DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ
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DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ
EXPOSITION / 5 DÉCEMBRE 2015 - 29 FÉVRIER 2016 DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ Dossier de presse sommaire Communiqué de presse Introduction L’exposition Autour de l’exposition 5 6 Note sur le titre de l’exposition 7 Avant-propos du commissaire 8 Repères historiques et biographiques 10 12 Parcours de l’exposition 13 Focus sur quelques chefs-d’œuvre 17 Liste des artistes 28 Liste des prêteurs 29 30 Catalogue de l’exposition 31 Hors-série31 Programmation culturelle Partenaires Informations générales 32 34 Caisse d’Epargne Nord France Europe, grand mécène de l’exposition 35 Les partenaires 35 Les expositions partenaires dans le Nord-Pas de Calais 36 37 Informations pratiques 38 Contacts presse 39 Visuels libres de droits 39 << M anufacture de tapisserie de Beauvais, d’après Jean-Baptiste Huët, L’Escarpolette, vers 1782-1790, laine et soie, Paris, musée du Louvre 4 5 communiqué de presse Exposition du 5 décembre 2015 au 29 février 2016 DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ Fêtes et plaisirs d’amour au siècle de Madame de Pompadour Décors champêtres, jeunes gens élégants et loisirs raffinés : l’exposition de l’hiver 2015-2016 au LouvreLens célèbre le thème de la Fête galante et de la Pastorale. Popularisés par Antoine Watteau puis François Boucher dans la première moitié du 18e siècle, ces sujets connurent un immense succès jusqu’à la Révolution. D’abord adoptés par les peintres, ils se propagèrent rapidement à d’autres disciplines – notamment les Arts décoratifs – et se diffusèrent à travers toute l’Europe. Grâce aux prêts exceptionnels du musée du Louvre et d’une vingtaine d’institutions prestigieuses, l’exposition réunit 220 œuvres. Dans une scénographie bucolique, elle mêle peintures, arts graphiques, mobilier, céramiques, tapisseries ou encore costumes de scène. Depuis les sources jusqu’aux derniers développements, elle retrace la fortune d’un art délicat et séduisant, qui enchanta l’Europe du Siècle des Lumières. Un hommage au goût français et au bonheur de vivre ! Le 28 août 1717, Antoine Watteau (1684-1721) était reçu membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en présentant une grande toile décrivant Le Pèlerinage à l’Isle de Cythère (Paris, musée du Louvre). Le sujet de l’œuvre avait été laissé à son libre choix. Depuis plusieurs années, le maître avait manifesté un vif intérêt pour le thème du pèlerinage et de l’île d’amour, support à une rêverie galante. Il donnait à cette occasion ses lettres de noblesse à un sujet qui suscitait déjà un vif engouement et que les académiciens désignèrent alors sous le titre de « feste galante ». Pour la première fois, le genre recevait une reconnaissance officielle. Dans le sillage de Watteau, le thème de la Fête galante fut adopté par son élève Jean-Baptiste Pater ainsi que par ses suiveurs Nicolas Lancret, Bonaventure de Bar ou Pierre-Antoine Quillard. Répondant à une soif de liberté et à un assouplissement des mœurs pendant la Régence de Philippe d’Orléans (1715-1723), influencé également par le répertoire contemporain du théâtre et de l’opéra, ce thème clamait la joie de vivre, les délices de l’amour, l’alchimie des sentiments et le besoin de paraître. D’autres maîtres en proposèrent à leur tour des variations, pastorales chez François Boucher, mélancoliques chez Jean-Honoré Fragonard ou délicatement sentimentales chez Louis-Joseph Watteau de Lille. La Fête galante et la Pastorale fournirent aussi un exceptionnel répertoire de sujets à la manufacture de Sèvres. Hors des frontières, dans une Europe parlant français, nombreux furent les artistes à s’emparer du thème, l’estampe et la circulation des œuvres favorisant amplement sa diffusion. Les manufactures allemandes de porcelaine, en particulier celle de Meissen, multiplièrent les figurines d’amoureux vêtus à la moderne, de galants de théâtre ou de bergers transis pour de jolies bergères. Les peintres, tels Christian Wilhelm Ernst Dietrich, Cornelis Troost ou Norbert Grund, n’hésitèrent pas à plagier ces sujets à la mode. Le sculpteur Ferdinand Tietz orna de ces mêmes figures les jardins aristocratiques et princiers d’Allemagne. Antoine Watteau n’était plus là pour mesurer combien son art avait conquis ses contemporains. L’Europe avait su lui rendre hommage. À l’exemple de Madame de Pompadour, elle fredonnait un air commun à tous les peuples : « Dansez, embrassez qui vous voudrez… » L’exposition s’articule en sept salles thématiques, dont la scénographie tente de restituer le goût de l’époque pour les beaux paysages, notamment par des jeux de lumières colorées et des effets de feuillage au sol. La salle d’introduction est conçue comme une bulle évoquant une clairière, animée de silhouettes en ombres chinoises, vêtues à la mode du 18e siècle. Les visiteurs y sont accueillis sur l’air de la célèbre ronde Nous n’irons plus au bois, reprise par la Pompadour en 1753 et interprétée ici par le public du Louvre-Lens pendant les Journées européennes du patrimoine 2015. Commissaire de l’exposition : Xavier Salmon Directeur du département des Arts graphiques du musée du Louvre. Exposition réalisée avec le soutien exceptionnel de la Caisse d’Epargne Nord France Europe. << Saxe, Manufacture de Meissen, Johann Joachim Kändler, Le Jaloux, vers 1765, porcelaine, Paris, musée Cognacq-Jay 6 7 NOTE SUR LE TITRE DE L’EXPOSITION Par Xavier Salmon, commissaire de l’exposition Introduction « Dansez, embrassez qui vous voudrez » « Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés. La belle que voilà, la laiss’rons nous danser ? Non, chacune à son tour, ira les ramasser. Si la cigale y dort, ne faut pas la blesser. (refrain) Entrez dans la danse, Voyez comme on danse ! Sautez ! Dansez ! Embrassez qui vous voudrez ! (refrain) La belle que voilà, la laiss’rons nous danser ? Mais les lauriers du bois, les laiss’rons nous faner ? Et Jeanne, la bergère, avec son blanc panier, Allant cueillir la fraise, et la fleur d’églantier. (refrain) (refrain) Mais les lauriers du bois, les laiss’rons nous faner ? Non, chacune à son tour, ira les ramasser. Cigale, ma cigale, allons, il faut chanter Car les lauriers du bois, sont déjà repoussés. » (refrain) (refrain) Le chant du rossignol, la viendra réveiller, Et aussi la fauvette, avec son doux gosier. (refrain) On s’accorde aujourd’hui à penser que la chanson aurait été créée à la Noël 1753 par Madame de Pompadour pour les enfants du village voisin de l’hôtel d’Evreux, actuel palais de l’Élysée. Mais il semble que la marquise se soit en fait contentée d’adapter un texte plus ancien. La musique s’inspirerait de l’air du Kyrie grégorien de la messe De Angelis. Les origines de la comptine remonteraient au 13e siècle. On a en effet évoqué une chanson du temps qui stigmatisait les mariages mal assortis, la jeune épouse ne trouvant auprès de son époux plus âgé aucune satisfaction sexuelle et se livrant à l’occasion de la fête annuelle des fous à des relations que la morale réprouvait normalement. La bergère allait donc au bois pour cueillir les lauriers puisque chez elle la récolte ne pouvait plus se faire. Mais elle n’y allait pas seule, car chacune à son tour les donzelles pouvaient aller les ramasser. Une autre interprétation avancée a été celle de l’interdiction en 1254 par Saint Louis de la prostitution en ville. Les prostituées se réfugièrent alors dans les bois, notamment à Vincennes, utilisant les bosquets pour leurs activités. En 1256, la prostitution fut interdite en pleine nature, les bosquets furent coupés et les dames invitées à s’établir à la lisière des villes dans des cabanes construites en planches. Pour les distinguer des autres baraques, où l’on pratiquait des activités plus licites, on suspendait une branche de laurier au-dessus des portes. À la fin du 17e siècle et au début du siècle suivant, à Versailles, les maisons où commerçaient les prostituées arboraient encore en façade ces gerbes de laurier. Devenue l’amie du roi et non plus sa maîtresse après la cessation de leurs rapports sexuels vers 1750-1751, Madame de Pompadour jouait peut-être d’un double langage… C’était là l’apanage du siècle, en France comme en Europe. Cette chanson constitue l’introduction musicale de l’exposition. Dans la rotonde bucolique qui accueille les visiteurs à l’entrée de la galerie, est diffusée une version créée à partir d’enregistrements de chanteurs-visiteurs du Louvre-Lens pendant les Journées européennes du patrimoine 2015. << Pierre-Antoine Quillard, Fête campagnarde (détail), vers 1725, huile sur toile, Salzbourg, Residenzgalerie 8 9 avant-propos Par Xavier Salmon, commissaire de l’exposition Après les dernières années du règne de Louis XIV, sombres et rendues austères sous l’influence de la dévote Madame de Maintenon, la France aspira à plus de liberté et de joie de vivre. Le temps de la Régence libéra les idées et les mœurs, repensa le système de gouvernement et les finances, prit le contre-pied de la politique religieuse de Louis XIV et renversa les alliances politiques. Cette période de hardiesse, de gaieté et de fantaisie, voire de licence, fut aussi pour les arts un temps de nouveauté qui irradia l’ensemble du 18e siècle en France et dans toute l’Europe au gré de la politique étrangère conduite par le Bien aimé, le roi Louis XV. Le 28 août 1717, Antoine Watteau était reçu membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en présentant une grande toile décrivant Le Pèlerinage à l’isle de Cythère. Le sujet avait été laissé à son libre choix. Depuis plusieurs années le maître manifestait un intérêt marqué pour le thème du pèlerinage, conférant de la poésie à une thématique que les artistes nordiques avaient développée avec parfois beaucoup de crudité. Afin d’en connaître les sources, il est important de regarder les créations d’artistes tels que David Téniers, Jan Steen ou bien Rembrandt, ou celles de certains maîtres français tels Jacques Callot ou Abraham Bosse qui développèrent au 17e siècle pour une clientèle aristocratique ou bourgeoise un art illustrant le sentiment amoureux débridé des classes plus populaires et rurales ou bien les usages mondains et raffinés des cours d’Europe. Dès leur création, puis au siècle suivant, ces sujets suscitèrent un très vif engouement de la part d’une clientèle qui rechercha avec avidité des œuvres souvent de faibles formats