“culture de la neige” sur le bassin versant de l`Arly.

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“culture de la neige” sur le bassin versant de l`Arly.
Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly
Fiche action A2 «Concilier la "culture de la neige" avec les milieux et les autres usages de l’eau en montagne».
Note de synthèse concernant l’état des pratiques
de “culture de la neige” sur le bassin versant de
l’Arly.
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Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly
Le Site Pilote « Eau en Montagne » « Pays de Savoie – Annecy – Mont Blanc – Léman »
regroupe des gestionnaires de l’eau de grands bassins versants de Savoie1. Soutenu par
l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, il est animé conjointement par la Société
d’Economie Alpestre et la Société d’Equipement Départementale de Haute Savoie.
Concrètement, son programme s’articule autour de huit fiches action destinées à améliorer
la gestion de l’eau sur les hauts bassins versants de montagne.
Dans le cadre de ce programme pluriannuel, le Site Pilote a lancé en 2008 une fiche action
intitulée « Concilier la “culture de la neige2” avec les milieux et les autres usages de l’eau en
montagne ».
Dans un contexte d’aléas climatiques, la neige de culture et l'ensemble des pratiques
relatives à la bonne conservation du manteau neigeux dans les domaines skiables
deviennent un élément stratégique à prendre en compte dans l'économie touristique
montagnarde. Pour de nombreuses stations, le maintien des activités hivernales passe par la
maîtrise de la "culture de la neige", tant pour sa production artificielle additionnelle que
pour les pratiques très élaborées de damage, l'emploi éventuel de durcisseurs ainsi que la
préparation des terrains. Le développement rapide de ces pratiques, caractérisé par la
multiplication des parcs d’enneigeurs et des retenues d’altitude, soulève de nombreuses
questions ainsi que des conflits d’usages.
Dans l’objectif d’établir un guide de bonnes pratiques, le Site Pilote a réalisé un état des
usages sur un territoire expérimental : le bassin versant de l’Arly.
1
Arve (SM3A et SIFOR), Léman (massif des Hermones, partie française) (SIEM et SYMASOL), lac d’Annecy
(bassin des Bauges) (SILA), Arly (Contrat de Rivière de l’Arly), Giffre (SIVM du Haut Giffre)
2
On entend par « culture de la neige » l’ensemble des pratiques mises en œuvre par les gestionnaires des
domaines skiables alpins et nordiques pour assurer la bonne adaptation et la conservation du manteau neigeux
pour les pratiques de glisse.
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I.
La neige de culture, une technique en pleine essor.
1. Neige de culture : une croissance et un niveau d’équipement
hétérogènes sur le bassin versant.
Stabilisé depuis 2006-2007, l’espace de ski sur le bassin versant possède aujourd’hui un
produit ski développé (espaces reliés, équipements en remontées mécaniques…). Hormis
l’enjeu du renouvellement des remontées mécaniques, le développement des réseaux
d’enneigeurs semble aujourd’hui être une étape importante dans la gestion des domaines
skiables du bassin versant.
La recueil des données réalisé auprès de l’ensemble des gestionnaires de domaine skiable du
bassin versant de l’Arly a permis de caractériser l’état actuel concernant l’utilisation de la
neige de culture. La base de données, mise en place lors de l’étude, nous permet aujourd’hui
de comparer le taux d’équipement de chaque portion de domaine skiable située sur le
bassin versant. Comme nous pouvons le distinguer sur la figure n°1 page 3, les niveaux
d’équipements en neige de culture sont très variables en fonction des stations, la figure n°1
page 3 fait ressortir cette différence. Par ailleurs on s’aperçoit, à l’aide du tableau n°1 cidessous, de l’importante augmentation à venir concernant le linéaire de réseau
d’enneigeurs. Ce sont les domaines les moins équipés qui connaissance une augmentation
importante de leurs réseaux de production de neige. Toutefois le pourcentage ainsi établit
est à relativiser. En effet l’augmentation en valeur absolue du linéaire de piste équipé est
supérieure sur les domaines déjà plus équipés. Afin d’estimer au plus juste le niveau de
progression en enneigeurs des domaines skiables, il nous faut comparer le pourcentage
actuel d’équipement en neige de culture, à celui prévisible dans cinq années.
