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Sommaire ÉDITO P. 8-10 PROFESSION Le myotest® P. 11-14 ÉVÉNEMENT Coupe du Monde de football 2006 Vous avez certainement été, comme moi, étonnés par le jugement rendu à l’encontre d’un confrère ayant signé un certificat de non contreindication à la pratique d’une activité sportive. Quelles ques soient les raisons du jugement, il convient d’être particulièrement vigilant lors de la signature de ces certificats car, comme vous l’avez constaté, la justice n’est pas clémente. Même si par le passé nous étions moins regardants, cette époque est aujourd’hui révolue et nous devons prendre en compte cette évolution de société, qui fait que la procédure supplante le bon entendement, de la même façon que l’on ne conclut plus un marché en se serrant la main pour sceller l’accord de chacun. Il faut donc, avant signature, s’inquiéter des règles édictées par chaque fédération, informer le patient des risques qu’il prend en pratiquant cette activité et lui faire signer un “papier” stipulant qu’il a bien compris tout ce qui lui a été dit. Voila, en résumé, ce que nous incite à faire les conclusions de ce jugement. Interview de Jean-Pierre Paclet, médecin de l’équipe de France < DOSSIER > Tendinopathies du poignet dans la pratique sportive P. 15-24 Tendinopathies du bord cubital Page 16 A - Rappel anatomique B - Instabilité du cubital postérieur C - Les tendinopathies du cubital postérieur D - Les tendinopathies du cubital antérieur Tendinopathies du bord radial Page 20 A - Rappel anatomique B - La styloïdite radiale C - La ténosynovite de De Quervain D - Atteinte des tendons 1er et 2e radiaux (ERCB, ERCL) E - Tendinopathie du long extenseur du pouce F - Tendinopathie du grand palmaire P. 25-26 DROIT ET SPORT “75 000 Euros Baby” P. 27-31 TECHNOPATHIE Les pathologies de la main chez le musicien P. 32-34 MISE AU POINT Le golf Retrouvez Médecins du Sport sur Internet Didier Rousseau, Rédacteur en chef www.menarini.fr Articles, mises au point, banque d’images, formations, événements… Directeur de la publication : Dr Antoine Lolivier - Rédacteur en chef : Dr Didier Rousseau - Rédacteur en chef adjoint : Odile Mathieu - Rédactrices : Marjorie Andrès - Sophie Landrin - Secrétaire de rédaction : Annaïg Bévan - Chef de studio : Frédéric Perrault - Maquette : Christine Lecomte - Chef de Production : Gracia Bejjani Assistante de production : Cécile Jeannin - Comité de rédaction : Pr François Carré - Pr Pascal Christel - Dr Jean-Marie Coudreuse - Dr Patrick Djian - Laurence Ducrot Dr Hervé de Labareyre - Dr Olivier Fichez - Dr Jacques Gueneron - Dr Eric Joussellin - Dr Pascal Lefèvre - Tanguy Le Talaer - Dr Philippe Le Van - Dr Patrick Middleton - Dr Paule Nathan - Dr Gérard Nicolet - Dr Marie-France Oprendek-Roudey - Dr Jacques Parier - Dr Thierry Poiraud - Dr Gérard Porte - Dr Jacques Pruvost - Dr Philippe Thelen - Dr Hervé Zakarian - Service d’abonnement : Claire Lesaint - Photo de couverture : DPPI Cette publication est éditée par Expressions Santé, 2, rue de la Roquette – Passage du Cheval Blanc, cour de Mai - 75011 Paris. Tél. : 01 49 29 29 29. Fax : 01 49 29 29 19. E-mail : [email protected] - N° ISSN : 1279-1334. Imprimeur : Imprimerie de Compiègne, 60205 Compiègne. Tous les articles sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs. MÉDECINS DU SPORT 3 N°77-MAI/JUIN 2006 Profession ACTUALITÉS PROFESSIONNELLES Le Myotest® Un appareil destiné au staff technique d’une équipe de sportifs peut-il s’avérer intéressant pour le médecin ? C’est l’impression que nous avons eue en faisant la connaissance d’un appareil de mesure de la fonction musculaire, le Myotest®. Ceci explique la rédaction de cet article de forme peu commune pour la revue Médecins de Sport. A u début,il était un ancien skieur, préparateur physique,entraîneur de l’équipe suisse de ski de descente.Depuis des années,il estimait manquer d’un appareil de mesure fiable pour évaluer les qualités musculaires de ses athlètes. Il avait bien à sa disposition les appareils de musculation,la possible évaluation du 1RM (l’exercice de force maximal susceptible d’être effectué une seule fois, entraînant un épuisement), et plus tard étaient apparus les appareils de mesure isocinétiques, les plateformes de force. Seulement, tout cela ne lui permettait pas de tester les gestes qu’il souhaitait étudier. De cette insatisfaction et de la collaboration avec l’un de ses amis mathématicien et informaticien,a germé l’idée d’une technique de mesure basée sur l’accélérométrie,puis la conception d’un petit appareil (Fig. 1) susceptible de donner facilement des données les plus exactes possible quant aux performances musculaires,en situation de geste sportif réel. Dr Hervé de Labareyre* Figure 1 - Myotest®, capteur accélérométrique et boîtier d’enregistrement. ayant été présenté, il nous a immédiatement semblé intéressant de nous poser la question de son intérêt en milieu médical.Au lecteur de juger… PRINCIPE DE LA MESURE, POINT DE VUE DE L’ENTRAÎNEUR 1. Le Myotest® mesure l’accélération sur un axe vertical de la charge sur laquelle est fixé le capteur accélérométrique. Un capteur accélérométrique est un composant électronique sensible à la déformation qui lui est imposée par une accélération quelconque. Ce capteur peut être très facilement fixé sur le sujet testé lors d’un saut vertical ou sur les plaques de fonte de n’importe quel appareil de musculation (Fig.2 à 4). De cette manière, il devient possible d’évaluer des gestes complexes,en fonction de l’exercice réalisé. S’il s’agit d’évaluer un geste technique très spécifique, non testable sur une quelconque machine de musculation (tel un service au tennis, un départ de sprint…), il faut utiliser des astuces (filin, poulies), qui permettront de transformer le geste technique en un simple déplacement vertical du capteur. Les limites sont celles de l’ingéniosité de l’entraîneur et de la complexité du montage nécessaire ! La réalisation du geste dans le cadre habituel du sportif, plutôt qu’en laboratoire, est un facteur supplémentaire de meilleure appréciation de la fonction étudiée. 2. La connaissance de la masse déplacée, de l’accélération et du temps de déplacement (généralement très court), permet de déterminer la force,la puissance développée lors du mouvement,ainsi que la vitesse du geste. Ces calculs sont réalisés instantanément par le logiciel intégré, qui permet, en outre, une interprétation graphique avec transcription immédiate sur l’écran d’un ordinateur. Une fois que de nombreux tests ont été réalisés et gardés en mémoire, l’étude précise peut alors se faire. Figure 2 - Test de détente verticale sur le terrain, le capteur est fixé à la ceinture. Figure 3 - Test de développé couché, le capteur est fixé sur la barre (extrémité gauche). Figure 4 - Test d’extension du genou, le capteur est posé sur les plaques de fonte. Le Myotest® (Acceltec, Sion, Suisse) est né en 2004 et a commencé à être utilisé en milieu sportif, sa destination primitive,par les entraîneurs.Cet outil nous * Clinique des Lilas, Les Lilas MÉDECINS DU SPORT 8 N°77-MAI/JUIN 2006 Figure 5 - Test de détente verticale en situation de jeu de beach-volley. 3. L’utilisation du goniomètre permet de reproduire le même test autant de fois qu’il est jugé nécessaire (signal de départ à un certain degré de flexion du genou, lors d’un saut par exemple), avec une grande reproductibilité. 4. La mise en place des différents éléments est des plus simples.Quelques minutes sont suffisantes pour réaliser plusieurs fois le même test ou plusieurs tests différents. Cette facilité permet de renouveler le test avec une périodicité qui peut être de quelques semaines seulement et tous les membres d’une équipe peuvent être testés dans un temps relativement court et de façon régulière. Cette méthode d’évaluation n’est pas chronophage. 5. Le faible encombrement de l’appareil, son poids de 500 g et sa grande maniabilité permettent de l’utiliser sur le terrain (salle de gymnastique,stade,plage…) et pas uniquement en laboratoire ou dans une pièce dédiée, comme c’est le cas pour l’isocinétisme (Fig. 5). Le capteur est actuellement relié par un câble à l’enregistreur,qui permet la prise de mesures et le paramétrage des tests. 6. S’il s’agit de déterminer le 1RM, ceci se fait par la réalisation de multiples tests à charge croissante. Les résultats chiffrés obtenus sont fiables (tests comparatifs avec des méthodes déjà éprouvées). Il en résulte une amélioration notable des possibilités de renforcement musculaire,renforcement qui s’effectue toujours selon un certain pourcentage du 1RM.Autant proposer des exercices musculaires à partir d’un chiffre juste ! 7. Intérêt non négligeable, le coût de l’appareil n’a pas grand-chose à voir avec celui des appareils de mesure déjà connus. Le terrain d’expérimentation du Myotest® a tout naturellement été le sport de haut niveau. De nombreux sportifs ont été évalués (ski,athlétisme,beach-volley, tennis, hockey sur glace, football, rugby…). Les résultats des mesures obtenues sont destinés à guider ou modifier les techniques d’entraînement et/ou de musculation. Le laboratoire de biomécanique de l’Insep s’est équipé très vite,flairant un potentiel intéressant dans ce nouvel appareil de mesure de la fonction musculaire. De multiples études comparatives ont depuis été réalisées avec des méthodes de mesure déjà éprouvées. La fiabilité des mesures semble parfaitement se confirmer avec un allègement technologique majeur (par rapport aux plateformes de force,à la mesure de l’accélération par caméras vidéo à haute fréquence…),avec une facilité d’utilisation indiscutable. Quelques groupes d’entraînement français ont commencé à se servir de l’appareil,souvent de façon plutôt discrète. QUEL INTÉRÊT EN MÉDECINE DU SPORT ? Deux axes méritent d’être envisagés : la médecine du sport avec son volet préventif sur le terrain et la traumatologie du sport souvent associée à la rééducation. L’aspect préventif Le médecin doit avoir un rôle associé à celui de l’entraîneur et/ou du préparateur physique. Si ces derniers recherchent parfois trop vite un résultat,le premier peut avoir son mot à dire,de façon à essayer d’éviter la blessure. Il est reconnu depuis de nombreuses années qu’il est très intéressant d’effectuer un bilan musculaire en début de saison, afin de vérifier ou non le bon équilibre droitegauche, le bon équilibre entre des agonistes et des antagonistes, bilan habituellement réalisé à l’aide de tests isocinétiques. Cependant, ces tests isocinétiques ne permettent d’explorer des fonctions n’ayant qu’un seul degré de liberté (flexion-extension du genou, du coude, du rachis, rotation externe–rotation interne d’épaule),alors que le Myotest® permet, si besoin, d’explorer des MÉDECINS DU SPORT 9 fonctions musculaires et articulaires à multiples degrés de liberté. Ces tests initiaux permettent de guider un renforcement spécifique,orienté,avec des contrôles qui peuvent être facilement répétés, y compris sur le terrain. La rééducation L’intérêt est évident dans les suites d’un accident musculaire, d’un traumatisme articulaire quelconque, d’une immobilisation,pour lesquels il est nécessaire de retrouver une fonction musculaire satisfaisante aussi rapidement que possible. Le Myotest® permet de réaliser des tests précocement, car la charge mobilisée peut être légère (les calculs prennent en charge ce paramètre et le calibrage minimal est actuellement de 1 kg). En cas de traumatisme musculaire,ceci permet d’éviter le risque d’une nouvelle blessure en cours de test,ainsi que cela peut survenir sur les machines isocinétiques qui imposent une résistance importante et que l’on n’utilise jamais avant un long temps de cicatrisation. La même remarque peut être faite dans le cadre de la rééducation post-chirurgicale. A la suite d’une ligamentoplastie du genou, par exemple, les tests isocinétiques d’évaluation musculaire ne sont effectués qu’après plusieurs mois d’évolution. Des tests à charge légère ne comportent pas le même risque traumatique, ont de bonnes chances de s’avérer moins douloureux et pourraient être réalisés plus tôt. Il est tout à fait possible de tester des fonctions excessivement simples, telles que le fait de se relever de la position assise ou de monter une marche et d’objectiver la progression de cette Figure 6 - Test de simple montée d’une marche, utilisation du goniomètre. N°77-MAI/JUIN 2006 Profession LES DOMAINES D’UTILISATION EN MILIEU SPORTIF Profession “performance”élémentaire en cours de rééducation (Fig. 6). Aucune contrainte additionnelle n’est imposée au patient et on voit que l’on déborde très rapidement du domaine de la rééducation du sportif vers la rééducation de la