La dernière enceinte proposée par Jean

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La dernière enceinte proposée par Jean
La dernière enceinte proposée par Jean-Marie Reynaud
reprend les études effectuées pour la Concorde Signature
ainsi que les mêmes haut-parleurs pour un prix réduit.
ean-Marie Reynaud est un artisan rare du son qui peaufine chacune de ses créations avec patience et passion. Son catalogue se
compose ainsi : enceintes bibliothèque
Twin Signature, Offrande et Trente
(conçue pour l'anniversaire de la
marque), colonnes Arpeggione
Signature, Cantabile Signature,
Evolution 3 Mk 2, Orféo et enfin
Concorde Signature. Il existe également un système audio-vidéo Iris, une
centrale Atlas et un caisson de grave
Furioso. L'Orféo reprend à son compte nombre de caractéristiques de la
Concorde qui lui reste supérieure en
nombre de voies et de haut-parleurs avec
un volume de charge plus complexe. Les
deux enceintes s'inscrivent dans la même
démarche et s'articulent autour d'un
tweeter double-ruban. La charge de
l'Orféo est réalisée en MDF de 20 et
26 mm selon les parois et d'un matériau sandwich de 44 mm d'épaisseur
avec âme viscoélastique, c'est-à-dire
solide mais doté des caractères élastique
et visqueux. L'assemblage est effectué
sous presse ce qui assure à l'enceinte une
inertie optimale. Enfin, les chants ronds
sont en bois massif afin d'éliminer les
effets de bord. La charge acoustique s'inspire de l'enceinte TQWT. Dans son
ouvrage Les Haut-Parleurs, Jean Hiraga
rappelle à la page 251 le principe qui date
de 1930 sous l'impulsion de l'électroacousticien Paul Voigt. Le haut-parleur
rayonne à l'avant et l'onde arrière est
canalisée dans un conduit replié qui
débouche face avant. Ici, le calcul de la
formule d'expansion de la charge est
propre à Jean-Marie Reynaud et la fin
de la ligne est accordée par l'évent couplé avec l'air extérieur par une amorce
de pavillon. Ainsi, l'accord n'est pas calé
sur la fréquence de résonance des hautparleurs de grave, mais sur la combinaison de l'ensemble.
Tweeter ruban débafflé
Dans sa tête tournée en aulne massif, le
tweeter à double ruban est la pièce centrale de l'Orféo et de la Concorde. Ce
type de tweeter est d'habitude doté
d'une importante directivité, mais celui
utilisé sur l'Orféo et la Concorde présente des caractéristiques exceptionnelles: à 12 kHz et 20° d'incidence,
l'atténuation est de 3,6 dB contre 17 dB
avec un ruban classique de 12 cm de
long. Ces résultats sont obtenus grâce
à sa très faible longueur (38 mm x
2 mm x 9 mm) ainsi qu'au pavillon
hyperbolique en aluminium massif qui
l'entoure. Le champ magnétique est
produit par des aimants néodyme de
forte puissance. Enfin, l'adaptation
d'impédance du ruban est réalisée grâce
à un transformateur bobiné avec du
câble multibrins OFC. Partant de ce
tweeter, Jean-Marie Reynaud a étudié
et conçu les haut-parleurs de gravemédium afin d'obtenir d'excellentes
caractéristiques d'accélération et de
réponse et ainsi générer un front d'onde
cohérent. L'Orféo est équipée de deux
haut-parleurs sur le principe de deux
voies et demi, soit un transducteur pour
le grave, un autre pour le grave et le
médium. Les deux transducteurs sont
identiques, avec toutefois une différence de diamètre sur le cache-noyau, plus
faible sur le haut-parleur de gravemédium pour optimiser la réponse hors
de l'axe. Ils sont équipés d'une membrane composée de carbone/Kevlar/
Graphite qui présente un excellent
module de Young. Elle est mue par une
bobine mobile dont le diamètre est de
38 mm sur support Kapton. Cette dernière est bobinée sur sa face interne et
externe ce qui élimine toute possibilité
de résonance du support. Enfin, chaque
haut-parleur est équipé d'un double
aimant. À l'arrière de l'enceinte, on
trouve un double bornier qui cache le
filtre entièrement câblé en l'air et qui utilise du câble développé par JMR, le HP
216 B qui vient de subir quelques modifications dont la proportion argent /
cuivre qui a été modifiée. Les pentes sont
de 6 dB/octave pour le passe-bas du
grave, 12 dB/octave pour celui du grave
médium et 18 dB/octave pour le passehaut du tweeter. Les fréquences de coupure sont de 600 Hz et 2,8 kHz. Une
enceinte réalisée avec très grand soin.