Tableau n°1 : Des réseaux d’enneigeurs en augmentation d’ici à 2014.
Évolution du linéaire d’enneigeurs sur bassin versant
(concerne uniquement la portion du domaine skiable
à l’intérieur du bassin versant).
Espace Jaillet (B-V Arly)
Megève (Rochebreun, Mt d’Arbois, Mt Joly)
Espace Diamant
Val d’Arly (Flumet, Praz-sur-Arly, N.D.Bellecombe)
Crest-Voland / Cohennoz
Les Saisies
Arêches
Contamines Montjoie – Hautecluce (B-V Arly)
Bassin versant
114 %
14 %
56 %
117%
22%
15%
90 %
0%
40%
Source : Données issues des entretiens avec les gestionnaires de domaine skiable.
Réalisation : Site Pilote « Eau en Montagne ».
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Figure n°1 : Un équipement en neige de culture très variable selon les domaines skiables
Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaine skiable du bassin versant de l’Arly
Réalisation : Site Pilote Eau en Montagne.
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Issues des entretiens réalisés durant la phase d’enquête sur le bassin versant de l’Arly, les
données représentées sur la figure (cf. figure n°1 page 2) ont bien souvent fait l’objet d’une
estimation de la part des gestionnaires de domaine skiable. Afin de confronter cette
estimation aux données informatisées dans la base SIG, le tableau n°2 page 4, regroupe les
données délivrées par les gestionnaires de domaine skiable avec celles calculées par le
logiciel Map-Info. L’information émise par cet outil est également critiquable. En effet, la
prise en compte du relief n’entre pas en compte dans les calculs du logiciel. Toutefois
partant sur une base linéaire et éprouvant la même contrainte pour la comparaison du
linéaire de piste à celui des enneigeurs, la marge d’erreur se trouve quelque peu réduite.
Tableau n°2 : Pourcentage d’équipement en neige de culture des domaines skiables
En 2009
(Estimation par
le gestionnaire)
En 2009
(Calcul à partir du
logiciel Map-Info)
Prévisions pour 2014 – 2015
(Calcul à partir du logiciel MapInfo).
Cf. figure n°1 page 3
Cf. figure n°2 page 5
Cf. figure n°2 page 5
Espace Jaillet (B-V Arly)
Megève (Rochebreun, Mt d’Arbois, Mt Joly)
Espace Diamant
Val d’Arly (Flumet, Praz-sur-Arly, N.D.B)
Crest-Voland / Cohennoz
Les Saisies
Arêches
Contamines Montjoie – Hautecluce (B-V Arly)
Bassin versant
8%
22 %
30 %
10 %
27 %
19 %
21,7 %
30 %
30 %
28%
25%
28%
16%
16%
23%
36%
20%
26%
8%
40 %
Ø
9%
31 %
20 %
16 %
31 %
28%
Sources : Entretiens réalisées auprès des gestionnaires de domaine skiable, en 2009 ; DDEA 74 et base de
données réalisée par le Site Pilote « Eau en Montagne ».
Par ailleurs, représentés de manière linéaire, les enneigeurs ne sont pas localisés en fonction
de leurs implantations exactes, mais par le biais de la piste –ou portion de piste- qu’ils
alimentent en neige. Néanmoins, utilisant en majorité des enneigeurs de type “bi-fluide” (cf.
tableau n°3, page 4), le mode de représentation choisi correspond relativement bien à la
structure réticulaire de la pratique.
Tableau n°3 : Une majorité d’enneigeurs bi-fluide sur le bassin versant.
Espace Jaillet (B-V Arly)
Megève (Rochebreun, Mt d’Arbois, Mt Joly)
Espace Diamant
Val d’Arly (Flumet, Praz-sur-Arly, N.D.Bellecombe)
Crest-Voland / Cohennoz
Les Saisies
Arêches
Contamines Montjoie – Hautecluce (B-V Arly)
Bassin versant
Nombre d’enneigeurs Bifluide
Nombre d’enneigeurs
Mono-fluide
31
210
308
3
5
18
55
64
180
4
0
0
35
66
650
0
0
26
Sources : Idem
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Figure n°2 : Un réseau d’enneigeurs en développement. Etat des lieux en 2009 et des
projets à venir sur le bassin versant de l’Arly.
Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaines skiable du bassin versant de l’Arly.
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2. Alimentation en eau des réseaux d’enneigeurs.
Caractéristique du régime hydrologique des cours alpins, l’étiage hivernal3 se produit lorsque
la demande en eau des différents acteurs est la plus élevée (cf. figure n°3 page 6). Afin de
pallier à cette source de conflit d’usage de la ressource, les gestionnaires de domaines
skiables ont réalisés ces dernières années dans les Alpes du Nord des retenues d’eau.
Destinées à stocker l’eau pour en bénéficier sans restriction lors des « fenêtres de froid ».
Néanmoins, les besoins en eau toujours plus grandissant avec l’augmentation en
équipement de neige de culture des domaines skiables, la nécessité d’augmenter les stocks
d’eau se fait de plus en plus grande. Or, la mise en œuvre d’une retenue d’altitude doit
répondre à des caractéristiques spécifiques et rentre alors en concurrence avec des milieux
répondant aux mêmes attentes.
Figure n°3 : Disponibilité en eau et utilisation pour l’AEP et la neige de culture.
3
Il existe sur le bassin versant de l’Arly un fort étiage estival comparable à celui de l’hiver.
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Avec un récent essor des réseaux d’enneigeurs, les stations du bassin versant voient leurs
besoins en eau augmenter. Il en résulte donc de nombreux projets, en cours ou à venir, dont
l’objectif est réalisation d’un espace de ski garantit. Afin de fournir en eau ces réseaux des
retenues d’altitude ont connut un développement depuis une dizaine d’année environ [
Javen (1996) ; Challiers (1998) ; Prarian (2001) ; aménagement du lac du Plan Désert pour
l’enneigement (2001) ; Lachat (2006) ; Gentianes (2007) ; Retenue du Jaillet –bassin versant
de l’Arve- (2007) ; et les retenues à venir : Lézette (2009) ; Retenue des Evettes, retenue du
Mont d’Arbois]. (cf. Base de données SIG).
Néanmoins, chaque retenue a un fonctionnement spécifique (cf. tableau page 7). Différentes
origines d’alimentation en eau de ces ouvrages peuvent être observées sur le bassin versant
de l’Arly (cf. figure n°4 page 8).
Une première technique consiste à transférer de l’eau provenant d’une retenue « source »
pour alimenter une seconde retenue (exemple du fonctionnement en réseau des retenues
des Saisies). Cette retenue dépend néanmoins des origines d’alimentation en eau de la
retenue « source ». Elle permet cependant d’augmenter le volume en eau disponible lors
des périodes de production, sans dépendre d’un apport limité (cf. tableau n°4, page 8).
La seconde catégorie fait l’objet de prélèvements à partir du réseau d’alimentation en eau
potable (AEP). En convention avec les responsables de l’AEP, les opérateurs de domaine
skiable peuvent acheter, selon les cas, l’eau du trop plein des réservoirs ou l’eau potable
issue du réseau de consommation. De plus, il faut distinguer les volumes destinés au
stockage de ceux utilisés directement en période de production dans le réseau. Il n’existe
alors pas de décalage dans le temps entre le volume prélevé et le volume consommé pour
l’enneigement (exemples : enneigeurs situés aux Frasses sur la commune de Notre Dame de
Bellecombe, enneigeurs du secteur du Mont d’Arbois à Megève) (cf. figure n°5 page 10).
Le captage de l’eau directement dans le milieu naturel représente la dernière provenance de
l’eau. Deux techniques sont alors appliquées par les gestionnaires de domaine skiable du
bassin versant de l’Arly. La première utilise un système de drainage permettant de diriger les
écoulements de surface vers l’ouvrage de stockage. La seconde consiste à capter l’eau
directement dans un cours d’eau. Cette dernière peut être utilisée, au même titre que l’AEP,
pour alimenter directement un réseau d’enneigeurs (plutôt de faible importance) comme
c’est le cas au départ des pistes de la Giettaz (secteur du Plan) (cf. figure n°5 page 10).
