“culture de la neige” sur le bassin versant de l`Arly.
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“culture de la neige” sur le bassin versant de l`Arly.
Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Fiche action A2 «Concilier la "culture de la neige" avec les milieux et les autres usages de l’eau en montagne». Note de synthèse concernant l’état des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 Septembre 2009 18 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Le Site Pilote « Eau en Montagne » « Pays de Savoie – Annecy – Mont Blanc – Léman » regroupe des gestionnaires de l’eau de grands bassins versants de Savoie1. Soutenu par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, il est animé conjointement par la Société d’Economie Alpestre et la Société d’Equipement Départementale de Haute Savoie. Concrètement, son programme s’articule autour de huit fiches action destinées à améliorer la gestion de l’eau sur les hauts bassins versants de montagne. Dans le cadre de ce programme pluriannuel, le Site Pilote a lancé en 2008 une fiche action intitulée « Concilier la “culture de la neige2” avec les milieux et les autres usages de l’eau en montagne ». Dans un contexte d’aléas climatiques, la neige de culture et l'ensemble des pratiques relatives à la bonne conservation du manteau neigeux dans les domaines skiables deviennent un élément stratégique à prendre en compte dans l'économie touristique montagnarde. Pour de nombreuses stations, le maintien des activités hivernales passe par la maîtrise de la "culture de la neige", tant pour sa production artificielle additionnelle que pour les pratiques très élaborées de damage, l'emploi éventuel de durcisseurs ainsi que la préparation des terrains. Le développement rapide de ces pratiques, caractérisé par la multiplication des parcs d’enneigeurs et des retenues d’altitude, soulève de nombreuses questions ainsi que des conflits d’usages. Dans l’objectif d’établir un guide de bonnes pratiques, le Site Pilote a réalisé un état des usages sur un territoire expérimental : le bassin versant de l’Arly. 1 Arve (SM3A et SIFOR), Léman (massif des Hermones, partie française) (SIEM et SYMASOL), lac d’Annecy (bassin des Bauges) (SILA), Arly (Contrat de Rivière de l’Arly), Giffre (SIVM du Haut Giffre) 2 On entend par « culture de la neige » l’ensemble des pratiques mises en œuvre par les gestionnaires des domaines skiables alpins et nordiques pour assurer la bonne adaptation et la conservation du manteau neigeux pour les pratiques de glisse. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 1 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly I. La neige de culture, une technique en pleine essor. 1. Neige de culture : une croissance et un niveau d’équipement hétérogènes sur le bassin versant. Stabilisé depuis 2006-2007, l’espace de ski sur le bassin versant possède aujourd’hui un produit ski développé (espaces reliés, équipements en remontées mécaniques…). Hormis l’enjeu du renouvellement des remontées mécaniques, le développement des réseaux d’enneigeurs semble aujourd’hui être une étape importante dans la gestion des domaines skiables du bassin versant. La recueil des données réalisé auprès de l’ensemble des gestionnaires de domaine skiable du bassin versant de l’Arly a permis de caractériser l’état actuel concernant l’utilisation de la neige de culture. La base de données, mise en place lors de l’étude, nous permet aujourd’hui de comparer le taux d’équipement de chaque portion de domaine skiable située sur le bassin versant. Comme nous pouvons le distinguer sur la figure n°1 page 3, les niveaux d’équipements en neige de culture sont très variables en fonction des stations, la figure n°1 page 3 fait ressortir cette différence. Par ailleurs on s’aperçoit, à l’aide du tableau n°1 cidessous, de l’importante augmentation à venir concernant le linéaire de réseau d’enneigeurs. Ce sont les domaines les moins équipés qui connaissance une augmentation importante de leurs réseaux de production de neige. Toutefois le pourcentage ainsi établit est à relativiser. En effet l’augmentation en valeur absolue du linéaire de piste équipé est supérieure sur