Rapport d`activité 2014 CADA Tournon
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Rapport d`activité 2014 CADA Tournon
RAPPORT D’ACTIVITÉ ANNÉE 2014 1 SOMMAIRE • Le contexte général de l’asile……..………….……………..3 • Les chiffres du CADA..……………...…………..…………...8 • Actions des bénévoles • Formations…………………………………………………...12 • 10 ans du CADA / Journée Mondiale………………….….14 • L’animation………………...….……………………………..20 • Santé mentale……………………………………………..…23 ….………..……….………...…...10 L’EQUIPE Les bénévoles : Madame AUDFRAY, Madame CUCHE, Madame LIESSE, Madame CHARLES, Madame De LACHEISSERIE, Madame DIETERLE, Madame LACOMBE, Monsieur BEUCHERIE, Madame MORINEAU, Madame BORJA Les salariés : Marie-Anne LAFFOND : Directrice Pascale ROUVEURE : Secrétaire Marie STOPIN : Assistante de Service Social Sylvie BERATTO : Educatrice spécialisée Françoise POURRET : Agent de service 2 LE CONTEXTE GENERAL DE L’ASILE Au niveau mondial, dans 44 pays industrialisés, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (H.C.R.), 866 000 demandes d'asile ont été enregistrées en 2014 , soit 45 % de plus qu'en 2013. Cette forte hausse est due notamment aux conflits en Syrie et en Irak, (avoisinant ainsi le record enregistré au début de la guerre en Bosnie-Herzégovine). Melissa Fleming, porte-parole du H.C.R., a déclaré que la situation dans ces deux pays a donné lieu à "la pire crise humanitaire de notre ère". En 2014, les demandeurs d'asile les plus nombreux, avec plus de 149 600 demandes (+ 166 %) sont les Syriens. Les violences et offensives djihadistes en Irak sont à l’origine de 68 700 demandes d'asile (+ 84%). Viennent ensuite les demandes déposées par les personnes fuyant l'Afghanistan (59 500, + 65 %), la Serbie et le Kosovo (55 700, + 61 %) et l'Érythrée (48 400, +117 %). 60 % des demandes d'asile ont été déposées dans seulement 5 pays : Allemagne (173 100), États-Unis (121 200), Turquie (87 800, leurs statistiques ne prennent pas en compte les Syriens car ils y obtiennent automatiquement un accueil provisoire dit "de groupe"), Suède (75 100) et Italie (63 700). La France ne figure plus parmi les 5 premiers pays de destination, .pour la première fois depuis 2000, elle est un des rares pays industrialisés où le taux de demandes a fléchi en 2014. Toutefois, dans les pays industrialisés, les demandeurs d'asile ne représentent qu'une petite partie des personnes fuyant leur pays en raison des guerres, violences et conflits. 85 % des réfugiés vivent ainsi dans un pays en développement. En Europe Cette année, la demande d’asile au niveau européen a augmenté de 44 % avec un total de 626 000 personnes. L’augmentation est particulièrement significative (+20%) pour les demandeurs d’origine syrienne. En 2013, ils étaient au nombre de 50 000 pour atteindre les 123 000 en 2014. 3 C’est en Allemagne que le nombre de demandes d’asile a été le plus important avec 202 700 demandeurs (soit 32 % de l’ensemble sur l’U.E.). La suède est en seconde place en accueillant 81 200 personnes, suivie par l’Italie (64 600), la France (62 800) et la Hongrie (42 800). Paradoxalement, cette année, c’est en Italie (+ 143 %) et en Hongrie (+ 126 %) que l’on enregistre la plus forte hausse de demandes par rapport à 2013. L’Allemagne et la Suède ont également connu une augmentation significative avec, respectivement, + 60% et + 50 %, alors que la France, elle, a enregistré 5 % de demandes en moins. En ce qui concerne les accords de statut ou de protection en 2014, les décisions en première instance (OFPRA) ont été positives à 45 % sur les 27 états membres de l’U.E. et ce sont les demandeurs d’origine syrienne qui se sont vus accorder majoritairement le statut de réfugié ou la protection subsidiaire avec un taux de reconnaissance de 41 %. En France Le nombre de demandeurs d'asile en France a presque doublé depuis 7 ans. Néanmoins, cette année, on enregistre une baisse avec 59 025 premières demandes au niveau national. Malgré cela, le manque de places en CADA est toujours d’actualité. Seuls 33 % des demandeurs d’asile ont été admis en CADA en 2014. La demande d’asile en France, cette année, connait sa première baisse depuis 2008. En effet, le nombre total de demandes (premières demandes et réexamens) est passé de 66 251 en 2013 à 64 536 en 2014*. Dans le même temps, le nombre de décisions prises par l’OFPRA a nettement augmenté avec un taux de 10,7%, soit 52 004 décisions qui ont abouti à 8 738 réponses positives cette année, contre 5 978 l’année dernière. Le taux d’accord pour la protection subsidiaire a, quant à lui, atteint 74 %. La CNDA a connu également une légère hausse du nombre de décisions, + 1,5 % soit 39 115 en 2014 contre 38 540 en 2013. La protection subsidiaire a été accordée à un plus grand nombre de demandes que l’année dernière puisqu’on note une hausse de 33,8 %. En général, sur 2014, l’OFPRA et la CNDA ont attribué l’asile (tous statuts confondus) à 14 564 demandes alors qu’en 2013, 11 428 dossiers se sont vus accorder un statut, ce qui représente une augmentation de 27,4 %. Les 10 premiers pays d’origine concentrant le plus grand nombre de demandes d’asile en France sont : La République Démocratique du Congo, la Chine, le Bangladesh, la Russie, la Syrie, le Pakistan, l’Albanie, le Soudan, Haïti et la Guinée. *Données statistiques consultables sur : www.immigration.interieur.gouv.fr Cette année 2014, avec la guerre civile en Syrie et en Irak, l’oppression et les persécutions de masse, les exactions dont sont victimes les chrétiens d’Orient, l’afflux des ressortissants a été significatif. 