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Figure n°4 : Réparation des différents modes et origines de l’alimentation en eau pour les
réseaux d’enneigeurs.
Tableau n°4 : Périodes de remplissage des stocks d’eau destinés à l’enneigement dans le
bassin versant de l’Arly.
Stock d’eau
Capacité
Période de remplissage
Lac du Plan Désert 8 000 m³
En continue sur l’année, en fonction de l’utilisation de
l’eau (Equivaut 8 à 9 remplissages durant l’hiver)
Lac des Evettes
3 000 m³
En continue sur l’année, en fonction de l’utilisation de
l’eau (Equivaut 3 remplissages durant l’hiver)
Prarian
7 000 m³
En continue sur l’année - selon la disponibilité du trop
plein - d’AEP et plus particulièrement en fin d’hiver
Lachat
27 000 m³ A partir de la retenue de Prarian
Challiers
20 000 m³ Du printemps à l’automne (Hormis du 15 Juillet au 15
Août)
Lézette
63 000 m³ A partir de la retenue des Challiers
Gentianes
53 000 m³ A partir de la retenue des Challiers
Javen
65 000 m³ A partir du 15 avril pour les eaux de surfaces.
En continue sur la saison par rapport au trop plein AEP
(selon les disponiblités) et les drains.
Retenue du Jaillet
21 000m³
Avril / Mai et Septembre / Octobre (Demande pour Juin :
en cours)
Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaines skiable du bassin versant de l’Arly.
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3. Stratégies de production utilisées par les gestionnaires de domaine
skiable du bassin versant.
Il existe différentes stratégies d’enneigement adaptées aux enjeux et aux conditions
caractéristiques de chaque territoire. Néanmoins, une constante peut être dégagée à l’issue
des entretiens réalisés sur le bassin de l’Arly. En effet, l’essentiel de la neige est produite sur
une période allant de mi-novembre à fin décembre, voire début janvier. Ceci est, bien
entendu, variable selon les “fenêtres de froid” présentes lors de cette période. Si les
conditions sont favorables (une température froide, l’absence de vent, une ressource en eau
suffisante,…) 70% de la production saisonnière en neige peut alors être fabriquée.
On peut distinguer trois stratégies d’enneigement utilisées sur le bassin versant de l’Arly,
selon les domaines (cf. tableau n°5, page 9). Toutefois il est rare de retrouver une seule
stratégie. Bien souvent, les trois sont appliquées à des degrés divers selon la météorologie et
les besoins en neige du moment. Néanmoins le choix de favoriser l’une d’entres elle permet
de dégager des priorités afin de concilier capacités techniques du réseau, caractéristiques
climatiques et usage de l’eau.
Tableau n°5 : Stratégies de production de neige sur le bassin versant de l’Arly
Stratégie
Objectif
Par unité du domaine
skiable (sectorisation)
Sécuriser une partie du domaine afin de garantir une activité
même par manque de neige.
Par points “noirs”
Limiter l’impact de la topographie (ex : buttes et dévers qui
favorisent l’érosion), des caractéristiques climatiques et des
pratiquants de sports de glisse (secteurs soumis à de nombreux
passages).
Selon une logique “AvalAmont” ou “AmontAval”
Permet d’adapter la production aux conditions thermiques lors
de la production et aux précipitations neigeuses attendues
pendant la saison.
Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaines skiable du bassin versant de l’Arly.
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Figure n°5 : Répartition sectorielle des enneigeurs selon la provenance de l’alimentation en eau.
Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de
domaine skiable du bassin versant de l’Arly.
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Figure n°6 : Etat
Consommation
saisonnière d’eau utilisée pour l’enneigement des domaines
des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly
skiables du bassin versant de l’Arly
Niveau d'équipement en neige de culuture
des stations du bassin versant, en 2009.
