La Boire Torse et ses usages de l`Antiquité à nos jours

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La Boire Torse et ses usages de l`Antiquité à nos jours
La Boire Torse et ses usages
de l’Antiquité à nos jours
Emprunter la voie romaine : quel parcours ?
La Boire Torse, toute une histoire…
Le tracé de la voie romaine Angers Nantes est difficile à établir et ce qui suit relève donc surtout d’hypothèses qui reposent sur quelques observations et sur l’étude des noms des parcelles
cadastrales ou « microtoponymie ».
Il faut aussi se rappeler que l’étiage de la Loire et donc le niveau de la Boire s’établissaient
nettement plus bas qu’aujourd’hui, entre 9 et 12 mètres semble-t-il.
De Montrelais à Varades
On peut penser que, depuis Ingrandes, cette voie empruntait ce qui s’appelait la Rue du Fresne, à Montrelais,
devenue en 1903 la commune de La Rue du Fresne, puis Le Fresne-sur-Loire en 1920.
Elle se poursuivait sans doute jusqu’à Montrelais, longeant la Boire et contournant le marais de Bray. Après la
traversée du bourg de Montrelais, son tracé rectiligne en direction de Varades est encore visible aujourd’hui,
même si la construction de la voie ferrée l’a sectionnée.
La carte de 1839 (Lemierre, ADLA) mentionne une « grande route de
Varades à Montrelais » qui passe au sud de La Petite Rivière et non,
comme de nos jours, au nord de ce village.
De Varades à Anetz
Il n’est pas aisé d’établir le tracé de Varades à Anetz. La voie passait-elle plutôt sur le coteau,
pour éviter des zones aujourd’hui inondables, ou suivait-elle plutôt le cours de la Boire qui pouvait permettre des transports par bateau ? L’on ne peut écarter l’hypothèse d’une voie bordant
la Boire, car le lit de la Loire était à l’époque gallo-romaine plus bas qu’aujourd’hui.
Le nom du village de La Chaussée, à proximité de La Petite Rivière est évocateur. La voie rejoint ensuite Le Haut Coteau avant le versant escarpé du coteau
de La Madeleine, par un chemin dont les proportions, notamment la largeur,
peuvent surprendre en pleine campagne. Rejoignait-elle alors la route de Varades
à Montrelais qui passait autrefois par Les Grandes Vignes ? Ou bien suivait-elle
de plus près le rebord du coteau, pour aboutir à La Gravelle ?
L’actuelle rue de l’église, à Anetz, correspondrait au tracé de l’ancienne voie gallo-romaine reliant Lyon, capitale des Gaules, à l’Armorique. Le quadrillage, encore lisible, du parcellaire du
coteau d’Anetz évoque l’exploitation, rationnelle et géométrique, que les Romains faisaient des
territoires. Nombre de parcelles ont du reste conservé le nom de « grée », du nom des bornes
qui délimitaient les angles des parcelles. Cependant, des fouilles menées en1984 ont mis à jour
les vestiges d’une villa gallo-romaine près de l’emplacement actuel de l’église. Or les villas s’établissaient plutôt un peu à l’écart des voies pour des raisons de sécurité. Il se pourrait donc que
la voie ait suivi la Boire au plus près.
La Boire et la vie quotidienne
La Boire permettait à la population de disposer d’abreuvoirs et de lavoirs.
Lors d’un projet de comblement de la Boire en 1816, le maire de Varades faisait ses observations :
« Il est donc absolument nécessaire de conserver, au bas du bourg dans la Boire et dans l’endroit nommé Boire du
château, l’abreuvoir actuellement existant, où il y a toujours de l’eau, pour y mener les chevaux. Il n’y en a pas
d’autre commode et convenable pendant l’été. Le bourg qui est très populeux ne peut aussi se passer d’un lavoir ».
Des années plus tard, la prise de sable et le droit de puiser de l’eau sont évoqués :
« Le 3 septembre 1859, plus de trente-cinq habitants de la commune de Varades signent une pétition car « dans
les soumissions qui viennent d’être faites pour la vente des terrains provenant de l’ancienne Boire, dite Boire Torse,
(…), on n’a fait aucune réserve pour les prises d’eau et de sable que les habitants ont l’habitude de faire dans cette
boire. » Ils réclament donc la réservation d’emplacements pour établir lavoirs et abreuvoirs, ainsi que pour la prise
de sable et le droit de puiser de l’eau ».
