Universite de la mediterranee la degradation du materiel organique
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Universite de la mediterranee la degradation du materiel organique
UNIVERSITE DE LA MEDITERRANEE Centre d'Océanologie de Marseille Observatoire des Sciences de l'Univers Ecole Doctorale "Sciences de l'Environnement Marin" THESE Présentée par Christian TAMBURINI Pour l'obtention du grade de Docteur de l'Université de la Méditerranée Spécialité : Sciences de l'Environnement Marin LA DEGRADATION DU MATERIEL ORGANIQUE PAR LES MICROFLORES PROFONDES : DE LA MESURE DES VITESSES POTENTIELLES AU FLUX DE CO2 GENERE IN SITU Directeur de thèse : Armand BIANCHI Soutenue le 18 octobre 2002 Jury composé de : Pr Bernard QUEGUINER (Centre d'Océanologie de Marseille) Dr Sylvie BECQUEVORT (Université de Bruxelles, Belgique) Dr Jean-Pierre GATTUSO (OSU Villefranche-sur-Mer) Dr Armand BIANCHI (Centre d'Océanologie de Marseille) Pr David KIRCHMAN (University of Delaware, USA) Dr. Alain DINET (Chargé de Mission CNRS – INSU) Président du Jury Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Invité Avant Propos Je tiens à remercier sincèrement Dr Sylvie Becquevort et Dr Jean-Pierre Gattuso d'avoir accepté d'être les rapporteurs de ce travail ainsi qu'au Professeur Bernard Quéguiner d'avoir accepté de faire partie du Jury. A special thank to Professor David Kirchman who has accepted to be member to the thesis committee. Mes vifs remerciements à Monsieur Alain Dinet, Chargé de Mission auprès de l'INSU, pour avoir accepté de participer à ma soutenance de thèse. Cette thèse a été cofinancée par la Société TotalFinaElf et le CNRS-INSU. Je remercie particulièrement Monsieur Tramier, Directeur Développement Durable et Environnement du Service Environnement de la Société TotalFinaElf, qui m'a ainsi permis de réaliser ce travail de recherche. Bien que je sois le seul auteur de ce document, je tiens à souligner l'importance du travail en équipe, des collaborations, des échanges et des rencontres nécessaires pour mener à bien un travail de recherche. Difficile de trouver les mots pour transmettre toute ma reconnaissance à Armand Bianchi, mon Directeur de thèse. Ces trois années passées à ses côtés me laisseront une trace indélébile d'un point de vue scientifique bien sûr mais également humain. J'espère être digne de la confiance qu'il a pu m'accorder. Sa rigueur scientifique, son ouverture d'esprit, sa disponibilité constitueront pour moi un exemple que je tacherai de ne jamais oublier lorsque je parlerai de mon "Maaaîîître"…merci Armand. Là encore, comment trouver les mots pour définir l'amitié sincère que j'éprouve pour le 2ème monsieur Pression! Certes nos sangs latins ont parfois fait des petites étincelles mais n'ont jamais fait chuter la Pression. Merci Jean de m'avoir petit à petit ouvert les portes de tes secrets, de tes armoires et de ton amitié. Tous ces moments passés ensemble sur les différents bateaux qui nous ont brinqueballés resteront des moments inoubliables. Je tiens à remercier tout particulièrement Micheline Bianchi, Directrice du Laboratoire de Microbiologie Marine, de m'avoir accueilli au sein de son équipe, "petite" par le nombre mais "grande" pour son enthousiasme scientifique et humain. C'est vous Micheline qui arrivait à insuffler cet esprit d'équipe, cette convivialité… Merci également de la confiance que vous me témoignez. Merci à France (pour sa disponibilité, sa coopération, son aide …un vrai livre ouvert avec de la gentillesse en plus!!), à Richard (pour ses critiques constructives et ses points de vues biochéochimiques, philosophiques…), à Madeleine (sa joie de vivre et pour nos discussions de couloir très constructives), Raymond (le Géo Trouve-Tout du LMM), Fabienne (pour sa gentillesse), Michel et bien sûr à Danielle avec qui j'ai partagé de jolis pâtés de sédiments et de sympathiques missions ou meeting. Une "spéciale dédicace" à Cathy pour …tout! Une pensée spéciale pour les thésards du LMM (Christos, Nico, Caro et le p'tit nouveau …Marc) ainsi qu'aux différent(e)s étudiant(e)s qui sont passé(e)s par le LMM… et particulièrement ceux avec qui j'ai travaillé plus étroitement. Mes vifs remerciements aux différentes personnes du Centre d'Océanologie de Marseille avec qui j'ai pu avoir des échanges fructueux. A Jean-Pierre Durbec (pour sa collaboration sur l'analyse statistique), à Gérald Grégori (pour les mesures au cyto. et son amitié), à Karine Leblanc (pour les analyses des silicates), à Dominique Lefèvre (pour les mesures d'oxygène), à Valérie Michotey (pour son étroite collaboration et ses précieux conseils en biologie moléculaire). Thank you very much Tracy Bentley for improving my English. Je remercie cordialement Thierry Heulin (directeur du Laboratoire d'Ecophysiologie Végétale et de Microbiologie) et Catherine Brutesco pour les séquençages réalisés et ceux à venir. Mes sincères remerciements à J.C. Marty (coordinateur du programme DYFAMED) ainsi qu'à M.D. Pizay, J. Chiavérini et J.C. Miquel et une pensée particulière pour Laurence Guidi-Guilvard. Mes vifs remerciements à Francis de Bovée avec qui nous avons malheureusement effectué qu'une seule mission enthousiasmante sur le plan technologique, scientifique et humain. Thanks to the BioDeep Group and especially for Cesare Corselli (BioDeep coordinator), Laura Giuliano (BioDeep sub-coordinator), Micha Yakimov (Chief Scientist of BioDeep Cruise) and everybody of the BioDeep Cruise...quelle expérience enrichissante un programme Européen! A special thank to Cindy Lee and her staff. I have spent some weeks in her lab; it was very exiting and very important for me. Enfin, je tiens à remercier tout particulièrement les gens de Mer que j'ai pu rencontrer au cours des différentes campagnes auxquelles j'ai participé : les capitaines et les équipages français du Thétys II et du feu Professeur Georges Petit, ceux de l'Europe et ceux du N/O italien l'Urania. Merci à vous tous, au travail professionnel dont vous faites preuve et à votre convivialité. Bien sûr une pensée affectueuse à ma famille qui a cru en moi et en particulier à ma maman. Pour finir, je remercie énormément ma tendre épouse Sophie qui me supporte et m'encourage. Merci ma p'tite chérie… Enfin, the last but not the least, je ne peux oublier mon p'tit Roucao, qui me suit partout… Homme libre toujours tu chériras la mer ! Charles Baudelaire. A mes Grands-Parents ABSTRACT Different steps involved in the organic matter degradation (ectoenzymatic activities, aminopetidase, phosphatase, bacterial biomass production, 14C-glutamic acid assimilation and respiration) were studied throughout the whole water column, in the near-bottom water layer and in superficial sediments in the Ligurian Sea, the Gulf of Lion and the Ionian Sea. The relative homeothermy of the Mediterranean has permitted us to examine the effect of pressure on microbial activities independently of the temperature decrease. Data demonstrate that in deep waters, each step involved in the organic matter degradation is carried out by bacteria adapted to the ambient pressure. Indeed, during stratification period, metabolic rates measured on decompressed samples are underestimated by a factor equal to 3.6 ± 4.3 (mean ± S.D.; n=99). Because the pressure effect is highly variable, a single factor cannot be used to correct rates measured with decompressed samples. The use of pressure retaining samplers allowed us to demonstrate that the cells observed in the deep (>3500 m) anoxic brines (S>300) of the Ionian Sea were actually living organisms adapted to extreme conditions for life. Our data suggest that these cells are autochtonous populations able to participate to the geochemical cycles in these environments. Sinking particulate matter is the major vehicle for exporting carbon and energy from the sea surface to the deep-sea. In spring 2000 in the Ligurian Sea, high fluxes of relatively fresh particles generated relatively small depth-integrated hydrolysis rates (490 mg C m-2 d-1 aminopeptides hydrolyzed between 1000 and 2000 m), but a high glutamate growth yield (GYG = 65%). In contrast, in fall, a minimal flux of aged particles generated maximal depth-integrated hydrolysis rates (1960 mg C m-2 d1 ) and lower GYG (12%). These results suggest that when the flow of particles is extremely low, bacteria must extract carbon and energy from the semi-refractory part of the dissolved organic bulk, such processes are costly in energy (GYG = 12 %). In fall, the taxonomic structure of deep-sea bacterial populations were less diverse but different from surface populations. This discrepancy was probably due to the adaptation to high hydrostatic pressure conditions, and to the necessity to use more refractory dissolved organic matter. Although decompression of deep-sea water samples leads to underestimation of microbial activities, decompression of near-bottom water samples provokes an overestimation relative to the actual rates measured in situ using a benthic lander. This apparent contradiction can be due to the difference in origin for deep-sea water and benthic water microbial populations. Metabolic rates measured on superficial sediment samples are higher by one order of magnitude relative to those measured in the whole water column. Potential fluxes of organic matter mineralization calculated through the surficial waters (until 200 m depth), intermediate and deep-sea waters (200-2000 m) and benthic layer (nearbottom waters and superficial sediments) suggest that in the deep compartments of the Ocean, the potential metabolic processes are far from negligible. Since attached bacteria plays an important role in the mineralization of particles and in the recycling of biogenic elements (silicate and carbonate), we did an experiment to simulate the fall of particles through the whole water column. This experiment demonstrates that bacteria attached to the sinking phytoplankton aggregates are influenced by increasing pressure. The gear we developed for this experiment will allow to precize calculations for sinking particle mineralization and dissolution throughout the whole water column. The experimental approaches we used to study deep-sea waters, sinking particles and benthic waters, respecting the main conditions of these deep-sea environments, permit to study quantitative and qualitative evolution of the chemical composition of the organic matter, microbial diversity, from the sea surface to to the bottom. This strategy will lead towards a better estimation of carbon and energy fluxes that insure pelagos-benthos coupling, one of the main keys of the Global Ocean functioning. LISTE DES ABREVIATIONS Abréviation …en anglais …en français AA Amino acids Acides aminés BB Bacterial Biomass Biomasse bactérienne BP Bacterial Biomass Production Production de biomasse bactérienne BR Bacterial Respiration Respiration bactérienne Da Dalton Dalton DCAA Dissolved Combined Amino Acids Acides aminés dissous combinés DFAA Dissolved Free Amino Acids Acides aminés dissous libres DHAB Deep Hypersaline Anoxic Brine DOC Dissolved Organic Carbon Bassin hypersalés profonds et anoxiques Carbone organique dissous DOM Dissolved Organic Matter Matière organique dissoute EAA Aminopeptidase Activity Activité aminopeptidasique EEA Ectoenzymatic Activity Activité ectoenzymatique GA 14 Assimilation du 14C-Glutamate Glu Glutamic acid or glutamate Acide glutamique ou glutamate GR 14 C-Glutamic acid respiration Respiration du 14C-Glutamate GU 14 C-Glutamic acid uptake (GA+GR) Respiration du 14C-Glutamate GYG 14 C-Glutamic acid assimilation yield (GA/GU) High Molecular Weight compounds Rendement d'assimilation du 14CGlutamate (GA/GU) Composé de haut poids moléculaire > 1000 Da for geochemist > 1000 Da pour les géochimistes > 600 Da for microbiologist > 600 Da pour les microbiologistes HP-5L 5 liters – bottle High Pressure Bouteille haute pression de 5 litres HPSS High Pressure Serial Sampler HPSU High Pressure Serial Unit Echantillonneur multiple haute pression Bouteille de prélèvement hyperbare Hr Hydrolysis rate Taux d'hydrolyse Km Michaëlis-Menten constant Leu Leucine Constante de demi-saturation de Michaëlis-Menten Leucine HMW C-Glutamic acid assimilation NBW Low Molecular Weight compounds < 1000 Da for geochemist < 600 Da for microbiologist Near Bottom Water Composé de faible poids moléculaire < 1000 Da pour les géochimistes < 600 Da pour les microbiologistes Eau proche du fond NBW/EPF Near Bottom Water Eau proche du fond PA Phosphatase activity Activité phosphatidique Pa Pascal Pascal POC Particulate Organic Carbon Carbone organique particulaire POM Particulate Organic Matter Matière organique particulaire SDS Sodium Dodecyl Sulfate Sodium Dodecyl Sulfate SED Sediment Sédiment TC Total Count (bacteria) Comptage total (bactéries) THAA Total Hydrolyzable Amino Acids Acides aminés totaux hydrolysables Tt Turnover time (biomass/production) Temps de renouvellement bactérien UF Fluorescence Unit Unité de fluorescence VDEC Rate obtained with decompressed sample (atmospheric pressure) VHP Rate obtained with uncompressed sample Vmax Maximal velocity Vitesse obtenue à partir d'un échantillon décomprimé (pression atmosphérique) Vitesse obtenue à partir d'un échantillon maintenue à pression in situ Vitesse maximale Vtr "Trace" rate WWC Whole Water Column LMW Vitesse mesurée dans les conditions traces Colonne d'eau océanique SOMMAIRE Introduction ................................................................................................................................ 1 I. L'étude du domaine océanique profond : intérêts et imperatifs ......................................... 3 I.1 Intérêt biogéochimique............................................................................................... 3 I.2 Processus de minéralisation de la matière organique............................................... 10 I.3 Adaptation des microflores à la forte pression hydrostatique .................................. 12 I.4 Manuscrit n°1 ........................................................................................................... 19 Effect of pressure conditions on microbial activity measurements in deep-sea water: a review .................................................................................................................................................. 19 II. Matériel et Méthodes........................................................................................................ 35 II.1 Présentation des sites d'étude ................................................................................... 35 II.2 Moyens à la mer ....................................................................................................... 41 II.3 Abondance et biomasse bactérienne ........................................................................ 46 II.4 Mesure des activités ectoenzymatiques.................................................................... 49 II.5 Mesure de la production de biomasse bactérienne................................................... 55 II.6 Utilisation de composés de faibles poids moléculaires............................................ 56 II.7 Manuscrit n°2 ........................................................................................................... 59 A simple and highly reproducible technique to measure the bacterial respiration of 14C-labeled compounds in seawater samples .............................................................................................. 59 III. Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond........................................ 69 III.1 Introduction .............................................................................................................. 69 III.2 Manuscrit n°3 ........................................................................................................... 71 Biopolymer hydrolysis and bacterial production under ambient hydrostatic pressure through a 2000 m water column in the NW Mediterranean..................................................................... 71 Préambule............................................................................................................................. 72 Données complémentaires.................................................................................................... 88 III.3 Manuscrit n°4 ........................................................................................................... 91 Role of deep-sea bacteria in organic matter mineralization and adaptation to hydrostatic pressure conditions in the NW Mediterranean Sea .................................................................. 91 Préambule............................................................................................................................. 92 Données complémentaires.................................................................................................. 111 III.4 Synthèse des données obtenues dans la colonne d'eau du site DYFAMED .......... 112 III.5 Manuscrit n°5 ......................................................................................................... 117 Microbial life in the deep anoxic hypersaline basins of the Eastern Mediterranean.............. 117 Préambule........................................................................................................................... 118 III.6 IV. Adaptation à la pression hydrostatique : données complémentaires et synthèse ... 131 Activités microbiennes dans le domaine benthique profond ..................................... 135 IV.1 Validation des mesures d'activité microbienne à l'interface benthique.................. 137 IV.2 Comparaison de méthode d'estimation de l'activité microbienne dans le domaine benthique profond .............................................................................................................. 147 IV.3 Activités microbiennes dans l'épaisseur sédimentaire ........................................... 152 IV.4 Couplage pelagos-benthos...................................................................................... 155 V. Essais complémentaires et perspectives ......................................................................... 161 V.1 Simulation de la chute de particules....................................................................... 161 V.2 Activités aminopeptidasiques mesurées à l'aide de la LYA-peptides .................... 166 V.3 Approche moléculaire ............................................................................................ 176 VI. Conclusion.................................................................................................................. 183 Références .............................................................................................................................. 191 Annexes………………………………………………………………………………………………………207 INTRODUCTION Introduction INTRODUCTION La découverte en 1977 des sources hydrothermales océaniques profondes à proximité immédiate desquelles se développe une vie exubérante basée sur une production primaire d'origine chimiosynthétique (Corliss et al., 1979) a suscité l'intérêt du monde scientifique pour le domaine océanique profond. L'intérêt biotechnologique inhérent à la découverte d'organismes adaptés à des conditions extrêmes (température élevée, haute pression,…) et le fait que ces organismes pourraient représenter les premières formes de vies apparues sur notre Planète, ont incité la communauté scientifique à fournir des efforts de recherche considérables sur ces sites. Ces écosystèmes sont certes passionnants, ouvrant des nouvelles perspectives en physiologie et taxonomie microbienne, mais ils ne représentent en fait que des "oasis" au sein de l'immensité des profondeurs océaniques. S'ils ont peut-être joué un rôle primordial dans l'apparition de la vie, ils ne jouent actuellement, d'un point de vue biogéochimique, qu'un rôle mineur dans le fonctionnement du cycle global des océans. La communauté scientifique est confrontée depuis quelques décennies à la problématique de l'augmentation de la concentration en gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère, en relation avec le début de l'ère industrielle. Le pouvoir de "pompe biologique" a été assigné à l'Océan. Cependant, le rôle des microorganismes dans la minéralisation de la matière organique et les flux en CO2 induits par ces processus restent à quantifier. De même on n'a pas encore défini le rôle des microorganismes du domaine profond dans ces processus. Le domaine océanique profond (défini en dessous de 1000 m), représente environ 88 % du volume des océans. Pourtant, ce sont les processus microbiens intervenant dans le fonctionnement des systèmes océaniques superficiels qui sont les mieux connus et qui sont les seuls correctement quantifiés. Ceux intervenant dans les systèmes profonds n’ont été qu'exceptionnellement appréhendés, vraisemblablement en raison de difficultés technologiques, et la signification réelle des mesures effectuées reste souvent à démontrer. Certes, le domaine océanique profond apparaît peu hospitalier. La lumière solaire, source de vie pour la zone productive de surface qui apporte l'énergie nécessaire pour la production primaire, y est absente. Le domaine océanique profond est considéré comme extrêmement oligotrophe car dans le cas général les apports en matériels organiques dépendant presque exclusivement de la productivité de la couche euphotique sont considérablement amoindris lors de leur transit dans la colonne d'eau. De plus, dans ces eaux obscures, les températures sont faibles (entre 1 et 4°C) excepté pour les eaux méditerranéennes (température 1 Introduction d'environ13°C). Enfin, l'élément le plus caractéristique de cet environnement inhospitalier est l'accroissement de la pression hydrostatique avec l'augmentation de la profondeur (environ 1 bar tous les 10 m). L’objectif principal de cette étude est d’améliorer la représentativité des mesures d’activité microbienne dans les eaux et les sédiments profonds. Pour cela, il convenait de surmonter différentes difficultés technologiques qui concernent : - La nécessité de sélectionner, parmi la grande diversité des processus microbiens, ceux qui interviennent de manière plus significative dans le fonctionnement de l’écosystème profond, car les systèmes de collecte spécialisés, ainsi que la durée des opérations en milieu profond, limitent considérablement le nombre et le volume des échantillons disponibles au cours d'une campagne de prélèvement. - Le concept même de mesure d’activité microbienne qui implique la nécessité de maintenir les échantillons dans des conditions les plus proches possibles de celles exercées in situ, en particulier les conditions les plus caractéristiques du milieu étudié. Ce qui est le cas de la pression hydrostatique et l'extrême oligotrophie en milieu océanique profond. 2 Chapitre I L'ETUDE DU DOMAINE OCEANIQUE PROFOND : INTERETS ET IMPERATIFS Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs I. L'ETUDE DU DOMAINE OCEANIQUE PROFOND : INTERETS ET IMPERATIFS I.1 Intérêt biogéochimique L'océan mondial est considéré comme le plus large réservoir de carbone réactif sur la planète Terre. La presque totalité (>97 %) de ce réservoir de carbone est sous forme de matière organique dissoute (DOM) (Benner et al., 1992). Les bactéries hétérotrophes sont considérées comme les consommateurs et reminéralisateurs de la DOM dans les océans (Williams & Gray, 1970; Pomeroy, 1974). Elles jouent un rôle de pivot dans le recyclage de la matière organique au sein de la boucle microbienne et du réseau trophique qui en découle (Azam et al., 1983; Ducklow & Carlson, 1992). Dans la zone euphotique, environ 50 % de la production primaire journalière est utilisée par les processus microbiens pour produire de la biomasse et satisfaire aux besoins énergétiques au travers de la respiration bactérienne (Ducklow & Carlson, 1992). D'un point de vue biogéochimique, l'étude du rôle des processus réalisés par les microorganismes planctoniques doit être étendue à la zone aphotique afin d'élucider la contribution des communautés microbiennes profondes dans les flux océaniques de carbone. Dans les paragraphes suivants, nous essaierons de caractériser au mieux la DOM disponible pour les microorganismes du domaine profond afin de choisir les proxys nécessaires à l'évaluation des processus microbiens profonds et leur rôle dans la minéralisation de la matière organique. I.1.1 Caractérisation de la DOM I.1.1.1 Classes de taille de la DOM La distinction selon la taille de la matière organique dans les systèmes aquatiques est basée sur la séparation physique à travers une membrane ou un filtre de porosité variable. Pour les géochimistes, la séparation de la matière organique particulaire (POM) et dissoute (DOM) est réalisée sur des filtres ayant des pores de 0,2 à 1,0 µm. En pratique, les géochimistes évitent souvent l'étape de filtration (source de contamination) en particulier dans les échantillons d'eaux profondes où la fraction particulaire est infime (~1 % du carbone organique total ou TOC). La biomasse bactérienne est donc le plus souvent incluse dans cette fraction dissoute. 3 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs Les techniques d'ultrafiltration tangentielle permettent de séparer en deux classes de taille la DOM. Les membranes les plus souvent utilisées, de 1000 daltons1 (soit ~1 nm de diamètre de porosité), séparent la DOM de faible poids moléculaire (LMW DOM pour low molecular weight DOM ) de la DOM de haut poids moléculaire (HMW DOM pour high molecular weight DOM). En surface, la majorité (60-75 %) du carbone organique dissous (DOC) passe au travers des membranes d'ultrafiltration de porosité de 1000 Da. Dans les eaux profondes, le LMW DOC représente 75-80 % du DOC, indiquant que la fraction LMW DOM est la fraction majoritaire de la matière organique dans les océans (Benner, 2002). La majorité du LMW DOM dans les eaux profondes est sous forme combinée, comme en témoignent les conditions hydrolytiques sévères requises pour libérer les acides aminés libres dissous (DFAA pour Dissolved Free Amino Acids) et les sucres neutres (polysaccharides) lors de leur caractérisation moléculaire (Druffel et al., 1992; Borch & Kirchman, 1997; Skoog & Benner, 1997). Les formes monomériques des principales classes de biomolécules (i.e. acides aminés, sucres, acides gras) ont typiquement des tailles moléculaires supérieures à 100 Da, ce qui signifie que l'ultrafiltration tangentielle à 1000 Da laisse passer au travers de ses pores des molécules ayant moins de 10 sous-unités de monomère (Benner, 2002). Malheureusement, cette coupure à 1000 Da, devenue classique pour les données de géochimie, ne correspond pas à la limite de taille des molécules pouvant traverser directement les membranes cellulaires des microorganismes (<~600Da) (Nikaido & Vaara, 1985). I.1.1.2 Teneurs en DOC dans les eaux profondes Les progrès analytiques en géochimie ont été considérables ces 20 dernières années depuis les travaux controversés de Suzuki et al. (1985) et Sugimura & Suzuki (1988) décrivant un "nouveau" DON et DOC (Hedges, 2002). Actuellement, les mesures analytiques utilisent deux types de références fournies par le Hansell Laboratory (Université de Miami) : (1) une référence d'eau de mer profonde correspondant à des échantillons collectés à 2600 m dans la Mer des Sargasses (Deep Sea Water Reference à 44-46 µM DOC, Bermuda Biological Station for Research, INC.) et (2) une référence de faible contenu en carbone (Low Carbon Water d'un contenu d'environ 2 µM DOC). 1 Unité de masse souvent utilisée par les biochimistes, le dalton, qui est la masse d’un atome d’hydrogène, vaut 1,67×10-24 g. Il est symbolisé par Da. 4 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs Les concentrations en DOC sont relativement uniformes en profondeur (Amon & Benner, 1996), variant entre ~35 et 45 µM dans les océans (Sharp et al., 1995; Benner, 2002) et ~50 µM en Méditerranée (Cauwet et al., 1997; Avril, 2002; Sempéré et al., 2002). Cette uniformité de la teneur en DOC des eaux profondes semble refléter une large fraction réfractaire (Amon & Benner, 1996). Le pool du DOC apparaît effectivement résistant lorsqu'on considère son age apparent estimé entre 4000 et 6000 ans, respectivement dans l'Océan Atlantique Nord (Williams & Druffel, 1987) et l'Océan Nord Pacifique (Bauer et al., 1992). Une telle longévité, en contraste avec une homogénéité des teneurs en DOC, nous incite à rechercher les processus intervenant dans la régulation du DOC dans le domaine océanique profond. I.1.1.3 Disponibilité de la DOM Le stock de DOM dans les océans se présente sous une large gamme de composés allant des petites molécules simples (tels que les acides aminés libres dissous (DFAA) ou les carbohydrates) qui ont un "turn over" de la minute à la journée (Keil & Kirchman, 1991; Kirchman et al., 1991; Keil & Kirchman, 1992) aux structures moléculaires complexes (tels que les substances humiques) qui ont un "turn over" du siècle au millénaire (Williams & Druffel, 1987; Bauer et al., 1992). Carlson (2002) propose un schéma conceptuel présentant les différentes fractions du DOC le long de la colonne d'eau (Figure I-1). Afin de prendre en compte à la fois la faible disponibilité, le faible poids moléculaire et la fraction non-caractérisée de la DOM, Amon & Benner (1996) proposent le modèle du "continuum taille-réactivité". Ce modèle suggère que lorsque la matière organique est décomposée, elle devient moins bioréactive et plus petite en taille. Ainsi, la bioréactivité de la matière organique décroît comme suit : POM → HMW DOM → LMW DOM; chaque fraction de taille se compose d'un continuum de composition, de réactivités et d'états diagénétiques (Amon & Benner, 1996). 5 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs 0 500 Labile 1000 Sem i-labile Profondeur (m) 1500 R éfractaire 2000 B A 2500 3000 3500 4000 0 10 20 30 40 50 60 70 D O C (µM C) Figure I-1. Schéma conceptuel de la distribution du DOC réfractaire, semi-labile et labile le long de la colonne d'eau. Le pool réfractaire est séparé en DOC ayant un turn over sur une échelle de temps (A) supérieure et (B) inférieure à la durée du cycle de la circulation générale des océans (Carlson, 2002). I.1.1.4 Accumulation de la DOM La DOM réfractaire serait formée à partir de composés labiles, par des réactions de condensation par la lumière et les métaux, ou par la modification du matériel LMW au cours des processus biologiques (Carlson, 2002 et références incluses). Ainsi, Keil & Kirchman (1994) ont démontré que des protéines labiles sont transformées abiotiquement en protéines réfractaires. Ogawa et al. (2001) ont démontré, qu'en moins de 48 heures, de la HMW DOM réfractaire est produite après utilisation de composés labiles (acide glutamique, glucose) et persiste pendant plus d'une année. Hedges et al. (2000) suspectent que la matière organique serait "capsulée" créant ainsi un bouclier rendant les processus de minéralisation des microflores hétérotrophes plus difficiles. La Figure I-1 présente le DOC du domaine océanique profond réfractaire à l'échelle de temps (A) supérieure ou (B) inférieure à la durée du cycle de la circulation générale des océans. Les travaux de Hansell & Carlson (1998), qui mettent en évidence un gradient de DOC profond de 14 µM entre l'Atlantique Nord et le Pacifique Nord, semblent indiquer qu'une portion du DOC profond réfractaire disparaît à une vitesse de l'ordre 10-3 à 10-4 an-1. Anderson & Williams (1999) proposent un modèle couplant photochimie et biologie dans lequel le DOC profond est 6 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs biologiquement réfractaire mais photochimiquement réactif. Une fois exposée aux radiations UV de surface, le DOC réfractaire serait transformé par photo-oxydation ou par cassage de la DOM réfractaire en DOM labile et utilisé par les bactéries hétérotrophes (Mopper et al., 1991). Ces mécanismes photochimiques interviennent certainement dans la disparition de la DOM réfractaire de surface, mais comme le fait remarquer Williams (2000), ces processus sont limités à la zone de sub-surface et ne peuvent être pris en compte dans le gradient de DOC réfractaire observé par Hansell & Carlson (1998). Williams (2000) propose un autre modèle de décomposition du DOC profond, dans lequel les bactéries associées aux particules en cours de chute supportent une courte phase de croissance et servent ainsi d'intermédiaires à la disparition du DOC profond réfractaire. Mais peut-on attribuer aux bactéries associés aux particules qui chutent la disparition du DOC profond réfractaire ? La pression hydrostatique qui augmente le long de la colonne d'eau n'a-t-elle pas un effet inhibiteur sur ces bactéries originaires des couches océaniques superficielles et donc en principe adaptées à la seule pression atmosphérique ? Des processus physiques, chimiques, microbiens doivent donc réguler ce DOC profond dit "réfractaire" puisque ses teneurs restent stables et que l'océan profond ne s'est pas encore transformé en "soupe" de matière organique réfractaire! I.1.1.5 Composition moléculaire de la DOM La composition moléculaire de la matière organique dissoute n'est que peu référencée, pourtant il y a un besoin évident de la caractériser dans un futur proche (Hedges, 2002). Les profils complets sur l'ensemble de la colonne d'eau n'ont été réalisés que pour 2 classes biochimiques, les acides aminés et les sucres (Benner, 2002). Les acides aminés les plus abondants sont l'acide glutamique, l'acide aspartique, la glycine et l'alanine (Huberton et al., 1995; Mccarthy et al., 1996; Amon et al., 2001; Benner, 2002). Les profils des acides aminés totaux dissous (THAA) affichent des concentrations variant entre 200 et 500 nM en surface et entre 80 et 160 nM en profondeur dans les océans polaires (Huberton et al., 1995). Keil & Kirchman (1999) donnent des concentrations en Mer des Sargasses variant entre 167 nM à 1000 m et 810 nM en surface. Les acides aminés constitueraient environ 1 à 3 % du DOC en surface et 0,8 à 1,8 % du DOC en profondeur. Les substances humiques représenteraient entre 5 et 25 % du pool de DOC en surface, et entre 15 et 25 % dans l'océan profond, la plus grande part du DOC restant en fait chimiquement indéfinie (Benner, 2002). 7 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs I.1.2 Apports nutritifs au domaine profond I.1.2.1 Le POC, principal vecteur de carbone et d'énergie en profondeur Le milieu pélagique profond est caractérisé, entre autres, par une teneur en composés organiques directement assimilables insuffisante pour soutenir la croissance des bactéries profondes. Le flux de particules constitue la principale source de carbone et d'énergie utilisable pour le métabolisme des microflores profondes. Ainsi 40 à 100 % du flux de carbone organique particulaire (POC) seraient utilisés par les bactéries dans la zone mésopélagique (200-1000 m), suggérant un couplage étroit entre le flux de POC et les bactéries libres de la zone mésopélagique (Cho & Azam, 1988). Récemment, Nagata et al. (1998) suggéraient que ce transfert "POC en cours de chute → DOC → bactéries" existe également dans la zone bathypélagique (en dessous de 1000 m de profondeur), permettant la mise en place d'une "boucle microbienne" dans le domaine océanique profond (Tanaka & Rassoulzadegan, 2002). En effet, au cours de leur chute, les particules sont solubilisées à la fois par des processus de solubilisation et de fragmentation abiotiques (Karl et al., 1988), et par des processus d'hydrolyse enzymatique (Cho & Azam, 1988). L'intervention des bactéries lors de la chute des particules pourrait avoir une grande influence sur le cycle océanique du carbone (Azam & Long, 2001; Kiørboe & Jackson, 2001). Nous discuterons plus en détail de ce couplage possible entre la chute des particules et le métabolisme des microflores profondes dans le manuscrit n°4 (Tamburini et al., soumis-c). La matière organique qui a été produite en surface subit donc d'importantes transformations au cours de son transit à travers la colonne d'eau (Wakeham & Lee, 1989). Il est classiquement admis que plus de 90 % de cette matière organique sont en fait recyclés dans la colonne d'eau. La nature chimique de la matière organique qui atteint le sédiment est donc à la fois le reflet de sa source, des processus de dégradation subits au cours de son transit, processus qui dépendent eux même de sa vitesse de chute, et de sa composition d'origine. I.1.2.2 Composition moléculaire du POC Les acides aminés les plus abondants dans le POC sont, comme dans le DOC, l'acide glutamique, l'acide aspartique, la glycine, et l'alanine. Les acides aminés contribueraient pour environ un quart du carbone organique total en surface, et pour environ 16 % en profondeur (Cowie & Hedges, 1994; Lee et al., 2000). Cowie & Hedges (1992), ainsi que Lee et al. (2000), estiment que l'acide glutamique (Glu), l'arginine (Arg) et les acides aminés aromatiques sont plus labiles que les autres acides aminés puisque leur teneur diminue avec la 8 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs profondeur. Par contre, la glycine (Gly) et la sérine (Ser) seraient mieux conservés le long de la colonne d'eau (Cowie & Hedges, 1994; Nguyen & Harvey, 1997). La Figure I-2 illustre la composition relative en acides aminés retrouvée à différents niveaux de l'océan. 25 105 m 1000-3000 m 20 Sediment % mole 15 10 5 0 Asp Glu Ser His Gly Thr Arg Ala Tyr Met Val φ-Ala Ile Leu Lys Figure I-2. Composition relative moyenne des acides aminés (en % mole) du POC à105m, entre 1000 et 3500m et dans les sédiments du Pacifique Central Equatorial. Schéma réalisé d'après les données de Lee et al. (2000). Les échantillons provenaient de pièges à particules situés à 105 m de profondeur; pièges à particules situés à 1000 et 3000 m de profondeur; sédiments. Asp, acide aspartique; Glu, acide glutamique; Ser, sérine; His, histidine, Gly, glycine; Thr, thréonine; Arg, arginine; Ala, alanine; Tyr, tyrosine; Met, méthionine; Val, valine; Φ-Ala, phénylalanine; Ile, isoleucine; Leu, leucine; Lys, lysine. Ce qu'il y a de plus surprenant dans les nombreuses données recueillies sur le carbone organique particulaire dans l'Océan Pacifique Central Equatorial (Wakeham et al., 1997; Hedges et al., 2000; Lee et al., 2000; Hedges et al., 2001), c'est la proportion de carbone organique non caractérisé qui augmente avec la profondeur (Figure I-3). 9 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs Figure I-3. Flux de carbone organique particulaire (POC) et fractions correspondantes en acides aminés, carbohydrates, lipides et la fraction non caractérisée du carbone organique (contenu en C d'une classe de composé en pourcentage du carbone organique total) dans des échantillons de plancton, de pièges à sédiment, et de sédiments dans le Pacifique Central Equatorial. La fraction du carbone organique non-caractérisée d'un point de vue moléculaire augmente avec la profondeur pour devenir le constituant majeur des échantillons de POC profonds (Wakeham et al., 1997; Hedges et al., 2000). I.2 Processus de minéralisation de la matière organique Ce travail de thèse a pour objectif l'estimation des processus microbiens agissant dans la dégradation de la matière organique, en respectant le plus possible les conditions du milieu profond. Cet objectif nous emmène (1) à définir et choisir des traceurs pertinents et, (2) à maintenir les conditions de prélèvement et d'incubation les plus proches de celles des conditions in situ. Dans les paragraphes précédents, on a pu constater que le stock de matière organique dans les environnements aquatiques profonds est principalement sous forme de macromolécules qui nécessitent un pré-conditionnement préalable avant leur incorporation à l'intérieur des cellules bactériennes. Une hydrolyse enzymatique extracellulaire est nécessaire pour scinder les molécules de taille supérieure à 600 Da qui ne peuvent être transportées à travers les membranes cellulaires microbiennes (Nikaido & Vaara, 1985). L'activité de ces enzymes est, dans la plupart des cas le facteur limitant à la fois la décomposition du matériel organique et la croissance bactérienne (Hoppe, 1983; Chrost & Velimirov, 1991). Ces enzymes sont exprimées principalement par les bactéries. Selon la définition donnée par Priest (in Hoppe, 10 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs 1983), les enzymes extracellulaires sont généralement localisées à l'extérieur de la membrane cytoplasmique (on parle d'ectoenzymes ou enzymes extracellulaires). En l'état actuel des connaissances, les données de la géochimie organique ne permettent pas de définir clairement le contenu de la matière organique dans les océans. Toutefois, la classe de composés la mieux connue est vraisemblablement celle des peptides et des acides aminé; c'est donc sur l'utilisation de ce groupe de composés que j'ai basé ce travail de thèse. La Figure I-4 schématise les différentes mesures réalisées qui focalisent essentiellement sur la minéralisation des polymères organiques peptidiques, leur utilisation pour soutenir la biomasse bactérienne et leur minéralisation par les populations profondes (le produit final des processus métaboliques étant le CO2). Les mesures que nous avons systématiquement réalisées sont : - comptage total des cellules bactériennes, - mesure des activités ectoenzymatiques aminopeptidase et phosphatase, - assimilation et respiration du 14C-glutamate, - production de biomasse bactérienne. Figure I-4. Schéma des processus microbiens impliqués dans la reminéralisation de la matière organique en milieu profond. En jaune, apparaissent les mesures réalisées au cours de ces travaux : activités ectoenzymatiques, activités aminopeptidase et phosphatase; Assimilation et respiration DOM < 600 Da : utilisation du 14C-glutamate pour suivre l'assimilation et la respiration d'un monomère simple; Production bactérienne, mesurée à l'aide de la leucine tritiée. Les microflores profondes sont-elles adaptées à utiliser la matière organique profonde dite réfractaire ? Comment peut-on s'approcher de la mesure de vitesses réelles plutôt que potentielles dans le domaine océanique profond ? 11 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs I.3 Adaptation des microflores à la forte pression hydrostatique La découverte des sources hydrothermales océaniques profondes en 1977 a suscité un nouvel intérêt pour le domaine océanique profond, mais en fait les premières études biologiques du domaine océanique profond peuvent être créditées à l'Expédition du Challenger (1873-1876) (in Jannasch & Taylor, 1984). La découverte de spécimens vivant à de grandes profondeurs détruisait la théorie d'une zone azoïque, au-dessous de 600 m, suggérée dans les années 1840 par Edward Forbes. Dès 1883, Certes, (cité par Jannasch & Taylor, 1984) a pu observer au microscope des bactéries dans des échantillons profonds (jusqu'à 5000 m) de sédiments et d'eaux. Il note que des bactéries survivent à de fortes pressions hydrostatiques, semblant vivre dans un état de "vie suspendue" jusqu'à 5000 m de profondeur. En 1904, Portier utilise un tube en verre stérile et scellé comme moyen de prélèvement, ce qui lui permet de reporter et compter des bactéries vivantes et formant des colonies à différentes profondeurs (Richard, 1907 in Jannasch & Taylor, 1984). Ce sont ZoBell & Johnson qui réalisent en 1949 les premiers travaux dévolus à comprendre l'effet de la pression hydrostatique sur les microorganismes marins. La synthèse des travaux réalisés par ZoBell et collaborateurs sur les effets des conditions de haute pression hydrostatique sur la physiologie des bactéries profondes peut être trouvée dans la revue de ZoBell (1970). La pression est définie comme une force appliquée sur une surface. Dans la colonne d'eau océanique, la pression hydrostatique augmente d'environ 1 bar [0,1 MPa] tous les 10 m. Différentes unités de pression sont utilisées dans la littérature (1 atm = 1,01325 bars = 1,01325 ×105 Pascals) mais l'unité légale internationale est le Pascal2. Ainsi, la profondeur moyenne de l'océan global étant de 3800 m, la pression hydrostatique moyenne est donc d'environ 38 MPa. ZoBell & Johnson3 (1949) in Yayanos (1995) créent le mot "barophile" pour décrire les bactéries qui ont la capacité de croître et d'entretenir leur métabolisme aussi bien, ou même mieux, sous une pression élevée qu'à la pression atmosphérique. Yayanos (1995) propose le terme de piezophile plus approprié d'un point de vue étymologique puisque le préfixe "piezo" donne le sens de "pression" alors que "baro" a un sens de "poids". Dès 1949, ZoBell & Johnson montrent qu'il y a des effets concomitants dus à la basse température et à la forte 2 Par définition l'unité légale de pression est le Pascal de symbole Pa. C’est la pression exercée par une force pressante de 1 N sur une surface plane de 1 m2. 3 ….barophilic [piezophilic] is a term to describe "the ability to grow and carry on metabolism as well or better under increased pressure" 12 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs pression sur le métabolisme bactérien; on parle alors de bactéries psychropiezophiles lorsque les bactéries sont adaptés à la fois à la température basse et la forte pression. La Figure I-5 schématise les relations entre les taux de croissance microbienne et la pression hydrostatique. Taux de croissance [Td-1 (h-1)] 0,5 piezotolérante piezophile 0,4 0,3 0,2 piezosensible 0,1 0 0 20 40 60 80 100 Pression (MPa) Figure I-5. Comportement des différents types de bactéries, exprimé par leur taux de croissance en fonction de la pression hydrostatique (Abe & Horikoshi, 2001). La suite de ce chapitre présentera dans un premier temps les principaux travaux de laboratoire consacrés aux effets de la pression hydrostatique au niveau cellulaire et moléculaire. Ces travaux décrivant les différentes adaptations physiologiques mises en évidence sur des cultures de bactéries piezophiles nous amèneront à considérer, dans un deuxième temps, les techniques qu'il est nécessaire de mettre en œuvre pour obtenir une mesure réellement significative des activités métaboliques exercées par les microflores dans les écosystèmes soumis à de fortes pressions hydrostatiques. I.3.1 Expériences en laboratoire De nombreux travaux ont été réalisés sur les effets d'un accroissement de la pression hydrostatique sur des bactéries non marines mais piezotolérantes comme Escherichia coli. Ces travaux apportent, sans aucun doute, des informations majeures sur la capacité des bactéries à s'adapter à un stress quelconque comme l'accroissement de la pression hydrostatique. Toutefois, nous ciblerons cette analyse plus spécifiquement sur les travaux effectués sur des bactéries isolées du milieu océanique profond et ayant un comportement piezophile. L'objet de ce paragraphe est de réaliser une synthèse des connaissances actuelles de la réponse des bactéries adaptées aux fortes pressions hydrostatiques à des variations de ce facteur. 13 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs I.3.1.1 Taxonomie Le prélèvement, la culture et la purification sans décompression de bactéries prélevées à très grande profondeur a nécessité la mise en œuvre d'une technologie spécifique. Ainsi, très peu d'espèces bactériennes ont pu être isolées et identifiées dans ces conditions du domaine benthique profond. La première culture pure d'une souche bactérienne réellement piezophile (souche CNPT-3) a été reportée en 1979 (Yayanos et al., 1979). Cette culture a été obtenue à partir de crustacés collectés au moyen d'un piège maintenant la pression hydrostatique in situ. Cette bactérie, de type Spirillum, présentait un temps de doublement compris entre 4 et 13 heures sous une pression de 50 MPa alors qu'à pression atmosphérique son temps de doublement était de 3 à 4 jours et ne permettait pas la formation de colonies. L'analyse des séquences de l'ADNr 16S et 5S a montré que toutes les bactéries piezophiles et psychrophiles, isolées et identifiées, sont affiliées à l'un des 5 genres de la subdivision gamma de la classe des Proteobacteria (γ-Proteobacteria) : Shewanella, Photobacterium, Colwellia, Moritella et un nouveau groupe contenant la souche CNPT-3 (Delong et al., 1997; Kato, 1999; Yanagibayashi et al., 1999). Le Tableau I-1 présente la liste des espèces de bactéries piezophiles isolées et identifiées. Tableau I-1.Liste des espèces de bactéries isolées du domaine profond identifiées comme des bactéries piezophiles (Kato & Qureshi, 1999). Genre Espèce Souche Piezophilie 1 Référence Colwellia C. hadaliensis BNL-1 extrême (Deming et al., 1988) Photobacterium P. profundum SS9, DSJ4 modérée2 (Nogi et al., 1998b) Shewanella S. benthica PT-99, DB- modérée, (Deming et al., 1984; Macdowell & series obligatoire et Moritella Colwell, 1985; Kato et al., 1998; Li et al., extrême 1998; Nogi et al., 1998a) S. violacea DSS12 modérée (Nogi et al., 1998a) M. japonica DSK1 modérée (Nogi et al., 1998a) M. yayanosii DB21MT-5 extrême (Kato et al., 1998; Nogi & Kato, 1999) 1 Bactéries piezophiles extrêmes sont définies comme les bactéries qui ne sont pas capables de croître à des pressions inférieures à 50 MPa. 2Bactéries piezophiles modérées sont définies comme les bactéries ayant un optimum de croissance à une pression de moins de 40 MPa et capables de croître à pression atmosphérique. Les études menées sur ces bactéries piezophiles nous renseignent sur l'adaptation des structures membranaires et des processus vitaux aux fortes pressions hydrostatiques, et a contrario, sur les effets d'une décompression sur ces mêmes structures. 14 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs I.3.1.2 Modifications au niveau de la structure membranaire Les bactéries marines attachées à des particules chutant dans la colonne d'eau, ou migrants avec des organismes, ou soumises à des processus de transports verticaux de masses d'eaux subissent des changements drastiques de pression hydrostatique. L'accroissement de la pression hydrostatique, tout comme la diminution de la température, provoquerait un changement dans la composition phospholipidique des membranes cellulaires entraînant une rigidification de la membrane lipidique (Delong & Yayanos, 1985). L'isolation de la bactérie piezophile, CNPT-3, qui a un optimum de croissance entre 30 et 50 MPa, a permis de prouver que la composition membranaire d'une bactérie adaptée à de fortes pressions hydrostatiques était différente de celle de ses homologues du même genre mais non adaptées à la pression. Une plus grande quantité en acides gras insaturés est retrouvée chez les bactéries se développant sous de fortes pressions hydrostatiques. Delong & Yayanos (1985) ont observé que les changements de composition membranaire en acides gras induits par une augmentation de pression étaient similaires à ceux provoqués par une diminution de la température. L'augmentation de la pression, tout comme la baisse de la température, provoque une rigidification de la membrane cellulaire et une diminution de la fluidité membranaire. Pour compenser ce phénomène, les bactéries piezophiles et les bactéries piezotolérantes assurent le maintien de la fluidité membranaire en augmentant la proportion des acides gras monoinsaturés (Abe et al., 1999). Bartlett et al. (1989) ont montré que la protéine transmembranaire OmpH (outer membrane protein, H pour haute pression) est produite en grande quantité par la souche SS9 de Photobacterium profondeum (barophile facultative ou piezomesophile dont l'optimum de croissance est situé autour de 20-30 MPa). Ces auteurs montrent que la souche SS9 exprime un programme génétique pour développer la synthèse de protéines de type OmpH en réponse à un accroissement de pression hydrostatique, alors que les porines fonctionnant à pression atmosphérique (OmpL) sont sensibles à l'accroissement de pression hydrostatique. Les porines de type OmpH fourniraient un plus gros canal, et seraient moins spécifiques que les porines de type OmpL. Une telle propriété fournirait un avantage nutritionnel à ces organismes vivant dans les conditions particulièrement oligotrophes du domaine océanique profond (Bartlett, 1999). 