aptes à prendre place dans les intérieurs. Ces œuvres et ces maîtres constituèrent indéniablement une source d’inspiration pour Antoine Watteau qui sut renouveler la thématique en lui apportant de la poésie et un caractère idéal. Emportés par cette poésie, les frères Goncourt avaient parfaitement compris l’essence de cet art et en avaient souligné toutes les caractéristiques. De son imagination, Watteau avait tiré des visions enchantées, un monde idéal, une de ces patries amoureuses et lumineuses, un de ces paradis galants pour la joie délicate des vivants poétiques. Mais il avait aussi mis en valeur toutes les séductions de la femme au repos : la langueur, la paresse, l’abandon, les adossements, les allongements, les nonchalances, la cadence des poses, l’air joli des profils penchés sur les gammes d’amour, les retraites fuyantes des poitrines, les serpentements et les ondulations, les souplesses du corps féminin, le jeu des doigts effilés sur le manche des éventails, les indiscrétions des hauts talons dépassant les jupes, les heureuses fortunes du maintien, la coquetterie des gestes et le manège des épaules, soit tout ce savoir que les miroirs du 18e siècle avaient appris à la femme, la mimique de la grâce. Popularisée par Watteau, par les estampes qui en diffusèrent le modèle à travers toute l’Europe et jusqu’en Chine, la Fête galante trouva ses zélateurs, les Pater, les Lancret, les Bonaventure de Bar, les Quillard, les Portail qui tous clamèrent dans leurs œuvres la joie de vivre, les délices de l’amour, l’alchimie des sentiments, le besoin de paraître. Noces champêtres, bals, mascarades, fêtes inspiraient les arts, sur les chevalets, dans la littérature romanesque et dramatique, sur la scène. La Motte, Campra, Duché, Desmarets en faisaient le sujet de leur musique, de leurs opéras, ou de leurs ballets. De Dancourt à Marivaux, de Beaumarchais à Mozart, le sentiment amoureux, la double inconstance (1723), le jeu de l’amour et du hasard (1730), les errances de Figaro (en 1784 pour Beaumarchais, en 1786 pour Mozart), se sont nourris des exemples picturaux et leur ont aussi fourni des modèles, à l’exemple des costumes utilisés par les invités des princes Schwartzenberg sur la scène de leur théâtre de Český Krumlov en Bohème du Sud, qui semblent comme échappés de certaines toiles de Watteau, Pater, Lancret ou Boucher. Les maîtres les plus fidèles à Watteau déclinèrent les sujets. Les plus audacieux en proposèrent des variations. Elles furent rustiques et pastorales chez François Boucher. Paru de 1607 à 1627 L’Astrée d’Honoré d’Urfé donnait une lecture idéalisée de la vie sentimentale des bergers et des bergères. Cent ans après le succès du texte ne s’était pas démenti. En 1688, les Églogues de Bernard de Fontenelle leur disputaient cependant cet engouement. Jean-Baptiste Rousseau, Alexis Piron, Jean-Baptiste Gresset ou Charles-Simon Favart se livraient au genre avec le même accueil enthousiaste. Il donnait à Boucher la matière pour de nouveaux sujets. Vers 1735, Le Nid offrait une vision idyllique de la vie à la campagne. En 1738, Le Pasteur galant et Le Pasteur complaisant peints pour l’appartement parisien du prince Hercule-Mériadec, duc de Rohan-Rohan, à l’hôtel de Soubise, illustraient pour la première fois des bergers et des bergères soigneusement vêtus de soie et de velours qui devaient à nouveau beaucoup au théâtre, en particulier à celui de Favart. Plébiscité par les amateurs, le genre fut aussi soutenu par la famille royale. Il prit alors une connotation plus politique. La toile de Jean-Baptiste Oudry figurant une ferme est en cela exemplaire. Commandée en 1750 par le dauphin, fils de Louis XV, l’œuvre ne devait pas simplement plaire à l’œil mais rendre hommage à la vie rustique et aux bienfaits de l’agriculture. En offrant au pays un temps de paix par un gouvernement sage, le souverain permettait à ses sujets d’exploiter dans la quiétude la terre nourricière et favorisait par conséquent la félicité des peuples. Illustration picturale du travail bénéfique, la toile fut nommée dès le 18e siècle La Ferme. Elle rendait hommage au gouvernement de Louis XV. Elle délivrait un message bien différent des aimables pastorales de Boucher et de ses émules, tel Jean-Baptiste Huët. Elle se distinguait aussi des créations de Fragonard. Les sujets amoureux de ce maître, ses scènes de jeu, ses adolescents impeccablement vêtus renouaient avec l’esprit de Watteau mais sous le signe de la jeunesse, de l’amour et de l’insouciance. L’engouement suscité par la parution de La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau en 1761 expliquait aussi une nouvelle perception de la nature dont Fragonard donnait une image exaltée par la gaieté des acteurs, une touche libre et nerveuse, des compositions tout en déséquilibre où la végétation semblait elle aussi saisie d’une frénésie de plaisirs et de rire. Chefs-d’œuvre d’un temps d’insouciance, le pèlerinage à Cythère, les bergères et les bergers, les assauts amoureux en imposeront à leur siècle. Illustrations majeures d’un des attraits du 18e siècle, ces créations et toutes leurs déclinaisons, en particulier gravées, nourriront les arts appliqués du temps, dans les manufactures de Vincennes et de Sèvres, celles de Beauvais, de Lille ou bien encore de Desvres, diffusant le modèle français. Hors des frontières, l’Europe parlant français, nombreux furent les artistes à s’emparer du thème et à le décliner à l’envi. À Meissen, à Ludwigsburg ou à Nymphenburg, les porcelainiers multiplièrent les figurines d’amoureux vêtus à la moderne, de galants de théâtre ou de bergers transis pour de jolies bergères. En terres de langue allemande, Dietrich, Platzer, ou bien encore Janneck n’hésitèrent pas à plagier ces sujets si à la mode, balançant toujours entre le modèle parisien et le modèle nordique. Les sculpteurs aimèrent également à peupler de ces personnages les jardins aristocratiques et princiers de Franconie, de Bavière ou de Vénétie. L’influence fut si grande et si étendue, qu’elle marqua jusqu’en Espagne un géant comme Goya. Appelé à peindre des cartons pour les tapisseries destinées aux résidences royales, le maître puisait consciemment ou non parmi les modèles français. Peinte en 1779, La Balançoire reprenait un sujet décliné par tant d’autres avant lui. Si le génie ibérique renonçait totalement au dessin pour laisser triompher la couleur, il le faisait non pas pour seulement illustrer un divertissement innocent, mais pour souligner le temps qui passe, incarné par les trois âges, celui de l’enfance qui observe les fleurs, celui de l’adolescence souriante qui se balance sur la corde, celui de l’âge mûr enfin incarné par cette maja employée à surveiller la jeunesse. La source en avait peut-être été l’estampe de Dupuis gravée d’après le tableau de Watteau L’Occupation selon l’âge. Volontairement discrète, la connotation érotique n’en était pas non plus absente, incarnée par le regard ambigu échangé entre la maja présentée de dos et les vachers inscrits à l’arrière-plan. Si Watteau n’était plus là pour mesurer combien son art avait conquis son siècle, l’Europe avait su s’en emparer. C’est parce qu’à la suite de Madame de Pompadour, elle fredonnait en cœur un air commun à tous les peuples : « Sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez… » 10 REPÈRES HISTORIQUES ET BIOGRAPHIQUES La Régence, un tournant pour les arts Très en vogue pendant tout le règne de Louis XV, le genre de la Fête galante est popularisé en France par Watteau, dès la Régence. Louis XIV meurt à Versailles le 1er septembre 1715. La fin de son règne est sombre, marquée par une crise économique et financière. Le coût de la guerre de Succession d’Espagne (1701-1713) pèse sur les finances et impose une fiscalité excessive. La famine de 1709 provoque une surmortalité et accroît la misère du peuple. Dans un contexte d’exode massif des protestants persécutés, les dernières années de Louis XIV sont également rendues austères sous l’influence exagérément dévote de Madame de Maintenon, sa dernière épouse. Son seul fils parvenu à l’âge adulte décède en 1711, tandis que les petits-fils qui auraient pu lui succéder meurent en 1712 et 1714. 11 François Boucher (Paris, 1703 – Paris, 1770) Fils de peintre, François Boucher commence son apprentissage auprès de son père puis du peintre d’histoire François Lemoyne, avant d’entrer chez un graveur. Il y est remarqué par un collectionneur qui lui commande la reproduction d’œuvres de Watteau. Il remporte le grand prix de l’Académie royale en 1723 et séjourne en Italie de 1727 à 1731. À son retour, il est agréé par l’Académie, puis reçu en 1734. Commence alors une glorieuse carrière officielle : professeur puis directeur de l’Académie, inspecteur à la Manufacture des Gobelins et Premier peintre du roi Louis XV (1765). Artiste à la mode, il obtient la faveur de Madame de Pompadour, dont il fait le portrait à plusieurs reprises, et travaille pour de hauts personnages de la cour. Il fournit de nombreux cartons de tapisserie aux Manufactures de Beauvais et des Gobelins ainsi que des modèles aux Manufactures de porcelaine de Vincennes et de Sèvres. Il réalise également des décors pour le théâtre et l’opéra. Si son style précieux et sensuel passe de mode à partir de 1760, Boucher garde une activité soutenue jusqu’à sa mort. Arrière-petit-fils de Louis XIV, Louis XV, né le 15 février 1710, devient donc roi à l’âge de 5 ans. S’ouvre alors une période de Régence jusqu’en 1723, pendant laquelle le pouvoir est délégué à son cousin Philippe, duc d’Orléans. Tandis que la France aspire à plus de liberté et de joie de vivre, le Régent mène des réformes novatrices sur le plan des finances et du système gouvernemental. Il prend le contrepied de la politique religieuse de Louis XIV et conclut des alliances favorisant la paix. Il contribue également à la libération des idées, annonçant la philosophie des Lumières. La personnalité frivole de Philippe d’Orléans conduit à un relâchement des mœurs au sein de la cour, rapidement gagnée par la gaieté, la légèreté, voire la licence. La Régence est également un temps de nouveauté pour les arts. Le duc d’Orléans lui-même peint, grave et compose deux opéras. Dans un contexte général de hardiesse et de fantaisie, le goût évolue peu à peu vers un style plus léger et plus naturel que le classicisme Louis Quatorzien, volontiers grandiose et froid. Les intérieurs aristocratiques présentent des salons chaleureux aux décors gracieux et raffinés. Le