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Archives municipales de Rennes N°18 Mars-Avril 2003 1 - Images de toujours... 2 - Au travail ! 3 - Vers l’émancipation ! 4 - L’éternel féminin... ARCHINEWS Images des femmes, femmes en images A l’occasion de la journée internationale de la Femme du 8 mars, les Archives municipales de Rennes se proposent de passer en revue quelques stéréotypes féminins. Si l’Histoire n’a pas toujours accordé une place importante aux femmes, les documents, en revanche, nous offrent de nombreux clichés, tantôt positifs tantôt négatifs. Voici quelques images des femmes au fil du temps. Ces images sont-elles encore d’actualité ? A vous d’en juger ! 1. Images de toujours... La mère et la nourrice Etre mère est le rôle naturel et traditionnel de la femme. Elles est chargée de nourrir et d’élever ses enfants. Les époques l’ont tantôt vue encouragée à l’allaitement ou incitée à confier sa progéniture à une nourrice. Extrait du concours des bébés, 1900, 5 Q 20 Couverture du bulletin de la société pour la propagation de l'allaitement maternel, 1892, 5 Q 20 Carte postale, le théâtre, 100 Fi 21 La nourrice se chargeait de nourrir au sein les enfants dont elle avait la garde. Du Moyen-Age au XIXe siècle, la mise en nourrice était une pratique répandue dans tous les milieux sociaux. La fille- mère C’est le pendant négatif de la mère. Rejetée par l’Histoire, on trouve peu de trace à son sujet : seules subsistent des lettres de demande de secours et leurs réponses souvent négatives, comme dans l’extrait suivant. Extrait d’une réponse de l’assistance publique au maire de Rennes notifiant les raisons du refus, 1886, 5 Q 20 La ménagère C’est traditionnellement à la femme qu’incombe la charge d’entretenir le foyer. Si on ne naît pas ménagère, on le devient : l’école ménagère agricole, ouverte aux filles de cultivateurs, a pour vocation première de former des bonnes ménagères en leur dispensant des cours à la fois théoriques et pratiques sur les travaux de ménage et de lingerie. Carte postale humoristique, milieu du XXe siècle, 100 Fi 551. L’école primaire supérieure de jeunes filles, à l’enseignement plus généraliste, ne délaisse pas pour autant l’économie domestique : les listes d’acquisition de matériel de l’école témoignent d’un équipement en ustensiles de cuisine et de ménage très complet. En-tête de facture de A. Danrigal, poêlier rue Saint-Michel à Rennes, 1923, M 208 Extrait d’un catalogue publicitaire de l’orfèvrerie Christofle, années 1950, K 128 La prostituée Aux XIXe et XXe siècles, les maisons closes, appelées ainsi parce que leurs volets devaient être solidement cadenassés, étaient gérées par des tenancières dûment habilitées par la mairie : outre un certificat de bonne moralité délivré par le commissaire de police, elles devaient déclarer leurs pensionnaires soumises à la visite médicale dont la mairie organisait à leurs frais. Plan en élévation de la propriété 17 (devenue 19) boulevard Solférino, 1904, I 50 bis En-tête de facture de Mme Raymond Roemer, corsetière rue de Brilhac à Rennes, 1923, non cotée Interdites de publicité, les maisons de tolérance se faisaient souvent connaître sous l’enseigne d’un estaminet, comme le bar La Féria, du 17 puis 19 boulevard Solférino, bonne adresse des années trente à Rennes. La loi dite Marthe-Richard d’avril 1946 fit fermer 1800 établissement de ce genre en France. Couverture du programme des fêtes de la Mi-Carême de 1897, 2 Q 26 Tract publicitaire pour l’estaminet (et ses attractions diverses) La Féria, 19 boulevard de Solférino, I 50 bis 2. Au travail ! L’ouvrière et la petite main Dans la répartition sexuée du travail, telle qu’elle commença à se dessiner dans la distribution des emplois à partir du XIXe siècle, les tâches nécessitant patience, précision, endurance et doigts agiles furent dévolues aux femmes. C’est pourquoi on les retrouve souvent usineuse (ouvrière spécialisée dans l’usinage de pièces sur machine-outil), ouvrière d’imprimerie ou plus généralement « petite main ». En-tête de facture de la fabrique de chemises Canonne-Jouaud rues Beaurepaire et Bertrand à Rennes, 1871, non cotée Publicité pour des patrons modèles publiée dans l’annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine de 1936, R0-98 A Rennes, l’Arsenal et Oberthur, par exemple, employaient de gros bataillons féminins tandis que les états numériques des livrets d’ouvriers délivrés à la mairie de Rennes à la fin du XIXe siècle attestent de l’activité de nombreuses couturières, brodeuses, lingères, piqueuses de bottines et autres chamareuses. Fiche de retraites ouvrières, 1917, série Q, non cotées Carte postale, fin XIXe - début XXe siècles, 100 Fi 652 L’infirmière et la sage-femme Tract et affiche publicitaires pour les campagnes de vente du timbre antituberculeux par le comité national de défense contre la tuberculose, 1935, 5 Q 29 Associée au combat contre la maladie et la mort, la figure de l’infirmière émergea surtout au XXe siècle avec la Grande Guerre et l’image des infirmières de la Croix-Rouge pansant les blessés à l’arrière du front. Elle fut même érigée en symbole de la