1 277 demandes d'asile pour des personnes persécutées ou menacées du fait de leurs convictions religieuses en Irak se sont vues accorder un statut ou une protection entre le 1er août et le 31 décembre 2014 au niveau national. 4 Synthèse du projet de réforme du droit d’asile Répondant à l’obligation de transposer les directives européennes « Accueil », « Procédures » et Qualification (1) », le ministère de l’Intérieur a présenté au parlement un projet de réforme législative de l’asile le 23 juillet 2014.Ces directives devront être transposées en droit français à partir de juillet 2015. L’ACCUEIL ET l’HERBERGEMENT I) La suppression du droit au séjour des demandeurs d’asile Actuellement, à leur arrivée les demandeurs d’asile bénéficie d’une Autorisation Provisoire de Séjour valable 1 mois puis d’un titre de séjour de 6 mois renouvelable tous les 3 mois jusqu’à la fin de la procédure auprès de la CNDA. Le projet de loi sur la réforme de l’asile remplacerait le droit au séjour des demandeurs d’asile par la simple délivrance d’une « attestation de demande d’asile » qui permettrait aux demandeurs de se maintenir sur le territoire le temps de la procédure. II) L’hébergement Actuellement, le dispositif dispose de 25 000 places en CADA. Bien que le nombre de place ait considérablement augmenté (il a quadruplé entre 2001 et 2010), il reste insuffisant car 45 300 personnes seraient en attente d’entrée en CADA. L’objectif du projet de loi est de proposer au plus grand nombre, y compris pour les procédures accélérées, un hébergement de type CADA. III) L’allocation L’Allocation Mensuelle de Subsistance, actuellement versée pour personnes hébergées en CADA et l’Allocation Temporaire d’Attente, versée par le Pôle Emploi pour les personnes non hébergées en CADA, disparait au profit d’une allocation unique qui serait versée par l’OFII. IV) L’évaluation de la vulnérabilité La notion de vulnérabilité est présente dans plusieurs dispositions du projet de loi. Cette notion est corrélée à la mise à disposition de conditions d’hébergement et de prise en charge matérielle et à des garanties procédurales spécifiques (déclassement de procédure accélérée à procédure normale ; sortie de zone d’attente ou de rétention). C’est l’OFII qui serait chargé d’évaluer cette vulnérabilité. Une liste non exhaustive des types de vulnérabilités est mentionnée dans la loi : les mineurs, les mineurs non accompagnés, les personnes en situation de handicap, les personnes âgées, les femmes enceintes, les parents isolés accompagnés d’enfants mineurs, les victimes de la traite des êtres humains, les personnes atteintes de maladies graves, les personnes souffrant de troubles mentaux et les personnes qui ont subi des tortures, des viols ou d’autres formes graves de violence psychologique, physique ou sexuelle telles que des mutilations sexuelles féminines. (1)Directives 2013/33/UE établissant des normes pour l’accueil des personnes demandant la protection internationale ; 2013/32/UE du 26 juin 2013 relative à des procédures communes pour l’octroi et le retrait de la protection internationale (refonte) ; 2011/95/UE du 13 décembre 2011concernant les normes relatives aux conditions que doivent remplir les ressortissants des pays tiers ou les apatrides pour pouvoir bénéficier d’une protection internationale, à un statut uniforme pour les réfugiés ou les personnes pouvant bénéficier de la protection subsidiaire, et au contenu de cette protection 5 V) L’instauration d’un guichet unique pour le premier accueil des demandeurs d’asile Pour le premier accueil des demandeurs, le Ministère de l’Intérieur évoque un guichet unique où l’OFII aurait un rôle important. En plus des missions de détection de la vulnérabilité et d’orientation vers les dispositifs d’hébergement, l’Office serait en charge de l’information sur la procédure et pourrait intervenir dans la gestion de de l’allocation pour demandeur d’asile et la saisine de l’OFPRA, en lien avec l’autorité compétente. INSTRUCTION DE LA DEMANDE I) Des procédures accélérées à l’OFPRA Le leitmotiv de la réforme est de réduire le délai d’instruction des demandes d’asile de deux ans à dix mois. Pour ce faire, le projet de loi prévoit d’introduire de nouvelles procédures visant à accélérer ou interrompre l’examen des demandes d’asile. Cela sera le cas lorsque l’OFPRA constate que le demandeur : - provient d’un pays d’origine sûr ; - a présenté une demande de réexamen qui n’est pas irrecevable ; - a refusé de manière délibérée et caractérisée de fournir des informations essentielles au traitement