Témoignage
À Varades au milieu des années 1950, trois points d’eau servaient aux habitants pour
rincer le linge préalablement bouilli dans les lessiveuses : le puits sur la place de
Varades, la pompe à l’angle de la rue de Verdun et la Boire Torse. Mme Bernèse était
embauchée à l’époque par des familles de Varades pour descendre le linge dans une
brouette de bois jusqu’à la Boire, à La Gravelle pour le rincer. Elle avançait la brouette
dans l’eau pour ne pas salir le linge sur le bord terreux. Certaines familles venaient
rincer leur linge dans la Boire Torse.
À Anetz.
Lorsque fut envisagé l’assèchement de l’étang de La Cave à Anetz, le maire écrivit, le 23
juillet 1877, au Sous-Préfet pour demander que, malgré l’assèchement du marais, projet
« qui en lui-même est une excellente chose », soient creusés des abreuvoirs vis-à-vis les
villages de La Cave, de La Raffardière et de La Boire, ainsi que ceux des villages de La Padiolerie et du Renaudeau, « pour que les propriétaires des nombreux hameaux et fermes qui
avoisinnent [sic] le marais [puissent continuer] à abreuver leurs bestiaux. (…) Ces abreuvoirs
devront être le plus étendu [sic] possible, avec des murs de soutènement des terres sur trois
côtés, car sans cela ils seraient de suite comblés, le terrain étant tout de sable ».
Témoignages
La Boire abreuvoir pour la ferme de La Grée (Anetz)
« Les vaches de la ferme allaient boire dans « le » combe une fois par jour
en hiver et deux fois en été. Elles sortaient de la cour par le portail est et
descendaient le coteau pentu pour rejoindre le combe. La petite mare à
l’ouest de La Grée servait aussi parfois d’abreuvoir aux bêtes de passage,
mais elle s’asséchait souvent à la fin de l’été ».
« Les gens du voyage s’arrêtaient le long de la Boire Torse et y mettaient
leurs chevaux à paître ».
à Montrelais
En 1864, à Montrelais, lors de contestations sur la propriété de terrains jadis communaux
de la Boire Moyenne que des propriétaires se sont adjugés de fait, les élus observaient :
« la location [de ces terrains] ne gênera nullement les habitants pour blanchir ou sécher leur
linge à la Boire Torse ».
Témoignage
Le passage des charrettes au gué de La Grée (Anetz)
Les parcelles dans la prairie
Chaque famille pouvait faire du foin dans les pâtures de la Grande Prairie et la multitude
de parcelles issues des héritages successifs.
Lors de l’approbation, en 1876, d’un projet de pont sur la Boire au lieu dit La Charrière
du Bézier et le chemin n° 5, la délibération municipale mentionne « les avantages qu’en
retireront les habitants pour l’exploitation de la prairie où presque toutes les fermes de la
Commune possèdent des parcelles ».
« A l’époque des foins, pour couper au plus court, des charrettes traversaient la Boire
par un gué juste après le combe pour rejoindre le chemin d’en face. Il y avait souvent
plus de 60 centimètres d’eau sur une vingtaine de mètres, Francis en traversant sur le
dos de sa jument devait parfois lever les jambes et il craignait qu’elle profite de ce passage pour se coucher dans l’eau... Certaines fois même, Jean-Marie et Francis devaient
faire un grand tour par le pont de La Brosse, à presque 1 km en amont, pour aller dans
la prairie pourtant située en face.
La plupart des charrettes empruntaient le gué à vide, mais certaines le retraversaient
aussi à plein. Il fallait ensuite faire attention à ne pas virer son chargement dans le
chemin de La Grée qui était très mauvais avec des trous et des bosses.
En août 1944, lors de l’aménagement d’un terrain d’aviation par les Allemands dans la
prée, l’eau était très basse et le canal asséché. Les soldats en profitaient pour traverser la Boire pour se ravitailler à La Grée en œufs et en lait lors de la traite au pis de la
vache, ou encore se laver à l’eau du puits… ».

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