40
Les Contamines - Hauteluce (BV…
Arêches-Beaufort
8
Les Saisies
28
Crest-Voland / Cohennoz
25
14
Praz-sur-Arly
49
Flumet
Notre dame de Bellecombe
32
Espace Diamant
30
22
Megève
Espace Jaillet (BV Arly)
8
0%
20%
Neige de culture
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Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaine skiable du bassin versant de l’Arly.
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40%
60%
80%
100%
Ensemble du domaine skiable
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La figure n°6, page 17, représente les volumes d’eau consommés par chaque station et sur
cinq ans. Recueillies auprès de chaque gestionnaire de domaine skiable, ces données
permettent d’identifier les fortes variations annuelles inhérentes à cette pratique. Par
ailleurs, une même influence climatique peut avoir deux effets distincts sur les volumes
utilisés. L’exemple de 2006-2007, une mauvaise saison en terme d’enneigement pour les
stations, exprime bien ceci. Les enneigeurs situés aux plus basses altitudes n’ont pas pu
fonctionner cette saison. Dans le même temps, la station de Crest-Voland bénéficie de la
mise en service d’une nouvelle retenue d’eau (retenue du Lachat) destinée à alimenter son
réseaux d’enneigeurs. Aussi, les volumes prélevés lors de la saison 2006-2007 connaissent un
pic. La sécurisation du domaine skiable a ici été efficace.
Sur l’ensemble du bassin-versant on peut cependant remarquer la tendance à
l’augmentation des volumes prélevés. Ceci est à mettre en relation avec l’accroissement en
équipement de neige de culture par les stations du bassin versant de l’Arly (cf. tableau n°2,
page 4). Néanmoins il nous faut relativiser les données obtenues pour le domaine skiable de
Megève. La représentation correspond en effet à une moyenne réalisée par le gestionnaire
sur les cinq années.
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4. Une spécificité d’alimentation en eau : le Beaufortain.
Située au Sud-Est du bassin versant, la vallée de Beaufort comprend quatre barrages
destinés à la production hydroélectrique. Cette masse d’eau stockée considérable bénéficie
aux domaines skiables de la vallée. En partenariat avec Electricité De France, les stations
d’Arêches-Beaufort et des Contamines-MontJoie sont autorisées à utiliser une partie de
cette eau pour alimenter leur réseau d’enneigment (cf. figure n°7 page 13). Comportant un
volume de prélèvement maximum, la capacité des ouvrages est bien supérieure au besoin
en eau pour la neige de culture. La station d’Arêches-Beaufort par exemple peut capter
jusqu’à 300 000 m³ d’eau, issue du barrage de Roselend d’une capacité de 180 000 000 m³,
pour alimenter son réseau d’enneigeurs. Relié par des conduites à deux autres ouvrages
voisins, le stock d’eau retenue par EDF peut atteindre les 300 000 000 m³. Les besoins en eau
pour l’enneigement de la station sont bien inférieurs puisqu’ils n’ont jamais dépassé les
15 000 m³ d’eau prélevée sur une saison. (Source : Julien NOËL, directeur de la SEMAB,
entretien du 09 Juillet 2009 réalisé dans le cadre de la Fiche A2 du Site Pilote “Eau en
Montagne”).
Figure n°7 : Réseau d’hydroélectricité et production de neige de culture dans le massif du
Beaufortain.
Source : MARNEZY Alain, 2008
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II.
Le damage, une gestion active du manteau
neigeux.
Le damage est une pratique permettant d’intervenir directement sur le manteau neigeux. A
la base des domaines skiables actuels, il facilite les différentes pratiques de glisse. Par le biais
du tassement des cristaux de neige, les engins pérennisent les couches de neige sur les
pistes. Afin d’optimiser l’action de damage, les différents gestionnaires de domaine skiable
ont élaborés des stratégies de damage spécifiques.
