Ateliers musicaux de l`école de musique de Villefranche sur Saône

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Ateliers musicaux de l`école de musique de Villefranche sur Saône
Recherche “Les pratiques collectives de la musique, bases de l’apprentissage instrumental » - CNSMD Lyon.
Compte-rendu des observations et des entretiens réalisés à l'Ecole de Musique agréée de la communauté de communes de Villefranche-sur-Sâone.
Les ateliers musicaux
de l’école de musique
de la communauté de communes
de Villefranche sur Saône
21 et 24 Janvier 2004
Participants à la mission :
Eric DEMANGE
Jean-Claude LARTIGOT
Catherine TOULOUSE-DELPEUCH
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SOMMAIRE
A /COMPTE-RENDU D'OBSERVATION
I. Atelier de fanfare de rue : Fanfarazik animé par Christophe Alekian, trompettiste, chef
de l’harmonie 2nd cycle
1. Historique,
2. Répertoire
3. Production
4.Motivations
5.Démonstration
II.Atelier d'improvisation. Responsable : Laurent Fléchier, clarinettiste
1. Dispositif :
2. Les différentes phases du travail :
3. Profil et motivations des élèves.
4. Organisation pédagogique
5. Objectifs
6. Evaluation
III. Atelier de direction d’ensemble. Philippe Grammatico, pianiste, chef de choeur
1. Dispositif
2 Objectifs :
3. Profil des élèves présents (tous en 2nd cycle)
4. Choix du répertoire
5. Evaluation
IV. Atelier de musique ancienne conduit par Sandrine Théret, flûtiste
1.Le contexte
2. Profil des élèves
3. Objectifs
4. Evaluation
5. Contraintes
V. Atelier de musiques actuelles d’Alain Rézzé, professeur de guitare
1. Historique et objectifs
2. Profil des participants
3. Répertoire et méthodes de travail
VI. Atelier de l’Aksäk Fanfär. Responsable : Laurent Fléchier
1. Historique et objectifs
2. Effectif et profil des participants
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B/ ANALYSE
I. Etat des lieux et projet d'ensemble
1.L'équipe enseignante fait la triple analyse suivante :
2.Face au constat, une volonté collégiale :
II Impact de cette organisation pédagogique sur le profil et le nombre d'élèves inscrits
1.Les pratiques collectives ont-elles eu une incidence sur la sociologie de l'école de musique. ?
2.Les pratiques collectives, parce qu'elles multiplient les déplacements à l'école de musique sontelles un frein aux inscriptions ?
3. Gestion des demandes instrumentales
III. Organisation pédagogique
1. Répartition des heures de pratique collective par rapport aux cours d'instrument
2. Le professeur d'instrument comme régulateur des différents enseignements
IV Les élèves acteurs de leurs choix
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A /COMPTE-RENDU D'OBSERVATION
I. Atelier de fanfare de rue : Fanfarazik animé par Christophe Alekian, tompettiste, chef de
l’harmonie 2nd cycle
1. Historique,
L'harmonie de 2ème cycle fonctionne comme un vivier d'élèves d'où est issu depuis plusieurs
années un marching band. Cet ensemble participait traditionnellement au défilé parade du
festival en Beaujolais dans la rue principale de Villefranche ".Mais l'organisateur, le
C.C.A.B., demande vraiment à avoir du visuel. Donc, on a peu à peu évolué avec des volontaires
vers une fanfare de rue (...) “ 1
2. Répertoire
"Au rythme d'une heure par semaine (cela fait partie de mon emploi du temps de professeur de
trompette), on travaille à partir de partitions récupérées sur des sites de fanfare de rue que je
réadapte. Comme il faut tout mémoriser, les séquences sont courtes. Mais tout n'est pas
déambulatoire, on pourra aussi jouer avec partition; ça permet de se reprendre un peu au milieu de
45 minutes de navigation assez physique. Pour ce qui est du choix du répertoire, je propose, on fait
une lecture dirigée. En général, au bout de 2 lectures, c'est dans la boîte. Si cela plaît, on la garde
et on construit quelque chose autour. En définitive, ce sont eux qui fixent le programme.
On évite le répertoire des fanfares d'Europe centrale qui est un répertoire typiquement traditionnel
qui se transmet. Dans l'école, il y a l'Aksäf Fanfär avec Laurent Fléchier qui travaille dans cette
ligne -là " 1
Quant à la répartition des parties, elle reste très souple : "Tout le monde doit pouvoir jouer la
basse, la mélodie et éventuellement une partie intermédiaire. C'est beaucoup plus simple de bâtir
ensuite en fonction des présents."
3. Production
Outre la participation au défilé du Centre Culturel Associatif du Beaujolais, la Fanfarazik se
produit dans le cadre du festival de Villié-Morgon, organisé par l'association Agape qui fait du
jazz, des musiques improvisées, et dans un projet d'échange avec Monastir (jumelée avec la
région Rhône-Alpes) en Tunisie. A.Menudet, le directeur de l’école, explique "Il s'agit d'une
demande d'échange de formation (surtout autour des cordes) des professeurs tunisiens qui s'initient à
la musique occidentale . Pour nous, c'est l'occasion de découvrir une autre culture et de leur proposer
aussi nos fanfares pour travailler sur les musiques du bassin méditerranéen et les musiques
improvisées"
Il y a également un projet en cours avec le Centre Culturel de Villefranche autour d'un
spectacle Pasolini, dans une mise en scène de Laurent Fléchuret.