15 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs I.3.1.3 Modifications au niveau du mécanisme respiratoire Pour étudier la régulation du système respiratoire par la pression, les cytochromes de type-c et une quinol-oxydase terminale ont été purifiés de S. benthica DB172F (Qureshi et al., 1998a; Qureshi et al., 1998b). Ces auteurs ont purifié deux cytochromes c (l'un membranaire; c-551, l'autre cytoplasmique; c-552). Ils montrent que le cytochrome c-551 est exprimé à 0,1 MPa et à 60 MPa tandis que le cytochrome c-552 est exprimé seulement à 60 MPa (Qureshi et al., 1998b). A cette forte pression un complexe quinol-oxydase membranaire a été identifié et considéré comme l'accepteur terminal d'électrons (Qureshi et al., 1998a). Kato (1999) montre qu'un changement de pression altère les composantes de la chaîne respiratoire. Cet auteur suggère l'existence de 2 types de systèmes respiratoires, l'un fonctionnant à 0,1 MPa et l'autre à 60 MPa. Il fait l'hypothèse qu'à 0,1 MPa, 3 complexes enzymatiques rentrent en jeu alors qu'à 60 MPa la chaîne respiratoire est plus compacte avec 2 systèmes enzymatiques qui permettent le transport d'électron avec comme accepteur terminal d'électron une quinoloxydase. I.3.1.4 Adaptation au niveau des enzymes ectocellulaires L'activité protéasique de la serine alkaline d'une bactérie piezotolérante (croissance optimale à 0,1 MPa) Sporosarcina sp. isolée de la fosse du Japon à 6500 m de profondeur est quasiment doublée à 60 MPa par rapport à son activité à pression atmosphérique (Kato et al., 1995). L'activité de cette protéase augmente lorsque la pression augmente montrant qu'il peut y avoir une adaptation au niveau de l'activité ectoprotéasique bactérienne. Les bactéries du domaine océanique profond semblent donc être munies des "outils" nécessaires pour hydrolyser les macromolécules en plus petits composés pour subvenir à leurs besoins anaboliques et cataboliques. I.3.1.5 Mécanismes moléculaires régulés par la pression Les équipes du laboratoire japonais DEEPSTAR et du laboratoire de Bartlett ont mis en évidence la présence de 3 cadres ouverts de lecture (open reading frame appelés ORF1, ORF2 et ORF3) et de 5 sites d'initiations de la transcription régulés par la pression de la bactérie piezophile S. benthica DB6075 (Kato, 1999; Kato & Qureshi, 1999). ORF1 et ORF2 forment ainsi un seul promoteur transcriptionnel régulé par la pression et a pu être cloné à une bactérie mésophile (S. violacea DSS12) qui a ainsi exprimé son maximum transcriptionnel à une pression plus élevée (50 MPa au lieu de 30 MPa) (Abe et al., 1999). Selon les résultats des analyses de transcription, ces auteurs ont montré que la transcription est exprimée à forte 16 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs pression hydrostatique (maximale à 70 MPa) pour la souche de S. benthica DB6705. Toutefois, les fonctions et les régulations précises des ORF1 et 2 dans l'opéron "pressionrégulée" sont en cours d'investigation. I.3.2 Activités microbiennes obtenues en condition de pression hydrostatique in situ Après avoir isolé un nombre conséquent de bactéries du domaine océanique profond, ZoBell (1968 in (Jannasch & Taylor, 1984) statue que : "Bien que la plupart des bactéries provenant du domaine océanique profond survivent, cette observation ne permet pas de prouver que certaines bactéries, les plus sensibles d'entre elles, ne sont pas détruites au cours de la décompression. La réponse à cette interrogation requiert l'examen des bactéries originaires du domaine océanique profond en maintenant les conditions in situ de pression sans leur faire subir de décompression". Deux approches peuvent être développées pour satisfaire cette requête : - La première est la mesure d'activités microbiennes in situ. Cette technologie nécessite l'emploi de sous-marins, actuellement remplacés par des ROVs (remotely-operated vehicle) ou l'utilisation de chambres benthiques. Cette approche est destinée avant tout à l'étude du domaine benthique : l'eau proche du fond et les sédiments superficiels. - La seconde est le développement de systèmes de prélèvement permettant de maintenir la pression hydrostatique au cours du prélèvement d'un échantillon, lors de sa remontée et lors de son incubation. Cette dernière approche permet avant tout d'étudier les bactéries libres du domaine océanique profond. L'article qui est présenté ci-après (manuscrit n°1 - Bianchi et al., soumis-a) présente une synthèse bibliographie des activités microbiennes mesurées à l'aide de système de prélèvement d'échantillon en maintenant les conditions de pression hydrostatique. 17 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs 18 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs I.4 Manuscrit n°1 EFFECT OF PRESSURE CONDITIONS ON MICROBIAL ACTIVITY MEASUREMENTS IN DEEP-SEA WATER: A REVIEW Armand Bianchi*, Christian Tamburini, Jean Garcin Microbiologie Marine, UMR 6117 CNRS - INSU, Université de la Méditerranée, COM, Campus de Luminy, case 907, F-13288 Marseille, cedex 9, France *Corresponding author: [email protected] Manuscript submitted to Marine Ecology Progress Series (in revision in December 2002) 19 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs Préambule Entre les travaux de ZoBell & Johnson sur les effets de la pression hydrostatique sur le métabolisme bactérien publiés en 1949 et la fin des années soixante, peu d'études ont été consacrées aux activités microbiennes du domaine océanique profond. Ce n'est qu'un accident de navigation qui a suscité un regain d'intérêt pour ce thème de recherche. En effet, en 1968, l'Alvin, le sous-marin de l'Institut Océanographique de Woods Hole, coule par 1500 m de profondeur en emportant heureusement avec lui que les sandwiches destinés à son équipage. Lorsque l'Alvin est renfloué 10 mois plus tard, les sandwiches sont retrouvés intacts. Cette absence de dégradation d'un apport en matériel organique, pourtant fortement énergétique, ne manque pas de surprendre les microbiologistes de Woods Hole. Ainsi, dès la remise en état de l'Alvin, Holger W. Jannasch et ses collaborateurs s'engagent dans une série d'expérimentations in situ à l'interface benthique par 1500 m de fond au large de leur Institut. Ces auteurs utilisent l'Alvin pour déposer sur le fond océanique différentes solutions nutritives qui restent en incubation in situ sur des périodes s'étalant jusqu'à 51 semaines. Ces premiers résultats conduisent Jannasch et al. (1973) à conclure à un effet inhibiteur de la pression hydrostatique sur les bactéries du domaine océanique profond puisque les activités mesurées in situ à 1830 m étaient d'un à trois ordres de grandeurs plus faibles que celles mesurées sur des échantillons témoins incubés à pression atmosphérique. Or, en opposition avec les conclusions de cette équipe pionnière, il est maintenant clairement accepté que la décompression affecte le métabolisme bactérien (ZoBell & Oppenheimer, 1950; Jaenicke, 1987; Straube et al., 1990; Turley & Lochte, 1990; Bianchi & Garcin, 1993; Bianchi & Garcin, 1994; Poremba, 1994; Patching & Eardly, 1997; Tholosan et al., 1999). Afin d'éclaircir ce paradoxe de nature à obérer toute conclusion sur les activités réelles des microflores profondes, nous présentons, dans l'article qui suit, l'évolution des techniques d'expérimentation in situ et de collecte d'échantillons en maintenant les conditions de pression ambiantes ainsi qu'une synthèse de l'ensemble des mesures d'activités microbiennes obtenue sans décompression publiées à ce jour dans la littérature. 20 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs I.4.1 Abstract The deep-sea account for almost 90 % of the total global ocean volume. Here bacteria are subjected to hydrostatic pressures exceeding 10 MPa. Since these pressure conditions are known to affect bacterial growth kinetics, it is important to prevent pressure shock from occurring when measuring microbial activity in samples taken from the deep-sea. This review discusses the different experimental strategies devised to satisfy this requirement. Of the 117 assays reported in the current literature, 105 assays of these report metabolic rates measured on samples collected and incubated without pressure shock (Vhp) and concomitantly on their decompressed counterpart (Vdec). Using this data set, the difference between the two measured rates is highly significant (p<0.0002), and Vhp = Vdec x 2.95 ± 5.10 (mean ± SD, n=105). This ratio demonstrates that when the water column is stratified, the metabolic rates measured on decompressed samples have been substantially underestimated. Conversely, during periods of mixed water, the rates measured on decompressed samples have been overestimated by more than one order of magnitude relative to those measured under in situ pressure conditions. Because the pressure effect is highly variable, a single factor cannot be used to correct rates measured with decompressed samples. KEY WORDS: Bacteria. Respiration. Production. Enzymatic activity. Deep-sea. Pressure I.4.2 Introduction The World's oceans have an average depth of 3800 m, and the deep-sea, usually defined as below 1000 m (Jannasch & Taylor, 1984), accounts for 88% of its global area. Bacteria are well known to colonize this large domain until its deepest part (Yayanos, 1985). Research into the effects of high-pressure conditions on the physiology of deep-sea bacteria has been developed over the last century, and a synthesis of these works can be found in ZoBell (1970). In this early period, the effect of pressure on microbial activity was studied on samples subjected to a double pressure shock, decompression during retrieval and then recompression. This stress is likely to alter the measurements of microbial activities suspected to intervene in the nutrient cycling in the ocean. This lead to the development of techniques for collecting deep-seawater samples avoiding decompression. The aims of this paper are 1) to present the different approaches which have been used to sample and cultivate bacteria without decompression, 2) to present the published data on microbial activity measurements which have been carried out in deep-sea waters under ambient pressure conditions, 3) to use this data set to statistically define whether or not pressure conditions intervene on the measurement of 21 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs microbial activities in deep-water samples, and ultimately 4) to estimate if the whole data set allowed to calculate a single factor to significantly correct rates measured with decompressed samples. I.4.3 Data from the literature The first assays to measure bacterial activity without decompression were performed by Seki & Robinson (1969). They compared glucose uptake (250 µg l-1 final substrate concentration) measured on samples decompressed during retrieval then incubated at atmospheric pressure or recompressed in the laboratory. Their counterparts were incubated within the sampling bottles, which were kept “in situ” at the filling depth for 4 hours. Authors showed that for samples collected at 200 m, decompression did not affect the measured activity. However at 400-m decompression induced significant reduction for up to 60% of the uptake measured in situ (Table 1). The first pressure retaining-samplers were described by Macdonald & Gilchrist (1969) and by Gundersen & Mountain (1972). However, these authors did not use these samplers for bacterial activity measurements. Then, Jannasch & Wirsen (1973) performed a series of incubations at the water-sediment interface at 1830 m depth, using the manned submersible Alvin. Sterile incubation bottles containing starch, agar or gelatine solution at 1g l-1 were deposited on the seafloor and filled with bottom seawater. Incubation was in situ until recovery by means of the submersible, i.e. over a 51-weeks period. For other experiments, in situ incubation lasted 14 weeks and added substrates were 14 C-labeled mannitol, acetate, glutamate or casamino acids at final concentrations of 30, 10, 5 and 2 µg l-1. In both experiments, substrate degradation was determined by a single end point measurement. Data are reported as the percentage of substrate utilised during the incubation period (Table 1). Incubation periods were 12 months for samples maintained on the seafloor, and only onemonth for those incubated under atmospheric pressure. To compare the efficiency of bacterial degradation over the 2 incubation conditions, the authors applied a multiplying factor of 12 to the rates measured under atmospheric pressure. The authors used this factor with no evidence of the linearity of degradation rates over so long incubation periods in 120-ml closed systems. Indeed, it is obvious that this factor introduced an overestimation of the rates estimated under atmospheric pressure conditions. Furthermore, during the in situ experiments, bacteria were submitted to decompression during the filling of the sampling bottles (Jannasch & Wirsen, 1973). These experimental defects may explain the observed slow down in the response of 22 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs deep-sea microbial populations when kept under ambient pressure conditions relative to their decompressed controls. To overcome the problems of decompression during filling, and to the single end point measurement, Jannasch et al. (1973) designed a 1-l pressure retaining sampler/incubation vessel. This equipment was used to compare microbial activity in 4 pairs of ambient pressure samples and decompressed deep-sea samples (Jannasch et al. 1976). Data they presented refer to time course experiments lasting up to 16 days (Table 1). Added substrates were L-U-14Cglutamic acid in the former assay, and a mixture of U-14C-labeled amino acids in the later; final concentrations were about 5 mg l-1. This equipment allows 13-ml sub-samples to be retrieved without decompression in the main culture, but each sub-sample requires the addition of an equivalent volume of sterilised seawater, which then dilutes the remaining culture. As the high-pressure samples were incubated within the sampling bottle, the several day incubation periods limit the sample numbers to be analysed during a cruise. To overcome this limitation Jannasch & Wirsen (1977) designed a sampler to retrieve deep water at ambient pressure, and to concentrate microbial populations. Bacteria from a 3-liter sample were concentrated into a 13-ml volume and stored, independently of the sampling unit, under ambient pressure and temperature. The sampler may then be sterilised again ready for other deployments, while the concentrated sample is processed immediately, or later in the land laboratory. The authors used this equipment to collect water samples at 2600m depth in the North Atlantic. These samples were concentrated and stored for 45 days before transferring into incubation bottles where experiments were carried out to measure the incorporation and respiration of 14C-labeled casamino acids at a final concentration of 5 mg l-1. Incubations were maintained over 13 days for a time series experiment, with sub-sampling avoiding decompression of the main culture at 1, 3, 5, 8, 11 and 13 days (Table 1). Ultimately Jannasch & Wirsen (1982) published data from a series of 15 pairs of seawater samples, each pair including a sample collected at ambient pressure using the high-pressure sampler and its decompressed counterpart collected using a Niskin baggy sampler. Samples were retrieved at depths ranging from 1800 to 6000 m at 8 sampling stations in the Atlantic Ocean. The authors used a series of diverse 14 C-labeled organic compounds (glutamate, casamino acids, glucose, or acetate) at one of two final concentrations, 0.5 and 5.0 mg l-1. Time series experiments lasted between 300 and 550 hours, the first sub-sample being 23 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs withdrawn within 12 to 80 hours of incubation. Data are presented as a series of graphs showing substrate utilisation (incorporation or respiration) throughout the incubation period in both decompressed and ambient pressure samples. Jannasch and Wirsen (1982) reported a single “barophilic” response in samples collected at 4500-m depth. In all other assays the rates of 14 C incorporation and respiration measured were lower at ambient pressure than in the decompressed controls (Table 1). These observations lead the authors concluding that ambient pressure conditions had a negative effect on microbial activity in the deep-sea. The plethoric substrate enrichment, and the delay between the starting point of the incubation period and the first sub-sampling, could support these conclusions. Simultaneously, Colwell and collaborators developed two samplers (sample volume 350 and 400 ml) and a pressure retaining transfer system (Tabor & Colwell, 1976). Deming et al. (1980) reported measurements carried out on 5 samples taken at ambient pressure in the Puerto Rico trench at 3450-7730-m depth. Substrates were labelled using 14C-glutamic acid or 14 C-amino acid mixture (final concentrations ranging between 0.12 and 0.50mg l-1), and incubation was between 43 and 326 days. More than 73 % of the utilised substrate was used for energy yielding processes. But the percentage of added substrate utilised was surprisingly low relative to previous observations (Deming et al. 1980). This article reports data referring to the deepest sample never collected and incubated respecting ambient pressure conditions (7750-m). Unfortunately, these authors did not measure activities in the same samples after decompression (Table 1), preventing any estimation of the effect of pressure conditions on metabolic activity measurement. Using the same equipment, Tabor et al. (1981) provided data of substrate utilisation by microbial populations from 5 samples collected at 3500 or 5220 m depth in the Atlantic. Added substrates were 14C- glutamic acid (between 21 and 96 µg l-1, final concentration) and 14 C- sodium acetate (4.6 µg l-1). Total uptake rates were obtained using sub-samples drawn off over time intervals of 1 to 130 days. The data set reports 5 uptake rates measured under ambient pressure conditions ranging from 10 to 71 ng l-1 d-1. Within this data set, authors compared samples taken at ambient pressure and their decompressed counterparts for a unique pair of sample. The rate measured from ambient pressure samples was 38 times greater than that measured under atmospheric pressure (Table 1). Bianchi & Garcin (1993) used a 1.5-l high-pressure sampler, and a pressure-retaining transfer bench. Six samples were collected using this gear from the Mediterranean Sea at 1100-m, in the Gulf of Marseille during a period of water stratification. Bacterial incorporation of 24 14 C- Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs glucose (1.0 µg glucose l-1, final concentration) was studied over time course experiments lasting 3 hours. Carbon incorporation rates measured in sub-samples transferred in 150-ml HP syringes kept under ambient pressure conditions. These rates were compared to those obtained from subsamples transferred to the 150-ml HP syringes, but decompressed following transfer, and to those obtained from samples decompressed during collection using a Niskin bottle fixed 1 m above the pressure-retaining sampler on the same hydrowire. Incubation was carried out at in situ temperature (i.e. 13°C). These assays used a short incubation period to minimise changes in bacterial communities in enclosed containers. Data, presented in the form of kinetics graphs, showed that during the period of water stratification the incorporation rate measured within the ambient pressure samples is higher relative to their decompressed counterpart (Table 1). The same authors used this equipment to collect water at 1100 m in the Ligurian Sea, at periods in the year where different hydrological conditions could be observed. During the warmer period the water column was stratified, in the winter period the water masses were mixed (Bianchi & Garcin, 1994). Incorporation rates of 14 C-glucose (added at 5.8 nM, final concentration) were measured during time course experiments lasting 3 hours at 13°C (in situ temperature). During the stratified water period, bacteria exhibited barophilic behaviour, as previously observed in the Marseille area. They were significantly (at p <0.05) more active when incubated under ambient pressure (59.5 ± 10.9 pg C l-1 h-1, n = 8) than under atmospheric pressure (23.6 ± 14.4 pg C l-1 h-1, n = 8) (Table 1). In stratified water conditions, samples collected at 1100-m depth are actually representative of the deep water-masses. Such deep-water masses include bacteria adapted to the ambient pressure conditions. During the mixed-water period, bacteria collected at the same depth from the same sampling station responded differently. Bacteria in samples decompressed appeared significantly (at p <0.005) more active (421.2 ± 43.3 pg C incorporated l-1 h-1, n = 3) than the ambient pressure samples (14.5 ± 6.3 pg C incorporated l-1 h-1, n = 3). During the winter period, cooling of the sea surface locally produces a cascading of surficial water to the depth. In these mixed water conditions, samples collected at 1100 m correspond to surface water recently downwelled to the sampling depth with its native bacterial population. These surficial organisms are not adapted to the effects of high-pressure conditions, so their metabolic rates are slowed down when kept under deep-sea conditions. This inhibition being reversible, they retrieve their original metabolic rates when incubated under atmospheric pressure conditions. Due to the Mediterranean Sea homeothermy, except the superficial layer, temperature conditions are 25 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs quite identical (13°C) through the whole water column whatever the season. Incubation conditions respected this homogeneous ambient temperature, so the observed change in metabolic activity resulted only from change in pressure conditions. The results show that even at 1100-m bacterial activities vary depending on the season and on hydrological conditions. Such variability highlights the necessity to collect microbial activity measurements along side with conventional hydrological parameters, which determine the origin and the history of the studied water masses. Ignoring these key parameters could make difficult interpretation of microbial activity variability through time and space. To allow high-pressure growth experiments to be conducted over a time course using a single undivided bacteriological culture, Tholosan et al. (1999) designed a 5-l high-pressure sampler (HPS). They used this equipment to study 27 pairs of samples. Each pair included the water sample taken at ambient pressure and incubated in the HPS, and a decompressed sub-sample withdrawn from the high-pressure sampler. Twenty-four samples were collected in the Ligurian Sea between 800 and 2000 m at the same sampling station. Additionally, 3 samples were collected between 900 and 1150 m in the Gulf of Marseille. Twenty four sub-samples were labelled using 14C-glucose or 14C-amino acids mixture (10 nM, final concentration), and 15 sub-samples were labelled using 3H-thymidine (10 nM, final concentration), to measure 14 C- uptake and bacterial production rates, respectively. Incubation was at in situ temperature (13°C), and time course experiments lasted 12 hours. Graphs present the depth profiles of 14Cuptake rates or bacterial biomass production rates, for ambient pressure samples and decompressed samples obtained during each of the 6 cruises successively done on this sampling station (Table 1). This allows a statistical study on the effect that pressure conditions have on measured metabolic rates to be carried out. The effect of decompression is estimated by the ratio of the rate measured under ambient pressure conditions to the rate measured on decompressed samples (Pe). Among this set of 39 pairs of data, 34 showed a decrease in potential metabolic activity when samples were analysed away from their natural hydrostatic conditions (Pe >1). Only one sample showed a negative effect of ambient pressure (Pe = 0.89), while four others appeared unaffected by pressure (Pe ~ 1). An overall estimation of Pe shows that the measured metabolic rates were nearly 3.5 times higher in the ambient pressure samples than in their decompressed counterparts: Pe = 3.72 ± 1.17, n = 24, for carbon uptake and Pe = 3.48 ± 1.22, n = 15, for bacterial production rates. This series of repetitive sampling demonstrated that, even in the deep-water masses, bacterial activity is far from constant throughout the year. This variability can not be restricted to a 26 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs seasonal scale. Important variations in metabolic rates may be observed in the same water masses over just a few days. Bianchi et al. (1999 a) repeatedly collected seawater samples at 1150 m at the same sampling station during a 12-day cruise. During this interval of time, amino acid uptake and bacterial biomass production rates increased 8- and 24-fold, respectively (Table 1). Furthermore, bacterial populations collected at the beginning and end of this period reacted differently to changes in pressure conditions. In the earlier phase of the study, bacteria collected at 1150 m were adapted to ambient pressure (Pe = 2.2 and 1.5 for uptake and production rates, respectively), while those collected 12 days later were unaffected by pressure conditions (Pe ~1). During the same period, the scanning electron microscope observations and in situ observations using an Underwater Video Profiler showed a 2-fold increase in particle concentrations. Most of these particles were identified as faecal pellets produced by zooplankton which migrate regularly through the water column. The authors suggest that such repetitive migration could induce the selection of bacterial populations which are unaffected by pressure changes. In order to obtain microbial activity data, unbiased by decompression during retrieval, but having the same frequency of sampling used in measurement of other hydrological parameters, and avoiding any delay in sample processing as implicated by the gear proposed by Jannasch & Wirsen (1977), Bianchi et al. (1999 b) developed a high-pressure serial sampler (HPSS). This device, based on a commercially available multi-sampling device that includes a CTD, may be equipped with eight 500-ml high-pressure bottles. The HPSS allows to collect 8 ambient pressure water samples at different depths during the same hydrocast, down to a depth of 3500 m. In this article, authors used 3H-leucine (5 nM final concentration) to determine bacterial carbon production in samples collected at 850, 1300, 1500 and 2000-m from the same water column in the Ligurian Sea. Decompressed and ambient pressure samples were treated in exactly the same way: each pair of samples was collected into 2 identical high-pressure bottles, which were filled at the same time through the same 2-way valve. One of these bottles was kept at the in situ pressure, the other, fitted without a check valve, was progressively decompressed as it came up to the surface. Data shows that during a stratified water period, production rates measured on decompressed samples are underestimated (Table 1). Previous studies performed under ambient deep-sea conditions measured bacterial production or the uptake of low molecular weight compounds. Yet, deep-sea bacteria are mainly fuelled by high-molecular weight compounds carried down by sinking particles. Indeed, 27 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs ectoenzymatic hydrolysis of large biopolymers into smaller molecules is a preliminary and obligatory step for the degradation of organic matter in aquatic systems (Chrost, 1991). The first assays to measure ectoenzymatic activities of deep-seawater natural microbial communities under ambient pressure conditions were carried out by Tamburini et al. (2002). These authors used the HPSS to measure aminopeptidase and phosphatase rates and bacterial production rates, on decompressed and ambient pressure samples collected between 1000 and 2000-m, through the same water column in the Ligurian Sea (Table 1). Assays were run over time course experiments at in situ temperature using the analogue substrates (Leu-MCA and MUF-phosphate, respectively) at saturation concentrations. At 2000 m, the rates for aminopeptidase and phosphatase activities measured under ambient pressure conditions ranged between 386 and 835 pM MCA h-1, and 443 and 468 pM MUF h-1, respectively. During the water stratification period, decompression of samples inhibited hydrolytic activity by nearly 50%, and the effect appeared at 1000 m. I.4.4 Discussion I.4.4.1 Advantages and disadvantages of previous experimental strategies To measure microbial activities in deep-water samples under ambient pressure conditions, 3 different experimental strategies have been used: a) In situ incubation of seawater samples within the sampling bottle kept at depth with the hydrowire (Seki & Robinson, 1969). Such processing implies that the research vessel is immobilised for the entire incubation period. An excessive cost in ship time is likely to be the reason why this technique has not been used by other microbiologists. b) In situ incubation of samples at the water sediment interface, by using a man-operated submersible (Jannasch & Wirsen, 1973). In addition to the excessive cost of diving operations, the difficulty to manage an adequate incubation period and the impossibility to carry out time course experiments have drastically restricted the use of this strategy. c) Sampling and incubation using pressure-retaining bottles (Jannasch et al. 1973; Tabor et al. 1981; Bianchi & Garcin, 1993). The advantage of this experimental strategy is that time course experiments may be run as sub-samples can be taken off without decompressing the main culture. When stowed on a multi-sampler device, microbial activity measurements may be modelled on the sampling strategy used for other hydrological parameters (Bianchi et al., 1999). 28 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs I.4.4.2 Influence of factors other than pressure conditions on the measured metabolic rates The pioneering studies under ambient pressure conditions used incubation periods up to 1 year (Jannasch & Wirsen, 1973), and plethoric substrate concentrations ranging between 5 µg l-1 and 5 g l-1. Furthermore, these authors used different periods of incubation for decompressed and ambient pressure samples (Jannasch & Wirsen, 1973). Today such conditions appear unsatisfactory, as the linearity of metabolic rates for so long incubation periods in small volume sealed vessels is unlikely, making difficult to define what does the microbial activities measured during these assays mean. The comparisons between decompressed and undecompressed samples published during this early period are made difficult by diverse experimental inconsistencies, like the use of different samplers and incubation vials to measure activities under ambient pressure and under atmospheric pressure conditions. These experimental differences probably explain the discrepancies between experimental results reported by these authors. Some authors (Seki & Robinson, 1969; Tabor et al. 1981; Bianchi & Garcin, 1993) observed an inhibitory effect of decompression relative to the samples incubated under ambient pressure condition, whereas Jannasch & Wirsen, (1973; 1982) observed the opposite behaviour. Evidence that decompression alters microbial activity measurement in deep-sea water samples has only been provided recently using the high-pressure serial sampler. This equipment enables the comparison of metabolic rates measured on two samples simultaneously collected into two identical containers, via the same entry valve, and then processed exactly in the same manner, except pressure conditions (Bianchi et al. 1999 b). Moreover, each step of the bacterial organic matter mineralization is adapted to ambient pressure conditions (Bianchi et al. 1999 a,b; Tholosan et al. 1999; Tamburini et al. 2002) I.4.4.3 Is there statistical evidence showing the effect of sample decompression on metabolic rates measurement? To define whether or not decompression of deep-sea samples affects the measure of metabolic rates, we used the set of data that concomitantly report the metabolic rates measured on the undecompressed sample and on its decompressed counterpart (table 1). Only data obtained using different incubation period for undecompressed and decompressed samples (Jannasch & Wirsen, 1973) were excluded from this study. This comparison concerns 105 pairs of samples. A t-test performed on this set of data shows that the pressure effect ratio is 29 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs statistically different from 1 (p<0.0002). This means that there is a highly significant difference between metabolic rates measured under ambient pressure conditions and their counterparts measured on decompressed samples. I.4.4.4 Is it possible to define a factor to correct data obtained on decompressed samples? This evidence suggests that most of the microbial activity data currently published from deepwater samples are under-estimated, as they were obtained using conventional samplers, and were therefore decompressed during retrieval. It should be of interest to find a correction factor in order to validate these data. When we consider the above cited pool of 105 pairs of samples, the average value for the pressure effect is 2.95 ± 5.10 (± SE). The Box-and-Whisker plots, shows that the median value for Pe is 1.7 (n=105) (Fig. 1), but only fifty percent of the values are included between 1.0 and 2.6. Such a distribution and variability of the ratio Pe suggest that there is little value in using either the average or the median value as a constant factor to correct microbial metabolic rates obtained from decompressed samples. Pe 45 40 35 n = 77 Average = 4.5 Median = 2.2 30 25 20 15 10 5 0 Figure 1. Box-and-Whisker plot of the pressure effect (Pe) in stratified period conditions. n=77 with 14 data from (Bianchi & Garcin, 1994); 3 from (Bianchi et al., 1999a); 39 from (Tholosan et al., 1999); 7 from (Tholosan, 1999); 4 from (Bianchi et al., 1999b); 10 from (Tamburini et al., 2002). 30 Chapitre I – L'Etude du domaine océanique profond : intérêts et impératifs I.4.4.5 Conclusion The collected data set shows that decompression affects microbial activity measurement of deep seawater samples. Decompression affects all the metabolic processes studied, bacterial respiration and assimilation, protein biosynthesis, thymidine incorporation into DNA and also ectoenzymatic activity like aminopeptidase and alkaline phosphatase. Effects of decompression are variable, making difficult to use a constant factor to correct the metabolic rates measured on decompressed samples. Specific equipment allows valuable measurements of microbial activity in deep seawater to be made at the same frequency as other parameters. The immediate task for marine microbiologists will be to improve the sensitivity of the microbiological techniques and decrease the substrate addition so as to mimic natural concentrations, in order that actual metabolic rates can be measured in deep-sea microbial populations. From this, it should be possible to calculate the actual flow of matter and energy processed via microbial activity throughout the water column, including the deep sea. This would produce better integration of microbiological data when modelling nutrient cycling in the oceans. Acknowledgements. - This work was partially funded by the Institut National des Sciences de l'Univers and Total-Fina-Elf (grant n° 11 997 – CNRS/ENTREPRISE). C.T. was supported by a fellowship co-funded by INSU and Total-Fina-Elf. Authors greatly thank Jean Pierre Durbec for helpful comments for statistical treatment of data, and Tracy Bentley for improving the English language. I.4.5 Literature cited Bianchi A, Garcin J (1993) In stratified waters the metabolic rate of deep-sea bacteria decreases with decompression. Deep-Sea Res I 40: 1703-1710 Bianchi A, Garcin J (1994) Bacterial response to hydrostatic pressure in seawater samples collected in mixed-water and stratified-water conditions. 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MATERIEL ET METHODES II.1 Présentation des sites d'étude Les sites d'études présentés dans ce mémoire sont localisés en Méditerranée (Figure II-1) : - en Mer Ligure, dans le programme DYFAMED, - en Mer Ionienne, lors de la campagne Européenne BioDeep, - en Méditerranée Nord-occidentale, dans le Golfe du Lion dans le Canyon LacazeDuthiers. La Méditerranée fournit la possibilité d'étudier la minéralisation de la matière organique par les microflores profondes en séparant les effets de deux facteurs abiotiques généralement concomitants : l'accroissement de pression hydrostatique et la chute de température. En effet, contrairement aux Océans, la Mer Méditerranée présente une relative homéothermie de 13°C dès la sub-surface jusqu'en profondeur. De plus, cette mer constitue un véritable modèle réduit de l'océan en général puisque dans une échelle spatiale limitée on peut trouver la formation d'eau profonde et de mouvement d'upwelling et des systèmes de type oligotrophe jusqu'à des zones plus riches en éléments nutritifs (zones eutrophes). Figure II-1. Carte représentant les différents sites étudiés. 35 Chapitre II – Matériel et méthodes II.1.1 Mer Ligure La station DYFAMED (DYnamique des Flux de mAtière en MEDiterranée) est située à 28 milles nautiques au sud-est de Nice (43°25' N, 07°52' E; profondeur maximale de 2300 m) sur la radiale Nice-Calvi (Figure II-2) et présente l'avantage d'être une station d'études à séries temporelles du programme pluridisciplinaire JGOFS-France (Joint Global Ocean Flux Studies) depuis 1988. Un des objectifs du programme JGOFS est de mieux comprendre le rôle de l'Océan dans le cycle global du carbone. Le centre du bassin Liguro-Provençal Catalan, où se situe la station DYFAMED, constitue un milieu homogène isolé des apports terrigènes directs de la côte et hors influence du courant provençal-catalan. Seuls les apports atmosphériques constituent des apports terrigènes significatifs. Pour ces raisons, la station DYFAMED est considérée comme une station océanique généralement dépourvue d'advection horizontale (Marty et al., 1994). Figure II-2. Localisation de la station DYFAMED, station de séries temporelles JGOFS-France. Bénéficiant des différentes études pluridisciplinaires sur ce site, nous pouvons le caractériser d'un point de vue hydrologique et géochimique. La structure hydrologique de la Méditerranée Nord Occidentale est maintenant bien connue (voir la synthèse récente de Send et al., 1999). Très succinctement, la colonne d'eau de la station DYFAMED épaisse de 2300 m comprend selon Béthoux et al. (1988) : (1) une masse d'eau de surface (0-200 m) caractérisée par des variations saisonnières de température, (2) une eau intermédiaire d'origine Levantine (Levantine Intermediate Water, LIW) caractérisée par 36 Chapitre II – Matériel et méthodes une salinité supérieure à 38,45, une forte concentration en nutriments et un minimum d'oxygène situé entre 300 et 400 m et (3) une eau profonde plus froide et moins salée que la LIW. Cette masse d'eau, l'eau profonde méditerranéenne occidentale (Western Deep Mediterranean Water, WDMW), caractérisée par une température (12,70°C) et une salinité (38,40) stable toute l'année, est formée via des convections profondes dans le Golfe du Lion. Entre les eaux de surface et la LIW, l'eau intermédiaire d'hiver (Winter Intermediate Water, WIW) est souvent observée. La synthèse des concentrations en nutriments et des pigments phytoplanctoniques réalisée par Marty et al. (2002) de 1991 à 1999 nous renseigne sur les systèmes de production variant en fonction des successions hydrologiques saisonnières du système mésotrophe au printemps au système oligotrophe en été et en automne. Dès 200 m de profondeur, les concentrations en nitrates sont comprises entre 7 et 8 µM, en phosphates entre 0,4 et 0,5 µM et en silicates entre 5 et 8 µM. Les concentrations en nitrates, phosphates et silicates atteignent respectivement 2-3, 0,15-0,2 et 2-3 µM au cours des mélanges hivernaux. Les concentrations des nutriments décroissent en surface avec l'accroissement de la stratification pour atteindre des concentrations à la limite de détection des méthodes (<0,05 µM) de Juin à Novembre. La distribution de la biomasse phytoplanctonique suit l'hydrologie de la zone et la distribution des nutriments. Marty et al. (2002) ont établi que dans cette zone, les eaux de surface montrent une limitation en N en hiver et au printemps et une limitation en P durant les conditions oligotrophes en été et en automne. La production primaire annuelle varie entre 86 et 232 g C m-2 an-1. La moyenne sur 7 ans (de 1993 à 1999) est égale à 156 g C m-2 an-1, ce qui permet de considérer la zone comme étant oligotrophe (Marty & Chiaverini, 2002). Les valeurs maximales atteignent 1,8 g C m-2 d-1 en mars ou avril; les valeurs les plus basses sont observées d'octobre à janvier, dans une gamme de 100 à 300 mg C m-2 d-1. Ces mêmes auteurs estiment que l'export potentiel de production varie dans une gamme de 19 à 71 g C m-2 an-1, valeurs concordantes avec celles de Béthoux (1989) obtenues en utilisant une méthodologie différente. L'export annuel de carbone organique dissous (DOC) pour les 100 premiers mètres est estimé à 12 g C m-2 an-1 (Avril, 2002), valeur proche de celle observée par Carlson et al. (1994). Ces valeurs apparaissent largement plus importantes que les flux particulaires moyens mesurés à l'aide de piège à sédiments à 200 et 1000 m de profondeur (respectivement 5 g C m-2 an-1 et 1,2 g m-2 an-1 par Miquel et al., 1994; 7 g C m-2 an-1 par Marty et al., 1994) et que les flux de grosses particules qui représentent environ 10 % de la production primaire durant la période mésotrophe 37 Chapitre II – Matériel et méthodes (Stemmann et al., 2002). Ce résultat suggèrerait qu'à la station DYFAMED, le carbone exporté par diffusion et advection des masses d'eau vers le domaine profond est essentiellement issu du COD accumulé dans la couche de surface (Lefèvre et al., 1996). La station DYFAMED a été visitée en avril 2000, septembre 2000, mars 2001 et novembre 2001 pour un échantillonnage le long de la colonne d'eau entre 10 et 2000 m de profondeur. Les prélèvements de sédiments n'ont pu être réalisés qu'en septembre 2000, les conditions météorologiques n'ayant pas permis la réalisation de carottages lors des autres campagnes programmées dans ce but. II.1.2 Mer Ionienne Au cours de la campagne européenne BioDeep (BIOtechnology from the DEEP), 4 bassins profonds hypersalés et anoxiques (DHAB) ont été visités (Figure II-3); trois bassins très proches, Discovery (35°16'61N, 21°41'42E), L'Atalante (35°18'14N, 21°23'43E), et Urania (35°13'70N, 21°31'14E), et le bassin Bannock (34°21'64N, 20°02'26E). Ces DHAB sont à une profondeur d'environ 3500 m. Pour pouvoir comparer les vitesses des activités mesurées dans ces environnements extrêmes très particuliers, nous avons également échantillonné l'ensemble de la colonne d'eau sus-jacente. Figure II-3. Localisation des bassins profonds hypersalés et anoxiques visités lors de la campagne BioDeep. 38 Chapitre II – Matériel et méthodes Trois masses d'eaux principales peuvent être caractérisées en mer Ionienne (Malanotte-Rizzoli et al., 1997). Les eaux atlantiques modifiées (MAW pour Modified Atlantic Water; Tmoy = 17,84 / Smoy = 38,46) présentent un minimum de salinité en sub-surface (entre 30 et 200 m de profondeur). Cette masse d'eau surplombe les eaux intermédiaires levantines (LIW pour Levantine Intermediate Water), identifiées par une salinité maximale, aux profondeurs situées entre 200 et 600 m. La masse d'eau profonde, en-dessous de 1600 m, est plus froide et moins salée que les eaux méditerranéennes orientales (EMDW pour Eastern Mediterranean Deep Water), la principale origine de cette masse profonde étant l'eau de mer profonde de l'Adriatique (ADW pour Adriatic Deep Water). A ces trois masses d'eaux principales, deux masses d'eaux peuvent être ajoutées : une couche de transition (mélange des LIW et EMDW) occupe les profondeurs situées entre 600 et 1600 m, et une eau de sub-surface qui, en été, peut être différenciées de la MAW car plus salée et plus chaude (Figure II-4). 17,0 16,5 IDW 16,0 MADW Theta (°C) 15,5 LIW 15,0 14,5 14,0 Transition de EMDW 13,5 13,0 ADW 12,5 12,0 38,7 38,8 38,8 38,9 38,9 39,0 39,0 Salinité Figure II-4. Diagramme Theta/S (température/salinité) en Mer Ionienne obtenu à l'aide de la CTD de l'HPSS au cours de la campagne BioDeep en Août 2000. ADW: eaux adriatiques profondes (Adriatic Deep Water); Transition de EMDW: masses d'eaux profondes, transition entre eaux méditerranéennes profondes orientales (Eastern Mediterranean Deep Water) et ADW; LIW : eaux levantines intermédiaires (Levantine Intermediate Water); MAW: eaux atlantiques modifiées (Modified Atlantic Water). Masses d'eaux déterminées d'après Malanotte-Rizzoli et al. (1997). La production primaire de surface et le flux particulaire (à 200m), estimés par Moutin & Raimbault (2002) entre mai et juin 1996 dans la même zone, étaient respectivement de 303 et 4,2 mg C m-2 d-1. Le DOC est maximum vers 70-100 m de profondeur (≈2,5 mg C l-1; Henneke & De Lange, 1990). En dessous cette couche, ces auteurs montrent que la concentration en DOC est quasi constante avec une valeur d'environ 1,5 mg C l-1. Les valeurs de POC décroissent graduellement avec la profondeur de 20 à 5 µg C l-1. Henneke & De 39 Chapitre II – Matériel et méthodes Lange (1990) ont montré que le DOC et le POC s'accumulent à l'interface eau de mer oxygénée/saumure atteignant des valeurs respectives d'environ 4 mg C l-1 et de 150 µg C l-1. Dans les saumures de Bannock, les concentrations en POC (50 µg l-1) sont 10 fois plus importantes que dans l'eau de mer oxique susjacente. Les concentrations en DOC varient, dans les saumures entre 2,5 et 4 mg C l-1 (Henneke & De Lange, 1990). II.1.3 Mer Méditerranée Nord-occidentale Au cours de la campagne AMIBE (Activités Microbiennes BEnthiques), l’ensemble des prélèvements de sédiments profonds (18 carottages multitube et 3 positionnements de la Chambre Benthique) s’inscrit dans un carré de moins de 900 m de coté dans l’axe du Canyon Lacaze-Duthiers à 900 m de profondeur (42°27 N, 03°29 E). La zone de référence côtière est située dans la baie de Banyuls à 37 m de profondeur (42°27 N, 03°09 E). Le Canyon Lacaze-Duthiers se situe dans le Golfe du Lion en Méditerranée Nord Occidentale (Figure II-5). La sédimentation et la distribution des particules sont contrôlées principalement par l'environnement hydrodynamique. La circulation océanique est influencée par le courant Liguro-Provençal Catalan (LPC), courant cyclonique arrivant de la Mer Ligure le long de la pente continentale du Golfe du Lion. Le LPC entraîne les eaux atlantiques modifiées de surface (MAW d'une profondeur de 100-200 m) entrées par le détroit de Gibraltar et une partie des eaux levantines (LIW). Sous les LIW, l'eau méditerranéenne profonde occidentale (WMDW) suit également les isobathes vers le sud-ouest (Millot, 1990). Les apports de matières organiques sont à la fois d'origine continentale issus du plateau et de la pente continentale, et d'origine biologique (production primaire) (Monaco et al., 1990a,b). Les apports terrigènes dans la zone d'étude sont à 90 % assurés par le Rhône (Monaco et al., 1990a). Les échantillons des pièges à sédiments et des sédiments disposés dans le Canyon Lacaze-Duthiers dévoilent un caractère détritique plus marqué en hiver. A l'opposé, les apports advectifs de matière organique fraîche sont accrus de mars à mai (Buscail et al., 1990; Monaco et al., 1990a,b). La partie superficielle du sédiment ("fluf") contient environ 0,8 % de TOC (poids sec, Buscail et al., 1990). L'apport annuel des flux de carbone déterminés à l'aide de pièges à sédiments en 1994-1995 donnait un flux de 10,7 g C m-2 an-1 dans l'axe du Canyon (Heussner et al., 1996 in Schmiedl et al., 2000). 40 Chapitre II – Matériel et méthodes Figure II-5. Localisation des stations visitées au cours de la campagne AMIBE dans l'axe du canon LacazeDuthiers. AXE : station profonde 900 m (42°27 N, 03°29 E); VC : vase côtières de la Baie de Banyuls à 37 m de profondeur (42°27 N, 03°09 E). II.2 Moyens à la mer II.2.1 Prélèvements dans la colonne d'eau de mer II.2.1.1 Description de l'HPSS Les prélèvements d'eau de mer ont été effectués en utilisant le préleveur multiple hyperbare (HPSS pour High Pressure Serial Sampler, Figure II-6). Brièvement (pour des détails complémentaires voir Bianchi et al., 1999b), l'HPSS est constitué d'un Carrousel SBE 32 nonmodifié (Sea-Bird Electronics Inc.; Bellevue, WS 98005, USA) sur lequel on peut installer, par exemple, 6 bouteilles de prélèvement hyperbares d'un volume interne de 500 ml (HPSU pour High Pressure Sampler Unit) aux côtés de 5 bouteilles Niskin. Couplée au Carrousel, la sonde CTD SBE 911plus nous permet de contrôler en temps réel, via le câble électroporteur du navire jonction entre le Carrousel et l'unité de pont (SBE 11plus Deck Unit) et un 41 Chapitre II – Matériel et méthodes ordinateur, la pression hydrostatique à l'intérieur des HPSU en même temps que les données hydrologiques classiques (salinité, température, pression, oxygène, etc…). Figure II-6. Photographie du préleveur multiple hyperbare (HPSS) (Bianchi et al., 1999b). II.2.1.2 Principe d'une HPSU Le principe d'une bouteille de prélèvement hyperbare (HPSU) est basé sur celui d'une seringue (Figure II-7). Le corps est en acier inoxydable chemisé d'un revêtement chimiquement inerte en PEEK. Avant de virer l'HPSS à l'eau, le piston est positionné en butée en tête de l'HPSU; le traceur (choisi pour la mesure d'une activité microbienne) est injecté dans la canalisation d'entrée. Au cours de la descente, l'étanchéité des bouteilles est vérifiée en s'assurant que la pression interne des HPSU reste égale à 0,1 MPa. A la profondeur désirée pour remplir l'HPSU, la vanne d'ouverture est déclenchée (par commande directe via l'ordinateur de bord et la CTD). La pression hydrostatique externe provoque le déplacement du piston. Ce déplacement est ralenti par un frein hydraulique, la chambre basse de l'HPSU étant remplie d'eau distillée qui s'écoule lentement au travers d'un fin cathéter (0,01") dans le réservoir de fuite à pression atmosphérique. Ce dispositif permet un remplissage progressif et sans changement de pression hydrostatique de l'échantillon, ce qui est vérifié par l'enregistrement en continu de ce paramètre. 