Cercle des souvenirs N° 24 Janvier 2012

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Cercle des souvenirs N° 24 Janvier 2012
Cercle des souvenirs
Janvier 2012 - Feuillet n° 24
La communion solennelle
Depuis des siècles le baptême puis la première communion marquent l’entrée des jeunes garçons et jeunes filles dans la communauté des chrétiens, l’Eglise. Cette cérémonie a concerné quasiment tous les genechois jusque dans les années 1960. On savait qui n’avait pas « fait sa communion», cas rarissime jusqu’au début des « Sixties ».
Communiantes en 1937 à Genech
De gauche à droite : Louise Carlier et Alice Liétard puis Lucette Rogier et Paulette
Grulois (qui se fait réprimander par « Ma Mère sœur François de Borgia parce
qu’elle ne tient pas ses distances) puis Gilberte Herbaut
Le catéchisme
Dans les années 1950, le catéchisme avait lieu tous les jeudis (jour de congé jusqu’en 1972, époque à laquelle il est
déplacé au mercredi) après la messe de 7 heures. Dans les années 1930 et 1940, le catéchisme avait lieu 3 fois par
semaine, lundi, mercredi et jeudi. On distinguait alors le « petit caté», chez les sœurs, le jeudi, du catéchisme des
autres jours.
En première année on apprenait ses prières, le « Je vous salue Marie » et le « Notre Père». L’enseignement du catéchisme se faisait sous la forme de questions / réponses ; ces dernières étaient à apprendre par cœur. La dernière
année, c’est Monsieur le curé qui faisait le catéchisme. Au terme de l’année on passait un
examen devant lui. La taille du cierge était proportionnelle au classement de sortie du catéchisme,
ainsi que l’ordre d’entrée dans l’église, jusqu’au début des années 1950.
Au catéchisme on était classé par bancs, les mieux classés sur le premier banc et les derniers, au fond.
Le nombre d’enfants au catéchisme
Ceux nés en 1943 : 11 garçons et (?) filles, toute la classe d’âge va au catéchisme
Ceux nés en 1944 : 6 garçons et 3 filles, tous vont au catéchisme
Ceux nés en 1945 : 5 garçons et 8 filles, toute la classe d’âge va au catéchisme
Ceux nés en 1946 : 10 garçons et 10 filles, toute la classe d’âge va au catéchisme, sauf un garçon (rares
sont ceux qui ne font pas leur communion, encore plus rares ceux qui n’ont pas été baptisés).
Le « cursus » suivi, vers 1940 – 1950 :
Communion privée, vers 7 ans, afin de pouvoir communier à la messe ;
Communion solennelle, vers 11 ans, après une retraite ;
Un an de catéchisme de persévérance (fait par le curé) ;
Confirmation, un an plus tard. Elle a lieu au décanat de Templeuve, en présence de l’évêque de Lille
(pendant longtemps, ce fut le cardinal Liénart, le « cardinal rouge », la couleur se rapportant, non à son
habit, mais à ses options politiques).
La préparation à la communion solennelle
Elle se fait par une retraite de huit jours :
- Messe tous les matins
- Salle du patronage, retraite avec les religieuses ; un autre prêtre que le curé vient de l’extérieur.
Les deux premiers au classement de sortie du catéchisme doivent réciter un acte, par ex l’Acte de contrition. Tous les communiants récitent le jour de leur communion : « Je renonce à Satan, à ses pompes (1)
et à ses oeuvres et je m’attache à Jésus Christ pour toujours», ce qui constitue un renouvellement de
promesses du baptême, qui avaient été prononcées ce jour là par le parrain et la marraine du baptisé.
Année 1945 : Groupe de jeunes communiants
(1) Ses « pompes» : du grec pompè et du latin pompa : cortège pompeux, somptueux, magnifique ; au sens religieux :
plaisirs superficiels et frivoles, ceux que Satan semble offrir. Y renoncer, c’est s’engager dans une vie droite et morale.
La communion
Elle a toujours lieu au printemps; dans les années 1950/1960 elle est fixée à quinze jours après Pâques.