4.Motivations
A la question "qu'est-ce qui vous intéresse dans ce travail ?",
un élève répond : "La liberté. La liberté de mouvement, de faire un peu ce qu'on veut".
Et l'autre ajoute : " La liberté musicale aussi : on a une partition et après, on peut faire de l'impro".
Un autre encore "dans le marching band, on ne déambule pas, on marche au pas. Ici, on prend le tempo
qu'on veut. On peut arrêter le morceau quand on veut"; "on apprend des techniques d'improvisation. Et
cette année on va essayer de faire des chorégraphies"
"C'est un autre style de musique que je n'avais pas fait avant".
1
Christophe Alekian
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5.Démonstration
Sur un groupe de 12 musiciens (1clar, 1sax sop, 1 sax alto, 1sax ténor, 1sax baryton, 2
trompettes, 1 cor, 1 tromb, 3 percus c'est à dire grosse caisse, caisse claire avec accessoires et tritom avec accessoires), seuls 7 sont présents :
Après quelques minutes de conciliabule entre eux, les élèves vont se placer tout au fond de la
très grande salle dans laquelle nous nous trouvons et entament un défilé avec des moments
immobiles mis en scène (tous en rond, jeux dans les tenues d'instruments).
Cela fonctionne parfaitement malgré l'effectif réduit. Cela sonne bien. C'est à la fois parfaitement
cadré et très souple dans le jeu. Le professeur n'intervient absolument pas et assiste à nos côtés.
Puis, on écoute une pièce sans déambulation qui doit servir, dans les séances suivantes, de base à
l'improvisation.
"Je ne suis qu'un coordinateur. Je suis un chef différent puisqu'au moment du concert, je suis sur le bord
de la rue. Je joue avec eux parfois. Pour l'instant, c'est la tenue ado : sweat, basket, pattes d'ef....On va
peut-être inventer autre chose.” 1
II. Atelier d'improvisation. Responsable : Laurent Fléchier, clarinettiste
1. Dispositif :
Un groupe de 4 élèves, de 2nd cycle : une violoncelliste qui joue provisoirement du piano (son
violoncelle est décollé), une clarinettiste, un saxophone alto, une violoniste. Il y a des absents.
Arrivent au milieu du cours, une clarinettiste et une altiste.
Le week-end précédent, il y a eu un stage d'improvisation avec un intervenant extérieur. La
séance commence donc avec un débriefing de cet évènement à travers un discours analytique
du professeur. A la question : "qu'avez-vous retenu ?", une élève répond :"beaucoup de mots
compliqués".
2. Les différentes phases du travail :
La 1ère séance de 3 minutes consiste en un jeu d'élaboration de sonorités sans précision
formelle alliant une longue durée musicale, le plus grand nombre de modes de jeux possibles,
et la maîtrise entre continuité et rupture L'image du banc de poissons est utilisée pour signifier
à la fois le changement commun de direction sur l'initiative d'un partenaire et la fluidité avec
laquelle l'inouï doit être intégré. Elle est suivie d'un commentaire du professeur "le geste des
cordes s'arrête et vous êtes passifs sur les silences".
Pour la 2ème séance Laurent Fléchier propose "calme et crépitement dans une dynamique
restreinte dans un espace limité pendant 5 minutes".
Enfin, une 3ème phase est un travail expérimental sur une musique du Bénin (les élèves jouent
sur le disque après l'avoir écouté). Cela débouche sur ces commentaires :
L.Fléchier :"Qu'est-ce que vous avez utilisé ?
- Le rythme, et un petit air d'Afrique.
L.F : Qu'est ce qui vous a manqué ? Du volume et de l'énergie. Si vous rentrez dans les mêmes
propositions, cela ne va pas se différencier.
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3. Profil et motivations des élèves.
Les 6 adolescents sont respectivement inscrits en :
* orchestre, violon, musique de chambre, impro, solfège
*clarinette, chorale, orchestre, solfège, impro
*impro; orchestre, alto
*fanfare, sax, impro, orchestre
*orchestre, solfège, impro, cello, projet Britten (opéra)
*clarinette, solfège, orchestre, impro, musique de chambre, projet Schumann
A la question, pourquoi faites-vous de l'improvisation, ils répondent :
"Nous avons assisté à un match d'impro entre 12 ou 13 professeurs (à l'issue d'un stage de
formation continue proposé dans l'école et qui a touché une bonne vingtaine de professeurs sur
21 précise L.Fléchier). C'était un jeu avec des cartons et 2 équipes. Tout le public votait.”