de sa demande, en particulier en ce qui concerne son identité ; – n’a pas introduit sa demande dans les délais impartis ou a manqué un entretien OFPRA sans justifier de raison valable ; – a « fui ou quitté sans autorisation » son lieu d’hébergement directif ou d’assignation à résidence ; - a présenté une demande d’asile en vue de faire échec à une mesure d’éloignement prononcée ou imminente ; - constitue une menace grave pour l’ordre public, la sécurité publique ou la sûreté de l’Etat. Dans tous les cas, l’OFPRA peut décider de ne pas statuer en procédure accélérée « lorsque cela lui parait nécessaire pour assurer un examen approprié de la demande ». Les mineurs non accompagnés ne peuvent pas être placés en procédure accélérée. II) Des procédures accélérées à la CNDA Le recours revêt un caractère suspensif pour tous les types de procédures. La CNDA statue dans un délai de 5 mois à compter de sa saisine. Lorsque l’OFPRA a rendu une décision en procédure accélérée ou a rendu une décision d’irrecevabilité, (par exemple en cas de demande de réexamen), la Cour statue à juge unique dans un délai de 5 semaines. L’aide juridictionnelle est accordée de plein droit. III) L’examen médical à la demande de l’autorité de détermination Le projet de loi prévoit, pour l’OFPRA, la prérogative d’exiger du demandeur qu’il se soumette à un examen médical par un médecin agréé mais le refus de la personne ne fait pas obstacle au statut de sa demande. 6 IV) Le choix de la langue Le demandeur est entendu dans la langue de son choix, sauf s’il existe une autre langue qu’il comprend et dans laquelle il est à même de communiquer clairement. V) Le tiers à l’entretien Le projet de loi intègre l’obligation découlant du droit de l’Union Européenne de permettre la présence d’un avocat ou d’un représentant d’une association de défense des droits de l’homme lors de l’entretien OFPRA tout en soulignant la nécessité de l’encadrer. Une phase d’expérimentation est prévue pour les personnes domiciliées en Ile de France et région Rhône-Alpes. Sources : - Coordination française pour le Droit D’asile, Forum réfugié, Assemblée Nationale 7 LES CHIFFRES DU CADA En 2014, le CADA de TOURNON a réalisé 14 337 journées d’accueil soit un taux d’occupation de 98 % pour les 40 places dont il dispose. PROFIL DES MENAGES ACCUEILLIS Dans l’année, nous avons hébergés 64 Personnes représentant 16 familles (32 adultes et 32 enfants) ♦ ♦ Couples avec enfants : 14 Couples sans enfant : 2 NATIONALITES REPRESENTEES 10 nationalités représentées sur l’année 2014 UKRAINIENNE PALESTINEINNE AZERBAIDJANAI… SYRIENNE TURQUE KOSOVARE ALBANAISE GEORGIENNE RUSSE ARMENIENNE 5 pers. 5 pers. 4 pers. 1 pers. 2 pers. 5 pers. 9 pers. 13 pers. 7 pers. 13 pers. LES DECISIONS Les décisions définitives concernant la procédure ont été les suivantes : ♦ ♦ ♦ Statut accordé à l’OFPRA : 0 ménage Statut accordé à la CNDA : 3 ménages (14 personnes : 1 réfugié et 2 protections subsidiaires) Décisions de rejet à la CNDA : 4 ménages (15 personnes) En attente de décisions au 31 décembre : 30 personnes 4 ménages 3 ménages statut CNDA Rejet CNDA statut CNDA Rejet CNDA 8 Les mouvements (entrées-sorties) ont concerné 41 personnes ENTREES 23 personnes soit 6 ménages : 1 ménage ukrainien (5 personnes) — 1 ménage palestinien (5 personnes) — 1 ménage ROM d'Albanie (4 personnes) — 1 ménage russe (2 personnes) - 1 ménage azerbaidjanais (4 personnes) - 1 ménage mixte turque /syrien (3 personnes). Ukrainien 3 pers. 5 pers. Palestinein Albanais 4 pers. Russe 5 pers. Azerbaidjanais 2 pers. Turque/Syrien 4 pers. SORTIES 18 personnes soit 5 ménages : Réfugiés : 1 ménage (ROM) Albanais (5 personnes) soit : 1 couple et 3 enfants Bénéficiaires de l’asile subsidiaire : 1 ménage Russe (5 personnes) soit : 1 couple et 3 enfants Déboutés : 3 ménages soit: 2 ménages géorgiens (8 personnes) et 1 ménage Arménien ( 3 personnes). 5 pers. 8 pers. Réfugiés Asile subsidiaire Déboutés 5 pers. 9 ACTION DES BENEVOLES En 2014, notre équipe de bénévoles était composée de 8 personnes et ce jusqu’au mois de mai. En juin, une nouvelle bénévole est venue rejoindre le CADA afin d’aider les adultes dans l’apprentissage du français. Puis, au mois d’octobre, une autre bénévole est venue compléter l’équipe en s’investissant auprès de deux enfants, dans le soutien scolaire. Cours de français aux adultes Les cours de français sont toujours organisés selon un planning sur la semaine. Les bénévoles interviennent une à deux fois par semaine pour des cours d’une heure et demie, en prenant en charge deux personnes en même temps. Ces binômes sont planifiés par niveau de connaissance de la langue. L'objectif de ces cours est de leur apprendre à communiquer en français en favorisant l’expression orale. Les compétences acquises doivent leur permettre de faire face rapidement aux diverses situations de la vie quotidienne. Lors de la réunion de rentrée en septembre, Nicolas, l’enseignant FLI, formé et diplômé, (Français Langue d’Intégration) du CADA de Valence, est intervenu pour prodiguer quelques conseils et