point étonnant était qu’aucun temple n’avait été
construit à Sparte, du moins, rien d’aussi imposant que dans les autres grandes villes
grecques. Les spartiates croyaient donc aux dieux Grecs et à toute la mythologie qui en est
liée. Cette croyance soutenue par leur idéal de guerrier, égale à celle des grands héros.
20
Histoire de l’éducation dans l’antiquité, p. 56
Tyrtée, Histoire de l’éducation dans l’antiquité, p. 48
22
Les vies des hommes illustres : tome I / par Plutarchus, p. 176
23
Histoire de l’éducation dans l’antiquité. P. 57.
24
Information de ce chapitre principalement tirés de « Histoire de l’éducation dans l’antiquité, p. 45-59 », La
véritable histoire de Sparte et de la bataille des Thermopyles / Jean Malye. P. 49
25
Hérodote, Polymnie CCIV.
21
13
Jean-David Sandoz
aid 3b
« Il reviendrait Spartiate ou ne reviendrait pas » Dilios
C’est en guise d’introduction que l’agôgè est présentée,
montrant le nouveau né se faisant examiner au dessus de
l’Apothètes puis, ce même enfant se battant avec une
violence extrême contre un rival du même âge. Il est mis
en scène adolescent, attaché et se faisant battre à coup de
tric, et enfin presque adulte, nu dans la neige, face à un
loup affamé, pour enfin revenir à Sparte en guerrier. Tout
le cheminement et l’idéologie y sont globalement
expliqués. Ce passage est très bien fait, il montre chaque étape de vie de l’enfant. Cet
élément donne une idée au spectateur à quel point les spartiates étaient conditionnés à être
des guerriers, démontré par des scènes très violentes liées à l’éducation de l’enfant. Bien
que l’idée y soit, cette scène reste probablement extrêmement exagérée, ce dit en passant,
comme beaucoup d’éléments dans ce film. Il s’agit d’une scène qui est abondamment
utilisée par des flash-back tout au long du film pour illustrer la mentalité spartiate. Le
personnage mis en scène enfant est Léonidas, roi de Sparte et personnage principal du film.
14
Jean-David Sandoz
aid 3b
La Bataille des Thermopyles
Attaquons ici le sujet principal de ce travail : la Bataille des Thermopyles. C’est sans doute
le point historique de ce mémoire sur lequel on trouve le plus de contradictions. En effet,
Hérodote, Diodore de Sicile, Plutarque, d’autres auteurs grecs, mais aussi les auteurs
récents, se contredisent, ajoutant certains éléments par rapport aux autres, s’accordant
parfois à certains auteurs ou au contraire démentant leurs théories. De plus, avec nos
connaissances actuelles, des chercheurs peuvent déterminer que certaines descriptions sont
impossibles, bien que racontées par les auteurs qui semblent être les plus fidèles. Ainsi,
connaître avec précision chaque fait de cette bataille est tout bonnement impossible.
Pour permettre une bonne compréhension de ce chapitre, je vais aborder différents points
les plus divergents, comparer les différents avis, relever les arguments défendant et
contredisant certaines théories et enfin, illustrer et comparer les faits avec la fiction choisie.
Nous pouvons voir très clairement sur cette carte le terrain dans lequel combattirent les Grecs. Le
défilé des Thermopyles est le passage surligné en rouge. Postés au niveau du mur phocidien, entre
mer et falaises, cette carte montre très bien à quel point le passage était étroit. Le chemin de
contournement signalé par un trait noir est celui qu’empruntèrent les troupes Perses pour
contourner les lignes spartiates comme décrit plus bas.26
Récit général
26
Référence de la carte : Les guerres médiques / Peter Green. – Tallandier, 2008
15
Jean-David Sandoz
aid 3b
Tout d’abord, une explication globale de cette bataille me semble nécessaire avant
d’aborder la suite. La bataille se passe donc en 480 av. J.-C.
Xerxès, roi de la Perse et dieu autoproclamé, a réunit une immense armée afin de conquérir
le monde connu. La préparation de son armée ne passe pas inaperçue. Les grecs organisent
une défense commune, calmant bien des conflits entre les grandes villes. Cette coalition est
menée par Sparte, ville la plus importante encore à cette époque, et l’armée est guidée par
le roi de Sparte, Léonidas 1er. L’empire Perse s’étend déjà sur toute la partie est de la mer
Egée ainsi que sur la Thrace. Xerxès et ses troupes arrivent par voie navale et terrestre pour
envahir toute la Grèce. Les grecs se postent en défense dans le défilé des Thermopyles afin
de tenir bon contre l’invasion. La Macédoine s’étant alliées aux Perses, et la partie nord de
la Grèce (Epire, Thessalie, Etolie, Béotie ainsi que plusieurs villes), terrorisée par
l’immensité de l’armée Perse, se rend. Xerxès n’est donc stoppé par aucun obstacle
jusqu’aux Thermopyles. Xerxès se trouve donc dans le pays de Trachis, en Malide, et les
grecs protégent la porte d’entrée de la Grèce, aux Thermopyles.