4. Organisation pédagogique :
Il y a 3 ateliers : les petits en 1er cycle sont 4.. Il a été fixé un seuil un peu administratif à la
3ème année. "A partir de ce moment, explique L.Fléchier, on peut discuter avec le professeur
d'instrument pour évaluer si la pratique d'improvisation est judicieuse ou pas. Le cours que vous avez
observé compte normalement 10 élèves de 2ème cycle et les grands sont 5 à raison d'une heure par
semaine et par atelier. C'est ouvert à tous les instruments. "
Sur les 10 élèves que compte ordinairement le 2ème cours, 5 sont en aménagement horaires au
collège mais l'atelier d'improvisation ne coïncide pas avec ce temps libéré.
D'un point de vue institutionnel, un contrat est passé "J'aimerais que la présence d'un élève ici soit
au minimum pour une année. Pour la grande clarinettiste, c'était compliqué une heure. Alors, elle
vient une demi-heure mais c'est un cours qui évolue sur l'année avec des week-ends, des rencontres,
des concerts différents. Ce n'est pas du tout un cours linéaire. Il y a des élèves qui sont là depuis 3 ans
et d'autres qui démarrent. Les cours sont différenciés plutôt sur des critères d'âge. Mais parfois dans
des rencontres des 3 cours, les élèves aiment jouer par exemple avec ce plus petit parce qu'ils ont
repéré qu'il avait une proposition tellement différente de la leur.
Au bout d'un an, il y en a qui vont faire une autre option. D'autres vont s'inscrire dans un parcours
plus long. Pour l'instant, il n'y a que 2 élèves qui en ont fait leur dominante. Les autres, bien qu'en
voulant aller plus loin restent dans un parcours optionnel parce que le reste de leur parcours dans
l'école les attire plus".2
5. Objectifs.
Laurent Fléchier : "Produire de la musique improvisée est l’objectif principal. C'est-à-dire que ce
n'est pas un moyen .Du fait des exigences en terme d'investissement instrumental, cela peut avoir des
résurgences sur leur pratique d'instrumentistes(...)
D'un point de vue du répertoire, de vocabulaire, cela les met vraiment au centre de sonorités et de
choses qui sont, au départ, un peu loin de leur vécu personnel. (...) C'est aussi le sens de la musique
du Bénin : une proposition nouvelle qui arrive : quel objet nouveau peut naître au milieu de 2
pratiques qui n'ont rien à voir à priori ?
Il y a quelque chose qui se joue par rapport aussi à la liberté face à l'instrument.(...) Dès la 1ère année,
il y a eu 20 élèves parce que cela était soutenu, encadré, repris par les collègues. D’ailleurs, on a
monté entre nous un collectif d'improvisateurs où nous sommes une dizaine. Cela sort du cadre
strictement pédagogique.
2
Laurent Fléchier
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Il y a des élèves en 2ème cycle qui sont un peu fatigués du répertoire, qui ne savent plus trop ce qu'ils
vont faire avec leur instrument. Il y en a eu un ou deux pour lequel cela a été très clair, cela a changé
leur rapport à l'instrument. Un par exemple a intégré un an après, la Fanfarazik et s'est remis à
travailler"
A.Menudet ajoute : " Il y en a qu'on a découvert. D'un seul coup, on leur avait donné la parole. Et on
a découvert des élèves qui étaient auparavant catalogués comme ayant des difficultés"
"Au bout d'un an, j'aimerais que l'élève reparte avec une image un peu différente de la musique,
comment on peut envisager un concert, le rapport au public"
Laurent Fléchier décrit ainsi son rôle dans l'atelier :
"J'essaie de faire en sorte que chacun puisse amener ses propositions (...) Mon discours se place
parfois sur un plan purement musical ou esthétique ou technique, et parfois sur un plan
organisationnel ou de pédagogie de groupe. J'essaie au maximum de ne pas être celui qui conduit le
cours. J'aimerai être simplement celui qui permet, à tour de rôle qu'il y ait un chauffeur différent"
6 Evaluation
L.Fléchier : "Je pars du postulat très important qu'en improvisation, il n'y a pas de meilleur et de
moins bon, il n'y a que des gens qui ont des propositions et d'autres qui n'en ont pas. La hiérarchie de
se base pas sur l’ancienneté. Il y a des gens bavards, des gens à qui on ne laisse pas la parole, ou qui
n’osent pas la prendre"
Il y a toutefois une évaluation par fiche 2 fois par an qui porte sur :
1. L'assiduité. L'investissement.
2. La progression de la technique instrumentale
3. Le respect des consignes. Ecoute des autres.
4. L'apport de consignes et l’inventivité du vocabulaire.
III. Atelier de direction d’ensemble. Philippe Grammatico, pianiste, chef de choeur
1. Dispositif :
4 élèves sont présents : (hautbois, violon, alto, piano) dans un auditorium tout neuf. Piano à
queue.
Le cours se passe en plusieurs phases :
a. Le professeur de l’ensemble “harmonique” met à disposition son ensemble ponctuellement
sur 2 pièces. Les élèves de direction passent au pupitre en alternance “ pour voir les problèmes
que cela pose d’avoir à diriger cela” explique P.Grammatico.
b. Un élève dirige les 3 autres sur un arrangement qu’il a écrit à partir de très courtes pièces
pour piano de Kabalevski. Travail sur les plans sonores, les passages de relais. “Il s’agit de faire
comprendre aux autres ce que tu veux entendre et comment tu vas l’obtenir ?” conseille le
professeur P.Grammatico.