Poste parmi les plus importants en termes de coûts de fonctionnement d’un domaine
skiable, l’optimisation du damage présente de nombreux avantages. Plus particulièrement,
elle permet d’améliorer la qualité et la résistance du manteau neigeux. La plus part des
opérateurs de domaine skiable ont établi des plans de damage servant de “procédure” à
suivre selon des critères déterminés. Tout comme pour les stratégies d’enneigement, un
critère peut être privilégié par rapport aux autres selon les territoires. On peut cependant
considérer que la plus part de ces critères sont en relation (cf. figure n°8 page 15). La prise
de décision résulte donc d’un arbitrage entre ces différents critères, prévus ou non dans le
plan de damage. Certains gestionnaires ont également mis en place un système de géolocalisation des engins de damages à l’aide du système GPS (Global Positioning System). Cet
outil permet de rationnaliser les couts de damage et d’obtenir une vue d’ensemble de la
gestion des pistes. Comptant le nombre de passages à réaliser sur une piste, il aide
également au dimensionnement des pistes en fonction de la clientèle présente.
Afin de garantir l’enneigement de certains “point noirs” ou “sensibles” en termes de
conservation du manteau neigeux, l’utilisation de “carrières à neige”, formelle ou non, ont
été élaborées. Le principe est de laisser s’accumuler la neige sur un site, de préférence
relativement plat et à l’abri du vent, relativement proche des secteurs où le manteau
neigeux est peu résistant. Une fois celle-ci jugée en quantité suffisamment importante, un
engin de damage réalise un amas de neige pour favoriser sa conservation. Ainsi stockée la
neige sera étendue sur les secteurs voisins en déficit d’enneigement.
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Figure n°8 : La stratégie de damage et ses nombreuses composantes
Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaine skiable du bassin versant de l’Arly.
Réalisation : Site Pilote Eau en Montagne.
La conservation du manteau neigeux n’est pas le seul effet du damage sur la ressource en
eau. Assurer un bon fonctionnement des engins nécessite le stockage d’hydrocarbures et la
présence de sites de maintenance. Aussi, ces différents éléments représentent des sources
potentielles de pollution de l’eau et ce d’autant plus qu’ils se situent en amont des flux
hydriques. Par ailleurs, d’importants volumes de carburant sont stockés en début de saison
afin d’alimenter les machines durant tout l’hiver. La gestion de ces sites est donc à mettre en
relation avec les périmètres de protection de captage d’eau destinée à l’alimentation en eau
potable et la proximité de cours d’eau (cf. figure n°9 page 16 et figure n°10 page 17).
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Source : Entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaine
skiable du bassin versant de l’Arly, RGD73-74.
Réalisation : Site pilote “Eau en Montagne”.
Figure n°9 : Mise en relation des périmètres
de protection des captages d’eau avec les
sites de stockage d’huile et d’hydrocarbure,
sur un secteur du bassin versant.
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Figure n°10 : Identification du sens d’éventuelles d’écoulements d’hydrocarbures grâce à un MNT (Modèle Numérique de Terrain).
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Source : Site Pilote « Eau en Montagne ».
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III.
Les techniques destinées à augmenter
résistance du manteau neigeux damé.
la
On peut définir les durcisseurs de neige comme « l’ensemble des moyens utilisés face à
l’érosion de la neige afin d’augmenter la résistance du manteau neigeux damée à titre
ponctuel » (Site Pilote, 2009). Les durcisseurs de neige peuvent donc répondre à plusieurs
enjeux concernant la gestion des pistes de ski. Il existe différents types de procédés
permettant d’obtenir le résultat souhaité. Les plus fréquemment cités sont les composés
azotés (nitrate d'ammonium, urée, sulfate d’ammoniaque…), le sel (chlorure de sodium) et
l’injection d’eau dans le manteau neigeux.
Figure n°11 : Utilisation des durcisseurs de neige sur le bassin versant de l’Arly
Opérateur de domaine skiable
Compétition / Entraînement
Clubs locaux et
régionaux,
Associations,
Grand public…
Réseau de production
de neige
Composés azotés
Pratique de
Haut-niveau
Sel
Injection d’eau
Durcisseurs de neige
Pistes sans pratique de la
compétition et/ou de
l’entraînement
Pistes non homologuées pour la
compétition destinées de
l’entraînement
Pistes homologuées
pour la compétition
Secteurs où l’utilisation des durcisseurs est la plus fréquente
Source : Acteurs locaux du ski, OFEV.