prothèse de hanche ou de genou… La rééducation peut également être guidée,car le logiciel propose plusieurs informations : ● bilan musculaire ; ● comparaison entre les côtés droit et gauche ; ● appréciation de l’équilibre agonisteantagoniste. L L E T I Lors du bilan musculaire, si les courbes de force montrent manifestement des décrochements traduisant une inhibition fonctionnelle par la douleur, il devient possible de déterminer les secteurs angulaires préférentiels de travail. CONCLUSION LA REMISE SUR LE TERRAIN Dernière étape du processus de rééducation,elle est souvent conduite conjointement par le médecin de terrain et le rééducateur. Tous deux pourront avoir besoin de guider la mécanisation, l’athlétisation du sportif blessé et contrôler la récupération fonctionnelle globale, tout comme le geste technique spécifique. La réali- L’analyse des courbes et des résultats chiffrés permet : ● de choisir le type de renforcement musculaire à proposer ; U sation des tests in vivo,sur le terrain,devrait apporter une plus grande sécurité dans la reprise. ● On peut noter que les tests de genou peuvent pratiquement toujours être réalisés en chaîne fermée,alors que les tests isocinétiques le sont en chaîne ouverte. B d’effectuer un suivi de la rééducation ; d’assurer un contrôle de son efficacité par comparaison de tests successifs. Un document imprimé peut être conservé dans le dossier du patient. ● N D ’ A B O N N Outil initialement conçu par des sportifs pour des sportifs, le Myotest® pourrait tout à fait trouver sa place dans la panoplie du médecin du sport,que ce soit dans une optique préventive ou lors d’un suivi thérapeutique. Nos hypothèses sont basées sur des données de terrain objectives et leur application à la médecine nécessite sans doute des ajustements. La porte nous semble néanmoins grande ouverte. Révolution dans la mesure de la fonction musculaire ? Peut-être,mais c’est aux utilisateurs potentiels qu’il appartiendra de faire la liaison entre l’intérêt du staff technique et le médical sur le terrain et aux rééducateurs d’affirmer l’intérêt de cet appareil dans le cadre de leur exercice. ■ E M E N T EDECINS DU SP RT 6 numéros par an Prix au numéro : 7 €* Abonnement : 38 €* Etudiant : 30 €* (joindre photocopie de la carte d’étudiant) ❏ Pr ❏ Dr ❏ M. ❏ Mme * + 12,50 € par avion pour les DOM-TOM et la CEE + 23,50 € par avion pour l’étranger autre que la CEE Nom : .................................................................................................................................... Prénom : ................................................................................ Spécialité ❏ Rhumatologue ❏ Rééducateur fonctionnel ❏ Médecin du sport ❏ Médecin généraliste ❏ Autre ........................................................................................................................................................................ ❏ Etudiant Année : ................................................................................................... Adresse d’expédition : ............................................................................................................................................................................................................................................................................ ................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................. ...................................................................................................... Code postal Ville : ...................................................................................................................................... Adresse et lieux d’exercice : ............................................................................................................................................................................................................................................................... ...................................................................................................... Code postal Ville : ...................................................................................................................................... Règlement ..................................................................................................................................Tél. : _ _ . _ _ . _ _ . _ _ . _ _ ; Fax : _ _ . _ _ . _ _ . _ _ . _ _ MDS 77 ❏ Chèque à l’ordre d’Expressions Santé ❏ Carte bancaire N° Expire le ................................................... Signature obligatoire : Suggestions d’articles / commentaires : ............................................................................................................................................................................................................ ❏ Je désire recevoir une facture justificative (déductible frais professionnels) Retourner ce bulletin accompagné d’un chèque à l’ordre d’Expressions Santé 2, rue de la Roquette - Passage du Cheval Blanc - Cour de Mai - 75011 Paris - Tél. : 01 49 29 29 29 - Fax: 01 49 29 29 19. Un reçu vous sera envoyé. MÉDECINS DU SPORT 10 N°77-MAI/JUIN 2006 Credit..... Les coulisses de l’organisation et du suivi médical La Coupe du Monde de football 2006 se déroulera en Allemagne, du 9 juin au 9 juillet.Depuis sa première édition, accueillie par l’Uruguay en 1930, cet événement sportif est devenu le plus populaire au monde.En attendant les résultats de l’équipe de France, championne du monde en 1998, le Dr Jean-Pierre Paclet dévoile, dans un entretien exclusif, les coulisses de l’organisation et du suivi médical de ce prestigieux événement. ■ MÉDECINS DU SPORT 11 N°77-MAI/JUIN 2006 Evénement : Coupe du Monde de football 2006 Coupe du Monde de football 2006 Evénement : Coupe du Monde de football 2006 « Mon pouvoir de déci le territoire français » Médecins du Sport : Depuis combien d’années êtes-vous le médecin de l’équipe de France de football ? Jean-Pierre Paclet : Je suis le médecin de l’équipe de France A depuis 2 ans et de l’équipe de France Espoir depuis 1992, c’est-à-dire 14 ans. MDS : Quel suivi médical appliquezvous aux footballeurs des équipes de France ? JPP : Il y a 3 types de bilans effectués. 1. Le bilan légal de tout sportif de haut niveau,imposé par la législation française et qui n’est donc pas particulier au football. 2. Un bilan d’aptitude, tous les ans, avec les épreuves classiques (tapis roulant, échocardiographie), que nous réalisons soit directement,soit,le plus souvent pour les joueurs français,en collaboration avec les clubs.Pour les joueurs,ce bilan a donc lieu fréquemment dans les clubs,sinon à Clairefontaîne lors des rassemblements. 3. Des bilans que j’appellerais “d’état physique”, qui consistent essentiellement en une épreuve sur tapis roulant et des tests de terrain, ce que nous appelons des “15-15”:nous effectuons une prise de fréquence cardiaque, sur un effort physique de 15 longueurs de terrain, avec récupération entre pour observer l’évolution de la fréquence cardiaque,le pourcentage de VO2max et le déroulement de la récupération.Il s’agit de tests tout à fait classiques. Tous ces tests sont réalisés par le Dr Legall et le Centre médical du Centre technique national du football (CNTF), sous la responsabilité du Pr Rochcongar, médecin du suivi des sélections nationales. MDS : Avez-vous accès au suivi médical des joueurs ? JPP : C’est un petit peu le problème du médecin de l’équipe de France,parce que les joueurs, qui sont tous des professionnels, appartiennent et sont salariés de leur club. Il faut différencier deux situations. 1. Les joueurs évoluant en France :entre médecins de football professionnel,nous nous connaissons tous et nous entretenons de très bonnes relations,il n’y a pas de souci,ni de problème majeur.Je dirais que nous avons la même formation et la même culture médicale,c’est-à-dire que notre premier souci est la santé des joueurs. Je fais confiance aux médecins de clubs,nous discutons et nous sommes constamment en rapport.Ils sont responsables de leurs joueurs, la mise en route d’un traitement se fait toujours en collaboration avec eux. 2. Les joueurs évoluant à l’étranger :d’une part,le niveau médical est très inégal,tous les joueurs ne sont pas soumis aux mêmes contrôles et pas forcément protégés par le même souci de leur santé à long terme. Souvent, ils sont confrontés à un problème de rentabilité immédiate. D’autre part, les médecins de l’étranger n’ont pas la même culture médicale et donc pas les mêmes stratégies diagnostiques et thérapeutiques. Dans ce cas là, j’ai un rôle de conseil auprès des joueurs, mais je ne peux avoir que ce rôle de conseil… Même si les joueurs sont libres de se faire opérer et soigner où ils veulent, souvent, la pression du club peut aller à l’encontre de ce que je préconise. C’est alors assez délicat et frustrant. J’ai un pouvoir de décision, dans le sens où je peux les déclarer inaptes, mais ils jouent à l’étranger et ma décision n’est valable que sur le territoire français. MDS : Quel programme de préparation physique des joueurs est mis en place dans le cadre du football professionnel ? JPP : Ce n’est pas au niveau de l’équipe de France qu’est gérée la préparation physique. Ce sont les clubs qui s’en occu- MÉDECINS DU SPORT 12 pent, car schématiquement, il y a une grosse phase de préparation physique avant le début de saison, en juillet, avec ensuite,au rythme des matchs,un travail d’entretien,le travail physique étant très limité ou ne concernant que les joueurs qui ne jouent pas. Je n’ai pas de regard là-dessus : ce sont les préparateurs physiques de chaque club qui s’en chargent. En effet, quand on observe le calendrier autour de la Coupe du Monde, on constate que nous récupérons les joueurs le 20 mai, pour jouer le 13 juin. Nous n’avons pas le temps, en 3 semaines, de mettre en route une préparation physique. De plus, les titulaires vont jouer tous les 5 jours, ils ne nécessitent donc pas de préparation physique spécifique, mais de l’entretien. Elle concerne plutôt les joueurs qui ne jouent pas ou qui ne joueront pas les premiers matchs.Pour eux, nous organisons un travail de préparation physique sur le terrain, le plus souvent avec ballon (les joueurs de foot n’aiment pas courir,il leur faut un ballon) et nous essayons d’organiser des matchs amicaux contre les petits clubs locaux, là où nous serons basés le lendemain des matchs officiels. MDS : Comment est organisée l’équipe médicale pendant la Coupe du Monde ? JPP : Pendant la Coupe du Monde,nous fonctionnons avec 1 médecin (moimême) et 4 kinésithérapeutes sur le site. Avec l’appui logistique, en cas de blessure sérieuse, du médecin de Clairefontaîne, qui est sur le qui-vive et présent dans le cas où nous aurions besoin de lui pour la gestion d’un blessé particulier, nécessitant un bilan à Paris. Le jour du match,un 2e médecin est présent, pour 2 raisons. 1. En cas de blessé qui doit être évacué, un médecin français doit rester auprès de lui,monter dans l’ambulance avec lui et se charger des prises de décision thérapeutiques immédiates. 