.
c. Le professeur a fait un arrangement de mélodies de Ravel qui seront données dans le cadre
d’un projet de concert de musique grecque. L’idée est de mêler 2 traditions savantes
(l’harmonisation de Ravel) et populaires (les mélodies), le tout accessibles techniquement à
des 2ème cycles. Il les dirige parce qu’il s’agit d’une oeuvre trop complexe pour des élèves qui
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n’ont que quelques mois de pratique (l’atelier a été créé cette année scolaire). Les élèves
observent. Un travail à la table a été fait au préalable avec les élèves de direction pour
observer les problèmes que posent ce genre d’œuvre.
2.Objectifs :
La séance est bâtie sur l’idée fondatrice d’un jeu de rôle où les élèves sont tour à tour
exécutants et chef.
P.Grammatico explique :“Les objectifs de ce cours ce sont
découvrir d’autres instruments
connaître leur fonctionnement
écrire pour ces instruments
savoir mener un travail, c’est-à-dire faire des choix d’interprétations, apprendre des gestes
lisibles, faire progresser la mise en place, la justesse et le style.
3. Profil des élèves présents (tous en 2ème cycle)
* saxophoniste, participe à la fanfare, au big band, fait de la musique d’ensemble, du quatuor,
(lycéen)
* contrebassiste, participe à la musique d’ensemble, à l’orchestre. Suit des cours de direction
avec un autre professeur Et de F.M. Au collège.
* altiste, fait de la musique de chambre, de l’orchestre, de la F.M; Un projet aussi.
* pianiste; suit les cours de direction et de musique d’ensemble et un projet Schumann
* clarinettiste. Fait de la musique de chambre, de l’orchestre et un duo avec un guitariste
* violoniste, participe au projet de musique grecque, au projet “Noé”. Fait du jazz, de la F.M
* violoniste, participe aux projets de musique grecque et au projet “Noé”. Fait de l’écriture.
Un seul dit vouloir faire de la musique ensuite.
4. Choix du répertoire
“C’est moi qui arrive avec l’idée de Ravel. Au départ, ils ne connaissent pas et se demandent un peu
ce qu’ils font là. Puis peu à peu, cela prend du sens. J’injecte des données plus musicologiques. Et
peu à peu les pièces du puzzle se rassemblent et donnent une image de cette musique” 3
5.Evaluation
Elle est en train de se mettre en place à travers l’élaboration d’une fiche d’évaluation qui a
déjà fait l’objet de 2 réunions. Le projet devrait prendre bientôt sa forme définitive après une
dernière concertation.
IV. Atelier de musique ancienne conduit par Cendrine Théret, flûtiste
1.Le contexte
Nous assistons à la dernière répétition d’un concert prévu 8 jours plus tard à l’auditorium en
1ère partie d’un concert de viole de gambe. Ce projet de musique ancienne a été conduit en
collaboration avec Odile Fustier (professeur de violoncelle), et Serge Salelles, (professeur
d’alto). Outre une partie de concert, il s’agit d’assurer l’entrée festive du concert de 20h à
20h30.
3
Philippe Grammatico
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Là encore, ce projet s’est bâti d’abord par l’intervention d’une personne ressource,
Emmanuelle Gigue, violiste qui est venue 2x3 heures pour travailler avec les élèves et qui
jouera au concert. Elle a même proposé de finir le concert avec un bis tous ensemble.
Sur la table sont étalés des traités de musique ancienne. Une violoniste lit en ut 1ère sur des
partitions originales.
2. Profil des élèves
Il y a beaucoup d’absents, presque la moitié de l’effectif : il manque les guitares, le basson.
Il s’agit plutôt de collégiens avec 4 à 7 ans d’instrument. Peuvent s’inscrire à l’atelier de
musique ancienne tous les instruments modernes dès le 1er cycle et quelques soit le cursus.
Elèves en cursus instrumental :
* Une demi-heure de flûte, 2 heures d’orchestre, 1heure de musique ancienne
* 2 heures et demi d’orchestre, 1heure de musique ancienne, 1heure d’alto
* 2 heures d’orchestres (projet Noé), 1 heure de musique ancienne, 1 heure de violon
* 1 heure de flûte, 1 heure de musique ancienne à la place de l’orchestre.
Elèves en cursus diplômant :
* 1heure 15 de F.M, 45 minutes d’instrument, 2 heures d’orchestre, 1 heure d’écriture, 1 heure
de musique ancienne.
* 1 heure de F.M,une demi-heure de violon; 2 heures d’orchestre et 1 heure de musique
ancienne
Elèves ne sachant pas en quel cursus ils sont :
* Une demi-heure d’alto, 2 heures d’orchestre, 1h30 de F.M,1 heure de musique ancienne
* 1 h30 de flûte, 1 heure de musique ancienne à la place de l’orchestre, 1 heure 45 de F.M, une
demi-heure de musique de chambre.