Relation avérée
Relation potentielle
Utilisation la plus régulière
Situation particulière de Megève
Apport en eau
Utilisation la plus facile
Situation du bassin versant de l’Arly par rapport à l’utilisation générale des durcisseurs de neige
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IV.
Maintien du manteau neigeux par modification de
la topographie : le terrassement de piste.
Contrairement aux pratiques décrites précédemment le terrassement ne consiste pas à agir
directement sur le manteau neigeux. Cependant la prise en compte de la topographie des
pistes est un élément de gestion du manteau neigeux par anticipation primordial. A l’instar
de la production de neige, du damage ou des durcisseurs, le terrassement des pistes peut
améliorer la résistance du manteau neigeux.
Implantés sur un territoire où l’agriculture dominante est l’élevage, les stations du bassin
versant s’organisent à des “altitudes moyennes” allant de 900 mètres à 2 500 mètres. En été
les pistes de ski se transforment alors en pâturage. Ceci induit une qualité de sol non
négligeable dans la gestion d’un domaine skiable. La présence d’horizons humifères
permettent le développement de la végétation limitant ainsi la prolifération minérale, un
atout lorsqu’il s’agit de commencer une saison avec un faible enneigement. Fort de ce
constat, le terrassement des pistes nourrit également l’objectif de favoriser l’activité de
glisse à partir de conditions d’enneigement limites. Terrassée et re-végétalisée une piste
peut être utilisable à partir d’une faible couche de neige une fois la sous couche réalisée.
Le terrassement ne se limite cependant pas à optimiser la neige présente sur un site. Il est
aussi utilisé afin de pérenniser le manteau neigeux constitué, en modifiant de manière
adéquate l’orientation de la piste pour améliorer l’exposition, en réduisant les devers
(facteurs important d’érosion). Le terrassement doit donc être perçu comme une action
complémentaire aux autres pratiques. Permettant de profiter au maximum de la neige
“naturelle” ou de production, il vise à limiter et faciliter la mise en œuvre des autres
pratiques de “culture de la neige”.
Néanmoins cette technique peut avoir des effets destructeurs bien plus importants que les
bénéfices obtenus. La destruction irréversible des sols à l’image des lapiaz par exemple (F.
Hobléa, 1999), la modification des conditions hydrologiques des sites, les possibles
pollutions engendrées lors des travaux de pistes, la destruction du couvert végétal en
altitude sont autant des conséquences négatives de cette pratique qui doit être utilisée avec
parcimonie.
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Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly
CONCLUSION
L
e terme de “culture de la neige” désigne un ensemble de pratiques, de conservation
du manteau neigeux, mises en place de manière systémique par les gestionnaires de
domaine skiable et d’autres acteurs de la neige. La production de neige ne peut être
efficace sans son intégration à ce système composé d’éléments en interaction. Toutefois
l’absence d’utilisation de durcisseurs de neige par les gestionnaires de domaine skiable du
bassin versant, montre qu’il existe une hiérarchisation dans l’importance de ces pratiques.
Avec cinq espaces de glisse comprenant sept gestionnaires, l’application des pratiques est
bien souvent adaptée aux spécificités de chaque territoire et aux enjeux de chaque
station. Il est donc difficile de dégager de réelles tendances. A l’instar des stratégies de
damages, différents paramètres rentrent en compte dans la prise de décision. Elle résulte
d’un arbitrage entre ces paramètres et les caractéristiques propres à chaque site. Par
exemple les périodes de remplissages des retenues, l’origine d’alimentation en eau ainsi
que les réseaux d’enneigeurs dépendent de la disponibilité en eau sur le territoire, de la
configuration de la station, du budget disponible pour ce genre d’investissement (…).
Toutefois, chaque pratique se traduit par des impacts différents sur le territoire. Il faut alors
adapter leur utilisation en fonction des besoins et limiter leurs conséquences. Pour ce faire,
un document d’orientation, établi par les différents acteurs de la culture de la neige (des
opérateurs de domaine skiable aux gestionnaires d’eau potable) va être créé dans le cadre
de l’action sur la “culture de la neige” initiée par le Site Pilote.
Interrelations entre l’environnement et la “culture de la neige”.