soutenir les bénévoles du CADA de Tournon. Il leur a donné différents outils pour faciliter l’apprentissage, tels que des références sur des sites informatiques ou des livres comme « le guide du bénévolat ». Il a pu notamment, leur expliquer comment construire une séquence pédagogique. Il est également là pour répondre à leurs interrogations, en terme de savoir-faire, au niveau des cours. Les bénévoles qui interviennent au CADA apprécient beaucoup cette aide. Ce retour sur leur pratique, par un professionnel, leur permet, d’une part, de prendre d’avantage confiance en eux par rapport aux cours qu’ils prodiguent et d’autre part, d’acquérir des outils supplémentaires. Ces cours de français sont également organisés en cours collectif une à deux fois par an, sous forme de modules. Ces modules favorisent les échanges entre résidents et leur permettent de développer des stratégies d’apprentissage par le jeu, la lecture ou l’écoute. 10 Les objectifs : ♦ ♦ ♦ Favoriser l’expression orale du français par des mises en situation ; Travailler sur des thèmes de la vie quotidienne des familles, comme l’école, la santé, le repérage dans le temps et l’espace, la voiture, le code de la route, l’alimentation, l’utilisation du téléphone, le sport, l’administration (la poste, la banque, la mairie, la préfecture#.), etc. ; Proposer des situations où les personnes sont à l’aise et où elles doivent s’impliquer. Déroulement du module : Les modules sont organisés en 2 groupes et se déroulent sur 3 jours. Les séances sont de 3h00 par demi-journée. Cette année, les modules ont eu lieu en mai. Plusieurs thèmes ont été retenus : ♦ Les droits et devoirs en France ; ♦ Les chansons françaises ; ♦ Mise en situation de la vie quotidienne via un jeu de l’oie personnalisé (construit par une bénévole). A travers les cours de français et plus particulièrement les modules, il ne s’agit pas seulement de favoriser l’expression en français des personnes accueillies en CADA mais aussi de favoriser une cohésion de groupe et développer une certaine solidarité entre eux. Ceci est d’autant plus important que le CADA de Tournon n’a pas d’hébergement collectif. Soutien scolaire pour les enfants Cette année, avec la réforme des rythmes scolaires, l’organisation du soutien scolaire pour les enfants du CADA a été modifiée. En effet, les enfants de primaire ont classe le mercredi matin alors qu’auparavant, cette matinée, au CADA, était consacrée au soutien scolaire des enfants. Depuis septembre 2014, les mercredis après-midi (de 13h30 à 17h), plusieurs bénévoles interviennent pour aider les enfants scolarisés en primaire et collège. Mais comme ce laps de temps ne suffit pas pour pouvoir répondre aux besoins de tous les enfants, deux bénévoles ont organisé leur soutien scolaire les mardis et jeudis de 16h à 17h, les nouveaux horaires scolaires étant pour l’après-midi : 13h30-15h45. 11 FORMATIONS Il est important, pour les professionnels de terrain, de compléter ou réajuster régulièrement leurs connaissances, leurs savoirs faire et leurs savoirs être. Les formations contribuent largement à prendre ce recul nécessaire sur leurs pratiques. Plusieurs formations ont été proposées en 2014. Formations collectives Deux journées associatives ont eu lieu : Le 22 mai autour de la question : « Le travail social est-il encore un acte de résistance ? » Cette journée était animée par Lluis CABALLE de l’Entraide Protestante et par Michel TACHON, sociologue. Le 19 novembre autour de la réflexion sur : « Qu’est-ce qui nous rassemble ? Valeurs et missions partagées de l’association » Cette journée était animée par Claude VOLKMAN (directeur du CREAI Rhône-Alpes et du CRIAS Mieux Vivre) et par Olivier DUCHOSAL (juriste consultant, formateur en droit de la santé) Tous les salariés et bénévoles de l’association sont conviés lors de ces journées. Une formation à destination des équipes du Pôle Asile de l’association, a été programmée sur deux jours, les 4 et 5 décembre. Le thème retenu était : « Accompagner des personnes exilées en souffrance psychique ». Cette formation était animée par un intervenant de Forum Réfugié. Formation individuelle L’assistante sociale du CADA a bénéficié d’une formation dispensée par « France Terre d’Asile » à Paris, ayant pour thème : « traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle ». Cette formation a permis de plus amples connaissances et une plus large réflexion sur : *La prise en charge psychosociale de la victime ; *La mise à l’abri des victimes en France ; *Les définitions et présentation de la traite ; *Le droit au séjour spécifique aux victimes étrangères de la traite ; *L’exploitation sexuelle et la demande d’asile. 