2. En cas de contrôle antidopage :pendant N°77-MAI/JUIN 2006 Les joueurs de football sont de mieux en mieux préparés et de plus en plus performants. la Coupe du Monde,nous sommes basés à Hanovre,où nous rentrerons chaque soir. Si un contrôle antidopage dure longtemps, avec des difficultés à satisfaire aux exigences pour le joueur,le médecin supplémentaire permet de ne pas bloquer toute l’équipe. Il prendra en charge le contrôle antidopage et, si le joueur n’arrive pas à uriner dans un délai raisonnable,il dormira avec lui sur place et le raccompagnera le lendemain. MDS : Comment sont organisés les secours et les soins en cas d’accident pendant la compétition ? JPP : Pendant la compétition, une organisation du service médical est mise en place, mais je ne sais pas encore exactement quelles vont en être les modalités. Nous aurons une réunion de tous les médecins de sélection,avec les organisateurs et nous allons discuter de tout ça. De toute façon, pendant la compétition, tous les joueurs sont pris en charge par la FIFA pour les soins,au niveau financier en particulier.Quant à moi,j’ai pris contact avec l’hôpital local pour pouvoir disposer immédiatement d’IRM,de scanners,de radios et de la biologie. Sur place,je ne sais pas exactement ce que les Allemands ont prévu. En France, par exemple,il y avait sur chaque stade un mé- decin local,chargé de l’évacuation des blessés et d’aider les médecins de sélection. fessionnels qui ne posent pas ce genre de problème. MDS : Comment s’organise le suivi médical des joueurs pendant toute la durée de la compétition ? MDS : Avez-vous constaté une évolution physique chez les footballeurs ces dernières années ? JPP : Le suivi médical va s’organiser à la demande.Si nous avons besoin d’évaluer leur performance physique, nous emploierons des tests de terrain, essentiellement.Au niveau de l’évaluation des blessures, nous aurons un Cybex® sur place, ainsi qu’un échographe. JPP : Je dirais qu’ils sont de mieux en mieux préparés et de plus en plus performants. Au niveau physique, il faudrait étudier tous les bilans de tous les sélectionnés depuis 15 ans, afin de déterminer si les tendances observées (taille,masse musculaire) concernent les footballeurs en particulier ou la population française en général. MDS : Comment prévoyez-vous de maintenir en bon état physique tout votre effectif pendant le mois de compétition ? JPP : Bonne question ! Il s’agira surtout d’être à l’écoute des joueurs, de déceler très tôt le moindre“bobo”,afin de prendre en charge immédiatement le moindre problème, aussi bénin semble-t-il. MDS : Comment faîtes-vous pour maîtriser l’ensemble des thérapeutiques employées par les joueurs professionnels dans leur club ? JPP : Je ne peux pas les maîtriser… Je suis au courant de ce qui se passe en France, mais c’est plus aléatoire à l’étranger. ■ MDS : Existe-t-il un suivi nutritionnel ? JPP : Oui, et c’est moi qui organise les menus.Mais nous avons affaire à des pro- MÉDECINS DU SPORT 13 N°77-MAI/JUIN 2006 Propos recueillis par Marjorie Andrès Evénement : Coupe du Monde de football 2006 sion n’est valable que sur Communiqué TESTS CARDIOLOGIQUES OBLIGATOIRES pour une fête du football sans dopage a prévention effective est, pour le département Médical de l’instance dirigeante du football mondial, une priorité absolue - qui plus est dans le cadre de la Coupe du Monde de la FIFA 2006. Ainsi, le professeur Jiri Dvorak, médecin en chef de la FIFA, a la possibilité de souligner, en marge du séminaire des équipes de Düsseldorf, l’extrême importance de la prévention. L La prévention est une priorité absolue. A l’occasion de la 2e Conférence sur la médecine du sport et du football, les plus de 160 médecins du sport présents ont non seulement eu un aperçu de l’état actuel des connaissances en la matière, mais aussi reçu des conseils pratiques pour la vie au quotidien. La médecine du sport est en effet bien plus que la lutte contre le dopage : c’est l’anticipation et le traitement des blessures, pouvant aller d’un simple allègement de l’entraînement jusqu’à un examen préventif approfondi. Une bonne alimentation peut aussi optimiser les performances en match ou à l’entraînement. Toutefois, les compléments alimentaires ne présentent pas d’avantages pour les footballeurs, et peuvent même entraîner des contrôles de dopage positifs s’ils sont “enrichis” de substances douteuses. C’est pourquoi la FIFA a dépêché des experts internationaux, ainsi qu’un conseiller chargé de résumer de manière claire l’état des connaissances en matière de nutrition du footballeur, à la veille de la Coupe du Monde de la FIFA. Dans un séminaire particulier, les médecins des équipes ont reçu les recommandations de prévention de la part de la Commission de Médecine Sportive et se sont familiarisés avec le règlement antidopage. En plus du livret de la FIFA sur la médecine du football, les équipes médicales ont aussi reçu des défibrillateurs de premier secours, de marque Philips. Ces appareils d’électrochocs seront à la disposition des secours en cas d’arrêt cardiaque subit de joueurs, fonctionnaires ou spectateurs lors de la Coupe du Monde de la FIFA 2006. Pour éviter au maximum d’y avoir recours, tous les joueurs des 32 équipes subiront non seulement la MÉDECINS DU SPORT 14 Communiqué de presse officiel de la FIFA traditionnelle visite médicale générale, mais aussi un examen cardiovasculaire approfondi avec électrocardiogramme et échographie du cœur. « Avec un examen préventif approfondi, nous pouvons diminuer les risques d’arrêt cardiaque subit. Le monde entier aura bientôt les yeux tournés vers la Coupe du Monde en Allemagne, et la FIFA entend ainsi montrer que la protection de nos sportifs passe avant tout », explique le professeur Jiri Dvorak. « La santé des joueurs est ce qu’il y a de plus important pour nous. Notre expertise et le résultat de nos propres recherches en matière de prévention des risques et d’anticipation des blessures nous permettent de pouvoir conseiller un solide programme préventif comprenant des examens de contrôle ciblés », poursuit Dvorak, qui est également président exécutif du Centre d’Evaluation et de Recherche Médicale de la FIFA (F-MARC). Des mesures en phase avec le slogan médical de la prochaine Coupe du Monde de la FIFA : « Une fête du football 2006 sans blessures ni dopage ». Dans le cadre du séminaire, tous les médecins des équipes ont signé une déclaration commune en soutien à la stratégie de lutte contre le dopage de la FIFA. En outre, les médecins de la FIFA spécialement formés à la lutte contre le dopage effectueront régulièrement des contrôles inopinés lors des matches de préparation qui se joueront entre mars et juin, ainsi que dans les quartiers généraux des équipes durant la compétition. Les tests concerneront à chaque fois quatre joueurs par équipe. Déjà active dans le domaine de la médecine sportive au milieu des années 70, la FIFA a créé le F-MARC en 1994, puis a inauguré le premier centre de médecine du sport à Zurich, en mai 2005. Les patients y bénéficient d’un diagnostic et d’une thérapie spécifiques au football, ainsi que d’un second avis en cas de blessure ou pathologie spéciale. Par ailleurs, le centre soutient très activement la Fédération Internationale de Football dans sa lutte à long terme contre le dopage. Chaque année, plus de 22 000 tests de dopage sont effectués. N°77-MAI/JUIN 2006 < DOSSIER > Tendinopathies du poignet Tendinopathies du poignet dans la pratique sportive DR OLIVIER FICHEZ* Mots-clés Tendinopathie, Poignet, Fléchisseur ulnaire du carpe, Extenseur ulnaire du carpe, Examen clinique, Traitement, Styloïdite radiale, Ténosynovite de De Quervain, Long extenseur du pouce, Fléchisseur radial du carpe SOMMAIRE ● Introduction Page 14 ● Tendinopathies du bord cubital Page 14 A - Rappel anatomique B - Instabilité de l’extenseur ulnaire du carpe C - Les tendinopathies de l’extenseur ulnaire du carpe D - Les tendinopathies du fléchisseur ulnaire du carpe ● Tendinopathies du bord radial Page 18 A - Rappel anatomique B - La styloïdite radiale C - La ténosynovite de De Quervain D - Atteinte des tendons 1er et 2e radiaux (ERCB, ERCL) E - Tendinopathie du long extenseur du pouce F - Tendinopathie du fléchisseur radial du carpe ● Conclusion Page 22 MÉDECINS DU SPORT 15 N°77-MAI/JUIN 2006 * Centre de Rhumatologie et Traumatologie du Sport, Le Saint-Louis, Place Pierre Coullet, Saint-Raphaël < DOSSIER > Tendinopathies du poignet INTRODUCTION Le poignet joue un rôle fondamental, en particulier dans les sports de raquettes, dans lesquels l’élévation du niveau de jeu, la puissance et la recherche d’effet le surexpose, surtout au niveau du système tendineux. Pour des raisons didactiques, nous considérerons en un premier temps les lésions du bord cubital du poignet et, en un second temps, les lésions du bord radial, en ayant à l’esprit la rareté des atteintes des extenseurs et des fléchisseurs communs, que nous ne traiterons donc pas dans cet exposé. Un poignet se définit paume vers le bas et en avant, le bord cubital correspond donc au bord interne et le bord radial au bord externe. Tendinopathies du bord cubital ■A - Rappel anatomique Concernant les tendinites du bord cubital, un bref rappel anatomique s’impose (Fig. 1). Au bord interne du poignet, on retrouve deux systèmes tendino-musculaires : - le fléchisseur ulnaire du carpe qui, après être passé en avant de la styloïde cubitale, s’insère au pôle supérieur du pisiforme et, accessoirement, sur le ligament annulaire, l’os crochu et les 4e et 5e métacarpiens ; ce muscle est fléchisseur du poignet et adducteur, spécifiquement mis en jeu lors de la gestuelle de la main gauche du violoniste ; - l’extenseur ulnaire du carpe, lui, passe en arrière de la styloïde cubitale et va s’insérer sur la base du 5e métacarpien ; il est adducteur et extenseur du poignet. Ce tendon présente la caractéristique de passer dans une gaine fibreuse qui lui est propre, indépendante de la gaine des extenseurs et qui le maintient en arrière de la styloïde (Fig. 2). ■B - Instabilité de l’extenseur ulnaire du carpe effet de lift en pronation, en même temps que le poignet se positionne en flexion forcée pour rechercher un passing court croisé. Mais on la retrouve également en flexion supination, avec la gestuelle de chope au tennis, par exemple. L’instabilité de l’extenseur ulnaire du carpe résulte d’une altération progressive ou brutale de ce système de contention, dont le terme ultime, la rupture, pourra aboutir à une luxation en avant de cet extenseur, en même temps que la styloïde cubitale se luxera en arrière (Fig. 3). Aviron, gymnastique, agrès, par répétition de mouvements de pronosupination, peuvent également générer une distension progressive de cette gaine de maintien de l’extenseur ulnaire du carpe en arrière de la styloïde. La gestuelle qui génère ces lésions est celle dans laquelle la tension de l’extenseur ulnaire du carpe sur la gaine est maximale. En sport, on la retrouve dans la position de flexion pronation forcée, telle que le réalise, par exemple, le revers à deux mains, la main gauche imprimant un Examen clinique A l’interrogatoire, on retrouve le plus souvent un début brutal, avec une sensation de craquement, une impotence fonctionnelle, obligeant à arrêter le match. A l’inspection, œdème et ecchymose du bord postéro-interne du poignet (Fig. 4) ● Fléchisseur ulnaire du carpe Extenseur ulnaire du carpe Pisiforme Ve Meta Figure 1 - Anatomie des fléchisseur et extenseur ulnaires du carpe. MÉDECINS DU SPORT Figure 2 - Schéma de l’extenseur ulnaire du carpe normal. 16 N°77-MAI/JUIN 2006 < DOSSIER > Tendinopathies du poignet Figure 4 - Œdème du bord postéro-interne du poignet. Figure 5 - Douleur palpatoire du tendon de l’extenseur ulnaire du carpe. Figure 3 - Schéma de l’extenseur ulnaire du carpe pathologique. sont confirmés par une douleur palpatoire du tendon de l’extenseur ulnaire du carpe (Fig. 5). Cependant, ce sont surtout les épreuves dynamiques qui, dans les mouvements de contrainte et en s’aidant du doigt, vont reproduire la luxation de l’extenseur ulnaire du carpe que l’on retrouve épaissi dans sa gaine (Fig. 6). Figure 6 - Luxation de l’extenseur ulnaire du carpe. Examens paracliniques La radiographie est négative. L’échographie pourra objectiver un œdème ou une lame liquidienne de la gaine de l’extenseur, mais ce n’est que l’épreuve dynamique, impérative en pronation supination forcée, qui permettra d’objectiver la luxation de l’extenseur ulnaire du carpe hors de sa gaine de maintien. L’IRM ne se concevrait que dynamique, en pronosupination flexion, inutile dans ce contexte clinique très évocateur. Néanmoins, une récente publication fait valoir la capacité de l’IRM à différencier une déchirure capsulaire du simple décollement du rétinaculum (12). ● Traitements Le traitement de l’instabilité de l’extenseur dépend du stade diagnostique. ● Le traitement médical Le traitement médical n’est d’indication que face aux lésions récentes, reposant alors sur une résine antibrachiale, poignet en légère extension flexion cubitale, métacarpien libre pendant 4 à 6 semaines, incluant une immobilisation du coude. Les tendinopathies du cubital postérieur sont fréquentes dans la pratique du VTT. Les critères de reprise sportive sont doubles: - pronosupination indolore et symétrique ; - test isométrique indolore ; - mais persistent pendant plusieurs semaines des douleurs palpatoires, ne remettant pas en cause la reprise sportive. les lésions récentes chez les sportifs de haut niveau. Il repose sur une réfection du système capsulo-ligamentaire par plastie ou volet périosté avec contention pendant 4 à 6 semaines et reprise sportive à 3 mois. Le traitement chirurgical Le traitement chirurgical reste de mise devant les lésions anciennes de l’extenseur ulnaire du carpe, laissant persister une instabilité gênante, ainsi que devant ■C - Les tendinopathies de l’extenseur ulnaire du carpe MÉDECINS DU SPORT 17 Elles sont fréquentes, incluant, outre le tennis, le vélo de route, le VTT, l’utilisation d’engins pneumatiques. Elles abou- N°77-MAI/JUIN 2006 < DOSSIER > Tendinopathies du poignet a b Figure 7 a - Palpation de l’œdème de l’extenseur ulnaire du carpe. Figure 7 b - Test isométrique de l’extenseur ulnaire du carpe. tissent à un tableau tout à fait similaire aux instabilités de l’extenseur ulnaire du carpe, avec une douleur postéro-interne du poignet. Examen clinique L’examen clinique montre les signes positifs suivants : - un œdème du passage de l’extenseur ulnaire du carpe en arrière de la styloïde (Fig. 7a) ; - une douleur palpatoire ; - une douleur au testing isométrique (Fig. 7b), que l’on réalise en extension adduction du poignet. ● Par contre, toutes les tentatives de reproduction d’instabilité par les épreuves dynamiques s’avèrent négatives (+++). Investigations complémentaires Les investigations complémentaires sont ici confirmées à l’échographie, qui objective l’épaississement du tendon, de même que l’IRM (Fig. 8). ● Les tendinopathies du cubital antérieur concernent les sports de raquette et tous les sports de préhension. L’IRM n’a d’indication que dans les suspicions de complications, telle que la rupture, à redouter compte tenu de la proximité des structures osseuses (Fig. 9). ■D - Les tendinopathies du fléchisseur ulnaire du carpe Rappelons que le fléchisseur ulnaire du carpe, après être passé en avant de la styloïde cubitale, s’insère au pôle supérieur du pisiforme, puis donne des rameaux accessoires sur les ligaments annulaires, l’os crochu, les 4e et 5e métacarpiens (Fig. 10). Figure 8 - IRM de l’extenseur ulnaire du carpe. 