Site Pilote “ Eau en Montagne”.
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Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly
Bibliographie
Documentation internet :
Fédération Française de Ski (FFS), www.ffs.fr, consultation Juillet 2009.
-Pistes homologuées -Octobre 2008- (in Règlements / Pistes homologuées FFS).
Ministère de l'Écologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du
territoire, www.viabilite-hivernale.developpement-durable.gouv.fr, consultation Juin 2009.
-Articles « Fondants routiers - Généralités» [in viabilité hivernale / Les matériaux].
-Article sur « les fondants routiers » [in viabilité hivernale / Paramètres et phénomènes
routiers].
-Article sur « la neige » [in viabilité hivernale / Neige, propriétés physiques].
Office Fédéral de l’Environnement Suisse (OFEV), www.bafu.admin.ch/index.html?lang=fr,
consultation Mai 2009.
YARA France, www.yara.fr, consultation Juin 2009.
-Article « Toutes les formes d’azote ne sont pas équivalentes. Impacts et domaines
d’application ».
Documentation :
Site Pilote (2009) « Concilier la “culture de la neige” avec les milieux et les autres usages de l’eau en
montagne » Mémoire de Master 2 (STDDAD), Site Pilote “Eau en Montagne” – Université de Savoie.
Site Pilote (2009) « Note sur les durcisseurs de neige et évaluation de l’usage sur le bassin versant de
l’Arly », Site Pilote “Eau en Montagne”.
Site Pilote (2009) « Présentation synthétique des domaines skiables du bassin versant de l’Arly », Site
Pilote “Eau en Montagne”.
HOBLEA F. (1999) « On achève bien les lapiaz », Magazine SPELEO n°28 (Octobre-Décembre), page
28-29.
MARNEZY A. (2008) – « Les barrages alpins : de l’énergie hydraulique à la neige de culture » Revue de
Géographie Alpine 2008 n°1, page. 91 à 112.
MARNEZY A. et RAMPNOUX J.-P. (2006) « Retenues d'altitude et neige de culture dans les Alpes
françaises du Nord : caractéristiques, répartition, alimentation en eau, impacts sur les milieux », In:
2ème congrès international "L'Eau en Montagne", Gestion intégrée des Hauts Bassins Versants, 2021-22-23 septembre 2006, Megève, page 11.
ODIT FRANCE (2006) « Les chiffres clés du tourisme de montagne en France » ODIT France, Paris, 58
pages.
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Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly
Entretiens réalisés auprès de :
(cf. protocole d’enquête de recueil des données sur le bassin-versant de l’Arly spécifique aux durcisseurs de
neige de la Fiche action A2 «Concilier la "culture de la neige" avec les milieux et les autres usages de l’eau en
montagne» du Site Pilote Eau en Montagne.)
BARONNAT Bernard – Juillet 2009 – Directeur Labelle-Montagne secteur “Val d’Arly” (Flumet, Prazsur-Arly, N.D. Bellecombe).
BEAUFILS Laurent – Juin 2009 – Directeur technique SEM des remontées mécaniques de Megève.
DUPERTHUY Jean-Yves –
Hauteluce.
Septmebre 2009 – Société d'Équipement des Contamines Montjoie
FERLAY Frédéric – Juin 2009 – Directeur Labelle-Montagne secteur “Crest-Voland / Cohennoz”.
FOSSOUD Gilles – Mai 2009 – Responsable des compétitions au Ski club (discipline ski alpin) de
Megève.
FRISON-ROCHE Michel – Juillet 2009 – Directeur de la régie des remontées mécaniques des Saisies.
GOUZE Olivier – Juillet 2009 – SEM du Jaillet, responsable du secteur du Jaillet / La Giettaz.
MOLLIER-CAMUS Alain – Mai 2009 – Responsable des compétitions au Ski club (discipline ski alpin)
de Notre Dame de Bellecombe.
NOËL Julien – Juillet 2009 – Directeur SEMAB (Société d'économie mixte d'Arêches-Beaufort).
PERRET Fabrice – Juin 2009 – Entraineur au comité mont-blanc (ski nordique).
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