Le passage des Thermopyles est la seule voie assez importante pour permettre à l’armée
Perse de passer sans devoir faire un énorme détour. Ce passage entre les montagnes et le
Golfe Maliaque, appelé aussi Portes Chaudes à cause de ses sources thermales, n’excède à
certains endroits pas plus de dix mètres de large. De plus, un ancien mur construit en
zigzag bien avant la bataille obstrue d’autant plus le passage. Les Thermopyles sont donc
l’endroit parfait pour contenir une grande armée. En effet, retranché dans cet étroit
passage, le nombre ne fait plus d’énorme différence.
Xerxès envoie des éclaireurs pour observer la résistance grecque dans le défilé des
Thermopyles. Voyant le si petit nombre d’hommes par rapport à son armée, il attend quatre
jours, pensant que les Grecs s’enfuiraient. Au cinquième jour, il envoie une partie de son
armée, des Mèdes et des Kissiens, pour qu’ils ramènent vivant devant le Grand roi Xerxès
cette poignée de soldats grecs. Le combat dure le jour entier. Les Grecs causent tant de
pertes que les troupes perses reculent. Xerxès envoie alors ce que les Perses appellent les
Immortels, c’est-à-dire les troupes d’élite du roi Xerxès, pensant que pour de tels soldats,
la victoire serait rapide. Mais ceux-ci n’ont pas de meilleurs résultats.
Le jour suivant, Xerxès envoie de la même manière des vagues d’assaut contre les Grecs,
pensant qu’ils seraient fatigués et blessés. Mais ceux-ci, combattant dans un espace étroit,
peuvent se relayer de manière à se reposer fréquemment. C’est donc face à des Hoplites
vigoureux que le combat continue. Seul les Phocéens ne combattent pas. Ils restent postés
dans la montagne, surveillant le seul sentier qui pourrait permettre aux Perses de les
contourner. Les Perses sont encore une fois repoussés.
Durant la nuit suivante, les Perses, guidés par un grec nommé Ephialtès, empruntent le
sentier qui contourne les montagnes. Ephialtès espérait par cette trahison, recevoir une
grande récompense. Il semblerait que sa tête sera plus tard mise à prix et il sera tué
plusieurs années après cette bataille. Arrivés au bout du sentier, les Perses repoussent les
Phocéens grâce à leurs flèches. Croyant que le gros de l’attaque est dirigé contre eux, ceuxci se replient.
Au matin du troisième jour, voyant leur position compromise, le gros de l’armée grecque
décide de partir pour échapper à la mort. Seul Léonidas et ses spartiates, accompagnés de
certains soldats fidèles à Léonidas, restent sur place. Xerxès lance son armée quelques
16
Jean-David Sandoz
aid 3b
heures après le levé du jour. L’armée de Léonidas se bat avec toute la vigueur possible
pour mourir bravement.
Ce résumé montre dans les grandes lignes comment s’est passé cette bataille. Sur ces
lignes générales, tous les auteurs semblent d’accord. Il peut donc être considéré comme
une base solide pour discuter des points incertains que je vais traiter par la suite.
Le premier de ces points touche à l’effectif des troupes perses en présence, chose qui est
décrite très précisément par Hérodote mais qui semble cependant impossible tant le
nombre est énorme. Un autre point concerne la présence grecque dans le défilé des
Thermopyles. Si on sait que l’armée Perse était énorme, on sait aussi que la Grèce
n’envoya qu’une petite partie de ses armées au défilé, en particulier les Spartiates. Un autre
point, probablement le plus compliqué, concerne la raison pour laquelle les Spartiates sont
restés dans le défilé pour y mourir et qu’est-ce qui les a menés à ce choix.27
Les troupes perses
La présentation de l’armée perse présente dans le défilé des Thermopyles est un sujet tout
particulièrement intéressant car Hérodote nous en a fourni une description d’une précision
incroyable. Dans son œuvre nommée « Histoire » il décrit chaque partie de l’armée, leur
nombre, les commandants ainsi que quelques anecdotes ou commentaires. Notre intérêt se
porte principalement sur les nombres cités.
Selon Hérodote28, l’armée perse était composée d’environ 1'700'000 fantassins (dix-sept
cent mille hommes nous dit Hérodote), 80 000 cavaliers, 20 000 chars et chameaux au
départ de Perse. La manière dont ont été dénombrées les troupes perses aurait été la
suivante. On prenait 10’000 hommes qu’on serrait le plus possible pour tracer un mur
autour d’eux. Cet espace servait de mesure pour compter les suivants. Passant ainsi toutes
les troupes, on pouvait les dénombrer avec une certaine précision.29
Ajoutons pour la bataille qui nous concerne les troupes récoltées en Europe (les Thraces,
les Poeoniens, les Eordes, les Bottiéens et bien d’autres30), dont le nombre, nous dit
Hérodote, ne se base que sur les récits populaires. Le nombre total s’élevait donc à
2'641'610 hommes. C’est donc le nombre d’hommes qui se serait présenté face aux
quelques Grecs qui défendaient le défilé des Thermopyles.