8 Figure 9 - Rupture post-chirurgicale de l’extenseur ulnaire du carpe. 9 MÉDECINS DU SPORT 18 Figure 10 - Schéma anatomique du fléchisseur ulnaire du carpe. N°77-MAI/JUIN 2006 < DOSSIER > Figure 11 - Douleur palpatoire du fléchisseur ulnaire du carpe. En sport, plusieurs disciplines peuvent être concernées : - certes, les sports de raquettes avec, notamment, la technique de chope en flexion adduction ; - mais également tous les sports de préhension et, notamment, l’escalade en libre. Tableau clinique Le tableau clinique résulte d’une douleur du bord antéro-interne du poignet, confirmée par l’existence d’un œdème et, surtout, d’une douleur palpatoire du bord radial (Fig. 11). sertion principale du fléchisseur ulnaire du carpe se situe au niveau de ce même pisiforme ; - les fractures du pyramidal (Fig. 14) ; - les fractures de l’apophyse unciforme de l’os crochu, particulièrement les fractures de fatigue de l’apophyse unciforme puisque, rappelons-le, un des rameaux accessoires du cubital antérieur s’insère à ce niveau (Fig. 15) ; - les instabilités pyramido-pisiformes (Fig. 16 a et b) ; - l’instabilité du ligament triangulaire ; - l’instabilité du ligament luno-pyramidal (VISI) ; - enfin, les rhumatismes à hydroxy-apatite, la localisation calcique du fléchisseur ulnaire du carpe étant extrêmement fréquente dans cette affection (Fig. 17). Tendinopathies du poignet a parallélisme Pisiforme > 4mm Pyramidal > 15% Figure 16 a - Instabilité piso-pyramidale. b ● On retrouve une douleur à l’étirement en extension abduction du poignet, ainsi que lors du testing isométrique contre résistance manuelle en flexion adduction, telle qu’en réalise par exemple la gestuelle de la main gauche du violoniste. En outre, la flexion contrariée des 5e et 4e métacarpiens génère cette douleur du fléchisseur ulnaire du carpe (Fig. 12). Diagnostics différentiels Un certain nombre de diagnostics différentiels doivent être envisagés : - les fractures du pisiforme (Fig. 13) : elles sont inhérentes à des traumatismes du bord antéro-interne du poignet et leur diagnostic est rendu difficile car l’in● Figure 12 - Test isométrique du fléchisseur ulnaire du carpe. ● Traitements Le traitement médical Il repose sur un arrêt de la pratique sportive et sur l’utilisation plus ou moins importante d’une attelle d’immobilisation en légère flexion adduction. Figure 16 b - Radiographie de l’instabilité piso-pyramidale. Outre les anti-inflammatoires locaux, la rééducation intervient par physiothérapie, mais surtout par des techniques d’étirements. Des sollicitations excentriques sont également utilisées, selon le protocole de Stanish effectué manuellement, en respectant la non-douleur. Elles permettent de reconditionner le système tendineux aux contraintes excentriques. Figure 17 - Radiographie du fléchisseur ulnaire du carpe. Cette tendinopathie représente pour nous une contre-indication quasi absolue à l’infiltration de cortico-stéroïdes, tant la proximité des reliefs osseux expose aux ruptures. Le traitement chirurgical Il intervient en cas d’échec du traitement médical, par simple peignage 3 ou 4 brins du tendon fléchisseur ulnaire du carpe. ■ Figure 13 - Fracture du pisiforme. MÉDECINS DU SPORT Figure 14 - Fracture du pyramidal. 19 Figure 15 - Apophyse unciforme de l’os crochu, TDM. N°77-MAI/JUIN 2006 < DOSSIER > Tendinopathies du poignet Tendinopathies du bord radial ■A - Rappel anatomique Sur une vue du bord externe du poignet (Fig. 18), on retrouve : - les 1er et 2e radiaux dans leur trajet à la partie haute de la tabatière anatomique, croisant par en-dessous les tendons de De Quervain qui voyagent côte à côte ; une bourse de glissement sépare ces deux systèmes tendineux et c’est à ce niveau que l’on rencontre le classique aïcrépitant, situé 4 à 6 cm en amont de la styloïde radiale ; les 1er et 2e radiaux s’insèrent respectivement sur la base des 2e et 3e métacarpiens, autre lieu potentiel d’agression de ces tendons ; - le long abducteur et le court extenseur du pouce cheminent, eux, côte à côte, et vont former la limite antérieure de la tabatière anatomique : le long abducteur du pouce se fixe sur la partie externe de la base du 1er métacarpien, tandis que le court extenseur s’insère à la face dorsale de la base de la 1e phalange ; ces deux tendons ont une gaine synoviale commune, en tous cas à leur partie proximale, et présentent de nombreuses anomalies de distribution de cette gaine ; ils sont responsables de la ténosynovite de De Quervain ; - le long extenseur du pouce forme, lui, la limite postérieure de la tabatière anatomique et s’insère à la face dorsale de la 2e phalange du pouce ; - enfin, le brachio-radial, ou brachioradialis, est responsable du premier syndrome que nous allons étudier : la styloïdite radiale. Figure 19 - Schéma anatomique du brachio-radial. Figure 18 - Schéma de la tabatière anatomique. Figure 21 - Signe de Finkelstein. - douleur au testing isométrique en flexion contrariée de l’avant-bras sur le bras ; - enfin, négativité de la manœuvre de Finkelstein. ■B - La styloïdite radiale Traitement Le traitement est toujours médical, basé sur un repos sportif et l’utilisation plus ou moins importante d’une attelle d’immobilisation et, en cas d’échec, le traitement corticoïde, effectué au niveau de cette insertion (Fig. 22), prend la place reine. ● La styloïdite radiale met en jeu le brachioradial qui, contrairement à ce que son ancien nom précise, n’a jamais “supiné”, mais est en réalité un fléchisseur de l’avant-bras sur le bras (Fig. 19 et 20). Figure 20 - Schéma anatomique du brachio-radial. La particularité de ce tendon, qui s’insère sur la styloïde radiale, est d’être le seul parmi les tendons du bord radial du poignet à ne pas passer en pont au-dessus de l’interligne radio-carpien, avec comme corollaire de ne pas être mis en tension ● lors de la flexion cubitale (signe de Finkelstein) (Fig. 21). Examen clinique L’examen clinique repose sur 5 signes : - tuméfaction de la styloïde radiale ; - douleur palpatoire de l’insertion du brachio-radial sur la styloïde ; - douleur à l’étirement ; MÉDECINS DU SPORT 20 ■C - La ténosynovite de De Quervain Elle est l’expression, nous l’avons vu, de l’atteinte du long abducteur et du court N°77-MAI/JUIN 2006 < DOSSIER > Tendinopathies du poignet Figure 22 - Injection de corticoïdes au niveau de la styloïdite inférieure. Figure 25 - Douleur palpatoire de la partie antérieure de la tabatière anatomique. Figure 23 - Anatomie des tendons de De Quervain. extenseur du pouce, à la partie antérieure de la tabatière anatomique (Fig. 23). On retrouve deux formes : - la ténosynovite simple ; - la ténosynovite sténosante qui est, ni plus ni moins, qu’une inadéquation “contenucontenant”. Il faut avoir à l’esprit la possibilité d’une atteinte associée de la branche sensitive du nerf radial. Examen clinique L’examen clinique repose sur quatre signes cardinaux : - tuméfaction avec œdème local de la tabatière anatomique (Fig. 24) ; pouce (puisque le court extenseur du pouce s’insère sur la base de la 1re phalange) et en abduction contrariée du pouce, l’opposition se situant ici sur la tête du métacarpien ; - positivité de la manœuvre de Finkelstein, que l’on obtient en repliant le pouce dans la paume et les doigts sur ce pouce, en effectuant une flexion cubitale mettant alors en tension le passage des tendons de De Quervain sur l’interligne radio-carpien (Fig. 26). ● Figure 24 - Œdème de la tabatière anatomique. - douleur palpatoire de la partie antérieure de la tabatière anatomique (Fig. 25) ; - douleur au testing isométrique contre résistance manuelle en extension contrariée de la métacarpo-phalangienne du Figure 27 - Schéma anatomique du nerf radial sensitif. alors de dysesthésie et d’une hypoesthésie de la face dorsale du pouce. L’examen clinique retrouve, à la palpation, des dysesthésies associées à un Tinel positif à ce niveau. L’examen sera complété par l’objectivation d’une hypoesthésie épicritique et nociceptive de la face dorsale de la 1re commissure et la reproduction de ces dysesthésies lors de la manœuvre de Dellon Mac Kinnon, que l’on effectue coude en hyperextension, poignet en hyperflexion pronation (Fig. 28). Figure 26 - Manœuvre de Finkelstein. Par ailleurs, l’examen clinique doit toujours s’enquérir d’une lésion de la branche sensitive du nerf radial qui naît, rappelons-le, à la partie haute du coude. Le nerf radial se différencie entre une branche motrice s’engageant sur la classique arcade de Froshe et une branche sensitive qui va émerger au tiers distal de l’avant-bras, entre un angle formé par le brachioradialis et l’ERCL (1er radial), à partir duquel il va longer la gaine des tendons de De Quervain et innerver la commissure dorsale du pouce (Fig. 27). C’est cette contiguïté au poignet qui expose la branche sensitive, responsable MÉDECINS DU SPORT 21 Figure 28 - Manœuvre de Dallon Mac Kinnon. Examens complémentaires Les investigations complémentaires sont inutiles, le diagnostic étant essentiellement clinique. Les investigations seraient à but purement iconographique : - l’échographie ; - l’IRM, montrant le halo d’hypersignal ● N°77-MAI/JUIN 2006 < DOSSIER > Tendinopathies du poignet ■D - Atteinte des tendons 1er et 2e radiaux (ERCB, ERCL) Deux possibilités étiopathogéniques sont à relever : - l’une, très fréquente : l’aïcrépitant au croisement des radiaux ; - l’autre, un peu plus rare : l’insersite des 1er et 2e radiaux. Figure 29 - IRM des tendons de De Quervain. qui témoigne de la synovite associée à l’augmentation du volume en hyposignal du tendon (Fig. 29). ● Traitement Le traitement médical Le traitement est initialement toujours médical. Il préconise : - le repos sportif avec attelle d’immobilisation ; - la kinésithérapie par massages transverses des tendons de De Quervain et des étirements ; - une infiltration locale. Il convient de s’attarder quelque peu sur l’infiltration : elle doit être effectuée selon la technique de Witt, toujours de proximal en distal (Fig. 30). La raison en est que dans 60 % des constats chirurgicaux de cet auteur, les tendons présentent une gaine commune à la partie proximale, qui se divise en une gaine propre au long abducteur et une gaine propre au court extenseur du pouce. Il faut donc considérer que si l’injection se fait de distal en proximal, elle est source d’échec, car une seule de ces gaines risque de bénéficier de l’injection de cortico-stéroïdes (Fig. 31 et 32). Figure 30 - Infiltration au niveau des tendons de De Quervain, technique de Witt. Figure 31 - Schéma anatomique de l’infiltration des tendons de De Quervain au niveau de la gaine distale. ● Syndrome du croisement des radiaux Dans le cas de l’aïcrépitant ou syndrome du croisement des radiaux, la topographie est très différente des tendinites de De Quervain. Elle se situe au croisement des tendons 1er et 2e radiaux, sous les tendons de De Quervain, avec une bourse de glissement qui, inflammatoire, va générer le syndrome de l’aïcrépitant (Fig. 33). Figure 33 - Bursite anatomique. Figure 32 - Schéma anatomique de l’infiltration des tendons de De Quervain au niveau de la gaine proximale (bonne technique). C’est donc la bursite qui va être responsable de cette vive douleur, avec tuméfaction et sensation de crépitation neigeuse, dans les sports provoquant une répétition de friction entre ces deux systèmes tendineux en flexion extension et pronosupination. Sports de