Le costume du communiant : c’est le premier complet veston que portera le communiant, avec chemise
blanche, cravate, gants et brassard blanc. Pendant longtemps les Crespel offraient le livre de messe à chaque communiant. Jusqu’en 1945 le costume du communiant était, le plus souvent, un costume de marin.
La tenue de la communiante : une robe blanche et un voile blanc ; en somme une robe de mariée en
miniature.
Photos de communiant et de communiante - Avril 1931
La famille de chaque communiant fait imprimer des « images de communion ». Après la
messe, un grand repas familial réunit le parrain, la marraine et toute la famille. De ce
repas de communion, dont le communiant
occupait le centre, comme les mariés le jour
de leur repas de noces, il était d’usage, pour
les parents, de dire à leur enfant : « c’est le
plus beau jour de ta vie». Ce repas est interrompu par la nécessité d’aller assister à la
cérémonie des Vêpres.
Un menu de communion le 5 juillet 1942
chez des cultivateurs aisés dans l’Oise.
Chacun pourra constater que la période de
l’Occupation ne fut pas une période de restrictions pour tout le monde …
On reçoit , le jour de sa communion, sa première montre, un livre
de messe, cadeau du parrain lorsqu’il n’est plus assuré par les Crespel et un chapelet. La veille de la
communion, dans certaines familles, on allait recevoir de son parrain, la bénédiction, et ce, jusque
dans les années 1940.
Le lendemain de la communion,
messe à 9 heures puis visite à
Monsieur le curé, aux religieuses
et à l’instituteur ou à l’institutrice
à qui les communiants remettent
des dragées. Les filles recevaient
ce jour là une toilette de communion. Très souvent il s’agissait de
leur premier tailleur, équivalent du
premier costume pour les garçons.
La confirmation
L’évêque vient «confirmer» le sacrement de communion et l’entrée du communiant dans l’Eglise en pratiquant l’onction par l’huile sainte. Chaque enfant avait un parrain et une marraine de confirmation. Tous
ceux qui avaient fait leur communion, faisaient leur confirmation.
Les croisés
Les croisés sont une organisation de jeunesse rassemblant
des enfants catholiques acceptant de vivre intensément
leur foi. Chaque mois ils assistaient à une réunion obligatoire
« chez les sœurs». Ils s‘engageaient
-à une plus grande dévotion envers l’eucharistie,
-à prier pour les âmes du Purgatoire.
Ils étaient marqués par les martyrs de la foi ; ils devaient faire des sacrifices
(au sens de privation, bien sûr), un par jour, et les noter sur un cahier.
Ils devaient réciter une prière particulière chaque jour : « Cœur sacré de Jésus, je vous offre … (mention du
sacrifice du jour) pour les intentions pour lesquelles vous vous immolez sur l’autel ».
Le 2 novembre, jour des morts – et non le premier novembre où sont vénérés les saints, comme chacun
sait – les croisés passaient dans les maisons du village ; ils quêtaient pour les fidèles trépassés.
On mesure à quel point la communion constituait un passage important, un véritable rite d’intégration
dans une communauté, marquant la fin de l’enfance et l’entrée dans l’âge adulte. La communion
« solennelle » - de ce point de vue, l’adjectif est essentiel – marque donc l’assimilation au catholicisme, à
la fois par ce rite de passage et comme marqueur identitaire tout comme, sept ans plus tard pour les garçons, le conseil de révision marquera l’assimilation à la collectivité nationale. Communion solennelle et
service militaire marquaient ainsi l’entrée du jeune adulte dans la communauté des Catholiques et des
Français.
Cercle des Souvenirs : Brigitte Renard, Charly Renou, Roland Carlier, Geneviève Knockaert, Marie Lambin-Colette, Marie-Louise Debuchy, Simone Lefevre-Monniez, Fernand Leclercq, Marcel Duvinage.
Images de Paulette Grulois, Brigitte Renard et Charly Renou
Témoignage de Jacques Dumoulin en ce qui concerne les croisés. Gestion des photos : Nadé Lemaire.
Editeur responsable : Commune de Genech