3. Objectifs
Découvrir une esthétique sur leur instrument, à travers des projets précis. C’est un choix
volontaire, une option en un an., une heure ou deux par semaine suivant la phase du travail.
Comme il y a une classe de clavecin dans l’école, c’est aussi une opportunité offerte aux
pianistes de s’initier au clavecin.
“Pour les cordes aussi je les laisse se débrouiller, explique Cendrine Théret : “Il faut que ça sonne.
Débrouillez-vous avec votre instrument pour qu’on entende ceci ou cela” (...) “C’est un atelier de
recherche : j’essaie le plus possible qu’on recherche ensemble en écoutant des disques, en leur
montrant, en discutant . C’est la même chose pour les transpositions ou l’ornementation”
Odile Fustier conçoit son rôle comme intermédiaire technique à partir des impératifs
stylistiques décrits par Cendrine. Elle interroge ses élèves pour savoir s’ils ont besoin de
conseils pour résoudre tel ou tel problème technique surgi dans le cours de musique ancienne.
Le mélange des instruments est une richesse qui oblige chacun à des aller et retours avec le
cours instrumental.
“Il n’y a pas vraiment de professeurs de musique de chambre dans l’école. Cela dépend du temps de
chacun “ explique C. Théret. Et à la question “vous êtes professeur de musique de chambre
aussi ?” O. Fustier répond : “Moi, je suis tout ce qu’on veut : je suis musicienne ; cela s’organise
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suivant les disponibilités de chacun et comme violoncelliste, je suis très contente que mes élèves soient
très sollicités”. Elle insiste sur l’importance pour les élèves de travailler sur la place de leur
instrument au sein d’esthétiques différentes : d’un rôle soliste à celui de basse continue.
En revanche, il n’y a aucun lien, pour l’instant, avec les classes de Formation Musicale.
4. Evaluation
“Pour l’instant on l’évalue en audition, à travers le résultat sonore. Nous sommes en train de mettre
autre chose en place, une validation continue” explique C. Théret. Odile Fustier complète “Mais
certains s’en sont servis pour valider la pratique collective au moment du passage de cycle.”
5. Les contraintes
C. Théret : “Les ateliers se multiplient. Dans l’école, c’est de plus en plus riche. Mais le nombre
d’élèves n’augmente pas. Ceux qui peuvent s’investir, ce sont toujours les mêmes qui sont donc très
sollicités. Ceux qui n’ont pas le temps, ils n’ont pas le temps. On ne peut pas les obliger.”
O. Fustier : “On est toujours en train de jouer avec des contraintes : leur proposer un cursus le plus
intéressant possible qui reste toutefois réalisable”
V. Atelier de musiques actuelles d’Alain Rézzé, professeur de guitare
1.Historique et objectifs
Cet atelier, créé l’année précédente, est animé par Alain Rézzé qui est professeur de guitare
dans l’école et qui aime passer, dans sa pratique personnelle, du classique à
l’accompagnement ou au rock avec la guitare électrique Pour les élèves, il s’agit de créer une
ouverture à tous les styles de musique.
Le cours est régulier à raison d’une heure par semaine. Mais il y a aussi des échanges
informels avec le professeur de batterie qui assure lui aussi 1 heure d’atelier “On s’envoie des
élèves pour leur apprendre le B A BA d’une grille, tourner un blues etc...”.
“mon travail, c’est essayer d’arriver à ce que les élèves aient envie de faire des choses à côté et endehors de l’école. L’an passé, j’ai aidé les 2 frères que vous avez entendus (le batteur et le guitariste )
qui ont l’habitude de jouer du hard rock pur et dur à enregistrer la maquette d’un 4 titres dans un
studio, c’est-à-dire qu’ils avaient besoin d’oreilles extérieures. Je leur ai dit 2 ou 3 choses. Pour
l’enregistrement proprement dit, je n’étais pas là.”
En ce qui concerne les autres instruments, je suis prêt à accueillir tout le monde. Cela demande un peu
de matériel. Mais tout est toujours possible. Et je voudrais qu’ensuite, en-dehors de l’atelier ils
puissent se sentir capable de s’intégrer à des projets dans ces styles de musique. Quand ils lisent sur
de petites annonces “cherche à constituer groupe, qu’ils osent y aller : du rock, j’en ai fait;
improviser, je sais faire” 4
A. Rézzé avoue que cette disponibilité aux projets des élèves demanderait des temps de
discussion qu’il a du mal à aménager. Cependant, les productions en auditions servent un peu
de déclencheurs à ces échanges;
A long terme, A. Rézzé voudrait stabiliser un noyau d’élèves stables, construire un groupe,
c’est-à-dire un son, une connivence.
4
Alain Rézzé
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2. Profil des participants
* un adulte guitariste qui est revenu à l’école de musique en y inscrivant ses enfants. Fait du
jazz et cet atelier de musique actuelle.