raquettes, VTT, moto-cross, gymnastique et notamment prises de barres sont les principaux pourvoyeurs. Le traitement chirurgical En cas d’échec du traitement médical, on peut proposer un traitement chirurgical. Néanmoins, il est toujours rendu difficile par la diversité anatomique de cette région. En outre, il repose sur une synovectomie avec résection de poulie fibreuse, geste qui peut entraîner des complications telles qu’une instabilité des tendons de De Quervain ou même une atteinte de la branche sensitive du nerf radial. MÉDECINS DU SPORT 22 N°77-MAI/JUIN 2006 < DOSSIER > Tendinopathies du poignet Examen clinique A l’examen clinique, on retrouve une tuméfaction très nette, extrêmement douloureuse, en amont de l’interligne radiocarpien, confirmée par une douleur palpatoire très élective, 4 à 6 cm audessus de cet interligne radio-carpien (Fig. 34). Figure 34 - Douleur palpatoire au-dessus de l’interligne radio-carpien. On reproduit une douleur au testing isométrique des 1er et 2e radiaux en extension contrariée des 2e et 3e métacarpiens. Enfin, la manœuvre de Finkelstein est positive, les tendons 1er et 2e radiaux, comme les tendons de De Quervain, passant en pont au-dessus de l’interligne radio-carpien et étant étirés lors de cette manœuvre. La tendinopathie du grand palmaire est sous-estimée et pourtant fréquente dans les sports de préhension comme l’escalade. sur la face dorsale du 2e métacarpien, et du 2e radial sur la face dorsale du 3e métacarpien. L’insersite des radiaux Elle correspond à l’insertion du 1er radial Cette insersite est classique en boxe et entraîne le carpe bossu ou “poignet de verre” des boxeurs, qui avait notamment amené Georges Carpentier à arrêter sa carrière. Outre la douleur palpatoire et la douleur à la mobilisation, les investigations complémentaires montrent une importante ostéophytose carpo-métacarpienne (Fig. 36) qui, dans notre expérience, répond parfaitement au traitement infiltratoire corticoïde, mais qui peut, en cas d’échec, bénéficier d’une régularisation chirurgicale. Figure 35 - Infiltration de la bursite anatomique. Figure 36 - Ostéophytose carpo-métacarpienne, radiographie du carpe bossu. Traitement Le traitement est essentiellement médical et consiste en un repos sportif avec une attelle d’immobilisation. Là aussi, en cas d’échec, c’est le traitement corticoïde qui prend la place reine, mais effectué au site anatomique spécifique du croisement de ces radiaux, soit 4 à 6 cm au-dessus de l’interligne radio-carpien (Fig. 35). ● MÉDECINS DU SPORT 23 ■E - Tendinopathie du long extenseur du pouce Elle est rare en pratique sportive, hormis lors des fractures peu déplacées du radius, compte tenu de la proximité du tubercule de Lister. Elle a été décrite historiquement chez les joueurs de tambour (drummer palsy) et le diagnostic repose là aussi sur la clinique, avec une douleur palpatoire, cette fois-ci à la face postérieure de la tabatière anatomique (Fig. 37), ainsi qu’une douleur au testing isométrique contre résistance manuelle du long extenseur du pouce, que l’on obtient MP bloquée en extension par l’extension contrariée de P2 sur P1. Figure 37 - Douleur palpatoire du long extenseur, à la face postérieure de la tabatière anatomique. N°77-MAI/JUIN 2006 < DOSSIER > Tendinopathies du poignet D’un point de vue thérapeutique, la proximité du tubercule de Lister et son corollaire de risque de rupture contreindique, pour nous, le geste infiltratoire corticoïde. ■F - Tendinopathie du fléchisseur radial du carpe Elle est incontestablement sous-estimée. Il faut pourtant l’évoquer face à toute douleur antéro-externe du poignet, particulièrement dans les sports supposant des préhensions, que ce soit lors de l’escalade ou lors de la prise de maillot, notamment dans la pratique du judo. On la retrouve, enfin, avec une grande fréquence, dans la pratique de la gymnastique, ainsi que dans les sports mécaniques type VTT et moto-cross. Examen clinique A l’examen clinique, on relève 4 signes cardinaux : - une douleur palpatoire, avec une tuméfaction plus ou moins importante du grand palmaire qui borde, en dehors, le canal carpien, à proximité de la gouttière du pouls (Fig. 38) ; La tendinopathie du fléchisseur radial du carpe est très fréquente dans la pratique du VTT. ce qui explique sa très forte potentialité de rupture contre-indiquant le geste infiltratoire. ● - une douleur à la mise en étirement du nerf lors de l’extension forcée ; - une douleur lors du testing isométrique en flexion contrariée des 2e et 3e métacarpiens ; - enfin, des signes associatifs irritatifs du nerf médian, retrouvés 6 fois sur 24 en une série chirurgicale de Guy Foucher. La particularité anatomique du fléchisseur radial du carpe repose par ailleurs sur son angulation à 30° dans le carpe, où il va longer plusieurs structures osseuses entretenant des rapports particulièrement étroits avec le trapèze et le trapézoïde. Globalement, 2/3 de sa circonférence y est en contact osseux, Figure 38 Douleur palpatoire du fléchisseur radial du carpe. Traitement Le traitement est un traitement médical, reposant sur le repos sportif, l’utilisation plus ou moins importante d’une attelle ● d’immobilisation et contre-indication d’infiltration de corticoïdes. En cas d’échec, le traitement chirurgical propose une synovectomie en même temps qu’une résection des ostéophytes ayant bénéficié, dans une série de Le Viet, de 22 bons résultats sur 27 cas opérés. ■ Conclusion Comme nous avons tenté de le démontrer, le diagnostic des tendinopathies du poignet est essentiellement un diagnostic clinique, s’appuyant sur une bonne connaissance anatomique et qui, au terme de l’examen somme toute assez simple, permet d’avoir une bonne différenciation des différents sites. Cette discussion n’est pas simplement didactique car, vous aurez pu le constater, un certain nombre de ces tendinopathies du poignet répond parfaitement au traitement infiltratoire de cortico-stéroïde, selon des techniques bien établies, alors que d’autres localisations tendineuses représentent, pour nous en tous cas, une contre-indication quasi absolue au geste infiltratoire en raison du risque de rupture. POUR EN SAVOIR PLUS... 1. Parier J. Technopathie du tennis. Paris : Geigy, 1992. 2. Allieu Y, Simon L. Pathologie tendineuse de la main. Colloque de pathologie locomotrice, Montpellier. Paris : Masson, 1989. 3. Le Viet D. Les tendinites et apophysites du poignet. J Traumatol Sport 1995 ; 12 : 149-55. 4. Fichez O. Pathologie du poignet en pratique sportive. Revue Rhum 1998 ; 65 : 95SP-107SP. 5. Sabourin F. Poignet, main et sports de raquette. Rhumatol Pratique 49 30-12-90. 6. Bishop AT, Gabel G, Carmichael SW. Flexor carpi radialis tendonitis. Part I : Operative anatomy. 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La rédaction de Médecins du Sport a jugé utile de revenir sur cette affaire, avec le Dr Jean-Louis Llouquet, médecin fédéral de la Fédération française de boxe. Mots-clés Boxe, Myopie, Certificat de non contre-indication, Réglementation LES FAITS Dépêche de l’Agence France Presse (AFP/141636 FEV 06) :« Un médecin parisien a été condamné par le tribunal de grande instance (TGI) de Paris à verser environ 75 000 euros à une patiente à qui il avait omis de dire que la pratique de la boxe présentait pour elle un risque important en raison de sa forte myopie »… La patiente âgée de 36 ans à l’époque des faits, s’était adressée à son médecin traitant pour obtenir un certificat médical de non contre-indication, parce qu’elle envisageait de pratiquer la boxe américaine. Son certificat en poche, elle s’était inscrite dans un club début 2001,mais après 4 mois de pratique, avait remarqué des anomalies visuelles au niveau de son œil gauche. Elle a fini par subir six interventions chirurgicales pour un important décollement de la rétine, qui a finalement entraîné la perte définitive de cet œil, constatée le 12 octobre 2001. * Ophtalmologiste, Médecin fédéral de la Fédération Française de Boxe LA RÉGLEMENTATION Décollement de rétine. Le TGI de Paris a considéré, dans un jugement rendu le 30 janvier 2006, que le médecin traitant de la jeune femme avait commis une erreur en ne la prévenant pas du risque majeur que représentait sa myopie,dans le cadre de la pratique d’un sport comme la boxe américaine. Selon le rapport de l’expert médical cité par le jugement : « le risque de décollement de rétine était multiplié par 100 par rapport à un individu disposant d’une vue normale, du fait de sa forte myopie en particulier de l’œil gauche ». Le médecin… a donc été condamné à verser à sa patiente,qui le consultait depuis douze ans,la somme de 75 000 euros de dommages et intérêts. MÉDECINS DU SPORT 25 La Fédération française de boxe (FFB), comme la plupart des fédérations de sports de combat, exige, dans son règlement médical, outre la visite médicale classique, un examen ophtalmologique par spécialiste lors de la délivrance de la licence, puis annuellement pour les professionnels et sportifs de haut niveau et tous les 2 ans pour les amateurs. Un document sur lequel figurent les renseignements demandés et les contreindications ophtalmologiques absolues à la pratique de la boxe doit être rempli et signé par le médecin examinateur. Remarque : concernant les amateurs, ce règlement n’existe qu’en France. LES QUESTIONS La jeune femme a-t-elle été licenciée à une fédération (son âge, 36 ans, ne l’autorise pas à prendre une licence de boxe amateur) ? N°77-MAI/JUIN 2006 Droit et sport “75 000 Euros Baby” Droit et sport annuel talmologique Est-elle assurée ? Examen oph posfié du choix du La licence assure les pratiMOLOGISTE certi AL HT OP IN EC MÉD postulant. être établi par un quants. Certains clubs, non afr de l’identité du re Cet examen doit ssu s’a à é vit in liste est .. filiés,proposent des assurances tulant. Le spécia .............. ............. . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . peut-être insuffisantes. Il n’est . ......... ......... ............. . nt . . . . . . . . . . . . la . . . stu . . po . . . du . . m pas interdit de penser que cerNo ........ ............. Prénom . . . . . . tains sportifs pratiquent entraînements et compétitions sans ES ATIONS ABSOLU être assurés. CONTRE-INDIC tive ac Le médecin examinateur (médeoculaire et réfr rrection) Chirurgie intraav dixièmes ec co s cin de famille) était-il informé de oi tr à e ur rie ité infé s cinquante Amblyopie (acu la myopie de sa patiente et de l’ime à trois dioptrie ur rie pé su e pi Myo portance de cette amétropie ? t avec coret éventuellemen es m xiè di en e La FFB interdit la boxe en cas sas surcharg en toute lettre de myopie supérieure à – 3,50 diop Acuité visuelle Avec tries. rection Formule ection Sans rr co n Ce jugement est-il possible dans un de la correctio n tio ec rr co autre pays ? Il semble bien que l’expert ait cité Œil droit ce règlement, uniquement français, .. Œil gauche ............. ............. comme pièce à charge. . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . ........ ......... ............. ............. . Un règlement médical, très exigeant el . . .. su . . . . vi . . . . . ps . . . . . . am . . . . Ch ....... .......... re . . . . . . . . . . . .. ............. . donc onéreux, ne prive-t-il pas une fé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tonus oculai . .......... ........... . . . . . . re . . ai . . ul .. . . . . oc . . . . dération de nombreux licenciés ? ....... Motilité ......... ............. ............. . ire . la . . . cu . . no . . bi . . . on Ce même règlement très (trop) dé Visi .......... sparents . . . . . ecin taillé n’expose-t-il pas la fédération à Milieux tran ) iter que le méd irs iro m (verre à 3 peuvent nécess e .... . nn . . ie . . . tin . . ré . . Fond d’œil . un risque accru de procès ? rie . ............. s de la périphé ..... Certaines lésion ............. ............. . . . . . . . ..... . . . . . .... ............. ntre-indication ............. . co . . . la . . de . . . de . . ci . . ● Dé ...... ............. ............ ............. r) se (la t ............. en . . m . . te . ai . . tr . . . un . . e . iv ● Prescr ............ t être sollicité ............. ...... éventuellemen ut ............. pe e al ............. ic éd ............. mmission m . . . co . . la ...... . . . . . de . . . s . . . . vi . . L’a ........... ........... . . . . . . . . . . . . . . . . . e . pi . . Goniosco ique . . . . . . . . ordre patholog à la pratique Anomalie d’ RE-INDICATION NT CO N NO ....... la ncernant ............. SPÉCIALISTE co ............. . . du . . . on ....... . . si . . . ci . . . . . Dé . . . lle : . . . . . ........... . ne . . . on . si . . es . . of . . pr . . de la boxe ............. ............. ............. ● DISCUSSION Malgré toutes les questions posées par cette jurisprudence, il semble essentiel de rappeler plusieurs points. 