42 Chapitre II – Matériel et méthodes Figure II-7. Schéma du remplissage d'une bouteille de prélèvement hyperbare (HPSU). (*) La vanne d'ouverture est déclenchée par l'expérimentateur via le câble électroporteur du navire. Lorsque la vanne d'ouverture est déclenchée, la pression hydrostatique pousse le piston flottant posé sur un frein hydraulique. L'eau distillée en chambre basse de la seringue, va s'évacuer lentement dans le réservoir de fuite à pression atmosphérique via un fin cathéter (Bianchi et al., 1999b). Une fois le remplissage terminé (environ 15 min), lors de la remontée, la pression hydrostatique de l'échantillon est maintenue par des clapets anti-retour. A bord du navire, les HPSU sont incubées à température in situ. Le prélèvement de souséchantillons s'effectue en exerçant une contre pression, supérieure d'environ 0,2 MPa à la pression in situ pour faire remonter le piston. Ainsi, l'échantillon principal ne subit pas de décompression tout au long de l'incubation, et l'analyse des sous-échantillons permet de suivre le devenir au cours du temps du traceur injecté en début de manipulation. II.2.1.3 Cas particulier de l'échantillonnage sans décompression dans les DHAB Lors de la campagne BioDeep, les prélèvements dans la colonne d'eau oxique ont été effectués à l'aide de l'HPSS; par contre, dans les bassins profonds hypersalés et anoxiques (DHAB) ont été réalisés à l'aide d'une bouteille hyperbare d'un volume de 5 litres (HP-5L). Le principe de l'HP-5L est identique à celui des HPSU. Pour les besoins particuliers de la 43 Chapitre II – Matériel et méthodes mission, un module autonome de prélèvement (nommé MODUS/SCIPACK) adapté à prélever à l'intérieur des bassins hypersalés a été conçu par la société Tecnomare S.p.A. L'HP-5L était installée sur ce module aux côtés de bouteilles Niskin (Figure II-8). L'échantillon obtenu à l'aide de l'HP-5L était transféré sans décompression dans des bouteilles de prélèvements hyperbares de 500 ml (HPSU) et le devenir des traceurs injectés suivis au cours du temps comme décrit précédemment. Figure II-8. Photographie de la bouteille hyperbare de 5 litres (HP-5L) montée aux côtés de bouteille Niskin sur un support (Scipack) spécifiquement conçu par la société Tecnomare S.p.A. pour pénétrer dans les bassins profonds hypersalés et anoxiques (DHAB). II.2.2 Prélèvements du sédiment Les activités métaboliques microbiennes dans l'eau proche du fond et les sédiments ont été mesurées sur différents types d’échantillons : - Des échantillons prélevés classiquement dans une carotte (carottier multitubes : diamètre de 10 cm, longueur entre 30-50 cm) dans laquelle on prélève d’abord l’eau proche du fond par siphonnage, puis les niveaux sédimentaires successifs par souscarottage au moyen d’une seringue à l’extrémité tronquée. Ces différents souséchantillons sont incubés séparément en présence de traceurs (14C-glutamate, MCALeu, MUF-P) fournis dans différentes gammes de concentrations, du niveau trace (i.e. inférieur à la concentration naturelle) jusqu’à une concentration saturante. - Des incubations in situ au moyen du "Banyuls Lander" effectuées en collaboration avec Francis de Bovée (OSU Banyuls-sur-Mer), les traceurs étant injectés dans l’eau 44 Chapitre II – Matériel et méthodes surnageante. Dans ce cas l’incubation est effectuée à la température et à la pression in situ (Figure II-9), des sous-échantillons sont prélevés séquentiellement dans l’eau surnageante pour définir la cinétique de minéralisation du glutamate, ou d’hydrolyse du polymère injecté. Pendant toute la durée d’incubation la consommation d’oxygène est mesurée dans une chambre analogue à la chambre d’injection (Picon, 2000). - Des échantillons où l’interface eau-sédiment est préservée, en mettant en incubation aussitôt après leur collecte des tubes du carottier contenant le sédiment et son eau surnageante non perturbée. Les mêmes traceurs que ci-dessus sont injectés dans l’eau surnageante à concentration trace ou à concentration saturante. Ces carottes incubées nous permettaient de suivre l'évolution du traceur injecté en essayant de perturber le moins possible les conditions in situ (interface eau-sédiment conservée, température in situ) excepté le facteur de pression hydrostatique seul paramètre différant de celui des incubations effectuées à l'aide du "Banyuls Lander". 3 1 2 Figure II-9. Schéma d'une chambre benthique. (1) barreau d'agitation; (2) sonde à oxygène; (3) seringues de prélèvement et d'injection. Dans le cas du "Banyuls Lander" qui comporte 4 chambres benthiques, 2 chambres étaient équipées de sondes à oxygène (2), les 2 autres de seringues (3). 45 Chapitre II – Matériel et méthodes II.3 Abondance et biomasse bactérienne II.3.1 Préparation des échantillons d'eau de mer Pour le comptage des cellules bactériennes, des sous-échantillons (de 5 à 20 ml) étaient récupérés juste après l'échantillonnage et fixés par addition de 2 ml de formaldéhyde tamponné par 70 g l-1 de borate (concentration finale égale à 2 %, filtré sur Acrodisc® 0,2 µm) et conservé à 4°C. L'échantillon est alors filtré, sur une membrane en polycarbonate noire (0,2 µm de porosité, 25 mm de diamètre ; Poretics® Products) posée sur un pré-filtre Whatman GF/C pour homogénéiser la surface de filtration, et coloré par du DAPI à 2-2,5 µg ml-1 en concentration finale (Porter & Feig, 1980). La coloration se fait directement dans la tourelle de filtration pendant 10 min, puis les filtres sont disposés entre lame et lamelle avec de l'huile à immersion (Olympus UVFL.SI). Les lames sont préparées à bord et peuvent être stockées à –18°C jusqu'à visualisation au microscope à épifluorescence. Les bactéries apparaissent alors fluorescentes bleues sous lumière UV. II.3.2 Préparation des échantillons de sédiment Contrairement aux échantillons d'eau de mer, le protocole de comptage des bactéries des sédiments ne bénéficie pas d'une méthodologie consensuelle. Les caractéristiques de granulométrie, de porosité, de structures et de qualités sédimentaires rendent impossible l'utilisation d'une méthode standardisée. II.3.2.1 Technique de la dilution L'échantillon de sédiment destiné au comptage des cellules bactériennes a été préalablement dilué au 1/2 par de l'eau surnageante filtrée sur 0,2 µm et formolée à 5 %. Des dilutions successives sont réalisées (Figure II-10) en effectuant une sonication pendant 2 min. (puissance 75 watts, 60 % d'efficacité) au suspension 1/4 et 1/40. Pour éviter une prolifération bactérienne, la suspension finale (1/1600) est fixée par 1 % de formol en concentration finale. Un volume de 1 ml est filtré sur membrane Poretics® noire de porosité 0,2 µm puis coloré au DAPI (5 µg l-1 en concentration finale) comme les échantillons d'eau de mer. 46 Chapitre II – Matériel et méthodes 1 ml 1/2 1 ml 1 ml 1 ml 1 ml 9 ml 9 ml 3 ml EMF EMF EMF EMF 1/4 1/40 1/400 1/1600 Ultrasonication (2', 75 W, efficacité = 60 %) Figure II-10. Extraction-dilution du sédiment pour le comptage des cellules bactériennes. II.3.2.2 Technique de Parkes Cette technique basée sur les protocoles expérimentaux décrits par Fry (1990) et Getliff et al. (1992) préconise de déposer une quantité définie de 8 µl de sédiment sur un filtre Nuclepore noir de porosité 0,2 µm. Au moins 400 cellules ou 100 champs du microscope doivent être comptés (Fry, 1990) et le nombre de bactéries comptabilisé est doublé pour tenir compte des bactéries supposées cachées sous la face inférieure des particules (Getliff et al., 1992). A partir d'un échantillon dilué au 1/2, 160 µl de sédiment sont dilués dans 10 ml d'eau de mer filtrée formolée. Une sonication de 2 min (puissance 75 watts, 60 % d'efficacité) est effectuée. Un ml de cette solution (i.e. 8 µl de sédiment) est déposé sur le filtre, coloré au DAPI (5 µg l-1 en concentration finale) et filtré comme précédemment. Au vu des premiers essais montrant une sous-estimation d'environ deux ordres de grandeurs par rapport à la technique précédemment décrite, et probablement due au tapis de particules couvrant le filtre, nous avons intercalé, avant la filtration, une phase de 4 heures de décantation. II.3.2.3 Choix de la technique utilisée La comparaison des deux méthodes a été réalisée sur des échantillons de sédiments profond prélevés le 30 et 31 août 1999 sur le site DYFAMED. Les niveaux A, B et C correspondent aux niveaux sédimentaires 0-2 cm, 2-4 cm et 4-6 cm. Les résultats obtenus sont résumés dans le Tableau II-1. Si la méthode de Parkes (M3) peut être écartée sans difficulté, un test t 47 Chapitre II – Matériel et méthodes (méthode des couples) montre que les valeurs obtenues par la méthode M1 sont significativement (p=0,007; n=6) différents de ceux obtenus par la méthode M2. Ce résultat suggère que pour des vases profondes, la technique de la dilution au 1/1600ème s'avère être la plus efficace et a donc été utilisée au cours de cette étude. Tableau II-1. Comparaison de trois méthodes pour le comptage des bactéries dans les sédiments marins profonds. M1 : méthode dilution (1/1600); M2 : méthode de "Parkes" avec décantation de 4 heures; M3 : méthode de "Parkes". Niveau A : 0-2 cm; B : 2-4 cm et C : 4-6 cm. Niveau A Niveau B Niveau C Echantillon du 30/08/02 M1 M2 M3 4,50 × 107 2,45× 107 4,47 × 105 2,67 × 107 1,65 × 107 3,87 × 105 7 7 1,82 × 10 1,53 × 10 3,59 × 105 Echantillon du 31/08/02 M1 M2 M3 3,53 × 107 2,01 × 107 2,44 × 105 3,16 × 107 2,27 × 107 2,76 × 105 7 7 1,86 × 10 1,03× 10 2,23 × 105 II.3.3 Estimation du nombre de bactéries Pour les échantillons d'eau pélagique, le comptage peut s'effectuer semi-automatiquement grâce à un analyseur d'image (Van Wambeke, 1988; Van Wambeke, 1995). Le système utilisé pour ce type de comptage est constitué d'un microscope (Olympus BH-2), muni d'une caméra vidéo (LHESA 4036) connectée à un écran de contrôle de l'image et à une carte de numérisation (Néotech) implantée dans un micro-ordinateur (Macintosh). La digitalisation des images et le comptage sont réalisés à l'aide du logiciel de comptage Micromar développé sur Labview qui numérise x champs du filtre pris au hasard et les enregistre dans un dossier. Le coefficient de variation est généralement compris entre 3 et 20 %. Les fortes valeurs de ce coefficient parfois observées (20 %) correspondent essentiellement à une mauvaise répartition des cellules sur les filtres. Le nombre de bactéries par champ est automatiquement transformé en nombre de bactéries par ml à partir des données de référence de l'échantillon (volume filtré, coefficient de dilution), du système de filtration utilisé (surface interne de la tourelle), de la calibration du microscope (facteur de conversion µm-pixel, surface du champ de détection). Ce dispositif automatique ne peut être utilisé ni pour les échantillons d'eaux profondes, ni pour les eaux proche du fond ni pour les échantillons de sédiment. La présence de nombreuses particules de taille identique à celle des bactéries, non différenciées par l'analyseur d'image monochrome, entraîne dans ces cas des surestimations de l'effectif bactérien. Ces préparations sont donc traitées de manières conventionnelles avec dénombrement par l'opérateur. Le nombre total de bactérie est estimé comme suit : B = N bact× N champs × V ech + V formol × 1 × 1 V ech D V filtré où (Équation II-1) B = nombre total de cellules bactériennes par ml 48 Chapitre II – Matériel et méthodes Nbact = nombre moyen de bactéries par champs Nchamps = nombre total de champs sur le filtre (surface grille/surface filtration) Vech = volume de l'échantillon (ml) Vformol = volume du formol (ml) D = dilution éventuelle Vfiltré = volume d'échantillon filtré (ml) II.3.4 Estimation de la biomasse bactérienne La biomasse bactérienne peut être estimée à partir d'un facteur de conversion biomasse/biovolume ou biomasse/cellule. Le facteur de conversion de 20 fg C bactérie-1 proposé par Lee & Fuhrman (1987) est le plus couramment utilisé dans la littérature pour donner une estimation de la biomasse carbonée bactérienne. Cependant, il apparaît préférable d'utiliser le facteur de 15 fg de carbone bactérie-1 déterminé par Caron et al. (1995) sur des peuplements bactériens de la mer des Sargasses, mer reconnue comme très oligotrophe. Ce facteur est depuis couramment utilisé dans les systèmes oligotrophes : Tanaka & Rassoulzadegan (2002) sur le site DYFAMED, Fukuda et al. (1998) et Nagata et al. (2000) dans les eaux profondes du Pacifique. II.4 Mesure des activités ectoenzymatiques Le stock de matière organique dans les environnements aquatiques est sous forme de macromolécules non directement utilisables pour une incorporation à l'intérieur des cellules bactériennes. En effet, les molécules de taille supérieure à 600 D (HMW DOM) ne peuvent être transportées à travers les membranes cellulaires microbiennes (Nikaido & Vaara, 1985). Ce matériel doit être pré-conditionné par des enzymes extracellulaires, fournissant des composés de faibles poids moléculaires (<600 Da, LMW DOM), avant d'être incorporé à l'intérieur de la cellule et être utilisable pour la croissance bactérienne. L'activité de ces enzymes est, dans la plupart des cas, le facteur limitant à la fois la décomposition du matériel organique et la croissance bactérienne (Hoppe, 1983). Les substrats hydrolysés par les ectoenzymes sont en général des protéines, des carbohydrates, des acides gras et des composés organiques phosphatés. En écologie microbienne, l'estimation quantitative de l'activité enzymatique extracellulaire a été déterminée pour la première fois par Hoppe (1983) et Somville & Billen (1983). Les méthodes décrites par ces auteurs reposent sur l'utilisation de substrats modèles fluorogènes composés d'un agent fluorescent, le 4-méthylcoumarinyl-7-amide 49 (MCA) et le Chapitre II – Matériel et méthodes méthylumbelliferone (MUF). Deux types d'activités ectoenzymatiques ont été mesurées au cours de cette étude, l'activité aminopeptidasique (EAA) à l'aide du substrat analogue MCALeu et l'activité phosphatidique (PA) à l'aide du substrat analogue MUF-P. En ce qui concerne l'activité aminopeptidasique, un nouveau substrat analogue a été également testé (cf. chapitre V) : LYA-Ala4 (Pantoja et al., 1997). II.4.1 Activité aminopeptidasique estimée à l'aide de l'analogue MCA-Leu II.4.1.1 Echantillons aqueux Les échantillons de la colonne d'eau, des saumures de fosses profondes anoxiques, et de l'eau surnageante aux sédiments ont été traités de la même manière. Seules, les gammes de concentrations finales en substrat sont différentes selon de la nature des échantillons. Le substrat classiquement utilisé pour la mesure d'activité aminopeptidasique est la L-leucine7-amino-4-methylcoumarin (MCA-Leu – Sigma Chemical Co.) (Chrost, 1991). La détermination des paramètres cinétiques (la vitesse maximale Vmax et la constante de demisaturation Km) a été réalisée sur les échantillons décomprimés selon la méthode des multiconcentrations. Pour les échantillons d'eau de mer et les saumures, le substrat MCA-Leu a été ajouté à 8 concentrations finales différentes : 0,05, 0,1, 0,25, 0,50, 1, 1,5, 2, et 5 µM. Pour les échantillons d'eau surnageante, les concentrations finales utilisées étaient : 0,001, 0,005, 0,010, 0,025, 0,050, 0,100, 0,250, 0,500, 1, 2, 5 et 10 µM. Les cultures étaient réalisées en duplicata et incubées à l'obscurité et à température in situ. L'évolution de l'hydrolyse du substrat MCA-Leu était suivie au cours du temps : 0, 2, 4, 6 et 12 heures pour les échantillons d'eau de mer profonde. Pour des échantillons de surface, ou les échantillons d'eau surnageante, les temps d'incubation étaient plus courts et adaptés à l'évolution de l'activité enzymatique. L'accroissement de la fluorescence du chromophore MCA, produit de l'hydrolyse du substrat MCA-Leu après clivage de la liaison peptidique, était quantifiée à l'aide d'un spectrofluorimètre (Kontron SFM 25) aux longueurs d'onde d'émission et d'excitation de 365 et 455 nm. La calibration était réalisée à partir du 4-méthylcoumarinyl-7amide (MCA) sur les mêmes échantillons que les mesures d'activité aminopeptidasique dans les gammes adaptées aux mesures réalisées. Les paramètres cinétiques de Michaëlis-Menten (Vmax et Km) ont été estimés en utilisant une équation de régression non-linéaire qui minimise les erreurs à l'aide du programme Kinetics (Brooks, 1992). La MCA-Leu est un composé artificiel et sa concentration dans le milieu naturel ne peut donc pas être déterminée. Comme la MCA-Leu est considérée comme un bon analogue des 50 Chapitre II – Matériel et méthodes peptides et des protéines (Chrost, 1991), nous émettons l'hypothèse que nous pouvons utiliser la concentration naturelle des acides aminés dissous combinés (DCAA) comme estimation de la concentration théorique en MCA-Leu des échantillons d'eau de mer. Etant donné que nous manquons de données concernant la concentration des DCAA en mer Méditerranée, nous prenons comme référence les valeurs mesurées par Keil & Kirchman (1999) dans la mer des Sargasses, de 0,167 µM DCAA à 1000 m, et de 0,810 µM DCAA en surface. Ainsi, dans la zone méditerranéenne étudiée, considérée comme moins oligotrophe que la mer des Sargasses, on peut supposer que la concentration de 0,05 µM de MCA-Leu est inférieure à la concentration des substrats naturels avec lesquels cette molécule entre en compétition. Comme nous n'avons aucune certitude concernant cette hypothèse, nous considérons que les vitesse mesurées à la concentration en MCA-Leu de 0,05 µM sont une approche de la mesure de la vitesse trace (Vtr exprimée en pM h-1 ou pmol C l-1 h-1) et de la constante d'hydrolyse (Hr exprimée en % d-1). Pour les mesures effectuées en condition hyperbare, la technique des multi-concentrations ne peut être que difficilement utilisée (i.e. se limiterait à l'étude d'une seule activité sur un seul échantillon par journée de temps de navire). Nous avons donc effectué des cinétiques temps en utilisant la concentration saturante, ou la concentration dite "trace" (cf. supra), définies sur les échantillons décomprimés prélevés à la même profondeur au cours de la même campagne. Les vitesses des activités aminopeptidasiques sont exprimées en µmol MCA-Leu hydrolysée l-1 h-1. Comme la MCA-Leu est utilisée comme modèle de substrats peptidiques et protéiques, les vitesses d'hydrolyse aminopeptidasique peuvent être exprimées en µmol C produit l-1 h-1 en utilisant un rapport carbone par mole de 4,2 (correspondant à la moyenne du nombre de carbone par mole d'acides aminés) plutôt que le rapport carbone par mole de 6 (correspondant aux 6 atomes de carbone de la leucine) (Lamy et al., 1999). II.4.1.2 Echantillons sédimentaires Comme pour les échantillons aqueux, les paramètres cinétiques (Vmax et Km) ont été estimés selon la méthode de cinétique multiconcentrations avec les concentrations finales suivantes : 1, 5, 10, 25, 50, 100, 250, 500 et 1000 µM. Pour ce faire, des volumes de 1 ml de sédiment (dilué au 1/2 avec de l'eau surnageante filtrée sur 0,2 µm) sont distribués dans des tubes Eppendorf de 2 ml pour chacun des niveaux sédimentaires étudiés. Pour réaliser les différentes concentrations finales, un volume constant de 111 µl de solution de MCA-Leu est rajouté à chacune des suspensions de sédiments. Cela nécessite de préparer au préalable dans de l'eau de mer filtrée bouillie une gamme de différentes solutions filles de MCA-Leu. Les 51 Chapitre II – Matériel et méthodes échantillons étaient incubés à température in situ et à l'obscurité pendant 4 heures pour les sédiments profonds du site DYFAMED et du Canyon Lacaze-Duthiers. Dans le cas des sédiments des fosses anoxiques hypersalées, les temps d'incubation s'étalaient sur 24 heures. Le sodium dodecyl sulfate (SDS – 1 % concentration finale) a été utilisé comme agent inhibiteur des activités aminopeptidiques (Delmas & Garet, 1995) pour stopper les réactions enzymatiques dans les sédiments avant congélation des échantillons (cf. paragraphe II.4.1.5). Enfin d'incubation, les échantillons étaient centrifugés pendant 3 min à 3000 tours/min. Un volume de 50 µl de l'eau surnageante était prélevé et dilué dans 3 ml d'eau milliQ pour lecture au spectrofluorimètre comme décrit ci-dessous. II.4.1.3 Contrôles Une partie de la fluorescence peut être attribuée à une hydrolyse non biologique de la MCALeu. Des contrôles ont donc été effectués sur des échantillons d'eau et de sédiment stérilisé après une ébullition de 20 minutes. Cette opération a été réalisée pour chacune des concentrations finales en MCA-Leu. II.4.1.4 Choix des longueurs d'ondes d'excitation et d'émission De nombreuses longueurs d'ondes d'excitation et d'émission sont proposées dans la littérature. Le Tableau II-2, sans être exhaustif, présente les longueurs d'ondes les plus couramment utilisées pour mesurer l'hydrolyse de la MCA-Leu. Tableau II-2 : Différentes longueurs d'ondes d'excitation (λ ex.) et d'émission ( λem.) citées dans la littérature pour la mesure de l'hydrolyse de la MCA-Leu. λ ex. (nm) 380 λ em. (nm) 440 364 365 365 365 445 460 460 455 360 355 364 445 470 445 445 Spectrofluorimètre Kontron SFM 25 LS50 Perkin-Elmer Shimadzu RF5000U Kontron SFM 25 Kontron SFM 25 Hoeffer TKO 100 Jasco FP-550 Kontron SFM 25 Jasco 820-FP Shimadzu RF 1501 Hoefer TKO 100 Aminco-Bowman 52 Référence Hoppe (1993); Hoppe et al. (1993) Delmas & Garet (1995); Van Wambeke et al. (2001) Jorgensen et al. (1999) Ammerman & Glover (2000) Hoppe & Ullrich (1999) Talbot & Bianchi (1997) Talbot et al. (1997) Meyer-Reil (1986) Tamburini et al. (2002) Unanue et al. (1999) Stepanauskas et al. (1999) Tholosan et al. (1999) Pantoja & Lee (1999) Chapitre II – Matériel et méthodes Si en théorie, le substrat MCA-Leu n'est pas fluorescent, il s'avère montrer une autofluorescence qui peut interférer avec les mesures du chromophore MCA produit. Cette anomalie est exacerbée lorsque la MCA-Leu est utilisée en très faibles concentrations et dans des eaux où les vitesses d'hydrolyse ectoenzymatique sont faibles, ce qui est le cas des eaux méditerranéennes. La Figure II-11 présente les spectres d'excitation et d'émission de la MCALeu (1µM) et de la MCA (1 µM) réalisés en faisant varier alternativement la longueur d'onde d'excitation (λex.) et d'émission (λem.) pour un voltage de 275 V. Les longueurs d'onde fixées correspondent aux longueurs d'onde d'excitation et d'émission préconisées par Molecular Probes Ltd (comm. pers. et lien hypertexte du spectre de la molécule de la MCA : Spectra — 7-Amino-4-methylcoumarin/pH 7.0). Notre choix correspond à un compromis entre des longueurs d'onde d'excitation et d'émission optimales et le non-chevauchement des spectres entre le substrat et son produit d'hydrolyse, soit 365 nm de longueur d'onde d'excitation et 455 nm de longueur d'onde d'émission (Figure II-11). 180 MCA ex. 160 MCA ém. MCA-leu ém. 140 120 UF 100 80 60 MCA-leu ex. 40 20 0 300 320 340 360 380 400 420 440 460 480 500 λ (nm) Figure II-11. Spectre d'émission de la MCA-Leucine et de la MCA. UF = unité de fluorescence; λ = longueur d'onde; ex. = longueur d'onde d'excitation; em. = longueur d'onde d'émission. II.4.1.5 Choix de l'agent stoppant Pour les échantillons aqueux, l'analyse des échantillons au spectrofluorimètre pouvait être effectuée immédiatement tout au long de l'incubation. Par contre, pour les sédiments, le temps de manipulation beaucoup plus important, aurait diminué le nombre d'échantillons pouvant être traités quotidiennement à bord du navire océanographique, nous avons donc recherché un agent stoppant efficace. Delmas & Garet (1995) signalent que la simple congélation des 53 Chapitre II – Matériel et méthodes échantillons affecte l'estimation des paramètres cinétiques (Vmax et Km). Le formaldéhyde, classiquement utilisé pour stopper les activités microbiennes, ne peut être pas utilisé pour deux raisons : (1) il perturbe le signal de fluorescence et (2) il inhibe le métabolisme bactérien mais sans toutefois inhiber intégralement les enzymes ectopériplasmiques déjà produites par les bactéries. Ainsi, le choix d'un agent stoppant devait pallier aux deux problèmes rencontrés avec le formol i.e. (1) pas de perturbation du signal de fluorescence et (2) inhibition des activités ectoenzymatiques. Plusieurs agents inhibiteurs de l'activité aminopeptidique sont décrits dans la littérature. Bélanger et al. (1997) proposent une acidification (pH<5) par du HCl (concentration finale de 11,2 mM) pour stopper les activités d'hydrolyse ectopeptidique. Avant analyse, l'échantillon est neutralisé à un pH de 7-8 en ajoutant 200 µl de tampon neutralisant (0.25 M NaOH et 0,25 M de tampon phosphate à pH 8,0). Christian & Karl (1995) préconisent le chlorure mercurique pour stopper les activités ectoenzymatiques. Enfin, Delmas & Garet (1995) propose l'utilisation du sodium dodecyl sulfate (SDS) à une concentration finale de 1 % avant congélation des échantillons. Le SDS qui est un fort agent dénaturant de la structure tertiaire des protéines s'avère être le meilleur inhibiteur que nous ayons testé. C'est donc cet inhibiteur qui a été utilisé au cours des différentes campagnes d'étude du milieu benthique. II.4.2 Activité phosphatidique estimée à l'aide de l'analogue MUF-P L'activité des phosphatases a été encore moins bien étudiée que l'activité aminopeptidasique dans le domaine océanique profond. A notre connaissance, les travaux de Hoppe & Ullrich (1999) et de Koike & Nagata (1997) sont les seuls concernant le domaine pélagique profond. Leurs résultats, quelque peu surprenants, nous ont incité à réaliser des mesures des activités phosphatidiques dans les eaux et les sédiments profonds de Méditerranée. Bien que, contrairement à la zone photique, le domaine bathypélagique ne soit pas limité en nutriments (N, P…), ces auteurs ont montré un accroissement des activités phosphatidiques dans le domaine profond. Hoppe & Ullrich (1999) émettent l'hypothèse que l'accroissement de l'activité phosphatidique en profondeur est développé pour pallier au manque de carbone organique immédiatement utilisable, et non pas pour utiliser les phosphates produits par cette hydrolyse. II.4.2.1 Echantillons aqueux Le protocole de mesure de l'activité phosphatidiques est calqué sur celui des aminopeptidases en utilisant 365 et 460 nm comme longueurs d'onde d'excitation et d'émission. Dans l'eau de 54 Chapitre II – Matériel et méthodes mer, on a utilisé le 4-méthylumbellyferone-phosphate avec les mêmes gammes de concentrations que pour la MCA-Leu (de 0,05 à 5 µM pour le domaine pélagique et de 0,01 à 10 µM pour les eaux proches des sédiments). Des concentrations supplémentaires ont été testées (10, 50, 100, 250 µM) mais les concentrations de 5 et 10 µM se sont avérées être saturantes pour les eaux pélagiques et surnageantes, respectivement. En fait, tout comme pour la MCA-Leu (Tholosan et al., 1999; Unanue et al., 1999), l'activité MUF-P présente une multiphasicité mais nous avons choisi de nous placer dans la gamme de concentrations la plus faible, notre but étant de se rapprocher au mieux des vitesses réellement exercées in situ. II.4.2.2 Echantillons de sédiment Les activités phosphatidiques dans les sédiments profonds ont été mesurées de la même manière que les activités aminopeptidasiques, mais en utilisant une gamme de concentrations beaucoup plus forte pour atteindre la saturation en substrat (100, 200, 300, 400, 500, 1000, 2500 et 5000 µM). De plus, dans le cas des phosphatases, le SDS n'a pas été utilisé comme agent stoppant car étant moins efficace que pour les activités d'hydrolyse des polypeptides. II.5 Mesure de la production de biomasse bactérienne Trois méthodes sont le plus souvent utilisées pour mesurer la production bactérienne : - la mesure de la fréquence de division cellulaire (FDC - Hagström et al., 1979), - la détermination du taux de synthèse de l'ADN bactérien par incorporation de la thymidine tritiée (3H-Thy - Fuhrman & Azam, 1980), - la détermination du taux de synthèse protéique par l'incorporation de la leucine tritiée (3H-Leu - Kirchman et al., 1986; Simon & Azam, 1989; Kirchman, 1993; Kirchman & Ducklow, 1993). Les deux premières méthodes correspondent à une estimation du taux de la production bactérienne, alors que l'estimation de l'incorporation de la 3HLeu dans les protéines, qui est la plus usitée actuellement, mesure un accroissement de la biomasse bactérienne. Au cours de cette étude, la production de biomasse bactérienne a été estimée au moyen d'expérimentations de type cinétique-temps en utilisant le traceur L-[4,5-3H]-Leucine (activité spécifique de 55 Ci mmol-1, Amersham Corp.), à des concentrations de 20 nM pour les eaux de la couche euphotique et de 10 nM pour les eaux mésopélagiques et benthiques. Ces concentrations ont été vérifiées comme étant saturantes en réalisant une cinétiqueconcentration lors de chaque mission et pour chacun des niveaux étudiés (couches euphotique, mésopélagique et bathypélagique). Pour convertir le nombre de pmol de 3H-Leu incorporé par 55 Chapitre II – Matériel et méthodes litre et par heure en biomasse de carbone produite, nous utilisons le facteur empirique de 1,55 ng C par pmol de leucine incorporée proposé par Simon & Azam (1989), en supposant le facteur de dilution isotopique négligeable dans ces conditions de concentrations saturantes en substrat. II.6 Utilisation de composés de faibles poids moléculaires Les acides aminés les plus abondants dans le réservoir de matière organique dissoute (DOM) sont l'acide glutamique, l'acide aspartique, la sérine, l'alanine (McCarthy et al., 1996; Lee et al., 2000; Amon et al., 2001; Benner, 2002). La vitesse d'utilisation de composés de faibles poids moléculaires fournit une approche de l'activité hétérotrophe potentielle des peuplements microbiens. Le principe de la mesure est basé sur la capacité qu'ont les bactéries hétérotrophes à consommer un substrat (dans notre cas du 14 C-glutamate) à des fins anaboliques (synthèse cellulaire de molécules nécessaire pour les besoins constitutifs de la cellule) et cataboliques (source d'énergie de la cellule induisant une libération de CO2). Ainsi, l'étude de l'utilisation du glutamate, parallèlement aux mesures d'activités ectoenzymatiques, constitue une approche intéressante pour comprendre le rôle des microorganismes dans les processus de minéralisation de la fraction protéique du réservoir de la matière organique. II.6.1 Echantillons de la colonne d'eau et des saumures Une solution de L-(U-14C)-glutamate, d'activité spécifique de 254 mCi mmol-1 (Amersham Corp.), est ajoutée aux concentrations finales, vérifiées comme saturantes, de 20 nM (échantillons collectés entre 0 et 200 m de profondeur) ou 10 nM (échantillons collectés en dessous de 200 m de profondeur). Pour les échantillons de l'eau surnageante, une cinétique concentrations (entre 2 et 250 nM de 14 C-glutamate) est réalisée, nous permettant de déterminer les paramètres cinétiques Vmax et Km. Le devenir au cours du temps (incubation de 12 heures maximum pour les échantillons profonds et de 36 heures pour les saumures) du 14 C-glutamate pour des fins anaboliques et cataboliques est mesuré en incubant les échantillons à température in situ et à l'obscurité. A la fin de chaque période d'incubation, les sous-échantillons sont empoisonnés avec du formol boraté (1 % concentration finale, v/v). Les sous-échantillons sont de 40 ml pour les prélèvements effectués dans la zone euphotique (0-200 m), de 70 ml pour ceux de la zone mésopélagique (200-1000 m) et 130 ml pour les échantillons de la zone profonde (<1000 m) et les saumures. Pour les échantillons de l'eau proche du fond, le volume des sous-échantillons est de 20 ml et l'incubation est réalisée pendant 4 heures. Les cellules bactériennes sont collectées par filtration douce sur des filtres à 56 Chapitre II – Matériel et méthodes 0,2 µm en polycarbonate (Nuclepore®) pré-saturés en glutamate froid. Les filtres sont à nouveau rincés avec du glutamate froid. Le filtrat est récupéré et traité afin d'extraire le carbone minéral marqué au carbone 14 résultant de la respiration du 14 C-glutamate. Dans l'eau de mer, milieu ayant un pouvoir tampon important, le CO2 est sous forme de bicarbonate (H-14CO3-). Le H-14CO3- est extrait de la phase liquide par acidification de la culture sous forme de 14CO2, lui-même piégé à l'aide d'éthanolamine comme décrit dans (manuscrit n°2 Tamburini & Tedetti, soumis-a). Cette méthode ("the fishing method"), présentée ci-après, propose un protocole simple et reproductible qui permettrait de standardiser les techniques de mesures de respiration réalisées à l'aide de composés marqués au carbone 14. Le carbone 14 récupéré sur les filtres et les pièges à CO2 est quantifié à l'aide d'un compteur à scintillation Packard 1600 TR. Les échantillons sont corrigés des blancs en incluant les temps t0 dans la régression permettant de calculer les vitesses d'assimilation (GA) et de respiration (GR) du glutamate. Les vitesses intégrées de respiration et 14 14 C-glutamate assimilation, 14 C-glutamate C-glutamate utilisation (GU=GA+GR) nous ont permis d'estimer le pourcentage de respiration (R%, pourcentage du 14 C-glutamate respiré par rapport au 14 C- glutamate globalement utilisé). II.6.2 Echantillons du sédiment La mesure de la respiration du 14 C-glutamate a été réalisée comme décrit dans Tholosan, (1999). Les difficultés d'extraction des cellules du sédiment nous empêchent de mesurer l'incorporation du 14C-glutamate dans les populations bactériennes sédimentaires. Un volume de 200 µl de sédiment dilué au 1/2 avec de l'eau surnageante filtrée sur 0,2 µm est injecté dans des fioles à pénicilline en verre stériles de 15 ml. En fin d'incubation, pour récupérer le 14 CO2, des bandelettes de papier filtre imbibées d'éthanolamine sont placées au-dessus de la suspension de sédiment à l'intérieur des flacons, qui sont ensuite fermés hermétiquement par un septum en caoutchouc. Pour extraire le CO2, 200 µl de HCl (6N) sont injectés au travers du septum à l'aide d'une seringue. L'extraction du CO2 est réalisée pendant 3 heures, et les bandelettes sont récupérées et placées dans des flacons à scintillation. La radioactivité est mesurée par scintillation liquide en présence de liquide scintillant (Ready Safe Beckman). 57 Chapitre II – Matériel et méthodes 58 Chapitre II – Matériel et méthodes II.7 Manuscrit n°2 A SIMPLE AND HIGHLY REPRODUCIBLE TECHNIQUE TO MEASURE THE BACTERIAL RESPIRATION OF 14CLABELED COMPOUNDS IN SEAWATER SAMPLES Christian Tamburini* & Marc Tedetti Microbiologie Marine, UMR 6617CNRS/INSU – Université de la Méditerranée, Centre d’Océanologie de Marseille, case 907, 13288 Marseille, cedex 9, France Tel. : +33-4-91829049 ; fax : +33-4-91829051 *E-mail: [email protected] Manuscript submitted to Hydrobiologia in May 2002 59 Chapitre II – Matériel et méthodes II.7.1 Abstract To avoid the artefacts in respiration assays using 14C-compounds, we suggest a simple method to keep the trapping agent for carbon dioxide directly into the scintillation vial hanging in the degassing flask. Efficiency of the carbon dioxide extraction is up to 95 % when using extraction vials and incubation time closely adapted to the sample volume. To validate this protocol the radioactivity (disintegration per minute) due to 14C-carbon dioxide resulting from the degassing of sodium (14C) bicarbonate (NaH14CO3) in seawater was plotted against the radioactivity of these added bicarbonate solutions. A whole set of samples (n = 42) gives a percentage of recovery equal to 99 % and with a very low variability (± 1 %, at 95 %). Key words: Bacteria, respiration, degassing, technique, carbon dioxide, seawater. II.7.2 Introduction Carbon dioxide production by heterotrophic microorganisms is a key parameter to understand the global carbon cycle. This demand has stressed the need for accurate measurements of bacterial respiration rates. Respiration rates on specific substrates are commonly estimated by measuring the carbon dioxide produced during defined incubation periods from seawater samples amended with an easy to degrade frequently compounds used are 14 C-glucose, 14 C radiolabeled organic compound. The most 14 C-glutamic acid, 14 C-leucine and 14 C - amino acid mixture (Williams, 1970; Dawson & Gocke, 1978; Unanue et al., 1998, 1999; Bianchi et al., 1999) and radiolabeled protein (Nagata et al., 1998). Due to the buffering capacity of seawater, carbon dioxide resulting from respiration processes remains trapped in the form of HCO3-. This step ends by extraction of the 14 CO2 produced by acidifying the culture, its recovering with an absorbent and the radioactivity’s measurement by scintillation counting. Several techniques have been used to trap carbon dioxide from the culture. The most frequently used are those suggested by Williams & Askew (1968), Hobbie & Crawford (1969) and Kuparinen & Uusi-Rauva (1980). Practitioners of these measurements know that, whatever their application, this step suffers from poor reproducibility, with respiration rates from duplicate subsamples frequently diverging. Furthermore, these methods can not be considered as standardized, as efficiency of the recovery of produced 14CO2 is frequently not determined. 60 Chapitre II – Matériel et méthodes The aim of this study was to design a simple protocol to provide standardized and reproducible respiration rates, that is easy to operate on large sets of samples on board research vessels and that requires only usual disposable glassware. II.7.3 Material and methods To recover the 14CO2 released by acidification of the 14C-labeled culture, we suggest to keep the trapping agent directly into the scintillation vial, hanging up in the culture flask. This technique excludes (1) the strip of chromatography paper used to increase the trapping surface (Dawson & Gocke, 1978), (2) the glass (or plastic) cup used to contain the trapping agent (Kuparinen & Uusi-Rauva, 1980), or, alternatively, (3) the bubbling circuit used to extract the CO2 (Garabétian, 1991). To check for the efficiency and reproducibility of the degassing step independently of any biological process, we used seawater samples previously fixed by adding 1 % (final concentration) of buffered formaldehyde. For each experiment, six 70-ml samples were distributed in 500-ml polycarbonate bottles (Narrow-mouth square bottle, Nalgene) holding a teflon covered stir bar (10 × 13.6 mm). Flasks were screw-capped with septum closure (Thermoplastic elastomere septum, Nalgene). Each of the 6 samples was labeled by adding the same volume of a NaH14CO3 solution (CEA Corp., 55 mCi mmol-1 specific activity). We did a series of 10 experiments using NaH14CO3 ranging between 150 and 7000 DPM per sample. This range corresponds to the counts usually obtained from respiration assays done in oligotrophic water column samples. To trap the CO2 expected to result from the degassing of these solutions, we used ethanolamine, which has a better absorbent property than phenethylamine as demonstrated by Kuparinen & Uusi-Rauva (1980). One ml of ethanolamine was directly introduced in a 20 mlscintillation vial. The vial was suspended from the cap of the bottle by the way of a fish-hook at the end of a nylon yarn (see Fig. 1). The flask was tightly closed, and then seawater was acidified by injecting 1 ml HCl 6N through the cap, using a 1-ml syringe fitted with a thin needle. In these conditions (pH ~1.5), the aqueous H-14CO3- evolved to gaseous 14 CO2. The flask was set on a fifteen-position electromagnetic stirrer, allowing gentle agitation (300 rpm) at room temperature. At the end of the stirring period, the scintillation vial was taken out of the polycarbonate bottle and carefully wiped using a paper towel moisten with a decontaminating solution (RBS 25®, Chemical Products). Ten ml of Ready Safe (Packard) scintillation cocktail were added, 61 Chapitre II – Matériel et méthodes and the radioactivity was counted with a Packard 1600 TR liquid scintillation counter. Data were corrected against those from control samples. To check for the radioactivity actually injected during each experiment, we distributed the same volume of the same NaH14CO3 solution directly in one milliliter of ethanolamine in four scintillation vials that were counted in the scintillation counter in the same manner as those resulting from the degassing experiment. To choose the best extraction period, we did a time series experiment lasting between 10 minutes and 12 hours, using an intermediate NaH14CO3 concentration (i.e. corresponding to 4100 DPM). In another series of experiments, we checked for the efficiency of the protocol in sample volumes ranging from 20 to 130 ml. This range covers the volumes commonly used in respiration assays in samples from the sea surface down to deep waters in an oligotrophic area. This series allowed us to check the effect of changing the sample and the volumes using same geometry bottles (square polycarbonate bottles, Nalgene®). septum screw capped fish-hook scintillation vial ethanolamine polycarbonate bottle seawater stir bar (10 × 13.6 mm) Figure 1. Schema of a reaction vial used to extract carbon dioxide from seawater sample. 62 Chapitre II – Matériel et méthodes II.7.4 Results Table 1 shows that within a range of sample volumes from 20 to 130 ml, the efficiency of the suggested protocol remains consistent so long as the degassing process is in the same reactive vial. Moreover, changing the reactive vial’s volume modifies the efficiency of the protocol. By reducing the headspace in the bottle and increasing the incubation period, recovery (over 95 %) is improved. This result is a combination of improved agitation and vial geometry for CO2 absorption in the bottle. In this case the extraction efficiency should be determined for each kind of extraction vial. Alternatively, it should be possible to determine the actual percentage of recovery by using the same vial’s volume for the whole series of samples. Table 1. The effect of sample volume and extraction vial volume upon the efficiency of degassing process. Extraction was at room temperature with a stirring speed of 300 rpm. Extraction vials were square polycarbonate Nalgene® bottles. Sample volume (ml) Extraction vial Incubation time (h) volume (ml) Percentage of recovery 130 500 4 90 ± 1 (n=6) 130 250 4 93 ± 2 (n=6) 130 500 2 77 ± 2 (n=6) 70 500 2 77 ± 1 (n=62) 70 250 2 82 ± 1 (n=6) 70 250 4 99 ± 1 (n=42) 40 500 2 80 ± 2 (n=6) 40 250 2 95 ± 1 (n=6) 20 500 2 78 ± 1 (n=6) 20 125 2 97 ± 1 (n=6) 63 Chapitre II – Matériel et méthodes Figure 2 presents the efficiency of carbon dioxide retrieval get from 70 ml samples during increasing degassing periods (15, 30 minutes, 1, 2, 4, 8 and 12 hours) using 250 ml bottles (Nalgene®). Efficiency is clearly time dependant, and stable recovery near 100 % occurs from 4 hours. This means that each practitioner will have to find a compromise between the highest recovery efficiency and the shortest incubation time, because this last parameter can not be neglected when processing large sets of samples on board research vessels. Percentage of recovery of 14 CO2 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 2 4 6 8 10 12 Time (h) Figure 2. Efficiency of carbon dioxide recovery through extraction periods ranging between 10 minutes and 12 hours. Seawater samples (70 ml) were labeled with a NaH14CO3 solution (4100 DPM per vial), extraction was at room temperature with a stirring speed of 300 rpm. Figure 3 reports the efficiency of 14CO2 extraction from a set of 42 assays (70 ml of sample extracted for 4 hours in 250 ml vials) covering the range of DPM usually got during respiration measurements from the sea surface to the deep waters. Results indicate that the degassing efficiency of the carbon dioxide extraction was 99 % with a determination coefficient of 0.99. It was also highly reproducible with a variation of ± 1 % (for a variation coefficient of 95 %; n = 42). 64 Chapitre II – Matériel et méthodes 9000 8000 Trapped DPM 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 Added DPM Figure 3. Linear regression between actually added and trapped14CO2 expressed as DPM (disintegration per minute). Extraction was realized at room temperature for 4 hours with a stirring speed of 300 rpm, from 70-ml samples distributed in 250-ml polycarbonate bottles (Nalgene). y = 0.993 (p<0.0001; n = 42; R2 = 0.996 with 0.973<y<1.014 with determination coefficient of 95 %). II.7.5 Discussion This protocol is a modification of previously described trapping techniques, based on the affinity of ethanolamine for carbon dioxide. The proposed protocol avoids the artefacts of previous versions, which lead to poor reproducibility. In the most commonly used protocol, a drop of ethanolamine is adsorbed on a small strip of chromatography paper suspended in the atmosphere of the degassing vessel. This technique introduces several possible artifacts. Some are due to the variability of the actual area of each strip of paper for ethanolamine absorption, and then for 14CO2 trapping. Another source of variability is contact of the strip with the flask wall, leading to a loss of 14CO2-loaded ethanolamine, and so an underestimation of respiration rates. At the other extremes, the paper strip may be contaminated by 14C-labeled seawater by contact with the flask wall, or by seawater droplets created by untoward racing of the magnetic stirrer. Due to the high amount of the tracer, contamination of the strip by even an extremely small droplet of labeled seawater is sufficient to cause a large overestimate of the DPM count. 65 Chapitre II – Matériel et méthodes Another degassing protocol is to flush the 14CO2 by unlabeled CO2 (or N2) through two serial trapping vials containing a trapping cocktail ethanolamine/methanol (ratio 1/1, v/v). This protocol appears efficient (Garabétian, 1991), but variability between two replicates may be important. Main sources of underestimation of the respiration rates are possible gas leaks, or contamination of the blowing circuit by seawater aerosols produced by accidental over bubbling. The proposed protocol avoids all these sources of variability: 1) The volume of the trapping agent is defined by the precision of the used volumetric micro-pipette. The absorbing surface is also reproducible, variability of the diameter of the used scintillation vials being lower than measurable. 2) Contamination by droplets (or aerosols) of 14 C-labeled seawater is unlikely, because the trapping agent is protected by the scintillation vial. If the outer wall of the vial is contaminated, it should be eliminated by the wiping of the vials before their introduction in the scintillation counter. Moreover, being outside of the scintillation cocktail, such a contamination should escape to scintillation counting. 3) Suppression of the flushing circuit removes any possibility as well for leaks at the junctions, as well for contamination of the trapping agent by over bubbling in the seawater sample. II.7.6 Conclusions Efficiency of 14 CO2 extraction from labeled cultures varies from 77 to 99 %. This range of efficiency depends primarily on the extraction period, and on the volumetric ratio between sample and its extraction vial. To validate the measured respiration rates, the extraction protocol and its efficiency should be clearly specified. The protocol we suggest allows a high percentage of recovery with a low variability in a range of 1000 to 8000 DPM. Results should be reproducible with the same efficiency in any laboratory because it requires only widely available glassware. In conclusion, when the excepted measured respiration activity will allow to use one of the protocol already assayed (Table 1), it will be possible to apply the corresponding efficiency coefficient we determined. Otherwise, to validate the data, practitioners should calibrate and test their protocol. 66 Chapitre II – Matériel et méthodes Acknowledgements - This work was partially funded by the Institut National des Sciences de l'Univers and TotalFina-Elf (grant n° 11 997 – CNRS/ENTREPRISE). C.T. was supported by a fellowship co-funded by INSU and Total-Fina-Elf. This work was benefited from constructive comments and help from Armand Bianchi. Authors thanks J. Kuparinen for helpful comments on the manuscript. II.7.7 References Bianchi, A., J. Garcin & O. Tholosan, 1999. Effects of hydrostatic pressure on microbial activity through a 2000 m deep water column in the NW Mediterranean Sea. Mar. Ecol. Prog. Ser. 183: 49-57. Dawson, R., & K. Gocke, 1978. Heterotrophic activity in comparison to the free amino acid concentrations in Baltic sea water samples. Oceanol. Acta 1: 45-54. Garabétian, F., 1991. 14 C-glucose uptake and 14 C-CO2 production in surface microlayer and surface-water samples: influence of UV and visible radiation. Mar. Ecol. Prog. Ser. 77: 21-26. Hobbie, J.E., & C.C. Crawford, 1969. Respiration corrections for bacterial uptake of dissolved organic compounds in natural waters. Limnol. Oceanogr. 17: 725-730. Kuparinen, J., & A. Uusi-Rauva, 1980. A simplified technique to measure respiration rates of aerobic heterotrophic populations. Hydrobiologia 75: 113-115. Nagata, T., R. Fukuda, I. Koike, K. Kogure & D.L. Kirchman, 1998. Degradation by bacteria of membrane and soluble protein in seawater. Aquat. microb. Ecol. 14: 29-37. Unanue, M., I. Azua, J.M. Arrieta, A. Labirua-Iturburu, L. Egea & J. Iriberri, 1998. Bacterial colonization and ectoenzymatic activity in phytoplankton-derived model particles: cleavage of peptides and uptake of amino acids. Microb. Ecol. 35 (2): 103-112. Unanue, M., B. Ayo, D. Slezak, G.J. Herndl, & J. Iberri, 1999. Ectoenzymatic activity and uptake of monomers in marine bacterioplankton described by a biphasic kinetic model. Microb. Ecol. 37 (1): 36-48. 67 Chapitre II – Matériel et méthodes Williams, P. J. Le B., & C. Askew, 1968. A method of measuring the mineralization by micro-organisms of organic compounds in sea-water. Deep-Sea Res. 15: 365-375. Williams, P. J. Le B., 1970. Heterotrophic utilization of dissolved organic compounds in the sea. I. Size distribution of population and relationship between respiration and incorporation of growth substrates. J. mar. Biol. Ass. U.K. 50: 871-881. 68 Chapitre III ACTIVITES MICROBIENNES DANS LE DOMAINE PELAGIQUE PROFOND Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III. ACTIVITES MICROBIENNES DANS LE DOMAINE PELAGIQUE PROFOND III.1 Introduction Le domaine océanique profond apparaît comme un milieu hostile où la faible température, le faible apport en matière organique et la forte pression hydrostatique constituent des contraintes auxquelles les microorganismes doivent s'adapter. Le métabolisme des microflores profondes dépend essentiellement du matériel produit en surface qui chute le long de la colonne d'eau. Ce matériel subit une dégradation plus ou moins importante au cours de son transit (selon sa qualité, sa vitesse de chute…). A partir d'une certaine profondeur, la matière organique directement assimilable par les bactéries (acides aminés libres, sucres,…) est totalement épuisée. On peut donc supposer que les bactéries profondes s'appuient sur les activités d'hydrolyse des macromolécules pour répondre à la limitation en carbone directement assimilable du domaine océanique profond. Le but de ce travail de thèse étant de s'approcher au mieux de l'estimation de flux réels de minéralisation plutôt que de flux potentiels, il est apparu important d'évaluer, le plus précisément possible, les activités ectoenzymatiques dans le domaine profond, étape limitante pour le métabolisme des microflores profondes. Le manuscrit inséré ci-après (manuscrit n°3 – Tamburini et al., 2002) présente donc la première étude de l'effet de la pression hydrostatique sur les activités aminopeptidasiques et phosphatidiques réalisée sur des communautés naturelles non soumises au stress de décompression. Dans une deuxième étape, nous avons abordé l'étude du rendement de croissance bactérien dans le domaine pélagique profond, en recherchant une méthode capable de préciser les effets de la décompression des échantillons sur la mesure de ce paramètre. Le manuscrit n° 4 (Tamburini et al., soumis-c) focalise sur l'adaptation aux conditions de pression hydrostatique du métabolisme des microflores profondes (activités ectoenzymatiques, assimilation et respiration de petits monomères, rendement de croissance) et ces conséquences sur le rôle des microflores profondes dans la minéralisation de la matière organique. Les manuscrits n°3 et 4 font référence à 2 campagnes (l'une au printemps et l'autre à l'automne 2000) réalisées sur le site DYFAMED en Mer Ligure. Enfin, le programme Européen BioDeep (BIOtecnology from the DEEP) nous a permis de réaliser des mesures d'activités microbiennes en maintenant les conditions de pression 69 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond hydrostatique jusqu'à 3000 m de profondeur dans l'eau de mer profonde oxique de la Mer Ionienne, ainsi que des environnements extrêmes, les bassins hypersalés profonds et anoxiques (DHAB) de la Mer Ionienne, à plus de 3500 m de profondeur (manuscrit n°5 Tamburini et al., soumis-b). Cette étude présentait donc un double intérêt : (1) Réaliser des mesures d'activités microbiennes en maintenant les conditions de pression hydrostatique dans des profondeurs jamais atteintes par l'HPSS. (2) Evaluer la présence d'activité microbienne dans des environnements aussi extrêmes en maintenant toutes les conditions in situ (forte pression hydrostatique, anoxie, hypersalinité, température, équilibre ionique,…). Comme le souligne Yayanos (1995), peu d'études d'activités microbiennes en milieu profond ont été réalisées en considérant uniquement les effets de la pression hydrostatique. En effet, dans la plupart des cas, on ne peut dissocier les effets de l'accroissement de pression et de la baisse concomitante de la température, de règle dans le domaine profond de l'Océan global. En cela, nos mesures d'activités microbiennes sans décompression des échantillons effectuées en Méditerranée constituent un apport original puisque cette mer est une des rares exceptions offrant une colonne d'eau homéotherme (environ 13°C) de la sub-surface à ses plus grandes profondeurs. 