12 Accompagnement à la formation En 2014, le CADA a accueilli trois stagiaires en formation d’Educatrice Spécialisée à l’ESSSE de Valence : Une stagiaire, après avoir fait un stage au CADA en 1ème année de formation, est revenue pour effectuer sa 2ème période de stage, en mai et juin. Une stagiaire en 1ère année de formation pour un stage de deux mois (octobre et novembre). Ce stage se poursuivra sur 2015 avec une 2ème période, en mai et juin. Une stagiaire de 3ème année qui a débuté un stage en décembre et qui le finira en mars 2015. Le CADA a également accueilli une stagiaire en formation d’Assistante de Service Social en 2ème année de formation à l’ESSSE. Elle a débuté son stage en septembre et elle le finira en avril 2015. L’accueil des stagiaires représente un intérêt certain, tant pour le stagiaire lui-même que pour l’équipe. En effet, le stagiaire va se confronter à la réalité du terrain, découvrir un public, une institution, un fonctionnement et développer peu à peu des compétences professionnelles. Quant aux membres de l’équipe, le regard neuf et le questionnement du stagiaire vont favoriser la prise de recul sur leurs pratiques. 13 Célébration des 10 ans du CADA Et de la journée mondiale du refugié C’est en 2003 que le Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile a été crée. D’ une capacité de 40 places, il dispose de 9 logements autonomes repartis sur la commune de TOURNON. En juin 2014, avec un peu de retard , nous avons célébré ses 10 années d’existence. La journée mondiale du refugié est un évènement international, qui se déroule le 20 juin de chaque année depuis 2001. C’est l’occasion pour le CADA de faire connaitre au bassin de vie tournonais le dispositif, ses missions, le public accueilli. La célébration de cette journée est un temps fort pour les familles en demande d’asile. Accompagnées par l’équipe de travailleurs sociaux du CADA, à travers diverses animations, elles sont au cœur de l’évènement. C’est l’occasion pour elles de se faire connaitre, lever certains préjugés les concernant et faire mieux connaitre leur culture. Pour les dix ans du CADA, Il nous a semblé opportun d’associer ces deux évènements. Cette manifestation s’est déroulée sur deux temps : -Le jeudi 19 juin L’après midi, l’équipe et les familles ont organisé les « portes ouvertes au CADA ». Nous avions observé que peu de personnes connaissaient le dispositif d’accueil des demandeurs d’asile. Pour faire connaitre la structure, l’équipe a organisé 4 ateliers et démonstrations de recettes de cuisine, présentés et animés par les résidentes. Ces animations se sont déroulées au CADA. Le public a pu participer à la dégustation de spécialités Yésides « les mantis turques », d’Arménie « les dolmas », de Russie, « les perachki », de Géorgie « Nigvzian badryani» Cette démonstration a valorisé les savoirs faires de chacune d’entre elles, et leur a permis d’échanger avec le public. 14 - Le vendredi 20 juin 1-L’ouverture de cette journée, Monsieur Fréderic LONDEIX Président de l’association Diaconat Protestant, a ouvert cette journée, en présence d’élus, de Monsieur Jean-Jacques BOSC, Directeur Général et de Madame Marie-Anne LAFFOND, Directrice du Pôle Asile. Monsieur LONDEIX a rappelé les missions du CADA, la situation de l’exil en France, les valeurs de l’association. Monsieur GRESLON, de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations, a exposé la situation de l’asile dans le département de l’Ardèche ainsi que de la situation économique de la France. Il a expliqué les raisons des restrictions de budget, les difficultés encourues. Il a adressé un discours de soutien, de bienveillance et de remerciements sur la qualité du travail effectué par le CADA de Tournon auprès du public en demande d’asile. Ces discours se sont conclus sur l’interlude musical de Shkeb PORSO, musicien professionnel réfugié et autour d’un buffet de spécialités caucasiennes. 2-Marche dans Tournon, L’ensemble de l’équipe du CADA de Valence a souhaité se mobiliser pour participer à l’évènement sur Tournon. Elle a proposé une marche silencieuse dans les rues du centre ville de Tournon. Certains résidents portaient des pancartes dont les slogans étaient : « un demandeur d’asile n’est pas un sans papier », « repartir de zéro », « ouvrez une porte, sauvez une vie » L’objectif était de sensibiliser les passants et de faire connaître le public et la demande d’asile. Une vingtaine de résidents de Valence sont venus grossir le cortège des participants de Tournon. 15 Les partenaires : 3- Jeux du monde : Afin de favoriser l’échange et la rencontre, dix jeux du monde géants ont occupé l’espace extérieur de la salle Georges Brassens avec, en parallèle, une animation art plastique sur le thème de « Partageons le monde » animé par Jean Paul et Sylvie, plasticiens et enseignants en art plastique à l’école des beaux art de Valence. Ils sont intervenus gracieusement à l’occasion de la journée mondiale du réfugié. Les fresques réalisées ont complété les expositions du HCR et du Centre Patrimoine Arménien. Expositions du : UNHCR, CPA 4- Le UNHCR, Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés ou HCR dans l’espace francophone, est l’une des principales institutions humanitaires du monde. Il a été crée le 14 décembre 1950 par l’assemblée générale des Nations Unies pour venir en aide aux européens déplacés après la seconde guerre mondiale. Ces réfugiés relevant du mandat du