1. L’importance de l’information du risque. 2. Le principe intangible pour le médecin du sport de privilégier, avant tout et sans état d’âme, la protection de la santé des sportifs dont il a la charge… et tous les autres (les médecins du sport n’ont pas attendu la législation qui le précise expressément pour l’appliquer). 3. La gravité de la responsabilité du médecin dans la délivrance d’un certificat de non contre-indication et le sérieux de l’examen qui doit la précéder. Ne faut-il pas, une nouvelle fois, envisager de réserver la délivrance du certificat de non contre-indication à la pratique des sports (tout au moins de certains) aux médecins du sport,mieux informés ? Ne faut-il pas envisager des honoraires en rapport avec l’importance particulière de cet examen ? ■ m et adresse cin indiquant no cachet du méde obligatoire Date : decin Signature du mé La FFB exige un examen ophtalmologique par spécialiste lors de la délivrance de la licence et un document sur lequel figurent les renseignements demandés et les contre-indications ophtalmologiques absolues à la pratique de la boxe doit être rempli et signé par le médecin examinateur. ERRATUM Nous tenons à apporter deux corrections dans le numéro 76 de Médecins du Sport. Vous avez certainement remarqué que le maillot du cycliste au sol page 6 ne correspond pas à l’équipe à laquelle appartenait Laurent Jalabert au moment de sa chute. La photo page 30, quant à elle, marque le début de la lutte contre le dopage dans le cyclisme (Tom Simpson). MÉDECINS DU SPORT 26 N°77-MAI/JUIN 2006 MDS77_27a31techno. 27/12/06 18:27 Page 27 de la main chez le musicien Dr Vincent Travers* Mots-clés Main, Musicien, Orchestre, Overuse syndrome, Dystonie de fonction Chez le pianiste, la position assise et le tonus de la colonne sont les éléments fondamentaux pour libérer les épaules et les coudes et permettre un jeu en souplesse. Pour de meilleurs soins SPÉCIFICITÉ DU MUSICIEN et une meilleure La main du musicien instrumentiste est prévention, une véritable bien plus que l’outil fonctionnel dont on se sert dans notre quotidien.C’est le lien médecine des arts, entre le musicien et son instrument.Cette à l’exemple de main est sollicitée de manière extraorla médecine du sport, dinaire aussi bien en rapidité, en agilité a vu le jour. et en précision,qu’en souplesse et en endurance.Mais le musicien doit aussi être De l’expérience de plus envisagé en terme de mouvements réde 2 000 musiciens pétitifs,puisqu’il n’est pas rare qu’il puisse vus en consultation jouer 20 à 30 notes par seconde et par main, ce qui représente 400 à 600 actes spécialisée. L es affections de la main chez le musicien, très fréquentes et liées à la nécessaire utilisation répétitive des doigts du fait de l’exigence de performance toujours renouvelée,justifient une approche globale, une vision du musicien en situation de jeu et une parfaite connaissance des maladies spécifiques. *Chirurgien orthopédiste, Lyon ; Président de l’association Bio-amadeus moteurs distincts par main. Les mêmes chaînes musculaires sont sollicitées de façon extrêmement prolongée et répétitive, avec un rythme moyen de 4 à 6 h par jour entre répétitions, préparation personnelle et concert,et ce, souvent dès le plus jeune âge.D’autres,en revanche, ne sont que peu ou pas sollicitées,ce qui va, à long terme, être l’origine de déséquilibres entre agonistes et antagonistes. Or,le geste harmonieux est conditionné par une intégrité,un équilibre et un fonc- MÉDECINS DU SPORT 27 tionnement optimal des structures anatomiques en jeu.Cette main n’est pas seulement un outil mécanique traduisant la partition :elle traduit en geste musical la sensibilité et l’inspiration artistique du musicien.Il ne s’agit pas que d’une “main outil”, mais également d’une “main cerveau”et d’une “main image du corps”(1). Evidemment,cette main est fragile et une sollicitation trop intensive ou prolongée, un changement d’instrument ou de professeur,un stress trop important peuvent déclencher des phénomènes douloureux et invalidants qui,s’ils ne sont pas traités rapidement,peuvent s’installer et se chroniciser.De plus,chaque instrument a ses exigences,ses particularités techniques. Les exigences gestuelles,les positions,résistances et pressions induites seront différentes selon l’instrument, sa taille et son poids.Ainsi, les instruments à corde et les claviers sont ceux dont les contraintes sur la main sont les plus importantes,les instrumentistes à vent étant plus fréquemment touchés au niveau de N°77-MAI/JUIN 2006 Technopathie Les pathologies Technopathie MDS77_27a31techno. 27/12/06 18:27 Page 28 la sphère bucco-faciale. Enfin, le musicien, toujours à la recherche de la perfection,tente sans cesse de se surpasser et a tendance à outrepasser ses possibilités physiques. Exigence de performance Le musicien professionnel doit donc être comparé à un sportif de haut niveau qui s’ignore,du fait des exigences en terme de performance,et la moindre diminution physique retentira sur celleci. La moindre coupure, brûlure, même très légère,doit donc être prise en considération,car elle pourra induire une modification de la tenue de l’instrument et des déséquilibres rapidement néfastes. Le stress engendré par le niveau de performance demandé, sans cesse accru, les problèmes engendrés par l’appartenance à un orchestre et par l’ego du chef d’orchestre, le rythme de travail entre répétitions, concerts, leçons, enregistrements,font que des pathologies spécifiques vont se développer et empêcher le musicien de pratiquer son art. Enfin, la main n’est que l’instrument entre deux instruments,le corps du musicien participant d’une manière totale au jeu. Le musicien n’a pourtant pas conscience de l’importance de son corps et, en particulier, dans la qualité de sa performance artistique. Peu d’entre eux pratiquent une activité physique,l’hygiène de vie notamment sportive et alimentaire est totalement négligée (à peine un tiers pratique une activité complémentaire et il s’agit plus souvent d’exercices de type relaxation que d’un sport adapté), de même que les rythmes fondamentaux comme le sommeil. L’ensemble des contraintes, des stress et des changements de vie, souvent mouvementée du musicien, aboutira à la main,qui devra supporter, subir et engendrer toujours la même qualité d’exécution. La main s’inscrit donc dans ce contexte à la fois affectif (voire passionnel) et global, et si l’on devait résumer l’utilisation de la main chez le musicien en général, on pourrait le faire ainsi : « toujours trop, souvent mal et en tout cas rarement bien comprise ». Etudes épidémiologiques On comprend donc aisément que l’ensemble des études épidémiologiques effectuées chez le musicien retrouve un taux élevé de problèmes musculosquelettiques,retentissant d’une manière parfois grave sur la pratique instrumen- tale.Parmi elles,une étude (2) réalisée en 1986 auprès de The international Conference of Symphony Orchestra Musicians, qui comprend plus de 4 000 membres, a montré que 76 % d’entre eux souffraient de problèmes médicaux en rapport direct avec leur pratique instrumentale.Wynn Parry (3), membre de la British Association of Performing Arts Médicine, retrouve 84 % de musiciens se plaignant au moins une fois de leur membre supérieur, dont 76 % compromettant la pratique de leur jeu. Dans la région Rhône-Alpes (4), nous avons recensé 60 % de musiciens ayant dû interrompre leur activité musicale du fait de problèmes médicaux,essentiellement centrés sur la main et le membre supérieur,ainsi que sur la colonne et la sphère bucco-faciale. L’ensemble des enquêtes épidémiologiques retrouve donc bien la prévalence des pathologies de la main et du membre supérieur et leur lien direct avec la pratique instrumentale. Prise en charge : spécificité de la consultation Le musicien pense que jouer dans la souffrance est normal,c’est d’ailleurs le plus souvent ce qui lui a été enseigné et il ira donc jusqu’à l’extrême limite avant de consulter.Généralement,ce n’est que quand il ne peut absolument plus jouer, après des mois de douleurs et de compensations, qu’il “s’affolera” et voudra consulter en urgence. C’est donc un regard à la fois connaisseur, car le thérapeute doit connaître les bases de la musique, les exigences de la majorité des instruments,mais aussi un regard global, portant sur la posture et l’ensemble du corps pendant le jeu, qu’il faudra porter sur le musicien qui vient pour un problème de main.C’est cette globalité qu’il faudra à tout prix faire comprendre au musicien, qui pense toujours qu’il s’agit d’une “tendinite” et que, grâce à un traitement miracle,il pourra rejouer à 100 % dans l’heure.Un problème de main chez un musicien (et c’est ce qui en fait quelque chose de passionnant) va donc nécessiter cette double approche : locale et régionale,afin d’affirmer ou d’infirmer une pathologie “classique” ; puis générale,dans le cadre des deux grandes pathologies plus spécifiques rencontrées, overuse syndrome et dystonie de fonction. Cette approche se fera sans instrument, puis avec l’instrument. Il faut donc informer le patient qu’il doit venir avec son ou ses instruments (on doit disposer d’un piano dans son cabinet de MÉDECINS DU SPORT 28 consultation).Enfin,et particulièrement chez le musicien, il faudra savoir gérer l’affectif et l’émotionnel,avec une seule grande peur : ne plus pouvoir jouer. Même s’il ne l’exprime pas, il faudra donc savoir rassurer et parfaitement expliquer.C’est pourquoi un minimum de 45 min est nécessaire pour la première consultation. LES PATHOLOGIES CLASSIQUES L’interrogatoire et l’examen clinique,aidés des examens complémentaires adaptés,permettront en règle générale d’établir assez facilement ces diagnostics.Les pathologies de la main le plus fréquemment rencontrées (5, 6) étant les syndromes canalaires,les kystes,les tendinites des extenseurs et l’arthrose.Pour ces différentes pathologies, nous voudrions insister sur les spécificités en lien avec le musicien,d’abord d’une manière générale, puis pathologie par pathologie. En premier lieu, l’extrême sensibilité des musiciens fait qu’ils ressentent et analysent souvent bien et de manière précoce leurs troubles.S’ils parlent souvent de sensations, celles-ci traduisent des signes qu’il sera facile de rapporter à un cadre pathologique. Puis, leur très grande motivation fait qu’ils optimiseront les soins prodigués,que ce soit en terme de rééducation ou de soins chirurgicaux.Ainsi,en post-traumatique, le musicien fera tout pour récupérer le maximum de sa fonction, puis s’acharnera, en cas de séquelles, à compenser celles-ci par des modifications dans ses doigtés et son répertoire, par des adaptations de son instrument pour arriver à un résultat qui nous surprend toujours. Le syndrome du canal carpien Outre les dysesthésies nocturnes, classiques,il n’est pas rare que de tels troubles interviennent pendant le jeu, ce qui affolera alors l’instrumentiste. Une fois le diagnostic fait par l’électromyogramme, il faudra s’attacher à bien expliquer le traitement et ses conséquences sur le jeu : au départ, il s’agira de l’association orthèse nocturne de repos,physiothérapie et allégement relatif du rythme de travail.En effet,vouloir dans ce cas faire cesser la pratique instrumentale,même pour quelques jours,lui fera prendre la poudre d’escampette,car rien ne l’effraiera davantage. N°77-MAI/JUIN 2006 MDS77_27a31techno. 