Thomas Verjans IUFM du Limousin – Université Paris
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Thomas Verjans IUFM du Limousin – Université Paris
Thomas Verjans IUFM du Limousin – Université Paris-Sorbonne, STH (EA 4089) [email protected] Les locutions conjonctives : une hypothèse romane De prime abord, un rapide examen des conjonctions et des locutions conjonctives des différentes langues romanes révèle un certain nombre de similarité, au moins sur le plan morphologique, des différentes unités ordinairement regroupées sous le chef des conjonctions de subordination et locutions conjonctives. L’objet de cette communication est ainsi de montrer que bon nombre de locutions conjonctives romanes peuvent être ramenés, structurellement, à un patron morphosyntaxique abstrait, notamment inspiré des travaux de R. de Dardel (1983), et différemment instancié selon les langues et selon les époques, et globalement formalisable de la façon suivante : X + kw Conformément à l’architecture linguistique proposée par E. Coseriu (type – système – norme), ce patron morphosyntaxique est susceptible d’intervenir à différents niveaux, expliquant de ce fait les similarités et les différences entre les conjonctions et les locutions conjonctives des langues romanes. Le recours à un tel patron morphosyntaxique présente de nombreux avantages : • En premier lieu, il permet d’unifier la description d’un certain nombre d’unités linguistiques apparemment distinctes en les ramenant à une structure commune au niveau du type roman, puis de chacun des systèmes que constituent, en son sein, les langues romanes. • De plus, il s’inscrit dans le cadre d’une hypothèse continuiste concernant le passage du latin aux diverses langues romanes, les prémisses de ce patron morphosyntaxique étant en réalité observables dès l’époque latine tardive. Dès lors, ce patron s’est différemment instancié selon les langues romanes concernées, • Sur un plan plus cognitif enfin, ce patron morphosyntaxique présuppose non seulement un fonctionnement spécifique de la langue, alors envisagée, à la suite d’E. Coseriu, comme un « système de possibilités », mais encore que les créations au sein même d’une langue ne se font pas ex nihilo. De fait, une telle perspective s’accorde avec certaines des avancées récentes en matière de linguistique cognitive, et notamment avec des notions telles que la notion d’entrenchment (Langacker 1987). Il s’accorde également avec le fait que le degré de cohésion acquis par les différents éléments instanciés du patron morphosyntaxique peut être à l’origine d’une conceptualisation différente de la notion même de partie du discours, alors envisagée selon un modèle dynamique et spatialisé. Indications bibliographiques COSERIU, Eugenio : 1952 : « Sistema, norma y habla », Revista de la Faculdad de Humanidades y de Ciencias, VI, n° 9, Octubre 1952: 113-181. 1968: « Sincronía, diacronía y tipología », Actas del XI Congreso Internacional de Lingüística y Filología Románicas, Madrid 1965, I, Madrid : 269-281. 1973 : Sincronía, diacronía e historia. El problema del cambio lingüístico, Madrid, Gredos « Biblíoteca románica hispánica » (tr. fr. Th. VERJANS, Texto ! [en ligne] – 2007). DARDEL, Robert de : 1983 : Esquisse structurale des subordonnants conjonctionnels en roman commun, Genève, Droz. GEERAERTS, Dirk & CUYCKENS, Hubert : 2007 : The Oxford Handbook of Cognitive Linguistics, Oxford, Oxford University Press. HERMAN, József : 1963 : La formation du système roman des conjonctions de subordination. Akademie-Verlag, Berlin. LANGACKER, Ronald W. : 1987 : Foundations of Cognitive Grammar. I-Theoretical Prerequisites, Stanford, Stanford University Press. 2007 : « Cognitive Grammar », in GEERAERTS, D. & CUYCKENS, H. (eds) : 421-462. VERJANS, Thomas : 2009 : Essai de systématique diachronique : genèse des conjonctions dans l’histoire du français (IXe-XVIIe siècles), Thèse de Doctorat, Paris-Sorbonne, 2009.