les domaines déjà plus équipés. Afin d’estimer au plus juste le niveau de progression en enneigeurs des domaines skiables, il nous faut comparer le pourcentage actuel d’équipement en neige de culture, à celui prévisible dans cinq années. Tableau n°1 : Des réseaux d’enneigeurs en augmentation d’ici à 2014. Évolution du linéaire d’enneigeurs sur bassin versant (concerne uniquement la portion du domaine skiable à l’intérieur du bassin versant). Espace Jaillet (B-V Arly) Megève (Rochebreun, Mt d’Arbois, Mt Joly) Espace Diamant Val d’Arly (Flumet, Praz-sur-Arly, N.D.Bellecombe) Crest-Voland / Cohennoz Les Saisies Arêches Contamines Montjoie – Hautecluce (B-V Arly) Bassin versant 114 % 14 % 56 % 117% 22% 15% 90 % 0% 40% Source : Données issues des entretiens avec les gestionnaires de domaine skiable. Réalisation : Site Pilote « Eau en Montagne ». Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 2 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Figure n°1 : Un équipement en neige de culture très variable selon les domaines skiables Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaine skiable du bassin versant de l’Arly Réalisation : Site Pilote Eau en Montagne. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 3 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Issues des entretiens réalisés durant la phase d’enquête sur le bassin versant de l’Arly, les données représentées sur la figure (cf. figure n°1 page 2) ont bien souvent fait l’objet d’une estimation de la part des gestionnaires de domaine skiable. Afin de confronter cette estimation aux données informatisées dans la base SIG, le tableau n°2 page 4, regroupe les données délivrées par les gestionnaires de domaine skiable avec celles calculées par le logiciel Map-Info. L’information émise par cet outil est également critiquable. En effet, la prise en compte du relief n’entre pas en compte dans les calculs du logiciel. Toutefois partant sur une base linéaire et éprouvant la même contrainte pour la comparaison du linéaire de piste à celui des enneigeurs, la marge d’erreur se trouve quelque peu réduite. Tableau n°2 : Pourcentage d’équipement en neige de culture des domaines skiables En 2009 (Estimation par le gestionnaire) En 2009 (Calcul à partir du logiciel Map-Info) Prévisions pour 2014 – 2015 (Calcul à partir du logiciel MapInfo). Cf. figure n°1 page 3 Cf. figure n°2 page 5 Cf. figure n°2 page 5 Espace Jaillet (B-V Arly) Megève (Rochebreun, Mt d’Arbois, Mt Joly) Espace Diamant Val d’Arly (Flumet, Praz-sur-Arly, N.D.B) Crest-Voland / Cohennoz Les Saisies Arêches Contamines Montjoie – Hautecluce (B-V Arly) Bassin versant 8% 22 % 30 % 10 % 27 % 19 % 21,7 % 30 % 30 % 28% 25% 28% 16% 16% 23% 36% 20% 26% 8% 40 % Ø 9% 31 % 20 % 16 % 31 % 28% Sources : Entretiens réalisées auprès des gestionnaires de domaine skiable, en 2009 ; DDEA 74 et base de données réalisée par le Site Pilote « Eau en Montagne ». Par ailleurs, représentés de manière linéaire, les enneigeurs ne sont pas localisés en fonction de leurs implantations exactes, mais par le biais de la piste –ou portion de piste- qu’ils alimentent en neige. Néanmoins, utilisant en majorité des enneigeurs de type “bi-fluide” (cf. tableau n°3, page 4), le mode de représentation choisi correspond relativement bien à la structure réticulaire de la pratique. Tableau n°3 : Une majorité d’enneigeurs bi-fluide sur le bassin versant. Espace Jaillet (B-V Arly) Megève (Rochebreun, Mt d’Arbois, Mt Joly) Espace Diamant Val d’Arly (Flumet, Praz-sur-Arly, N.D.Bellecombe) Crest-Voland / Cohennoz Les Saisies Arêches Contamines Montjoie – Hautecluce (B-V Arly) Bassin versant Nombre d’enneigeurs Bifluide Nombre d’enneigeurs Mono-fluide 31 210 308 3 5 18 55 64 180 4 0 0 35 66 650 0 0 26 Sources : Idem Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 4 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Figure n°2 : Un réseau d’enneigeurs en développement. Etat des lieux en 2009 et des projets à venir sur le bassin versant de l’Arly. Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaines skiable du bassin versant de l’Arly. Réalisation : Site Pilote Eau en Montagne. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 5 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly 2. Alimentation en eau des réseaux d’enneigeurs. Caractéristique du régime hydrologique des cours alpins, l’étiage hivernal3 se produit lorsque la demande en eau des différents acteurs est la plus élevée (cf. figure n°3 page 6). Afin de pallier à cette source de conflit d’usage de la ressource, les gestionnaires de domaines skiables ont réalisés ces dernières années dans les Alpes du Nord des retenues d’eau. Destinées à stocker l’eau pour en bénéficier sans restriction lors des « fenêtres de froid ». Néanmoins, les besoins en eau toujours plus grandissant avec l’augmentation en équipement de neige de culture des domaines skiables, la nécessité d’augmenter les stocks d’eau se fait de plus en plus grande. Or, la mise en œuvre d’une retenue d’altitude doit répondre à des caractéristiques spécifiques et rentre alors en concurrence avec des milieux répondant aux mêmes attentes. Figure n°3 : Disponibilité en eau et utilisation pour l’AEP et la neige de culture. 3 Il existe sur le bassin versant de l’Arly un fort étiage estival comparable à celui de l’hiver. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 6 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Avec un récent essor des réseaux d’enneigeurs, les stations du bassin versant voient leurs besoins en eau augmenter. Il en résulte donc de nombreux projets, en cours ou à venir, dont l’objectif est réalisation d’un espace de ski garantit. Afin de fournir en eau ces réseaux des retenues d’altitude ont connut un développement depuis une dizaine d’année environ [ Javen (1996) ; Challiers (1998) ; Prarian (2001) ; aménagement du lac du Plan Désert pour l’enneigement (2001) ; Lachat (2006) ; Gentianes (2007) ; Retenue du Jaillet –bassin versant de l’Arve- (2007) ; et les retenues à venir : Lézette (2009) ; Retenue des Evettes, retenue du Mont d’Arbois]. (cf. Base de données SIG). Néanmoins, chaque retenue a un fonctionnement spécifique (cf. tableau page 7). Différentes origines d’alimentation en eau de ces ouvrages peuvent être observées sur le bassin versant de l’Arly (cf. figure n°4 page 8). Une première technique consiste à transférer de l’eau provenant d’une retenue « source » pour alimenter une seconde retenue (exemple du fonctionnement en réseau des retenues des Saisies). Cette retenue dépend néanmoins des origines d’alimentation en eau de la retenue « source ». Elle permet cependant d’augmenter le volume en eau disponible lors des périodes de production, sans dépendre d’un apport limité (cf. tableau n°4, page 8). La seconde catégorie fait l’objet de prélèvements à partir du réseau d’alimentation en eau potable (AEP). En convention avec les responsables de l’AEP, les opérateurs de domaine skiable peuvent acheter, selon les cas, l’eau du trop plein des réservoirs ou l’eau potable issue du réseau de consommation. De plus, il faut distinguer les volumes destinés au stockage de ceux utilisés directement en période de production dans le réseau. Il n’existe alors pas de décalage dans le temps entre le volume prélevé et le volume consommé pour l’enneigement (exemples : enneigeurs situés aux Frasses sur la commune de Notre Dame de Bellecombe, enneigeurs du secteur du Mont d’Arbois à Megève) (cf. figure n°5 page 10). Le captage de l’eau directement dans le milieu naturel représente la dernière provenance de l’eau. Deux techniques sont alors appliquées par les gestionnaires de domaine skiable du bassin versant de l’Arly. La première utilise un système de drainage permettant de diriger les écoulements de surface vers l’ouvrage de stockage. La seconde consiste à capter l’eau directement dans un cours d’eau. Cette dernière peut être utilisée, au même titre que l’AEP, pour alimenter directement un réseau d’enneigeurs (plutôt de faible importance) comme c’est le cas au départ des pistes de la Giettaz (secteur du Plan) (cf. figure n°5 page 10). Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 7 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Figure n°4 : Réparation des différents modes et origines de l’alimentation en eau pour les réseaux d’enneigeurs. Tableau n°4 : Périodes de remplissage des stocks d’eau destinés à l’enneigement dans le bassin versant de l’Arly. Stock d’eau Capacité Période de remplissage Lac du Plan Désert 8 000 m³ En continue sur l’année, en fonction de l’utilisation de l’eau (Equivaut 8 à 9 remplissages durant l’hiver) Lac des Evettes 3 000 m³ En continue sur l’année, en fonction de l’utilisation de l’eau (Equivaut 3 remplissages durant l’hiver) Prarian 7 000 m³ En continue sur l’année - selon la disponibilité du trop plein - d’AEP et plus particulièrement en fin d’hiver Lachat 27 000 m³ A partir de la retenue de Prarian Challiers 20 000 m³ Du printemps à l’automne (Hormis du 15 Juillet au 15 Août) Lézette 63 000 m³ A partir de la retenue des Challiers Gentianes 53 000 m³ A partir de la retenue des Challiers Javen 65 000 m³ A partir du 15 avril pour les eaux de surfaces. En continue sur la saison par rapport au trop plein AEP (selon les disponiblités) et les drains. Retenue du Jaillet 21 000m³ Avril / Mai et Septembre / Octobre (Demande pour Juin : en cours) Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaines skiable du bassin versant de l’Arly. Réalisation : Site Pilote Eau en Montagne. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 8 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly 3. Stratégies de production utilisées par les gestionnaires de domaine skiable du bassin versant. Il existe différentes stratégies d’enneigement adaptées aux enjeux et aux conditions caractéristiques de chaque territoire. Néanmoins, une constante peut être dégagée à l’issue des entretiens réalisés sur le bassin de l’Arly. En effet, l’essentiel de la neige est produite sur une période allant de mi-novembre à fin décembre, voire début janvier. Ceci est, bien entendu, variable selon les “fenêtres de froid” présentes lors de cette période. Si les conditions sont favorables (une température froide, l’absence de vent, une ressource en eau suffisante,…) 70% de la production saisonnière en neige peut alors être fabriquée. On peut distinguer trois stratégies d’enneigement utilisées sur le bassin versant de l’Arly, selon les domaines (cf. tableau n°5, page 9). Toutefois il est rare de retrouver une seule stratégie. Bien souvent, les trois sont appliquées à des degrés divers selon la météorologie et les besoins en neige du moment. Néanmoins le choix de favoriser l’une d’entres elle permet de dégager des priorités afin de concilier capacités techniques du réseau, caractéristiques climatiques et usage de l’eau. Tableau n°5 : Stratégies de production de neige sur le bassin versant de l’Arly Stratégie Objectif Par unité du domaine skiable (sectorisation) Sécuriser une partie du domaine afin de garantir une activité même par manque de neige. Par points “noirs” Limiter l’impact de la topographie (ex : buttes et dévers qui favorisent l’érosion), des caractéristiques climatiques et des pratiquants de sports de glisse (secteurs soumis à de nombreux passages). Selon une logique “AvalAmont” ou “AmontAval” Permet d’adapter la production aux conditions thermiques lors de la production et aux précipitations neigeuses attendues pendant la saison. Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaines skiable du bassin versant de l’Arly. Réalisation : Site Pilote Eau en Montagne. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 9 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Figure n°5 : Répartition sectorielle des enneigeurs selon la provenance de l’alimentation en eau. Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaine skiable du bassin versant de l’Arly. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 18 Réalisation : Site pilote Eau en Montagne. Figure n°6 : Etat Consommation saisonnière d’eau utilisée pour l’enneigement des domaines des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly skiables du bassin versant de l’Arly Niveau d'équipement en neige de culuture des stations du bassin versant, en 2009. 40 Les Contamines - Hauteluce (BV… Arêches-Beaufort 8 Les Saisies 28 Crest-Voland / Cohennoz 25 14 Praz-sur-Arly 49 Flumet Notre dame de Bellecombe 32 Espace Diamant 30 22 Megève Espace Jaillet (BV Arly) 8 0% 20% Neige de culture Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaine skiable du bassin versant de l’Arly. Septembre 2009 18 Réalisation : Site Pilote Eau en Montagne. 