70 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III.2 Manuscrit n°3 BIOPOLYMER HYDROLYSIS AND BACTERIAL PRODUCTION UNDER AMBIENT HYDROSTATIC PRESSURE THROUGH A 2000 M WATER COLUMN IN THE NW MEDITERRANEAN Christian Tamburini*, Jean Garcin and Armand Bianchi Microbiologie Marine, UMR 6117 CNRS - INSU, Université de la Méditerranée, COM, Campus de Luminy, case 907, F-13288 Marseille, cedex 9, France *E-mail address: [email protected] Deep-Sea Research II 49 (2002): 2109-2123 71 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond Préambule Plusieurs travaux ont été consacrés à la mesure des activités aminopeptidasiques dans les eaux océaniques et les sédiments profonds (Rosso & Azam, 1987; Hoppe et al., 1993; Boetius & Lochte, 1994; Poremba, 1994; Koike & Nagata, 1997; Talbot & Bianchi, 1997; Talbot et al., 1997; Tholosan & Bianchi, 1998; Hoppe & Ullrich, 1999; Coolen & Overmann, 2000; Sass et al., 2001). Par contre, seuls les travaux de Koike & Nagata (1997) et de Hoppe & Ullrich (1999) montrent que l'activité phosphatidique augmente en profondeur, non pas pour fournir du phosphate disponible en quantité importante dans le domaine océanique profond mais pour répondre à la demande carbonée des bactéries. Les quelques onze études citées ci-dessus ont malheureusement été réalisées sans tenir compte de l'effet de la pression hydrostatique, paramètre abiotique le plus caractéristique du domaine océanique profond, sur les activités ectoenzymatiques mesurées. L'étude en laboratoire de Kato et al. (1995) démontrait l'adaptation d'une enzyme ectoprotéasique, purifiée d'une bactérie piezotolérante, à de fortes pressions hydrostatiques (cf. paragraphe I.3.1.4). Les mesures d'activités ectoenzymatiques effectuées sur des populations naturelles soumises à la décompression pouvaient donc être biaisée par ce stress. Il convenait donc d'utiliser l'équipement hyperbare disponible au laboratoire pour effectuer les premières mesures d'activités ectoenzymatiques sur des échantillons profonds non décomprimés pour préciser le rôle du facteur pression hydrostatique sur ces processus enzymatiques. 72 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 Biopolymer hydrolysis and bacterial production under ambient hydrostatic pressure through a 2000 m water column in the NW Mediterranean Christian Tamburini*, Jean Garcin, Michel Ragot, Armand Bianchi Laboratoire de Microbiologie Marine, Universite! de la M!editerran!ee, COM, CNRS - INSU, UMR 6117, Campus de Luminy, Case 907, 163 avenue de Luminy, 13288 Marseille cedex 9, France Accepted 24 November 2001 Abstract Kinetic parameters for aminopeptidase, phosphatase, and bacterial production rates were studied during spring and fall through a 2000 m water column in the NW Mediterranean. Bacterial production ranged from 60.4 ng at 30 m to 0.2 ng C l1 h1 at 2000 m. For both ectoenzymatic activities, the Km values ranged from 0.44 to 1.13 mM for aminopeptidase activity and from 0.05 to 1.23 mM for phosphatase activity. Depth profiles of the potential activity of aminopeptidase and phosphatase activity drastically decreased below depths of 100 m. At 1000 m, hydrolytic activities were one order of magnitude lower than the maximal rate measured in the surface layer. Despite this decrease, depthintegrated rates through the thickness of different water masses showed that the potential hydrolysis fluxes within the productive surface layer (10–200 m), through the twilight zone (200–1000 m depth), and through the deep water mass (1000–2000 m) were roughly the same order of magnitude. This study used the first assay for measuring ectoenzymatic activities of deep-sea microbial populations where pressure stresses were eliminated during sampling and incubation. The results showed that prokaryotic induced ectoenzymatic activities are affected by pressure conditions. Generally, aminopeptidase and phosphatase rates measured in samples maintained under in situ pressure conditions were 2.3 times higher than those measured in their decompressed counterparts. r 2002 Elsevier Science Ltd. All rights reserved. prokaryotic activities within the deeper water masses and at the water-sediment boundary layer (Deming, 1985; Hoppe et al., 1993; Poremba, 1994a; Turley and Mackie, 1994; Turley et al., 1995; Tholosan and Bianchi, 1998). Nevertheless, the measurement of mineralization fluxes between the surface water layers and the underlaying layers remains poorly documented. In deep water masses, the measured mineralization rates appear very low, commonly one or two orders of magnitude lower than those measured in the corresponding surface waters (Bianchi et al., 1998). However, when these 1. Introduction Most of the organic material produced in the photic zone is recycled in the upper layer of the ocean; however, part of this production is exported downwards through the water column. Mineralization of this material depends on the *Corresponding author. Tel.: +33-4-91-82-90-49; fax: Tel.: +33-4-91-82-90-51. E-mail address: [email protected] (C. Tamburini). 0967-0645/02/$ - see front matter r 2002 Elsevier Science Ltd. All rights reserved. PII: S 0 9 6 7 - 0 6 4 5 ( 0 2 ) 0 0 0 3 0 - 9 73 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond 2110 C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 The aims of our study were primarily to measure the maximum potential velocity (Vmax ) of ectoenzymatic hydrolysis through a 2000 m deep-water column in the NW Mediterranean, then to attempt to measure the actual rates and ultimately to understand the possible adaptation of ectoenzymatic activities to pressure conditions. rates are integrated through the thickness of each water mass, the mineralization flow via prokaryotic populations located deeper than 200 m appears far from negligible (Lefe" vre et al., 1996; Bianchi et al., 1998). The depth (2300 m), and absence of horizontal advection currents (Andersen and Prieur, 2000), establishes the DYFAMED sampling area as an important zone for following the mineralization fluxes from the prokaryotic compartment through the water column. It is now well accepted that high-pressure conditions affect bacteria metabolism (ZoBell and Oppenheimer, 1950; Jaenicke, 1987; Straube et al., 1990; Turley, 1993; Poremba, 1994b). In previous studies we showed that changes in hydrostatic pressure conditions during sampling affect the uptake rate of low molecular weight compounds by deep-sea bacterial populations (Bianchi and Garcin 1993, 1994; Tholosan et al., 1999a). In deep-sea waters these metabolic processes are probably limited by labile monomer availability. Even if the bulk of dissolved organic matter (DOM) in the ocean essentially includes small molecules, these compounds cycle slowly and they are relatively unavailable to microorganisms. Moreover, high molecular weight (HMW; >1 kDa) DOM might be utilized faster and to a greater extent than the corresponding low molecular weight (LMW; o1 kDa) DOM (Amon and Benner, 1994). Molecules larger than 600 Da cannot be transported across the microbial cell membranes (Nikaido and Vaara, 1985). Thus, enzymatic hydrolysis of HMW compounds is the initial and obligatory step for the prokaryotic processes involved in the decomposition of organic matter in aquatic environments. This step is commonly described as the limiting step for prokaryotic utilization of the organic bulk in marine systems (Chrost, 1991). Thus the efficiency of the microbial processes involved in the hydrolysis of HMW biopolymers appears to be highly determining in deep-sea waters. However, these processes remain poorly studied in deep-sea environments, probably due to the unsuitability of the analytical methods for measuring the low hydrolysis rates expected in characterizing nutrient-depleted deep-sea waters (Hoppe and Ullrich, 1999). 2. Materials and methods 2.1. Sampling area and sampling protocol Sampling was carried out over two cruises (April and September, 2000) in the north-western Mediterranean Sea, at the DYFAMED timesseries station (for more information see Marty et al., 2002). This station is located at 52 km southeast of Nice (431250 N, 071520 E). Sampling was carried out using a High Pressure Serial Sampler (HPSS) (for a complete description see Bianchi et al., 1999a). The HPSS is a Sea-Bird Carousel that can be simultaneously fitted with conventional 12-l Niskin bottles and 500 ml pressure retaining bottles (HPBs). HPBs are autoclaved before being fitted on the Carousel. Immediately before immersion of the Carousel, the labeled compound used to measure a metabolic activity is injected in the HPB through the injection port, and thus the compound is mixed to the sample volume during filling. During retrieval and subsequent incubation periods, pressure conditions for each HPB were recorded continuously on the computer, via the Deck Unit of the CTD (Sea-Bird 911 plus). Incubations of HPBs were carried out in a temperature-controlled water bath to keep the samples at in situ temperature. During the incubation period, a series of sub-samples were successively collected without causing any pressure loss in the culture vessels to enable time-course experiments (for an exhaustive description of high-pressure processing see Bianchi et al., 1999a). The daily sampling protocol was carried out as following. During the same hydrocast, three samples were collected using Niskin bottles (one in the surface layer (0–200 m), one in the intermediate layer (200–800 m), and one in the deep 74 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 water layer (800–2000 m) and three pairs of HPB samples were collected between 800 and 2000 m. Each pair of HPB samples included a sample maintained at in situ pressure and its decompressed counterpart. To assess the effect of pressure conditions on ectoenzymatic activity, two HPBs were simultaneously filled at the same sampling depth: one was kept under in situ pressure, the other was decompressed during its rise through the water column by partly opening the closing valve. The enzymatic rates measured in these two HPBs were then compared. These assays were run in timecourse experiments over 0, 2, 4, 6 and 12 h of incubation (Bianchi et al., 1999a). 2111 For the assays made using high-pressure bottles, we used saturation concentrations those defined during multi-concentration experiments previously done on decompressed samples collected at the same depth. We did not get natural concentrations for Leu-MCA and MUF-Phosphate analogs in the DYFAMED area. To compensate, we referred to Keil and Kirchman (1999) who estimated that in the Sargasso Sea (a paragon of oligotrophic sea through the global Ocean), dissolved combined amino acids ranged from 167 to 810 nM between 1000 m deep and subsurface waters. Yet, the 50 nM of labeled substrate we added may be, supposed, lower than what could be the natural concentration of competitive analog substrates for Leu-MCA in this NW Mediterranean area, less oligotrophic than the Sargasso Sea. As we do not have any certitude about this hypothesis, we considered the rates measured using such 50 nM substrate concentrations only as a rough approach of what could be the actual trace velocity (Vtr ) and the actual hydrolysis rate constant (Hr ). For aminopeptidase and phosphatase activities, the average coefficient of variation for the Vmax calculation was 16.5% (n ¼ 62), and 24.9% for the Vtr or Hr calculation (n ¼ 53). 2.2. Ectoenzymatic degradation of biopolymers Referring to the technique described by Hoppe (1993), we used the fluorogenic substrates L-leucine-7-amino-4-methylcoumarin (Leu-MCA) and 4-methylumbelliferyl-phosphate (MUF-P) (Sigma Chemical Co.) to measure aminopeptidase and phosphatase activity. These fluorogenic substrates compete well with easily degradable natural compounds (Chrost, 1991). Determination of the kinetic parameters (the maximum velocity, Vmax ; and the Michaelis constant, Km ) was performed on samples decompressed during retrieval, according to the multi-concentration kinetic method (Wright and Hobbie, 1966). Substrate was added at 8 different concentrations (50, 100, 250, 500, 1000, 1500, 2500 and 5000 nM final concentration). Incubations were carried out in duplicate in the dark at in situ temperature (13711C). Enzyme assays were run in time-course experiments over 0, 2, 4, 6 and 12 h, and any increase in fluorescence was determined using a Kontron SFM 25 spectrofluorometer, (emission and excitation wavelengths of 455/365 nm, and 460/365 nM for Leu-MCA and MUF-phosphate, respectively). To quantify the MCA (7-amino-4-methylcoumarin) or the MUF (4-methylumbelliferone) liberated by bacterial hydrolysis during these experiments, calibration curves were run using 2 series of known concentrations of MCA and MUF in seawater. 2.3. Bacterial biomass production This parameter was measured over time-course experiments following the protocol described above, comparing samples at in situ pressure with their decompressed counterparts. The labeled tracer was 3H-leucine, specific activity 55 Ci mmol1 (Amersham Corp.), used to give a final concentration of 20 and 10 nM in samples from the euphotic and aphotic zones, respectively. To calculate bacterial production we used the empirical conversion factor of 1.55 ng C pmol1 of incorporated leucine according to Simon and Azam (1989), assuming that isotope dilution was negligible under these saturating concentrations. 2.4. Bacterial counts Subsamples were collected for bacterial counts immediately after retrieval of the sampler. They 75 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond 2112 C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 were immediately fixed in 2% buffered formalin and slides were prepared aboard the research vessel as soon as possible. Cells were collected onto a 25 mm black polycarbonate Nuclepore membrane with 0.2 mm pore size and stained with diamidinophenylindole (Porter and Feig, 1980). Slides were stored frozen until their enumeration by epifluorescence microscopy (Olympus, BH2). All the experiments were processed onboard the research vessel, immediately after sample retrieval. In spring, bacterial production rates ranged between 60.4 and 0.2 ng C l1 h1 at 30 and 600 m, respectively. In fall, production rates were between 23.8 and 0.2 ng C l1 h1 at 10 and 2000 m (Fig. 1b). 3.2. Kinetic parameters and depth profiles of ectoenzymatic activities Several saturation curves were drawn to determine the Michaelis–Menten kinetic parameters using the multi-concentration method. It was observed that the saturation concentration for MUF-phosphate and Leu-MCA was 5 mM (Fig. 2). Subsequently, we chose this as the final substrate concentration to measure the maximal velocity (Vmax ). For both substrates 50 nM appeared as the lowest concentration capable of giving a significant response after the incubation period. We used this concentration to measure what could be an approach of the hydrolysis rate in trace conditions (Vtr ), according to the single concentration method (Gocke, 1977). The Michaelis constant (Km ) for peptidase activity ranged between 0.16 and 0.52 mM in spring and 0.34 and 1.13 mM in fall. For phosphatase activity, Km values ranged between 0.05 and 0.56 mM in spring, and between 0.17 and 1.82 mM in fall. For aminopeptidase and phosphatase potential activity, the maximal rates appeared in the subsurface layer, irrespective of sampling season (Figs. 3 and 4). In the spring, the average Vmax for phosphatase was 1119 in surface waters and 222 pM h1 in deep waters. In fall, corresponding average values were 1518 and 1227 pM h1. Depth profiles of aminopeptidase activity (Fig. 3) exhibited the same behavior as observed for phosphatase activity, but average Vmax values in the surface layer were 8 times greater than in deeper waters in spring, and 3 times higher in fall (Table 1). For aminopeptidase and phosphatase, the strongest hydrolysis rate constant (Hr ) appeared in the subsurface layer in fall. The average values for Hr for phosphatase were 18.4% d1 in surface water and 4.1% d1 in deep water. For aminopeptidase activity the corresponding values were 3. Results 3.1. Hydrological conditions, bacterial distribution and production The DYFAMED area is known to be relatively free of advective currents. Basically in this 2300 mdeep water column, one can describe four water masses (Be! thoux et al., 1988). The surface layer, known as the Modified Atlantic Water (MAW), reaches a depth of 200 m, and is characterized by low salinity and temperature. Between this layer and 600–800 m is the Levantine Intermediate Water (LIW), characterized by salinity levels >38.45, high nutrient concentrations, and a minimal oxygen concentration between 300– 400 m. In its deepest stratum, LIW usually accommodates large concentrations of gelatinous macro-zooplankton (Gorsky et al., 1991). These organisms produce large amounts of organic material such as feces and dead bodies. Between 800 and 1000 m there is an intermediate layer formed by the mixing of over- and underlying waters. Below 1000 m the Deep Mediterranean Water (DMW) is characterized by stable temperature (12.701C) and salinity (38.40) throughout the year. In this area, bacterial counts and bacterial production profiles classically decrease with depth; however, both showed an increase between 300 and 400 m (Fig. 1). These peaks coincided with the minimal oxygen concentration in the LIW. Bacterial densities ranged between 14.4 and 4.3 105 cells ml1 in surface waters (10–100 m) and between 8.5 and 3.6 104 cells ml1 in deep-water samples (1000–2000 m) (Fig. 1a). 76 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 103 cell sml -1 (a) 0 500 1000 ng C l -1 h-1 1500 2000 0 dept (m) (b) 0 20 40 60 80 100 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 0 50 50 100 100 150 2113 0 100 200 300 400 500 100 200 200 400 400 600 600 800 800 1800 1000 1800 1200 1800 1400 1800 1600 1800 1800 2000 2000 sp ring fall Fig. 1. Depth profiles for bacterial counts (a) and bacterial production (b) trough the water column in spring and fall conditions. –E– spring; –’– fall conditions. Note different scales for superficial waters and deeper layers. 5.4 and 4.5% d1. Depth profiles for Hr (Figs. 3 and 4) showed a similar pattern to that of the potential activities, with the peak in the oxygenminimum layer more evident for aminopeptidase than for phosphatase activity. resulted in a 1.5–2.8-fold increase in the rates measured on samples at in situ pressure compared to their decompressed counterparts. Variability of the pressure effect did not appear to be linked to substrate concentration. 3.3. Effect of hydrostatic pressure conditions on prokaryotic activities 3.4. Seasonal variability of ectoenzymatic activities In the photic zone, between spring and fall, bacterial production and aminopeptidase rates decreased, whilst phosphatase rates increased. In the deeper water column, bacterial production remained constant, whilst both enzymatic activities increased in fall, irrespective of the added substrate concentration (Table 1). In the surface layer, aminopeptidase rates were 1.6 times higher than the Vmax obtained for phosphatase in spring, but in fall the two enzymatic activities were quite identical. Deeper in the water column, the rates were identical in spring As shown in previous studies (Bianchi et al., 1999a), bacterial production rates measured on decompressed deep water samples have been underestimated when compared to samples maintained at in situ pressure (Table 2). During these two cruises we were able to measure for the first time prokaryotic ectoenzymatic activities on undecompressed deep-water samples. Both assays (i.e. using trace and saturation substrate concentrations) showed a positive effect of high-pressure conditions on the measured Vmax and Vtr : This 77 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 (a) 900 MCA-Leu hydrolysis rate (pmol l-1 h-1) 2114 800 700 600 500 400 300 200 100 0 0 1 2 3 [Leu-MCA] (µM) 4 5 0 1 2 3 [MUF-P] (µM) 4 5 MUF-P hydrolysis rate (pmol l-1 h-1) (b) 2500 2000 1500 1000 500 0 Fig. 2. Saturation curves for (a) aminopeptidase activity and (b) phosphatase activity in water samples collected at the DYFAMED station. appear as an adaptation by bacterial assemblages to the variability of the substrate concentration in the natural environment (Talbot and Bianchi, 1997; Lamy et al., 1999; Tholosan et al., 1999b; Unanue et al., 1999). The possibility of biphasic kinetics can give rise to an overestimation of measured rates, particularly if the experimentally added substrate concentration is clearly over the possible range of concentrations found in the natural environment. In order to get a significant determination of the kinetic parameters, the added substrate concentrations must be close to the expected range of variation in the studied conditions, but due to a drastic increase of phosphatase in fall, this activity was 2.7 times higher than aminopeptidase; the bacterial production rate remained quite constant. 4. Discussion 4.1. Km values and substrate affinity The specific diversity of natural prokaryotic assemblages can facilitate the development of biphasic ectoenzymatic kinetics. Such kinetics 78 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 -1 -1 Vmax (pmol l h ) (a) depth (m) 0 1000 2000 3000 Hr (% d -1) (b) 4000 0 0 0 200 200 400 400 600 600 800 800 1000 1000 1200 1200 1400 1400 1600 1600 1800 1800 2000 2000 2115 10 20 30 40 spring fall Fig. 3. Depth profiles of aminopeptidase activity through the water column in spring and fall conditions. Comparison of (a) maximal velocity of hydrolysis (Vmax ) and (b) rates measured at 0.05 mM (Vtr ). –E– spring; –’– fall conditions. -1 -1 Vmax (pmol l h ) (a) depth (m) 0 1000 2000 3000 -1 Hr (% d ) (b) 4000 0 0 0 200 200 400 400 600 600 800 800 1000 1000 1200 1200 1400 1400 1600 1600 1800 1800 2000 2000 10 20 30 40 spring fall Fig. 4. Depth profiles of phosphatase activity through the water column in spring and fall conditions. Comparison of (a) maximal velocity of hydrolysis (Vmax ) and (b) rates measured at 0.05 mM (Vtr ). –E– spring; –’– fall conditions. 79 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond 26.679.7 0.470.4 1.5% 10–200 200–2000 200–2000/10–200 h ng C l 1 Vmax : maximum velocity determined with multi-concentration kinetic method; Hr : hydrolysis rate constant measured at 0.05 mM; value7SE: standard error. Deep/ surface: relative contribution of processes within the intermediate and deep-water layer to the flow throughout the surface layer. (n.d. not determined) 15187260 12277590 81% 11.472.4 0.470.2 4.4% 17867222 228767 13% n.d. 4.472.1 n.d. 1119775 2227122 20% 5.472.9 4.574.7 83% 14387170 4557205 32% 7.872.3 3.371.0 42% Hr 7SE (% d1) Vmax 7SE (pM h1) Vmax 7SE (pM h1) Hr 7SE (% d1) Vmax 7SE (pM h1) Hr 7SE (% d1) Vmax 7SE (pM h1) Hr 7SE (% d1) Fall Spring Fall Spring 1 Fall Spring Phosphatase Aminopeptidase Production Layer (m) Table 1 Comparison of average rates of enzyme activity and bacterial production within the surface layer (10–200 m deep) and the intermediate and deepwater layer (200–2000 m deep) at the DYFAMED station in spring and fall conditions 18.478.3 4.171.9 22% C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 2116 environment. Concentrations of dissolved proteins in marine systems are usually lower than 5 mM (Druffel et al., 1992; Keil and Kirchman, 1994; Kroer et al., 1994). Recently, Keil and Kirchman (1999) estimated that dissolved combined amino acids (DCAA) ranged from 0.167 to 0.810 mM between deep (1000 m) and subsurface waters in the oligotrophic Sargasso Sea. The final concentrations of labeled compounds we used in this study, ranging from 0.05 to 5 mM, are close to the expected natural concentrations in this area, making likely the Km kinetics parameters we measured. The multi-concentration technique allows us to calculate the Michaelis constant, Km : The Km we calculated ranged between 0.16 and 1.13 mM for aminopeptidase and between 0.05 and 1.82 mM for phosphatase activities. These values fall within the range of values obtained by other authors (Unanue et al., 1999; Ammerman and Glover, 2000) using similar ranges of added substrate concentration. This result confirms that marine prokaryotic assemblages are able to use the very low substrate concentrations characteristic of deep-sea waters. 4.2. Depth profiles of enzymatic rates and adaptation of prokaryotic ectoenzymatic activities to deep-sea conditions Depth profiles of aminopeptidase and phosphatase values for Vmax show that in this area of the Mediterranean the drastic decrease in enzymatic rates appears above 200 m (i.e. above the boundary between Modified Atlantic Water and Levantine Intermediate Water). Both enzymatic activities peaked in the LIW, at approximately 400 m, i.e. in the layer of minimal oxygen concentration. At a depth of 1000 m, aminopeptidase and phosphatase rates were one order of magnitude lower than in the corresponding surface waters (Figs. 3 and 4). This decrease agrees with that previously described by Rosso and Azam (1987), who reported an order of magnitude decrease in proteolytic activities from the surface (o100 m) to the deep waters (500–900 m) in the Santa Monica Basin. In the central Pacific Ocean, Koike and Nagata (1997) observed a 2- to 3-order of magnitude decrease in b-glucosidase activity 80 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 2117 Table 2 Effect of hydrostatic pressure conditions on microbial activities. Comparison of bacterial production, aminopeptidase and phosphatase rates measured on samples maintained under ambient pressure conditions (VHP) to the rates measured on their decompressed counterparts (VDEC) Depth (m) 1000 1500 2000 2000 Bacterial production ng C l1 h17SE Aminopeptidase Vmax (pM MCA h1)7SE Hr (% d1)7SE Phosphatase Vmax (pM MUF h1)7SE Hr (% d1)7SE VDEC VHP Rates VDEC VHP 0.4870.10 0.2870.12 0.2170.11 0.1370.14 0.7770.15 0.7470.39 0.4770.11 2.0670.06 Hr 3.972.4 11.074.4 Vmax Vmax 571768 137796 835799 386720 Rates VDEC VHP Hr Vmax Vmax 3.170.7 335740 168770 7.271.9 4687203 4437199 Vmax : maximum velocity determined with multi-concentration kinetic method; Hr : hydrolysis rate constant measured at 0.05 mM. between surface and deep waters, whilst the decrease in alkaline-phosphatase activity was limited to 50% of its initial value. Hoppe and Ullrich (1999) described a virtually constant Vmax rate, or even a slight increase in aminopeptidase activity, at depth in an oligotrophic area in the Arabian Sea. Conversely, these authors observed a drastic increase in phosphatase activity in deep water. In intermediate and deep-waters, the average Vmax for aminopeptidase represented only 13 and 32% of the corresponding rates in surface waters in spring and in fall periods, respectively. For phosphatase activity, corresponding ratios were 20% in spring and 81% in fall (Table 1). However, depth integration of Vmax values showed that the potential hydrolysis flow due to prokaryotic populations located deeper than 200 m is far from negligible. Results presented in Table 3 show that, when one takes into account ambient pressure, more than 50% of the potential aminopeptidase activity through the whole water column could be due to the activity of organisms located within the intermediate and deep-water layers (i.e. 67% in spring and 91% in fall). For phosphatase, 74% and 94% of the potential activities are in the intermediate and deep-water layers in spring and fall conditions, respectively. These data confirm previous observations on the vertical distribution of diverse bacterial activities through the water column. In studying the catabolism of 14C-glucose, we calculated that in an oligotrophic area of the NE Atlantic 46% of the carbon dioxide potentially produced by pelagic bacteria could be due to the activity of prokaryotic populations in intermediate and deep waters (Bianchi et al., 1998). Using ETS activity, Lefe" vre et al. (1996) showed that 75% of the metabolic CO2 produced in the water column occurs at depths between 200 and 1000 m. It appears that even if the metabolic rates measured in samples collected below 200 m are drastically lower than those measured in surface waters, the fluxes of metabolites produced in the surface and the deep layers could result in the same order of magnitude. This study pinpoints the impact of pressure conditions on the efficiency of prokaryotic populations processing on biopolymer hydrolysis. For example, in fall, the integrated potential aminopeptidase activity calculated by using decompressed samples was 947 mmol MCA hydrolyzed m2 h1, while the same calculation using undecompressed samples was 2-fold higher (Table 3). To get the organic carbon made easily assimilated for prokaryotic organisms through the hydrolysis process, we hypothesized that one mole of MCA hydrolyzed corresponds to 1 mol of leucine released. This calculation showed that prokaryotic ectoenzymatic activity could release 1.1 mmol C m2 h1 through the superficial layer (10–200 m depth). In the 200–2000 m deep-water layer, the same calculation lead to the release of 5.6 or 11.0 mmol C m2 h1 depending on the use of decompressed or undecompressed samples, 81 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond respectively. This example shows that the use of Niskin samplers instead of pressure-retaining devices introduces an underestimation of 50% of the flow of low molecular weight compounds potentially released by prokaryotic hydrolysis throughout a 200–2000 m deep-water column. Adaptation of deep-sea bacteria to high-pressure conditions has been demonstrated for monomer assimilation and for the corresponding energyyielding reactions (Bianchi and Garcin, 1993,1994; Bianchi et al., 1999a, b; Tholosan et al., 1999a). To our knowledge, this study is the first to measure ectoenzymatic activities of deep-sea prokaryotic populations by using an experimental strategy avoiding pressure stresses during sample retrieval and incubation. This adaptation of enzymatic processes to in situ pressure conditions first appears at or above 1000 m (Table 2). Pressure effects on the enzymatic rates (Pe ) can be estimated by the relation Pe =VHP/VDEC, where VHP is the rate measured in samples kept under ambient pressure conditions, and VDEC the rate measured on their decompressed counterparts. As an average of the whole data set, including Vmax and Vtr values, we obtained for the 2 enzymatic activities, Pe =2.370.6 (n ¼ 6). Kato et al. (1995) reported that, in laboratory conditions, alkaline serine ectoprotease activity of a strain of Sporosarcina sp. isolated from the Japan Trench at 6500 m was nearly doubled at 60 MPa compared to the rate measured at atmospheric pressure. Such a behavior suggests that this protease may be adapted to the high-pressure environment found in the deep sea. Recently, Bull et al. (2000) confirmed that some enzyme production by deep-sea bacteria can be increased by high-pressure. Studies based on bacteria grown in culture media under different pressure conditions suggested that prokaryotic adaptation to high-pressure conditions could control the rates of overall prokaryotic activity in the deep sea (Yayanos et al., 1982). This assumption is supported by our data obtained from natural deep-sea prokaryotic assemblages, since the studied ectoenzymatic activities appear to be adapted to in situ pressure conditions. Nevertheless, we have to acknowledge that our observations were made during the Vmax : maximum velocity determined with multi-concentration kinetic method; Vtr : rate measured with the substrate added at 0.05 mM; value7SE: standard error 200– 2000 part (%) in ambient pressure: relative contribution of processes within the intermediate and deep waters to the flow throughout the whole water column under ambient pressure conditions. 2397260 21447590 374571237 39847960 94% 6710 3475 5875 6477 90% 156775 3227121 4377122 5937105 74% 22766 163790 300790 322780 94% 1937170 9477205 18407205 20337191 91% 6715 39711 62714 68714 91% 10–200 200–2000 decompressed 200–2000 in ambient pressure 10–2000 in ambient pressure 200–2000 part (%) in ambient pressure Vmax 7SE 2389710 94170.4 121970.4 360776 34% 127472 68270.2 297670.2 422272 70% 2727222 324767 551781 8237156 67% Vtr 7SE Vmax 7SE Vmax 7SE Vmax 7SE Spring Fall Spring Vtr 7SE Fall Vtr 7SE Vmax 7SE Vtr 7SE Fall Spring Phosphatase m mol m2 h1 Aminopeptidase m mol m2 h1 Production mg C m2 h1 Layer (m) Table 3 Integrated enzyme activities (mmol m2 h1) and bacterial production (mg C m2 h1) through different water layers at the DYFAMED station in spring and fall conditions: trapezoidal integration of measured rates through the Modified Atlantic Water layer (10–200 m), through the intermediate and deep-water layer (200– 2000 m) calculated on samples decompressed (decompressed) and under ambient pressure conditions, and throughout the whole water column (10–2000 m deep) under ambient pressure conditions 51744 11871 16471 214743 76% C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 2118 82 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 2119 phosphate availability. Koike and Nagata (1997) hypothesized that the most probable origin of phosphatase activity in the deep sea could be from the phytoplankton particles sinking from the upper layers of the ocean. Conversely, at the DYFAMED station, chlorophyll a and particle flow were lower in fall than in spring (Carroll et al., 1998; Marty and Chiave! rini, 2002). Hoppe and Ullrich (1999) considered a conceptual model of the different mechanisms for phosphatase increase in the deep ocean. These authors suggested that their observation of phosphatase increase in the deep Indian Ocean was related to the strict C-limitation of bacteria in deep sea and not with the P-demand. We could speculate that following the summer period, when deep waters are particularly impoverished in organic nutrients, deep-sea bacteria have to draw their carbon sources from the bulk of resistant polymers to compensate for the lack of readily available organic monomers. This pattern could provoke an acceleration of hydrolytic activities in fall, and particularly of the phosphatase rates, because, as suggested by Hoppe and Ullrich (1999), a preliminary enzymatic hydrolysis seems to be necessary to allow the uptake of even small phosphomonoesters by bacteria. stratified water period, and that adaptation to pressure conditions depends on the origin of bacterial populations. Indeed bacterial adaptation to pressure may vary according to hydrological conditions. We already have observed a negative effect of high pressure on potential metabolic activities of deep-sea bacteria during the mixed water period, when downwelling of surface water takes surface bacteria to the depths (Bianchi and Garcin, 1994). In the same manner, we observed that bacteria linked to fecal pellets of migrating zooplankton collected at depth may be unaffected by pressure conditions (Bianchi et al., 1999b). 4.3. Seasonal variability of prokaryotic ectoenzymatic activity Seasonal variability of prokaryotic activity in the photic layer is well documented. However, the literature reports few examples of such studies through the deep-water layers. This lack of interest is probably due to the progressive weakness of seasonal fluctuations in physical and chemical parameters with increasing depth. The two series of samples we studied at a 6-month interval give some indication of the seasonal variability of potential ectoenzymatic activities at depth. To follow the evolution of potential enzymatic activities within surface and deep waters during the two sampling periods, we used the ratio F =S=fall flux/spring flux. In surface waters bacterial production and aminopeptidase activity decreased between the two cruises (F =S=0.5 and 0.7, respectively), meanwhile phosphatase activity increased (F =S=1.5). In deep-waters, bacterial production and both enzymatic activities increased: F =S ratio was 2.4 for biomass production, 3.3 for aminopeptidase, and 8.6 for phosphatase. Theoretically this increase should not be related to phosphate concentration, which is usually greater than 0.40 mM in water layers deeper than 200 m (M.D. Pizay pers. comm.). Due to the continually high concentration of reactive phosphate, deep-sea bacteria should not have to hydrolyze P-substrates (like esters and anhydrides of phosphoric acid) to produce phosphoric acid (Jansson et al., 1988). Thus, at depth, whatever the season, phosphatase activity should be continuously repressed by 4.4. The coupling or uncoupling of ectoenzymatic activities with bacterial density and biomass production Hydrolytic activities reflect a specialized adaptation of prokaryotic consortia. To appreciate the suitability of this adaptation, the measured enzymatic rates may be normalized to the bacterial abundance (i.e. leading to the estimation of the cell-specific activity). We observed (Table 4) that cell-specific aminopeptidase activity, and to a greater extent, phosphatase activity, is higher in deep waters than in the shallow waters. This increase shows that deep-sea bacteria are more closely adapted to HMW polymer hydrolysis than surface bacteria. Yet, the cell-specific activity serves only as a rough guide to bacterial adaptation, as the percentage of viable bacteria amongst the total count varies greatly (Bianchi and Giuliano, 1996). 83 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond 2120 C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 Table 4 Comparison of averaged potential ectoenzymatic activity rates normalized by bacterial production or by total counts within the surface layer (10–200 m deep) and the intermediate and deep-water layer (200–2000 m deep) at the DYFAMED station in spring and fall conditions HyP=MH/BP (nmol MH nmol1 C synthesized) MH/TC(amol MH cell1h1) Layer (m) Aminopeptidase Vmax Phosphatase Vmax 10–200 200–2000 10–200 200–2000 3.4 13.3 1.9 3.5 4.6 30.1 1.9 7.7 HyP=MH/BP: macromolecular hydrolysis (MH) versus bacterial production (BP); MH/TC: macromolecular hydrolysis (MH) versus total counts (TC). of these 2 enzymatic processes through space and time could indicate the relative contribution of non-bacterial enzymes to the processes of organic polymer decomposition. Data presented in Table 4 show that HyP values are higher in deep waters than in the surface layers for both enzymatic activities. Theoretically, this means that in the 200–2000 m depth, it should be necessary to hydrolyze about 3.4 times more amino-peptides, or 6.5 times more P-polymers, to produce the same bacterial biomass observed in the photic layer (10–200 m depth). Such an increase of hydrolyzed compounds to bacterial production at depth agrees with an organic bulk devoid of readily utilizable monomers. It demonstrates that deep-sea assemblages are well adapted to find carbon and energy sources in the HMW compounds. Moreover, aminopeptidase activity is highly correlated with bacterial abundance (r ¼ 0:89; po0:0001; n ¼ 21) and with bacterial production (r ¼ 0:81; po0:0001; n ¼ 15), whilst phosphatase activity is only significantly correlated to bacterial abundance (r ¼ 0:53; po0:05; n ¼ 24) and bacterial production (r ¼ 0:58; po0:05; n ¼ 19). Highly significant correlation observed between aminopeptidase and bacterial parameters agrees with an admitted exclusive bacterial origin for these enzymatic systems. Microbial ectoenzymatic activities are expected to be the preliminary step for bacterial degradation of the organic bulk. The question remains for a possible limiting role of this preliminary step. Comparing ectoenzymatic activities with the estimation of the overall prokaryotic metabolism could help to answer this question. It is obvious that the difficulty lies in defining a precise indicator of overall microbial metabolism. We decided to use an index that should be able to quantify the participation of organic compounds resulting from the hydrolysis of biopolymers to the production of bacterial biomass HyP=Vmax ‘‘hydrolysis rate/bacterial production rate’’. This ratio is open to criticism, as there is no proof that defined ectoenzymatic activity is actually performed by the same bacteria as those producing the bacterial biomass (Talbot et al., 1997). Nevertheless, HyP normalizes the hydrolytic potential in relation to a unit of overall prokaryotic metabolism (i.e. the mass of hydrolyzed biopolymer related to the production of one unit of bacterial organic C). In this way, HyP relates the energy spent in the preliminary step to the end product of heterotrophic growth, i.e. bacterial biomass production. This hypothesis implies that hydrolytic ectoenzymes are exclusively produced by bacteria. A major microbial origin is accepted for enzymes like aminopeptidase (Hoppe, 1984), but in the case of phosphatase other origins are also possible. All components of the aquatic biota could produce phosphatase, but the most important should be due to bacteria, phytoplankton and zooplankton (Jansson et al., 1988). The respective HyP patterns 5. Conclusion The present study showed that relative to the rates measured under ambient pressure conditions, decompression of deep-water samples provoked a 84 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond C. Tamburini et al. / Deep-Sea Research II 49 (2002) 2109–2123 slowing of hydrolytic activities of nearly 50%. Such a slowing down suggests that in the deep ectoenzymatic processes depend, at least for a significant part, on pressure adapted organisms. Despite this adaptation to pressure conditions, the measured hydrolysis rates drastically decrease a few tenths of meters below the sea surface. Meanwhile, the flow of readily utilizable low molecular-weight compounds potentially released from biopolymers by microbial activities through the intermediate and deep-water layers results quite similar to the corresponding flow released in the productive layer. 2121 Oc!eanographie p!elagique m!editerran!eenne. Oceanologica Acta No. SP 9, pp. 59–67. 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(Eds.), Acknowledgements This work was partially funded by the Institut National des Sciences de l’Univers, (Programme Flux Oce! aniques DYFAMED) and Total-Fina-Elf (grant no. 11 997FCNRS/ENTREPRISE). C.T. was supported by a fellowship co-funded by INSU and Total-Fina-Elf. Authors greatly appreciated specific information given by J.-C. Marty, DYFAMED Program leader, and by J. Chiave! rini. We are grateful to M.D. Pizay to provide data on phosphate analyses. We thank J.-P. Durbec, F. Van Wambeke, M. Goutx and two anonymous reviewers for helpful comments on the manuscript, and Tracy Bentley for improving the English language. Authors thank the captains and crews of R.V. Tethys II for cruise assistance. References Ammerman, J.W., Glover, W.B., 2000. Continuous underway measurement of microbial ecto enzyme activities in aquatic ecosystems. Marine Ecology Progress Series 201, 1–12. Amon, R.M.W., Benner, R., 1994. Rapid cycling of highmolecular-weight dissolved organic matter in the ocean. 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Les composés modèles, que sont la MCA-Leu (pour EAA) et la MUF-P (pour PA), ne sont pas des composés naturels et ne se trouvent donc pas dans l'eau de mer. Ainsi, le Km calculé peut être considéré comme étant l'estimation maximale de la constante d'affinité K (Wright & Hobbie, 1966). Toutefois, peu de références rapportent des valeurs de Km dans la colonne d'eau de mer. Nous avons trouvé dans la littérature moins d'une dizaine de références fournissant des estimations de Km sur des échantillons d'eaux de surface, et aucune provenant d'échantillons d'eaux profondes. Le Tableau III-2 reporte ces valeurs de Km, et les concentrations en substrats relatives à la détermination des paramètres Michaelis-Menten, dans différentes zones marines. La plupart des études ont été réalisées en utilisant des concentrations en substrat plus élevées que les nôtres. Par exemple, pour déterminer les valeurs des Km des EAA dans les eaux eutrophes de la Mer Baltique, Chrost & Velimirov (1991) ont réalisé des cinétiques concentrations dans une gamme de 12,5 à 200 µM de MCA-Leu, alors que nous avons utilisé des concentrations en MCA-Leu variant de 0,05 µM à 5 µM, en concordance avec les gammes basses de concentrations de Unanue et al. (1999). Comme nous l'avons précisé dans le manuscrit, ces faibles gammes de concentrations en substrat choisies par Unanue et al. (1999) ainsi que par Ammerman & Glover (2000) sont en concordances avec les faibles concentrations en substrat naturellement rencontrées dans les eaux de la Mer Ligure. 88 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond Tableau III-1. Synthèse des valeurs des Km provenant d'échantillons d'eau de mer reportées dans la littérature pour les activités ectoenzymatiques aminopeptidase (EAA) et phosphatase (PA). Région Prof. (m) Activité Concentration en substrat (µM) 0,001-10 0,001-10 10-100 10-100 12,5-200 2,2 2,5 17,8 35,5 206 Unanue et al. (1999) Rath et al. (1993) Km (µM) Référence Mer Méditerranée NO 20-50 (côtier) EAA Mer Baltique Surface EAA Mer des Caraïbes Oligotrophe Eutrophe 0.5 EAA 0,1-25 0,1-25 0,59 47,6 Golfe du Mexique 1-2 EAA 0,1-10 1-10 1-10 7,8-1000 Ammermam & 2,2 Glover (2000) 0,7 4,7 181 ± 13 Delmas & Garet (1995) 48-218 Christian & Karl (1998) 0,44-1,13 Cette étude Ammermam & 0,3 Glover (2000) 0,2 0,2 0,05-1,23 Cette étude Atlantique Surface Marais côtier Péninsule Antarctique EAA Méditerranée NO Golfe du Mexique 10-2000 1-2 EAA PA Méditerranée NO 10-2000 PA n.d.-1000 0,05-5 0,01-10 0,01-10 0,1-10 0,05-5 Chrost and Velimirov (1991) La Figure III-1 présente les valeurs moyennes des Km des activités des PA et des EAA estimées au printemps et en automne au profondeur 10-200, 200-1000 et 1000-2000 m. On peut constater qu'en automne les valeurs des Km sont supérieures à celles du printemps décrivant une plus grande affinité vis-à-vis du substrat au printemps par rapport à l'automne. Cette remarque semble valable pour les deux activités considérées mais est exacerbée pour les phosphatases. 89 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond a) 0 0,5 b) Km (µM) 1 1,5 2 2,5 3 0 10-200 10-200 200-1000 200-1000 1000-2000 1000-2000 0,5 Km (µM) 1 1,5 2 2,5 Figure III-1. Valeurs moyennes (± écarts types) des constantes de demi-saturation (Km) des activités des phosphatases (a) et des aminopeptidases (b) au printemps et en automne aux profondeurs 10-200, 200-1000 et 1000-2000 m sur le site DYFAMED. Pour les phosphatases, le Km augmente avec la profondeur montrant que l'affinité des enzymes impliquées dans l'hydrolyse des composés phosphatés diminue avec la profondeur. Contrairement aux observations de Hoppe & Ullrich (1999) qui observent une augmentation des Vmax de PA en profondeur, nous n'observons pas la même tendance. Toutefois, les systèmes enzymatiques des phosphatases se comportent de manière particulière en comparaison de ceux des aminopeptidases. La croissance et la maintenance des microorganismes dans le domaine océanique profond dépendent principalement de l'apport en carbone (déficient dans ce domaine) et non de l'apport en phosphate qui est en quantité importante dans les zones profondes. Cette plus faible affinité des phosphatases en profondeur pourrait être une adaptation des microflores profondes permettant de réaliser des réactions enzymatiques moins spécifiques. Cette adaptation à un plus large spectre de composition de la matière organique permettrait de récupérer le carbone nécessaire au fonctionnement de la machinerie cellulaire. 90 3 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III.3 Manuscrit n°4 ROLE OF DEEP-SEA BACTERIA IN ORGANIC MATTER MINERALIZATION AND ADAPTATION TO HYDROSTATIC PRESSURE CONDITIONS IN THE NW MEDITERRANEAN SEA Christian Tamburini,* Jean Garcin, Armand Bianchi Laboratoire de Microbiologie Marine, CNRS - INSU, UMR 6117, Université de la Méditerranée, Centre d’Océanologie de Marseille, Campus de Luminy, Case 907, 13288 Marseille CEDEX 09, France *E-mail: [email protected] Manuscript submitted to Aquatic Microbial Ecology 91 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond Préambule Comme nous l'avons vu dans le manuscrit précédent (manuscrit n°3 – Tamburini et al., 2002), l'étape qui limite le métabolisme bactérien est l'hydrolyse des macromolécules en plus petites molécules directement assimilables par la cellule bactérienne. Cette deuxième étape d'assimilation mais aussi d'intégration dans la cellule bactérienne de petits monomères aboutit à la formation de gaz carbonique par respiration (CO2). Les bactéries hétérotrophes réalisent donc deux principales fonctions dans la transformation de la matière organique. Une fraction de la matière organique consommée est utilisée pour produire de la biomasse nouvelle (production de biomasse bactérienne - BP), l'autre est utilisée à des fins énergétiques produisant du carbone inorganique (respiration bactérienne - BR). Le but de ce manuscrit est donc d'évaluer quelle est la vitesse potentielle d'utilisation de la matière organique par les bactéries, en distinguant la part utilisée pour la production de CO2 de celle utilisée pour la production de biomasse, et donc de déterminer quel est le rendement de croissance bactérienne. Toutefois les techniques classiquement utilisées pour mesurer le rendement de croissance bactérienne ne peuvent être mises en œuvre en évitant le stress provoqué par la décompression des échantillons. Nos travaux antérieurs, ayant mis en évidence le biais introduit par ce stress dans les mesures d'activités métaboliques, nous suggérons un protocole permettant une estimation du rendement bactérien sans décompression des échantillons. Nous proposons donc d'utiliser un monomère marqué au carbone 14 (14C-Glutamate) pour suivre son assimilation (GA) et sa respiration (GR) et évaluer le rendement d'assimilation du glutamate (GYG=GA/(GA+GR)). Nous évaluerons ainsi le rôle des microflores profondes dans la minéralisation de la matière organique et leur adaptation aux conditions de pression hydrostatique en Mer Ligure (DYFAMED) lors de deux périodes trophiques différentes : une période où le flux particulaire est important (printemps 2000) et une période où les apports en matériel organique particulaire sont très faibles (automne 2000). 92 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III.3.1 Abstract Over spring and fall, ectoaminopeptidase activity (EAA), 14C-glutamic acid assimilation (GA) and respiration (GR) rates were measured whilst maintaining in situ hydrostatic pressure condition through a 2000-m water column in the NW Mediterranean. Depth-integrated EAA was maximal in the deep-sea layer due to the lack of ready-to-use compounds. Conversely, depth integrated fluxes for GA and GR in the bathypelagic zone, though far from negligible, were much lower than in the photic layer, the exception being in the 1000-2000 m layer during fall when respiration fluxes and particle fluxes were optimal. Metabolic rates obtained from samples recovered and incubated under in situ pressure conditions were 4.53 ± 4.45 (mean ± SD; n = 19) times higher than their decompressed counterparts, proving that deep-sea bacteria were adapted to high pressure. 