HCR ont été définis comme personnes quittant leur pays et ne voulant pas y retourner par crainte d'être persécutées du fait de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leurs opinions politiques et de leur appartenance à un groupe social particulier. C’est ainsi que le HCR a pensé, rédigé et entériné le fondement de l’asile. Le texte de la convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut de réfugié a été adopté le 28 juillet 1951. La mission première du HCR est de protéger les réfugiés. Son mandat est d’assurer la protection internationale des personnes fuyant le conflit armé et la persécution dans leur pays d’origine, de trouver une solution durable à leurs problèmes. C’est aussi de s’assurer de l’application de la Convention de Genève et d’autres instruments internationaux en rapport avec la situation des refugiés. Actuellement, 51 millions de personnes sont déracinés dans le monde. Le HCR s’occupe de 42,9 millions de personnes, relevant de sa compétence : 23.9 millions de déplaces internes, 11.7 millions de réfugiés, 1.8 millions de rapatriés, 3.5 millions d’apatrides, prés de 1.2 million de demandeurs d’asile et 826 000 autres bénéficiaires. Pour sensibiliser le public à la cause des réfugiés, le UNHCR crée et propose aux asso ciations et partenaires divers des outils d’information (films, expositions, documents, bibliographies…) abordant les différents aspects de la vie des réfugiés, des déplacés internes, des apatrides et toute autre personne sous leur protection. 16 Le HCR a mis gracieusement à la disposition du CADA, deux expositions et des ouvrages. Appuyés par ces outils et le stand d’information, les travailleurs sociaux ont sensibilisé le public à la cause des migrants, des demandeurs d’asile et ont porté à la connaissance du grand public leurs missions et leurs actions. 1 ère exposition : EXODES : « REFUGIES EN AFRIQUE » Photos de SEBASTIAO Salgado. L’exposition de SEBASTIAO Salgado nous plonge au cœur de son œuvre : Une forme traditionnelle de reportage photographique humaniste, qui cherche l’équilibre entre l’éthique et l’esthétique, la conciliation entre le beau et le vrai. L’exposition a suscité beaucoup d’étonnements, d’interrogations et d’émotions. « On photographie avec l’idéologie, avec ce que l’on sent, ce que l’on aime et ce que l’on pense ». SEBASTIAO Salgado 2ème exposition : Le HCR : panneaux présentant l’origine, les missions, les actions, les interventions, ainsi que la situation des réfugiés dans le monde. 5- CPA : Le Centre du Patrimoine Arménien C’est un établissement unique en Europe, implanté sur la commune de Valence. Le CPA est un outil de compréhension des grandes questions qui animent notre monde. Dédié à l’histoire des peuples, il rend compte de la diversité culturelle des sociétés contemporaines, sur son propre territoire et au-delà, et participe à l’invention de nouvelles formes de citoyenneté. En 2011, à l’occasion des 10 ans du CADA de Valence, les travailleurs sociaux avaient, en partenariat avec le CPA, participé à la construction d’un atelier pédagogique sous forme d’un jeu de l’oie géant. Cette idée émane d’une proposition de la CIMADE. Ce jeu « parcours de réfugié » permet d’aborder, sous forme ludique, le phénomène migratoire, les réalités administratives et la composition de la population en France. Il a pour objectif de présenter les migrations dans leur ensemble, de déconstruire les idées reçues, de fournir des données chiffrées sur les migrations et la politique de l’asile en France et dans l’Union Européenne, de découvrir les démarches à accomplir pour obtenir le statut de réfugié en France aujourd’hui. Le Centre du Patrimoine Arménien a mis à disposition du CADA, une exposition sur « LES REFUGIES DANS LE MONDE ».Cette exposition présente quelques chiffres clefs extraits de documents de l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés et, au niveau local, du rapport d’activité du Cada de Valence, l’objectif étant de rappeler quelques réalités relatives à la question des réfugiés dans le monde. Cette exposition du CPA est composée de 11 panneaux. Elle a complété celle de SEBASTIAO Salgado.. 6-La bibliothèque La bibliothèque municipale de Tournon s’est également associée à la célébration de la journée mondiale du réfugié et aux 10 ans du CADA. Une bibliographie a été retenue, les bibliothécaires se sont appuyées, pour sélectionner des ouvrages, sur les pays d’origine des demandeurs d’asile ayant séjourné au CADA depuis sa création. Elle a été exposée le 20 juin à la salle Georges Brassens et présentée à la bibliothèque, sur toute forme de lectures confondues : documentaires, romans, BD, fictions, conte, issus des secteurs adultes et jeunesse. 17 Abou FALL, conteur professionnel sénégalais a transporté dans son monde, le public jeune et moins jeune, par ses mythes, ses épopées, son récit de vie sur le thème de l’exil, qu’il a accompagné de ses instruments à vent, à cordes, et percussions douces. Un vrai moment de bonheur et d’écoute partagé par le public attentif, séduit, conquis. 