style rocaille apparait, avant de s’affirmer pleinement sous le règne de Louis XV. Antoine Watteau (Valenciennes, 1684 – Nogent-sur-Marne, 1721) Antoine Watteau commence son apprentissage vers l’âge de dix ans chez Jacques-Albert Gérin, peintre de Valenciennes, auteur de tableaux d’églises dans le goût flamand. Il s’installe à Paris en 1702 et travaille d’abord chez un fabricant de peintures où il copie des images religieuses et tableaux de genre. Il se lie rapidement d’amitié avec le peintre Claude Gillot et entre dans son atelier. Il n’y reste que peu de temps, mais c’est probablement au contact de Gillot que Watteau développe son goût pour les fantaisies galantes qui feront plus tard sa réputation. Il travaille ensuite auprès du peintre Claude III Audran, également conservateur du Palais du Luxembourg. C’est l’occasion pour Watteau d’admirer les grandes compositions de Rubens dans la galerie des Médicis et d’observer les élégants en promenade dans le jardin. Après son échec au grand prix de l’Académie royale en 1709, il retourne quelques temps à Valenciennes, où il réalise principalement des scènes militaires. C’est à son retour à Paris, en 1712, que le succès arrive avec de nombreuses commandes de scènes galantes de la part de collectionneurs. Parmi eux, Pierre Crozat lui ouvre les portes de son hôtel particulier renfermant une importante collection de peinture vénitienne incluant des œuvres de Titien et Véronèse. La même année, il est agréé par l’Académie. Il présentera son tableau de réception cinq ans plus tard, le célèbre Pèlerinage à l’île de Cythère (1717, musée du Louvre). En 1719, malade, il entreprend un voyage à Londres pour consulter de docteur Mead, médecin et collectionneur. Son travail y est très apprécié. De retour en France, il peint son dernier chef-d’œuvre, L’Enseigne de Gersaint, destiné à servir d’enseigne à la boutique de son ami marchand de tableaux (1720, Berlin, château de Charlottenburg). Il s’éteint en pleine gloire en 1721, à l’âge de 36 ans. François Boucher, Jeune homme assis à terre, sanguine et lavis de sanguine, Paris, musée du Louvre 12 13 parcours de l’exposition Salle d’introduction « Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés ». La chanson sonne encore à nos oreilles. Elle aurait été créée en 1753, pour les enfants, par Madame de Pompadour. En fait, il semble que la marquise se soit contentée d’adapter un texte plus ancien qui évoquait l’interdiction aux prostituées d’exercer dans les bois et les invitait à commercer dans des cabanes signalées par un rameau de laurier. La favorite de Louis XV le savait-elle ? Avait-elle joué d’un double langage ? La question demeure. Après les dernières années du règne de Louis XIV, marquées par la dévotion et l’austérité, la Régence libère les idées et les mœurs. Ce fut une époque de hardiesse et de fantaisie, et pour les arts un temps de nouveauté. Le 28 août 1717, Antoine Watteau entrait à l’Académie royale de peinture et de sculpture grâce à son tableau Le Pèlerinage à l’isle de Cythère. Le sujet avait été laissé à son libre choix. Les académiciens le désignèrent sous le titre de « feste galante ». Pour la première fois, le thème était officiellement reconnu. Il témoignait d’un besoin de liberté et faisait écho aux distractions de l’aristocratie et au répertoire contemporain du théâtre, de l’opéra et du ballet. Le sujet s’imposa rapidement et se diffusa à travers toute l’Europe, l’estampe et la circulation des œuvres aidant amplement à son succès. Popularisée par Watteau et ses suiveurs, la fête galante clamait la joie de vivre, l’alchimie des sentiments, le besoin de paraître. Elle conduisit d’autres maîtres à en proposer des variations, pastorales chez François Boucher, idylliques chez Jean-Baptiste Oudry, exubérantes chez Fragonard, vertueuses et laborieuses chez Louis-Joseph Watteau de Lille. Elle fournit également aux manufactures de porcelaine, de faïence et de tapisserie un exceptionnel répertoire de sujets. Hors de France, nombreux furent ceux à s’emparer du thème et à le décliner. De Suisse en Suède, d’Italie en Espagne, des Provinces Unies en terres de langue allemande, ces sujets étaient à la mode. Maîtres et artisans s’appliquèrent à répondre à la demande, en plagiant les modèles français, en les adaptant ou en les renouvelant au gré de leur propre sensibilité et de celle de leurs clients. Mais Antoine Watteau n’était plus là pour mesurer combien son art avait conquis ses contemporains. L’exposition La salle d’introduction est conçue comme une bulle évoquant une clairière, animée de silhouettes en ombres chinoises, vêtues à la mode du 18e siècle. Les visiteurs y sont accueillis sur l’air de la chanson Nous n’irons plus au bois, interprétée par le public du Louvre-Lens pendant les Journées européennes du patrimoine 2015. Salle 1 Sujets de convivialité et d’amour. Antécédents nordiques et français Les représentations des divertissements en plein air de la haute société se multiplient en Flandre, en Hollande et en France dès la première moitié du 17e siècle. Ces compositions étaient alors appelées « Conversations » ou « Assemblées ». Le thème développé est celui de la cour amoureuse que favorisent la musique et une nature harmonieuse. Les codes de sociabilité sont ceux qui régissent les élites – l’aristocratie et la haute bourgeoisie – et que résume le terme de « galanterie », un idéal de comportement social suivi dans l’Europe entière. Le « galant » homme est, au 17e siècle comme au siècle suivant, celui qui sait plaire en société par l’élégance de son allure, la politesse raffinée de ses manières et sa finesse d’esprit. Avec les images idéalisées de la vie paysanne, kermesses, foires, contrats << Antoine Watteau, Pèlerinage à l’île de Cythère (détail), 1717, huile sur toile, Paris, musée du Louvre 14 15 s’étaient fait une spécialité, François Boucher compose à partir des années 1730 une Arcadie rurale où la jeunesse se veut insouciante et enjouée. Écho populaire à la vision aristocratique et théâtrale de Watteau et de ses suiveurs, les sujets de Boucher connurent un immense succès. En 1737-1738, pour l’hôtel Soubise à Paris, l’artiste s’exerça à une variante des sujets champêtres. Il créait alors un thème nouveau, celui de la Pastorale. Toujours rurale, la scène réunissait des bergers et des bergères qui paraissaient vêtus comme des seigneurs et semblaient insensibles aux dures conditions de la vie à la campagne. L’échange entre les pasteurs et leurs compagnes se voulait galant mais n’était pas toujours sans équivoque. Il appelait clairement à des sous-entendus à caractère sexuel. Boucher rendait alors hommage au genre littéraire de la poésie bucolique et des héros sentimentaux du théâtre de la foire, en particulier à ceux de son ami Charles-Simon Favart. À l’exemple du maître, de nombreux autres artistes illustrèrent la thématique. À la demande du Dauphin, fils de Louis XV, Jean-Baptiste Oudry imagina même une campagne heureuse et productive qui témoignait des effets du bon gouvernement (La France ou L’Agriculture, 1750, Paris, musée du Louvre). de mariage et noces villageoises, autres thématiques affectionnées par les peintres nordiques, les sujets de divertissements mondains constituèrent une source d’inspiration pour les artistes français du 18e siècle. Rubens ou Téniers furent particulièrement recherchés par les amateurs. Exposées dans leurs cabinets et abondamment reproduites par l’estampe, leurs œuvres furent alors aisément accessibles et contribuèrent à nourrir en France l’art des maîtres de la Fête galante et de la Pastorale. Salle 2 Watteau et la fête galante Peint en 1717, Le Pèlerinage à Cythère illustre un thème pictural auquel Watteau et d’autres maîtres s’étaient déjà livrés, mais qui n’avait jamais été jusqu’alors le sujet d’un morceau de réception pour entrer à l’Académie royale. Probablement conçue comme un tableau d’histoire moderne, et non pas seulement comme l’illustration d’une pratique sociale, l’œuvre refuse l’anecdote, non seulement en usant de l’allégorie et du symbole comme le faisaient les peintres d’histoire, mais en magnifiant aussi les relations amoureuses et en jouant de la modernité des habits et de l’intemporalité du lieu. Admirablement maîtrisée par Watteau, grâce à l’étude attentive de la réalité par le dessin, cette science dans la description des attitudes et des regards du sentiment amoureux demeura inégalée. S’ils popularisèrent la fête galante en multipliant les œuvres, Pater, Lancret, Bonaventure de Bar ou bien encore Quillard contribuèrent à faire glisser le thème vers la peinture de genre, en faisant un sujet de vie quotidienne. La fête galante associa presque systématiquement le paysage, souvent de fantaisie, les costumes à la moderne, les activités de personnes distinguées étrangères au labeur, et les joies du sentiment amoureux ou les inconstances et les chagrins du cœur. Salle 3 Dans cette salle de l’exposition, un dispositif audiovisuel diffuse des extraits de théâtre et d’opéra du 18e siècle. L’amour à la campagne. Pastorales et sujets rustiques Influencé par Watteau, par son expérience du paysage italien, par le goût de la clientèle pour la veine rustique naturaliste dont les maîtres nordiques Fragonard contre Rousseau Loin de s’émousser avec les décennies, l’intérêt pour les sujets galants et pastoraux conduisit la clientèle à les demander aux artistes pratiquement jusqu’à la fin du 18e siècle. Formé par Boucher, Jean-Honoré Fragonard s’illustra rapidement dans la thématique, mais avec plus de fougue, de spontanéité et de lyrisme dans sa description du sentiment amoureux. Exécutée en 1767, la toile illustrant les hasards heureux de l’escarpolette (ici figurée par la gravure) en constitue un exemple délicieusement licencieux. Avec les années et l’évolution du goût, l’exubérance de Fragonard sembla quelque peu dépassée. L’amour de l’antique invitait la fête galante et la pastorale à évoluer vers plus de noblesse. Sous l’influence des textes de JeanJacques Rousseau et des travaux des physiocrates, savants théoriciens, qui, dans le respect des lois naturelles donnaient la prépondérance à l’agriculture, le monde rural fut perçu d’une manière moins idéalisée et artificielle. Aux bergers et bergères amoureux et enrubannés, les artistes préférèrent le paysan décrit dans le labeur productif et utile à la nation. Monde simple, libre et vertueux, les campagnes invitèrent à une douceur de vivre qui ne résultait plus de la chimie des sentiments, mais des