* un violoniste, adolescent, en situation d’échec dans son parcours classique. “Sans cela,
j’aurais tout arrêté”; Il a rejoint l’atelier après 6 ans de violon classique et ne suit plus que cet
atelier
* un batteur qui fait partie de groupes à l’extérieur et vient à l’école seulement pour cet atelier
* en cursus instrumental, deux flûtiste ado, qui ont aussi 1 heure de cours de flûte, 2 heures
d’orchestre. “Elles avaient très peur en arrivant et ne voulaient faire qu’un trimestre. Leur prof les a
motivées. Elles étaient déjà un peu sur la pente descendante : il y a un tel décalage entre ce qu’elles
jouent et ce qu’elles écoutent...Moi, je leur demande toujours ce qu’ils écoutent quand ils arrivent”
* en cursus instrumental, un saxophoniste ado qui fait aussi partie de l’atelier d’improvisation
de l’atelier jazz, de l’orchestre, de la fanfare de rue. Et qui a aussi un cours de sax.
3. Répertoires et méthodes de travail
A partir d’un thème qu’ils connaissent bien (Misirlou repris dans le film Pulp Fiction ou
Taxi), il s’agit de tout reconstruire au fur et à mesure des répétitions, s’approprier le
vocabulaire, un riff par exemple; Créer des formules d’accompagnement à partir de là,
élaborer une structure. entendre un changement d’accord. “Pour le violoniste, cela lui demande de
chercher seul des techniques pour faire sortir ce que le guitariste lui montre (jeu en quintes, doubles
cordes etc...). Pour le saxophoniste, il faut qu’il transpose. Je lui joue le thème au piano. La semaine
suivante, c’était prêt.” 4
Dans le cours observé, le travail est encore à une phase où le professeur est au centre du
dispositif et le cours conduit comme une répétition classique. Le professeur définit les rôles
de chacun, veille au départ, organise les intensités, signale par le geste les changements
d’harmonie, propose un travail en parties séparées. Lorsque le but est atteint, il se retire pour
laisser le groupe jouer seul
VI. Atelier de l’Aksäk Fanfär. Responsable : Laurent Fléchier
1. Historique et objectifs
Cet atelier a été fondé sur une pratique professionnelle de Laurent Fléchier et le désir d’un
élève clarinettiste.
“Il s’agit d’un projet totalement oral au départ : on travaille l’écoute, on travaille l’harmonie et on
joue sans partition, sans support. Au bout de 3 répétitions, je suis revenu à un support écrit. L’élève
qui joue du bugle, ça l’a rassuré. A terme, on espère arriver à l’imprégnation, l’apprentissage par
cœur. ” explique Laurent Fléchier
“Dans cette musique où les rôles sont très différenciés - il ne s’agit pas de forme ouverte -, l’objectif
est différent pour chaque instrument : pour l’un, c’est vraiment une découverte de l’improvisation,
pour l’autre qui a déjà l’habitude de l’improvisation en jazz, c’est l’appropriation d’une
ornementation particulière, d’un phrasé, pour le troisième, l’apprentissage de moyens techniques de
réalisation de figures précises”
2. Effectif et profil des participants
L’effectif est fixe : 3 dessus, 2 harmonies, une basse et une rythmique.
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Le jour où nous observons le cours, il y a des absents. Il y a donc 2 clarinettes (dont L.
Fléchier), 2 trompettes et une basse assurée par le professeur de trompette : C. Alekian. Il
s’agit d’élèves plus âgés, étudiants et le cours bi-mensuel dure une heure.
A cause de l’effectif réduit, le cours se déroule autour d’un travail de détails parties par
parties.
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Compte-rendu des observations et des entretiens réalisés à l'Ecole de Musique agréée de la communauté de communes de Villefranche-sur-Sâone.
B/. ANALYSE
L'originalité de cette école repose sur le postulat "qu'un cours collectif apporte plus de plaisir qu'un
cours individuel. Le cours particulier n'est valorisant que pour le bon élève, celui qui est parfaitement à
l'aise dans les rails d'un apprentissage très scolaire" 5
D'où la mise en place d'un cursus où la pratique collective est obligatoire dès la 2ème ou 3ème
année (en fonction de l'instrument et de l'âge de début), ce qui correspond sur le schéma des
cursus, à l'entrée en cycle d'observation.(1er cycle)
I. Etat des lieux et projet d'ensemble
1.L'équipe enseignante fait la triple analyse suivante :
On constate des difficultés, en 2ème cycle particulièrement, dans cette période charnière
pendant laquelle l'élève, adolescent est en recherche d'une motivation personnelle. Un 1er
essai de laisser alors la F.M optionnelle n'a pas été très concluant : en effet, les moins motivés
avaient alors encore moins de prétextes pour venir à l'école rencontrer d'autres musiciens et
cela renforçait la polarisation autour du seul cours d'instrument.
Autant, la chorale est difficile à rendre obligatoire, autant il est facile de programmer un
travail vocal dès lors que les élèves ont le choix de leur pratique collective et des projets
intéressants.
Il faut, de manière extrêmement pragmatique, relier l'enseignement musical à la demande
réelle des "besoins de musique" de la cité et aux demandes des collectivités territoriales..