Hérodote estime aussi que les valets, les troupes servant au ravitaillement, les équipages
des navires et divers bâtiment qui les suivaient, s’élevaient à un nombre au moins égal à
l’armée. Donc un total de 5'283'220 personnes, et cela sans compter les femmes, les
concubines et les bêtes31.
27
La véritable histoire de Sparte et de la bataille des Thermopyles / Jean Malye. P 231-285. ainsi que le récit
de Hérodote, Histoire, Polymnie CCI-CCXXVIII
28
Hérodote : Histoire, Polymnie, LX.
29
Description détaillée dans Hérodote : Histoire, Polymnie LX-LXXXVIII pour les troupes terrestres et
Polymnie LXXXIX-XCVIII pour les troupes navales.
30 Décrit dans Hérodote : Histoire, Polymnie CXXXXV.
31 Hérodote : Histoire, Polymnie CLIX
17
Jean-David Sandoz
aid 3b
Il semblerait qu’Hérodote, pour faire ce décompte, ait eu accès aux sources officielles de
l’armée Perse. Ce chiffre est tout bonnement exorbitant pour cette époque si on les
compare avec d’autres dénombrements basés sur d’autres sources. En effet, les 300 000
Thraces et Grecs enrôlés dans l’armée durant le passage de Xerxès dans le nord de la Grèce
représentait « la totalité des forces alors disponibles dans l’ensemble de la péninsule
balkanique »32.
De nombreuses études ont été faites sur ce sujet afin de rendre le nombre de ces troupes
perses plus raisonnable. Une théorie dit qu’Hérodote a simplement fait une erreur de
traduction. L’armée perse était commandée en unité de 10, 100, 1000 et 10 000 hommes,
Hérodote aurait alors confondu Chiliarque, un commandant de 1000 hommes, et le
Myriarque, qui commande 10 000 hommes, multipliant ainsi par 10 la taille de l’armée. Si
l’on tient compte de cette théorie, le nombre reviendrait alors à 170 000 hommes pour
l’armée terrestre, 8000 cavaliers, 2000 conducteurs de chars et 30 000 Thraces et Grecs
enrôlés sur le passage, soit un total de 210 000 hommes. Ceci devient tout à coup bien plus
vraisemblable.
Une autre étude faite par Sir Frederick Maurice évalue, grâce aux données topographiques,
que la surface de terrain disponible était clairement insuffisante pour permettre à autant
d’hommes et de bêtes de vivre. L’eau potable aurait manqué, ainsi que la nourriture. On ne
peut pas concevoir que Xerxès ait pu disposer d’un ravitaillement depuis la Perse ou
d’autres contrées plus proches pour combler ce manque. Sir Maurice évalue donc le
nombre d’homme possible à 210 000 hommes et 75 000 chevaux. Ce nombre concorde très
bien avec la théorie citée plus haut.33
Même divisé par dix, le nombre de l’armée perse estimé à partir du décompte d’Hérodote
reste gigantesque pour cette époque. Les Grecs ont eu à combattre tout de même contre une
force plus de trente fois supérieure à la leur.
« 1000 nations de l’empire Perse vous assaillent, nos flèches occulteront le soleil »
Emissaire Perse
La présentation de l’armée Perse se fie énormément aux anecdotes que nous donne
Hérodote ainsi que Plutarque. Effectivement, de nombreuses phrases rapportées par ces
auteurs sont reprises et mises en scène durant le film. C’est le point que l’auteur a choisi
pour produire les effets visuels les plus impressionnants, voulant mettre en évidence
l’immensité de l’armée perse par rapport aux forces grecques.
Les Perses sont représentés de manière très caricaturale. Les généraux et personnalités
importantes sont parés d’un nombre incroyable de bijoux et habillés de manière très riche.
Les troupes sont également parées de bijoux mais en plus faibles quantités. Contrairement
aux Spartiates qui sont dotés de corps sculptés de muscles purs, les Perses quand à eux
semblent minces et chétifs. L’armée perse est présentée comme la plus grande armée
jamais levée. Les tentes se dressent à perte de vue et leurs pas font trembler le sol lorsqu’ils
se mettent en formation de combat. Aucun chiffre n’est cité plus précisément que « des
32
33
Les guerres médiques / Peter Green. P. 104.
Citée dans Les guerres Médiques / Peter Green. P. 105
18
Jean-David Sandoz
aid 3b
millions ». Ce manque de précision permet ainsi de laisser au visuel la représentation de
cette grande armée.
Des êtres d’aspect surnaturel sont présents, notamment une sorte d’ogre couvert de
cicatrices et défiguré, doté d’une force surhumaine, combat contre Léonidas. Les
Immortels portent quant à eux des masques sous lesquels se cachent des visages ridés et
monstrueux.
Il y est également montré des combats mettant en scène des animaux tels que des éléphants
de combats et même un rhinocéros, même si aucune source historique ne parle d’éléphant
en Grèce durant les guerres médiques. Cela pour montrer la grandeur de l’armée perse
mais aussi les moyens qu’elle possédait. Ces scènes glorifient d’autant plus les Spartiates
en exposant leur victoire contre tous ces moyens.