bienfaits de l’agriculture et des joies simples de la vie rustique. Le cœur en scène Située dans les îles Ioniennes, Cythère s’imposait dans les esprits cultivés des contemporains de Watteau comme le lieu idyllique des plaisirs et de l’amour depuis que, tout juste sortie de l’écume de la mer, Vénus y avait été conduite par les Zéphyrs, petits amours ailés. Entre 1710 et 1715, donc dans les années qui précédèrent l’exécution du tableau de Watteau, les scènes de l’Opéra, du Palais-Royal ou des foires parisiennes accordèrent une place de choix au thème. En 1713 au Palais-Royal avec Les Amours déguisés mis en musique par Bourgeois, et à la foire SaintLaurent avec Les Pèlerins de Cythère en 1714, à l’Opéra avec le prologue d’Arion sur une partition de Matho, la Cythère imaginée par Fuzelier, auteur du livret, accueillait les amants et abritait l’infidélité conjugale et la passade. Données dans les mêmes années lors des foires Saint-Laurent et Saint-Germain, ainsi qu’à l’Opéra, Les Pèlerins de Cythère de Letellier, Les Amours de Cythère de Charpentier, Les Fêtes de l’Été de Pellegrin purent également inspirer Watteau. De Dancourt à Marivaux, de Beaumarchais à Mozart, le sentiment amoureux, la double inconstance, le jeu de l’amour et du hasard, les errances du cœur avaient fourni des modèles aux peintres qui avaient à leur tour inspiré les créations des poètes, des écrivains et des musiciens. Salle 4 Salle 5 Salle 6 À la conquête des arts décoratifs En 1744, le marchand Edme-François Gersaint soulignait combien rien n’était plus propre à former le goût que les estampes. Elles permettaient de connaître les tableaux. Quand on voulait les examiner avec attention, elles faisaient facilement découvrir le style de chaque école et de chaque maître. Aussi furent-elles particulièrement recherchées des artistes et des artisans et elles formèrent un précieux répertoire de modèles. Dans toute l’Europe, porcelaines, faïences, tapisseries, tabatières, objets de luxe ou du quotidien, aidèrent par leurs décors à populariser la fête galante, la pastorale et la scène rustique. Amoureux fabriqués à Meissen, bergères produites à Chelsea, petits sujets de table ou pièces de vaisselle, les modèles furent innombrables et leurs décors permirent à d’autres d’y trouver l’inspiration de leurs propres sujets. Les moins talentueux se contentèrent de reproduire avec plus ou moins de bonheur les images dont ils disposaient. Les plus habiles s’en inspirèrent et réinterprétèrent les thèmes à leur manière. 16 17 Salle 7 Lorsque l’Europe chantait à l’unisson l’amour et la fête Portés par la France, les sujets de fêtes galantes, de pastorales et de scènes rustiques connurent un immense succès en Europe. De nombreux collectionneurs, souverains ou amateurs fortunés, recherchaient les œuvres des maîtres les plus célèbres, Watteau, Pater, Lancret ou bien encore Boucher. La renommée de ces derniers était telle que certains étrangers n’hésitèrent pas à leur passer directement commande, firent appel à leurs élèves ou à leurs suiveurs, ou bien encore sollicitèrent des peintres afin d’obtenir des copies de leurs œuvres. Particulièrement florissant, le marché de l’estampe aida aussi à considérablement populariser leurs créations et les rendit accessibles au plus grand nombre. En fonction du goût des commanditaires, en fonction également de la localisation en Europe, les artistes rendirent hommage aux créations parisiennes ou se tournèrent vers les exemples nordiques, David Téniers disputant à Watteau le talent des sujets champêtres et galants. L’Europe de la fête galante et de la pastorale fut, naturellement, celle des sensibilités diverses. Tout arbitraire qu’il soit, le choix d’œuvres réunies à l’occasion de l’exposition n’a pour autre but que de le souligner. Thomas Gainsborough, Conversation dans un parc, vers 1746-1747, huile sur toile, Paris, musée du Louvre FOCUS SUR QUELQUES CHEFS-D’ŒUVRE Hieronymus Janssens (Anvers, 1624 - Anvers, 1693) Le Jeu de la main chaude. Vers 1665-1670 Huile sur toile H. 0,58 m ; L. 0,83 m Paris, musée du Louvre Surnommé « le Danseur » pour ses nombreux tableaux de bal, l’Anversois Hieronymus Janssens se spécialisa dans la peinture des loisirs de la haute société. Caractéristique de son abondante et répétitive production, cette élégante composition doit beaucoup au Jardin d’amour de Rubens : devant un portique italianisant, une assemblée somptueusement vêtue et coiffée à la dernière mode (ce qui permet de la situer vers 1665-1670, par comparaison avec d’autres tableaux signés de l’artiste) converse galamment au son du luth, sous les figures tutélaires de Vénus et de l’amour. Mais le ton est ici moins à la rêverie poétique qu’au divertissement mondain, autour de la table de tric-trac ou du jeu de la main chaude. Le visage enfoui dans un mouchoir, la tête sur les genoux de son « confesseur », l’un des participants présente une main derrière le dos, la paume vers l’extérieur, tandis que les autres joueurs le frappent à tour de rôle jusqu’à ce qu’il devine le nom de son assaillant. Janssens représenta à maintes reprises le « frappe-main » (une variante de notre composition est conservée aux musées royaux des Beaux-Arts de Belgique), initiant le retour aux origines médiévales et aristocratiques de ce jeu que ses contemporains préféraient représenter dans un contexte populaire. Il sera suivi dans cette voie par les artistes français du siècle suivant, tels Watteau et Fragonard, qui ont peut-être admiré dans les collections royales ce tableau aux tonalités délicates et à la touche vaporeuse. Olivia Savatier 18 19 Antoine Watteau (Valenciennes, 1684 - Nogent-sur-Seine, 1721) Pèlerinage à l’île de Cythère. 1717 Huile sur toile H. 1,29 m ; L. 1,94 m Paris, musée du Louvre Le 30 juillet 1712, Watteau se présenta à l’Académie royale de peinture et de sculpture afin de montrer plusieurs de ses ouvrages et d’être ainsi agréé. Après avoir voté, la Compagnie considéra que l’artiste avait fait ses preuves. Dans un premier temps, il fut décidé que le directeur de l’Académie, Van Clève, donnerait le sujet du morceau de réception. Puis, rapidement, on pensa qu’il était plus approprié de laisser à Watteau le choix de traiter le thème qui lui plairait. Le 28 août 1717, Antoine Watteau apportait enfin le tableau lui permettant d’être reçu au sein de la prestigieuse compagnie. Ce jour-là, sur le registre de l’Académie, l’œuvre était désignée comme Le pèlerinage à l’isle de Cithère. Peu de temps après, ce titre était biffé au profit de celui de Feste galante. Exposée au palais du Louvre, la toile était inventoriée par Chardin en 1775 sous le titre Un embarquement pour Cithère. Pour Watteau, le sujet était familier. Il l’avait déjà illustré, au moins à deux reprises, dès 1709-1710. Le jeune peintre ne faisait d’ailleurs pas là acte de grande originalité. Non seulement Bernard Picart en avait auparavant donné une image dont l’estampe de Duflos avait aidé à la diffusion, mais la littérature et le théâtre s’étaient emparés du thème et l’avaient mis furieusement à la mode. Située à l’extrême sud des îles Ioniennes, Cythère s’imposait dans les esprits cultivés en lieu idyllique des plaisirs et de l’amour depuis que, tout juste sortie de l’écume de la mer, Vénus y avait été conduite par les Zéphyrs. Aussi, de nombreux auteurs en avaient-ils fait une destination de prédilection. En choisissant le pèlerinage pour sujet de son morceau de réception, Watteau faisait donc écho à une mode qui connut son apogée dans les années 1710-1716. Exercice contraint, le morceau de réception lui permit de suivre les règles tout en les transgressant. La toile emprunte son format à la peinture d’histoire et fait appel à plusieurs personnages de la mythologie : le terme de Vénus à droite, figure de pierre inanimée qui pourrait être seulement un élément du décor, mais aussi les nuées d’amours ailés, de chair et de sang, tout comme les deux nautoniers dénudés à l’aspect de divinités antiques conduisant la nacelle, et un Cupidon aux épaules couvertes d’une chemise et d’un mantelet de pèlerin. Ces êtres d’invention se mêlent à huit couples contemporains. C’est là toute l’originalité de la composition, hommage au monde du théâtre et de l’opéra qui, lui aussi, n’hésita pas à mêler la fable au réel en un curieux assortiment de costumes auquel Watteau ne demeura assurément pas insensible. Sans doute les académiciens en avaient-ils été surpris. Confrontés à une telle nouveauté picturale, appelés à la caractériser et surtout familiers du répertoire et de la littérature comme des idées nouvelles louant la vie champêtre et les jeux de la galanterie, loisir noble par excellence, ils avaient légitimement conclu qu’il s’agissait d’une « feste galante ». La toile en présentait toutes les caractéristiques. Six couples appartiennent à l’évidence à la classe des honnêtes gens. Avec élégance, ils sont vêtus d’atours qui évoquent soit la mode contemporaine, soit celle du théâtre. Le bourdon, la gourde ou le mantelet témoignent de leur condition de pèlerins. Situés au centre de la composition, deux autres couples portent des tenues plus populaires. Le délassement figuré n’est donc peut-être pas apanage de caste. Six de ces couples ont déjà pris le chemin de la nacelle, le septième s’apprête à en faire de même, le huitième est encore assis dans l’échange amoureux. Cupidon et Vénus ferment la farandole. Le divin gamin n’utilise pas ses flèches, soigneusement rangées dans le carquois sur lequel il est assis, mais il tire sur la jupe de la jeune femme et échange avec elle un regard, comme s’il la conviait à répondre à l’invitation du galant qui la presse à rejoindre la joyeuse cohorte. Gamme amoureuse décomposant le geste et donnant presque le sentiment que Watteau tourne autour d’un couple afin d’en multiplier les points de vue, ainsi qu’il le faisait aussi sur certains de ses dessins, la toile suggère trois temps dans l’évolution du sentiment amoureux, ceux de la persuasion, du consentement et de l’harmonie par l’union. Nul regret ne semble affecter les visages. Encore moins l’hésitation. Départ vers Cythère ou bien retour de Cythère, c’est là toute l’ambiguïté de la toile. On s’étonne que cela ait pu susciter autant d’interrogations. Avant ou après, la joie demeure. Avant 1829, Dominique Vivant Denon, homme du 18e siècle, se contentait de souligner au sujet du tableau que l’empire de l’Amour s’exerçait sur tous les caractères. La femme prude, la coquette et la sensible cédaient, chacune à sa