14 C-glutamic acid uptake rates (GU=GA+GR) measured under in situ pressure conditions were used to calculate the bacterial 14C-glutamic acid assimilation yield (GYG = GA/GU). In decompressed samples this yield was always lower by around 20 % than in those measured in in situ pressure conditions. Because experiments currently used to estimate bacterial growth efficiency (BGE) are not done in in situ pressure conditions, we hypothesize that pressure affects BGE in the same way that it affects GYG. Thus, the stress caused by decompression induces an increase in energy cost, and so underestimates BGE. Growth of deep-sea bacteria is highly dependent on the quantity and quality of sinking particles reaching 1000 m. During mesotrophic conditions (spring), high fluxes of relatively fresh particulate organic carbon generated relatively small depthintegrated EAA rates (20.6 mg C m-2 h-1) and high GYG (65 %). Meanwhile, during oligotrophic conditions (fall), a minimal flux of old organic matter generated maximal depthintegrated EAA rates (62.2 mg C m-2 h-1) and lower GYG (12 %). From these observations and from the literature, we explore the relationship between the nutritive sources available to deep-sea bacteria, their role in the mineralization of peptide compounds and consequently the implications for the global carbon cycle. Key words: Deep-sea; bacteria; organic matter; mineralization; peptidase activity; BGE; bacterial growth efficiency; Mediterranean Sea. 93 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III.3.2 Introduction Around 50 % of the organic carbon produced daily by photosynthetic organisms in the euphotic zone is processed by bacteria and used to produce new bacterial biomass and satisfy the energy requirements for bacterial respiration (Ducklow & Carlson 1992). Deeper in the water column, bacteria consume between 40 and 100 % of the sinking fluxes of particulate organic carbon (POC). This indicates that there is a tight coupling between sinking particles and free-living bacteria in the mesopelagic (Cho & Azam 1988, Smith et al. 1992) and bathypelagic layers (Nagata et al. 2000). Bacterial activity rates measured in the deep-water layer of the ocean appear low relative to those described in the surface layer. However, when the measured rates are integrated through the depth of each water layer, the mineralization fluxes mediated by prokaryotic populations at depths deeper than 200 m appear far from negligible (Lefèvre et al. 1996, del Giorgio et al. 1997, Bianchi et al. 1998, Tamburini et al. 2002). Most of the organic compounds produced in natural waters have a polymeric structure. Such high molecular weight (HMW) biopolymers must be transformed into low molecular weight (LMW) compounds by ectoenzymatic processes. This is because only LMW compounds (< 600 Da) are able to enter into the cell (Nikaido & Vaara 1985, Chrost 1991, Chrost & Velimirov 1991) to produce bacterial biomass and energy yielding reactions that ultimately lead to carbon dioxide production. These ectoenzymatic activities are considered to be the limiting step for the heterotrophic mineralization of organic matter (Chrost 1991). The DYFAMED time-series station, which is devoid of horizontal advection currents (Andersen & Prieur 2000), is an interesting zone for studying the mineralization fluxes generated by the prokaryotic compartment through the water column from the sea surface down to 2300 m. Moreover, this water column is relatively homoeothermic (13°C from the subsurface to the bottom), enabling us to focus on the effects of increasing hydrostatic pressure on microbial activity, independently from the effects of decreasing temperature, which is usually encountered in deep-sea waters. It is now well accepted that high-pressure conditions affect the metabolism of marine bacteria (ZoBell & Oppenheimer 1950, Deming et al. 1980, Tabor et al. 1981, Jaenicke 1987, Straube et al. 1990, Turley & Lochte 1990, Poremba 1994, Yayanos 1995). In previous studies, we demonstrated that changes in hydrostatic pressure during sampling affect the uptake rate of low molecular weight compounds by deep-sea bacteria (Bianchi & Garcin 1993, Bianchi & Garcin 1994, Tholosan et al. 1999). More recently, we demonstrated that pressure conditions also affect bacterial populations carrying out biopolymer hydrolysis in deep-sea waters (Tamburini et al. 2002). 94 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond In this study, we focus on the coupling between the rates of HMW biopolymer hydrolysis (via aminopeptidase activity) and the uptake rates of LMW amino acids (resulting from the hydrolysis process), through the water column (down to 2300 m) in the NW Mediterranean. All the assays were concomitantly performed under in situ and atmospheric pressure conditions. Thus, we are be able to examine the effects of high hydrostatic pressure on the microbial transformation of single organic compounds by heterotrophic bacteria, into new bacterial biomass and inorganic C. From the transformation of a single organic substrate we discuss the effects of environmental conditions (depth, season, pressure conditions) on the corresponding bacterial growth yield , and its consequent implications on the role of microbes in nutrient cycling. III.3.3 Materials and methods III.3.3.1 Sampling area and sampling protocol Sampling was carried out over two cruises (April and September, 2000) in the Northwestern Mediterranean Sea, at the DYFAMED times-series station (Fig.1). This station is located 28 miles southeast of Nice (43°25' N, 07°52' E). Fig.1. Location of the DYFAMED time-series station. 95 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond Sampling was carried out using a High Pressure Serial Sampler (HPSS – Bianchi et al. 1999), which can be simultaneously fitted with conventional 12-l Niskin bottles and 500-ml pressure retaining bottles (HPB). The labeled compound used to measure metabolic activity is injected, before immersion, into the HPB through the injection port, so it is mixed into the sample volume during filling (Fig. 2). During retrieval and subsequent incubation periods, pressure conditions in each HPB were recorded continuously, via the deck unit of the CTD (Sea-Bird 911 plus). Incubations of HPB's were carried out in a temperature controlled water bath, so that the samples were kept at the in situ temperature. In order to perform time-course experiments, a series of sub-samples were successively collected without causing any pressure loss into the culture vessels. The daily sampling protocol was carried out as follow: during the same hydrocast, three samples were collected using Niskin bottles (one in the surface layer (0-200 m), one in the intermediate layer (200 - 800 m), and one in the deep-water layer (800-2000 m). Three duplicates of HPB samples were collected between 800 and 2000 m. Each duplicate included two HPBs concomitantly filled through the same filling valve, one being maintained at in situ pressure meanwhile the second was decompressed during retrieval (Fig. 2). All bacterial activity measurements were processed onboard the research vessel, immediately following sample retrieval. 96 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond Fig.2. Diagrammatic representation of the high-pressure bottles (HPB) in configuration of samples filling. The filling valve is set off by the scientist on board the ship. When the filling valve is opened, the natural hydrostatic pressure pushes down the floating piston and the seawater enters into the upper chamber of 2 HPBs. The distilled water is flushed out from the lower chamber of the syringes to the exhaust tanks, through a nozzle that acts as an hydraulic brake (Bianchi et al. 1999b). During retrieval, hydrostatic pressure is maintained thanks to a check valve that avoided any decompression within the "high pressure" HPB, in contrast to the "decompressed" HPB that were devoid of check valve. III.3.3.2 Ectoenzymatic degradation of biopolymers. The fluorogenic substrate L-leucine-7-amino-4-methylcoumarin (Leu-MCA – Sigma Chemical Co.) was used to measure aminopeptidase activity (Hoppe 1993). For each sampling depth, determination of the maximum velocity (Vmax) was performed using 8 final concentrations (0.05, 0.1, 0.25, 0.5, 1.0, 1.5, 2.5 and 5.0 µM), according to the multiconcentration kinetic method. Incubations were carried out in duplicate in the dark at in situ temperature (13 ± 1°C). Enzyme assays were run in time-course experiments over 0, 2, 4, 6 and 12 hours and the increase in fluorescence was determined using a Kontron SFM 25 spectrofluorometer, (emission and excitation wavelengths of 455/365 nm). As we had not at our disposal the 24 HPBs necessary to monitor concomitantly 8 final concentrations (each 97 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond concentration should need 3 HPBs: 2 for duplicates and 1 for boiled blank), these multiconcentration assays were realized using samples collected with a Niskin sampler. These assays allowed to determine the saturation concentration for each sampling depth. For the experimental assays done under ambient pressure conditions using the high-pressure bottles, for each sampling depth substrate was added at the saturation concentration defined during the multi-concentration experiments above mentioned. Leu-MCA was used as the model substrate for proteins, so Vmax was expressed in µM C h-1, using a C per mole ratio of 4.2 (i.e. average C per mole ratio of amino acids) instead of the leucine ratio (6 C per mole leucine) (Lamy et al. 1999). III.3.3.3 Uptake of Low Molecular Weight Compounds The most abundant amino acids in the marine DOM pool are glutamic acid, aspartic acid, glycine, serine and alanine (McCarthy et al. 1996, Lee et al. 2000, Amon et al. 2001, Benner 2002). A solution of L-(U-14C)-glutamic acid, specific activity 254 mCi mmol-1 (Amersham Corp.), was added to obtain a final concentration of 20 nM (samples collected between 0 and 200 m) or 10 nM (samples collected below 200 m) ensuring Vmax conditions. Sample processing was as described for the ectoenzymatic measurements. At the end of each incubation period, subsamples were fixed by the addition of buffered formalin (1 % final concentration, v/v). Bacterial cells were collected by gentle vacuum filtration onto 0.2 µm polycarbonate filters (Nuclepore®) pre-washed with unlabelled glutamate solution. Filters were then washed twice with 5 ml of 0.2 µm filtered seawater. The filtrate was treated to recover the 14CO2 released by acidification as described in Tamburini & Tedetti (submitted). Labeled carbon on the filters and in the CO2-traps was counted using a Packard 1600 TR liquid scintillation counter. and 14 14 C-glutamate assimilation (GA), 14 C-glutamate respiration (GR) C-glutamate utilization (GU = sum of assimilated and respired label) rates were computed from these time series data. Samples were corrected for blanks, as the time zero was included in the regression. III.3.4 Results III.3.4.1 Hydrological conditions and depth profile of glutamic acid uptake In the DYFAMED area, Béthoux et al. (1988) describe: the surface water (down to 200 m) as having a seasonally variable temperature; the intermediate water which is of Levantine origin (LIW) as having high salinity levels (S>38.45), high nutrient concentrations, and minimal 98 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond oxygen concentrations (at depths of 300-400 m); and the deep water, which is colder and less saline than the LIW. This water mass, the Western Deep Mediterranean Water (WDMW), characterized by stable temperature (12.70°C) and salinity (38.40) throughout the year, is formed via deep convection in the Gulf of Lions. In surficial waters, production varies with the seasonal hydrological regime, from mesotrophy in spring to oligotrophy in fall (Marty et al. 2002). Figure 3 shows that the maximal rates for 14 C-glutamic acid assimilation and respiration appeared in the subsurface layer irrespective of sampling season. In spring, the Vmax for 14Cglutamic acid assimilation (Fig. 3a) was 2580 pg C l-1 h-1 at 10 m, it decreased one order of magnitude at 200 m, and was around 24 pg C l-1 h-1 down to 800 m. Respiration rates always surpassed assimilation rates (Fig. 3b). In fall and in spring, the general trend for the depth profiles was quite similar, but in the intermediate and deep-waters CO2 production was greatly enhanced in fall. (a) Glutamic acid assimilation (pg C l-1 h-1) 0 1000 2000 3000 4000 5000 100 200 300 400 500 0 Depth (m) 200 (b) Glutamic acid respiration (pg C02 l-1 h-1) 0 1000 2000 3000 4000 5000 100 200 300 400 500 0 200 400 400 600 600 800 800 1000 1000 1200 1200 1400 1400 1600 1600 1800 1800 2000 2000 Fig.3. Depth profiles for potential glutamic acid assimilation (a) and glutamic acid respiration (b) through the water column in spring and fall periods. spring; fall. Note different scales for surface waters and deeper layers 99 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III.3.4.2 Pressure effect Table 1 shows that all the metabolic rates were always higher when measured under ambient pressure conditions (VHP) than in their decompressed counterpart (VDEC), in spring as well as in fall. The pressure effect (Pe = VHP/VDEC) appears highly variable. From the whole Pe data set (Table 1 ), the average value equals to 4.5 ± 4.4 (mean ± SE, n = 19). Moreover, Pe is different for the assimilation and the respiration processes. For example, in spring, for the glutamic acid assimilation, Pe is equal to 1.5 and 4.8 at 1000 and 2000 m depth, respectively; meanwhile for the corresponding respiration processes, Pe is equal to 1.8 and 1.9. Table 1. The ratio of undecompressed (VHP) to decompressed (VDEC) rate measurements for aminopeptidase, bacterial production, glutamic acid assimilation, glutamic acid respiration and glutamic acid uptake rates. Depth (m) spring fall Aminopeptidase 1000 Glutamic acid Glutamic acid Glutamic acid assimilation respiration uptake 1.5 1.8 1.3 2000 1.5 4.8 1.9 2.9 1000 2.8 2.4 1.2 1.3 1500 15.4 12.7 13.4 2000 4.3 7.0 5.2 1.8 n.d. n.d. 2000 2.8 III.3.4.3 Depth integrated aminopeptidase activity and glutamic acid uptake Fluxes of peptides potentially released from aminopeptidase activities (Fig.4a) were calculated from maximum velocity rates (Vmax) according to the multi-concentration kinetic method. For example in the upper water layer (10-200 m), in spring, potential aminopeptidase activity was highest at 13.7 mg C m-2 h-1. We observed that depth-integrated aminopeptidase activity was higher in the deep-water layer than in the shallow water layer (Fig.4a). Conversely, depth integrated fluxes for glutamic acid assimilation and respiration were maximal in the photic layer, with exception of the respiration flux, which was optimal in the 1000-2000 m layer in fall (Fig.4b). Finally, depth integrated fluxes calculated from rates measured under in situ pressure condition were always higher than those measured by using decompressed samples (Fig.4). 100 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond a) Aminopeptidase Vmax (mg C m-2 h-1) 0 20 40 60 80 100 120 10-200 m 200-1000 m 1000-2000 m b) Glutamic acid assimilation (µg C m-2 h-1) 0 50 100 150 200 c) Glutamic acid repiration (µg C m-2 h-1) 0 10-200 m 10-200 m 200-1000 m 200-1000 m 1000-2000 m 1000-2000 m 100 200 300 400 Fig.4. Integrated aminopeptidase activity (a – EAA), glutamic acid assimilation (b – GA), and glutamic acid respiration (c – GR) through different water layers at the DYFAMED timeseries station: trapezoidal integration of measured rates through the upper layer (10-200 m), through the mesopelagic layer (200-1000 m) and through the bathypelagic layer (1000-2000 and in fall . Between m). Calculations were performed on samples collected in spring 1000 and 2000m depth, the first part of the bar correspond to fluxes measured under atmospheric pressure. The entire bar correspond to fluxes measured under ambient pressure condition. III.3.5 Discussion III.3.5.1 Bacterial growth efficiency Bacterial growth efficiency (BGE) is a key parameter in studying C cycling in the ocean. BGE is the quantity of new bacterial biomass produced per unit of organic C substrate assimilated. It is a way to relate bacterial production (BP) and bacterial respiration (BR): BGE = (BP)/(BP+BR) (del Giorgio & Cole 1998). Two main approaches are presently used to 101 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond measure BGE: (1) Concomitant measurements of BP and BR, generally measured as O2 consumption or CO2 production. (2) Dilution culture in which a filter-sterilized water sample is re-inoculated with a small aliquot of its native bacterial assemblage, and then incubated in batch conditions for several days or weeks. Long-term incubation periods are required to measure significant changes in dissolved organic carbon (DOC), oxygen (O2), dissolved inorganic carbon (DIC) and particulate organic carbon (POC) concentrations in surficial water samples (see review by del Giorgio & Cole 1998). Unfortunately, technological difficulties make it impossible to apply these methods to deep-sea water samples. This is because: (1) In deep-sea waters, metabolic rates are slower by almost one order of magnitude (Bianchi et al. 1998, Tamburini et al. 2002) relative to those in the productive surficial layer. Hence, to get significant changes in DOC, O2, DIC, or POC concentrations, deep-sea samples would have to be incubated for several months. During long incubation periods, wall effects could provoke changes in the microbial densities and metabolic activities. (2) Since pressure conditions affect the metabolic rates of deep-sea bacterial communities (Tholosan et al. 1999, Tamburini et al. 2002), BGE assays should be made maintaining the in situ pressure conditions. Unfortunately, if we are able to measure bacterial biomass production maintaining hydrostatic pressure conditions, we cannot, presently, measure O2 consumption (or CO2 production) in time-series experiments under high-pressure conditions. (3) The dilution culture approach implies that bacteria must be separated from other planktonic components by filtration. Filtration, and further sample processing, should raise serious technical difficulties to be done without decompression. To be pragmatic, we have chosen to use 14C-glutamic acid as an example of ready-to-use low molecular weight compounds. This will enable us to measure the proportion of metabolized carbon which is incorporated into the bacterial biomass and the proportion used as an energy yielding source. Biases due to the utilization of a single radiolabeled substrate are well known. Intracellular isotope dilution and non-steady-state conditions result in a high incorporation of radiolabeled compounds into the bacterial biomass (King & Berman 1984), leads to underestimating CO2 production and overestimating BGE. Moreover, in natural conditions bacteria simultaneously use a large diversity of organic substrates, so extrapolation from a single model compound may lead to significant overestimation of the actual BGE (del Giorgio & Cole 1998). Growth efficiency depends on the nature of the organic compounds added as the labeled substrate: for example, amino acids are usually incorporated more efficiently in the cell biomass than sugars (Joint & Morris 1982). 102 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond In spite of problems, we can directly obtain (i.e. without resorting to the use of conversion factors) the organic carbon quantity used by bacteria for energy yielding reactions and for cell anabolism. Data shown in Fig.4b and Fig.4c enable us to calculate the 14 C-glutamic acid assimilation yield (GYG = GA/GU). In spring, GYG was higher in the bathypelagic layer (52 %) than in the mesopelagic (36 %) and the euphotic layers (45 %). This enhancement of the growth yield in the deep-sea waters in spring may be associated with an exceptional supply of organic particles at depth in the DYFAMED area during this period (308 mg C m-2 d-1 measured in the sediment trap at 1000m, Miquel pers. comm.). Rapidly sinking detritus provides fresh organic material to the deep-sea waters. During this period, the deep-sea bacteria are fuelled by labile compounds, and so limit their energy expenses. In contrast, in fall, POC fluxes are much lower, and surprisingly the particle flux at 1000 m (17.5 mg C m-2 d-1) is higher than at 200 m (5.3 mg C m-2 d-1; Miquel pers. comm.). This could be due to a decoupling between primary production in surficial waters and the particle fluxes reaching depth. Greater fluxes in deep-sea than in shallow waters might correspond to the arrival at depth of slowly sinking particles. A longer sinking period implies that the most labile fraction of this material has been exhausted by heterotrophic bacteria during its transit through the superficial and intermediate water layers. So, in the deep-water layer, to synthesize the ectoenzymes needed to hydrolyze the less labile residual compounds, bacteria should have to spend more energy than usual. This behavior is translated into higher CO2 production (Fig.4c). In the meantime, bacteria produce little biomass, which implies low BGE. This assumption is supported by the GYG values we found. In fall, GYG was equal to 58 % in the upper layer and then decreased down to 13 % between 200 and 1000 m, to be only 9 % in the 1000 – 2000 m layer. Data obtained using the High Pressure Serial Sampler enabled us to compare GYG obtained from assays performed under in situ pressure conditions to their counterpart concomitantly obtained from decompressed samples. This comparison provides an estimate of the adaptation of bacteria to deep-sea conditions. In spring, as well as in fall, GYG was 20 % lower from decompressed samples than from assays performed under in situ pressure condition. Indeed, these results confirm that decompression of deep-sea water samples provokes physiological stress in deep-sea bacteria. This stress induces an increase of energy yielding processes, and so, assuming the effects of pressure would be identical on BGE and GYG, decompression of deep-sea samples would provoke an underestimation of BGE. Such behavior differs from that observed by Turley & Lochte (1990) during their assays to monitor the effect of hydrostatic pressure on BGE on near bottom water samples decompressed during retrieval and then 103 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond recompressed on board the research vessel. Samples recompressed at 45 MPa showed higher mineralization rates and lower BGE than those incubated under atmospheric pressure condition. This difference in pressure effect on BGE could be due either to the double pressure shock suffered by bacteria during decompression–recompression experiments, or to a physiological discrepancy between the bathypelagic bacterial populations we studied and the benthic populations studied by Turley & Lochte (1990). III.3.5.2 Energy source and microbial mineralization in deep-sea waters Quantification of the contribution of heterotrophic bacteria in the carbon cycle in deep-sea waters is poorly documented. In deep-sea waters, microbial activity is not limited by N and P concentrations which is not usual in the productive surface layer, so limitation is more likely to be due to the poor availability of organic carbon. In the deep-sea, organic material is mainly in the dissolved form, and the molecular size of DOM decreases with increasing depth (Benner et al. 1992, Ogawa & Ogura 1992, Fig.5). Yet, only LMW compounds (<600 Da) can enter directly through the cell membrane of bacteria (Nikaido & Vaara 1985). The LMW compounds that accumulate in deep waters are the leftovers of previous bacterial attacks on the organic material produced in the upper part of the water column. These LMW residues of uncharacterized nature form the least reactive fraction of DOM (r-LMW in Fig.5). Amon & Benner (1996) proposed the size-reactivity continuum model providing a framework to interpret the diagenetic alterations leading to such material. This conceptual model links the physical size of organic matter to its diagenetic state, suggesting a decrease in size with increasing diagenesis and chemical alteration. Hence, stability of the DOM concentration measured in deep-sea waters (Cauwet et al. 1997, Avril 2002, Benner 2002, Sempéré et al. 2002) might reflect its status as a residual fraction difficult to utilize. Consequently, deep-sea bacteria do not find their main nutrient source in the r-LMW DOM, but in the particulate material sinking through the water column (see Fig.5). Therefore, deep-sea microbial growth may be highly dependent on the quantity and quality of the sinking particles. Indeed, in spring we observed that high fluxes of relatively fresh POC produced high GYG (65 %) and a low 104 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond Fig.5. Participation of microorganisms in the mineralization processes. This interpretation compares the sources of organic matter available for bacteria in the euphotic layer and in the mesopelagic and bathypelagic layers. It relies on the relationship with the size-reactivity continuum model for organic matter decomposition in deep-sea waters (Amon and Benner 1996), and integrates the concept of microbial activity enhancement in the plume following the fall of an organic particle through the water column. The plume is formed by enzymatic dissolution of colonizing bacteria (Kiørboe & Jackson 2001). The marine snow and the plume may become the focus of a complex food web (Azam & Long 2001). HMW DOC: high molecular weight dissolved organic carbon; l-LMW DOC: labile low molecular weight DOC; r-LMW DOC: refractory-LMW DOC; B-Bacteria: bacteria adapted to high hydrostatic pressure; b-Bacteria: bacteria un-adapted to high hydrostatic pressure condition. 105 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond depth-integrated potential EAA (2305 µg C m-2 h-1). Meanwhile in fall a low flux of relatively old organic matter lead to higher potential depth-integrated EAA (62163 µg C m-2 h-1) and lower GYG (12 %). Such activities make accessible to deep-sea bacteria the semi-labile fraction that escaped microbial degradation during its descent through the water column. During mesotrophic conditions (i.e. in spring), we observed a tight coupling between the flow of sinking particles and bacterial metabolism. Indeed, sinking particles show a loss of carbon between 200 and 1000 m of 200 mg C m-2 d-1 (sediment trap gave 528 mg m-2 d-1 at 200 m, and 308 mg m-2 d-1 at 1000 m). During the same period, assuming a growth yield of 10 %, and a bacterial biomass production of 14 mg C m-2 d-1 (calculated from Tamburini et al. 2002) bacterial carbon demand is equal to 137 mg C m-2 d-1 and aminopeptidase activities release 169 mg C m-2 d-1 (Fig.4). In contrast, during oligotrophic conditions (i.e. in fall), the particle flux is very low showing a decoupling between the trap at 200 m depth and that at 1000 m (5.3 and 17.5 mg C m-2 d-1, respectively, Miquel pers. comm.). Such a decoupling implies that bacteria must find carbon and energy from another source than the POM. In this case, deepsea bacteria over-express their ectoenzymatic system, which is costly in energy, to extract from the bulk DOM carbon and energy sources necessary for their metabolism. From these observations and those cited in the literature, we can discuss the relationships between the nutritive sources available for deep-sea bacteria, the role of these organisms in the mineralization of peptide compounds, and consequently their implication for the global carbon cycle. During their descent to the bottom, particles release DOC by abiotic processes (Karl et al. 1988) and by enzymatic hydrolysis of biopolymers processed by the attached bacteria (Cho & Azam 1988, Kiørboe & Jackson 2001). The released monomers fuel the production of free-living bacteria biomass in the mesopelagic zone (Cho & Azam 1988, Smith et al. 1992). This POC → DOC → bacteria link goes on within the bathypelagic environment (Nagata et al. 2000, Tanaka & Rassoulzadegan 2002, this study in spring). The response of bacteria to the DOM streaming behind sinking particles of marine snow may have a major influence on the oceanic carbon cycle (Azam & Long 2001, Kiørboe & Jackson 2001). Kiørboe & Jackson (2001) model the formation of this plume. They predict that free-living bacteria can take advantage of the plume and use it to fuel a population explosion. Despite occupying only a small fraction of the ocean's volume, the plumes may provide important growth habitats for free living bacteria and account for a significant proportion of bacterial production throughout the mesopelagic and bathypelagic water masses (Fig.5). Some of our preliminary assays to simulate the descent of diatoms through the water column demonstrated that enzymatic hydrolysis rates performed by attached bacteria were affected by increasing 106 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond pressure as and when particles descent (Tamburini 2002). This behavior shows the importance of maintaining in situ conditions for free-living bacteria, and for those attached to sinking particles that constitute the main source of organic inputs to the deep-sea, when evaluating the role of deep-sea bacteria in the mineralization of organic matter. Acknowledgements. This work was partially funded by the Institut National des Sciences de l'Univers, (Programme Flux Océaniques DYFAMED) and Total-Fina-Elf (grant n° 11 997 – CNRS/ENTREPRISE). C.T. was supported by a fellowship co-funded by INSU and TotalFina-Elf. Authors sincerely appreciated the critical comments on the draft provided by F. Van Wambeke and D. Kirchman, the improving of English language performed by T. Bentley, and are grateful to J.C. Miquel to provide data on POC flow. We thank captains and crews of RV "Tethys II" for cruise assistance. Literature cited Amon RMW, Benner R (1996) Bacterial utilisation of different size classes of dissolved organic matter. Limnol Oceanogr 41: 41-51 Amon RMW, Fitznar H-P, Benner R (2001) Linkages among the bioreactivity, chemical composition, and diagenetic state of marine dissolved organic matter. 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Les études consacrées à l'assimilation et la respiration d'une molécule 14 C dans le but d'évaluer le rendement de croissance bactérienne (BGE) ont été abandonnées au profit des techniques moins spécifiques, évaluant soit la respiration de la communauté bactérienne, soit la diminution du pool de DOC dans des expériences de biodégradation, en même temps que la production bactérienne (del Giorgio, 1998). Comme nous l'avons vu précédemment, la BGE ne peut être évaluée de cette manière dans les eaux de mer profondes, et del Giorgio (1998) signale qu'une seule tentative d'évaluation de la BGE dans le domaine profond approchant le comportement de ce paramètre vis-à-vis de la forte pression hydrostatique a été réalisée par Turley & Lochte (1990), sur des échantillons d'eaux proches du fond décomprimés puis recomprimés. De plus, le modèle proposé par del Giorgio (1998), qui permet d'évaluer la BGE à partir de la production bactérienne (Equation III-1), ne peut être utilisé pour notre étude : BGE= 0,037+0,65BP 1,8+BP Equation (1) En effet, la BGE évaluée grâce à l'équation (1) est d'environ 2,1 % au travers de la colonne d'eau sauf à 10 m de profondeur (BGE = 2,6 %). Ceci est dû à la limite du modèle qui n'est pas applicable dans des eaux oligotrophes où la production de biomasse bactérienne est très faible (del Giorgio, 1998). Il paraissait donc indispensable de pouvoir évaluer le rendement de croissance bactérienne dans le domaine pélagique profond en tenant compte des conditions de pression ambiantes qui, on l'a vu, influencent les activités métaboliques des populations bactériennes. La technologie hyperbare disponible nous permet de mesurer les vitesses potentielles d'incorporation et de respiration d'un composé 14 C en respectant les conditions de pression ambiantes pour chaque échantillon. Cette méthode est certes restrictive, car basée sur l'utilisation d'un composé organique simple, ici le 14 C-glutamate, mais dans les conditions actuelles, c'est la seule qui puisse nous permette de prouver que le rendement d'utilisation de la matière organique est affecté par la pression hydrostatique. Les résultats obtenus montrent que toutes les mesures d'activités microbiennes sont affectées par la décompression des échantillons qui entraîne généralement une sous-évaluation du rôle réel des microflores profondes dans le cycle du carbone. 111 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III.4 Synthèse des données obtenues dans la colonne d'eau du site DYFAMED III.4.1 Variations à court terme des vitesses métaboliques en profondeur Le Tableau III-2 présente les variations des vitesses potentielles d'utilisation du glucose (Glucose), de production bactérienne (BP) et de l'activité phosphatidique (PA) mesurées à quelques jours d'intervalle à la fois sur des échantillons décomprimés (DEC) et sur des échantillons maintenus à pression in situ (HP). Ces variations à court terme peuvent atteindre jusqu'à un ordre de grandeur à 24 heures d'intervalle (Tholosan et al., 1999). Tableau III-2. Variations à court terme des vitesses potentielles d'utilisation du glucose (Glucose), de production bactérienne (BP) et de l'activité phosphatidique (PA) mesurées sur des échantillons décomprimés (DEC) et maintenus à pression in situ (HP). Les échantillons ont été collectés à quelques jours d'intervalle aux profondeurs 1000, 1500 et 2000 m sur le site DYFAMED. Activité Profondeur Glucose pM C h-1 ± e.t 1000 m Glucose pM C h-1 ± e.t 1500 m 09/10/94 4,80 ± 0,60 12/09/94 18,90 ± 0,30 Variation +294 % 2000 m 08/10/94 3,40 ± 0,50 6,60 ± 0,60 Tholosan et al. 11/09/94 37,30 ± 4,30 37,90 ± 4,50 (1999) Variation 1000 % +474 % BP -1 -1 ng C l h ± e.t. 2000 m 04/09/00 0,21 ± 0,11 05/09/00 0,13 ± 0,14 Variation -38 % PA (pM MUF h-1) ± e.t. 2000 m 02/04/00 04/04/00 Variation Glucose pM C h-1 ± e.t Date DEC HP Référence 10/10/94 53,30 ± 8,70 63,20 ± 2,70 Tholosan et al. 13/10/94 16,0 ± 2,0 15,90 ± 4,50 (1999) Variation -70 % -75 % 168 ± 70 335 ± 40 +99 % 8,4 ± 0,5 33,6 ± 2,1 300 % Tholosan et al. (1999) 0,47 ± 0,11 Tamburini et al. 2,06 ± 0,06 (2002) -338 % 443 ± 199 468 ± 203 +6 % Tamburini et al. (2002) Si de telles variations à court terme sont rares, elles sont plus classiquement observées dans les eaux oligotrophes où la distribution des nutriments n'est pas uniforme (Azam & Ammerman, 1983), une particule en cours de chute provoquant dans son sillage la formation d'une plume riche en éléments nutritifs (Azam & Long, 2001; Kiørboe & Jackson, 2001). L'évolution des activités microbiennes est gouvernée à la fois par des processus dynamiques rapides et des processus lents (Karl & Knauer, 1984), non seulement dans la zone productive 112 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond de surface mais aussi dans la zone bathypélagique. Il semble donc nécessaire d'augmenter la fréquence d'échantillonnage dans le domaine océanique profond comme le suggérait déjà Ducklow (1983), Lefèvre et al. (1996), Bianchi et al. (1998) et Tholosan et al. (1998). III.4.2 Biomasse bactérienne et temps de renouvellement des cellules bactériennes La biomasse bactérienne (BB) intégrée pour différentes masses d'eau (10-200, 200-1000 et 1000-2000 m) est reportée dans le Tableau III-3. La BB intégrée dans la couche d'eaux profondes est plus faible que celle des eaux de surface, variant entre 1,31 et 2,00 g C m-2 au printemps et en automne, respectivement. La plus faible valeur de BB est trouvée dans la zone mésopélagique (200-1000 m) avec des valeurs de 0,92 et 0,75 g C m-2 au printemps et en automne respectivement. Exceptée entre 200 et 1000 m, la biomasse bactérienne est toujours supérieure en automne qu'au printemps ce qui apparaît en contraste avec la production de biomasse bactérienne (BP) toujours supérieure au printemps qu'en automne, sauf dans la zone bathypélagique (Tableau III-3). Tableau III-3. Biomasse bactérienne (BB) et production bactérienne (BP) intégrées au travers des masses d'eau de surface (10-200 m), mésopélagique (200-1000 m) et bathypélagique (1000-2000 m) et le temps de renouvellement bactérien (Tt pour "turnover time"; biomasse/production) au printemps et à l'automne. DEC : échantillon décomprimé; HP : échantillon maintenu à la pression hydrostatique. Masse d'eau (m) 10-200 200-1000 1000-2000 DEC 1000-2000 HP Biomasse Production bactérienne Tt bactérienne -2 -2 -1 (g C m ) (mg C m h ) (d) printemps automne printemps automne printemps automne 2,09 2,38 2,39 1,27 36 78 0,92 0,75 0,57 0,22 67 145 1,31 2,00 0,37 0,47 148 179 0,65 (2,76) 0,96* 85 (30) 87* La valeur entre parenthèses correspond à la valeur de production bactérienne mesurée le 05/09/00 (Pe de 15,4) tandis que la valeur donnée sans parenthèses correspond à la production bactérienne mesurée en décomprimant l'échantillon multipliée par la moyenne des Pe (=2,4) obtenues lors de la campagne d'automne. Pour évaluer la dynamique bactérienne sur une échelle de temps, nous avons divisé la BB par la BP. Ce calcul fournit le temps de renouvellement bactérien maximum (Tt pour "turnover time") des cellules actives en cours de division car plusieurs approximations sont réalisées : (1) le dénombrement total des cellules bactériennes comprend les cellules mortes ("fantomes"), en état de dormance, inactives et plus ou moins actives (Zweiffel & Hagström, 1995). (2) la biomasse bactérienne a été calculée le long de la colonne d'eau en utilisant un seul facteur (15 fg C bactérie-1, cf. paragraphe II.3.4) estimé pour des assemblages bactériens d'eau de mer de surface (Caron et al., 1995). (3) la production bactérienne a également été 113 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond calculée en utilisant un seul facteur de conversion pour transformer les picomoles de leucine tritiée assimilée en ng de carbone de biomasse bactérienne produite (Simon & Azam, 1989) pour tous les échantillons de la colonne d'eau. Toutefois, ce calcul nous permet de comparer le temps de renouvellement maximum de la biomasse bactérienne (Tt) entre les différentes masses d'eau et les saisons. Pour chacune des couches considérées, le Tt apparaît supérieur en automne par rapport au printemps et il augmente avec la profondeur (Tableau III-3) : le Tt calculé apparaît 2,1, 2,2 et 1,2 fois plus long en automne qu'au printemps entre 10-200, 2001000 et 1000-2000 m de profondeur respectivement. Ceci semble confirmer la variation saisonnière observée, et montre que la biomasse bactérienne est étroitement couplée au flux particulaire puisque c'est au printemps que le flux particulaire est très marqué (Miquel comm.pers.). Pour les eaux profondes, les estimations des Tt de 148 jours (pour les échantillons décomprimés - DEC) ou de 85 jours (pour des échantillons maintenus à pression ambiante HP) au printemps et de 179 jours (DEC) ou de 87 jours (HP) en automne, apparaissent plus faibles que celles citées dans la littérature. Nagata et al. (1998) donnent des valeurs de Tt variant entre 949 et 6022 jours dans l'Océan Subarctique. Toutefois, il semble peu probable que de telles valeurs soient réellement représentatives de la croissance des microflores profondes : des populations dotées d'un temps de renouvellement aussi long ne pourraient se maintenir dans leur environnement où les protozoaires, adaptés à la forte pression hydrostatique du domaine profond, exercent une pression de broutage permanente (Turley et al., 1988; Tanaka & Rassoulzadegan, 2002). Puisqu'un tel réseau microbien semble perdurer tout au long de l'année (Tanaka & Rassoulzadegan, 2002), les temps de renouvellement de la biomasse bactérienne de l'ordre de 80 jours semblent plus réalistes. III.4.3 Comportement des microflores profondes en fonction du matériel organique disponible Pour expliquer les faibles valeurs de BGE trouvées dans les environnements oligotrophes del Giorgio (1998) suggère que la croissance des cellules bactériennes est co-limitée par l'apport en carbone, en nutriments minéraux et en énergie. Pour le domaine profond du site DYFAMED, l'estimation du GYG, concomitante avec la mesure de l'activité aminopeptidique, nous permet de proposer un scénario similaire. La communauté bactérienne du domaine océanique profond est dépendante de l'exportation en carbone et en énergie à partir de la production de surface, la concentration en nutriments (N, P..) ne constituant pas un facteur limitant dans le domaine océanique profond. Le rendement d'utilisation du 114 14 C-glutamate Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond (GYG), comme la BGE (del Giorgio, 1998), diminuent selon les conditions trophiques et le long de la colonne d'eau. La production d'ectoenzymes provoque une dépense énergétique, ce qui provoque une baisse du GYG. Lorsque le flux de carbone organique particulaire (POC) est important (au printemps) les bactéries du domaine océanique profond synthétisent moins d'ectoenzymes et produisent plus de biomasse. Au printemps, entre 1000 et 2000 m, la respiration du glutamate est d'environ 35 % du carbone utilisé. Potentiellement, l'activité aminopeptidique (EAA) pourrait fournir à elle seule le carbone organique (490 mg C m-2 d-1) nécessaire à la croissance bactérienne. Dans ce cas, la croissance bactérienne, en zone bathypélagique, est étroitement couplée au flux de POC (528 à 100 m et 308 mg C m-2 d-1 à 1000 m, Miquel comm. pers.) comme le suggéraient Nagata et al. (2000) et Tanaka & Rassoulzadegan (2002). Par contre, lorsque le flux particulaire est quasi nul (en automne, POC = 5,3 à 100 m et 17,5 mg C m-2 d-1 à 1000 m, Miquel comm. pers.), pour compenser le déficit en carbone, les activités ectoenzymatiques (aminopeptidase et phosphatase) sont exacerbées, ce qui provoque une dépense énergétique considérable (respiration du 14 C-glutamate entre 1000 et 2000 m ≈ 90 %) et par conséquent un GYG de seulement 10 %. Dans ce cas, nous suggérons que le métabolisme des microflores profondes est basé sur la matière organique dite "réfractaire". Pour survivre, les microorganismes doivent adopter une stratégie où les ectoenzymes, moins spécifiques vis-à-vis de leur substrat, minéralisent le DOC dit "réfractaire". On peut supposer que le domaine océanique profond est composé de deux types de populations microbiennes, ou que deux types de populations se succèdent dans le temps en fonction des apports en matière organique. L'une opportuniste, qui adopte une stratégie-r c'est-à-dire capable d'utiliser immédiatement, et donc, de croître rapidement, lorsque de la matière organique facilement utilisable est disponible. L'autre, qualifiée de population équilibrée, adopte une stratégie-k c'est-à-dire capable d'utiliser la matière organique dissoute de faible poids moléculaire (LMW DOM) moins bioréactive. Cette distribution de populations réagissant selon deux stratégies vis-à-vis de la qualité de la matière organique a déjà été mise en évidence dans un lac eutrophe par Weinbauer & Höfle (1998). 115 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond 116 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III.5 Manuscrit n°5 MICROBIAL LIFE IN THE DEEP ANOXIC HYPERSALINE BASINS OF THE EASTERN MEDITERRANEAN Christian Tamburini∗, Jean Garcin & Armand Bianchi MS submitted in Applied and Environmental Microbiology in September 2002 Laboratoire de Microbiologie Marine, UMR 6117 CNRS – INSU Université de la Méditerranée, Centre d'Océanologie de Marseille, Campus de Luminy, case 907, F-13288 Marseille, cedex 9, France. ∗ To whom correspondence should be addressed to C.T. (e-mail: [email protected]) 117 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond Préambule L'aire d'investigation de la campagne BioDeep (BIOtechnology from the DEEP) se situe en Mer Ionienne et focalise principalement sur l'étude biologique de bassins hypersalés, anoxiques et profonds (DHAB, bassins de l'Urania, L'Atalante, de Discovery et de Bannock). Dans les années 80, les recherches sur ces DHAB étaient dévolues à l'échantillonnage, l'analyse et la description des paramètres physico-chimiques (De Lange & Ten Haven, 1983; De Lange et al., 1990; Henneke & De Lange, 1990). L'aspect biologique n'avait été abordé jusque là que dans les sédiments (Coolen & Overmann, 2000; Sass et al., 2001). Seules des hypothèses étaient alors avancées quant à une activité bactérienne possible dans ces environnements offrant des conditions extrêmes pour la vie. Notre rôle dans ce programme européen était d'apporter la preuve ou non d'une activité microbienne, d'essayer de l'évaluer et de démontrer ou non l'adaptation de ces microorganismes à des conditions extrêmes pour la vie (forte pression >35 MPa, hypersalinité [S>300], anoxie). Des mesures d'activités ont donc été réalisées en maintenant les conditions in situ à l'aide de l'HP-5L montée sur un carrousel spécifiquement conçu pour aller prélever dans les saumures (cf chapitre II). La preuve de la présence d'une activité microbienne et de leur adaptation à des conditions extrêmes permettrait d'ouvrir et d'encourager les recherches en biotechnologies pour isoler de nouvelles souches et/ou fonctions microbiennes. Afin de pouvoir évaluer les activités microbiennes que nous allions mesurer dans ces DHAB, il convenait d'effectuer des mesures d'activités dans l'eau de mer "oxique" directement située au-dessus. Cette campagne nous a ainsi permis d'effectuer des mesures d'activités (aminopeptidase, phosphatase, utilisation du 14C-glutamate et production bactérienne) le long de la colonne d'eau en Mer Ionienne jusqu'à 3000 m de profondeur, profondeur que nous n'avions jamais échantillonné avec l'HPSS. 118 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III.5.1 Abstract In the eastern Mediterranean Sea, deep hypersaline anoxic basins (DHABs) are characterised by hypersalinity (between 160 and 300), high hydrostatic pressure (~35 MPa) and anoxic conditions. In 4 of these basins we determined the maximum velocity (Vmax) for ectoaminopeptidase and phosphatase activities, bacterial biomass production and 14C-glutamic acid assimilation and respiration rates. At the oxic seawater – brine interface, the hydrolysis rates of biopolymers were clearly higher than in the immediately overlaying oxic water. Vmax ranged from 0.23 to 2.96 and from 0.92 to 2.91 nmol hydrolyzed l-1 h-1 for aminopeptidase and phosphatase activities, respectively. Conversely, metabolic rates based on the utilization of labile compounds were slower than those observed in the oxic seawater. Within the brines, all microbial activities, although generally lower than in the interface layer, were unambiguously detected in all samples. To define the physiological status of the organisms responsible of these processes, we used equipment that enabled us to measure metabolic rates in samples kept in the physical and chemical conditions of the DAHBs. These assays showed that metabolic rates measured in brine samples kept under ambient pressure conditions were 12.5 ± 23.6 (mean ± SD) times higher than those obtained on their decompressed counterparts. Hence we demonstrate that microbial growth and microbial activities are possible in these extreme environments, thanks to microorganisms adapted to high salinity, high hydrostatic pressure and anoxic conditions. III.5.2 Introduction Several deep hypersaline anoxic basins (DHABs) have been discovered on the seafloor in different oceanographic provinces, like the Gulf of Mexico (20), the Red Sea (16) and the Mediterranean Sea (7). In the Mediterranean Sea, DHABs were most likely developed by the dissolution of 5- to 8-million year-old Messinian evaporites which became exposed to seawater during the collision of the African and Eurasian tectonic plates (5). Alternatively, brines of DHABs could be relics of fossil evaporated seawater in Late-Miocene sediments that had accumulated in these deep basins (24). The deep hypersaline anoxic basins L’Atalante, Bannock, Discovery and Urania are characterized by peculiar conditions, including anoxia, extremely high salinity and high hydrostatic pressure. Their contents are so dense that they do not mix with the overlying seawater and as such they represent unique environments that have been isolated from the global ocean for millions of years (7, 19). Obviously, so particular environments could 119 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond provide us novel phylogenetically-distinct microorganisms possessing unusual adaptation strategies. However, little is known about the organisms that could live, or survive, in these brines. So far, L’Atlalante and Discovery basins remained closed for biological exploration. Microscopic observations have shown that prokaryotic cells are present in the Bannock and Urania brines (14). Unfortunately, such observations do not allow us to determine the physiological status of these cells nor their role in the functioning of biogeochemical cycles in these particular environments. In this paper we compare the microbial activities measured in these 4 brine basins to those in the overlying oxic water column. Moreover, we had the opportunity to examine the physiological status of microbial populations in DHABs by measuring their metabolic rates using a specific equipment that maintains during sample retrieval and incubation the physical and chemical conditions that characterize the DAHBs. III.5.3 Material and Methods III.5.3.1 Sampling site During the BIODEEP II cruise of R/V "Urania" four DHABs were visited in August and September 2001 (Fig.1): the Discovery (35°16' 61N, 21°41'42E), the L'Atalante (35°18'14N, 21°23'43E), the Urania (35°13'70N, 21°31'14E), and the Bannock basins (34°21'64N, 20°02'26E). Samples were collected from two levels: - The interface between the oxic seawater and the brines, a thin layer characterised by drastic gradients in salinity and oxido-reduction conditions. As it is usual in every boundary layer, this niche may provide exceptional conditions for the growth of highly diversified microbial consortia from the two adjacent layers. - The body brines, where anoxic conditions and hypersalinity are clearly established in a system quasi-closed to the general oceanic circulation over geological time, offering the possibility for specifically adapted autochthonous microbes to dominate. 120 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond FIG. 1. Location of the four deep hypersaline anoxic basins (DHABs) in the eastern Mediterranean. III.5.3.2 Sampling protocol and incubation under ambient pressure conditions To be able to grow in DHABs environments, microorganisms must be adapted to high salinity, high hydrostatic pressure and anoxic conditions. In order to obtain evidence that bacterial growth is possible in such extreme conditions, it is necessary to preserve as closely as possible all the characteristic environmental conditions throughout the entire experimental protocol. This has been achieved by collecting the brine samples using 5-liter high-pressure samplers (HP-5L) that maintain all physical and chemical parameters at ambient conditions during retrieval and incubation (1). The HP-5L samplers were fitted, in addition to the conventional Niskin bottles, on the MODUS/SCIPACK system (4). This gear includes a ROV (remotely-operated vehicle) that samples at accurate depths and positions, which is required to sample a relatively thin interface layer. On board the research vessel, brine samples collected by using the HP-5L pressure-retaining sampler were transferred without decompression to 500-ml high-pressure bottles (HPB). To compare the metabolic rates measured under ambient conditions with those measured under atmospheric pressure conditions, two identical 500-ml HP bottles were filled simultaneously from the HP-5l sampler. One of these was kept under 121 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond ambient pressure conditions, the other was decompressed at approximately 36 MPa h-1 to simulate the decompression rate experienced during retrieval in a Niskin sampler. The HP-5L and 500-ml HP bottles were autoclaved and tightly closed until filling. Such processing prevents sample contamination, a possible source of artefacts when studying microbial life in extreme environments. Similarly, samples collected using HP bottles were never exposed to the atmosphere and contamination by molecular oxygen. Incubation was performed at in situ pressure (ranging between 33 and 35 MPa depending on sample) and in situ temperature (13±1°C). Time course experiments were done by successively withdrawing aliquots without decompression of the main culture (1, 3). To compare activities in the brines samples with those in the oxic seawater of this part of the Mediterranean, we also studied samples collected from the overlaying seawater column. In the oxic water column, samples were collected using 500-ml HP bottles fitted on a Sea Bird Carousel (2). For each sampling level, two 500 ml HP bottles were filled through the same filling valve, with one kept under ambient pressure conditions and the other slowly decompressed during retrieval by a intentional leak on the filling circuit. III.5.3.3 Microbial enzyme activity Aminopeptidase and phosphatase activities were determined using the fluorogenic substrate analogues L-leucine-7-amino-4-methylcoumarin (Leu-MCA) and 4–methylumbelliferylphosphate (MUF-P), respectively (11, 12) according to the multi-concentration kinetic method at concentrations ranging from 0.05 to 10 µM (duplicates and 1 boiled blank for each concentration). Fluorescence resulting from substrate hydrolysis was measured in a Kontron SFM 25 fluorometer at 365-455 nm and 365-465 nm (excitation-emission wavelengths) for Leu-MCA and MUF-P respectively (22). III.5.3.4 Microbial biomass production Microbial biomass production was measured using L-[4,5-3H] leucine at the saturated concentration of 10 nM. Samples (in duplicates) were incubated in the dark at in situ temperature. Time course experiments lasted for 12 h for oxic deep-sea water and 36 h for brines. Samples were corrected for blanks and the time zero was included in the regression. Production was calculated using the conversion factor of 1.55 ng C per pmol of incorporated leucine (21). 