2.Face au constat, une volonté collégiale :
La réorganisation des cursus se fait alors autour de 5 principes :
Rendre l'élève acteur de son parcours; proposer un volontariat autour d'options:
Ouvrir les musiques apprises à toutes les esthétiques même celles perçues comme non
académiques.
Proposer des ateliers où les élèves peuvent diriger ou écrire, c'est-à-dire mettre les élèves en
condition de direction des autres, d'invention de leurs musiques, ou d'improvisation
collective.
Travailler l'idée des domaines de prédilection pour les élèves, domaines autour desquels ils
peuvent définir avec les enseignants ce dont ils ont besoin pour progresser. Amener ainsi les
élèves à choisir, en fin de 2ème cycle, après avoir fait plusieurs options, une dominante :
improvisation, musique classique ou jazz. La nature des épreuves en fin de 2ème cycle est en
fonction de la dominante choisie.
Rompre avec la seule évaluation individuelle de l'élève.
Ce qui aboutit au tableau joint en annexe 1 (organisation des études).
D'ores et déjà, cela a permis le déblocage de beaucoup d'élèves qui ont repris goût aux études
musicales alors qu'ils sombraient progressivement dans le désintérêt.
Parallèlement, la F.M de 2ème cycle est organisée comme suit : un module de 2 ans avec
l'instrument au cours (repiquage, orchestrations, arrangements, écriture), adapté aux choix du
5
André Ménudet, directeur
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projet puis, pour ceux qui veulent aller en 3ème cycle un module de 2 ans de F.M plus
traditionnelle consacré à l'écrit, le 3ème cycle restant centré sur l'analyse et le déchiffrage en 2
modules de 1h15 qu'on peut suivre sur un ou 2 ans au choix.
Ces orientations nouvelles impliquent :
un changement de regard et de compétences des enseignants qui sont très motivés par les
pratiques collectives (musique de chambre, musique ancienne, musique du monde) et la
nécessité d'une extrême souplesse dans l'aménagement des temps de travail avec les élèves
entre les classes.
une mise en adéquation des attentes culturelles de la cité et celles des élèves à travers la
notion de projet et d'atelier ouvert (aux désirs des élèves).
la mise au point d'une évaluation différente (voir annexe 5), en situation de pratique
collective. Dans tous les cas, en fin de cycle, la pratique collective est obligatoire.
Et présentent un danger : face à un grand nombre de propositions de pratique collective par
rapport aux effectifs potentiels, certains orchestres pourraient voir leurs effectifs diminuer. C'est
pour cela que l'orchestre reste toujours obligatoire et que les autres activités sont optionnelles.
D'autre part, la mobilisation des élèves en terme de présence à l'école (entre 3 et 5 fois par
semaine) n'est possible que par l'existence de classes CHAM accompagnées au collège par un
aménagement d'horaires : 2 après-midi libérés, avec possibilité au collège et au lycée de laisser
des instruments dans les bureaux des surveillants.
II. Impact de cette organisation pédagogique sur le profil et le nombre d'élèves inscrits
1. Les pratiques collectives ont-elles eu une incidence sur la sociologie de l'école de musique. ?
"Non, répond A.Menudet, en 20 ans, je n'ai pas constaté d'évolution. La musique des pauvres d'hier est
celle des riches d'aujourd'hui. Dans les harmonies effectivement, autrefois, c'était une population
ouvrière. C'est fini, ça. Les pauvres d'aujourd'hui ne font plus de musique du tout. Il suffit de regarder la
répartition des élèves par tarif" (voir annexe 3)
Et il ajoute :"Quant à la population issue de l'immigration (une trentaine sur 600 élèves), ils ne
sont pas réellement les moteurs de pratiques nouvelles. Ils se mettent complètement dans le
système pour s'intégrer."
2. Les pratiques collectives, parce qu'elles multiplient les déplacements à l'école de musique
sont-elles un frein aux inscriptions ?
"J'ai eu la sensation qu'on faisait fuir les gens quand on leur annonçait le programme (venir 3 fois par
semaine : pour l'instrument, pour la chorale, pour la formation musicale). L'année suivante, j'ai donc fait
une proposition de découverte instrumentale seule. J'ai eu 2 demandes. Je crois plutôt qu'il faut beaucoup
expliquer ce qu'est une école de musique.(...). Il n'y a aucune culture de l'école de musique même si cela
fait 40 ans que cela fonctionne. Je fais 3 ou 4 réunions d'information de 2 heures pendant le mois de
Juin".
On constate cependant un décrochage important au terme des 1ères années d'apprentissage
instrumental , alors même qu'une pratique collective est déjà mise en place.:
En 2002/2003 : CO1 : 86
CO2 : 54
CO3 : 49
CO4 : 35
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3.Gestion des demandes instrumentales
D'autre part, on constate peu de liste d'attente : en 4 ans, 2 postes de piano ont été supprimés et
transformés en piano-jazz et musique actuelle sans que cela ne crée des listes d'attente en piano.