manière, à l’entraînement général. Tout respirait l’amour, l’air en était empreint. C’est lui qui enflait les voiles des bâtiments qui allaient conduire les amants dans l’empire de ce despote destructeur. N’avait-il pas raison ? Demeurée dans les collections de l’Académie royale de peinture et de sculpture, cette œuvre intégra le musée du Louvre en 1793. À l’exception du prêt pour la rétrospective « Antoine Watteau » à Paris au Grand Palais en 1985, ce tableau n’avait jamais quitté le Louvre avant l’exposition au Louvre-Lens. Xavier Salmon 20 21 Pierre Antoine Quillard (Paris, 1700 - Lisbonne, 1733) Fête campagnarde. Vers 1725 Huile sur toile H. 0,47 m. ; L. 0,56 m Salzbourg, Residenzgalerie « Comme Bonaventure de Bar et Philippe Mercier, avec plus de talent qu’eux cependant, il a cherché souvent son inspiration dans un souvenir, une réminiscence, un souffle du grand Watteau ». C’est en ces termes que Jean Guiffrey concluait en 1929 l’article qu’il avait dédié dans la Gazette des Beaux-arts à Pierre-Antoine Quillard. Bien que la carrière de Quillard ait été fort brève, l’artiste semble avoir bénéficié d’une certaine renommée de son vivant. À deux reprises, en 1723 et 1724, il avait obtenu le second prix au concours du prix de Rome. Même s’il avait dû s’effacer devant Boucher, puis Carle Vanloo, Quillard manifestait alors déjà beaucoup de qualités. Peut-être les avait-il développées auprès de Watteau, dans l’atelier duquel il semble être passé vers 1712-1715, copiant alors les dessins et les tableaux du maître. En 1726, il accompagnait au Portugal le médecin suisse Charles Frederick Merveilleux afin de lui donner les dessins destinés à illustrer l’ouvrage que celui-ci avait décidé de dédier à l’histoire naturelle du pays. Très vite il se fit de nouveau remarquer et fut nommé peintre officiel du roi Jean V en 1727. Pendant les six années qui suivirent, jusqu’à son décès, l’artiste continua à peindre les sujets de fêtes galantes et de pastorales qui l’avaient fait connaître, mais il fut aussi sollicité pour des portraits officiels, des plafonds, des retables, l’ornementation de carrosses et des dessins destinés à être gravés, en particulier pour certaines pompes funèbres. Tout au long du 18e siècle, ses œuvres furent recherchées par les amateurs. Elles apparaissent dans de nombreux catalogues de vente, qui les désignent alors comme des amusements ou des bambochades champêtres, des paysages agréables dont on loue la jolie couleur, l’effet piquant, le pinceau léger, la touche spirituelle, l’assez bonne couleur et les compositions pleines de variété. On souligne parfois que tel tableau « tient au reflet et à la couleur de Watteau », ou bien encore que l’œuvre « peut entrer en parallèle avec les plus beaux ouvrages de Watteau ». Certains sujets lui sont d’ailleurs directement empruntés, à l’exemple du Débarquement dans l’Isle de Cythère. Cependant Quillard ne doit pas être reconnu uniquement comme un suiveur servile. Il se distingue par le type de ses figures, allongées, aux visages poupins ou aux traits aigus qui peuvent être reprises d’une composition à l’autre. Souvent les personnages forment des groupes, s’adossant les uns aux autres, constituant des petites îles humaines. Ils peuvent avoir la raideur d’une poupée ou l’agitation d’un acteur de la Commedia dell’Arte. Ils prennent place dans des paysages où les arbres se tordent et se penchent et où la lumière aime à jouer des contrastes comme si elle filtrait au travers des frondaisons par un jour de grand soleil. Donnant avec les années une gamme plus blonde à sa peinture et, conférant à ses figures des silhouettes plus épanouies, le tableau de Salzbourg en témoigne parfaitement, Quillard sut à la fois préserver l’esprit de Watteau et de Lancret tout en regardant la peinture nordique, tout particulièrement celle des tavernes et des danses populaires de Téniers le jeune. Il leur emprunte cette atmosphère festive et paysanne où se mélangent les classes sociales, les âges, les caractères et les tempéraments. Il en illustre aussi les débordements, mais en convoquant toujours la musique, la danse et le théâtre, comme si Watteau était toujours demeuré vivant dans ses pensées. Xavier Salmon François Boucher (Paris, 1703 - Paris, 1770) Le Pasteur complaisant. Vers 1738 Huile sur toile H. 1,42 m ; L. 1,89 m Paris, Archives Nationales, Hôtel de Soubise Après le décès de sa première épouse, Hercule-Mériadec de Rohan se remaria en 1732, à l’âge de soixante ans, avec la jeune Marie Sophie de Courcillon, âgée de dix-neuf ans. Afin de plaire à sa nouvelle épouse, le duc souhaita transformer à partir de 1735 les appartements qu’ils occupaient à l’hôtel de Soubise. Le chantier permit de faire appel aux meilleurs artistes, tels que Pierre Charles Trémolières, Carle Vanloo, Charles Joseph Natoire et François Boucher. Pour l’essentiel, les tableaux avaient pours sujets des divinités, l’histoire de Psyché ou des allégories. Seuls Trémolières et Boucher avaient été invités à peindre des toiles n’illustrant pas le grand genre. Pour la salle d’audience de l’appartement du prince, Boucher réalisa trois tapisseries illustrant des scènes de vie à la campagne et deux dessus-de-porte aux sujets nouveaux. Dans ces deux toiles, Le Pasteur galant et Le Pasteur complaisant, Alastair Laing a en effet reconnu en 1986 les tout premiers exemples conservés de Pastorales, soit des épisodes idéalisés de la vie sentimentale des bergers et des bergères. En 1753, l’abbé Jean-Bernard Le Blanc désignait clairement Boucher comme le créateur du genre. L’artiste avait trouvé une grande part de son inspiration dans le répertoire de la poésie, du théâtre et de l’opéra comique. Paru de 1607 à 1627, L’Astrée d’Honoré d’Urfé connaissait encore un immense succès cent ans après. Les églogues de Bernard de Fontenelle (1688) leur disputaient cet engouement. Jean-Baptiste Rousseau, Piron, Gresset ou Favart se livraient au genre avec le même accueil enthousiaste de la part d’un public toujours enclin à goûter les idylles de la pastorale. Boucher connaissait certains de ces auteurs. Avec leurs bergers, soigneusement vêtus de soie et de velours, qui cherchent à obtenir le consentement de leurs belles par quelque guirlande de fleurs fraîchement coupées ou un oiseau capturé, les deux tableaux de l’hôtel de Soubise illustraient par l’image ce que la poésie donnait à voir par les mots et ce que le théâtre invitait à connaître le temps d’une représentation. Xavier Salmon 22 23 Jean-Baptiste Oudry (Paris, 1686 - Paris, 1755) L’Odorat. 1749 Huile sur toile H. 1,443 m ; L. 0,66 m Jean-Baptiste Oudry (Paris, 1686 - Beauvais, 1755) La France ou L’Agriculture. 1750 Huile sur toile H. 1,30 m ; L. 2,12 m Paris, musée du Louvre Le 17 juin 1751, Oudry rédigeait le mémoire nécessaire au paiement du tableau : « Livré pour Monseigneur le Dauphin un tableau de 6 pieds et demi de long sur 4 pieds de haut représentant à un costé du tableau une ferme, une grange à costé, une charrette attelée de deux chevaux pleine de foin, deux hommes qui le sert [serrent] dans laditte grande [grange] ; devant la ferme une femme qui file, une autre avec un enfant, un homme qui dort ; à l’autre costé dudit tableau, une femme qui tire de l’eau. Sur le devant dudit tableau, une mare, sur le bord de laquelle il y a un chien qui tient un canard, des cannes avec leurs petits qui s’enfuyent dans la mare et, à l’autre bord, des vaches, des chèvres et des moutons. Sur le second plan un laboureur avec sa charüe, un autre qui sème derrière, un berger avec son troupeau, une rivière, un pont et un lointain considérable. C’est ainsy que Monseigneur le Dauphin l’a dicté audit sieur Oudry, et en a fait faire l’esquisse devant luy. Ce tableau est des plus fins ; il a tenu à faire plus de quatre mois audit sieur Oudry, sans l’esquisse, les voyages et le temps perdu. » Le document est d’importance car il témoigne combien le prince avait été directif dans le choix de l’iconographie. Il ne s’agissait pas alors de plaire uniquement à l’œil, mais de rendre hommage à la vie rustique et aux bienfaits de l’agriculture. En offrant au pays un temps de paix par un gouvernement sage, le souverain permettait à ses sujets d’exploiter dans la quiétude la terre nourricière et favorisait par conséquent la félicité des peuples. Illustration picturale du travail bénéfique, la toile qui fut nommée au 18e siècle sous les titres de La France ou de L’Agriculture, entendait délivrer un message bien différent de celui des aimables pastorales de Boucher. Xavier Salmon Tout comme son époux Louis XV, et avec la complicité de la direction des Bâtiments du Roi, Marie Leszczyńska aima à introduire des sujets de pastorales dans le décor de ses appartements privés. Souvent inscrits dans de lumineux paysages, ces sujets venaient égayer de petites pièces où la souveraine aimait à s’isoler d’une vie de cour trop contraignante. Ainsi, après des artistes tels que Lancret, Boucher ou Natoire, Jean-Baptiste Oudry fut-il sollicité en 1749 afin de peindre cinq tableaux pour le petit cabinet de la reine au château de Versailles. Dans ce cycle illustrant les cinq sens, chacune des toiles accordait une place de choix à un grand ciel lumineux et donnait aux personnages des dimensions plus réduites. Dans l’exposition, les allégories de l’Odorat et de l’Ouïe développent la thématique de l’offrande des fleurs et celle de la danse et de la musique. Ces plaisirs où la galanterie le disputait aux joies simples de la vie avaient assurément su plaire à la souveraine. Xavier Salmon 24 25 Louis Watteau (Valenciennes, 1731 - Lille, 1798) Le Midi ou Le Repos et le dîner des ouvriers travaillant aux foins. 1774 Huile sur toile H. 0,651 m ; L. 0,836 m Valenciennes, Musée des Beaux-Arts Manufacture de porcelaine de Vincennes L’Agréable leçon. 