Xerxès utilise aussi des objets appelés
« magiques » par le narrateur, comme des bombes
projetant des projectiles coupants. Ceci relève
également de la fiction et de l’imaginaire de
l’auteur et n’est en aucun cas cité dans les sources
historiques que nous connaissons.
Xerxès, autoproclamé dieu, est montré comme un
géant d’au moins 2 mètre 20 à la voix grave et
caverneuse. Il est constamment paré de bijoux et
se trouve toujours sur des trônes imposants ou des
tentes immenses remplies de femmes, d’or et de richesses.
Mis à part les richesses et la taille de l’armée, tout est présenté chez les Perses avec
beaucoup de mépris. « Tu as beaucoup d’esclaves mais peu de soldats » dit Léonidas à
Xerxès. Ce regard sur la Perse sert à accroître l’idée du combat noble que menaient les
Spartiates pour la liberté. Cet aspect a été d’ailleurs abondamment critiqué par le public qui
y a vu une comparaison avec la guerre américaine en Irak.
L’effectif Grec
« Quant à leur nombre, seigneur, ne me demandez pas combien ils sont pour
pouvoir exécuter ces choses. Leur armée ne fût-elle que de mille hommes, fûtelle de plus, ou même de moins, ils vous combattront.»34
Si nous savons que les Perses possédaient la plus grande armée jamais levée jusqu’alors,
nous savons aussi que le nombre de Grecs présents dans le défilé pour défendre leur patrie
était relativement mince. Hérodote, tout comme pour les troupes perses, nous donne une
description extrêmement détaillée de l’effectif grec. Mais à nouveau, ce nombre, aussi
précis soit-il, a été largement discuté par beaucoup de chercheurs.
Hérodote affirme que l’armée grecque était composée de 300 spartiates, 1000 Tégéates et
Mantinéens, 120 hommes d’Orchomènes, 1000 hommes d’Arcadie, 400 de Corinthe, 200
34
Paroles de Démarate s’adressant à Xerxès, rapportées par Hérodote (Polymnie CII ) pour décrire les
Lacédémoniens
19
Jean-David Sandoz
aid 3b
de Phliunte, 80 de Mycènes, 700 Thespiens, 400 Thébains, les Locriens-Opuntiens au
complet1 et 1000 Phocidiens, soit un total de 6200 hommes.2
Hérodote se contredit pourtant en citant une stèle en l’honneur des Péloponnésiens sur
laquelle figure l’inscription : «Quatre mille Péloponnésiens combattirent autrefois dans ce
lieu contre trois millions d'hommes»3 alors qu’il affirme que les troupes du Péloponnèse
s’élèvent à 3100.
Il semblerait en tout cas que le nombre de Lacédémoniens est effectivement de 1000, dont
le corps des 300 spartiates. Seul Hérodote parle de 300 Lacédémoniens alors que le
nombre de 1000 concorde avec l’épigramme de 4000 Péloponnésiens. De plus, Diodore4 et
et Isocrate5 appuient encore ce nombre. Un autre nombre qui peut être considéré comme
certain est la présence des Thespiens dans les Thermopyles. Il semblerait même qu’ils
soient les seuls, avec les Spartiates, à être restés mourir au champ d’honneur au côté de
Léonidas. Leur nombre serait, selon Hérodote, de 700. Il se pourrait que Hérodote ait cité
ces Thespiens alors qu’il s’agirait en fait du reste des 1000 Lacédémoniens.
Les sources décrivant ces nombres sont approximatives. Il est clair que les Lacédémoniens
n’étaient pas exactement 1000, ni que les hommes de Corinthe vinrent à 400 exactement.
Ces chiffrent peuvent montrer deux choses. L’une, que c’était une estimation, les auteurs
ne connaissant pas exactement leur nombre, l’autre que les auteurs ont souhaité arrondir le
nombre. Quoiqu’il en soit, ces nombres peuvent varier de plusieurs dizaines suivant la
manière dont les décomptes ont été effectués, rendant la version de chaque descripteur
plausible mais approximative. En estimant les évaluations des auteurs antiques (Hérodote,
Diodore, Ephore etc…), on peut évaluer le nombre approximatif de 7000 grecs dans le
défilé, composé de 4000 Péloponnésiens et 3000 hommes du reste de la Grèce.6
Mis à part les soldats présents, il est probable que les Spartiates vinrent avec des Hilotes.
Ceux-ci, bien que cités par Hérodote7, leur nombre ne peut pas être évalué. Il semblerait
que chaque Spartiate ait eu avec lui entre un et sept Hilotes8 Le récit de Hérodote sur
Eurytus laisse penser que les Hilotes se dénombraient plutôt à un par Spartiate car si
Eurytus en avait eu plus d’un à lui, il aurait demandé à chacun de l’accompagner.