27/12/06 18:27 Page 29 Technopathie Chez cette flûtiste, c’est l’équilibre du bassin et de la colonne, la souplesse de la colonne cervicale et la liberté des épaules qui permettent de libérer les doigts pour un jeu fluide. En cas de nécessité d’un traitement plus radical, il faudra tout d’abord le rassurer, car une intervention ou même une infiltration fera peur au musicien, qui craint avant tout de “perdre sa main” et de ne plus pouvoir jouer. De même, les anesthésies locales ou locorégionales l’inquiètent souvent et il préférera une anesthésie générale plutôt que prendre le risque d’une “piqûre dans le bras”.Ensuite et surtout, il faudra d’emblée fixer les règles, car une fois l’intervention faite, sa tendance sera de rejouer trop tôt et de risquer ainsi de compromettre le résultat du geste chirurgical. Nous préférons donc annoncer 2 à 3 mois sans instrument pour un canal carpien, quitte à autoriser une reprise progressive éventuelle à partir de 6 semaines. De trop nombreux cas de canaux carpiens, chez des musiciens ayant repris trop tôt, ont vu se développer des syndromes inflammatoires ou des douleurs cicatricielles prolongées, extrêmement difficiles à résoudre.Enfin,le traitement par voie endoscopique permettant de supprimer la rançon cicatricielle à la paume est un “plus” particulièrement apprécié du musicien, même si la reprise ne doit pas en être plus rapide pour autant. Le syndrome du nerf cubital Il faut veiller à ne pas confondre une griffe cubitale et une dystonie de fonction entraînant une flexion des derniers doigts. L’examen clinique et l’EMG permettent le diagnostic différentiel.L’arthrose cervicale,particulièrement fréquente chez les violonistes et les altistes,doit être un autre diagnostic différentiel. Le syndrome du nerf radial Celui-ci est assez fréquent du fait des nombreux mouvements répétitifs en pronation et il est d’ailleurs souvent associé à une épicondylite. L’examen clinique avec une douleur ou un signe de Tinel à la pression de l’arcade de Frohse, une douleur en extension contre résistance du majeur, l’électromyogramme (mais avec de nombreux faux négatifs), l’infiltration test et l’exploration chirurgicale permettront de résoudre le problème. MÉDECINS DU SPORT 29 Les kystes Que ce soit au niveau du poignet ou des poulies des fléchisseurs des doigts,la pathologie kystique, liée à l’utilisation répétitive et à la fréquente hyperlaxité associée,est courante et toujours gênante pour le musicien. Il faut donc savoir prendre en compte le retentissement sur sa pratique instrumentale pour adapter le meilleur traitement :orthèse nocturne, ponction, intervention chirurgicale. Les tendinopathies des extenseurs et les épicondylites Celles-ci se caractérisent par une douleur épicondylienne lors de l’extension contre résistance du poignet.Trop souvent, de prétendues tendinites se révèlent des overuse syndromes. Il faudra donc s’attacher à différencier les deux pathologies.Très fréquentes chez le pianiste, elles nécessitent souvent un arrêt prolongé de la pratique de l’instrument, associé aux soins habituels,notamment rééducatifs :massages transverses profonds et ultrasons, orthèses nocturnes et infiltration. N°77-MAI/JUIN 2006 Technopathie MDS77_27a31techno. 27/12/06 18:27 Page 30 L’OVERUSE SYNDROME Une approche globale Le classique overuse syndrome des Anglo-saxons (7) correspond souvent à un phénomène plus global, le bad use, c’est-à-dire une mauvaise utilisation du corps.Il faut examiner le musicien,d’abord sans instrument, dans son ensemble (8). Il est important de lui préciser d’emblée la démarche,car “venant pour une main”, il ne comprendra pas que l’on examine le bassin ou les pieds ! Les déformations liées à la pratique répétitive de l’instrument,avec toujours les mêmes positions, les mêmes contractures, les mêmes utilisations des mêmes muscles, apparaissent, avec parmi d’autres : une surélévation des épaules, une raideur cervicale, une hyperextension des genoux,un déséquilibre du bassin. L’attitude en position debout puis assise permet de voir la colonne,de tester la valeur des abdominaux et, dans le même temps, il faut bien expliquer que la main du musicien n’est rien en tant que telle (aucun intérêt de “muscler”la main,comme le font certains),mais qu’elle est l’aboutissement du corps. Donc,si la colonne vertébrale est forte,si les épaules sont libres,la main sera habile avec un moindre effort.En revanche,deux défauts vont altérer cet équilibre :une colonne“hypotonique”et une épaule“raide”. Pour la colonne vertébrale, il faut que le musicien prenne conscience de ce qu’elle représente, lui conseiller des exercices d’auto-agrandissement, lui expliquer le rôle des abdominaux et en position assise,lui montrer où se situent les ischions, comment ne pas se “vautrer”sur le siège et rester tonique sur ses fesses pour “dégager” la colonne. On est loin de la chirurgie de la main,mais c’est le quotidien d’une consultation pour musicien.Il faut aussi lui redonner conscience de son équilibre, de sa proprioception, de la dynamique corporelle, car le musicien a tendance à confondre posture et raideur et il est souvent “figé”, surtout avec l’instrument. Pour les épaules, il faut lui faire comprendre ce que sont les gléno-humérales, car il a tendance à décoller les omoplates. Parallèlement,il faut se renseigner sur l’utilisation globale du corps : d’une part, la pratique sportive, souvent nulle chez le musicien et d’autre part,le rythme de vie. En général,le musicien d’orchestre,outre son travail d’orchestre,donne des concerts Le musicien professionnel est un sportif de haut niveau qui s’ignore. en plus et dispense des cours privés.Sans parler des professeurs “TGV”, qui parcourent la France dans tous les sens ! Quand on pense au stress généré par la pratique à haut niveau de l’instrument,on comprend que l’accumulation de tous ces facteurs soit source de douleurs. Donc, le musicien doit comprendre qu’il doit travailler moins,travailler mieux et prendre conscience de son corps (une technique de prise de conscience corporelle type “eutonie”est souvent très bénéfique),faire un peu de sport (la natation est souvent le meilleur sport, mais il faut éviter les sports qui utilisent les mêmes groupes musculaires que l’instrument :par exemple le tennis pour le piano). Enfin, il est utile de vérifier l’équilibre alimentaire du musicien, souvent désastreux (rien le matin, un sandwich en courant le midi et un gros repas bien arrosé le soir après le concert). En effet, le musicien doit comprendre qu’il est un sportif qui s’ignore et que sa main s’inscrit dans un cadre référentiel qu’il va falloir totalement repenser et que cela sera bien plus difficile et plus long qu’il ne le pensait. Enfin,vient la partie de l’examen avec instrument. Celle-ci est fondamentale et systématique, le musicien prévenu ayant apporté son instrument. La présence de grandes glaces permet au musicien de se voir en jouant (ce qu’il n’a le plus souvent jamais fait) et de repérer les déformations. MÉDECINS DU SPORT 30 Il s’agit généralement d’une prise de conscience brutale,car il n’imaginait pas se tenir si mal:surélévation des épaules,blocage cervical, tensions des poignets, crispation des doigts,mouvements parasites… On continue à travailler dans la globalité. Un travail à différents niveaux Dès lors, c’est tout un plan de travail qui sera élaboré, dans lequel la main n’intervient finalement que peu (hormis les orthèses de repos ou de jeu pour les mains les plus douloureuses). Il fait intervenir : ● un plan drastique concernant le jeu,sans arrêt total,sauf cas exceptionnel,car cela démoraliserait complètement le musicien, mais une progression très douce de type 15 min 3 fois par jour le premier jour,puis une progression quotidienne de 5 min sur l’un des intervalles ; ● un plan global avec un travail postural individuel simple (par exemple,faire jouer le musicien en position couchée, ce qui supprime beaucoup de tensions,puis essayer de reproduire les mêmes sensations), une technique de prise de conscience corporelle, une pratique sportive, une rééquilibration diététique ;le musicien doit prendre conscience de ses limites et réorganiser ses journées de travail pour éviter,si possible,de pratiquer plus de 4 h par jour l’instrument ;il doit savoir se ménager des plages de repos et c’est pour cela que les techniques type“eutonie”,sophrologie N°77-MAI/JUIN 2006 MDS77_27a31techno. 27/12/06 18:27 Page 31 La visite de contrôle se fait en règle générale au bout de trois mois et si le musicien a bien joué le jeu, il constate non seulement une amélioration, mais dit même souvent “ressentir” différemment son jeu ou qu’il n’a jamais jouer comme cela “auparavant”. Dès lors, la partie est gagnée :ce n’est plus qu’une question de temps, car il faut compter environ un an pour récupérer totalement d’un vrai overuse syndrome (c’est-à-dire retourner à l’orchestre avec un jeu normal). Généralement,le musicien est particulièrement reconnaissant et vous gratifie alors de ce qu’il est, c’est-à-dire avec un CD, une cassette ou une invitation à un concert ! LA DYSTONIE DE FONCTION Il s’agit de l’affection la plus grave pouvant toucher le musicien et il faut surtout savoir la dépister au plus tôt, car les chances de récupération sont meilleures dans les formes prises tôt.La notion d’un “trille qui passe mal”, d’un “vibrato qui a changé”doit alerter.Il ne faut pas attendre le stade du doigt qui “traîne”,ou pire,qui se contracte irrémédiablement dès l’approche de l’instrument, pour mettre en place le protocole diagnostique. La définition est la perte du contrôle moteur du mouvement instrumental, survenant donc exclusivement pendant le jeu, n’interférant jamais dans le quotidien,n’entraînant le plus souvent aucune douleur, avec l’ensemble des examens complémentaires strictement normal. La pathologie s’en approchant le plus est la crampe de l’écrivain. Le musicien en sera d’autant plus affecté que les troubles ne surviennent que durant le jeu. Il aura donc tendance à remettre en cause sa technique et son rythme de travail et travaillera encore plus, ce qui ne fera qu’accroître ses troubles. Approche posturale Une prévention essentielle Notre approche pour cette pathologie encore bien obscure est, à l’exemple de l’équipe de Tubiana et Chamagne (9),une approche posturale (certains pensent qu’il s’agit d’une composante psychologique prédominante,d’autres la relient à une affection neurologique non démembrée). Il faut dire que le musicien sera forcément très affecté par ce qui lui arrive. Outre l’étude de la dynamique scapulaire et,notamment, du complexe stabilisateur de l’omoplate,notre approche fait également intervenir l’ensemble des capteurs de la posture, dont la posture fine avec les récepteurs podaux, du système manducateur et des muscles extrinsèques des yeux. Un bilan stabilométrique informatisé avec capteurs posturaux complète alors l’examen postural global, pour essayer de démêler les déséquilibres et pouvoir restabiliser, puis rééduquer. S’ensuit alors un vrai travail de reprogrammation posturale complexe,qui dure au moins un an.Rappelons qu’à un an,nos résultats font état de seulement 50 % d’amélioration avec reprise de l’instrument dans la structure préalable,mais bien peu reprendront leur activité à 100 %.Les autres vont devoir envisager une reconversion professionnelle, toujours dans la musique,c’est-à-dire soit se consacrer plus à la pédagogie (les professeurs jouant finalement assez peu),soit,pour les cas les plus graves,se diriger vers une orientation administrative (comme une direction d’école de musique ou de conservatoire). Rappelons donc l’importance de la prévention (10),tant au sein des orchestres que des conservatoires et c’est ce que nous nous efforçons de faire depuis plus de dix ans,bien que ni les administratifs, ni les musiciens n’aient vraiment conscience de cette nécessité. En effet, tant qu’ils n’ont pas mal et, surtout, tant qu’ils peuvent jouer, ils ne pensent pas que de tels troubles puissent leur arriver. Quand ceux-ci surviennent, ils les dissimulent à leur entourage, au sein de leur orchestre par exemple et se cachent pour venir consulter. CONCLUSION L’approche d’une pathologie de la main chez le musicien nécessite une sensibilité, une vision globale et patiente, dans laquelle le côté purement médical doit être associé à une approche musicale (connaître les termes techniques de musique et pratiquer soi-même un instrument,afin d’établir un lien de confiance indispensable pour l’optimisation d’un traitement souvent très long). Une véritable médecine des arts (11), au même titre que la médecine du sport, permettra de mieux cerner les différentes pathologies spécifiques et de promouvoir un entourage et une prévention optimisée au sein des principales structures et, notamment, dès l’apprentissage de l’instrument. ■ Bibliographie 1. Allieu Y. Les différents aspects de la pathologie de la main et du membre supérieur des musiciens. Med des arts 1995 ; 12 : 3-8. 2. Fishbein M. Medical problem among ICSOM musicians. Med Probl Perform Art 1988 ; 3 : 1-8. 3. Travers V. La médecine des arts, une discipline en attente de reconnaissance. Bull Ord Med 1999 ; 3 : 8-9. 4. Travers V. Place du bilan postural dans le traitement et la prévention des pathologies de la main chez le musicien. Med des arts 1995 ; 12 : 47-9. 5. Travers V, Till M. Pathologies chez les musiciens d’orchestre : enquête dans la région Rhône-Alpes. Med des arts 1996 ; 17 : 30-4. 6. Travers V. Place de la prévention au sein des conservatoires. Med des arts 1999 ; 29 : 37-8. 7. Wynn Parry CB. Etiologie et prise en charge des problèmes des musiciens en GrandeBretagne. Med des arts 1996 ; 17 : 26-9. 8. Hochberg FH. Hand difficulties among musicians. JAMA 1983 ; 249 (14) : 1869-72. 9. Tubiana R, Chamagne P. Les affections professionnelles du membre supérieur chez le musicien. Chirurgie 1993 ; 31-44. 