III. Organisation pédagogique
1. Répartition des heures de pratique collective par rapport aux cours d'instrument
Pour la communauté de communes :
F.M :
54 heures
10,30%
Cours d'instrument : 330 heures
62,97%
Orchestres et chorales : 63 heures
12,02%
Interv. milieu scolaire : 77 heures 14,69%
TOTAL
524 heures 100%
A ce tableau, il faut ajouter les pratiques collectives en options (musique improvisée, Fanfarazik
et différents ateliers) ainsi que celles qui se déroulent en cours de formation musicale.
2. Le professeur d'instrument comme régulateur des différents enseignements
La lecture de ce tableau doit être complétée par la gestion qui est demandée à chaque professeur
de ses temps de cours :
A. Menudet explique : "Prenons un professeur qui a 20 heures avec une demi-heure par élève pour
simplifier. Il va prendre un temps dans la semaine pour monter un projet avec les élèves impliqués par ce
projet. Il va faire venir d'autres élèves sur ce temps de cours. Pendant ce temps, l'élève n'aura plus cours
individuellement. (...). il faut arrêter de croire que c'est une demi-heure toutes les semaines. Ce n'est pas
vrai. Il peut y avoir une période, un trimestre où ce sera ça. Et puis pendant un trimestre ce sera autre
chose" (...) C'est une vision de directeur qui gère (...) partagée par certains profs. Pour les parents, c'est
parfois limite parce qu'ils vont dire "mon enfant n'a pas eu cours de flûte cette semaine". Mais à partir du
moment où ils ont vécu l'expérience, on n'a plus de problème parce qu'ils se sont rendus compte que leur
enfant, à ce moment-là, a vécu autrement son enseignement et que souvent il a progressé. Et puis, il y a
trouvé du plaisir. Et dès l'instant où on y trouve du plaisir..."
Le régulateur, c'est le professeur. Enfin, cela devrait l'être. C'est lui qui coordonne. Il est l'intermédiaire
et responsable de la présence de son élève dans un groupe. Si un élève ns se sent pas concerné par le
groupe où il est impliqué, c'est que le professeur ne se sent pas concerné non plus."
D'un point de vue statutaire, ce temps de régulation, de suivi des élèves est rémunéré par le
régime indemnitaire qui est le même pour tout le monde (de l'ordre de 1000 euros par an). Ceci
est en cours de contractualisation.
IV. Les élèves acteurs de leurs choix
"Quand ils commencent, le choix de l'esthétique n'est pas clair. Ils choisissent d'abord un instrument."
constate A. Menudet. Mais le travail des options qui pourraient les guider dans leur choix
n'intervient que quand l'instrument est fixé.
Puis, "chaque année, en Juin se repose la question du contrat qu'on va passer avec l'élève pour l'année
suivante". Il doit y avoir concertation entre l'élève, le professeur et les parents pour expliquer ce
qu'offre l'école et déterminer ce que l'élève fera effectivement. Sur le terrain, on constate que
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beaucoup d'adolescents ne savent pas exactement en quel cursus ils sont. Ils déclinent les
différents cours qu'ils ont éventuellement choisi de suivre chaque semaine en plus des cours
obligatoires sans pouvoir exactement déterminer à quoi cela correspond d'un point de vue des
différents itinéraires mis au point par l'école : cursus de projet d'élève ou cursus instrumental.
Tout se passe alors comme si les choix esthétiques, les choix sur des projets précis (hors les
cours obligatoires) priment sur les contraintes scolaires dont ils n'ont qu'une conscience floue.
CONCLUSION
1. A l’école de musique de Villefranche-sur-Saône, on sort de l’organisation pyramidale classique pour
s’orienter vers une organisation en rhizome avec des allers et retours foisonnants entre un
enseignement instrumental et des pratiques collectives.
Il n’est plus question d’inter-disciplinarité mais de véritables métissages (que pourrais-je adopter de la
pratique de mon voisin, qui n’est pas encore dans ma panoplie et que je désire lui prendre ?) entre les
différentes pratiques. Et le moteur devient ici le choix de l’élève autour d’une discipline (ou d’une
esthétique) dominante. Encore trop nouvelle, cette organisation repose sur des ateliers annuels (une
année de découverte et d’enthousiasme) dans le courant du 2ème cycle.
Il reste donc en 3ème cycle à développer un véritable cursus à partir de ces pratiques dominantes non
exclusivement instrumentales.
2. Les choix personnalisés des élèves ont un sens donné par l’imbrication étroite de l’école dans la ville:
le contexte de valorisation sociale est fort et dépasse une logique de production musicale de l’école
dans l’école.
3. L’équipe pédagogique est motivée, prête à la remise en question et l’ambiance est chaleureuse. Mais
quelle pérennité pour cela quand le directeur prendra sa retraite en juin 2005 ?
4. Malgré ces changements profonds de conception de l’école, on n’échappe pas ici encore aux filtres
sociaux et aux abandons précoces.
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ANNEXES :
1.
2.
3.
4.
5.
Organisation des études : tableaux des cursus……………..…………..……………..page 152
Budget 2003………………………………………………………………………….page 158
Répartition des élèves par tarif………………………………………………………..page 159
Ventilation des effectifs (F.M, instrument, pratique collective)……………………...page 161
Projet de fiche d’évaluation de la pratique collective ………………………………...page 162
151