Hérodote, dans son récit, suit énormément la tradition spartiate. Il est probable qu’il récolta
ses sources sur place, peu de temps après les évènements. Son récit se baserait donc sur les
anecdotes qu’il récolta. Le corps des 300 spartiates dont nous parlons tant semble bizarre
après avoir pris connaissance du décompte des troupes grecques aux Thermopyles. Nous
avons pu constater que les Lacédémoniens n’étaient non pas 300 mais 1000 à mourir aux
Thermopyles, sans compter les 700 Thespiens. Cette omission pourrait être le fruit des
récits de Sparte. Ceux-ci se glorifiant de cet acte héroïque n’auraient cité que ce corps
d’élite de 300, les meilleurs soldats de Sparte, mettant en arrière les 700 autres
1
Les Locriens-Opuntiens ne devaient pas dépasser 1000 hommes.
Description plus détaillée dans Hérodote : Polymnie CCII
3
Hérodote : Polymnie CCXXIII
4
Diodore : Histoire universelle. XI, 4, 5-7
5
Isocrate : Panégyrique. 90.
6
Problème historique autour de la bataille des Thermopyles / Apostolos Dascalakis. P. 18.
7
Hérodote : Polymnie, CCXXIX, Eurytus, atteint d’un mal d’œil et apprenant la bataille, alla directement sur
sur le lieux et se lança dans la mêlée, il est dit que son hilote s’enfuit aussitôt.
8
Durant la bataille de Platée, Hérodote dit que chaque Spartiate était accompagné de sept hilotes. Calliope X.
X.
2
20
Jean-David Sandoz
aid 3b
Lacédémoniens, Citoyens ou Périèques. Hérodote, insistant sur la gloire des 300 et ne
citant que peu le reste des soldats, aurait été la principale cause de cet oubli presque
choquant.1 Ceux que nous appelons donc les héros des Thermopyles ne sont pas 300 mais
1700 à être morts pour la liberté.
« Et le monde saura qu’une poignée d’homme a fait face à une armée »
Léonidas
La chose la plus floue dans le film est le nombre de Grecs présents dans le défilé. Si il est
clair que seulement 300 Spartiates défendent le défilé, il est aussi montré que d’autres
Grecs sont présents, apparemment des Arcadiens, menés par un certain Daxos (cité dans
aucun récit historique), soit 2120 hommes selon Hérodote. Léonidas cite les Phocéens
après sa rencontre avec Ephialtès, troupe qu’il place sur le sentier de contournement.
Quoiqu’il en soit, les troupes grecques, mis à part les Spartiates ne sont jamais mis en
scène durant une bataille. Le film laisse imaginer qu’elles se trouvaient postées sur des
lignes arrière (par exemple sur le sentier de contournement). Leur absence se justifie par la
volonté de l’auteur à mettre en avant uniquement les 300, volonté qui se retrouve
également dans la quasi-totalité des récits contemporains. On l’a vu, même Hérodote a
omis de citer une partie des Lacédémoniens qui périrent dans le défilé afin de glorifier
uniquement les Spartiates.
Pourquoi si peu d’hommes
Nous savons effectivement que les troupes du Péloponnèse pouvaient rassembler environ
25 000 hommes2 alors que seulement 4000 vinrent tenir le défilé. De plus, il semblerait que
la flotte présente à l’Artémison, postée là afin d’empêcher le contournement des troupes
aux Thermopyles par la flotte perse, était composée de toute la force athénienne, soit 26
000 hommes3. Il aurait donc été logique qu’une partie des ces troupes soit mise sur terre
avec Léonidas.
L’envoi de si peu de forces aux Thermopyles semble étrange et contradictoire. Le but étaitil de mettre en place une avant-garde pour simplement ralentir les troupes Perses ? Le fait
est que 7000 hommes pour une avant-garde est un nombre beaucoup trop élevé. Il est plus
probable que le but des grecs était de contrer l’avancée Perse, tout en espérant recevoir
d’autres renforts.
Si l’armée Grecque avait possédé 15 000 hommes et non la moitié, il est probable que les
Grecs auraient pu contenir l’avancée perse et même éviter l’encerclement des lignes de
défenses postées dans le défilé durant plusieurs jours encore.4
1
Problème historique autour de la bataille des Thermopyles ( Apostolos Dascalakis. P. 22-28. Une
explication de la distinction entre Spartiate et Lacédémonien y est faite plus précisément.
2
Histoire de l’Antiquité / Eugène Cavaignac. T. 1 p. 347.
3
Problème historique autour de la bataille des Thermopyles / Apostolos Dascalakis. P. 35.
4
Problème historique autour de la bataille des Thermopyles / Apostolos Dascalakis. P. 37.
21
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aid 3b
La théorie de la fiction 300, selon laquelle Sparte et le reste du Péloponnèse n’auraient pas
envoyé toutes leurs forces aux Thermopyles à cause des fêtes Carnéennes n’est pas du tout
impossible. A deux reprises dans son histoire, Sparte a invoqué cette raison pour justifier
son inaction militaire. La première, et la plus connue, était lors de la bataille de Marathon
en 470 avant J.-C. où les Athéniens combattirent presque seuls les troupes Perses menées
par Darius Ier. La deuxième fois fut beaucoup plus tard, en 419 avant J.-C., Sparte refusa
d’envoyer des troupes défendre ses alliés d’Epidaure, menacés par les Argiens. Il semble
évident que ce refus d’engagement militaire prend comme alibi les fêtes Carnéennes mais
repose plutôt sur de simples raisons politiques.1 Ce refus vient probablement du fait qu’au
Congrès de Corinthe, beaucoup de ceux du Péloponnèse soutenaient qu’il fallait tenir non
pas aux Thermopyles mais dans l’Isthme. Les Péloponnésiens auraient alors gardé le gros
de leurs troupes afin de tenir une ligne de défense plus directe, protégeant uniquement le
Péloponnèse et non pas toute la Grèce.