Romain Buthigieg
En haut, le tweeter à double ruban.
Dessous, le superbe filtre câblé en l'air
avec des composants de qualité.
L'Orféo est facile à associer
avec diverses électroniques.
Cependant, il est conseillé de
privilégier des amplis puissants.
N° 308S, juin 06
COTATIONS (SUR5)
À chaque nouvelle enceinte de JeanMarie Reynaud, je suis toujours frappé par l'empreinte, la patte de son
concepteur. Les références qu'il présente portent sur elles la passion qui
anime l'homme. J'imagine toujours le
temps qu'il a fallu pour obtenir le son voulu et le
recul nécessaire - qui est souvent rare chez les
constructeurs - pour être capable de juger son travail. Comme les nouveaux produits ne sont pas
légions chez Jean-Marie Reynaud, il est aisé de
prendre le temps d'apprécier tout ce travail de fond
réalisé avant que l'enceinte ne soit présentée au
public. L'Orféo, en ce sens, est un grand cru du
constructeur de Barbezieux. Les éléments (tweeter
et haut-parleurs) utilisés ont fait leur preuve sur la
Concorde et la réussite de Jean-Marie Reynaud
réside - entre autres - dans l'excellente intégration
du tweeter et la maîtrise du front d'onde à apprécier
ci-dessous sur le graphique de
la réponse sur impulsion dans
l'encadré "Mesure". Tout cela
ne serait que de la technique
s'il n'y avait pas les qualités
musicales que l'on est en droit
d'espérer. Là encore, les
attentes sont comblées.
Les enceintes Jean-Marie Reynaud
reflètent, à travers des gammes de
prix adaptés aux budgets de chacun,
un souci d'évolution perpétuelle afin
d'approcher au plus près de l'émotion du concert en direct, le tout
visant l'approche "pieds sur terre" sur le plan de
l'encombrement comme du prix, les entrées de
gamme ne laissant pas le mélomane sur sa faim et
le haut de gamme posant peu de difficultés d'intégration dans une salle de séjour.
La nouvelle colonne Orféo hérite, comme sur le haut
de gamme Concorde, des qualités de ciselé exceptionnelles d'un tweeter à double ruban, selon une
recette "débafflée" chère à ce constructeur, le tout
étant avantagé par un prix plus réaliste.
Le résultat d'écoute atteint largement tout ce que
l'on pouvait espérer de ce spécialiste français. Tout
est là pour plaire, depuis un faible encombrement
au sol en regard de
l'ampleur étonnante obtenue sur les grandes formations orchestrales jusqu'à
un bouquet de qualités
savamment assorties. On ne
s'ennuie pas une seconde.
De la grande musique.
Les qualités exceptionnelles du tweeter.
La très bonne cohérence des registres.
La fabrication remarquable du filtre et
de l'ébénisterie.
NOUS AURIONS APPRÉCIÉ
Un extrême-grave un peu moins "poli".
ECOUTE CRITIQUE
MESURES
Réponse amplitude/
fréquence à 1 m, dans
l'axe, à 0° et 30" de la
J-M Reynaud Orféo :
La sensiblité est de 91,5 dB/
2,83 V/1 m. Réponse très
homogène, dépourvue
d'accident.
Faible directivité de l'aigu.