122 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III.5.3.5 Uptake of Low Molecular Weight Compounds Uptake of L-(U-14C)-glutamic acid was measured at saturated concentration of 10 nM. Samples (in duplicates) were incubated as above. To determine the glutamic acid assimilation rate, bacterial cells were collected by gentle vacuum filtration on 0.2 µm polycarbonate filters (Nuclepore®) prewashed with an unlabeled glutamate solution. Filters were washed twice with 5 ml of 0.2 µm filtered water samples. To determine the glutamic acid respiration rate, 14 CO2 was recovered from the filtrate (23). The efficiency of 14CO2 recovery was determined for all seawater – brine interface and brine waters. The radioactivity was counted by using a Packard 1600 TR liquid scintillation counter. Samples were corrected for blanks, as the time zero was included in the regression. III.5.4 Results and discussion At the oxic seawater - brine interface, as well as within the body brines, we detected microbial activities in all samples. Maximum rates of ectoenzymatic hydrolysis ranged from 0.23 to 2.96 nmol l-1 h-1 for aminopeptidase activity, and from 0.92 to 2.91 nmol l-1 h-1 for phosphatase activity. These rates were clearly higher than those we measured in the immediately overlaying deep oxic seawater, 0.27 and 0.13 nmol l-1 h-1 for aminopeptidase and phosphatase activities respectively, and at least the same order of magnitude as those measured in the productive photic layer of this oceanic area (Fig. 2). Utilisation of lowmolecular weight compounds, 14 C-glutamic acid assimilation and respiration, microbial biomass production, were always detected, but the rates measured were slower than those observed in the oxic seawater (Fig. 2). As all samples had metabolic activity, it was obvious that living microbes were present in the four brine lakes we studied. To determine whether these organisms are physiologically adapted species (i.e. able to actually grow under these environmental conditions) or whether they are allochtonous cells that can only survive in the brines, we compared the rates in samples maintained under ambient pressure conditions to those of decompressed counterparts. Table 1 shows that all the metabolic rates we measured, both in the deep oxic seawater and in the brine lakes, were higher in samples kept under ambient pressure conditions than in those decompressed during retrieval. Pressure effects on the metabolic rates (Pe) can be estimated by the relation Pe = VAP/ VDEC, where VAP is the rate measured in samples kept under ambient pressure conditions, and VDEC is the rate measured on their decompressed counterparts. For bacterial biomass production within the brines of L'Atalante basin Pe is equal to 1.7. For the 123 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond whole set of metabolic rates we measured using the high-pressure sampler within the Bannock basin Pe=3.9 (n=6) (Tab. 1). Such results demonstrate that the dominant microbial populations living within the brines are adapted to the extreme environmental conditions. TABLE 1. Effect of decompression on measured metabolic rates Depth Aminopeptidase Phosphatase Glutamic acid assimilation Glutamic acid respiration Bacterial production DEC DEC AP DEC AP DEC AP (m) AP DEC AP Oxic deep-sea waters 1500 0.10 0.37 0.7 1.2 1.7 2.7 1.5 3.2 2500 0.27 0.56 0.9 4.0 7.9 29.8 0.1 1.5 2500 20.6 112.2 3000 2.3 15.7 0.7 1.6 0.07 3.98 0.36 1.24 0.07 0.12 Brine: Bannock Basin 3300 0.13 0.44 1.46 2.28 3.42 15.02 Brine: L'Atalante basin 3500 The units of maximum rates are nmol l-1 h-1 for aminopeptidase activity, phosphatase activity, glutamic acid assimilation and glutamic acid respiration and ng C l-1 h-1 for bacterial production. Rates measured on samples maintained under ambient pressure conditions (AP) and their decompressed counterparts (DEC). 124 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond (a) Aminopeptidase nmol l-1 h-1 Depth (m) 0 2 1 3 (b) Phosphatase nmol l-1 h-1 4 5 0 0 0 500 500 1000 1000 1500 1500 2000 2000 2500 2500 3000 3000 (c) Glutamic acid uptake nmol l-1 h-1 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 8 6 0 2 4 6 0.0 0.1 0.2 0.3 8 10 0 0.02 Depth (m) 4 (d) Bacterial production ng C l-1 h-1 0.6 0 2 0.04 0.06 0.08 500 500 1000 1000 0.4 0.5 1500 1500 2000 2000 2500 2500 3000 3000 FIG. 2. Maximum rates of aminopeptidase activity (a), phosphatase activity (b), glutamic acid uptake (assimilation + respiration) (c) and bacterial production (d) through the whole oxic seawater column , at the seawater-brine interface seawater, Discovery basin, and within the body brine L'Atalante basin, + Urania basin and Bannock basin. 125 ; Oxic Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond Because several independent approaches revealed microbial activity, we conclude that microorganisms can grow in the DAHBs and therefore actively participate, via their metabolic activities, in biogeochemical cycles of theses basins. Participation of microorganisms to biogeochemical cycles (i-e. biopolymer hydrolysis and organic matter mineralization) appears even more likely when we compare the patterns of these heterotrophic processes in the oxic water column and in the DHABs. In all samples from the brine and the halocline layer, utilisation of low molecular weight compounds was always detectable, but drastically slower than those measured in the oxic seawater. Conversely, hydrolysis of high molecular weight compounds appeared to be considerably elevated relative to those measured in the oxic seawater samples (Fig. 2). These data, obtained from 4 different brine lakes, confirm and extend to the whole set of DHABs, the importance of hydrolytic activities previously observed at the seawater – brine interface of the Urania basin (18, 25). The increase in aminopeptidase activity we observed within the brines (Fig. 2) demonstrates that bacteria living in the DHABs are able to produce the enzymes required to hydrolyse high molecular weight organic matter into smaller compounds. However, the lower bacterial biomass production we observed in these samples suggests either this enzymatic capacity not actually operating in situ, or that a great squandering of the microbial metabolism to transfer the hydrolysis products into the production of microbial biomass. This pattern suggests a shift in microbial activity towards ectoenzymatic hydrolysis of high molecular weight compounds. This shift is probably due to the adaptation of the DAHBs microbial communities to the lack of labile organic monomers, and/or to the probable difficulties for microorganisms to incorporate low molecular weight compounds through the cell membrane when the cell has to cope under conditions of extreme salinity and high hydrostatic pressure (13). These basins are considered as physically isolated from the overlaying seawater for over 5 millions years due to the strong halocline (4, 7). Indeed, organic particles sinking through the water column accumulate at the density barrier, producing a mat of detritus and associated organisms at the upper interface of the brine lakes (9, 10). This accumulation of nutrients within a redox gradient stimulates microbial activities that frequently result in rates as high as in the productive surface layer of this Mediterranean area (Fig. 2). As a result of these microbial processes, the labile fraction of the sinking organic particles is very likely eliminated, and so the material that accumulates at the interface is limited to its more refractory part. When the mat falls into the brine lake due to overloading (9), it provokes an 126 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond input of refractory nutrients and attached microorganisms into the brine. Before it can be mineralised by microbial populations, this particulate material must be previously hydrolysed into small (<600 Da) molecules able to pass through the cell membrane (6), hence the increase in ectoenzymatic hydrolytic processes we observed in the brine samples. Microbes imported from the oxic seawater concomitantly with the particles included in the falling mat are unlikely to be adapted to the high salinity and anoxic conditions prevailing in the brines. Indeed, the high ectoenzymatic activities we measured in the body brines appeared optimal when all the ambient conditions, including high hydrostatic pressure, were preserved. This result demonstrates that, in addition to the allochtonous marine organisms introduced by the sinking particles (organisms that are commonly obtained in culture conditions (18)), the brine lakes are also colonised by autochthonous microbes equipped to hydrolyse recalcitrant biopolymers, and adapted to grow in such extreme conditions. Microbial life adapted to deep hypersaline anoxic basins opens up new perspectives in the search for novel microbial species and products of their metabolism. Microorganisms with high enzymatic properties that thrive in so extreme environments may have a potential interest for biotechnology purposes (17). Yet, these organisms, which are the most adapted to so extreme chemical and physical conditions, are the most difficult to cultivate in laboratory conditions (15, 18). Understanding the in situ metabolic activities, along with their degree of adaptation to ambient conditions, may be helpful in further attempts to isolate new microbial strains representative of the autochthonous microbial community. Such microorganisms adapted to high salt concentrations, strong anoxia and high hydrostatic pressure conditions are also interesting from an evolutionary point of view in ultimately understanding the origin of life (8). ACKNOWLEDGEMENTS This work was supported by the European Commission's Sustainable Marine Ecosystems Program, under the BIODEEP project (contract EVK3-2000-22057). C.T. was supported by a fellowship co-funded by INSU and Total-Fina-Elf (grant n° 11 997 – CNRS/ENTREPRISE). The authors appreciated the critical comments provided by A. Sass, F. Van Wambeke, R. Sempéré, M. Goutx, & M. Bianchi. Special thanks to D. Kirchman who, in addition to its comments, greatly improved the English language of this manuscript. We sincerely thank Prof. C. Corselli, head of the BIODEEP project, F. Gasparoni (Tecnomare S.p.A.) for his help allowing to fit the HP-5L on the Scipack , and the officers & crew of R/V URANIA for their kind contribution in the field. 127 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond REFERENCES 1. Bianchi, A, and J Garcin. 1993. In stratified waters the metabolic rate of deep-sea bacteria decreases with decompression. Deep-Sea Res. I 40:1703-1710. 2. 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Presented at the Goldschmith 2000, Oxford, UK, September 3rd-8th, 2000. 129 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond 130 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond III.6 Adaptation à la pression hydrostatique : données complémentaires et synthèse III.6.1 Preuve statistique de l'effet de la décompression sur la mesure des activités métaboliques microbiennes Le but de ce paragraphe est de compléter la synthèse présentée dans le manuscrit n°1 en ajoutant les mesures réalisées sur les échantillons maintenus en conditions hyperbares et leurs homologues décomprimés des manuscrits n°4 et 5 (Tamburini et al., soumis-c&b). Les résultats sont regroupés dans un tableau similaire à celui du manuscrit n°1 (Annexe 2 : Table annex 2). Ainsi, 113 couples d'échantillons peuvent être comparés : 1 de Seki & Robinson (1969), 17 de Bianchi & Garcin (1994), 7 de Bianchi et al. (1999a), 4 de Bianchi et al. (1999b), 39 de Tholosan et al. (1999), 7 de Tholosan (1999), 10 de Tamburini et al. (2002), 11 de Tamburini et al. (soumis-c) et 17 de Tamburini et al. (soumis-b). Un test t a été réalisé sur ce jeu de données montrant que le rapport Pe (échantillon comprimé/échantillon décomprimé) est significativement supérieur à 1 (p<0.001). III.6.2 Définition d'un facteur de correction afin de corriger les activités mesurées sur des échantillons décomprimés Si preuve est faite que les mesures d'activités obtenues en décomprimant les échantillons faussaient l'évaluation réelle des activités des microflores profondes, nous avons montré dans le manuscrit n°1 (Bianchi et al., soumis-a) qu'il était difficile de fournir un facteur de correction permettant de valider les données acquises avec des systèmes de prélèvement classique. En effet, le facteur Pe obtenu sur les 113 échantillons (85 échantillons compilés dans Bianchi et al. (soumis) + 21 Tamburini et al. (soumis-b&c)) présente une moyenne de 3,86 ± 6,47 (± e.t.). Un tel écart à la moyenne nous empêche formellement d'utiliser cette moyenne comme facteur de correction pour des échantillons décomprimés. Toutefois, cette moyenne a été évaluée en tenant compte de l'ensemble des mesures obtenues quelles que soient les conditions hydrologiques rencontrées. La Figure III-2 représente la distribution du rapport Pe en fonction des conditions hydrologiques sous forme de graphe en boîte (ou boîte de Tukey) et montre la disparité des Pe que l'on peut trouver en fonction des conditions hydrologiques. Dans le cas d'échantillonnage dans des conditions d'eaux mélangées ou de flux importants en pelotes fécales, le rapport Pe est inférieur à 1 montrant 131 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond que dans certains cas, i.e. lorsque les communautés microbiennes prélevées en profondeur ne sont adaptées qu'à de très faibles pressions atmosphériques, les activités mesurées sur des échantillons décomprimés (DEC) apparaissent supérieures à celles mesurées sur des échantillons maintenus à la pression in situ (HP) (Bianchi & Garcin, 1994; Bianchi et al., 1999a). Par contre, lorsque les échantillons sont prélevées lors de la période de stratification des eaux (cas le plus commun) ou dans des environnements très particuliers comme les bassins profonds hypersalés et anoxiques (DHAB), les activités mesurées sur des échantillons maintenus en pression sont toujours supérieures à celles mesurées sur des échantillons décomprimés (Figure III-2). 55 45 35 11,88 ± 22,06 n=6 med.=2,38 0,03± 0,01 n=3 med.=0,04 DHAB Mixées 0,99± 0,11 n=4 med.=0,96 3,63 ± 4,27 n = 99 med.=2,15 Pe 25 15 5 -5 Pelotes fécales Stratifiées Figure III-2. Graphe en boîte (boîte de Tukey) de l'effet de la pression Pe selon différentes conditions hydrologiques. DHAB : bassins profonds hypersalés et anoxiques (Tamburini et al., soumis-b); Mixées : période hivernale de mélanges des eaux (Bianchi et al., 1994); Pelotes fécales : pèriode d'un flux de pelotes fécales (Bianchi et al., 1999a); Stratifiées : période où les masses d'eau sont stratifiées (14 de Bianchi & Garcin, 1994; 3 de Bianchi et al., 1999a; 4 de Bianchi et al. 1999b; 39 de Tholosan et al., 1999; 7 de Tholosan, 1999; 10 de Tamburini et al., 2002; 11 de Tamburini et al., soumis-c; 11 de Tamburini et al., soumis-b) Regardons de manière plus attentive les 99 échantillons obtenus en période de stratification des eaux. La boîte de Tukey montre que la médiane est égale à 2,15 mais que 50 % des échantillons sont compris entre 1,55 et 3,73 (corps de la boîte). La Figure III-3 permet de visualiser si cette hétérogénéité est en relation avec la profondeur d'échantillonnage. Nous avons regroupé par profondeur les rapports Pe obtenus en période de stratification des eaux et là encore, il n'est pas possible de définir une tendance d'augmentation du Pe avec la profondeur d'échantillonnage (Figure III-3). Toutefois, un plus 132 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond grand nombre d'échantillons devront être traités dans les eaux situées à des profondeurs supérieures à 2000 m. 30 25 3,43 ± 3,80 n=7 med.=1,22 7,61± 6,15 n=4 med.=4,93 4,88±6,761 n = 22 med.=2,21 2,79± 2,25 n = 43 med.=2,10 20 Pe 3,31±3,75 n = 20 med.=2,16 3,75±2,67 n=3 med.=2,32 15 10 5 0 800 1000 1500 2000 2500 3000 Profondeur (m) Figure III-3. Graphe en boîte (boîte de Tukey) de l'effet de la pression Pe selon la profondeur. 800 : Pe sur échantillons prélevés à 800 m (1 de Bianchi et al., 1999b; 1 de Tholosan, 1999; 5 de Tholosan et al., 1999); 1000 : Pe sur échantillons prélevés à 1000, 1100 et 1150 m (14 de Bianchi & Garcin, 1994; 3 de Bianchi et al., 1999a; 1 de Tholosan, 1999; 17 de Tholosan et al., 1999; 2 de Tamburini et al., 2002); 1500 : Pe sur échantillons prélevés à 1300 et 1500 m (2 de Bianchi et al., 1999b; 2 de Tholosan, 1999; 8 de Tholosan et al., 1999; 2 de Tamburini et al., 2002; 2 de Tamburini et al., soumis-c; 4 de Tamburini et al., soumis-b); 2000 : Pe sur échantillons prélevés à 2000 m (1 de Bianchi et al., 1999b; 3 de Tholosan, 1999; 9 de Tholosan et al., 1999; 6 de Tamburini et al., 2002; 3 de Tamburini et al., soumis-c); 2500 : Pe sur échantillons prélevés à 2000 m (4 de Tamburini et al., soumis-b); 3000 : Pe sur échantillons prélevés à 3000 m (3 de Tamburini et al., soumis-b). Le regroupement par activités métaboliques mesurées donne une disparité tout aussi importante ne nous permettant pas, pour l'instant, de fournir un facteur permettant de corriger les activités mesurées sur des échantillons décomprimés. III.6.3 Conclusion Il apparaît donc sans ambiguïté que la décompression des échantillons affecte la mesure des activités métaboliques des microflores profondes. Les effets de la décompression sont d'ampleur variable rendant difficile la détermination d'un facteur de correction pour valider les mesures d'activités d'échantillons décomprimés. Toutefois, peut-on réellement concevoir de définir un facteur de correction unique pour des mesures réalisées dans des conditions environnementales différentes ? Le fondement de toute mesure d'activité en écologie n'est-il pas de réaliser celle-ci dans les conditions les plus proches de celles du milieu environnant lors de l'échantillonnage ? 133 Chapitre III – Activités microbiennes dans le domaine pélagique profond 134 Chapitre IV ACTIVITES MICROBIENNES DANS LE DOMAINE BENTHIQUE PROFOND Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond IV. ACTIVITES MICROBIENNES DANS LE DOMAINE BENTHIQUE PROFOND Une part de la matière organique produite dans la couche euphotique des océans chute ou diffuse au travers de la colonne d'eau océanique. L'interface eau-sédiment constitue le terminus de tout ce matériel qui chute, ce qui constitue un compartiment privilégié pour le développement d'activités microbiennes intenses. Les peuplements microbiens sont reconnus comme consommateurs de la matière organique qui chute de la couche productrice de surface jusqu'à l'eau proche du fond et les sédiments (Deming, 1985; Hoppe et al., 1993; Poremba, 1994a; Turley & Mackie, 1994; Poremba, 1995). Ainsi, la quantité et la qualité de la matière organique enrichissant le sédiment dépendent de son temps de résidence dans la colonne d'eau. Les particules et les agrégats qui chutent rapidement le long de la colonne d'eau passent, en partie, au travers du filtre biologique pélagique et constituent la principale source d'énergie du sédiment profond (Turley et al., 1995). Par conséquent, dans le domaine benthique profond, la source de matière organique biodisponible est sous forme de composés de haut poids moléculaire (Boetius & Lochte, 1994). Pour pouvoir les utiliser pour leur métabolisme, les microflores benthiques profondes devront préalablements hydrolyser ces polymères (Chrost, 1991). Le maintien des conditions naturelles lors de la mesure des activités microbiennes dans le domaine benthique profond est délicate. Deux problèmes majeurs sont à prendre en compte : (1) la décompression des échantillons et (2) la conservation de l'intégrité du sédiment et de l'eau proche du fond constituant l'interface entre la colonne d'eau et le compartiment sédimentaire (NBW). Concernant le premier point, nous avons montré dans le chapitre III que les prélèvements d'échantillons d'eau de mer profonde sans décompression sont actuellement réalisables et qu'à défaut de maintenir les conditions de pression in situ, les mesures d'activités microbiennes sont faussées par le stress engendré par une variation de pression hydrostatique (Bianchi et al., soumis-a; manuscrit n°1). Nous avons souligné dans ce manuscrit les difficultés technologiques rencontrées pour réaliser de tels prélèvements dans la colonne d'eau. Ces difficultés sont accrues dans le cas d'échantillons sédimentaires et pour le moment, seul le système japonais décrit dans Kyo et al. (1991) permet de prélever la couche de sédiment superficiel sans décompression. Grâce à cet engin de prélèvement manipulable qu'avec l'aide d'un submersible, le groupe du JAMSTEC a pu isoler des souches piezophiles mais, au moins 135 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond à notre connaissance, aucune publication reporte des mesures d'activités microbiennes qui auraient été effectuées en condition hyperbare à partir d'échantillons de sédiment. Cette lacune pourrait être due à la nature des échantillons récoltés par cet équipement qui en fait prélève un mélange à parts variables, de sédiment superficiel et d'eau surnageante. Les seules études concernant les effets de la pression hydrostatique sur le métabolisme des microflores à l'interface eau-sédiment (NBW) ont été réalisées in situ par le biais de submersibles (Jannasch, 1973; Cahet et al., 1990) ou par la recompression des échantillons de sédiment à leur pression d'origine (Deming et al., 1980; Cahet et al., 1981; Lochte & Turley, 1988; Turley & Lochte, 1990; Meyer-Reil & Köster, 1992; Poremba, 1994b; Poremba, 1995; Poremba & Hoppe, 1995). Cependant Bianchi & Garcin (1993), ont montré que des échantillons recomprimés présentaient des activités métaboliques inférieures à celles mesurées en maintenant les conditions de pression hydrostatique, et parfois même inférieures à celles mesurées sur les échantillons simplement décomprimés. L'objectivité et la validité des valeurs obtenues en imposant aux organismes un double stress en recomprimant les échantillons décomprimés lors de la collecte paraissent donc peu fiables. Pour les échantillons de sédiment, les mesures ont donc été effectuées à la pression atmosphérique introduisant un biais qu'il nous est impossible d'évaluer. Par contre, pour les échantillons d'eau proche du fond, grâce à une collaboration avec Francis de Bovée, nous avons pu utiliser la chambre benthique autonome (ou Lander) de Banyuls-sur-Mer qui permet d'effectuer des mesures d'activités microbiennes in situ (Tengberg et al., 1995; Picon, 2000). Dans le but d'estimer les effets de la décompression sur les mesures d'activités à l'interface eau-sédiment, nous avons comparé les mesures obtenues in situ avec le Lander avec celles effectuées sur des échantillons décomprimés. Ces mesures ont été effectuées sur des carottes intactes (Novitsky, 1983; Picon, 2000) obtenues à l'aide d'un carottier multitube et maintenues, en incubation à bord du bateau à température in situ avec une agitation douce mais à la pression atmosphérique. Seul le paramètre de "pression hydrostatique" différenciait les mesures d'activités effectuées dans les carottes incubées à bord de celles réalisées dans les chambres benthiques du Lander. Les difficultés technologiques rencontrées pour réaliser une mesure représentative de la minéralisation de la matière organique dans le compartiment benthique, ainsi que les aléas météorologiques provoquant de nombreux avortements de carottages en zone profonde ont réduit quelque peu les objectifs initialement fixés. Toutefois, deux campagnes originales ont 136 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond pu être réalisées : l'une dévolue uniquement à l'étude du compartiment benthique (campagne AMIBE), l'autre pour tenter de réaliser un couplage pelagos-benthos des activités microbiennes profondes (campagne DYFAMED - septembre 2000). Au cours de la campagne AMIBE (Activités MIcrobiennes en milieu BEnthique) réalisée en mai 2000 sur le site du Canyon Lacaze-Duthiers dans le Golfe du Lion, plusieurs objectifs étaient visés : - réaliser un échantillonnage haute fréquence pour obtenir une mesure statistiquement représentative de l'activité microbienne benthique, et estimer sa variabilité à petite échelle spatiale, - comparer différentes stratégies d'échantillonnage pour mesurer la vitesse de minéralisation de la matière organique à l'interface eau-sédiment, - estimer l'effet de la décompression sur les activités microbiennes impliquées dans la minéralisation de la matière organique dans l'eau proche du fond. C'est en septembre 2000, sur le site DYFAMED, que nous avons réussi de coupler à une étude de la minéralisation dans le domaine pélagique (de la surface jusqu'à 2000 m de profondeur), des mesures d'activités microbiennes dans le domaine benthique (eau proche du fond et sédiments). IV.1 Validation des mesures d'activité microbienne à l'interface benthique D'une manière générale, la durée des prélèvements dans le domaine benthique profond et le plan de charge des navires océanographiques limitent considérablement le nombre d'échantillons pouvant être analysé au cours d'une campagne hauturière. Ainsi, dans la plupart des cas, les mesures décrivant des activités bactériennes dans les sédiments profonds ont été obtenues par l'analyse d'une seule carotte par station étudiée (Deming, 1993; Boetius & Lochte, 1994; Tholosan & Bianchi, 1998; Coolen & Overmann, 2000; Bianchi et al., submitted). Ce protocole généralisé ne permet pas d'évaluer la variabilité spatio-temporelle à petite-échelle, et peut donc obérer l'interprétation de la variabilité à l'échelle d'un bassin océanique qui est l'objectif principal des travaux cités ci-dessus. Dans le but d'estimer cette variabilité à petite échelle, au cours de la campagne AMIBE, nous avons effectué une série de 19 carottages multitubes (Tableau IV-1) s’inscrivant dans un carré d'environ 900 m de coté (Figure IV-1) dans l’axe du Canyon Lacaze-Duthiers à 900 m de profondeur. 137 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond Tableau IV-1. Nomenclature des échantillons, profondeur et position des stations au cours de la campagne AMIBE. KTB : carotte; CI : Carotte Incubées; CB : Chambre Benthique; * échantillon côtier. Date 10/05/2000 Echantillon KTB 1 Profondeur (m) Position du carottage 899 N 42°27' 697 E 03°29' 595 11/05/2000 KTB 2 896 N 42°27' 861 E 03°29' 562 12/05/2000 KTB 3 895 N 42°27' 50 E 03°29' 632 12/05/2000 KTB 4 >> CI 1 895 N 42°27' 861 E 03°29' 562 12/05/2000 KTB 5 >> CI 2 896 N 42°27' 777 E 03°29' 680 13/05/2000 KTB 6 896 N 42°27' 729 E 03°29' 687 13/05/2000 KTB 7>> CI 3 896 N 42°27' 711 E 03°29' 703 14/05/2000 KTB 8 >> CI 4 896 N 42°27' 713 E 03°29' 704 14/05/2000 KTB 9 >> CI 5 893 N 42°27' 765 E 03°29' 678 16/05/2000 KTB 10 890 N 42°27' 807 E 03°29' 566 16/05/2000 KTB 11 >> CI 6 893 N 42°27' 726 >> CI 7 E 03°29' 639 17/05/2000 KTB 12 893 N 42°27' 743 E 03°29' 659 17/05/2000 KTB 13 892 N 42°27' 755 E 03°29' 676 17/05/2000 KTB14 894 N 42°27' 747 E 03°29' 669 18/05/2000 KTB 15 >> CI 8 896 N 42°27' 719 >> CI 9 E 03°29' 651 18/05/2000 KTB 16 894 N 42°27' 747 E 03°29' 714 37 N 42°29' 625 19*/05/2000 KTB17 >> KTB17 E 03°09' 595 >> CI 10 >> CI 11 19*/05/2000 KTB18 >> KST 1 37 N 42°29' 627 E 03°09' 596 37 N 42°29' 625 19*/05/2000 KTB 19 >> KST 2 E 03°09' 598 >> KST 3 >> KST 4 16-17/05/2000 CB 894 N 42°27' 747 E03°29' 717 138 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond 42,476 42,474 KTB4-Ci1 KTB2 KTB10 42,472 KTB5-Ci2 Latitude (N) KTB13 KTB11-Ci6&7 42,470 KTB1 KTB12 KTB15-Ci8&9 KTB9-Ci5 KTB16 KTB14 CB KTB6 KTB7-Ci3 KTB8-Ci4 42,468 42,466 42,464 42,462 3,498 KTB3 3,499 3,500 3,501 150 m 3,502 3,503 3,504 Longitude (E) Figure IV-1. Position des carottages profonds effectués lors de la campagne AMIBE. KTB : carotte obtenue à l'aide du carottier multitube; Ci : carotte incubée; CB : chambre benthique. Pour réaliser un échantillonnage comparable, nous avons respecté scrupuleusement la même démarche : - Nous avons choisi de ne pas prélever, lors du siphonnage de l'eau proche du fond, le "fluff" considérant qu'il appartenait à la fraction sédimentaire. - Les 6 premiers centimètres du sédiment (au moins) ont été découpés tous les 2 cm. - La dilution du sédiment (1/1, v/v) a été réalisée en utilisant de l'eau proche du fond de la même carotte, filtrée sur 0,2 µm. L'objectif de ce travail étant de mesurer des vitesses métaboliques des microflores profondes dans les conditions les plus proches des conditions in situ, on a utilisé des gammes de concentration en substrat correspondant à la gamme basse de concentrations telle que définie dans le cas d'activités multiphasiques (Talbot & Bianchi, 1997; Tholosan et al., 1999; Unanue et al., 1999). C'est donc sur ces bases que la variabilité spatiale à petite échelle des mesures d'activités microbiennes a été appréhendée. 139 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond IV.1.1 Essai de modélisation Les activités des aminopeptidases et les vitesses d'utilisation du glutamate mesurées en cinétique concentrations ont été comparées sur l'eau proche du fond et les couches du sédiment 0-2, 2-4 et 4-6 cm de différentes carottes indiquées dans le Tableau IV-2. Tableau IV-2. Données utilisées pour analyser les variations à petite échelle spatiale des activités des aminopeptidases dans l'eau proche du fond et les sédiments, et d'utilisation du 14C-glutamate dans l'eau proche du fond MCA-Leu MCA-Leu 14 C-glu NBW Sed NBW KTB1 KTB2 √ √ √ KTB6 √ √ √ KTB9 √ √ KTB10 √ √ √ MCA-Leu : activité aminopeptidasique; 14C-glu : activités mesurées à l'aide du proche du fond; Sed : couches sédimentaires (0-2, 2-4 et 4-6 cm). 14 KTB13 √ √ √ KTB16 √ √ C-glutamate; NBW : eau Il est généralement reconnu, et ceci nous sert d'hypothèse de base pour l'analyse statistique, que les activités microbiennes dans les écosystèmes naturels suivent une cinétique de type Michaelis-Menten (Wright & Hobbie, 1965; Packard, 1979; Li, 1983; Fry, 1990). Selon ce modèle, la vitesse de réaction enzymatique (V) dépend de la concentration en substrat disponible suivant l'équation : Équation IV-1 : V = Vmax × S Km + S où Vmax est la vitesse maximale de réaction enzymatique et Km représente la constante de demi-saturation ou constante de Michaelis-Menten indiquant l'affinité de l'enzyme pour son substrat. IV.1.1.1 Description de l'analyse statistique utilisée Cette analyse statistique a été réalisée en collaboration avec le Professeur Jean-Pierre Durbec (Centre d'Océanologie de Marseille). Une méthode de régression non-linéaire (procédure NLIN du programme SAS, SAS/STAT, 1990, vers 8.1, SAS inco, Cary, USA) a été utilisée pour ajuster les courbes de Michaelis-Menten. Les comparaisons entre les courbes ont été réalisées à l'aide d'un test du rapport de vraisemblance. Les différentes carottes réalisées correspondent à des catégories. Si on a q catégories, i = 1, 2,…q alors on a pour l'observation j, j = 1,…ni de la ième catégorie (condition). L'équation utilisée pour ce test statistique est : Équation IV-2 : ln y ij = ai × S j bi + S j 140 + ε ij où εij est un terme d'erreur. Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond Le test du maximum de vraisemblance est égal à : Équation IV-3 ( ) L = σ ²ω σ ²Ω : + n 2 où σ²Ω est l'estimation de la variance des résidus lorsque tous les paramètres sont différents (hypothèse H1) et σ²ω est l'estimation de la variance des résidus lorsque 2 coefficients ou plus sont égaux (hypothèse H0). Si H0 est vérifiée, -2 ln L, statistique du rapport de vraisemblance, est distribuée approximativement comme une variable du χ² à d degrés de liberté (ddl) : Équation IV-4 ( λ = -2 ln L = − n ln σ ² ω σ ²Ω : ) Le nombre de degré de liberté (ddl) est égal au nombre de paramètres estimés sous H1 moins le nombre de paramètres estimés en supposant H0 vérifiée. IV.1.1.2 Traitement des données IV.1.1.2.1 Activité aminopeptidasique L'ensemble des résultats statistiques obtenus pour l'analyse de l'activité aminopeptidasique dans l'eau proche du fond et dans les différentes couches sédimentaires est résumé dans le Tableau IV-3. Tableau IV-3. Paramètres obtenus lors des différentes analyses statistiques effectuées à partir des mesures d'activités aminopeptidasiques. a (e.t.) b (e.t.) Echantillon σ²Ω σ²ω n λ ddl Prob χ² NBW 0,5693 0,5462 104 4,3078 8 0,83 0,002 (0,0003) 1,65 (0,88) 0-2 cm 0,7078 0,5869 54 9,2022 10 0,51 3,30 (0,24) 41,11 (12,05) 2-4 cm 8,8727 7,2483 46 9,3018 10 0,50 0,56 (0,30) 73,71 (122,50) 4-6 cm 6,1486 5,0866 46 8,7223 10 0,56 0,60 (0,23) 60,49 (73,04) µM h -1 µM NBW : eau proche du fond; σ²Ω : estimation de la variance des résidus lorsque tous les paramètres sont différents (hypothèse H1); σ²ω : estimation de la variance des résidus lorsque 2 coefficients ou plus sont égaux (hypothèse H0); n : nombre d'échantillons; λ : valeur obtenue pour le test de maximum de vraisemblance; ddl : nombre de degré de liberté; Prob χ² : probabilité du chi²; a et b : paramètres estimés à partir du modèle (Équation IV-2) lorsque l'hypothèse H0 ne peut être rejetée. IV.1.1.2.1.1 Eau proche du fond Chaque échantillon nécessite une équation de type Michaelis-Menten différente. La première étape est conduite en supposant tous les paramètres différents. La procédure NLIN converge au bout de 21 itérations avec une précision supérieure à 10-6 sur les estimations. La variance σ²Ω estimée dans ce cas (hypothèse H1) est égale à 0,56. Lorsque tous les paramètres sont 141 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond supposés égaux (hypothèse H0), un seul modèle rend compte des variations pour l'ensemble des carottes. La variance σ²ω estimée lorsque tous les paramètres sont égaux (hypothèse H0) est égale à 0,5472 (Tableau IV-3). Le nombre d'échantillons utilisés pour cette analyse est de 104. L'égalité entre les différents paramètres est testée à l'aide de la statistique de rapport du maximum de vraisemblance (Équation IV-4) : - 2 ln L = − 54 ln 0 , 5693 0 , 5462 = 4,3078 Sous l'hypothèse H0, -2 ln L suit une loi du chi² à 8 ddl. La probabilité du χ² (ddl= 8; 4,3078) est égale à 0,83, ce qui est non négligeable (Tableau IV-3). Les données ne contiennent pas d'information suffisante à l'encontre de l'hypothèse H0. Celle-ci est donc conservée. Le modèle estimé peut donc être adopté : Équation IV-5 : 1,81× S ln V= 1,65 + S (avec V en nM h-1 et S en µM) La Figure IV-2 présente le modèle adopté pour estimer les activités aminopetidasiques dans l'eau proche du fond de l'axe du Canyon Lacaze-Duthiers comparé aux valeurs mesurées moyennées. On constate que le modèle est plus fiable pour les fortes concentrations que pour les faibles et n'est d'ailleurs pas valable pour des concentrations en MCA-Leu inférieures à 0,5 µM. 2,5 2,0 -1 ln V (nM h ) 1,5 1,0 PRED LOW95 0,5 ln V UP95 0,0 0 2 4 6 8 10 -0,5 S (µM) -1,0 Figure IV-2. Figure représentant le modèle adopté pour les activités aminopeptidasiques dans l'eau proche du fond de l'axe du Canyon Lacaze-Duthiers. ln V : moyenne des vitesses mesurées; PRED : valeurs prédites par le modèle; UP95 et LOW95 : intervalle de confiance à 95 %. 142 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond IV.1.1.2.1.2 Couche sédimentaire superficielle (0-2 cm) L'analyse des différentes mesures obtenues dans la couche sédimentaire 0-2cm a été réalisée comme pour l'eau proche du fond avec n=54 échantillons. L'analyse converge sous l'hypothèse H1 (σ²Ω = 0,7078) et sous l'hypothèse H0 (σ²ω =0,5969 ). La statistique du rapport de vraisemblance conduit à conserver l'hypothèse H0 et d'accepter le modèle suivant pour la couche 0-2 cm (Prob(10χ², 9,20)=0,51) : Équation IV-6 : ln V= 3,30 × S 41,11+ S (avec V en µM h-1 et Km en µM) La Figure IV-3 présente le modèle adopté pour estimer les activités aminopetidasiques dans l'eau proche du fond de l'axe du Canyon Lacaze-Duthiers comparé aux valeurs mesurées moyennées. Là encore, le modèle apparaît mieux ajusté pour de fortes concentrations en substrats ajoutées comparativement aux faibles concentrations. Dans cette couche sédimentaire superficielle, le modèle ne s'ajuste plus aux données pour des concentrations inférieures à 5 µM. 4,0 3,0 ln V (µM h-1) 2,0 PRED LOW95 1,0 ln V UP95 0,0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 -1,0 S (µM) -2,0 Figure IV-3. Figure représentant le modèle adopté pour les activités aminopeptidasiques dans la couche 0-2 cm du sédiment de l'axe du Canyon Lacaze-Duthiers. ln V : moyenne des vitesses mesurées; PRED : valeurs prédites par le modèle; UP95 et LOW95 : intervalle de confiance à 95 %. 143 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond IV.1.1.2.1.3 Couche 2-4 cm De la même manière, nous avons analysé les sous-échantillons de sédiment de la couche 2-4 cm. Lorsque tous les paramètres sont supposés différents, l'algorithme de calcul diverge et les paramètres ne peuvent être estimés. Le caractère biphasique des activités aminopeptidasiques a été démontré (Talbot & Bianchi, 1997; Tholosan et al., 1999; Unanue et al., 1999). Les concentrations en MCA-Leu utilisées étaient identiques à celles utilisées dans la couche 0-2 cm (1, 5, 10, 25, 50, 100, 250, 500 et 1000 µM). Les activités aminopeptidasiques mesurées pour les couches 2-4 cm (tout comme les couches 4-6 cm) semblent présenter une seconde phase à partir de la concentration 1000 µM (Figure IV-4). 18 16 V (µmol l-1 h-1 14 12 10 8 6 4 2 0 0 200 400 600 800 1000 [MCA-Leu] (µM) Figure IV-4. Exemple de cinétiques concentrations obtenues pour les activités aminopeptidasiques dans les couches 0-2 cm ( ) et 2-4 cm ( ). La valeur à 1000 µM a été rejetée correspondant apparemment à une deuxième phase de l'activité aminopeptidasique. Le but de ce travail étant de mesurer les activités aminopeptidasiques les plus proches de celles des activités in situ, nous faisons le choix de considérer la gamme de concentrations la plus basse. Ainsi, l'analyse statistique a été reconduite en éliminant toutes les vitesses obtenues avec une concentration en MCA-Leu de 1000 µM. Dans ce cas, il est possible d'estimer les paramètres de la cinétique Michaelienne, lorsque tous les paramètres du modèle sont définis comme différents (hypothèse H1) et lorsque tous les paramètres sont définis comme égaux (hypothèse H0). Le seuil de significativité du test du maximum de vraisemblance n'est pas négligeable (Prob(10χ², 9,301)=0,50) ce qui nous permet de conserver l'hypothèse H0 et d'accepter le modèle suivant pour la couche 2-4 cm : Équation IV-7 : ln V= 0,56 × S 73,71+ S (avec V en µM h-1 et Km en µM) 144 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond IV.1.1.2.1.4 Couche 4-6 cm L'analyse statistique a été établie comme précédemment (couche 2-4 cm) en éliminant les vitesses mesurées avec 1000 µM de concentration en MCA-Leu. Le test du maximum de vraisemblance nous permet d'accepter le modèle suivant : Équation IV-8 : ln V= 0,60 × S 60,49 + S (avec V en µM h-1 et Km en µM) IV.1.1.2.2 Utilisation du 14C-glutamate 14 La même démarche a été appliquée pour le traitement des vitesses d'utilisation du C- glutamate par les microflores de l'eau proche du fond de 5 carottes. Le Tableau IV-4 résume les paramètres estimés par l'analyse statistique. Des modèles convergents ont pu être trouvés pour les échantillons de l'interface eau-sédiment (mesure de l'assimilation et de la respiration du 14C-glutamate). L'analyse statistique sur la respiration du 14 C-glutamate dans le sédiment n'a pas pu être effectuée car seules 3 cinétiques concentrations ont été réalisées au cours de cette mission. Tableau IV-4. Paramètres obtenus lors des différentes analyses statistiques effectuées à partir des vitesses estimées à l'aide du 14C-glutamate. a (e.t). b (e.t.) Echantillon σ²Ω σ²ω n λ ddl Prob χ² NBW GA 2,385 2,2499 35 2,0410 6 0,92 6,64 (0,47) 3,52 (1,51) NBW GR 3,758 3,6692 35 0,8370 6 0,99 6,58 (0,53) 1,48 (0,84) 14 pM h -1 nM 14 NBW : eau proche du fond; GA: assimilation du C-glutamate; GR: respiration du C-glutamate; σ²Ω : estimation de la variance des résidus lorsque tous les paramètres sont différents (hypothèse H1); σ²ω : estimation de la variance des résidus lorsque 2 coefficients ou plus sont égaux (hypothèse H0); n : nombre d'échantillons; λ : valeur obtenue pour le test de maximum de vraisemblance; ddl : nombre de degré de liberté; Prob χ² : probabilité du chi²; a et b : paramètres estimés à partir du modèle (Équation IV-2) lorsque l'hypothèse H0 ne peut être rejetée. Le modèle pour l'assimilation du glutamate est donc le suivant : Équation IV-9 : ln V= 6,64 × S (avec V en pM h-1 et Km en nM). 3,52 + S Le modèle pour la respiration du glutamate est le suivant : Équation IV-10 : 6,58 × S ln V= (avec V en pM h-1 et Km en nM) 1,48 + S 145 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond IV.1.1.3 Interprétation En montrant que la variabilité entre les activités mesurées sur une petite échelle spatiale peut être considérée comme négligeable, la démarche utilisée nous permet de valider d'un point de vue statistique la stratégie conventionnelle de mesures des activités microbiennes en milieu profond. Un modèle (Équation IV-2 basée sur le modèle de Michaelis-Menten) peut être adopté pour chacune des activités (EAA, GA et GR) et chacun des niveaux considérés (eau surnageante pour EAA, GA et GR) et pour chaque couche de sédiment 0-2, 2-4 et 4-6 cm pour EAA). Le modèle testé n'est ajustable qu'en effectuant une transformation logarithmique des valeurs des vitesses mesurées afin de minimiser l'estimation des erreurs. De ce fait, le paramètre (a) de l'Équation IV-2 est donc une estimation de la vitesse maximale après transformation exponentielle : Vmax = exp(a). Les équations définies pour chacun des compartiments permettent d'estimer la vitesse réelle d'hydrolyse aminopeptidasique, ou d'utilisation du glutamate, dans le cas où les concentrations naturelles en polypeptides et glutamate seraient connues. La MCA-Leu étant considérée comme un bon analogue des peptides et des protéines (Chrost, 1991), nous émettons l'hypothèse que la concentration naturelle des acides aminés dissous combinés (DCAA) peut être considérée comme une estimation de la concentration théorique en MCALeu des échantillons d'eau de mer (cf. chapitre II). Dans les sédiments, seuls les acides aminés totaux sont estimés. Connaissant la concentration naturelle en AA totaux, on peut donc évaluer la vitesse "réelle" d'hydrolyse ectoenzymatique des acides aminés dissous combinés. Buscail & Germain (1997) estiment que dans les sédiments de l'axe du Canyon LacazeDuthiers, la concentration en acides aminés totaux est égale à 1090 µg g-1 de sédiment, soit environ 12,2 mM. A l'aide de l'Équation IV-6, la vitesse "réelle" d'hydrolyse des aminopeptides dans ces sédiments superficiels en période printanière peut être estimée à environ 26,8 µmol AA l-1 h-1. Cette étude constitue une première approche vers une mesure plus réelle des activités des microflores profondes dans l'eau proche du fond et les sédiments. Malheureusement, les contraintes technologiques ne nous ont pas permis d'effectuer les analyses en respectant les conditions de pression hydrostatique. La concentration en acides aminés disponible dans les sédiments nous permet toutefois, par la technique d'estimation des activités microbiennes en cinétique multiconcentrations, d'obtenir des vitesses maximales proches des vitesses réellement exercées in situ puisque la gamme de concentrations ajoutée 146 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond (entre 1 et 1000 µM) constitue un apport trace par rapport à la concentration naturelle en substrat (12,2 mM). IV.2 Comparaison de méthode d'estimation de l'activité microbienne dans le domaine benthique profond IV.2.1 L'interface eau-sédiment Trois types d'échantillons ont été obtenus pour l'eau proche du fond (NBW) : (1) NBW siphonnée du carottier multitube et incubée indépendamment de la fraction sédimentaire (NBWS); (2) NBW maintenue au contact de la fraction sédimentaire pour mesurer des activités métaboliques microbiennes sur des carottes intactes incubées à pression atmosphérique (Ci) et (3) sur des échantillons incubés in situ à l'aide des chambres benthiques du Lander (CB). Le Tableau IV-5 présente les vitesses mesurées pour les aminopeptidasiques (EAA) et les phosphatases (PA) selon deux conditions (1) NBWS et (2) Ci (échantillons décomprimés). Le Tableau IV-6 présente les vitesses d'assimilation (GA) et de respiration (GR) du 14 C- glutamate dans les différentes conditions (1, 2 et 3). Tableau IV-5. Activités aminopeptidasique (EAA) et phosphatidique (PA) selon différentes conditions d'incubation. NBWS : eau proche du fond siphonnée et incubée à température in situ; Ci : carottes non perturbées incubées à pression atmosphérique et température in situ. Station Substrat Canyon Lacaze-Duthiers [MCA-Leu] = 1 µM Canyon Lacaze-Duthiers [MCA-Leu] = 2 µM DYFAMED / KTB101 Canyon Lacaze-Duthiers [MCA-Leu] = 5 µM [MUF-P] = 5 µM Canyon Lacaze-Duthiers [MUF-P] = 0,05 µM DYFAMED / KTB101 EAA (nmol l-1 h-1) ± e.t. NBWS* 2,0 Ci 2 17,8 ± 0,2 Ci 4 15,8 ± 5,6 NBWS* 2,7 Ci 2 20,3 ± 3,2 NBWS** 1,5 ± 0,1 Ci 28,5 ± 0,3 PA (nmol l-1 h-1) ± e.t. NBWS** 21,7 ± 2,3 KTB9 / Ci5 34,3 ± 1,5 NBWS** 0,6 ± 0,03 KTB9 / Ci5 1,4 ± 0,3 NBWS** 1,0 ± 0,2 Ci 11,0 ± 0,1 Echantillon [MUF-P] = 5 µM *calculé à l'aide de l'Équation IV-5 pour EAA pour les mêmes concentrations; ** déterminé pour les mêmes concentrations. 147 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond Les différentes activités mesurées (EAA, PA, GA, GR) sont toujours plus élevées lorsqu'on maintient l'eau proche du fond en contact avec son sédiment que lorsqu'on la sépare arbitrairement du sédiment (Tableaux IV-5 et IV-6). Le rapport Ci/NBWS est statistiquement supérieur à 1 (p=0,0118; n=8). Ce résultat montre, une nouvelle fois, que pour toute mesure biologique, l'expérimentateur doit, autant que possible, maintenir les conditions d'incubation aussi proches que possible de celles in situ. Toutefois, cette technique d'incubation de carottes non fractionnées n'est pas totalement satisfaisante car les conditions de pression hydrostatique ne sont pas maintenues. Les aléas des conditions météorologiques lors des campagnes et de la programmation des navires océanographiques nous ont permis de réaliser seulement quatre mesures d'activité en respectant les conditions de pression hydrostatique à l'aide du Lander de l'OSU de Banyulssur-Mer. Ces résultats sont présentées dans le Tableau IV-6. Tableau IV-6. Assimilation (GA) et respiration (GR) du 14C-glutamate selon différentes conditions d'incubations. NBWS : eau proche du fond siphonnée et incubée à température in situ; Ci : carottes non perturbées incubées à pression atmosphérique et température in situ; CB : activités mesurées en conditions in situ à l'aide de la chambre benthique. Echantillons prélevées au cours de la même campagne dans le quadrilatère définie Figure IV-1. Substrat Echantillon [14C-glu] = 2 nM [14C-glu] = 6 nM NBWS* Ci 1 CB NBWS* Ci 3 CB GA (pmol l-1 h-1) ± e.t. 11,1 23,2 ± 1,0 2,1 ± 1,0 67,7 n.d. 20,6 ± 1,6 GR (pmol l-1 h-1) ± e.t. 43,9 182,5 ± 9,5 11,5 ± 2,2 200,1 n.d. 34,1 ± 6,4 *calculé à l'aide de l'Équation IV-9 pour GA et l'Équation IV-10 pour GR pour les mêmes concentrations. n.d. : non déterminée. Sur les 4 échantillons étudiés dans les conditions in situ, tous présentent des vitesses d'utilisation du glutamate inférieures aux mesures effectuées à pression atmosphérique. Les vitesses mesurées dans les conditions in situ (CB) sont inférieures d'un ordre de grandeur à celles mesurées à la pression atmosphérique à bord du bateau (Ci). Ces résultats confirment ceux obtenus par Picon (2000), présentés avec la Figure IV-5, qui montraient que la minéralisation du 14 C-glutamate était surestimée lorsque les échantillons étaient incubés à bord du bateau (Ci) par rapport aux activités mesurées dans les conditions in situ (CB). 148 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond 90 80 70 % 60 50 40 30 20 10 0 VTC (35m) VL (85 m) INT2 (330 m) AXE (910 m) Figure IV-5. Proportion du 14C extrait sous forme de carbone inorganique, en pourcentage de la radioactivité totale récupérée, à la suite d'incubations effectuées à pression atmosphérique (Ci) au cours de la campagne BBLL 3 (août 1997) et à pression in situ (CB) au cours de la campagne BBLL2 (février 1997) selon un transect côte-large dans le Golge du Lion. VTC : vase terrigène côtière; VL : vase du large; INT2 : interfluve de l'axe du Canyon Lacaze-Duthiers; Axe : axe Canyon Lacaze-Duthiers (Picon, 2000). Picon (2000) montre que l'écart entre les vitesses de minéralisation mesurées à bord et celles mesurées in situ augmente avec la profondeur. Le fait que les minéralisations mesurées à bord soient supérieures à celles obtenues in situ dans la station la plus côtière (située à 35 m de profondeur) montre que des facteurs autres que la pression hydrostatique ont une influence sur la mesure du métabolisme microbien. Toutefois, Picon (2000) souligne que les comparaisons des mesures de minéralisation qu'il a réalisées in situ et à bord sont assujetties à deux critiques : - D'une part, la différence peut être également assignée à une variation saisonnière, puisque les mesures réalisées lors d'incubation à bord du bateau (à pression atmosphérique) et celles réalisées in situ n'ont pas été effectuées simultanément (l'une en février, l'autre en août 1997). - D'autre part les conditions d'incubation différaient également par l'absence d'agitation pendant les incubations à bord, alors qu'une agitation était réalisée dans les chambres benthiques incubées in situ. Pour pallier ces défauts, nous avons comparé les deux techniques d'incubation lors d'une même campagne. De plus, à l'aide d'un agitateur magnétique, nous avons reproduit dans les carottes incubées à bord l'agitation lente installée dans les chambres benthiques, simulant autant que possible l'hydrodynamisme de l'eau proche du fond (Picon, 2000). En effet, le 149 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond courant de fond, en provoquant la remise en suspension du matériel organique fraîchement déposé, peut influencer sa dégradation (Smith et al., 1987). De ces quelques échantillons (n=5) obtenus à l'interface eau-sédiment, il est difficile de pouvoir conclure de manière définitive quant à l'effet de la décompression sur les activités des microflores de l'eau proche du fond. Comme nous l'avons vu, peu de résultats ont été publiés, à notre connaissance, sur l'effet de la pression hydrostatique sur les activités métaboliques à l'interface eau-sédiment en évitant toute perturbation des conditions de pression hydrostatique (Jannasch, 1973; Cahet et al., 1990). Les conclusions de ces deux groupes sont d'ailleurs opposées puisque Jannasch & Wirsen (1973) montrent que la décompression provoque une surestimation de l'activité métabolique des bactéries benthiques, et que Cahet et al. (1990) démontrent l'inverse. Nos résultats, ainsi que ceux obtenus par Picon (2000), montrent que la décompression des échantillons d'eau proche du fond affecte la mesure de l'activité microbienne en la surestimant jusqu'à un ordre de grandeur. IV.2.2 Le compartiment sédimentaire La majorité des études d'activité microbienne dans les sédiments a été réalisée sur des sédiments mis en suspension (King & Berman, 1984; Mayer, 1989; Helmke & Weyland, 1991; Boetius & Lochte, 1994; Poremba & Hoppe, 1995; Talbot & Bianchi, 1997; Tholosan & Bianchi, 1998; Tholosan et al., 1999). Cette technique sépare physiquement et arbitrairement l'eau proche du fond du sédiment, et découpe la carotte prélevée en plusieurs couches sédimentaires. Cette technique de mesure des activités microbiennes peut être assujettie à des problèmes de reproductibilité. En effet, plusieurs critiques peuvent être soulignées : - La séparation des phases liquide et solide de l'interface benthique est effectuée par siphonnage de l'eau surnageante. Dans quelle phase doit-on inclure le "fluff" ? En fait, c'est cette microcouche à très forte charge en particules qui constitue la véritable interface entre les domaines benthique et pélagique. - Quel critère adopter pour définir les différents niveaux d'étude du sédiment ? Opter pour la profondeur de changement de potentiel redox serait un choix objectif. Cependant la grande variabilité de cette profondeur (de quelques mm dans les zones eutrophes à une vingtaine de cm dans les zones oligotrophes) empêcherait toute comparaison inter-zones. - La dilution du sédiment avec de l'eau proche du fond filtrée sur 0,2 µm (1/1, v/v) détruit les micro-niches caractéristiques des milieux poreux. Les conditions 150 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond d'oxydoréduction qui régissent les échanges syntrophiques et les équilibres interspécifiques sont de ce fait quelque peu perturbées par rapport aux conditions in situ. - Ce type d'expérimentation ne peut être réalisé que sur des échantillons de sédiment ramenés en surface et donc décomprimés. Toutefois, malgré ces inconvénients cette démarche présente des avantages irremplaçables : - La mesure des activités microbiennes dans différentes couches de sédiment permet d'estimer un flux d'activité à travers l'épaisseur sédimentaire et de suivre son évolution au cours de l'enfouissement. - Enfin, seule cette technique permet de réaliser des cinétiques concentrations fournissant les paramètres de Michaelis-Menten, Vmax et Km, indispensables pour estimer les conditions d'utilisation des substrats par les microflores. Une autre technologie respecte la structure physique du sédiment, et permet donc de se rapprocher des conditions naturelles. Cette technique est moins utilisée (Meyer-Reil, 1986; Meyer-Reil, 1987). Cet auteur a montré que les vitesses mesurées sur les suspensions de sédiment sont, en moyenne, d'un ordre de grandeur plus élevées que celles provenant de l'injection du substrat dans les sédiments intacts (Meyer-Reil, 1986). Toutefois, si l'approche est élégante, elle n'est pas exempte de critiques : - Le substrat est injecté au sein de la carotte à l'aide d'une micro-seringue au travers du tube de la carotte préalablement perforé de plusieurs points d'injection. La faible porosité des sédiments marins profonds limite la diffusion homogène du substrat dans la colonne sédimentaire (Meyer-Reil, 1986). - Cette diffusion, plus ou moins limitée autour de chaque point d'injection, provoque différents gradients de concentrations en substrat. Ces différents gradients de concentration provoquent des gradients de réactivité des peuplements microbiens, rendant difficilement comparables les vitesses mesurées. - De plus, les vitesses mesurées se réfèrent à des sous-échantillons de sédiments dont la concentration initiale ne peut être déterminée avec précision du fait de la mauvaise répartition du substrat (Meyer-Reil, 1986). Du fait de ces critiques, les mesures d'activité microbienne obtenues par l'injection de substrat dans le sédiment intact paraissent tout aussi potentielles que celles obtenues sur des suspensions de sédiments. Pour cela, nous avons opté pour cette dernière technique plus couramment utilisée. 