« Sparte brûlera. Défie-toi des hommes. Honore les dieux. Honore la Carneia. »
Ephore
Les raisons de l’envoi de si peu d’hommes repose dans le film sur l’une des théories citées
ci-dessus. Léonidas, ayant consulté les Ephores, se voit contraint de ne pas partir en guerre
à cause des fêtes Carnéennes. Sous le conseil de Gorgo, sa femme, il partira seul avec ce
qu’il appelle sa garde personnelle constituée de 300 hommes. Nous découvrons plus tard
que les Ephores ont été corrompus par Xerxès afin d’empêcher l’envoi de plus de troupes.
Ceci est uniquement le fruit de la fiction car il semble impossible que les Ephores, gardiens
ancestraux et protecteurs des lois dont le seul but était de sauvegarder Sparte et ses
traditions, aient pu être corrompus ainsi. Quant au reste de la Grèce, le nombre des troupes
n’est pas cité et l’armée n’est même pas mise en scène.
Pourquoi ce sacrifice.
Ce sacrifice est le point sur lequel les auteurs se contredisent le plus. Effectivement, on
peut prêter foi à plusieurs théories. Certaines sont très plausibles mais toutes sont
démenties par des arguments tout aussi convaincants.
Hérodote part de deux théories pour expliquer cet acte. La première, la plus populaire après
la bataille ainsi que dans les récits plus contemporains, est que Léonidas serait resté pour
respecter les lois de Sparte. Effectivement, il semblerait qu’il y soit interdit d’abandonner
un combat. Cet élément revient souvent lorsqu’on parle de Sparte. Par exemple, Lycurgue
aurait interdit, durant ses réformes, la pratique de la lutte et des combats au corps à corps
1
Pour le cas de Athènes, Sparte n’était pas directement menacée et ses tensions avec Athène, alors cité en
pleine expansion, les auraient poussé à ne pas réagir surtout par jalousie. Problème historique autour de la
bataille des Thermopyles / Apostolos Dascalakis. P. 42.
22
Jean-David Sandoz
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afin qu’aucun Spartiate ne s’habitue à la défaite1. Fuir le champ de bataille aurait été une
honte pour Léonidas, qui aurait préféré mourir de manière héroïque. C’est à cette théorie
qu’Hérodote accorde le plus foi2.
Ceci cependant peut sembler étrange à bien des égards. Premièrement, aucune source que
nous connaissons ne parle clairement de cette loi sparte. Certes, une loi s’y rapprochant
devait bien exister mais quelque chose d’aussi rigoureux semble illogique. Le repli,
l’abandon d’une ligne de défense peut en effet être un puissant outil stratégique ou encore
une manière d’éviter un massacre inutile dans beaucoup de cas. Sparte se glorifiait d’être
maître dans l’art militaire aussi aurait-il été stupide de se priver d’un tel outils stratégique.
De plus, il semblerait que durant l’Antiquité, des troupes spartiates se soient repliées ou
aient abandonné une bataille, et cela même durant les Guerres Médiques (Artémision), sans
subir de condamnation pour cela. Il semble donc peu probable que la réputation et
l’honneur de Léonidas, tout comme celui de Sparte, auraient été atteints si, après avoir reçu
la nouvelle de son encerclement proche, Léonidas s’était replié avec ses troupes.
Un fait troublant cependant qui soutient cette théorie est une stèle sur laquelle est gravée
cette inscription : « Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts pour obéir à ses loi ».
Apostolos Dascalakis apporte un élément qui réfute cette première théorie présentée par
Hérodote. Il propose que Léonidas soit resté dans le défilé afin que la flotte postée dans
l’Artémision ait le temps de s’enfuir. Cet élément aurait été décisif durant la bataille de
Salamine. Effectivement, si la flotte de Eurybiadès avait été détruite par les Perses, l’issue
de la bataille de Salamine aurait été dangereusement compromis.3
La deuxième théorie dont nous parle Hérodote serait qu’un devin de Delphes aurait été
l’auteur d’une prophétie liant Sparte et cette bataille. Il y aurait été dit qu’un roi descendant
d’Héraclès (ce qui serait le cas de Léonidas) devrait mourir sans quoi Sparte serait détruit.