Réponse amplitude/
fréquence en tiers d'octave, à 1 m, dans l'axe, de
la J-M Reynaud Orféo :
Même remarque, les irrégularités visibles entre 150 et
200 Hz étant dûs à des
réflexions parasites engendrées par les murs, le sol et
le plafond.
Réponse sur impulsion
de la J-M Reynaud Orféo :
Réponse remarquable,
signant une optimisation
parfaite au niveau du choix
des transducteurs et au filtre
associé.
Caractéristique d'impédance en fonction de la
fréquence de l'enceinte
J-M Reynaud Orféo :
Fréquence d'accord située
vers 39 Hz, avec résonances
de même amplitude.
Le module d'impédance
mesuré est de 5,5 .
N 0 308S,juin 06
NOUS AVONS AIMÉ
• NEUTRALITE,
EQUILIBRE GENERAL
Ella Fitzgerald " Reach for
Tomorrow", Verve Classic
Compact, VSCD 4043.
R.B. Dès les premières mesures, j'ai
trouvé sur l'Orféo une grande
linéarité, sans coloration aucune et
une rare précision. Le grain de voix
transparaît sans être appuyé, avec
naturel. L'enceinte ne souffre pas
d'un placement pointu, mais la
position centrale reste la meilleure
pour obtenir la plus belle scène
sonore.
J.H. La sensation d'espace doublée
d'une impression de réponse en
fréquence plate et étendue se
remarque dès l'analyse du bruit de
fond qui précède les premières
mesures. La voix file haut, soulignant
les micro-détails sans trop les
appuyer, tout en conservant une très
bonne assise. Piano magnifique.
• EFFET STEREOPHONIQUE
Juan del Encina, "Solo de batterie", BNL 112 848.
R.B. L'articulation entre les
percussions est précise, les effets
stéréophoniques sont d'une grande
justesse, la répartition a lieu sur tout
l'espace, les effets de réverbérations
traduisent la profondeur de la salle.
Sur l'axe horizontal, la position
d'écoute est suffisamment ample.
J.H. Très belle surprise sur ce
passage qui "grandit" les enceintes
comme le ferait un grand et très bon
système. Le jeu de percussions
prend place en mode panoramique
de gauche à droite sans confusion.
L'analyse précise des timbres facilite
d'autant la lisibilité des passages
complexes, grâce aussi au piqué
délicat et bien intégré de l'aigu. ,
• COMPORTEMENT DYNAMIQUE,
TENUE EN PUISSANCE
Mark Curry, It's only time, plage
1, "Ail over Me",Virgin CDVUS 49.
R.B. Mark Curry trouve tout de suite
sa place dans l'espace musical,
Là encore, la grande transparence
de l'Orféo et le filé de son tweeter
permettent d'obtenir une définition
excellente. La palette d'expression de
la dynamique est large,
J.H. Autre belle surprise dans un
genre musical différent, révélant les
capacités d'accélération sur les
attaques des cordes de guitare et le
naturel de la voix rauque du chanteur,
Reprises très dynamiques,
• REPONSE EN FREQUENCE
Applaudissements, tests de pereussions. Disque NRDS n°10,
plages 14,17 et 2 1 .
R.B. Applaudissements très naturels,
vraie profondeur de la salle. Palette
chromatique des clochettes riche,
avec filé exceptionnel et nombreuses
nuances. Impact sur la grosse caisse
net, sans traînage.
J.H. L'ambiance de salle est traduite
sans tendance étriquée. Les
applaudissements s'y répartissent
tout en restant bien localisés, bien
différenciés. Superbes résultats sur
les clochettes comme sur la grosse
caisse, détourée à souhait,
• FUSION DES REGISTRES
TRANSPARENCE
Johann Strauss, "Marche
Egyptienne" Op. 335, Das
Mikrofon, plage 2, Tacet 17.
R.B. Pas de coloration, répartition
impeccable, le grave est solide et les
timbres justes. Un sans-faute,
J.H. Test surmonté de manière tout à
fait remarquable. Neutre et expressif.