151 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond IV.3 Activités microbiennes dans l'épaisseur sédimentaire Les mesures de respiration du 14C-glutamate (GR) et des activités aminopeptidasiques (EAA) et phosphatidiques (PA) ont été réalisées tous les 2 cm entre 0 et 22 cm de profondeur dans le Canyon Lacaze-Duthiers (mai 2000) à 920 m de profondeur, et à la station DYFAMED (septembre 2000) à 2300 m de profondeur (Figure IV-6). On peut remarquer que la variabilité des vitesses maximales mesurées dans le sédiment du Canyon Lacaze-Duthiers apparaît plus importante que celle rencontrée dans le sédiment du site DYFAMED. La topographie particulière des zones de canyon privilégie l'accumulation de matière organique, souvent associée aux apports en particules détritiques par l'intermédiaire des courants de fond (Buscail & Germain, 1997). Au site DYFAMED, l'activité EAA est maximale dans les six premiers centimètres du sédiment et diminue drastiquement en dessous. Dans le Canyon Lacaze-Duthiers, si l'activité EAA ne diminue que lentement entre 0 et 8 cm, elle est quasi-nulle en dessous. L'activité PA affiche des comportements tout à fait différents entre les deux sites. Le profil dans le Canyon Lacaze-Duthiers est proche de celui de l'activité EAA mais avec des vitesses maximales d'un ordre de grandeur plus élevées. A l'opposé dans le sédiment de la station DYFAMED, l'activité PA est du même ordre de grandeur que l'activité EAA, avec un profil similaire (avec un maximum d'activité pour la couche 2-4 cm). Tholosan & Bianchi (1998) ont déjà signalé que l'activité aminopeptidasique dans la couche 2-4 cm pouvait être plus élevée que dans la couche 0-2 cm, pourtant plus riche en élément nutritif. Dans cette couche de surface, la flore microbienne est probablement régulée par les prédateurs comme les nématodes qui peuvent constituer plus de 90 % de la méïofaune des régions sédimentaires profondes (De Bovée et al., 1990). La vitesse de respiration du 14 C-glutamate (GR) diminue drastiquement entre les quatre premiers centimètres du sédiment. Dans le sédiment du site DYFAMED, en dessous de 6 cm cette activité respiratoire est insignifiante, correspondant au minimum d'oxygène classiquement rencontré dans le sédiment du site DYFAMED (Gehlen et al., 1997). Dans le sédiment du Canyon Lacaze-Duthiers, cette activité hétérotrophe est perceptible jusqu'à 10 cm de profondeur. D'ailleurs, à cette profondeur, la GR, moyennée sur 3 échantillons, augmente significativement. 152 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond -1 0 -1 -1 µmol MUF l h a) pmol 100 14 -1 CO2 l h 200 300 400 500 0 2 2 4 4 6 6 8 10 12 100 200 300 400 500 0 0 Profondeur (cm) Profondeur (cm) 0 -1 µmol MUF l h 14 -1 -1 pmol CO2 l h b) -1 8 10 12 14 14 GR 16 GR 16 PA PA EAA EAA 18 18 20 20 0 10 20 30 µmol MCA l 40 -1 50 0 60 10 20 30 40 -1 -1 50 60 -1 µmol MCA l h h ), d'activités Figure IV-6. Profil des vitesses maximales de respiration du 14C-glutamate (GR, ) dans l'épaisseur sédimentaire (a) du Canyon phosphatidique (PA, ) et aminopeptidasique (EAA, Lacaze-Duthiers et (b) de la station DYFAMED. Valeurs moyennées (et barres d'erreurs) obtenues (a) au cours de la campagne AMIBE (mai 2000) et (b) au cours de la campagne DYFABAC II (septembre 2000) sur des échantillons sédimentaires découpés tous les 2 cm et dilués avec de l'eau proche du fond filtrée sur 0,2 µm (dilution 1/1). Le site du Canyon Lacaze-Duthiers est reconnu comme étant le siège d'une forte bioturbation (De Bovée et al., 1990; Gerino, 1992). Cette importante bioturbation peut expliquer une meilleure distribution de la matière organique dans la colonne sédimentaire. La décroissance des activités microbiennes au fur et à mesure de l'enfouissement dans le sédiment est le modèle le plus classiquement reporté dans la littérature (King, 1986; Meyer-Reil, 1987; Mayer, 1989; Talbot & Bianchi, 1997; Tholosan & Bianchi, 1998). Toutefois, des profils irréguliers montrant un pic d'activité d'ectoenzymes hydrolytiques au dessous de la couche superficielle du sédiment ont été également reportés (Boetius & Lochte, 1994; Poremba & Hoppe, 1995; Tholosan & Bianchi, 1998). Ce pic d'activités ectoenzymatiques peut être lié à une diminution drastique de la matière organique facilement utilisable (et donc potentiellement inhibitrice des activités hydrolytiques) en dessous la couche superficielle du sédiment (Chrost, 1991; Boetius & Lochte, 1994). La forte activité de respiration du 153 14 C- Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond glutamate et les activités EAA et PA relativement faibles dans la couche superficielle du sédiment corroborent cette hypothèse. Le Tableau IV-7 reporte les valeurs des flux de respiration du 14C-glutamate (GR), ainsi que des activités phosphatidique (PA) et aminopeptidasique (EAA) calculées par intégration trapézoïdale des vitesses mesurées à travers les dix premiers centimètres d'épaisseur sédimentaire dans le Canyon Lacaze-Duthiers (920 m) et à la station DYFAMED (2300 m). Tableau IV-7. Flux potentiels de la respiration du 14C-glutamate (GR), des activités phosphatidiques (PA) et aminopeptidasiques (EAA) à travers les dix premiers centimètres d'épaisseur sédimentaire dans le Canyon Lacaze-Duthiers (mai 2000) et la station DYFAMED (septembre 2000). GR PA EAA µmol 14CO2 m-2 h-1 µmol MUF m-2 h-1 µmol MCA m-2 h-1 Canyon Lacaze-Duthiers 12 12003 1586 DYFAMED 5 776 2154 Les flux potentiels de GR et de PA sont plus importants dans le sédiment du Canyon LacazeDuthiers que dans le sédiment de la station DYFAMED, alors que la situation inverse est observée pour les flux potentiels d'EAA. Ce n'est pas la quantité de matière organique qui peut seule expliquer ces différences. En période non-exceptionnelle, la quantité de carbone organique en surface est égale à environ 0,8 % dans le sédiment du Canyon Lacaze-Duthiers (Buscail et al., 1990) et environ 0,6 % dans le sédiment de la station DYFAMED. Ainsi, nous ne pouvons qu'émettre deux hypothèses pour expliciter cette forte activité phosphatidique (PA) dans les sédiments du Canyon Lacaze-Duthiers : - Une différence de qualité de la matière organique entre les deux sites. Dans le Canyon Lacaze-Duthiers, les composés de type phosphoester constitueraient une part plus importante (ou plus bio-disponible) que les composés de type polypeptidique. Dans la zone du Canyon Lacaze-Duthiers, la période de mars à mai est considérée comme celle où les apports advectifs de matière organique fraîche sont accrus (Buscail et al., 1990; Monaco et al., 1990a; Monaco et al., 1990b). La matière organique fraîche constituerait donc un apport en matière organique bio-disponible de type phosphoester favorisant les processus d'activités phosphatidiques. Koike & Nagata (1997) ainsi que Hoppe & Ullrich (1999) ont montré que dans la colonne d'eau profonde les activités phosphatidiques étaient exacerbées dans des zones caractérisées par une forte productivité de surface et des taux de sédimentation importants. 154 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond - Une activité PA réalisée par d'autres organismes que les bactéries. Dans la colonne d'eau photique, les organismes responsables des activités PA sont les bactéries, le phytoplancton et le zooplancton (Jansson et al., 1988). Les organismes de la méïofaune pourraient développer comme les organismes zooplanctoniques des activités ectophosphatidiques contribuant pour une part non-négligeable à l'activité PA totale mesurée dans les sédiments. Le site du Canyon Lacaze-Duthiers étant particulièrement riche en organismes de la méïofaune (De Bovée et al., 1990; Gerino, 1992), cette activité PA serait ainsi exacerbée par rapport au site DYFAMED. A notre connaissance, peu d'études concernant l'activité PA dans les sédiments ont été publiées (Marxsen & Schmidt, 1993; Coolen & Overmann, 2000). Nous avons pu obtenir une seule référence publiant des vitesses de PA mesurées dans des sédiments profonds (Coolen & Overmann, 2000). Les vitesses potentielles mesurées sur le site DYFAMED sont du même ordre de grandeur que celles rapportées par ces auteurs pour des sédiments profonds en Méditerranée, alors que celles que nous avons mesurées dans les sédiments du Canyon Lacaze-Duthiers s'approchent des vitesses mesurées par Coolen et al. (2000), dans des sédiment côtiers de la Mer des Wadden (Mer du Nord). IV.4 Couplage pelagos-benthos Les réactions biogéochimiques sédimentaires sont largement déterminées par les apports particulaires provenant de la colonne d'eau océanique. La quantité de matière déposée à l'interface eau-sédiment, mais aussi sa qualité (réactivité), jouent un rôle essentiel dans les variations des réactions biogéochimiques dans le sédiment. Dans l'océan ouvert, les flux de particules sont largement dominés par la composante biogène issus de la production de surface (Pomeroy, 1974; Azam et al., 1983; Turley & Lochte, 1990; Turley et al., 1995; Azam & Long, 2001). Au cours de ce travail de thèse, c'est lors de la campagne d'automne 2000 sur le site DYFAMED que nous avons pu effectuer l'étude couplée des activités microbiennes intervenant dans la dégradation de la matière organique dans l'ensemble de la colonne d'eau (WWC), l'eau proche du fond (NBW) et les sédiments (SED). Les prélèvements ont été réalisés à l'aide de bouteilles Niskin et de l'HPSS dans la colonne d'eau et à l'aide d'un carottier multitubes pour échantillonner l'eau proche du fond et le sédiment. Les mesures d'activités réalisées conjointement dans ces différents compartiments sont la respiration du 14 C-glutamate (GR), l'activité phosphatidique (PA) et l'activité aminopeptidasique (EAA). La 155 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond Figure IV-7 présente les profils des vitesses maximales (Vmax) de ces différentes activités mesurées sur des échantillons décomprimés. Les vitesses diminuent de la surface vers le fond, avec un pic au niveau du minimum d'oxygène vers 400 m de profondeur, puis augmentent dans l'eau proche du fond pour atteindre des valeurs sensiblement équivalentes à celles mesurées dans les eaux de surface. En effet, à l'exception de la PA dont l'activité diminue quelque peu dans l'eau proche du fond par rapport à la mesure réalisée à 2000 m, les vitesses de la GR et l'EAA augmentent d'environ 500 et 10 fois respectivement entre les mesures réalisées à 2000 m et celles réalisées dans l'eau proche du fond. Dans le sédiment, les vitesses mesurées sont exacerbées étant 220 fois supérieures pour GR, 12000 fois supérieures pour PA et 19000 fois supérieures pour EEA par rapport à leurs homologues dans l'eau surnageante. Toutefois, toutes ces estimations sont attachées d'artefacts puisqu'on a vu que, du fait de la décompression, les mesures d'activités dans la colonne d'eau profonde étaient sous-estimées d'un facteur moyen égal à 3,86 ± 6,47 (cf. paragraphe III.6), que les mesures dans la NBW semblaient surestimées d'un facteur pouvant être égal à 10 (cf. paragraphe IV.2.1) et que, dans l'état actuel des connaissances, rien ne nous permettait de conclure quant à l'effet de décompression sur les activités métaboliques microbiennes dans les sédiments. 156 a) Profondeur (cm) 0 200 pmol 14 CO2 l 400 -1 h b) -1 600 800 1000 0 pmol MUF l 500 1000 1500 -1 h c) -1 2000 2500 3000 3500 0 0 0 0 200 200 200 400 400 400 600 600 600 800 800 800 1000 1000 1000 1200 1200 1200 GR 1400 1600 1600 1600 1800 1800 1800 2000 2000 2000 2200 2200 2200 nmol 14CO2 l-1 h-1 Profondeur (cm) 0 100 150 200 250 1000 1500 µmol MUF l-1 h-1 300 350 h 2000 -1 2500 3000 400 0 4 8 12 3500 EAA 1400 50 500 -1 PA 1400 0 pmol MCA l µmol MCA l-1 h-1 16 20 0 0 0 4 4 4 8 8 8 12 12 12 16 16 16 10 20 30 40 50 60 Figure IV-7. Profils des vitesses maximales (a) de la respiration du 14C-glutamate (GR, ), (b) de l'activité phosphatidique (PA, ) et (c) de l'activité aminopeptidasique (EAA, ) dans la colonne d'eau , dans l'eau proche du fond , et dans les sédiments au site DYFAMED en septembre 2000. Notez le changement d'échelle entre les vitesses maximales mesurées dans la colonne d'eau et l'eau proche du fond et dans les sédiments. Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond Pour pouvoir estimer le rôle des activités microbiennes dans les différents systèmes océaniques, il est nécessaire de calculer les flux de matière résultant de ces processus dans chaque compartiment. Le Tableau IV-8 rappelle les valeurs intégrées des flux potentiels des activités GR, PA et EAA dans chacun des compartiments (colonne d'eau – WWC, eaux proches du fond – NBW et sédiments – SED). Tableau IV-8. Flux potentiels de respiration du 14C-glutamate, de l'activité phosphatidique et de l'activité aminopeptidasique dans la colonne d'eau (WWC), dans l'eau proche du fond (NBW) et les sédiments (SED) au site DYFAMED en septembre 2000. DEC : flux potentiels estimés sur des échantillons décomprimés; HP : flux potentiels estimés sur des échantillons maintenus à pression ambiante. Respiration du 14 C-glutamate Phosphatase Aminopeptidase µmol m-2 h-1 WWC : 10Æ 200 m 10 239 196 WWC : 200Æ 1000 m 4 533 181 WWC : 1000Æ 2000 m (DEC) 16 1611 730 WWC : 1000Æ 2000 m (HP) 42 3212 1623 NBW* 9 12 15 SED (0-10 cm) 5 776 2154 Total (DEC) 44 3171 3276 Total (HP) 70 4772 4169 * avec comme hypothèse une épaisseur de l'eau proche du fond égale à 10 m. Si on considère les mesures estimées uniquement sur des échantillons décomprimés (DEC), on constate que le compartiment benthique (NBW+SED) contribuerait, potentiellement, pour 32 % à la minéralisation du 14C-glutamate, pour 25 % de l'hydrolyse de phosphoesters et pour 66 % de l'hydrolyse des aminopeptides. Alors que pour la minéralisation du 14C-glutamate, les flux théoriques apparaissent du même ordre de grandeur entre les sédiments et l'eau proche du fond, les activités ectoenzymatiques dans les sédiments sont 65 fois pour PA et 140 fois pour EAA plus importants dans le sédiment que dans l'eau proche du fond. Le couplage entre les activités ectoenzymatiques et la respiration du 14 C-glutamate apparaît plus étroit dans l'eau proche du fond que dans le sédiment. Ainsi, si la colonne d'eau profonde doit être prise en compte dans l'estimation des flux de minéralisation, le compartiment sédimentaire ne peut être négligé, d'autant plus que les flux estimés dans le compartiment benthique sont probablement plus proches des flux réels que ceux obtenus pour la colonne d'eau. En effet, pour les différentes activités mesurées, les concentrations en substrat ajoutées aux 158 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond échantillons d'origine benthique sont en concentrations traces par rapport aux concentrations naturelles (cf. paragraphe IV.1.1.3). Par contre, l'ultraoligotrophie et l'importance de la fraction organique non-chimiquement définie dans le domaine pélagique profond nous contraignent, pour l'instant, à la mesure de la Vmax, bien définie du point de vue cinétique, mais seulement potentielle. On dispose maintenant de suffisamment de données expérimentales pour affirmer que la décompression des échantillons d'eau profonde affecte la mesure des activités métaboliques des microflores pélagiques (Bianchi et al., soumis-a). Malheureusement, il nous est difficile de conclure aussi nettement quant à l'effet de la décompression sur la mesure des activités microbiennes à l'interface eau-sédiment. Toutefois, si on tient compte de nos résultats préliminaires ainsi que ceux obtenus par Picon (2000), les activités mesurées classiquement sur des échantillons décomprimés seraient sur-estimées par rapport à celles réellement exercées à l'interface benthique profonde. Les valeurs précisées dans le Tableau IV-8 pour l'eau proche du fond (NBW) correspondraient donc à des valeurs hautes par rapport à celle réellement exercées in situ. Par contre, nous ne disposons d'aucune donnée expérimentale permettant d'estimer quels sont les effets de la décompression des échantillons de sédiments profonds sur la mesure des activités microbiennes dans les dépôts sédimentaires récents. Un effort ultérieur devra donc être conduit dans l'étude des processus de minéralisation dans l'eau proche du fond et les sédiments profonds. 159 Chapitre IV – Activités microbiennes dans le domaine benthique profond 160 Chapitre V ESSAIS COMPLEMENTAIRES ET PERSPECTIVES Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives V. ESSAIS COMPLEMENTAIRES ET PERSPECTIVES V.1 Simulation de la chute de particules Le domaine océanique profond est essentiellement alimenté par la chute des particules. Cependant, les différents engins de prélèvement, que ce soient les bouteilles Niskin classiques ou les bouteilles hyperbares, ne permettent pas de collecter les particules en cours de chute. Les activités microbiennes mesurées sur les échantillons d'eau concernent donc essentiellement les bactéries libres dans les masses d'eau. De ce fait, même s'il est bien connu que les bactéries pélagiques colonisent les diatomées vivantes (Smith et al., 1995), les détritus "frais" de diatomées (Biddanda & Benner, 1997), les phyto-agrégats de neige marine (Smith et al., 1992) et d'une manière générale toutes les particules organiques en cours de chute (Azam & Long, 2001; Kiørboe & Jackson, 2001) en exprimant de fortes activités d'ectoenzymes hydrolytiques (protéase, α- et β-glucosidase, alkaline phosphatase, lipase et chitinase), nos connaissances sur les activités exercées in situ par les microflores associées aux particules sont limitées. Les bactéries qui sont transportées par attachement ou incorporation à ces particules (Turley & Mackie, 1995) subissent des variations de pression hydrostatique qui influenceraient leur comportement au cours de leur chute à travers la colonne d'eau (Turley, 1993). Cependant, à notre connaissance, aucune étude ne prouve ou infirme la possibilité d'adaptation progressive de la microflore en réponse à cette augmentation de pression. La réponse de ces organismes à ce stress physiologique va conditionner à la fois : 1) la vitesse de dégradation du matériel particulaire, (i.e. évolution vers les formes dissoutes et colloïdales et minéralisation proprement dite), 2) l'évolution de la diversité spécifique, et donc physiologique et fonctionnelle, des microflores qui colonisent les particules, et à terme, 3) la diversité taxonomique et les potentialités de reminéralisation des microflores du domaine benthique, en particulier dans le fluff, qui est le système présentant les plus fortes concentrations bactériennes et les vitesses instantanées d'hydrolyse et de reminéralisation les plus élevées de l'ensemble du domaine océanique. 161 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives Les diatomées dominent les blooms phytoplanctoniques dans les Océans et jouent un rôle essentiel dans la pompe biologique de CO2 (Nelson et al., 1995) et la sédimentation du matériel siliceux est un important convoyeur de carbone organique vers les eaux profondes et le sédiment (Tréguer et al., 1995). Tréguer et al. (1995) montrent qu'un atome de silice est recyclé 39 fois avant d'être enfouis dans les sédiments profonds. La dissolution de la silice biogène qui intervient dans la couche de surface et dans la colonne d'eau est actuellement très mal connue. Si la température de l'environnement, le broutage par le zooplancton et l'agrégation des diatomées jouent un rôle certain dans la dissolution de la silice (Tréguer et al., 1989; Nelson et al., 1995; Dugdale & Wilkerson, 1998), il semble clair que les eubactéries (et probablement les archaebactéries) jouent un rôle majeur dans le contrôle de cette dissolution (Bidle & Azam, 1999; Bidle & Azam, 2001) en colonisant et en dégradant par des processus ectoprotéolytiques la matrice organique des frustules des diatomées. Il est important de comprendre quel est le rôle des processus microbiens impliqués dans la régénération de la silice qui contrôle ainsi la productivité des diatomées et le sort de la silice et du carbone de dans les océans (Bidle & Azam, 1999). Bidle & Azam (1999, 2001) ont testé l'action d'assemblages naturels de bactéries pélagiques marines sur la lyse de la gangue protéique des frustules de diatomées mortes. Leur attention s'est portée sur des diatomées mortes parce que une fraction substantielle de la productivité des diatomées, en particulier après un bloom, peut échapper au broutage et subit une lyse cellulaire en réponse à des stress physiologiques (Berges & Falkowski, 1998). Les cellules phytoplanctoniques mortes qui ont tendance à s'agréger chutent dans la colonne d'eau, exportant le carbone de la surface vers le fond des océans (Alldredge et al., 1995). Nous avons montré que l'activité des bactéries est tributaire de la pression ambiante, ce facteur peut-être critique dans le cas des organismes soumis à des variations importantes de pression hydrostatique du fait de la chute rapide dans la colonne d'eau. Ainsi, nous avons réitéré l'expérimentation de Bidle & Azam (1999), mais en simulant la chute de diatomées mortes le long de la colonne d'eau à l'aide des bouteilles hyperbares de 500 ml. Par ces essais préliminaires, nous tentons d'appréhender l'effet de l'augmentation de la pression hydrostatique sur les activités ectohydrolytiques des bactéries colonisant des diatomées lysées en cours de chute. Cette étude a été réalisée grâce à une étroite collaboration au sein du Centre d'Océanologie de Marseille : Beatriz Beker pour la culture des diatomées, Gérald Grégori pour le comptage des 162 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives diatomées et des bactéries à l'aide du cytomètre en flux, Karine Leblanc pour les analyses des silicates et Dominique Lefèvre pour le dosage de l'oxygène. V.1.1 Matériel & Méthodes V.1.1.1 Croissance, maintenance des diatomées et préparation des lysats Une culture axénique de Thalassiosira weissflogii (CCMP1336) a été obtenue du ProvasoliGuillard National Center for Culture of Marine Phytoplankton (West Boothbay Harbor, Maine, USA). Une fraction de cette culture a été cultivée dans un milieu liquide minimum f/2 (Guillard, 1975). Les échantillons sont récupérés dans plusieurs tubes à centrifuger stériles, les culots de centrifufation sont réunis dans un tube et les diatomées sont re-suspendues dans de l'eau de mer filtrée (0,2 µm) et bouillie. A partir de cette suspension cellulaire, le lysat frais de diatomées est obtenu en réalisant 7 cycles consécutifs de congélation rapide (neige carbonique/bain d'éthanol) et de chauffage dans un bain thermostaté à 55°C (Bidle & Azam, 2001). Ce lysat de diatomées est congelé à –20°C jusqu'à utilisation. L'analyse par cytométrie en flux nous a permis de vérifier l'intégrité membranaire des cellules des diatomées. V.1.1.2 Procédure expérimentale Les diatomées ont été ajoutées à 500 ml d'eau de mer (fraîchement prélevée au large de Marseille sous la couche photique à 200 m de profondeur) pour obtenir 400 µg C l-1 POC (choisie pour simuler une sénescence d'un bloom de diatomées) et incubée à température in situ (13°C) dans des bouteilles hyperbares (HPSU). Deux cultures ont été suivies de manière concomitante, une où la pression était maintenue à pression atmosphérique (ATM) et l'autre où la pression hydrostatique était augmentée de 1,5 MPa par jour (HP) simulant une chute des particules à la vitesse de 150 m par jour. Des sous-échantillons ont été prélevés à J0, J4 (4 jours) et J8 (8 jours) pour réaliser les mesures de l'activité aminopeptidasique (EAA), le dosage des silicates (Si(OH)4) et le comptage des cellules bactériennes. L'activité aminopeptidasique (EAA) a été mesurée en utilisant le substrat fluorescent MCALeucine à une concentration finale égale à 100 µM. Cinquante millilitres de la culture principale ont été transférés dans des bouteilles HPSU à pression atmosphérique pour l'échantillon ATM, et à la pression correspondante au jour du prélèvement (soit à 2 MPa à J0, à 8 MPa à J4 et à14 MPa à J8) et incubés à température in situ et maintenu à la pression de prélèvement pour l'échantillon HP. Le devenir de la MCA-Leu a été suivi au cours du temps comme décrit précédemment sur une période d'incubation d'environ 4 heures. 163 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives La concentration en acide orthosilicilique (Si(OH)4) a été analysée par la technique de colorimétrie décrite par Strickland & Parsons (1972) et modifiée par Brzezinski & Nelson (1986) et mesurée à l'aide d'un spectrofluorimètre CECIL (CE 1011) avec une limite de détection de 50 nM. Pour le dosage du Si particulaire, 20 ml de sous-échantillon sont filtrés sur une membrane de 0,6 µm de porosité et de 47 mm de diamètre (Nuclepore). La silice biogénique (BSi) a été mesurée en utilisant la technique de digestion avec du NaOH chaud pendant 45 min. comme décrit par (Nelson et al., 1989). La précision de la méthode était de 0,008 µmol l-1 et la limite de détection égale à 0,010 µmol l-1. Pour le comptage des cellules bactériennes, 4,5 ml de sous-échantillon sont fixés par 0,5 ml de paraformaldéhyde 20 % puis analysés au cytomètre en flux. La mesure de la concentration en oxygène en début et fin de manipulation nous a permis de vérifier la stabilité oxique de la culture. V.1.2 Résultats et discussion La Figure V-1 résume les résultats que nous avons obtenus au cours de cette première expérience. Les histogrammes représentent les activités aminopeptidasiques (EAA) spécifiques par cellule bactérienne estimée sur un échantillon incubé à pression atmosphérique (ATM) et sur un échantillon où la pression atmosphérique croît de 1,5 MPa par jour. Les courbes présentent l'évolution de la concentration en Si(OH)4 au cours de l'expérimentation. Les bactéries s'adaptent à l'apport massif en matière organique en stimulant leur activité EAA plus rapidement lorsque l'incubation est réalisée à pression atmosphérique que lorsqu'on simule une chute des particules. En effet, l'EAA passe de 10 à 509 amol cell-1 h-1 en 8 jours lorsque la culture était incubée à pression atmosphérique et passe de 6 à 311 amol cell-1 h-1 en 8 jours lorsque la culture est soumise à une pression hydrostatique croissante. De même, la dissolution de la silice est plus rapide sur un échantillon maintenu à pression atmosphérique (passant d'une concentration en Si(OH)4 de 12,0 à 17,5 µM) que lorsque la pression hydrostatique augmente (la concentration en Si(OH)4 passe de 13,8 à 19,3 µm). 164 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives 500 25 ATM 20 HP 400 15 300 10 200 [Si(OH)4] (µM) Vitesse d'hydrolyse (amol cell-1 h-1) 600 5 100 0 0 J0 J4 J8 Temps (d) Figure V-1. Vitesses d'hydrolyse aminopeptidasique par cellule microbienne et concentration en Si(OH)4 mesurées au cours d'une incubation de 8 jours d'un assemblage bactérien naturel prélevé à 200 m de profondeur au large de Marseille en présence de détritus de T. weissflogii. Les activités aminopeptidasiques (exprimées en amol cell-1 h-1) ont été mesurées à pression atmosphérique (ATM, ) et sous pression hydrostatique (HP, ) égal à 2, 8 et 14 MPa à J0, J4 et J8 respectivement (simulant ainsi une chute du matériel particulaire égale à 150 m par jour). Les activités estimées sur les échantillons incubés à pression atmosphérique sont proches de celles mesurées par Bidle & Azam (1999, 2001). Ces auteurs estiment que la dissolution réalisée par les bactéries génèrerait 40 à 73 % de silice à partir de T. weissflogii en supposant une vitesse de chute égale à 1 m d-1 (Smayda, 1970). Toutefois, cet auteur donne comme vitesse de sédimentation une fourchette allant de 1 m d-1 à 510 m d-1. Les données de la littérature sont ambiguës quant à la vitesse de chute des cellules phytoplanctoniques. Par exemple, Shanks & Trent (1980) donnent une vitesse de chute pour la neige marine variant entre 43 et 95 m d-1 (moyenne égale à 68 m d-1) alors que Mccave (1975) donne une vitesse de chute de 105 m d-1, Kajihara (1971 in Shanks & Trent, 1980) de 185 m d-1, Alldredge (1979) de 90 m d-1. La vitesse de chute que nous avons choisie (150 m d-1), bien que relativement élevée, n'est donc pas irréaliste. Cette première expérimentation montre que l'augmentation de la pression hydrostatique a une influence sur l'activité ectoenzymatique des bactéries qui chutent le long de la colonne d'eau. On ne peut donc négliger l'impact de ce paramètre lors de la mesure des activités des bactéries attachées aux particules. En effet, ces activités seraient les premières responsables de la dissolution de la matière organique en cours de chute (Azam 165 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives & Long, 2001; Kiørboe & Jackson, 2001) et constitueraient ainsi les premiers vecteurs de transition de la matière organique particulaire (POM) en matière organique dissoute (DOM). De tels processus constituent une étape majeure dans le fonctionnement de l'Océan global d'une part car les apports particulaires sont la principale source de matière organique pour le domaine profond, et d'autre part, par l'importance de leurs interventions dans les cycles d'éléments biogènes tels que la silice et les carbonates. Le dispositif de simulation de chute des particules mis au point pour réaliser cet essai préliminaire suggère une stratégie originale qui devrait permettre une estimation de ces différents flux de minéralisation et de dissolution des particules lors de leur chute à travers l'ensemble de la colonne d'eau. V.2 Activités aminopeptidasiques mesurées à l'aide de la LYApeptides V.2.1 Introduction Actuellement, l'activité ectoprotéolytique est classiquement quantifiée en suivant le devenir de la MCA-Leucine. Cet analogue peptidique est compétitif des protéines et des polypeptides (Chrost, 1991). L'hydrolyse de la liaison peptidique MCA-Leu est mesurée par spectrofluorimétrie, en suivant l'augmentation de fluorescence provoquée par la libération du fluorochrome MCA lors de la rupture de la liaison peptidique MCA-Leu. Pantoja et al. (Pantoja et al., 1997; Pantoja & Lee, 1999) ont présenté une nouvelle approche pour étudier l'effet de la structure et de la taille du substrat analogue sur l'hydrolyse peptidique. Cette technique est basée sur l’utilisation de polypeptides (poly-alanines ou leucines) représentatifs des protéines naturelles, comportant un fluorochrome en position Nterminal (LYA - Lucifer Yellow Anhydride). Elle a été mise au point sur l'eau et les sédiments d'un marécage (Flax Pond, Long Island, NY, US). Nous avons testé les possibilités d'application de cette technique à l'étude du domaine pélagique, car elle présentait, au moins d'un point de vue théorique, des avantages et des perspectives enthousiasmantes : - Pantoja & Lee (1999) ont démontré que les peptides contenant plus de 2 acides aminés sont hydrolysés de 10 à 400 fois plus rapidement que les dipeptides ou que le substrat fluorescent MCA-Leucine. Ce résultat semble cohérent avec le fait que les bactéries transportent facilement à travers leur membrane des composés d'un poids inférieur à 600 daltons (Nikaido & Vaara, 1985); les dipeptides ayant un poids moléculaire 166 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives inférieur à 600 D, les systèmes enzymatiques microbiens sont moins adaptés à dépenser de l'énergie pour scinder de tels composés qui transiteraient directement à travers leur membrane cellulaire. - Par rapport aux mesures effectuées au moyen de la MCA-Leu, les vitesses d'hydrolyse mesurées au moyen de la LYA-peptides apparaissent plus rapides et les concentrations en substrat ajouté (Pantoja et al., 1997; Pantoja & Lee, 1999) étant faibles (autour de 0,15 µM avec possibilité de réduire encore cette concentration) on pouvait présager une plus grande sensibilité de cette nouvelle technique par rapport à celle utilisant de la MCA-Leu. - Les produits de l’hydrolyse de la LYA-Ala4 sont séparés par HPLC et dosés par détection UV : on a ainsi la possibilité de suivre simultanément la consommation du substrat et l'apparition de ses produits d'hydrolyse. - Enfin, il est théoriquement possible de greffer à la molécule fluorescente LYA n'importe quel acide aminé ou polypeptide. On peut donc envisager de greffer la LYA des peptides contenant des acides aminés radioactifs (14C-glutamate, par exemple) ce qui permettrait de déterminer, à partir d'un seul substrat de départ, les vitesses d'hydrolyse des macromolécules et les vitesses d'incorporation et de respiration des monomères résultant de cette hydrolyse. La mesure couplée de l'assimilation et de la respiration des produits d'hydrolyse d'un substrat d'analogues peptidiques radioactifs s'effectuerait en condition simulant les étapes de dégradation réalisés in situ permettant ainsi une estimation des vitesses réelles d'incorporation et de respiration des composés de faibles poids moléculaires. V.2.2 Matériel & Méthodes V.2.2.1 Synthèse des analogues peptidiques et purification L'apprentissage du protocole de synthèse, et la synthèse des analogues LYA-peptides ont été réalisés dans le laboratoire du Professeur Cindy Lee (Marine Organic Geochemistry Department, Stony Brook, NY, USA). Quatre analogues peptidiques ont ainsi pu être synthétisés : LYA–ala, LYA-ala2, LYA-ala3 et LYA-ala4. Ces dérivés fluorescents ont été synthétisés suivant la procédure d'imidization de Stewart (Stewart, 1981) modifiée par Pantoja et al. (Pantoja et al., 1997). Brièvement, la fonction amine N-terminale du peptide (ou de l'acide aminé) est condensée avec le Lucifer Yellow Anhydride (LYA : 4-amino-3,6-disulfo1,8-naphtalic anhydride, Sigma-Aldrich) dans un tampon aqueux d'acétate (Lithium Acétate, 167 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives 1M) en reflux à pH 5 et à 105°C. Les progrès de la réaction d'imidization sont suivis par analyse HPLC (Shimadzu 10AS HPLC avec un fluorimètre Shimadzu RF-551 avec comme longueur d'onde d'excitation 424 nm et longueur d'onde d'émission 470 nm). Les produits de la réaction finale sont purifiés par HPLC en utilisant une colonne (C18) de chromatographie en phase inverse avec 0,1 % TFA-eau et 0,1 % TFA-Acétronitrile, avec un gradient de solvants organiques jusqu'à 25 % en 40 min à 1,2 ml min-1 jusqu'à apparition d'une bande jaune montrant la fluorescence des dérivés élués. Les fractions sont re-analysées par HPLC pour vérifier l'obtention d'un unique pic d'absorbance. Une colonne C18 Ultrasphère-ODS 5µm (25 cm × 4,6 mm) est utilisée avec une phase mobile de 0,05 M de KH2PO4 (pH 4,5) et de méthanol (1 ml min-1). Le gradient de méthanol utilisé est de 0 à 25 % de méthanol en 25 min, puis 25 à 50 % en 5 min. Les dérivés LYA-Alax ainsi synthétisés sont quantifiés par rapport aux standards existants. Ils ont été ensuite lyophilisés pour être transportés jusqu'en France. V.2.2.2 Quantification et calibration Le protocole d’analyse a été mis en application au LMM sur un HPLC de type Waters 1525. Les analogues peptidiques sont détectés par un détecteur d'absorbance UV à 272 nm (Waters 474). Une colonne C18 de type Symetry (150 × 4,6 mm) de 5 µm est utilisée à 37 °C avec une phase mobile de 0,05 M de KH2PO4 (pH 4,5) et de méthanol (1 ml min-1) pour séparer les analogues-LYA. Les différents analogues-LYA fluorescent à la même longueur d'onde (424 nm d'excitation et 550 nm d'émission) mais présentent des temps de rétention différents. Le temps d’analyse a été réduit à 18 minutes ; le gradient d’élution utilisé est reporté dans le Tableau V-1. Tableau V-1: Gradient d'élution utilisé pour l'analyse des dérivés peptidiques LYA-Alax. Flux Temps % % (ml mn-1) (mn) MeOH KH2PO4 1 0 12 88 1 0,1 12 88 1 6 30 70 1 8,5 100 0 1 12 100 0 1 16 12 88 1 18 12 88 168 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives Les temps de rétention des différents analogues ont pu être déterminés comme suit (Figure - LYA-ala = 3,2 mn, - LYA-ala3 = 3,5 mn, - LYA-ala4 = 3,9 mn. LYA-ala LYA-ala4 LYA-ala2 = 2,6 mn, LYA-ala2 - LYA-ala3 V-2) : Figure V-2 : Chromatographe représentant les pics des analogues peptidiques et leur temps de rétention. Des courbes de calibration pour le substrat d'hydrolyse (LYA-Ala4) et pour le principal produit d'hydrolyse (LYA-Ala2) ont été réalisées pour leur quantification. - Pour le composé LYA-Ala4 : Aire du pic = 6,98.102 [LYA-Ala4] + 1,34. 10-4 (R2=0,987), - Pour le composé LYA-Ala2 : Aire du pic = 9,25.102 [LYA-Ala2] + 2,85. 103 (R2=0,977). Le seuil de détection pour les LYA-Alax est de 6 nM avec une boucle d’injection de 200 µl. V.2.2.3 Hydrolyse peptidique en eau de mer oligotrophe Des essais préliminaires ont été réalisés sur des profils verticaux (de la surface jusqu'à 2000 m) en mer Méditerranée (station DYFAMED, 28 MN au SE de Nice). Les concentrations choisies en LYA-Ala4 ont été calquées sur celles utilisées pour la MCA-Leu c'est-à-dire entre 0,05 et 5 µM (concentrations finales). Malheureusement, après plus de 24 heures d'incubation aucune hydrolyse de la LYA-Ala4 n'a été détectée. 169 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives Lors de la campagne LYSE effectuée dans la zone de rejet du grand émissaire urbain marseillais, une stratégie d'échantillonnage a été définie selon un gradient eutropheoligotrophe (Figure V-3) pour évaluer l'effet de la concentration en matériel organique sur l'activité ectoenzymatique mesurée à l'aide de la LYA-Ala4. Les résultats seront comparés aux mesures effectuées à l'aide de la MCA-Leucine. Le point A, localisé derrière l’île Plane, est considéré comme le point plus oligotrophe (étant protégé du panache du rejet) ; le point C', très proche de l’émissaire correspond à la station la plus eutrophe. Les point B et B' sont, selon les conditions météorologiques, situés à l'intérieur ou à l'extérieur du panache ou au niveau du front de la nappe. Figure V-3 : Stations de prélèvements choisies lors de la campagne LYSE (janvier 2002) et positionnement de la nappe de pollution provoquée par le rejet du grand émissaire urbain marseillais dans la Calanque de Cortiou. V.2.2.4 Protocole Le substrat LYA-Ala4 est ajouté à 20 ml d'échantillon d'eau de mer (prélevé à 5 m de profondeur) placé dans un flacon en polypropylène de 50 ml selon la méthode multiconcentration (Wright & Hobbie, 1966) avec des concentrations finales en LYA-Ala4 variant de 0,05 à 5 µM, ou selon la méthode cinétique temps avec la concentration finale de 0,15 µM utilisée par les auteurs qui ont mis au point la méthode (Pantoja et al., 1997; Pantoja & Lee, 1999; Kuznetsova & Lee, 2001). Les échantillons sont incubés dans le noir à température in situ (13°C). Des sous-échantillons d'environ 1 ml sont prélevés au cours du 170 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives temps, filtrés sur 0,2 µM et immédiatement congelés à –20°C jusqu'à analyse au laboratoire. La diminution de la LYA-Ala4 et l'augmentation concomitante de la LYA-Ala2 sont analysées par HPLC comme décrit précédemment. La vitesse d'hydrolyse de la LYA-Ala4 est mesurée en suivant la décroissance de la LYA-Ala4 au cours du temps. Ce calcul prend en compte le temps de latence éventuel. V.2.3 Résultats et discussion V.2.3.1 Détermination des paramètres cinétiques Les échantillons des trois stations A, B et C ont été étudiés en ajoutant des concentrations de LYA-Ala4 de 0,05, 0,15, 1,00, 2,50 et 5,00 µM. Pour les stations A et B, il n'est pas possible de doser la diminution de LYA-Ala4 au cours du temps pour des concentrations supérieures à 1 µM. La Figure V-4 montre que dans ces eaux peu riches en matière organique, à la concentration de 1 µM, la diminution de la LYA-Ala4 n'est pas décelable au cours du temps, alors que l'augmentation de la LYA-Ala2 est non ambiguë. L'hydrolyse de la LYA-Ala4 s'effectue, puisque de la LYA-Ala2 apparaît, mais la méthodologie analytique ne permet pas de la quantifier. La LYA-Ala2, n'étant pas le seul produit d'hydrolyse, il n'est pas possible de calculer une vitesse d'hydrolyse de la LYA-Ala4 à partir du dosage de la LYA-Ala2. 1400 50 45 1200 10 00 35 30 800 25 600 20 15 400 [LYA-Ala2] (nM) [LYA-Ala4] (nM) 40 10 200 5 0 0 0 5 10 15 20 Temps (h) 25 30 35 Figure V-4 : Hydrolyse de la LYA-Ala4 à la station B pour une concentration supérieure à 1000 nM le 26/01/02. LYA-Ala4 ; LYA-Ala2. 171 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives La Figure V-5 présente les vitesses d'hydrolyse mesurées à la station proche de la sortie de l'émissaire (station C) en fonction des concentrations en LYA-Ala4. Ce graphe montre que dans cette gamme de concentrations, l'hydrolyse de la LYA-Ala4 ne correspond pas à un modèle de type Michaëlis-Menten. Comme pour le substrat analogue MCA-Leu, il pourrait exister un modèle de cinétique multiphasique (Talbot & Bianchi, 1997; Tholosan et al., 1999; Unanue et al., 1999). Dans un milieu aussi eutrophe que la sortie d'un émissaire urbain, il conviendrait d'utiliser une gamme de concentration plus étendue jusqu'à 400 µM, comme celle utilisée pour la MCA-Leu. Cependant, on peut craindre que la technique analytique ne permette pas de quantifier la décroissance de la LYA-Ala4 au cours du temps pour des concentrations trop élevées. LYA-Ala4 hydrolysée (nM/h) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 1 2 3 4 5 6 [LYA-Ala4] (µM) Figure V-5 : Cinétique concentration à la station la plus proche de l'émissaire de Cortiou (station C le 26/01/02). V.2.3.2 Hydrolyse de la LYA-Ala4 selon les conditions trophiques Les figures V-6a, V-6b et V-6c présentent le type de courbe que nous avons obtenu lors de la campagne LYSE sur des échantillons prélevés à la station eutrophe (station C, près de l'émissaire de Cortiou), à la station intermédiaire (station B) et à la station oligotrophe (station A). Nous reportons sur ces figures la décroissance du substrat fourni (LYA-Ala4), et l'apparition de son principal produit d'hydrolyse (LYA-Ala2) au cours du temps pour une concentration d'environ 0,15 µM (Pantoja et al., 1997; Pantoja & Lee, 1999). Concernant la décroissance de la LYA-Ala4, aucun temps de latence n'est observé à la station eutrophe C, par contre on observe un temps de latence de plus de 15 heures à la station B, et de plus de 20 heures à la station la plus oligotrophe A. Kuznetsova & Lee (2001) ont également observé un temps de latence lorsqu'elles utilisent le substrat LYA-Ala4 pour 172 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives comparer la capacité d'hydrolyse peptidique entre la micro-couche de surface air-mer (ML) et l'eau de mer directement sous-jacente (SS) (Kuznetsova & Lee, 2001). Ces travaux, réalisés en zone mésotrophe (sortie du port de Stony Brook, Long Island, NY, US), font suite à ceux de Pantoja et al. (1997) et Pantoja & Lee (1999) qui étaient réalisés sur un milieu marécageux très eutrophe (Flax Ponds, Long Island, NY, US) où la présence d'un temps de latence n'était qu'exceptionnelle. L'hydrolyse de la LYA-Ala4 est toujours plus lente et le temps de latence observé (5 – 12 h) est en général plus long, dans les échantillons de sub-surface (SS), que dans la micro-couche de surface (ML). Parallèlement, l'analyse des acides aminés totaux hydrolysables (THAA) montre que cette couche de surface est enrichie, d'un facteur 5 à 20, par rapport à la sub-surface. En d'autres termes, l'eau de surface est plus pauvre en substrats hydrolysables, les vitesses d'hydrolyse de la LYA-Ala4 sont plus faibles et les temps de latence plus sont longs que dans la micro-couche de surface. Nos résultats, obtenus dans une zone encore plus oligotrophe, sont donc en parfaite concordance avec ceux observés par Kuznetsova & Lee (2001). Aux mêmes stations, et le même jour, des mesures d'hydrolyse de la MCA-Leu ont été effectuées suivant la méthode de cinétique multiconcentrations. Les concentrations ajoutées variant entre 0,5 et 400 µM ont permis de déterminer les paramètres cinétiques Michaëliens (Vmax et Km). Ces paramètres cinétiques permettent d'estimer la vitesse instantanée de la MCA-Leu à partir d'une concentration théorique en substrat. Ainsi, il nous est possible de comparer la vitesse d'hydrolyse ectoenzymatique mesurée à l'aide de la LYA-Ala4 avec une concentration de 0,15 µM, et celle estimée pour la MCA-Leu à cette même concentration (Tableau V-2). Tableau V-2 : Comparaison des vitesses instantanées d'hydrolyse ectoenzymatique mesurées à l'aide de la MCALeu et de la LYA-Ala4. Vmax, Km : constantes de Michaëlis-Menten ; Vi0,15 : vitesse instantanée mesurée à 0,15 µM. Station A Station B Station C oligotrophe mesotrophe eutrophe MCA-Leu Vmax (nmol l-1 h-1) 1,40 11,98 5,29 Km (µM) 7,36 61,68 15,79 0,03 0,02 0,06 Vi 0,15 -1 -1 (nmol l h ) LYA-Ala4 Vi0,15 (nmol l-1 h-1) 0,59 173 0,69 1,31 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives 60 200 a) Station C (eutrophe) 160 50 140 40 120 30 100 80 20 60 40 [LYA-Ala2] (nM) [LYA-Ala4] (nM) 180 10 20 0 0 0 10 20 30 40 50 b) Station B (mesotrophe) 200 180 18 16 14 140 12 120 10 100 8 80 6 60 40 4 20 2 0 0 0 10 200 20 30 40 50 6 c) Station A (oligotophe) 180 160 5 140 4 120 3 100 80 2 60 40 [LYA-Ala2] (nM) [LYA-Ala4] (nM) [LYA-Ala2] (nM) [LYA-Ala4] (nM) 160 1 20 0 0 0 10 20 30 40 50 Temps (h) Figure V-6 : Hydrolyse de la LYA-Ala4 et apparition concomitante de la LYA-Ala2 selon un gradient eutrophie vers oligotrophie, i.e. aux stations C (a), B (b) et A (a) le 26/01/02. LYA-Ala4 ; LYA-Ala2. Notez le changement d'échelle pour la LYA-Ala2. 174 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives Ainsi, les vitesses d'hydrolyse ectoenzymatique mesurées à l'aide de la LYA-Ala4 apparaissent 20, 30 et 21 fois plus importantes que celles mesurées à l'aide de la MCA-Leu respectivement aux stations A, B et C. Ces résultats sont cohérents avec ceux obtenus par Pantoja & Lee (1999) qui démontraient que les peptides contenant plus de 2 acides aminés étaient 10 à 400 fois plus rapidement hydrolysés qu'un dipeptide, ou que la MCA-Leu. Enfin, la Figure V-7 confirme que sur un maillage plus serré que précédemment (sur 6 stations au lieu de 3, voir Figure V-3), l'hydrolyse de la LYA-Ala4 augmente d'un milieu oligotrophe vers un milieu eutrophe. Le pic à la station B correspond au front de la nappe de diffusion des eaux usées visuellement observée lors du prélèvement. LYA-Ala4 hydrolysée (nM/h) 7 6 5 4 3 2 1 Oligotrophie Eutrophie 0 A A' B B' C C' Figure V-7 : Hydrolyse de la LYA-Ala4 (Ci = 150 nM ) estimée le 28/01/02 selon un gradient oligotrophie vers eutrophie. Front de la nappe de diffusion des eaux usées. V.2.4 Conclusion Cette étude effectuée en milieu côtier montre les limites d'utilisation de ce nouveau substrat analogue (LYA-peptides) pour des eaux oligotrophes. Les temps d'incubation et les temps de latence apparaissent de plus en plus longs sur un gradient eutrophe-oligotrophe, rendant l'emploi de ce nouveau substrat problématique en milieu oligotrophe si ce n'est impossible dans des milieux ultra-oligotrophes comme le domaine océanique profond. Toutefois, la recherche de nouveaux analogues peptidiques doit être poursuivie. Puisque les activités ectoenzymatiques paraissent être l'étape limitante de la minéralisation de la matière 175 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives organique, il convient de rechercher une molécule traceur permettant à la fois la mesure de l'activité ectoenzymatique et le suivi du devenir des composés de faible poids moléculaire issus de cette hydrolyse pour l'anabolisme (utilisation des monomères pour produire de la biomasse bactérienne) et le catabolisme bactérien (utilisation des monomères pour les besoins énergétiques de la cellule, entraînant une production de CO2). Ainsi, il nous serait possible d'estimer les vitesses réelles (plutôt que les vitesses potentielles) d'utilisation de composés de faible poids moléculaire directement issus de l'hydrolyse de composés de haut poids moléculaire. V.3 Approche moléculaire Les avancées majeures en biologie moléculaire ont rendu possible le développement des méthodes "d'empreintes génétiques" (fingerprint) d'ADN d'une communauté bactérienne naturelle sans étape de culture et d'isolation. Ces méthodes permettent l'extraction de l'ADN d'une communauté microbienne, l'amplification par PCR des séquences d'intérêt et l'analyse d'une partie de l'information génétique. Les différentes séquences amplifiées peuvent être séparées par migration différentielle électrophorétique sur gels d'agarose ou en polyacrylamide, soit en fonction de leur taille (Terminal-Restriction Fragment Length Polymorphism – TRFLP, Ribosomal Intergenic Spacer Analysis – RISA), soit en fonction de leur séquence (Denaturing Gel Gradient Electrophoresis – DGGE, Thermal Gel Gradient Electrophoresis – TGGE, Single Strand Conformation Polymorphism – SSCP). Ces méthodes "fingerprint" fournissent des profils de bande d'ADN qui sont représentatifs de la structure génétique de la communauté microbienne, dans son ensemble ou d'une fraction de cette communauté, en fonction des amorces (primers) utilisées et des gènes amplifiés. Des bandes d'ADN peuvent être extraites des gels, séquencées, ou hybridées par des sondes moléculaires permettant de donner des informations sur les groupes phylogénétiques constituants une communauté. Ces techniques moléculaires basées sur l'amplification directe des gènes ribosomiaux codant pour le 16S-RNA de l'environnement ont été très usitées pour caractériser et analyser la diversité génétique du picoplancton marin depuis les premiers travaux de Giovannoni et al. (1990b), (Stahl et al., 1984; Muyzer et al., 1993). La structure de la communauté microbienne varie déjà dans les premières centaines de mètres de la colonne d'eau (Massana et al., 1997; Murray et al., 1998; Massana et al., 2000). Toutefois, les microflores du domaine océanique profond sont encore mal connues (Fuhrman & Davis, 1997; Massana et al., 1997; Giuliano et 176 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives al., 1999; Karner et al., 2001; Lopez-Garcia et al., 2001). La plupart des études sur la diversité microbienne du domaine océanique profond ont été réalisées dans des environnements très particuliers comme les sources hydrothermales (Muyzer et al., 1995; Takai & Horikoshi, 1999; Reysenbach et al., 2000), ou les bassins profonds hypersalés et anoxiques (Eder et al., 2001; Sass et al., 2001). Les sédiments marins profonds ont fait l'objet d'une attention particulière notamment par le groupe JAMSTEC essentiellement dans le but d'isoler des souches piezophiles comme nous l'avons vu dans le chapitre I (Kato, 1999; Vetriani et al., 1999; Kato et al., 2000; Kato & Nogi, 2001). Le but de cette étude préliminaire est de comparer la structure des communautés microbiennes du domaine pélagique profond (2000 m) à celles des eaux de surface (10 m) au site DYFAMED. La technique employée est l'analyse par DGGE des séquences d'ADN génomique naturel extrait du milieu marin. Dans un deuxième temps, nous chercherons à identifier les populations qui apparaîtraient dominantes. Cette étude a été réalisée en collaboration avec Valérie Michotey pour les analyses par DGGE (Centre d'Océanologie de Marseille) et le séquençage des bandes DGGE d'ADN caractérisées a été réalisé en collaboration avec Catherine Brutesco du Laboratoire d'Ecophysiologie Végétale et de Microbiologie dirigé par Thierry Heulin (CEA Cadarache). V.3.1 Matériel & méthodes V.3.1.1 Extraction de l'ADN bactérien d'échantillons d'eau de mer L'extraction d'ADN a été réalisée sur des échantillons d'eau de mer prélevés à l'aide de bouteilles Niskin (préalablement nettoyées à l'aide d'acide HCl 6N) à 10 et 2000 m de profondeur à la station DYFAMED. Les échantillons (respectivement 5 et 10 l) ont été filtrés sur 0,2 µm (Supor 200 filters, Pall – Gelman), puis stockés à –20°C dans une solution tampon de stockage (Giovannoni et al., 1990a). Les échantillons ont été décongelés dans la glace avant l'extraction de l'ADN. Les cellules ont été lysées au cours d'une incubation de 20 min à 37°C avec 1 mg ml-1 de lysozyme (Sigma Chemical Co.), suivie par une incubation de 2 heures à 37°C avec 0,5 % de sodium dodecyl sulfate (SDS) et 160 µg ml-1 de protéinase K (Sigma Chemical Co.). Un traitement RNase (10 µg ml-1 RNase A) a été réalisé à température ambiante pendant 1 heure. Le lysat ainsi obtenu a été séquentiellement extrait avec du phénol/chloroforme et du chloroforme. L'ADN a été finalement précipité avec de l'éthanol froid et purifié à l'aide d'un kit d'extraction de l'ADN (Dneasy Tissue Kit – QIAGEN) selon les instructions du fournisseur. 