10. Fry HJH. Incidence of overuse syndrome in the symphony orchestra. Med Probl Perform Art 1986 ; 1 : 51-5. 11. Winspur I. Aspects chirurgicaux de la pathologie de la main chez les musiciens professionnels. Med des arts 1998 ; 25 : 4. MÉDECINS DU SPORT 31 N°77-MAI/JUIN 2006 Technopathie ou “Alexander”leur font tant de bien ; on doit aussi explorer la structure mentale,en sachant que le simple mot“psy”fait fuir les musiciens… ; ● un plan local sur la main avec orthèse de repos et/ou de jeu, une éventuelle rééducation plus de type physiothérapie que de mobilisation et une approche de l’instrument plus en douceur,par laquelle on privilégie le contact, l’effleurement plus que la force ou les tensions locales, ceci pouvant être fait par un ergothérapeute ou un kinésithérapeute musicien ou habitué aux problèmes des musiciens. Mise au point Le golf Dr Gérard Thibier* Le golf, sport le plus pratiqué au monde après le football, demande des qualités techniques et physiques primordiales. Le point sur l’approche médicale de ce sport devenu mondial, mature, totalement professionnel et enfin pleinement médiatisé. H eureusement non traumatique, le golf présente une pathologie dominée par les tendinopathies des membres supérieurs.Intensifier la préparation physique et mentale, professionnaliser l’approche médicale du jeu restent les défis à relever pour aider nos joueurs et joueuses à devenir plus performants. Mots-clés Golf, Suivi médical, Entraînement, Technique, Préparation mentale, Tendinopathies, Coiffe des rotateurs, Lombalgies, Dopage LES QUALITÉS TECHNIQUES La technique de nos joueurs est maintenant bien maîtrisée et encadrée par la Fédération Française de Golf (FFG). Pris en main très tôt dans des écoles de golf,repérés dans les stages de ligues sous le contrôle de leurs professeurs,les jeunes joueurs intègrent ensuite les Pôles Espoirs (4 en France, bientôt 5), pour ensuite intégrer le Pôle France.Ils sont alors encadrés sur le plan technique par nos meilleurs entraîneurs, sans oublier les études,de façon à ne pas compromettre une autre carrière professionnelle en cas d’échec ou de blessure dans leur parcours de champion. fédération, et placé sous le contrôle du médecin fédéral national pour les joueurs de haut niveau. Les rassemblements au niveau des pôles lui facilitent les contacts et les consultations. L’élite professionnelle est plus individualiste par essence, mais une “semaine de l’Elite”,rassemblant nos meilleurs professionnels, nous permettra d’être à leur écoute et de leur apporter notre aide médicale. routine et instinct ; perception visuelle aiguë dans un environnement par essence mouvant ; ● et surtout,cette facilité de réussir sous cette fameuse pression des derniers coups, voire du dernier putt. ● ● L’entraînement physique du golfeur est donc complexe,car il doit permettre de réussir, développer et entretenir toutes les qualités requises. Le suivi individuel LE SUIVI MÉDICAL Le suivi médical s’organise autour du binôme président de la Commission médicale/médecin fédéral national. Le suivi longitudinal Le suivi longitudinal est obligatoire dans le cadre de la loi,comme dans toute autre * Rhumatologue, Président de la Commission Médicale de la Fédération Française de Golf La préparation physique Le golfeur est un véritable athlète. Les qualités d’un champion sont extrêmes et quelquefois paradoxales, donc difficiles à cumuler : ● puissance et précision ; ● force et souplesse ; ● concentration et décontraction ; ● régularité et coups de génie ; MÉDECINS DU SPORT 32 Cependant,certaines bases sont bien maîtrisées : 1. la puissance du coup est produite par l’association vitesse du club, précision à l’impact et équilibre du mouvement ; 2. la vitesse est essentiellement procurée par un transfert de poids entre la montée et la descente du swing ; les muscles du quadriceps sont donc essentiels,aidés par une excellente ceinture abdominale ; N°77-MAI/JUIN 2006 La présence, sur le Tour Européen, d’un camion de physiologie confirme toute l’importance des qualités physiques du golfeur. Dès les parcours terminés, ils peuvent bénéficier de l’expérience d’ostéopathes et de physiothérapeutes,ainsi que d’appareils pour démarrer une récupération musculaire. L’alimentation Comme dans tout autre sport, bien que cela soit totalement négligé même par nos grands champions, l’alimentation revêt un rôle essentiel. Quatre heures de marche, quelquefois 2 fois par jour,dans toutes les conditions climatiques,sous pression,consomment environ 1 800 calories par parcours. Il faut donc connaître les principes de base de l’alimentation,afin d’éviter les fautes les plus courantes : ● avoir une alimentation trop rapprochée ou trop éloignée de l’heure du départ ; ● oublier de boire sur le parcours ou exagérer les boissons gazeuses ; ● consommer des aliments inadaptés à l’effort, trop riches en graisses ou en sucres rapides ; ● méconnaître les périodes de baisse de glycémie suspectées par l’expérience et dont un travail récent, en cours de publication,viendra confirmer l’importance. La préparation mentale Comme dans les sports de précision,on touche ici à un élément fondamental du golf, par essence individuel et donc d’une approche difficilement reproductible. Les qualités requises sont là aussi multiples : ● concentration extrême sur un temps très court ; ● résistance à la pression, peur de gagner ou de perdre ; ● capacité d’éliminer rapidement les mauvais coups ou les coups du sort ; ● capacité d’alterner les périodes de concentration et de relâchement sur une longue durée. L’aide psychologique à partir d’une étude d’items simples se fait au sein des pôles, le plus souvent à la demande des joueurs. LES PATHOLOGIES DU GOLFEUR Les pathologies du golf, sport de lancer non traumatique,sont dominées par les tendinopathies du membre supérieur,la pathologie de la coiffe des rotateurs et les lombalgies. Les fractures de fatigue des arcs costaux et du sternum,ainsi que la fracture de l’os crochu lors d’un coup bloqué sont à ne pas méconnaître. Les épichondylites et les épitrochléites sont souvent associées à des erreurs techniques et à du matériel non adapté. Le repos, les anti-inflamma- Les Masters d’Augusta les Masters la même année. Le tournoi débute par le premier drive du plus ancien joueur invité. Pour assister aux Masters, les billets sont vendus “à vie” aux spectateurs, qui doivent les racheter d’une année sur l’autre sous peine d’être rayés de la liste et immédiatement remplacés par d’heureux bénéficiaires qui attendaient depuis des années ce fameux sésame. La première levée du Grand Chelem de golf (avec l’US Open, l’Open Britannique et l’USPGA) s’est déroulée du 4 au 8 avril 2006 en Georgie, avec les Masters d’Augusta. Les meilleurs joueurs du monde, Tiger Woods en tête avec Thomas Levet, le Français le mieux placé (13e en 2005), étaient invités à fouler le parcours avec ses fairways verts, ses greens verts redoutables, ses obstacles d’eau verte, pour que le meilleur endosse la fameuse veste… verte, remise par le vainqueur de l’année précédente. Sans cesse amélioré, agrémenté de massifs fleuris, ce parcours est l’un des mieux entretenus au monde, tout en gardant sa spécificité. Sa difficulté est telle que les trous numéros 11, 12 et 13 portent le nom de “Amen Corner”. Les joueurs participant ne sont pas qualifiés, mais invités par les organisateurs ultraconservateurs. Les anciens vainqueurs sont quant à eux invités “à vie”. Si aucun participant amateur n’a remporté le tournoi, 3 ont terminé en seconde position. La veille de l’épreuve, se déroule un traditionnel tournoi de 9 trous, dont le vainqueur n’a jamais remporté MÉDECINS DU SPORT Les vainqueurs 2006 : Phil Mickelson Du plus grand nombre de tournois : Jack Nicklaus ● Le plus jeune : Tiger Woods, 21 ans, 3 mois et 14 jours ● Le plus âgé : Jack Nicklaus, 46 ans, 2 mois et 23 jours ● Le plus grand écart avec le second : Tiger Woods, 12 coups ● ● Pour en savoir plus... http://www.masters.org 33 77-MAI/JUIN 2006 Mise au point 3. la précision de l’impact est fournie par une très bonne coordination œil-cerveau-mains, difficile à obtenir ; les extrêmes sont connues, le don pour Ballesteros et le travail pour Singh ; 4. l’équilibre du mouvement passe notamment par les pieds et tout un travail podologique doit être effectué : nos meilleurs joueurs ont tous une étude podologique précise et minutieuse, qui se traduit le plus souvent par la confection de semelles équilibrant les défauts d’appui et de posture ; 5. l’équilibre postural passe aussi par un articulé dentaire sans tension et depuis longtemps déjà, nos confrères dentistes sont sollicités pour pallier les défauts occlusifs et,là aussi,appareiller si besoin les joueurs. Mise au point toires et les séances de physiothérapie permettent de limiter le recours aux infiltrations et d’avoir rarement besoin de la chirurgie. Le golf ne doit plus avoir mauvaise réputation quant à la lombalgie. Certes, les débutants et les très bons joueurs restent toujours exposés, mais ces derniers ont une excellente technique et, depuis quelques années,une excellente condition physique. Celle-ci, basée sur le couple souplesse du tronc-force des quadriceps,limite la survenue de la lombalgie. L’adoption des longs putters a permis de soulager le rachis, mais il semble qu’une prochaine modification des règles les interdise dans l’avenir. La pathologie discale reste la plus fréquente, mais les atteintes articulaires postérieures et les syndromes de charnière dorso-lombaire sont aussi souvent diagnostiqués.Là encore,le repos et les thérapeutiques classiques permettent le plus souvent un retour rapide à la compétition. L’amélioration permanente du matériel favorise la tolérance de l’impact et limite les traumatismes. De même, la conception de clubs sur mesure (fitting),qui se généralise,permet d’adapter le matériel à la morphologie du joueur et donc de limiter les traumatismes. < LE DOPAGE Bien que les instances américaines clament encore,non sans une certaine ironie,qu’aucun élément extérieur ne permet d’améliorer la performance du golfeur, il semble bien que des substances interdites continuent d’être employées sur les circuits professionnels et amateurs. Notre rôle d’information et de prévention prime et les outils de communication actuels facilitent l’accès à la liste des produits interdits. La mise en place définitive des Comités pour l’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (CAUT) par le Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD) permettra de lutter contre les tricheurs plus efficacement. L’attention est attirée sur la composition des boissons et des aliments énergétiques,qui contiennent encore des produits illicites. LES DÉFIS À RELEVER Si des avancées considérables ont été faites dans l’approche de la préparation du golfeur, un certain nombre de progrès doivent encore être réalisés : ● améliorer la standardisation et l’efficacité de la préparation physique ; ● améliorer les tests physiques adap- tés au golfeur, pour mieux connaître ses lacunes et son état de forme ; ● améliorer le suivi psychologique ; ● canaliser et mettre en pratique tous les travaux sur la vision,élément fondamental dans ce sport de précision,certaines sociétés allant même jusqu’à confectionner des lentilles qui améliorent la perception des pentes sur les green ; ● favoriser,sous contrôle médical,la précocité des jeunes joueurs, tout en sachant que la maturité du sport se situe entre 25 et 45 ans. CONCLUSION Le golfeur professionnel est devenu un athlète. Nos jeunes joueurs et joueuses l’ont bien compris. Les filières mises en place par la FFG privilégient désormais le physique autant que la technique. L’amélioration constante du matériel et des balles rend ce sport plus facile,donc moins traumatique.Il peut donc être pratiqué de plus en plus jeune et nos seniors restent encore très performants. Sportsanté par excellence, le golf continue sa démocratisation et son développement.Les équipes médicales doivent encore mieux aider nos joueurs dans leur préparation et leur suivi,à condition qu’ils prennent conscience du travail effectué pour en profiter pleinement. ■ http://www.menarini.fr > Le premier site francophone consacré à la médecine du sport > Plus de 1 000 pages de documents consacrées à la médecine du sport > Plus de 500 photos classées par localisation anatomique > Des données épidémiologiques sur plus de 7 000 cas > Des articles originaux Mise à jour tous les mois > Un accès aux moteurs de recherche bibliographique et des liens vers de nombreux sites Internet (Medline, CHU de Rouen, INSEP…) > Une base de données exclusive en médecine du sport > Le calendrier des événements sportifs MÉDECINS DU SPORT 34 N°77-MAI/JUIN 2006