« Ecoutez votre destin, ô habitants de Sparte aux vastes espaces :
Ou bien votre grande et glorieuse cité sera détruite par les Perséides,
Ou bien, si cela n’est pas, tout le pays de Lacédémon
Devra pleurer la mort d’un roi de la race d’Héraclès,
Car la force des lions non plus que celle des taureaux ne le protègera,
Force contre force ; car l’ennemi a le pouvoir de Zeus
Et il ne s’arrêtera pas qu’il n’ait dévoré l’une ou l’autre. »4
Inutile de dire que si une telle prophétie avait existé, elle pourrait expliqué ce qui a motivé
Léonidas à rester aux Thermopyles. Cette théorie expliquerait aussi d’une certaine manière
le départ de la majorité des troupes grecques. Léonidas aurait renvoyé le reste de l’armée
afin qu’elle ne soit pas massacrée en vain et que la gloire lui revienne à lui et aux siens.
Argument à double tranchant, car nous savons qu’il n’y a pas eu que les Spartiates qui sont
restés mourir aux Thermopyles. Si nous parlons toujours des 300 valeureux, ils auraient en
fait été bien plus, comptant dans leurs rangs les Thespiens ainsi que les Thébains. Si tel fut
le cas, pourquoi avoir gardé ces quelques hommes avec lui alors que la mort était certaine ?
1
Plutarque, œuvres morales, T. III, p. 75.
Problèmes historiques autour de la bataille des Thermopyles / Apostolos Dascalakis. P. 63.
3
Problèmes historiques autour de la bataille des Thermopyles / Apostolos Dascalakis. P. 63.
4
Hérodote, Polymnie. CXL
2
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Certains chercheurs estiment que ce devin et cette prophétie seraient en fait une invention
« ex post facto », c'est-à-dire un élément ajouté à l’histoire après coup afin de justifier la
mort de Léonidas. Les Ephores, en complicité avec Delphes, auraient pu en être les
auteurs. Ceci aurait justifié la mort des Spartiates dans le défilé mais aurait encore glorifié
Léonidas, rendent son acte d’autant plus héroïque. Un sacrifice pour une cause extérieure
impressionne bien plus que de mourir pour sa propre gloire. De plus, cela réhabilitait la
réputation militaire dont Sparte se glorifiait, faisant de la défaite au Thermopyles un acte
prévu et désintéressé.1
Cette prophétie aurait pu être associée aux prévisions du devin Mégisitias, présent dans le
défilé, qui prédit la mort du roi durant le deuxième jour de bataille. Celui-ci refusa de partir
et resta pour mourir aux cotés du roi, renvoyant son fils afin de perpétuer sa lignée. Mais, il
semblerait que l’invention de personnages dit « ex post facto » soit chose courante dans
l’antiquité, utilisés pour expliquer certains actes de dirigeants ou pour justifier certaines
défaites.2
Au-delà de ces deux théories d’Hérodote qui permettent de donner sens à notre récit, il est
aussi possible de penser que Léonidas soit resté aux Thermopyles pour des raisons
stratégiques très simples, quoique toutes contestables.
L’une de ces raisons serait simplement que, prévoyant l’encerclement, Léonidas serait
resté pour retenir l’ennemi quelques heures afin que le gros de l’armée puisse échapper à la
défaite. Mais, cette hypothèse semble peu plausible car le défilé n’est pas très grand et les
Grecs auraient sûrement eu le temps de s’enfuir. Il aurait aussi pu aussi rester pour laisser
au reste de l’armée le temps d’établir un autre plan de défense et de se poster plus loin.
Mais, le temps relativement infime qu’ils gagnèrent n’aurait pas servi à grand-chose. Par
ailleurs, rien n’a été fait dans ce sens, les Grecs ont fuit le défilé alors que les villes
résistantes ont très vite évacué pour se réfugier en Péloponnèse. Encore appuyée par les
paroles d’un oracle, la population entière d’Athènes fuira ses murs avant d’être totalement
brûlée. L’hypothèse que Léonidas soit resté espérant encore vaincre l’armée et garder ses
positions est nulle. Une fois encerclé, il est absolument certain qu’il n’aurait eu aucune
chance de s’en tirer ni de vaincre tant l’armée perse était immense.3
1
Problèmes historiques autour de la bataille des Thermopyles / Apostolos Dascalakis. P. 64.
Problèmes historiques autour de la bataille des Thermopyles / Apostolos Dascalakis. P. 65
3
Problèmes historiques autour de la bataille des Thermopyles / Apostolos Dascalakis. Ch. IV, p. 61-87.
2
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« Spartiates, en route pour la gloire ! »
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Léonidas
C’est ce que crie Léonidas lorsqu’il apprend
la défaite des Phocéens et la menace
d’encerclement des lignes. La raison est
absolument claire, elle rejoint la vision
d’Hérodote dans laquelle Léonidas et les
300 seraient restés pour la gloire et pour
suivre les lois de Sparte. Une autre chose
que dit Léonidas lorsqu’il s’entretient avec
Xerxès est qu’il veut montrer que même un
dieu peut saigner, chose qu’il montrera en
envoyant sa lance sur Xerxès durant la
dernière bataille, lui entaillant la joue. L’héroïsme n’est pas montré comme un massacre
inutile mais a pour but de montrer qu’une poignée d’hommes peuvent se mesurer à une
armée et que la liberté dont se glorifient les Grecs vaut tous les sacrifices. Cette fiction
montre ainsi la théorie la plus appréciée selon laquelle Léonidas serait resté pour l’honneur
et pour respecter les lois de Sparte mais ajoute en plus cette tentative de tuer ou de blesser
Xerxès afin que ce sacrifice semble moins inutile.