1752 Porcelaine tendre H. 23 ; L. 24,5 ; Pr. 15 cm Paris, musée du Louvre Cette œuvre témoigne parfaitement de la diffusion de la pastorale et des sujets champêtres dans tous les grands centres artistiques régionaux. Recherchés à Paris par les amateurs, ces sujets l’étaient tout autant dans le nord de la France où ils assurèrent le succès de Louis Watteau, neveu d’Antoine Watteau, qui s’en était fait une spécialité. L’allégorie du Midi célèbre une paysannerie heureuse et laborieuse dont les vertus furent particulièrement soulignées à partir des années 1750. Par sa volonté de vraisemblance et son souci du détail juste, elle se distingue de la fiction théâtrale et amoureuse longtemps proposée par François Boucher. Après une formation à l’Académie royale de peinture et de sculpture à Paris au début des années 1750, l’artiste s’était établi comme peintre en 1756 dans sa cité natale, à Valenciennes. Cependant c’est à Lille, à partir de 1765, que ses œuvres avaient été surtout recherchées. Grâce aux commandes du banquier et négociant de dentelles Charles Lenglart, grand amateur de peintures nordiques, grâce aussi à sa position officielle d’adjoint à professeur à l’école de dessin de Lille de 1771 à 1778, puis comme professeur, grâce enfin aux Salons de sa ville d’adoption où il exposa à partir de 1773, Louis Watteau parvint rapidement à se faire connaître. Sollicité par les communautés religieuses pour peindre quelques grands sujets religieux non dépourvus de maladresse, l’artiste fut avant tout recherché par la clientèle des notables de sa région pour ses divertissements militaires, ses bivouacs et ses haltes d’auberge où les danses et les beuveries étaient encouragées par la présence féminine, et pour ses sujets paysans décrivant des campagnes marquées par la joie de vivre et les bonheurs simples. D’inspiration française et de coloris flamands, les tableaux faisaient écho sans volonté moralisatrice aux œuvres de David Téniers le jeune dont le succès ne connaissait aucune éclipse et se propageait à l’aide de l’estampe. Xavier Salmon Au Salon de 1748, Boucher expose un tableau intitulé Un Berger qui montre à jouer de la flûte à sa Bergère. La peinture illustre une scène des Vendanges de Tempé, pantomime qui connut un grand succès en 1745. L’auteur en était le dramaturge Charles Simon Favart, directeur de l’Opéra Comique et ami de Boucher, qui conçut pour lui des costumes et des décors. L’histoire d’amour entre un petit berger (dont on ne connaît pas le nom) et Lisette sert de fondement au récit. Dans la cinquième scène, le berger montre à Lisette comment jouer de la flûte. Tandis qu’il tient son instrument, Lisette souffle dedans. Ce mélange de sentimentalisme et de symbolique érotique à peine voilée se retrouve dans nombre de pastorales de Boucher. Boucher livra des dessins à la manufacture de Vincennes à partir de la fin des années 1740. On peut supposer qu’il soumit un dessin d’après sa peinture aux sculpteurs de la manufacture, pour qu’ils le reproduisent. Ce groupe fut l’une des sculptures les plus populaires du 18e siècle. Madame de Pompadour en détenait plusieurs exemplaires et l’objet servit également de cadeau diplomatique. Selma Schwartz Manufacture de porcelaine de Chelsea La Leçon de musique. Vers 1765 Porcelaine tendre H. 38,9 ; L. 33,9 ; Pr. 22,3 cm Londres, Victoria and Albert Museum Gravée d’après la peinture de Boucher, l’estampe de L’Agréable leçon par René Gaillard (vers 1719 – 1790) fut commercialisée en 1758. Elle devint l’une des compositions les plus influentes de Boucher sur les arts décoratifs européens. Elle se retrouve peinte sur de la porcelaine (Sèvres, Chelsea, Copenhague), sous forme de petits groupes sculptés (Chelsea, Frankenthal, Lunéville), sur l’ornementation émaillée d’une montre ou encore comme motif sur un coton imprimé à Nantes à la manière de la toile de Jouy. La Leçon de musique est un chef-d’œuvre de sculpture en porcelaine de Chelsea, réalisé à l’époque où la manufacture est fortement influencée par la production de Sèvres. La pièce reste pourtant indéniablement britannique, avec sa base rococo sophistiquée, la peinture complexe des motifs sur les vêtements et le bocage typiquement anglais – un buisson d’aubépine en fleur – enveloppant les deux sujets. Le modèle en a été exécuté par le sculpteur Joseph Willems (vers 1715 – 1766), l’un des modeleurs, originaire de Bruxelles, qui travaillaient pour l’industrie de la porcelaine britannique. Il était également réputé en dehors de la manufacture, enseignant le dessin et la sculpture à Londres et exposant ses œuvres à la Society of Artists. Selma Schwartz 26 27 Norbert Grund (Prague, 1717 - Prague, 1767) La Balançoire Huile sur bois H. 0,272 m ; L. 0,220 m Prague, Galerie nationale Avec les décors de František Jakub Prokyš peints en 1756-1757 sur les murs du pavillon de Bellaria au château de Český Krumlov, l’œuvre de Norbert Grund est assurément le plus bel hommage qui ait été rendu au genre de la fête galante en Bohême. Grund a surtout travaillé le petit format, répondant en cela à la demande d’une clientèle essentiellement bourgeoise. Marqué par la guerre, le règne de Marie-Thérèse (17401780) fut pour la Bohême un temps de rupture artistique. Tandis que la noblesse se retirait sur ses terres, les classes moyennes se laissaient bercer par la mode et préféraient aux scènes religieuses de la Contre-Réforme, les sujets décrivant une société heureuse à l’atmosphère idyllique. Formé par son père Kristian, Norbert Grund poursuivit son apprentissage à Vienne à partir de 1737, où il fut particulièrement influencé par les paysages de Franz de Paula Ferg. Si ses biographes ont régulièrement évoqué un voyage dans le nord de l’Italie et en Allemagne, aucun document d’archives ne vient le confirmer. Peut-être Grund eut-il cependant le loisir de venir jusqu’à Wurtzbourg car son frère y travaillait comme harpiste. Le peintre y découvrit alors la peinture vénitienne par l’intermédiaire des décors et des toiles de Giambattista Tiepolo. De retour à Prague, il fut reçu en 1753 au sein de la corporation des peintres et ouvrit son propre atelier. Sa connaissance des œuvres des écoles européennes continua dès lors à se développer au sein des collections, en particulier la collection Nostitz. Toutes ces sources visuelles, ainsi que l’estampe, peuvent sans doute expliquer les influences dont témoigne l’œuvre de Norbert Grund. Ses scènes de port évoquent les modèles des védutistes vénitiens. Ses sujets de danse populaire rappellent les maîtres flamands. Ses paysages rendent hommage à ceux de Zaïs et de Zuccarelli. Ses petits tableaux figurant des galants et des élégantes abandonnés aux joies de l’escarpolette, aux plaisirs de la promenade et aux excitations de la musique ou de la boisson appartiennent au genre de la fête galante. Touchée du bout du pinceau en de merveilleux petits empâtements qui forment un visage, jouent avec les frondaisons, et donnent aux compositions un caractère ludique, chacune de ses œuvres appartient à un univers de rêve cristallin imprégné de poésie rococo. Contrairement à certains de ses contemporains, Norbert Grund ne se veut aucunement un plagieur. Il ne cherche ni à reprendre, ni à adapter pour son propre compte telle composition ou telle attitude gravée d’après Watteau, Pater, Lancret ou bien encore Boucher. Lyriques et souriantes, d’une luminosité vibrante, ses créations à l’écriture menue et libre sont marquées d’une originalité toute personnelle qui fut goûtée de la clientèle et conduisit le maître et ses imitateurs à multiplier les variantes. Xavier Salmon Francisco José de Goya y Lucientes (Fuendetodos, Saragosse, 1746 - Bordeaux, 1828) La Balançoire ou L’Escarpolette. 1779 Huile sur toile H. 2,60 m ; L. 1,65 m Madrid, Museo del Prado Lorsque Goya commença à peindre à Madrid à partir de janvier 1775 les cartons qui devaient être tissés à la manufacture royale de tapisserie de Santa Barbara, fut-il influencé par les nombreux exemples français ? La question demeure aujourd’hui sans véritable réponse. Sur le chemin de Rome, au début de l’année 1770, l’artiste était passé par Perpignan, Narbonne, Montpellier, Nîmes, Marseille, Toulon et Antibes. À cette occasion, il lui avait été certainement possible de voir certaines œuvres figurant des fêtes galantes et des pastorales ou bien encore leurs reproductions gravées. À Madrid les sujets populaires peints par David Téniers et par Lorenzo Tiepolo, comme ceux exécutés par Michel-Ange Houasse pour Philippe V pouvaient également avoir attiré son attention, tout comme les nombreuses estampes qui diffusaient en Europe les créations des maîtres français. Aussi lorsqu’il fut invité à peindre ses premiers cartons sur le thème des costumes et des divertissements proposé par Anton Raphaël Mengs avec l’accord du roi Charles III, la culture visuelle de Goya n’était-elle probablement pas vierge d’exemples français. Cette toile est un travail préparatoire à la série de tapisseries exécutées pour l’antichambre du prince des Asturies au Palais du Pardo, représentant des types folkloriques. Le premier carton de cette série reprenait le thème si français de la Balançoire. Peinte avec une grande liberté de facture qui renonçait totalement au dessin pour laisser triompher la couleur, la toile réunit trois majas veillant sur des enfants de l’aristocratie richement vêtus à la française. La joyeuse assemblée a quitté Madrid pour profiter des plaisirs simples de la campagne. La voiture attend à l’arrière-plan. À la mode, le sujet aurait pu n’être que l’illustration d’un divertissement innocent. Il a pourtant suscité quelques interprétations. En 1993, Janis Tomlinson y reconnaissait une allégorie des trois âges rappelant l’estampe de Dupuis gravée d’après le tableau de Watteau, L’Occupation selon l’âge. À chaque âge correspondait une activité et une attitude. Les enfants observaient les fleurs. La coquette en mouvement sur la corde manifestait sa joie d’adolescente en souriant. La maja d’âge mur veillait à ce que le plus jeune des bambins ne s’échappe pas et en contemplant les deux âges précédents témoignait du temps qui passe. Tomlinson soulignait aussi le caractère plus ambigu du regard échangé entre la maja de dos et les vachers situés à l’arrière-plan. Peut-être voulue par Goya, cette connotation érotique demeurait cependant discrète. Trop explicite elle n’aurait certainement pas répondu aux critères de bienséance de la commande royale. Xavier Salmon 28 29 liste des artistes liste des prêteurs ANGILLIS Pierre OUDRY Jean-Baptiste BAR (DE) Bonaventure BERCHEM Nicolaes BISON Giuseppe Bernardino BLOEMAERT Abraham BONNET Louis-Marin BOSSE Abraham BOUCHER François BRENTEL Friedrich PAGANO Michele PARROCEL Joseph PATER Jean-Baptiste PESNE Antoine PIERRE Jean-Baptiste Marie PLATZER Johann Georg PORTAIL Jacques-André CALLOT Jacques CAZES Pierre-Jacques CHANTEREAU Jérôme François CLOUWET Peter DIETRICH Christian Wilhelm Ernst FALENS (VAN) Carel FRAGONARD Jean-Honoré GAINSBOROUGH Thomas GAREMIJN Jan Antoon GOYA (DE) Francisco GRIMOU Alexis GRUND Norbert GUÉRIN Louis HILAIRE Jean-Baptiste HOndius Hendrick HOREMANS Peter Jacob HUET Jean-Baptiste JANNECK Franz Christoph