40% 60% 80% 100% Ensemble du domaine skiable Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly La figure n°6, page 17, représente les volumes d’eau consommés par chaque station et sur cinq ans. Recueillies auprès de chaque gestionnaire de domaine skiable, ces données permettent d’identifier les fortes variations annuelles inhérentes à cette pratique. Par ailleurs, une même influence climatique peut avoir deux effets distincts sur les volumes utilisés. L’exemple de 2006-2007, une mauvaise saison en terme d’enneigement pour les stations, exprime bien ceci. Les enneigeurs situés aux plus basses altitudes n’ont pas pu fonctionner cette saison. Dans le même temps, la station de Crest-Voland bénéficie de la mise en service d’une nouvelle retenue d’eau (retenue du Lachat) destinée à alimenter son réseaux d’enneigeurs. Aussi, les volumes prélevés lors de la saison 2006-2007 connaissent un pic. La sécurisation du domaine skiable a ici été efficace. Sur l’ensemble du bassin-versant on peut cependant remarquer la tendance à l’augmentation des volumes prélevés. Ceci est à mettre en relation avec l’accroissement en équipement de neige de culture par les stations du bassin versant de l’Arly (cf. tableau n°2, page 4). Néanmoins il nous faut relativiser les données obtenues pour le domaine skiable de Megève. La représentation correspond en effet à une moyenne réalisée par le gestionnaire sur les cinq années. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 18 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly 4. Une spécificité d’alimentation en eau : le Beaufortain. Située au Sud-Est du bassin versant, la vallée de Beaufort comprend quatre barrages destinés à la production hydroélectrique. Cette masse d’eau stockée considérable bénéficie aux domaines skiables de la vallée. En partenariat avec Electricité De France, les stations d’Arêches-Beaufort et des Contamines-MontJoie sont autorisées à utiliser une partie de cette eau pour alimenter leur réseau d’enneigment (cf. figure n°7 page 13). Comportant un volume de prélèvement maximum, la capacité des ouvrages est bien supérieure au besoin en eau pour la neige de culture. La station d’Arêches-Beaufort par exemple peut capter jusqu’à 300 000 m³ d’eau, issue du barrage de Roselend d’une capacité de 180 000 000 m³, pour alimenter son réseau d’enneigeurs. Relié par des conduites à deux autres ouvrages voisins, le stock d’eau retenue par EDF peut atteindre les 300 000 000 m³. Les besoins en eau pour l’enneigement de la station sont bien inférieurs puisqu’ils n’ont jamais dépassé les 15 000 m³ d’eau prélevée sur une saison. (Source : Julien NOËL, directeur de la SEMAB, entretien du 09 Juillet 2009 réalisé dans le cadre de la Fiche A2 du Site Pilote “Eau en Montagne”). Figure n°7 : Réseau d’hydroélectricité et production de neige de culture dans le massif du Beaufortain. Source : MARNEZY Alain, 2008 Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 13 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly II. Le damage, une gestion active du manteau neigeux. Le damage est une pratique permettant d’intervenir directement sur le manteau neigeux. A la base des domaines skiables actuels, il facilite les différentes pratiques de glisse. Par le biais du tassement des cristaux de neige, les engins pérennisent les couches de neige sur les pistes. Afin d’optimiser l’action de damage, les différents gestionnaires de domaine skiable ont élaborés des stratégies de damage spécifiques. Poste parmi les plus importants en termes de coûts de fonctionnement d’un domaine skiable, l’optimisation du damage présente de nombreux avantages. Plus particulièrement, elle permet d’améliorer la qualité et la résistance du manteau neigeux. La plus part des opérateurs de domaine skiable ont établi des plans de damage servant de “procédure” à suivre selon des critères déterminés. Tout comme pour les stratégies d’enneigement, un critère peut être privilégié par rapport aux autres selon les territoires. On peut cependant considérer que la plus part