7- Les ateliers d’écriture Dans le cadre des 10 ans du CADA, nous souhaitions mettre au cœur de cette fête les résidents à travers leurs expressions orales, leur parcours d’asile par un recueil de textes, en vue de les mettre en valeur sous un support tel qu’une exposition, une reliure ou un slam. Fatima MANA, écrivain à Tournon sur Rhône, a été l’animatrice de ce projet. Avec l’aide de l’équipe, Fatima a utilisé plusieurs techniques pour libérer la parole : le langage photos, l’expression autour d’une image et le dessin. Des thèmes ont été choisi par les résidents. Thématiques : « Notre vie en France et le regard des français sur nous », « Si on avait la chance de changer notre pays », « Pourquoi quitter son pays ? Raconter son voyage », « Jardins et autosuffisance »,« Autour des trois valeurs du drapeau français », « Qu’est ce que nous aimerions pour demain », « La famille et les enfants » « La santé, les soins, et l’hôpital » « Les traditions ici et là-bas », « Corruption et mafia » « Lettre à un ami laissé au pays … ma vie ici ». Un montage de photos et de textes a été agencé sous forme de BD par l’équipe du CADA et présenté lors de la manifestation du 20 juin. Un bilan positif : extrait de la restitution du dernier atelier d’écriture du 20 mars 2014 « Ca me plait ce qu’on a fait, mais il y a des souvenirs qu’on ne veut pas se souvenir. Quand on a parlé de notre futur et de notre vie d’ici ça c’était bien. Je ne pensais pas qu’un écrivain pouvait s’intéresser à nous. Dans notre pays, ils ne s’intéressent pas à ce qu’on fait. » « Oui les ateliers c’était bon pour tout le monde, même pour la langue c’était bien pour apprendre le français ». Nous avons fait le choix de regrouper leurs écrits, leurs mots, leurs poésies mis en forme par Fatima, et de l’insérer dans un recueil mis a disposition du public. 18 8- Le concert Pour clôturer la soirée, deux prestations de deux groupes de musique, ont endiablés le public. « FARA NUME » musique tzigane en première partie est un groupe composés de 7 musiciens chanteurs venant de Crest. Leur répertoire, inspiré de chants et musiques traditionnels roumains, résonne dans les souvenirs de chacun. « SONIDO DEL MONTE » musique des tropiques, de la cumbia tropicale. C’est un groupe Lyonnais, deux des musiciens sont originaires de Tournon ou ayant une histoire étroite avec celle-ci. Ils nous ont fait le plaisir de venir jouer pour les familles et le public. Les enfants du CADA ont terminé la soirée sur scène, les accompagnant par leurs chants, leur joie d’être là, et leurs petits instruments rythmiques. Les familles du CADA ont préparé des spécialités de leurs pays : 9- Le stand gâteaux Un petit stand de pâtisseries a été réalisé et tenu par les femmes du CADA. Elle ont préparé des spécialités de leurs pays, mises en vente au public. Les bénéfices leurs ont permis d’organiser une sortie à la mer. 19 L’ANIMATION Ces temps d’animation sont destinés aux adultes et aux enfants. A-POUR LES ADULTES : *L’atelier cuisine est une animation avec une participation des femmes toujours élevé. Cette année, leur demande s’est orientée sur l’apprentissage de recettes françaises. Avec la préparation de la journée mondiale du réfugié, les ateliers cuisine ont pris tout leur sens. *Les sorties familiales organisés par le CADA sont des temps forts pour les familles. Elles permettent de faire découvrir, à l’ensemble des résidents, des espaces qui leur permettront d’y retourner par leurs propres moyens. C’est aussi le moyen de leur faire découvrir des paysages inconnus. Cinq sorties familiales ont été proposées aux familles. 1-la rencontre Inter cada : A l’initiative du CADA d’Annonay, les familles des CADA du département de l’Ardèche se sont retrouvées autour d’un repas et d’animations, de jeux, 2-la piscine de Saint Vallier, 3-le lac de Marandan, 4-visite exposition Image’ N Magie, 5-Visite des calanques de Cassis. Les familles sont très demandeuses d’une sortie à la mer. Avec le bénéfice de la vente des gâteaux et l’aide du fond social de l’Association leur projet a pu voir le jour. Elles ont pu profiter d’une journée à Cassis avec la découverte des calanques en bateau. Ce fut une journée mémorable pour l’ensemble des résidents. Certains n’avaient jamais vu la mer. Ces sorties restent des temps forts, riches en découvertes, en émotions et en renforcement des liens pour les familles du cada. 20 Noel : Le 23 Décembre 2014, c’est fêté le traditionnel Noel très attendu par les familles, à la salle Rozeron de Tournon mise à disposition gracieusement par l’Eglise Protestante Unie de France. La soirée a été animée par une conteuse professionnelle : Genevieve, suivi par la venue du père Noel incarné par Daniel, bénévole pour la distribution de cadeaux aux enfants. Ce temps fort a été suivi par un repas partagé composé de plats traditionnel d’horizon divers. La soirée s’est achevée autour de musique et de danse. B-POUR LES ENFANTS Animations externes : Le centre social organise un CLSH (Centre de Loisir Sans Hébergement) à la période des vacances scolaires. Au