guérison, protégeant les enfants de la maladie, lors des campagnes de lutte antituberculeuse de l’entre-deux-guerres. La sage-femme a toujours été considérée comme une profession naturellement féminine, au point qu’à ce jour son nom ne se décline toujours pas au masculin. Affiche annonçant l’ouverture d’un cours gratuit départemental d’accouchement à l’école de médecine et de Rennes destiné aux élèves sages-femmes, 1901, 5 D 2961 3. Vers l‘émancipation ! L’écolière Extrait d’une publicité dans le programme officiel de la fête des Fleurs de 1905, 2 Q 18 Les filles ne sont présentes sur les bancs de l'école que très tardivement et leur éducation conserve pendant longtemps une approche très utilitaire. Leur scolarité se prolongea en 1881 dans l’enseignement secondaire, mais jusqu'en 1919 elles ne pouvaient toujours pas passer le baccalauréat ou entrer à l'université. Le lycée de jeunes filles de Rennes est créé en 1906. Couverture de la revue « L’enseignement secondaire des jeunes filles », 1891, R 67/2 A partir de 1924, les écolières suivent les mêmes programmes que ceux enseignés aux garçons même si elles ne partagent pas les mêmes locaux jusqu'en 1975, année où la mixité scolaire est devenue obligatoire dans les écoles publiques. Extrait du certificat scolaire de Melle Paulette Lechaux pour une demande de bourse dans les lycées et collèges, 1907, R 72 La sportive Vignettes représentant les préliminaires imposés lors des épreuves de la IVe fête fédérale internationale de la fédération féminine française de gymnastique et d’éducation physique, les 31 mars, 1 et 2 avril 1923, à Monaco, I 32 Jusqu'à la première guerre mondiale, l’accomplissement d’exercices physiques était déconseillé aux femmes pour des raisons de décence. Par la suite, elles purent pratiquer la gymnastique mais toujours dans des tenues irréprochables comme le montrent les publicités pour des vêtements de sport des années 1920. En 1924, après Vichy et Monaco, Rennes accueillit la Ve fête fédérale internationale de de gymnastique féminine lors de l’inauguration du stade vélodrome. Couverture du programme de la Ve fête fédérale internationale de la fédération féminine française de gymnastique et d’éducation physique, les 26, 27 et 28 juillet 1924 à Rennes, I 32 Publicité pour les costumes de sport et de gymnastique « A la Grande Maison », rue Auber à Paris, 1923, I 32 La citoyenne et l'élue La femme est longtemps restée exclue de la vie politique à la fois en tant qu'élue et en tant que citoyenne. Malgré une volonté de l'Assemblée nationale de leur accorder le droit de vote à plusieurs reprises au début du XXè siècle, elles n'ont obtenu ce droit qu'en 1944, date à laquelle elles sont devenues également éligibles. Extrait d'une publicité dans le programme de la fête des fleurs, 1905, 2 Q 18 A Rennes, la première femme an sein du conseil municipal, Madame Laurent, fut nommée en 1941 par l'Etat. Les conseillères municipales de l'époque devaient selon les ordres du préfet, se préoccuper essentiellement des questions sociales et familiales. Affiche de révision des listes électorales suite à la loi du 21 avril 1944 accordant le droit de vote aux femmes, 1944, K 28 Arrêté de nomination des conseillers municipaux de la ville de Rennes, 1941, K 56 En 1945, cinq femmes siégeaient au conseil municipal de la ville. Depuis, elles y sont toujours présentes sans forcément atteindre l'égalité hommes-femmes. Renée Prévert (à gauche), adjointe au maire de 1959 à 1977 et Marie-Louise Le Cornec (à droite), adjointe au maire de 1959 à 1971, chargées, selon les mandats, des affaires culturelles et sociales sont les seules femmes à figurer dans les premiers trombinoscopes d’élus. 4 - L’éternel féminin... Toutes les époques affichent sa coquette avec ses tenues de mode. Publicité pour le magasin ParisModes, dans le programme de la Fête des fleurs, 1907, 2 Q 27 Publicité pour le magasin de vêtements l’Y dans le preogramme de la fête des Fleurs en 1907, 2 Q 27 Couverture du programme de la Fête des fleurs, 1905, 2 Q 18 Couverture du programme de la Ve fête fédérale de gymnastique féminine, 1924, I 32 Extrait d'une publicité d'un magasin de vêtements à Rennes dans le programme de la Mi-Carême, 1937, 2 Q 26 Directrice de la publication : Catherine Laurent. Textes et mise en page : Réjane Guyomard, Juliette Patron. La fidèle secrétaire Publicité pour les machines à écrire, à calculer, à facturer, à statistiques... de marque Burroughs dans la revue « Le tableau fiscal et juridique », années 1950, 4 Z 191-193. Puisque la dactylographie ressemblait somme toute au piano et puisque les femmes étaient réputées pour être dociles, pour aimer les tâches répétitives et pour avoir le goût du détail, le secrétariat et les emplois de bureau ont été très tôt réservés aux femmes à partir du XIXe siècle. Affiche annonçant un concours organisé par la mairie pour un poste de dame employée sténo-dactylographe, 1928, 5 D 3819. Cette affiche de 1928 pour un recrutement de dame employée sténo-dactylographe à la mairie de Rennes témoigne d’une époque où l’expression « employé de bureau » ne s’orthographiait qu’au féminin.