de ces critères sont en relation (cf. figure n°8 page 15). La prise de décision résulte donc d’un arbitrage entre ces différents critères, prévus ou non dans le plan de damage. Certains gestionnaires ont également mis en place un système de géolocalisation des engins de damages à l’aide du système GPS (Global Positioning System). Cet outil permet de rationnaliser les couts de damage et d’obtenir une vue d’ensemble de la gestion des pistes. Comptant le nombre de passages à réaliser sur une piste, il aide également au dimensionnement des pistes en fonction de la clientèle présente. Afin de garantir l’enneigement de certains “point noirs” ou “sensibles” en termes de conservation du manteau neigeux, l’utilisation de “carrières à neige”, formelle ou non, ont été élaborées. Le principe est de laisser s’accumuler la neige sur un site, de préférence relativement plat et à l’abri du vent, relativement proche des secteurs où le manteau neigeux est peu résistant. Une fois celle-ci jugée en quantité suffisamment importante, un engin de damage réalise un amas de neige pour favoriser sa conservation. Ainsi stockée la neige sera étendue sur les secteurs voisins en déficit d’enneigement. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 14 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Figure n°8 : La stratégie de damage et ses nombreuses composantes Source : D’après les entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaine skiable du bassin versant de l’Arly. Réalisation : Site Pilote Eau en Montagne. La conservation du manteau neigeux n’est pas le seul effet du damage sur la ressource en eau. Assurer un bon fonctionnement des engins nécessite le stockage d’hydrocarbures et la présence de sites de maintenance. Aussi, ces différents éléments représentent des sources potentielles de pollution de l’eau et ce d’autant plus qu’ils se situent en amont des flux hydriques. Par ailleurs, d’importants volumes de carburant sont stockés en début de saison afin d’alimenter les machines durant tout l’hiver. La gestion de ces sites est donc à mettre en relation avec les périmètres de protection de captage d’eau destinée à l’alimentation en eau potable et la proximité de cours d’eau (cf. figure n°9 page 16 et figure n°10 page 17). Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 15 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 18 Source : Entretiens réalisés auprès des opérateurs de domaine skiable du bassin versant de l’Arly, RGD73-74. Réalisation : Site pilote “Eau en Montagne”. Figure n°9 : Mise en relation des périmètres de protection des captages d’eau avec les sites de stockage d’huile et d’hydrocarbure, sur un secteur du bassin versant. Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Figure n°10 : Identification du sens d’éventuelles d’écoulements d’hydrocarbures grâce à un MNT (Modèle Numérique de Terrain). Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Source : Site Pilote « Eau en Montagne ». Septembre 2009 18 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly III. Les techniques destinées à augmenter résistance du manteau neigeux damé. la On peut définir les durcisseurs de neige comme « l’ensemble des moyens utilisés face à l’érosion de la neige afin d’augmenter la résistance du manteau neigeux damée à titre ponctuel » (Site Pilote, 2009). Les durcisseurs de neige peuvent donc répondre à plusieurs enjeux concernant la gestion des pistes de ski. Il existe différents types de procédés permettant d’obtenir le résultat souhaité. Les plus fréquemment cités sont les composés azotés (nitrate d'ammonium, urée, sulfate d’ammoniaque…), le sel (chlorure de sodium) et l’injection d’eau dans le manteau neigeux. Figure n°11 : Utilisation des durcisseurs de neige sur le bassin versant de l’Arly Opérateur de domaine skiable Compétition / Entraînement Clubs locaux et régionaux, Associations, Grand public… Réseau de production de neige Composés azotés Pratique de Haut-niveau Sel Injection d’eau Durcisseurs de neige Pistes sans pratique de la compétition et/ou de l’entraînement Pistes non homologuées pour la compétition destinées de l’entraînement Pistes homologuées pour la compétition Secteurs