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Conclusion
Cette bataille, qui a vu la mort des valeureux Grecs, est bel et bien une défaite militaire.
Elle a permis néanmoins d’une certaine manière de raviver le courage et la combativité du
reste de la Grèce, en ayant montré que seule une poignée d’hommes avaient fait face à une
armée entière.
Après avoir traversé le défilé des Thermopyles, Xerxès a envahi une bonne partie de la
Grèce. Les populations encore résistantes se sont réfugiées en Péloponnèse. Athènes a été
totalement brûlée ainsi que de nombreuses villes comme Platées. L’issue de la guerre a été
déterminée durant la bataille de Salamine qui a vu la défaite de la flotte Perse. Xerxès,
voyant sa retraite menacée, est retourné en Perse laissant une partie de son armée sur place.
Celle-ci a été repoussée par les Grecs durant la bataille de Platée en 479 avant J.-C. Cette
bataille a été le dernier affrontement terrestre des Guerres Médiques et a marqué la fin de
l’invasion Perse.
J’ai cité dans ce travail la plupart des éléments et théories clés de cette partie des Guerres
Médiques. Mais comme j’ai pu le constater en creusant les ouvrages sources, certains
éléments sont tellement flous qu’il est impossible de déterminer avec certitude l’exactitude
des faits historiques. On l’a vu de manière flagrante avec le dénombrement des troupes
perse et des troupes grecques mais on voit aussi qu’il est difficile de comprendre
précisément les raisons qui ont motivé les décisions et les actes militaires. Les sources qui,
à première vue, paraissent être les plus sûres et les plus plausibles, telle celle d’Hérodote,
ne comportent finalement aucune preuve d’authenticité.
Ceci a été ma première surprise et prise de conscience importante de ce travail : la
relativité du récit historique. Au fur et à mesure de l’avancement de ce travail et voyant
que chaque point historique se trouvait indéterminé entre toutes les théories, la fiction
n’apparaissait du coup pas moins réaliste et plausible.
Evidemment, comme le terme l’indique, une fiction n’a pas pour but de reprendre avec
exactitude des faits précis. Pourtant, ce qu’on considère comme étant des faits historiques
n’est en fait aucunement plus précis.
L’œuvre de fiction présentée dans mon travail expose finalement un choix de théories
historiques mis dans un support imaginatif et artistique qui les rend ludiques mais pas
moins intéressantes au niveau de ce qu’elles apportent comme enseignement historique.
Ainsi regroupés dans une œuvre fictive, les faits présentés forment un ensemble logique et
cohérent autour d’une histoire et de personnages issus de l’imagination dont seul le nom et
le rôle sont connus.
En se penchant sur 300, l’auteur a choisi de faire de la bataille des Thermopyles une œuvre
impressionnante et théâtrale. La manière dont il présente l’histoire se rapproche donc plus
des chants des Lyriques, tel Tyrtée qui cherchait à mettre en évidence les aspects
dramatiques et héroïques, alors qu’Hérodote, lui cherchait à restituer les faits le plus
exactement possible. Les théories amenées dans ce film sont donc que seuls les Spartiates
seraient morts, que l’armée perse était composée de millions d’hommes et que Léonidas
serait mort pour suivre les lois de Sparte. Par ce choix, le film valorise l’héroïsme des grecs
et leur lutte pour conserver leur liberté contre la tyrannie perse. En soutenant d’autres
théories, d’autres fictions pourraient amener un message tout différent.
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Ce que les fictions veulent nous rapporter n’a pas pour but de se rapprocher totalement
d’une vérité. Les fictions ont pour but de transmettre, à la fois l’histoire, mais avant tout un
message ou une morale. Ces messages se retrouvent dans chaque adaptation mais ne sont
présents tels quels dans aucune source historique brute.
Hérodote, le père de l’histoire, ainsi que chaque auteur historique, écrivent eux dans le but
de transmettre aux générations suivantes les faits tels qu’ils les connaissent avec le plus de
précision possible. Mais lorsqu’Hérodote écrivit l’histoire de cette bataille, il se fia luimême aux différents récits qu’il entendit sur place. Ces récits eux-mêmes, fruits du bouche
à oreille, comportaient certainement déjà des exagérations, des choix et des interprétations
à partir des faits. Ce que nous appelons donc « sources historiques » sur lesquelles se
basent les livres d’histoire contemporains, sont en fait également une vision d’un
événement.
Ainsi, tout comme l’auteur de fiction, l’auteur historique fait passer un message au travers
de ses écrits. La différence fondamentale est que l’auteur de fiction en est conscient et mise
dessus pour créer des effets qui vont accentuer le message, alors que l’auteur historique
transmet son ou ses messages sans nécessairement se rendre compte de leur importance.
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