vacances de février : une sortie patinoire suivie d’un repas au restaurant chinois a été organisé pour 15 enfants. A Pâques : 4 ados du CADA ont bénéficié d’une semaine de CLSH à un tarif préférentiel. Ce qui a permis à l’ensemble de ces jeunes de 14-17ans d’y participer pleinement et aux familles de prendre en charge la totalité du coût. Période d’été : 9 enfants de 4 à 14 ans ont participé aux activités du centre aéré, à raison de trois par semaine, pendant trois semaines. Il est important de maintenir ces activités collectives extérieures au CADA. En effet, les familles isolées, loin de tout contact, souvent en fragilité psychique, et en précarité financière, sont parfois en difficulté pour occuper les enfants pendant deux mois. Cela permet, également, de diminuer le risque que les enfants soient dans l’oisiveté et « exposés aux dangers de la rue ». Animations internes : Pendant les vacances de Toussaint, L’équipe appuyée par deux stagiaires, a organisé, pour 14 enfants du cada, une animation halloween se déroulant sur 2 journées. Le jeudi après midi : atelier décoration et atelier manuel. Le vendredi toute la journée: atelier cuisine, conte. Apres midi : visite guidée « Halloween au chat » au château de 21 Tournon suivi d’un spectacle organisé par le centre culturel de la Tourette. L’animation s’inscrit dans les missions attribuées au CADA et notamment à la gestion de l’attente. Elle permet de diminuer des sentiments qui apparaissent lorsque la personne se retrouvent confrontée à l’angoisse de la réponse et la perte de statut que sa situation de demandeur d’asile génère. Bien que le budget animation se réduit d’année en année, il reste pour l’équipe un pôle important à maintenir. Elle s’efforce de continuer à animer et à proposer à moindre coût des animations et consacre un temps non négligeable à la recherche de spectacles, animations, transports. 22 SANTE MENTALE En effet, la demande d’asile produit du stress car elle impose un délai d’attente non mesurable, celui du temps nécessaire à l’instruction de leur dossier. Cette situation a pour conséquence d’inscrire le demandeur d’asile dans une attente sans repère. Victime pour certains d’un exil forcé, il a du fuir pour sauver sa vie, sans avoir le temps d’organiser son départ et celui de sa famille, de préparer une mise à l’abri de sa famille. Il doit enclencher un travail de deuil car il laisse parfois derrière lui une bonne situation professionnelle, sociale, un niveau de vie... De plus, la demande d’asile ne donne pas de droit au travail. L’impossibilité de travailler perturbe et touche, en majorité, les hommes. En effet, de manière traditionnelle et culturelle, l’homme est le chef de famille et répond à ses besoins. Celui-ci ne peut plus assumer cette obligation et est contraint de rester inactif. Apparaissent alors des sentiments de perte de confiance en lui, diminution, perte du statut de père, de dignité… Le choc culturel peut aussi être violent et engendrer des conflits intérieurs mais aussi au sein du couple. L’histoire de vie du demandeur d’asile peut être parsemée de persécutions, d’harcèlements, de menaces, d’humiliations, de pertes d’un proche; l’inactivité réactive les traumatisme du passé et peuvent s’exprimer de différentes façons : comportement agressif, méfiance, insomnie, cauchemar, angoisse, somatisation, dépression, repli sur soi, passivité…. L’intervention de l’Equipe Mobile de Psychiatrie et Précarité prend ici tout son sens : Le 16 septembre 2014, l’équipe du CADA a rencontré l’équipe mobile de psychiatrie et précarité (EMPP) du secteur de Tournon et Guilherand Granges, qui était déjà opérationnel dans des structures type CHRS. Deux infirmières psychiatriques, Caroline et Laurence , nous ont présenter ce nouveau dispositif mis en place en Ardèche. L’EMPP répond à l’objectif initial fixé par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de mettre en œuvre une véritable politique départementale dans le domaine de la psychiatrie et de la précarité. L’EMPP prend en charge des personnes en situation de précarité et/ou d’exclusion sociale, en souffrance psychique. Ce travail se fait en collaboration avec le centre hospitalier psychiatrique de Privas. Après échanges avec Caroline et Laurence, nous étions d’accord sur le fait que les personnes accueillies en CADA étaient particulièrement concernées par cette prise en charge. Nous avons donc convenu de mettre en place des permanences au CADA à raison de deux séances par mois. Une convention de partenariat a été signée entre l’EMPP et notre service. La première permanence a débuté le 09 octobre 2014. C’est Caroline qui assure ces suivis. Plusieurs demandeurs d’asile se sont saisis de cette instance pour bénéficier d’un suivi psychiatrique. La barrière de la langue reste le problème majeur, mais Caroline a pu avec l’aide de l’ARS, via l’hôpital Ste Marie de Privas, bénéficier d’un budget interprétariat. Pour plusieurs personnes du CADA, Caroline a estimé nécessaire de prévoir des rendez-vous au CMP, avec le médecin psychiatre. 23