où l’utilisation des durcisseurs est la plus fréquente Source : Acteurs locaux du ski, OFEV. Relation avérée Relation potentielle Utilisation la plus régulière Situation particulière de Megève Apport en eau Utilisation la plus facile Situation du bassin versant de l’Arly par rapport à l’utilisation générale des durcisseurs de neige Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 18 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly IV. Maintien du manteau neigeux par modification de la topographie : le terrassement de piste. Contrairement aux pratiques décrites précédemment le terrassement ne consiste pas à agir directement sur le manteau neigeux. Cependant la prise en compte de la topographie des pistes est un élément de gestion du manteau neigeux par anticipation primordial. A l’instar de la production de neige, du damage ou des durcisseurs, le terrassement des pistes peut améliorer la résistance du manteau neigeux. Implantés sur un territoire où l’agriculture dominante est l’élevage, les stations du bassin versant s’organisent à des “altitudes moyennes” allant de 900 mètres à 2 500 mètres. En été les pistes de ski se transforment alors en pâturage. Ceci induit une qualité de sol non négligeable dans la gestion d’un domaine skiable. La présence d’horizons humifères permettent le développement de la végétation limitant ainsi la prolifération minérale, un atout lorsqu’il s’agit de commencer une saison avec un faible enneigement. Fort de ce constat, le terrassement des pistes nourrit également l’objectif de favoriser l’activité de glisse à partir de conditions d’enneigement limites. Terrassée et re-végétalisée une piste peut être utilisable à partir d’une faible couche de neige une fois la sous couche réalisée. Le terrassement ne se limite cependant pas à optimiser la neige présente sur un site. Il est aussi utilisé afin de pérenniser le manteau neigeux constitué, en modifiant de manière adéquate l’orientation de la piste pour améliorer l’exposition, en réduisant les devers (facteurs important d’érosion). Le terrassement doit donc être perçu comme une action complémentaire aux autres pratiques. Permettant de profiter au maximum de la neige “naturelle” ou de production, il vise à limiter et faciliter la mise en œuvre des autres pratiques de “culture de la neige”. Néanmoins cette technique peut avoir des effets destructeurs bien plus importants que les bénéfices obtenus. La destruction irréversible des sols à l’image des lapiaz par exemple (F. Hobléa, 1999), la modification des conditions hydrologiques des sites, les possibles pollutions engendrées lors des travaux de pistes, la destruction du couvert végétal en altitude sont autant des conséquences négatives de cette pratique qui doit être utilisée avec parcimonie. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 19 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly CONCLUSION L e terme de “culture de la neige” désigne un ensemble de pratiques, de conservation du manteau neigeux, mises en place de manière systémique par les gestionnaires de domaine skiable et d’autres acteurs de la neige. La production de neige ne peut être efficace sans son intégration à ce système composé d’éléments en interaction. Toutefois l’absence d’utilisation de durcisseurs de neige par les gestionnaires de domaine skiable du bassin versant, montre qu’il existe une hiérarchisation dans l’importance de ces pratiques. Avec cinq espaces de glisse comprenant sept gestionnaires, l’application des pratiques est bien souvent adaptée aux spécificités de chaque territoire et aux enjeux de chaque station. Il est donc difficile de dégager de réelles tendances. A l’instar des stratégies de damages, différents paramètres rentrent en compte dans la prise de décision. Elle résulte d’un arbitrage entre ces paramètres et les caractéristiques propres à chaque site. Par exemple les périodes de remplissages des retenues, l’origine d’alimentation en eau ainsi que les réseaux d’enneigeurs dépendent de la disponibilité en eau sur le territoire, de la configuration de la station, du budget disponible pour ce genre d’investissement (…). Toutefois, chaque pratique se traduit par des impacts différents sur le territoire. Il faut alors adapter leur utilisation en fonction des besoins et limiter leurs conséquences. Pour ce faire, un document d’orientation, établi par les différents acteurs de la culture de la neige (des opérateurs de domaine skiable aux gestionnaires d’eau potable) va être créé dans le cadre de l’action sur la “culture de la neige” initiée par le Site Pilote. Interrelations entre l’environnement et la “culture de la neige”. Site Pilote “ Eau en Montagne”. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 20 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Bibliographie Documentation internet : Fédération Française de Ski (FFS), www.ffs.fr, consultation Juillet 2009. -Pistes homologuées -Octobre 2008- (in Règlements / Pistes homologuées FFS). Ministère de l'Écologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, www.viabilite-hivernale.developpement-durable.gouv.fr, consultation Juin 2009. -Articles « Fondants routiers - Généralités» [in viabilité hivernale / Les matériaux]. -Article sur « les fondants routiers » [in viabilité hivernale / Paramètres et phénomènes routiers]. -Article sur « la neige » [in viabilité hivernale / Neige, propriétés physiques]. Office Fédéral de l’Environnement Suisse (OFEV), www.bafu.admin.ch/index.html?lang=fr, consultation Mai 2009. YARA France, www.yara.fr, consultation Juin 2009. -Article « Toutes les formes d’azote ne sont pas équivalentes. Impacts et domaines d’application ». Documentation : Site Pilote (2009) « Concilier la “culture de la neige” avec les milieux et les autres usages de l’eau en montagne » Mémoire de Master 2 (STDDAD), Site Pilote “Eau en Montagne” – Université de Savoie. Site Pilote (2009) « Note sur les durcisseurs de neige et évaluation de l’usage sur le bassin versant de l’Arly », Site Pilote “Eau en Montagne”. Site Pilote (2009) « Présentation synthétique des domaines skiables du bassin versant de l’Arly », Site Pilote “Eau en Montagne”. HOBLEA F. (1999) « On achève bien les lapiaz », Magazine SPELEO n°28 (Octobre-Décembre), page 28-29. MARNEZY A. (2008) – « Les barrages alpins : de l’énergie hydraulique à la neige de culture » Revue de Géographie Alpine 2008 n°1, page. 91 à 112. MARNEZY A. et RAMPNOUX J.-P. (2006) « Retenues d'altitude et neige de culture dans les Alpes françaises du Nord : caractéristiques, répartition, alimentation en eau, impacts sur les milieux », In: 2ème congrès international "L'Eau en Montagne", Gestion intégrée des Hauts Bassins Versants, 2021-22-23 septembre 2006, Megève, page 11. ODIT FRANCE (2006) « Les chiffres clés du tourisme de montagne en France » ODIT France, Paris, 58 pages. Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 21 Etat des pratiques de “culture de la neige” sur le bassin versant de l’Arly Entretiens réalisés auprès de : (cf. protocole d’enquête de recueil des données sur le bassin-versant de l’Arly spécifique aux durcisseurs de neige de la Fiche action A2 «Concilier la "culture de la neige" avec les milieux et les autres usages de l’eau en montagne» du Site Pilote Eau en Montagne.) BARONNAT Bernard – Juillet 2009 – Directeur Labelle-Montagne secteur “Val d’Arly” (Flumet, Prazsur-Arly, N.D. Bellecombe). BEAUFILS Laurent – Juin 2009 – Directeur technique SEM des remontées mécaniques de Megève. DUPERTHUY Jean-Yves – Hauteluce. Septmebre 2009 – Société d'Équipement des Contamines Montjoie FERLAY Frédéric – Juin 2009 – Directeur Labelle-Montagne secteur “Crest-Voland / Cohennoz”. FOSSOUD Gilles – Mai 2009 – Responsable des compétitions au Ski club (discipline ski alpin) de Megève. FRISON-ROCHE Michel – Juillet 2009 – Directeur de la régie des remontées mécaniques des Saisies. GOUZE Olivier – Juillet 2009 – SEM du Jaillet, responsable du secteur du Jaillet / La Giettaz. MOLLIER-CAMUS Alain – Mai 2009 – Responsable des compétitions au Ski club (discipline ski alpin) de Notre Dame de Bellecombe. NOËL Julien – Juillet 2009 – Directeur SEMAB (Société d'économie mixte d'Arêches-Beaufort). PERRET Fabrice – Juin 2009 – Entraineur au comité mont-blanc (ski nordique). Site pilote Eau en Montagne « Pays de Savoie – Annecy – Mont-Blanc – Léman » Septembre 2009 22