JANSEN Johann Matthias JANSSENS Hieronymus QUILLARD Pierre-Antoine REMBRANDT (Rembrandt Harmenszoon van Rijn, dit) Sadeler Raphaël Scheyndel (van) Gillis SILVESTRE (DE) Nicolas Charles STEEN Jan TÉNIERS David TIETZ Ferdinand TRINQUESSE Louis Roland TROOST Cornelis VANLOO Jean-Baptiste VELDE (VAN DE) Esaïas (Gillis van Scheyndel, d’après) VIGÉE Louis VINCKBOONS David VOS (DE) Maarten (Raphaël Sadeler, d’après) KÄNDLER Johann Joachim WATTEAU Antoine WATTEAU Louis Joseph WILDENS Jan (Hendrick Hondius, d’après) WOUWERMAN Philips LANCRET Nicolas YPEREN (VAN) Jan Thomas Mercier Philippe MILLOT Henri MUTSCHELE Bonaventura Joseph (attribué à) ZAÏS Giuseppe ZUCCARELLI Francesco Allemagne Augsbourg, Städtische Kunstsammlungen, Barock-Galerie Berlin, Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Alte Pinakothek Munich, Städtische Galerie im Lenbachhaus Nuremberg, Germaniches Nationalmuseum Autriche Salzbourg, Residenzgalerie Espagne Madrid, Museo Nacional del Prado France Barly, collection Didier Cramoisan Bordeaux, Musée des Beaux-Arts Caen, Musée des Beaux-Arts Desvres, Musée de la céramique Douai, Musée de la Chartreuse Fontainebleau, Musée national du château Gravelines, Musée du dessin et de l’estampe originale Lille, Musée de l’Hospice Comtesse Lille, Palais des Beaux-Arts Paris, Archives nationales Paris, collection privée Paris, Comédie-Française Paris, École nationale supérieure des beaux-arts Paris, Fondation Custodia, collection Frits Lugt Paris, galerie Frederick Chanoit Paris, Musée Cognacq-Jay Paris, Musée du Louvre Paris, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris Rennes, Musée des Beaux-Arts Saint-Omer, Musée de l’hôtel Sandelin Sèvres, Cité de la Céramique - Sèvres et Limoges Valenciennes, Musée des Beaux-Arts Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon Pays-Bas Amsterdam, Rijksmuseum Leyde, Museum De Lakenhal Rotterdam, Museum Boymans Van Beuningen République Tchèque Český Krumlov, Château, Institut National du Patrimoine, Gestion des Sites Historiques Régionaux de České Budějovice Prague, Národni galerie Royaume-Uni Londres, Belvedere collection Londres, Victoria and Albert Museum Waddesdon, The Rothschild collection 30 31 Catalogue de l’exposition Autour de l’exposition au siècle de Madame de Pompadour Les sujets de fêtes galantes et pastorales ont été popularisés par Antoine Watteau puis François Boucher dans la première moitié du XVIIIe siècle. Ils connurent un immense succès jusqu’à la Révolution. D’abord adoptés par les peintres, ils se propagèrent rapidement, en particulier grâce à l’estampe et à d’autres disciplines, et se diffusèrent à travers toute l’Europe. Les arts décoratifs, avec notamment les manufactures de Sèvres, de Meissen, ou bien encore de Beauvais, s’emparèrent de ces thèmes et multiplièrent les figurines d’amoureux vêtus à la moderne, de galants de théâtre ou de bergers transis pour de jolies bergères. Depuis les sources jusqu’aux derniers développements, l’ouvrage retrace la fortune d’un genre délicat et séduisant, qui enchanta l’Europe du Siècle des lumières. Un hommage au goût français et au bonheur de vivre ! Sous la direction de Xavier Salmon, conservateur général du patrimoine Sommaire Avant-propos • « Dansez, embrassez qui vous voudrez », par Xavier Salmon Fêtes et plaisirs d’amour DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ au siècle de Madame de Pompadour Sujets de convivialité et d’amour. Antécédents nordiques et français • Scènes de convivialité et d’amour dans l’art flamand et hollandais : réflexions sur les sources des peintres de fêtes galantes, par Olivia Savatier € 39,00 louvrelens.fr silvanaeditoriale.it DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ Fêtes et plaisirs d’amour DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ Fêtes et plaisirs d’amour au siècle de Madame de Pompadour Dansez, embrassez qui vous voudrez Sous la direction de Xavier Salmon, commissaire de l’exposition DANSEZ COUV BAT.indd 1 13/11/15 09:19 Le temps de Watteau • Watteau et la fête galante, par Xavier Salmon Le cœur en scène • La fête galante dans le répertoire théâtral du 18e siècle, par Agathe Sanjuan • L’opéra et la fête galante, par Mathias Auclair • Sous l’habit du pèlerin, par Xavier Salmon Boucher et les amours à la campagne • L’amour à la campagne. Pastorales et sujets rustiques, par Xavier Salmon • Le « petit goût » en exemple, par Xavier Salmon Sentiments, félicité et harmonie • Redécouvrir le monde des campagnes, par Xavier Salmon À la conquête des arts décoratifs • De la fête galante aux amours pastorales : le langage international des gravures, par Selma Schwartz Lorsque l’Europe chantait à l’unisson l’amour et la fête • La France pour modèle, par Xavier Salmon Auteurs Mathias Auclair, Kateřina Cichrová, Stéphane Loire, Xavier Salmon, Agathe Sanjuan, Olivia Savatier Sjöholm, Selma Schwartz. Informations pratiques • Coéditeurs : Louvre-Lens / Silvana Editoriale • Format : 23 x 29 cm • 3 20 pages, 280 illustrations couleurs • Prix public : 39 € hors-série Hors-série du magazine L’Objet d’Art Coordination par Myriam Escard-Bugat • 48 pages • Prix public : 9 € << François Boucher, Le Nid ou Le Présent du berger (détail), huile sur toile, Paris, musée du Louvre 32 33 programmation culturelle Conférence Samedi 5 décembre à 17h Avant Watteau : sujets de convivialité et d’amour dans les Écoles du Nord Par Olivia Savatier, musée du Louvre. Banquet littéraire Vendredi 15 janvier à 18h30 et 20h Arlequin et la Commedia dell’Arte Par Didier Galas, en partenariat avec le chef lensois Jean-Claude Jeanson. Musique Samedi 5 décembre à 20h30 Concert de l’orchestre de Douai Concerto pour flûte et harpe de Mozart et Le Tombeau de Couperin de Ravel. Direction Philippe Bernold. Conférence + cinéma Jeudi 21 janvier à 18h Fêtes galantes et Pastorales, de Bohême en Vénétie Par Xavier Salmon, musée du Louvre. Suivie de la projection du film La Nuit de Varennes d’Ettore Scola (1982). Conférence Lundi 7 décembre à 18h Présentation de l’exposition Par Xavier Salmon, musée du Louvre. Projection Dimanche 24 janvier à 15h Les Noces de Figaro Projection de l’opéra filmé de Mozart d’après Beaumarchais, mis en scène à l’Opéra de Paris par Giorgio Strehler. Conférence + cinéma Mercredi 9 décembre à 18h À la rencontre d’une œuvre : Pèlerinage à l’île de Cythère de Watteau Par Florence Raymond, Palais des Beaux-Arts de Lille. Suivie de la projection du film Que la fête commence de Bertrand Tavernier (1975). Musique Samedi 12 décembre à 19h Conversations galantes et amusantes Musique du 18e siècle par les solistes du Concert d’Astrée (flûte, violon, violoncelle et clavecin). Théâtre musical jeune public Vendredi 18 décembre à 10h et 14h30 Samedi 19 décembre à 18h La Belle Escampette Deux voix et un violoncelle pour un spectacle poétique, à partir de 3 ans. Musique Dimanche 20 décembre à 11h, 14h30, 16h et 17h Opérabus : l’opéra au 18e siècle Dans le quartier de la Grande Résidence à Lens, opéra miniature dans un bus. Conférence Jeudi 7 janvier à 18h L’opéra au 18e siècle Par Mathias Auclair, Bibliothèque nationale de France. Conférence Samedi 9 janvier à 15h30 Watteau et l’histoire du goût au 18e siècle Par Guillaume Glorieux, université de Rennes. Danse Samedi 9 janvier à 19h Que ma joie demeure Par la compagnie Fêtes galantes / Béatrice Massin, sur les concertos brandebourgeois de Bach. Conférence Mercredi 27 janvier à 18h La mode au 18e siècle Par Pascale Gorguet-Ballesteros, Palais Galliera – musée de la mode de la Ville de Paris. Conférence Samedi 30 janvier à 15h30 La fête galante et sa diffusion par la gravure dans l’Europe du 18e siècle Par Gaëtane Maës, université de Lille III. Bal costumé Vendredi 5 février à 20h30 Les fastueuses fêtes galantes du 18e siècle ! Bal costumé animé par la compagnie Fêtes galantes / Béatrice Massin. Conférence Mercredi 24 février à 18h Le théâtre et la Comédie-Française au 18e siècle Par Agathe Sanjuan, bibliothèque-musée de la Comédie-Française. Théâtre Jeudi 25 février à 19h Le Petit Maître corrigé de Marivaux Lecture spatialisée dirigée par Clément Hervieu-Léger, sociétaire de la Comédie-Française. Conférence Samedi 27 février à 15h30 Watteau dessinateur, tout un monde en quelques traits Par Sophie Raux, université de Lille III. 34 35 Caisse d’Epargne Nord France Europe, grand mécène de l’exposition Partenaires La Caisse d’Epargne Nord France Europe, banque coopérative régionale de proximité, forte de ses 1,8 million de clients, 343 000 sociétaires et 2340 collaborateurs, est pleinement engagée dans le développement économique et culturel de la région Nord-Pas de Calais. Grand Mécène Bâtisseur du Louvre-Lens, la Caisse d’Epargne Nord France Europe accompagne, depuis son ouverture, le Louvre-Lens dans ses projets culturels d’envergure. Elle a fait le choix d’être mécène de l’exposition « Dansez, embrassez qui vous voudrez. Fêtes et plaisirs d’amour au siècle de Madame de Pompadour ». Rappelons que la Caisse d’Epargne Nord France Europe avait été mécène en 2013 de la première exposition internationale du Louvre-Lens, « L’Europe de Rubens » puis de l’exposition « 30 ans d’acquisitions en Nord-Pas de Calais. Carte blanche aux musées de la région » présentée du 28 mai 2014 au 1er juin 2015 dans le Pavillon de verre. La Caisse d’Epargne Nord France Europe est également mécène des réserves visitables du musée. La Caisse d’Epargne Nord France Europe, un grand mécène régional La Caisse d’Epargne Nord France Europe est partenaire officiel de lille3000 et, dans le cadre de Renaissance, elle est mécène de l’exposition « Joie de Vivre » au Palais des Beaux-Arts de Lille. La Caisse d’Epargne Nord France Europe soutient l’Orchestre National de Lille et s’investit au sein de l’association Arpège. Dans le domaine musical, elle accompagne également l’Orchestre de Douai, l’ensemble vocal de la Chapelle du Hainaut, Jazz en Nord et propose, au travers de son site « Esprit Musique », de nombreuses offres et concerts au public de la région. Dans la perspective de l’ouverture en 2016 du futur musée-atelier départemental du verre de Sars-Poteries, la Caisse d’Epargne Nord France Europe facilite, depuis plusieurs années, l’acquisition d’œuvres ou la réalisation de travaux par des publics en difficulté, fidèle à sa politique de soutien à la lutte contre la précarité, l’exclusion, le handicap et pour encourager l’insertion, qu’elle anime par le biais de sa fondation « Agir et Réussir ensemble». Contact presse : Gonzague Mannessiez T : +33 (0)3 20 66 67 19 / +33 (0)6 81 06 97 56 [email protected] le printemps lille, partenaire de l’exposition partenaires médias << Nicolas Lancret, Le Baisser de rideau, dit aussi Acteurs de la Comédie italienne ou Le Théâtre italien, huile sur bois, Paris, musée du Louvre 36 37 Les expositions partenaires dans le Nord-Pas de Calais EXPOSITION - ÉVÉNEMENT LE CHÂTEAU DE VERSAILLES E N 10 0 C H E F S - D ʼ Œ U V R E LE CHÂTEAU DE VERSAILLES EN 100 CHEFS-D’ŒUVRE Musée des Beaux-Arts d’Arras Jusqu’au 20.03.2016 Après le succès de « Roulez carrosses ! », le musée accueille à nouveau le château de Versailles. Pour cette exposition une centaine de chefs-d’œuvre des collections du château de Versailles, dont certains jamais encore prêtés, sont présentés à Arras. Les visiteurs découvrent des œuvres exécutées par les plus grands artistes du temps, dans les matériaux les plus précieux : le buste de Louis XIV de l’ancien Escalier des Ambassadeurs, les monumentales tapisseries des Gobelins, le bureau du grand Dauphin, la statue du bassin de Latone, ou encore les porcelaines de Marie-Antoinette. Rendez-vous à Versailles, à la découverte de l’excellence des métiers d’art français, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui. • Billet couplé avec l’exposition du Louvre-Lens : 10 €. RÊVERIES ITALIENNES Musée des Beaux-Arts de Valenciennes Jusqu’au 17.01.2016 L’exposition dans la ville natale de l’artiste étudie les emprunts qu’Antoine Watteau fit tout au long de sa carrière au modèle italien. Autour d’un ensemble prestigieux de peintures et de dessins du maître, des œuvres des 16e, 17e et 18e siècles montrent comment il puisa dans la culture artistique européenne pour créer des œuvres qui allaient ouvrir la voie à une nouvelle école de paysage. Dans le sillage de Watteau, Nicolas Vleughels, Charles Joseph Natoire, François Boucher et Hubert Robert se montrèrent en effet captivés par la douceur des sites italiens. À partir de ces rêveries italiennes, l’exposition explore un modèle artistique qui mena à l’éclosion du Romantisme. • Billet couplé avec l’exposition du Louvre-Lens : 11 €. Nicolas de Launay d’après Jean-Honoré Fragonard, Les Hasards heureux de l’escarpolette, 1782, eau forte et burin, Paris, musée du Louvre >> Informations générales 38 39 Informations pratiques Contacts presse Dates de l’exposition 5 décembre 2015 – 29 février 2016 Presse nationale et internationale Claudine Colin Communication Diane Junqua T : +33 (0)1 42 72 60 01 / +33 (0)6 45 03 16 89 [email protected] Horaires d’ouverture Tous les jours de 10h à 18h, fermé le mardi, le 25 décembre et le 1er janvier. Nocturne exceptionnelle jusqu’à minuit le samedi 5 décembre. Presse régionale et belge Musée du Louvre-Lens Bruno Cappelle T : +33 (0)3 21 18 62 13 [email protected] Tarifs de l’exposition (grille tarifaire 2016) • Tarif plein : 10 €. • Tarif jeunes (18-25 ans) : 5 €. • Gratuit pour les moins de 18 ans et les demandeurs d’emploi (liste complète des exonérations sur www.louvrelens.fr). • Gratuité exceptionnelle pour tous les 5 et 6 décembre. Pour accompagner la découverte • Visite guidée tous les mercredis, jeudis, vendredis à 14h30 ; le samedi à 12h et 15h30 ; le dimanche à 12h et 14h30. Durée : 1h. Tarifs : 6 / 4 €. • Repérage tous les lundis, mercredis, jeudis, vendredis et dimanches à 11h30 et 15h30 ; le samedi à 11h30. Durée : 15 min. Gratuit. • Guide multimédia disponible en français, anglais et néerlandais. • Livret-jeux gratuit pour les enfants de 7 à 12 ans. • Ateliers thématiques pour les enfants, les adultes et les familles : programme détaillé sur www.louvrelens.fr. À voir également… Exposition « Métamorphoses » dans le Pavillon de verre jusqu’au 21 mars 2016 (gratuit). Prochaine exposition Charles Le Brun (18 mai - 29 août 2016). Adresse Musée du Louvre-Lens 99 rue Paul Bert 62300 Lens Renseignements T : +33 (0)3 21 18 62 62 www.louvrelens.fr Facebook : MuseeLouvreLens Twitter : @MuseeLouvreLens Visuels libres de droits CONDITIONS GÉNÉRALES D’UTILISATION : • Ces images sont exclusivement destinées à la promotion de l’exposition présentée au musée du Louvre-Lens du 5 décembre 2015 au 29 février 2016. • L’article doit préciser au minimum le nom du musée, le titre et les dates de l’exposition. • Toutes les images utilisées doivent porter, en plus du crédit photographique, la mention Service presse/Musée du Louvre-Lens. • Les crédits et mentions obligatoires doivent figurer près de la reproduction. • Merci de bien vouloir adresser un justificatif à [email protected] Conditions particulières aux visuels rmn : • Chaque média peut reproduire gratuitement 4 images RMN maximum. Au-delà, contacter [email protected]. • Toute reproduction d’image RMN ne peut excéder le format ¼ de page. Au-delà, contacter [email protected]. Pour accéder au téléchargement de ces images, merci de contacter Bruno Cappelle (presse régionale et presse belge) ou Diane Junqua (presse nationale et internationale). 40 41 Salle 1. Sujets de convivialité et d’amour. Antécédents nordiques et français Salle 3. Le cœur en scène 8. Nicolas Lancret, Le Baisser de rideau, dit aussi Acteurs de la Comédie italienne ou Le Théâtre italien, huile sur bois, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle 1. Hieronymus Janssens, Le Jeu de la main chaude, vers 1665-1670, huile sur toile, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Franck Raux 9. Philippe Mercier d’après Antoine Watteau, La Troupe italienne en vacances, burin et eau-forte, Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Angèle Dequier 1 2. Rembrandt, Le Joueur de flûte ou L’Espiègle, 1642, eau-forte et pointe sèche, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Tony Querrec 3. Nicolaes Berchem, Bétail à l’abreuvoir, avec un berger et quatre bergères, 1679, plume et encre brune, lavis brun, Paris, musée du Petit Palais © Petit Palais / Roger-Viollet 10. Bohême ou Autriche, Veste de Pierrot, 18e siècle, tissu de laine, toile cirée, Český Krumlov (République tchèque), château © Droits réservés 8 11. Bohême ou Autriche, Veste masculine avec miroirs, 18e siècle, tissu de laine, miroirs, Český Krumlov (République tchèque), château © Droits réservés Salle 2. Watteau et la fête galante 2 4. Antoine Watteau, Pèlerinage à l’île de Cythère, 1717, huile sur toile, Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Angèle Dequier 12. Bohême ou Autriche, Costume masculin « der Hanswurst », 18e siècle, velours de soie, taffetas de soie, passementerie d’argent, Český Krumlov (République tchèque), château © Droits réservés 9 Salle 4. L’Amour à la campagne. Pastorales et sujets rustiques 5. Antoine Watteau, Huit études de têtes de femme et une tête d’homme, pierre noire, sanguine et rehauts de craie blanche, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Thierry Le Mage 13. F rançois Boucher, Le Nid ou Le Présent du berger, vers 1740, huile sur toile, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Droits réservés 3 6. Jean-Baptiste Pater, Réjouissance de soldats, 1728, huile sur toile, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda 10 11 14. François Boucher, Le Pasteur complaisant, vers 1738, huile sur toile, Paris, Archives nationales, Hôtel de Soubise © RMN-GP / Droits réservés 15. François Boucher, Jeune homme assis à terre, sanguine et lavis de sanguine, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Gérard Blot 7. Pierre-Antoine Quillard, Fête campagnarde, vers 1725, huile sur toile, Salzbourg, Residenzgalerie © Fotostudio Ulrich Ghezzi, Oberalm 4 12 5 6 7 13 14 15 42 16 16. Jean-Baptiste Oudry, La France ou L’Agriculture, 1750, huile sur toile, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau 24. Manufacture de Beauvais et Louis Delanois, Fauteuil à la Reine du château de Gâtelier, noyer doré, laine et soie, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda 17. Jean-Baptiste Oudry, L’Odorat, 1749, huile sur toile, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon © RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux 25. S axe, Manufacture de Meissen, Johann Joachim Kändler, La Cueillette des cerises, 1765, porcelaine, Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Thierry Ollivier Salle 5. Fragonard contre Rousseau 26. P ays-Bas, Delft, Manufacture indéterminée, Plaque à bord chantourné avec un couple dans un paysage, 1776, faïence à décor de grand feu, Saint-Omer, musée de l’hôtel Sandelin © Musées de Saint-Omer 18. Nicolas de Launay d’après Jean-Honoré Fragonard, Les Hasards heureux de l’escarpolette, 1782, eau forte et burin, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Thierry Le Mage 17 24 27. M anufacture de tapisserie de Beauvais, d’après Jean-Baptiste Huët, L’Escarpolette, vers 1782-1790, laine et soie, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Droits réservés 19. Louis Watteau, Le Midi ou Le Repos et le dîner des ouvriers travaillant aux foins, 1774, huile sur toile, Valenciennes, musées des beauxarts © RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda Salle 7. Lorsque l’Europe chantait à l’unisson l’amour et la fête Salle 6. À la conquête des arts décoratifs 20. Attribué à Jean-Baptiste Devos, Tabatière, 1738-1739, or et diamants « taille brillants », Paris, musée Cognacq-Jay © Fr. Cochennec et C. Rabourdin / Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet 28. Thomas Gainsborough, Conversation dans un parc, vers 1746-1747, huile sur toile, Paris, musée du Louvre © RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi 29. Norbert Grund, La Balançoire, huile sur bois de tilleul, Prague, Galerie nationale © National Gallery in Prague 2015 25 21. Saxe, Manufacture de Meissen, Johann Joachim Kändler, Le Jaloux, vers 1765, porcelaine, Paris, musée Cognacq-Jay © Eric Emo / Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet 30. Francisco de Goya, La Balançoire ou L’Escarpolette, 1779, huile sur toile, Madrid, Museo del Prado © Madrid, Museo Nacional del Prado 18 22. Manufacture de Vincennes, L’agréable leçon, 1752, biscuit de porcelaine tendre, Paris, musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle 23. Grande-Bretagne, Manufacture de Chelsea, La leçon de musique, vers 1765, porcelaine, Londres, Victoria and Albert Museum © Victoria and Albert Museum 26 19 20 21 22 23 27 28 29 30 Grand mécène Partenaire Partenaires médias Antoine Watteau, Pèlerinage à l’île de Cythère (détail), Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Angèle Dequier - agencemixte.com Partenaires institutionnels