177 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives V.3.1.2 Amplification PCR des fragments de 16S-rDNA Une région du 16S-rDNA d'environ 668 bp a été amplifiée en utilisant l'amorce GM5F (5'CGCCCGCCGCGCGGCGGGCGGGGCGGGGGCACGGGGGGCCTACGGGAGGCAGC AG-3’) et un mélange de deux CCGTCAATTCCTTT(A/G)AGTTT-3’) amorces et reverses, l'amorce l'amorce 907R 907RA (5’(5’- CCGTCAATTCATTTGAGTTT-3’) (Muyzer et al., 1995). Une séquence nucléotidique riche en GC (GC-clamp) a été attachée au brin 5' de l'amorce GM5F pour améliorer la détection des bandes des fragments d'ADN révélés par la DGGE (électrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence d’un gradient d’agent dénaturant) (Muyzer et al., 1998). Ces amorces sont spécifiques pour la plupart des fragments de 16S-rDNA des eubactéries. Comme pour le témoin, 100 ng d'ADN naturel extrait ont été ajoutés au mélange réactif de PCR. Le volume de la réaction PCR a été ajusté à 100 µl. Les amplifications PCR ont été réalisées dans 20 mM de Tris-HCl, 50 mM de KCl, 1,5 mM de MgCl2, contenant 0,2 mM de chaque desoxyribonucleotide triphosphate, 50 pM de chaque amorce oligonucléotidique et 0,5 units de Taq polymerase (Boehringer Mannheim). Les conditions PCR ont été identiques à celles utilisées par Muyzer et al. (1993). Le programme des cycles de température a été réalisé comme suit : dénaturation initiale à 94°C pendant 3 min, dénaturation à 94°C pendant 1 min et fin de cycle par refroidissement de 65 à 55°C pendant 1 min (température décroissant de 1°C pour chaque seconde de cycle jusqu'à la température de 55°C), refroidissement à 55°C pendant 1 min pour les 14 cycles suivants et enfin une amplification des amorces à 72°C pendant 1 min. Une amplification supplémentaire à 72°C pendant 5 min a été également réalisée. V.3.1.3 Analyse DGGE La DGGE a été réalisée en utilisant un système Dcode (Bio-rad Laboratories Inc). L'équivalent de 80 µl de chaque réaction PCR a été déposé sur un gel de polyacrylamide (6 %, poids/vol) d'un millimètre d'épaisseur en présence d'un gradient d'agent dénaturant (30 à 50 %). L'électrophorèse s'est déroulée pendant 6,5 h à 150V en utilisant du 1xTAE (40 mM Tris-HCl (pH 8,3), 20 mM acide acétique, 1 mM EDTA) comme tampon d'électrophorèse. A la fin du processus d'électrophorèse, l'ADN a été révélé en incubant le gel pendant 30 min dans du 1xTAE contenant 0,5 µg ml-1 de bromure d'éthidium et transillumination UV. 178 photographié sous Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives V.3.1.4 Séquençage des fragments des gènes de 16S-rDNA Les principales bandes DGGE ont été excisées du gel. Chaque bande isolée a été récupérée par diffusion dans de l'eau distillée stérile et ré-amplifiée par PCR dans les mêmes conditions. Après analyse des bandes ré-amplifiées par DGGE pour vérifier la pureté des produits, les produits PCR ont été séquencés. Le séquençage a été réalisé au Laboratoire d'Ecophysiologie Végétale et de Microbiologie (CEA Cadarache). Chaque fragment d'ADN (environ 50 ng) extrait du gel d'agarose et purifié a été mis en présence de 4 pmol d'amorce et de 4 µl de Mix terminator ready réaction mix (fourni par le fabriquant du séquenceur, ABI PRISM). Le cycle PCR pour amplifier les fragments d'ADN a été réalisé 25 fois comme suit : 10 sec à 96°C, 5 sec à 50°C, 4 min à 60°C. L'ADN amplifié a été re-suspendu dans 26 µl d'eau milliQ et 64 µl d'éthanol à 95 %. Après agitation et incubation à température ambiante pendant 15 min, l'échantillon a été centrifugé pendant 20 min (vitesse maximale). Le surnageant a été délicatement retiré puis le culot a été lavé avec de l'éthanol 70 %. Après une nouvelle centrifugation de 10 min et élimination du surnageant, l'échantillon a été mis à sécher pendant 5 à 10 min à 65°C. Les culots secs peuvent être stockés à 4°C. Les tubes de réactions ont été déposés dans le séquenceur pour analyse (ABI PRISM, Model 310). V.3.2 Résultats et discussion La Figure V-8 présente la photographie des profils d'ADN obtenus par DGGE pour des échantillons d'eau de mer collectées à 2000 m de profondeur (A) et à 10 m de profondeur (B) au site DYFAMED en automne 2000. Ces profils DGGE sont notablement différents. Sept bandes d'ADN peuvent être révélées selon leur mobilité électrophorétique (de D1 à D7) pour l'échantillon collecté à 2000 m de profondeur alors qu'aucune bande ne peut être clairement différenciée à 10 m de profondeur. Cette absence de différenciation en bandes distinctes suggère que la communauté microbienne de surface est à la fois complexe et d'une grande biodiversité. Cette analyse DGGE montre sans ambiguïté qu'il y a un changement drastique des communautés microbiennes entre la surface océanique et les eaux profondes. Parmi les 7 bandes révélées à 2000 m, 3 contiennent un fort pourcentage en G+C (D1 à D3) et 2 un faible pourcentage en G+C (D6 et D7). 179 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives M A B D7 D6 D5 D4 D3 D2 D1 Figure V-8. Négatif de l'image des profils DGGE des fragments de 16S-rDNA obtenus à l'aide d'amorces spécifiques du domaine des Eubacteria d'ADN extrait de 10 l d'eau de mer collectée à 2000 m de profondeur (A) et de 5 l d'eau de mer collectée à 10 m de profondeur (B) au site DYFAMED en automne 2000. M correspond à un mélange de produits PCR amplifiés, du bas vers le haut : 99 ng pour Clostridium perfringens (GC% : 26,5), 87 ng pour Marinobacter hydrocarbonoclasticus sp. cab (GC% : 68) et 67 ng pour Micrococcus luteus (GC% : 72) utilisé comme contrôle. Les 7 bandes ont été excisées du gel, ré-amplifiées et analysées de nouveau sur un gel DGGE. Une seule bande a été obtenue pour chaque échantillon (D1 à D7) sur ce nouveau gel DGGE (données non montrées) permettant d'écarter la possible formation d'hétéroduplex4 et permettant de supposer que chaque bande reflétait une seule population. Malheureusement, le séquençage des bandes amplifiées par PCR n'a pas permis d'identifier avec certitude les bandes DGGE mises en évidence. Une étape supplémentaire de clonage-séquençage est en cours de réalisation pour purifier les fragments d'ADN et identifier les communautés microbiennes correspondant aux fragments D1 à D7. De plus, cette étude n'apparaîtrait pas complète si nous ne nous contentions que de l'étude des Eubacteria. DeLong et ses collaborateurs (Delong et al.,1999; Karner et al., 2001; Massana et al., 1997 ) ont montré que les Archaebacteria représentent une part non négligeable des communautés microbiennes du domaine océanique profond. Ainsi, Karner et al. (2001) ont démontré que le nombre de cellules d'Archae (et essentiellement celles du groupe des 180 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives Crenarchaeota) est quasiment nul dans les eaux de surface de l'Océan Pacifique, il augmente à partir de 100 m pour atteindre un nombre équivalent à ceux des Eubacteria dès 2000 m de profondeur et jusqu'à 5000 m de profondeur. Nous allons donc analyser la communauté des Archébactéries par la même technique mais en utilisant des amorces spécifiques, afin d'apprécier la diversité de la structure communautaire des Archaea dans ces eaux profondes Méditerranéennes. V.3.3 Conclusion Ce travail bien que partiel, montre la différence de structure entre les microflores pélagiques de surface et celles de fond au site DYFAMED au cours d'une période de stratification des eaux. Cette étude préliminaire s'inscrit dans une perspective de recherche nécessaire pour déterminer le rôle des microorganismes profonds dans la minéralisation de la matière organique. Il convient en effet de passer à une nouvelle étape pour évaluer le rôle des microorganismes dans la minéralisation de la matière organique, c'est-à-dire répondre à la question : qui fait quoi ? L'identification des communautés dominantes dans le domaine pélagique profond pourrait nous permettre de synthétiser des sondes spécifiques. La détermination de sondes spécifiques pourrait permettre de caractériser quels sont les organismes responsables de telle ou telle activité, de déterminer leur nombre spécifique, de différencier les microflores actives des inactives. Les outils de biologie moléculaire apparaissent donc comme incontournables si on souhaite appréhender quels sont les processus qui régissent les grands flux océaniques, par qui et de quelle manière. Ce concept, que les écologistes microbiens peuvent relier à la structure de la communauté microbienne des processus biogéochimiques spécifiques ou "fonctions" (correspondant aux fondements de l'écologie microbienne) retrouve depuis peu un nouvel élan (Gray & Head, 2001) et ouvre, grâce aux techniques nouvelles, des perspectives enthousiasmantes pour déterminer le rôle de la diversité spécifique dans les cycles biogéochimiques globaux (Giovannoni & Rappé, 2000; Kirchman, 2002). Dans les eaux de surface, les bactéries appartenant aux groupes des Proteobacteria et Cytophaga-Flavobacteria apparaissent comme les plus abondantes parmi les bactéries hétérotrophes (Kirchman, 2002). Elles seraient donc les principales responsables des processus biogéochimiques se réalisant en surface. Dans le domaine pélagique profond, la méconnaissance de la diversité des communautés microbiennes ne nous permet pas encore de 4 Molécule de DNA constituée de deux brins d'origine chromosomique ou de nature différente et comprenant une région non complémentaire, c'est-à-dire présentant un mésappariement. 181 Chapitre V – Essais complémentaires et perspectives déterminer quels sont le ou les grands groupes dominants du domaine pélagique profond même si on sait déjà que le compartiment des Archaea ne pourra pas être négligé. Fuhrman et al. (1997) qui ont tenté de repérer les différents types de procaryotes dans les eaux profondes de l'Océan Pacifique et de l'Océan Atlantique, concluent que le domaine océanique profond contient de nombreuses espèces non identifiées et une distribution phylogénétique étendue. Le domaine océanique profond qui représente l'habitat le plus volumineux de la planète Terre est pourtant le plus mal connu d'un point de vue biologique. 182 Chapitre VI CONCLUSION Chapitre VI – Conclusion VI. CONCLUSION Le domaine océanique profond (<1000 m) constitue environ 88 % du volume océanique global, il est pourtant peu étudié d'un point de vue biogéochimique par rapport à la zone productive de surface. Les contraintes technologiques, les faibles vitesses de minéralisation observées ont contribuées à négliger l'étude ce compartiment. Toutefois, lorsque les vitesses de minéralisation mesurées le long de la colonne d'eau et dans les sédiments superficiels sont intégrées en fonction de l'épaisseur de chacun des compartiments considérés, les flux de minéralisation potentiellement réalisables par les microflores des zones profondes sont loin d'être négligeables. Le paradigme considérant que le domaine océanique profond est un milieu homogène où règne une activité minéralisatrice négligeable apparaît désuet. Il paraît donc important d'améliorer notre connaissance des vitesses de réaction des communautés microbiennes dans les différents étages du domaine océanique afin d'estimer plus précisément les flux de minéralisation qui en résultent, chaque fois que possible, non pas sous forme de flux potentiels, mais de flux réels. Pour chacun des compartiments étudiés, la stratégie expérimentale a toujours été définie dans le souci de maintenir les échantillons dans les conditions les plus proches possibles de celles réellement exercées in situ : (1) à l'aide de l'équipement hyperbare du laboratoire (HPSS) pour les mesures d'activités dans la colonne d'eau, et pour la simulation de la chute des particules dans la colonne d'eau, (2) à l'aide du Lander de l'OSU de Banyuls-sur-Mer pour la mesure des activités microbiennes à l'interface eau-sédiment. Les concentrations en substrat ajouté ont toujours été choisies dans les gammes de concentrations les plus basses permises par la sensibilité des techniques analytiques dans le but de soit se rapprocher le plus possible des concentrations réelles naturelles (cas de la colonne d'eau), soit de se mettre en conditions traces par rapport aux concentrations naturelles (cas du sédiment). Dans le cas de la colonne d'eau profonde, les concentrations naturelles particulièrement faibles (i.e. à la limite de détection des techniques analytiques) ne permettent pas d'utiliser des concentrations traces en substrat. Nous avons donc utilisé des concentrations saturantes les plus faibles possibles pour éviter les palliers successifs résultant de cinétiques multiphasiques. Dans ce cas, les mesures définissent la vitesse maximale cinétiquement définie mais potentielle, alors que dans les sédiments les vitesses mesurées en concentrations théoriquement "traces" nous permettraient d'estimer des vitesses plus proches du processus réel. 183 Chapitre VI – Conclusion La relative homéothermie de la colonne d'eau Méditerranéenne nous a permis d'apprécier les effets de la pression hydrostatique sur les activités microbiennes indépendamment des effets des faibles températures habituellement observées dans les océans profonds. Nous avons démontré que, dans des eaux stratifiées, la décompression d'un échantillon d'eau de mer prélevée en dessous de 1000 m entraîne une sous-estimation moyenne de son activité métabolique de 3,6 ± 4,3 ( ± e.t.; n = 99). Toutefois, il ne nous est pas possible, actuellement, de donner un facteur de correction permettant de valider des mesures d'activités réalisées sur des échantillons décomprimés, comme le montre l'écart type relatif à la valeur moyennée citée précédemment. La matière organique du domaine profond étant essentiellement sous une forme non directement assimilable par les bactéries, l'étape préliminaire à sa minéralisation par les microflores profondes est donc l'hydrolyse ectoenzymatique des molécules de haut poids moléculaire (HMW) en molécules utilisables par les bactéries (<600 Da). Par exemple, nous avons démontré que pour produire la même biomasse bactérienne, les bactéries de la zone aphotique (200-2000 m) doivent hydrolyser 3,4 fois plus d'aminopeptides que leurs homologues de la zone euphotique (10-200m). Les microflores profondes sont donc bien adaptées à récupérer le carbone nécessaire à leur survie dans des composés de haut poids moléculaire. La vitesse de production des petits composés issus de ces réactions hydrolytiques régule leur utilisation à des fins anaboliques pour produire de la biomasse bactérienne nouvelle, et à des fins cataboliques dont le dioxyde de carbone constitue le produit final. Ce travail présente les premières études à notre connaissance sur les effets de la pression hydrostatique sur la mesure d'activités ectoenzymatiques (aminopeptidase et phosphatase) effectuées sur des échantillons naturels non décomprimés. Cette étude a permis de prouver que, dans le domaine pélagique profond, chaque étape conduisant à la minéralisation de la matière organique (de l'hydrolyse des macromolécules jusqu'à la production finale de CO2) est réalisée par des organismes adaptés aux conditions ambiantes de forte pression hydrostatique. Au cours de deux campagnes réalisées au printemps et en automne 2000, sur le site DYFAMED, nous avons pu montrer que les activités des microflores profondes présentent des variations saisonnières. Contrairement à la zone euphotique, les activités microbiennes dans le domaine pélagique profond ne sont pas limitées par les concentrations en N et P mais 184 Chapitre VI – Conclusion par l'apport en carbone organique facilement utilisable. Dans le domaine océanique profond, le matériel organique est principalement sous forme dissoute et de faible poids moléculaire (LMW DOM < 1000 Da, Benner et al., 1992; Ogawa & Ogura, 1992; Fig.4 du manuscrit n°4 – Tamburini et al., soumis-c). Pourtant, seuls les composés organiques de petits poids moléculaires (LMW DOM < 600 Da) peuvent entrer directement au travers de la membrane cellulaire bactérienne (Nikaido & Vaara, 1985). Les composés LMW (< 1000 Da) qui s'accumulent dans les eaux profondes sont les résidus des attaques microbiennes préalables (Keil & Kirchman, 1994; Ogawa et al., 2001) et constituent la fraction réfractaire de la LMW DOM (r-LMW DOM, Fig. 4 du manuscrit n°4 – Tamburini et al., soumis-c). De ce fait, les microflores profondes doivent tirer l'essentiel de leur demande carbonée de la matière particulaire qui chute le long de la colonne d'eau. C'est le cas au printemps 2000 à la station DYFAMED où un flux de 308 mg C particulaire m-2 d-1 (Miquel comm. pers.) atteint la profondeur de 1000 m. Les bactéries pélagiques profondes libres présentent alors des activités aminopeptidasiques (EAA) répondant étroitement à cet apport en matériel frais (le flux potentiel d'aminopeptides hydrolysés entre 1000 et 2000 m est égal à 490 mg C m-2 d-1) et un "rendement de croissance bactérien" (estimé à partir de l'utilisation du 14 C-glutamate) élevé (GYG = 65 %). Au contraire, en automne, le flux particulaire à 1000 m est faible (17,5 mg C m-2 d-1) et les bactéries exacerbent leurs activités ectoenzymatiques (flux potentiel d'aminopeptides hydrolysés entre 1000 et 2000 m est égal à 1963 mg C m-2 d-1) ce qui provoque une dépense énergétique importante d'où un "rendement de croissance bactérien" très faible (GYG = 12 %). En automne, les activités EAA potentielles ne sont pas cohérentes avec le faible flux de particules organiques ce qui suggère qu'au cours des périodes d'ultraoligotrophie, les microflores profondes doivent puiser leur source de carbone dans la matière organique dissoute plus réfractaire, ce qui les contraint à dépenser plus d'énergie. Nous émettons l'hypothèse que, dans ce type de carence nutritive, les microflores développent des stratégies leur permettant de consommer au moins en partie le r-LMW DOC (compris entre 600 et 1000 Da), empêchant ainsi son accumulation définitive au cours du temps dans les eaux océaniques profondes. Ces attaques microbiennes sont certainement concomitantes à des altérations physico-chimiques de cette matière organique dissoute dite "réfractaire". Une estimation plus précise des flux de minéralisation de la matière organique dans les océans nécessite une étroite collaboration pluridisciplinaire (1) en poursuivant la recherche de nouvelles molécules analogues pour nous permettre d'évaluer au mieux la minéralisation de la 185 Chapitre VI – Conclusion matière organique (2) en affinant la caractérisation de la composition de la matière organique océanique (d'un point de vue quantitatif mais aussi qualitatif). Il faut être conscient que l'utilisation de petits substrats analogues, constitué d'un chromophore (methylumbelluferone – MUF ou 4-méthylcoumarinyl-7-amide – MCA) lié de manière covalente à un monomère (acide aminé, sucre, phosphate,…) ne représente pas correctement la structure tridimensionnelle d'un substrat de haut poids moléculaire et que les paramètres cinétiques déterminés aux moyens des substrats analogues usuels peuvent être différents de ceux des polymères naturels (Feller et al., 1996). De plus, nous avons vu l'intérêt de l'étude simultanée des vitesses des deux étapes, hydrolyse des polymères et minéralisation des monomères, intervenant dans la dégradation de la matière organique en zone profonde. La technique proposée par l'équipe de Cindy Lee (Pantoja et al., 1997) paraissait à ce titre très prometteuse car nous comptions synthétiser des analogues LYA avec des peptides radioactifs. De tels substrats permettraient de mesurer, en une seule et même expérimentation, à la fois la vitesse d'hydrolyse ectoenzymatique et les vitesses d'utilisation (incorporation dans la biomasse et minéralisation) des produits de cette hydrolyse. Malheureusement, et pour des raisons que nous définissons mal, dans un environnement oligotrophe l'utilisation des composés LYAAla4 s'est avérée infructueuse. L'échec de cette étude préliminaire ne remet pas en cause la stratégie expérimentale mais devrait nous orienter vers d'autres traceurs. Si en période de stratification, la décompression des échantillons prélevés dans la colonne d'eau profonde provoque une sous-estimation de la mesure des activités microbiennes, la décompression des échantillons d'eau proche du fond donne des résultats opposés. Toutefois, cette contradiction n'est pas abberrante. Du fait de la colonisation des particules en cours de chute, des bactéries hétérotrophes sont transportées en grand nombre de la zone productive de surface vers la zone profonde. L'interface eau-sédiment qui est le réceptacle de ces particules est donc un compartiment colonisé à la fois par des bactéries autochtones adaptées à la pression hydrostatique locale, et par des bactéries allochtones, non-adaptées à ce facteur. Une hypothèse préliminaire peut être avancée (Figure VI-1) : les bactéries attachées aux particules issues des zones superficielles sont, pour certaines d'entre elles, des bactéries piezotolérantes. Lors de leur chute dans la colonne d'eau, leurs activités métaboliques sont inhibées par l'augmentation de pression mais cet effet n'est pas létal. Lorsque, lors d'un carottage, ces populations sont remontées en surface, les échantillons sont décomprimés et ces bactéries retrouvent leurs conditions de pression optimales et leurs activités métaboliques sont 186 Chapitre VI – Conclusion exacerbées. Les mesures d'activités effectuées sur les échantillons incubés à la pression atmosphérique apparaissent alors supérieures à celles réalisées en condition in situ (Jannasch & Wirsen, 1973; Picon, 2000; cette étude). Cette hypothèse est valable lors de flux particulaires suffisants pour enrichir l'interface eau-sédiment en bactéries allochtones originaires de la surface de l'océan. Toutefois, dans le cas de flux particulaires faibles, la proportion de bactéries allochtones peut être inférieure à celle des bactéries autochtones, les mesures d'activités effectuées à la pression atmosphérique seraient alors inférieures à celle réalisée in situ comme démontré par Cahet et al. (1990). Au niveau non plus de l'interface benthique mais du sédiment proprement dit, aucune mesure d'activité microbienne n'a été réalisée, à notre connaissance, en maintenant les conditions de pression hydrostatique. Les résultats que nous avons obtenus dans les autres compartiments (colonne d'eau et interface eau-sédiment) montrent que les peuplements microbiens naturels sont sensibles aux variations de pression. On peut donc supposer que les peuplements sédimentaires sont eux aussi sensibles aux variations de ce facteur, et que la décompression des échantillons affecte également la mesure des activités microbiennes dans les sédiments. Cette mesure est-elle surestimée ou sous-estimée lorsque les échantillons sont décomprimés ? Dans la couche sédimentaire superficielle peuvent coexister des bactéries autochtones adaptée à la pression hydrostatique ambiante élevée (puisque toutes les bactéries piezophiles isolées sont issues de la première couche du sédiment, cf. Tableau I-1; Kato & Qureshi, 1999) et allochtones (provenant d'apports plus ou moins fréquents de la zone de surface). Par contre, il semble peu probable qu'au cours de l'enfouissement ces dernières puissent survivre de manière dominante face à des bactéries mieux adaptées à leurs conditions environnementales. Nous pouvons donc avancer l'hypothèse que les activités métaboliques microbiennes classiquement mesurées sur des échantillons de sédiment profond décomprimés sont sousestimées par rapport à celles réellement exercées in situ. Par contre, il nous est impossible d'évaluer l'importance de la sous-estimation due à la décompression d'échantillons sédimentaires. 187 Chapitre VI – Conclusion Figure VI-1. Bactéries adaptées et non adaptées à la pression hydrostatique. Les bactéries qui chutent avec les particules originaires de surface s'accumulent à l'interface eau-sédiment. Elles ont leurs activités métaboliques inhibées lorsqu'elles sont soumises à de fortes pressions hydrostatiques (mesures in situ), mais retrouvent leurs capacités métaboliques lorsqu'on les ramène en surface (mesures à pression atmosphérique). Les mesures sur des échantillons décomprimés et incubés à pression atmosphérique sont alors surestimées. A l'opposé, les bactéries libres du domaine océanique profond sont adaptées à de fortes pressions hydrostatiques (mesures in situ), et la décompression des échantillons inhibe leurs activités métaboliques (mesures à pression atmosphérique). Les mesures sur des échantillons décomprimés sont alors sous-estimées. Dans le compartiment sédimentaire, les concentrations naturelles en matière organique nous permettent de nous placer théoriquement à des concentrations idéales (traces) pour mesurer des vitesses plus proches des activités réelles. A contrario, dans le domaine pélagique profond l'ultraoligotrophie et l'importance de la fraction organique non chimiquement définie ne nous permettent de mesurer, pour l'instant, qu'une Vmax, bien définie d'un point de vue cinétique, mais seulement potentielle. Ainsi, dans notre étude de la répartition du flux de minéralisation au site DYFAMED (Tableau IV-8) la part dévolue au domaine benthique est probablement plus juste que celle attribuée au domaine pélagique profond. La quantification des fonctions biologiques en terme de flux de production, de transformation et minéralisation de la matière organique dans la colonne d'eau et le sédiment récent, ainsi que les mécanismes de transfert pelagos - benthos devront être développés en associant mesures de terrain, simulation de flux et études de processus. 188 Chapitre VI – Conclusion Un des défis majeurs de l'Océanologie contemporaine est d'améliorer la connaissance des processus biologiques à l'échelle de la population et de l'organisme (y compris au niveau physiologique, taxonomique et génétique) et d'intégrer cette connaissance à l'estimation du rôle de ces processus dans le fonctionnement de l'écosystème. La simulation de la chute de particules dans la colonne d'eau est une stratégie adaptée à cette étude de processus. Cette approche originale devrait permettre de mesurer les vitesses de minéralisation et de dissolution des particules lors de leur chute et donc d'affiner les estimations des flux en matière organique et en éléments biogènes vers le domaine océanique profond. 189 Chapitre VI – Conclusion 190 REFERENCES Références RÉFÉRENCES A Abe F., Kato C. & Horikoshi K. (1999). Pressure-regulated metabolism in microorganisms. Extremophiles in Deep-Sea Environments, 7: 447-453. Abe F. & Horikoshi K. (2001). The biotechnological potential of piezophiles. Trends in Biotechnology, 19: 102-108. Alldredge A.L. (1979). The chemical composition of macroscopic aggregates in two neretic seas. Limnology and Oceanography, 24: 855-866. Alldredge A.L., Gotschalk C., Passow U. & Riebesell U. (1995). Mass agregation of diatom blooms: Insights from a mesocosm study. Deep Sea Research II, 42: 9-27. Ammerman J.W. & Glover W.B. (2000). 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Total counts of marine bacteria include a large fraction of non-nucleoid-containing bacteria (ghosts). Applied and Environmental Microbiology, 61: 2180-2185. 206 ANNEXES 1830 (b) 1830 (b) 1830 (b) N.W Atlantic N.W Atlantic N.W Atlantic 3450 Puerto Rico Trench Gillis Deep 6040 2600 N.W Atlantic Bermuda area 3130 Bermuda area 3000 Bermuda area 1800 400 (a) Cglutamate 14 Cglutamate 14 CCasamino acids 14 CCasamino acids 14 Cglutamate 14 C 14 Gelatin Agar Starch Cglucose 14 HP: 1 year, DEC: 1 month HP:1 year, DEC 1 month HP: 1 year, DEC: 1 month 9 days 16 days 6 days 8 days (d) 161 days 43 days 1.0 g l-1 5 µg l-1 5 µg l-1 5 mg l-1 0.12 mg l-1 0.16 mg l-1 5 µg l-1 1.0 g l-1 0.3 g l-1 4 hours 250 µg l-1 Depth Added Concentration Incubation (m) substrate period N. Pacific coast Sampling Area % of substrate utilization % of substrate total substrate utilization % of substrate utilization % of substrate utilization % of substrate utilization % of substrate utilization % of substrate utilization % of substrate utilization Substrate uptake Metabolic process 0.205 0.046 ND (e) ND ND ND 4.85 % (1 year) 1.5 % (1 year) 11.0 % (1 year) Ambient Pressure (HP) NI ND ND ND (e) ND ND ND 50.3 % (1 month) 13.0 % (1 month) 16.0 % (1 month) NI NI NI NI NI NI NI NI NI NI NI Jannasch & Wirsen (1973) Jannasch & Wirsen (1973) Seki & Robinson 1969 Jannasch & Wirsen (1973) ND ND HP=0.40DEC Jannasch & Wirsen (1976) Deming et al. 1980 Deming et HP=0.47DEC Jannasch et al. (1976) HP=0.33DEC Jannasch et al. (1976) HP=0.47DEC Jannasch et al. (1976) HP=0.01DEC (c) HP=0.01DEC (c) HP=0.06DEC (c) HP=1.66DEC Decompressed Hydrological Pressure effect Reference (DEC) conditions Table annex 1: Microbial activity measurements in deep-sea waters under ambient pressure conditions compiled from the current literature. Annexe 1 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 1) 7730 Brownson Deep Puerto Rico Trench N.W Atlantic 14 14 Bermuda area 1800 Bermuda area 3000 N.W Atlantic 1830 14 3060 N.W Atlantic CCasamino Cglutamate Cglutamate Cglutamate 14 1830 N.W Atlantic Angola Basin 5200 Cape 5220 Basin Cape 5225 Basin Angola Basin 5220 3550 7350 6040 Gillis Deep amino acids 14 Cglutamate 14 Cglutamate 14 Cglutamate 14 Cglutamate 14 Cacetate 14 Cglutamate 14 Cglutamate 14 Cglutamate 14 Cglutamate 48 days 130 days 17 days 21 days 40 days 27 days 3 weeks 0.18 mg l-1 40 µg l-1 4.6 µg l-1 31 µg l-1 21 µg l-1 96 µg l-1 0.5 mg l-1 0.426 mg l-1 5.78 mg l-1 5,58 mg l-1 3 weeks 3 weeks 3 weeks 3 weeks 159 days 0.50 mg l-1 0.615 mg l-1 326 days 0.18 mg l-1 total substrate utilization total substrate utilization total substrate utilization total substrate utilization % of substrate utilization % of substrate utilization % of substrate utilization total uptake rate total uptake rate total uptake rate total uptake rate total uptake rate total substrate utilization utilization ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) 11 ng l-1d-1 71 ng l-1d-1 10 ng l-1d-1 15 ng l-1d-1 38 ng l-1d-1 0.259 0.206 0.058 ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND ND ND ND ~1 ng l-1d-1 ND ND ND NI NI NI NI NI NI NI NI NI NI NI NI NI ND ND ND HP=0.41DEC HP=0.50DEC HP=0.19DEC HP=0.31DEC HP=0.37DEC ND ND ND ND HP=~ 38 DEC Annexe 1 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 1) Deming et al. 1980 Deming et al. 1980 Deming et al. 1980 Tabor et al. (1981) Tabor et al. (1981) Tabor et al. (1981) Tabor et al. (1981) Tabor et al. (1981) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen al. 1980 14 14 4500 1770 3850 1750 4620 Bermuda N.W Atlantic N.W Atlantic N.W Atlantic N.W Atlantic Mediterranean 1100 C- Cacetate Cacetate 14 Cacetate 14 Cacetate 14 Cglucose 14 Cglucose 14 1850 Bermuda Cglucose 14 6000 Puerto Rico N.W Atlantic N.W Atlantic N.W Atlantic acids 14 3500 CCasamino acids 14 3130 CCasamino acids 14 1830 Cglucose 3 weeks 0.350 mg l-1 5.8 nM 4.25 mg l-1 5.86 mg l-1 0.452 mg l-1 0.483 mg l-1 5.46 mg l-1 6.09 mg l-1 3 hours 3 weeks 3 weeks 3 weeks 3 weeks 3 weeks 3 weeks 3 weeks 3 weeks 1.40 mg l-1 0.189 mg l-1 3 weeks -1 0.286 mg l incorporation total substrate utilization total substrate utilization total substrate utilization total substrate utilization total substrate utilization total substrate utilization total substrate utilization total substrate utilization total substrate utilization total substrate utilization 78.5±24 ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) 30.7±10 ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) ND (e) Stratified NI NI NI NI NI NI NI NI NI NI HP=2.55DEC HP=0.69DEC HP=1.00DEC HP=0.99DEC HP=0.59DEC HP=2.65DEC HP=0.75DEC HP=0.45DEC HP=0.96DEC HP=0.41DEC HP=0.48DEC Annexe 1 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 1) (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Jannasch & Wirsen (1982) (f) Bianchi & Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian sea) Mediterranean (Ligurian sea) Mediterranean (Ligurian sea) Mediterranean (Ligurian sea) Mediterranean (Marseille) Mediterranean (Ligurian) (j) 800 800 1150 (i) 1150 (i) 1150 (i) 1150 (i) 800 Mediterranean 1150 (Ligurian sea) (i) Mediterranean 1150 (Ligurian sea) (i) 14 Mediterranean 1150 (Ligurian sea) (i) C amino acids 14 C amino acids 14 C amino acids 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 14 Cglucose 14 C amino acids 14 Cglucose Cglucose 14 Cglucose 14 glucose Mediterranean 1100 (Ligurian sea) (h) (Gulf of (g) Marseille) Mediterranean 1100 (Ligurian sea) (h) 12 hours 12 hours 12 hours 5 nM 10 nM 10 nM 12 hours 12 hours 5 nM 10 nM 12 hours 5 nM 12 hours 10 nM 12 hours 12 hours 10 nM 5 nM 12 hours 3 hours 3 hours 10 nM 5.8 nM 5.8 nM total uptake total uptake total uptake production production production production total uptake total uptake total uptake incorporation incorporation 31.4±2.6 pM C h-1 7.83±0.4 pM C h-1 7.06±0.8 pM C h-1 107.5±4.0 pM C h-1 196.0±6.0 pM C h-1 58.4±3.2 pM C h-1 209.8±10.6 pM C h-1 209.8±10 pM C h-1 pgC l-1 h-1 ± SE, n=6 59.5±11 pgC l-1 h-1 ± SE, n=8 14.5±6 pgC l-1 h-1 ± SE, n=3 48.9±7.8 pM C h-1 ±SE n=3 209.2±7.1 pM C h-1 5.7±1.1 pM C h-1 Stratified 5.0±1.0 pM C h-1 4.6±0.7 pM C h-1 120.2±2.1 pM C h-1 169.6±8.2 pM C h-1 5.2±0.5 pM C h-1 222.6±6 pM C h-1 Stratified HP=5.5DEC HP=1.6DEC HP=0.9DEC HP=0.9DEC Bianchi et al. (1999a) Bianchi et al. (1999a) Garcin (1994) HP=2.52DEC Bianchi & Garcin (1994) HP=0.03DEC Bianchi & Garcin (1994) HP=2.2DEC Bianchi et al. (1999a) Tholosan et al.(1999) Bianchi et al. (1999a) Stratified HP=1.5DEC Bianchi et al. (1999a) Fecal pellets HP=0.9DEC Bianchi et al. (1999a) Fecal pellets HP=1.1DEC Bianchi et al. (1999a) Stratified HP=11.2DEC Tholosan et al.(1999) Stratified HP=0.94DEC Tholosan et al.(1999) Fecal pellets Fecal pellets Stratified Mixed Stratified 222.6±13 pM C h-1 pgC l-1 h-1 ± SE, n=6 23.6±14 pgC l-1 h-1 ± SE, n=8 421.2±43 pgC l-1 h-1 ± SE, n=3 22.7±1.8 pM C h-1 ±SE n=3 212.2±5.4 pM C h-1 Annexe 1 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 1) 1500 1500 1500 1500 1500 1150 1150 1150 1150 1150 1000 1000 1000 1000 1000 Mediterranean 2000 Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediter.Sea Ligurian (j) Mediterranean (Marseille) Mediterranean (Marseille) Mediterranean (Marseille) Mediterranean (Marseille) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 C amino acids 14 C- 14 12 hours 12 hours 10 nM 10 nM 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake 6.6±0.6 pM 3.4±0.5 pM C 15.9±4.5 16.0±2.0 -1 pM C h pM C h-1 63.5±2.7 51.0±8.7 -1 pM C h pM C h-1 8.0+2.1 5.4±1.1 -1 pM C h pM C h-1 12.3±5.4 8.0±1.8 -1 pM C h pM C h-1 2.2±0.6 1.1±0.1 -1 pM C h pM C h-1 7.1±0.4 3.6±0.2 -1 pM C h pM C h-1 209.2±7.1 212.2±5.4 -1 pM C h pM C h-1 48.9±7.8 22.7±1.8 -1 pM C h pM C h-1 78.2±13.6 15.1±3.2 -1 pM C h pM C h-1 35.4±2.7 4.4±0.8 -1 pM C h pM C h-1 8.4±0.5 pM 4.8±0.6 pM C C h-1 h-1 33.9±2.1 18.9±0.3 pM -1 pM C h C h-1 25.0±2.3 19.9±0.8 pM -1 pM C h C h-1 9.6±1.5 4.6±0.1 pM C -1 pM C h h-1 294.6±22.0 142.3±11.9 pM C h-1 pM C h-1 Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified HP=1.94DEC HP=2.07DEC HP=2.08DEC HP=1.25DEC HP=1.80DEC HP=1.75DEC HP=8.00DEC HP=5.20DEC HP=2.15DEC HP=0.99DEC HP=1.97DEC HP=2.00DEC HP=1.53DEC HP=1.48DEC HP=1.25DEC HP=0.99DEC Annexe 1 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 1) Tholosan Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediter.Sea Ligurian (j) (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) 1500 1150 1150 1150 1000 1000 1000 1000 800 800 2000 2000 2000 2000 2000 glucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 Cglucose 14 C amino acids 14 Cglucose 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 10 nM 10 nM 12 hours 12 hours 12 hours 10 nM 10 nM 10 nM production production production production production production production production production production total uptake total uptake total uptake total uptake total uptake 1.8±0.2 pM C h-1 196.1 pM C h-1 479.2 pM C h-1 113.2 pM C h-1 53.3 pM C h-1 19.6 pM C h-1 73.6 pM C h-1 7.8 pM C h-1 7.1 pM C h-1 107.5 pM C h-1 50.0 pM C h-1 C h-1 37.9±4.5 pM C h-1 10.0±0.7 pM C h-1 22.2±1.4 pM C h-1 156.0±2.6 pM C h-1 0.72±0.1 pM C h-1 166.9 pM C h-1 173.0 pM C h-1 8.8 pM C h-1 35.8 pM C h-1 9.3 pM C h-1 60.6 pM C h-1 5.0 pM C h-1 4.6 pM C h-1 120.3 pM C h-1 22.1 pM C h-1 h-1 37.9±4.3 pM C h-1 6.6±0.5 pM C h-1 0.79±1,4. pM C h-1 120.2±2.6 pM C h-1 Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified HP=2.26DEC HP=0.89DEC HP=1.56DEC HP=1.57DEC HP=1.22DEC HP=2.12DEC HP=1.49DEC HP=12.9DEC HP=2.76DEC HP=1.17DEC HP=2.50DEC HP=1.29DEC HP=28.1DEC HP=1.51DEC HP=1.00DEC Annexe 1 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 1) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) 2000 1500 1300 850 2000 2000 2000 1500 1500 1000 800 2000 2000 2000 1500 1500 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hthymidine 3 Hleucine 3 Hleucine 3 Hleucine 3 Hleucine 3 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 5 nM 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours production production production production production production production production production production production production production production production production 35.4 pM C h-1 102.8 pM C h-1 3.3 pM C h-1 88.1 pM C h-1 18.8 pM C h-1 197.5 pM C h-1 186.4 pM C h-1 100.8 pM C h-1 73.8 pM C h-1 188.6 pM C h-1 87.5 pM C h-1 45.6 pM C h-1 2.37 ngC l-1h-1 1.31 ngC l-1h-1 1.20 ngC l-1h-1 1.05 ngC l-1h-1 15.4 pM C h-1 65.8 pM C h-1 1.9 pM C h-1 54.6 pM C h-1 1.1 pM C h-1 162.5 pM C h-1 86.8 pM C h-1 37.3 pM C h-1 28.9 pM C h-1 98.5 pM C h-1 35.8 pM C h-1 10.8 pM C h-1 2.00 ngC l-1h-1 0.79 ngC l-1h-1 0.54 ngC l-1h-1 0.48 ngC l-1h-1 Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified HP=2.19DEC HP=2.22DEC HP=1.66DEC HP=1.19DEC HP=4.22DEC HP=2.44DEC HP=1.91DEC HP=2.55DEC HP=2.70DEC HP=2.15DEC HP=1.22DEC HP=17.08DEC HP=1.61DEC HP=1.74DEC HP=1.56DEC HP=2.30DEC Annexe 1 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 1) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan et al.(1999) Tholosan (1999) Tholosan (1999) Tholosan (1999) Tholosan (1999) Tholosan (1999) Tholosan (1999) Tholosan (1999) Bianchi et al. (1999b) Bianchi et al. (1999b) Bianchi et al. (1999b) Bianchi et al. (1999b) MUFphosphate 2000 MUFphosphate 1500 phosphatase Vmax 1 443±199 pM MUF h- 1 0.77±0.10 ngC l-1h-1 production 0.74±0.39 ngC l-1h-1 production 0.47±0.11 ngC l-1h-1 production 2.06±0.06 ngC l-1h-1 aminopeptidase 11.0 %±4.4 Hr (%±SE) aminopeptidase 835±99 pM Vmax± SE MCA h-1 aminopeptidase 386±20 pM Vmax MCA h-1 phosphatase 7.2 %±1.9 Hr (%±SE) phosphatase 468±203 Vmax pM MUF h- production 168±70 pM MUF h-1 335±40 pM MUF h-1 571±68 pM MCA h-1 137±96 pM MCA h-1 3.1 %±0.7 0.48±0.15 ngC l-1h-1 0.28±0.12 ngC l-1h-1 0.21±0.11 ngC l-1h-1 0.13±0.14 ngC l-1h-1 3.9 %±2.4 Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified HP=2.64DEC HP=1.40DEC HP=2.32DEC HP=2.82DEC HP=1.46DEC HP=2.82DEC HP=15.8DEC HP=2.23DEC HP=3.52DEC HP=1.60DEC Tamburini et al (2002) Tamburini et al (2002) Tamburini et al (2002) Tamburini et al (2002) Tamburini et al (2002) Tamburini et al (2002) Tamburini et al (2002) Tamburini et al (2002) Tamburini et al (2002) Tamburini et al (2002) a: in situ incubation into the sampler kept at the sampling depth during the whole incubation period b: in situ incubation at the water sediment boundary layer using man-operated submersible c: calculated by applying a factor 12 to the % of utilization measured under atmospheric pressure conditions during a 1-month incubation period d: sample held in storage in the transfer unit for 45 days before transfer in the incubation vessel e: data originally presented as graphs of time course incorporation, or respiration, of the added substrates f: within the set of data presented in this reference authors note that most of the experiments were conducted immediately after sampling, but some were done using undecompressed and concentrated subsamples kept in cold storage for an undetermined 12 hours 12 hours 5 µM 5 µM 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 0.05 µM 5 µM 2000 MCA-leu 0.05 µM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 5 µM Hleucine 3 H-t leucine 3 Hleucine 3 Hleucine MCA-leu 3 2000 MCA-leu 1000 2000 2000 1500 1000 Mediterranean 2000 MUF(Ligurian) (j) phosphate Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Mediterranean (Ligurian) (j) Annexe 1 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 1) period before processing at the laboratory at shore. Authors did not indicate in this article what were exactly the samples analyzed after storage in high-pressure conditions. g: a set of 6 samples collected 30 miles South-East of Marseille, at the same sampling station and at the same depth (reported data are mean value ± SE) h: a set of samples collected in the Ligurian sea, 28 miles south of Nice at the same sampling station and at the same depth, (idem) i: a set of samples collected at the same sampling station at the same depth in the Ligurian sea, 28 miles south of Nice, at a few day interval, some of them being within a swarm of fecal pellets of migrating zooplankters j: a set of samples collected in the Ligurian sea, at the same sampling station 28 miles south of Nice, but at diverse depths NI: not indicated in the cited reference ND: not determined by authors Annexe 1 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 1) 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 14 Mediterranean 1000 C(Ligurian) (j) glutamate 14 Mediterranean 1000 C(Ligurian) (j) glutamate 14 Mediterranean 1000 C(Ligurian) (j) glutamate 14 Mediterranean 1000 C(Ligurian) (j) glutamate 14 Mediterranean 1000 C(Ligurian) (j) glutamate 14 Mediterranean 1500 C(Ligurian) (j) glutamate 14 Mediterranean 1500 C(Ligurian) (j) glutamate 14 Mediterranean 2000 C(Ligurian) (j) glutamate 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours Depth Added Concentration Incubation (m) substrate period 14 Mediterranean 1000 C(Ligurian) (j) glutamate Sampling Area assimilation respiration assimilation respiration assimilation respiration assimilation respiration assimilation Metabolic process 1.52±0.05 pM C h-1 32.16±1.03 pM C h-1 12.03±3.63 pM C h-1 22.10±0.32 pM C h-1 4.15±1.47 pM C h-1 4.76±1.21 pM C h-1 6.05±0.04 pM C h-1 6.20±1.02 pM C h-1 Ambient Pressure (HP) 1.67±0.70 pM C h-1 0.35±0.05 pM C h-1 2.52±0.75 pM C h-1 0.78±0.28 pM C h-1 18.90±0.75 pM C h-1 1.72±0.04 pM C h-1 2.47±0.50 pM C h-1 1.25±0.16 pM C h-1 3.37±1.21 pM C h-1 1.11±0.89 pM C h-1 Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified HP=1.50DEC Tamburini et al (soumis-c) HP=1.84DEC Tamburini et al (soumis-c) HP=4.83DEC Tamburini et al (soumis-c) HP=1.93DEC Tamburini et al (soumis-c) HP=2.41DEC Tamburini et al (soumis-c) HP=1.17DEC Tamburini et al (soumis-c) HP=15.45DEC Tamburini et al (soumis-c) HP=12.74DEC Tamburini et al (soumis-c) HP=4.32DEC Tamburini et al (soumis-c) Decompressed Hydrological Pressure effect Reference (DEC) conditions Table annex 2: Microbial activity measurements in deep-sea waters under ambient pressure conditions compiled from the current literature (following). Annexe 2 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 2) 10 nM 14 Mediterranean 3000 C(Ionian) (k) glutamate Hleucine Hleucine Hleucine 3 10 nM 14 Mediterranean 2500 C(Ionian) (k) glutamate Mediterranean 3000 (Ionian) (k) 10 nM 14 Mediterranean 2500 C(Ionian) (k) glutamate 3 10 nM 14 Mediterranean 2500 C(Ionian) (k) glutamate Mediterranean 2500 (Ionian) (k) 10 nM 14 Mediterranean 1500 C(Ionian) (k) glutamate 10 nM 10 nM 10 nM 10 nM 14 Mediterranean 1500 C(Ionian) (k) glutamate 3 10 nM 14 Mediterranean 2000 C(Ligurian) (j) glutamate Mediterranean 1500 (Ionian) (k) 10 nM 14 Mediterranean 2000 C(Ligurian) (j) glutamate 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours production production production assimilation assimilation respiration assimilation respiration assimilation assimilation respiration 0.90±0.38 pM C h-1 1.72±0.04 pM C h-1 0.72±0.04 pM C h-1 0.50±0.20 pM C h-1 0.16±0.06 pM C h-1 1.58±0.00 ngC l-1h-1 1.51±0.28 ngC l-1h-1 3.18±0.27 ngC l-1h-1 15.7±3.1 pM C h-1 112.19±9.43 pM C h-1 0.68±00 ngC l-1h-1 0.09±0.00 pM C h-1 1.52±0.27 pM C h-1 2.30±0.04 pM C h-1 20.60±3.07 pM C h-1 29.81±7.69 7.87±1.92 pM pM C h-1 C h-1 3.97±1.33 pM C h-1 2.66±0.65 pM C h-1 1.21±0.83 pM C h-1 0.93±0.12 pM C h-1 1.15±0.24 pM C h-1 Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified Stratified HP=6.98DEC Tamburini et al (soumis-c) HP=1.85DEC Tamburini et al (soumis-c) HP=1.68DEC Tamburini et al. (soumis-b) HP=1.55DEC Tamburini et al. (soumis-b) HP=4.39DEC Tamburini et al. (soumis-b) HP=3.79DEC Tamburini et al. (soumis-b) HP=5.45DEC Tamburini et al. (soumis-b) HP=6.83DEC Tamburini et al. (soumis-b) HP=2.10DEC Tamburini et al. (soumis-b) HP=17.2DEC Tamburini et al. (soumis-b) HP=2.31DEC Tamburini et al. Annexe 2 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 2) 10 nM 14 Mediterranean 3500 C(Ionian) (l) glutamate 5 µM 5 µM Mediterranean 3500 MCA-leu (Ionian) (l) Mediterranean 3500 MUF(Ionian) (l) phosphate 12 hours phosphatase Vmax production uptake respiration assimilation production 18.99±1.93 pM C h-1 15.02±1.93 pM C h-1 3.98±0.0 pM C h-1 0.12±0.05 ngC l-1h-1 1 2282±54 pM MUF h- 1.24±0.07 ngC l-1h-1 ±SE 12 hours aminopeptidase 440.3±116 Vmax pM MCA h-1 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours 12 hours aminopeptidase 563.0±44.1 Vmax pM MCA h-1 12 hours aminopeptidase 373.4±37.3 Vmax pM MCA h-1 1463±80 pM MUF h-1 0.36±0.11 ngC l-1h-1 ±SE 132.5±12.9 pM MCA h-1 3.48±0.49 pM C h-1 3.42±0.49 pM C h-1 0.07±0.01 pM C h-1 0.07±0.0 ngC l-1h-1 269.9±23.9 pM MCA h-1 104.6±16.9 pM MCA h-1 Anoxic brines Anoxic brines Anoxic brines Anoxic brines Anoxic brines Anoxic brines Anoxic brines Stratified Stratified HP=1.56DEC HP=3.32DEC HP=3.44DEC HP=5.45DEC HP=4.39DEC HP=56.8DEC HP=1.71DEC HP=2.09DEC HP=3.57DEC j: a set of samples collected in the Ligurian sea, at the same sampling station 28 miles south of Nice, but at diverse depths k: oxic water column l: anoxic brines underlying the above cited oxic water column 10 nM Hleucine 3 10 nM 14 Mediterranean 3500 C(Ionian) (l) glutamate Mediterranean 3500 (Ionian) (l) 10 nM 10 nM 14 Mediterranean 3500 C(Ionian) (l) glutamate Hleucine 3 5 µM Mediterranean 3000 MCA-leu (Ionian) (k) Mediterranean 3500 (Ionian) (k) 5 µM Mediterranean 1500 MCA-leu (Ionian) (k) Annexe 2 : Microbial activity in deep-sea water: a review of data obtained under in situ pressure conditions (Table annex 2) (soumis-b) Tamburini et al. (soumis-b) Tamburini et al. (soumis-b) Tamburini et al. (soumis-b) Tamburini et al. (soumis-b) Tamburini et al. (soumis-b) Tamburini et al. (soumis-b) Tamburini et al. (soumis-b) Tamburini et al. (soumis-b) Tamburini et al. (soumis-b) RESUME Les différentes étapes de la minéralisation (activités ectoenzymatiques (aminopeptidase – EAA et phosphatase – PA), production de biomasse bactérienne (BP), assimilation (GA) et respiration (GR) de monomères) ont été étudiées dans l'ensemble de la colonne d'eau, à l'interface benthique et dans les dépôts récents en Mer Ligure, Golfe du Lion et Mer Ionienne. La relative homéothermie de la colonne d'eau Méditerranéenne nous a permis d'apprécier les effets de la pression hydrostatique sur les activités microbiennes indépendamment des effets des faibles températures habituellement observées dans les océans profonds. Cette étude a permis de prouver que, dans le domaine pélagique profond chaque étape conduisant à la minéralisation de la matière organique (de l'hydrolyse des macromolécules jusqu'à la production finale de CO2) est réalisée par des organismes adaptés aux conditions ambiantes de pression. En effet, en période de stratification, la décompression d'un échantillon profond entraîne une sous-estimation moyenne de son activité métabolique de 3,6 ± 4,3 (± e.t.; n = 99). Malheureusement, un tel écart à la moyenne empêche d'utiliser cette moyenne comme facteur de correction des mesures effectuées sur des échantillons décomprimés. Les microflores profondes doivent tirer l'essentiel de leur demande carbonée de la matière particulaire qui chute le long de la colonne d'eau. C'est le cas au printemps 2000 à la station DYFAMED où les bactéries pélagiques profondes libres présentent des activités aminopeptidasiques (EAA) répondant étroitement à l'apport en matériel frais (le flux potentiel d'aminopeptides hydrolysés entre 1000 et 2000 m est égal à 490 mg C m-2 d-1) et un rendement d'utilisation de l'acide glutamique élevé (65 %). En automne, les fortes activités ectoenzymatiques potentielles ne sont pas cohérentes avec le très faible flux de particules organiques, ce qui suggère qu'au cours des périodes d'ultra-oligotrophie, les microflores profondes doivent puiser leur source de carbone dans la matière organique dissoute réfractaire. L’utilisation de ce matériel nécessite plus d'énergie : le rendement d'utilisation n’est plus que de 12 %. La structure taxonomique des microflores profondes est différente de celle des eaux de surface, conséquence probable d'une adaptation à la forte pression hydrostatique et à un matériel organique plus réfractaire. Si la décompression des échantillons de la colonne d’eau induit une sous-estimation des activités microbiennes, celle des échantillons d'eau proche du fond provoque une surestimation des mesures. Cette divergence est attribuée à la différence d’origine des peuplements microbiens dans la colonne d’eau et dans le néphéloïde de fond. Les vitesses métaboliques mesurées dans les sédiments superficiels sont supérieures d’un ordre de grandeur à celles mesurées dans la colonne d’eau. Cependant, le calcul des flux potentiels de dégradation et de minéralisation à travers les eaux superficielles (jusqu’à 200 m), les eaux intermédiaires et profondes (200-2000m) et l’étage benthique (eaux surnageantes et sédiment mélangé) suggère un potentiel métabolique qui est loin d’être négligeable dans les compartiments profonds. Pour affiner ces estimations, on a utilisé une approche expérimentale originale pour simuler la chute du matériel particulaire dans la colonne d’eau. La stratégie adoptée, respectant les conditions caractéristiques du domaine profond, permet une étude de l’évolution quantitative et qualitative de la composition chimique de la matière organique, et de la diversité des microflores, de la zone productrice de surface jusqu’au fond océanique. Cette stratégie conduira à une estimation plus réaliste des flux de matière et énergie qui assurent le couplage pelagos–benthos, l’une des clés principales du fonctionnement de l’Océan global.