Aspergillose naso-sinusale chez un chat - CVU
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Aspergillose naso-sinusale chez un chat - CVU
Le Monde Vétérinaire Dr Marie La vennes*1, Dr Anna-lisa Liotta*2, Dr Frédéric Billen*1, PhD, Dipl ECVIM-CA Aspergillose naso-sinusale chez un chat L’aspergillose nasale est une maladie beaucoup plus rare chez le chat que chez le chien bien qu’elle semble en émergence. On décrit deux formes distinctes d’aspergillose nasale chez le chat: l’aspergillose naso-sinusale (ANS), comme chez le chien, et l’aspergillose sino-orbitaire (ASO). La deuxième étant plus agressive et associée à un plus mauvais pronostic1,2. Lors d’atteinte nasale, l’infection fongique reste localisée aux cavités nasales, sinus ou cavités orbitaires. Par contre, on décrit également une forme systémique où le champignon peut infecter le système nerveux central, les poumons, ou encore se disséminer dans plusieurs organes1,2. INTRODUCTION L’aspergillose naso-sinusale se manifeste cliniquement par des signes de rhinite chronique (éternuements, jetage, parfois épistaxis) alors que des symptômes oculaires se rajoutent lors d’atteinte sino-orbitaire (exophtalmie, déformation de l’orbite, …)1,2. Il n’existe pas de traitement standard efficace et les traitements actuellement décrits proviennent de la médecine canine : débridement et balnéation par endoscopie ou rhinotomie associé à un traitement anti-fongique systémique1,2. traités pendant plusieurs mois avec différents antibiotiques. La récidive des signes cliniques 5 mois avant sa présentation avait motivé la réintroduction de différents antibiotiques successifs (amox/ac clavulanique, marbofloxacine, clindamycine, doxyxycline). Ces traitements n’ayant permis que des améliorations courtes et transitoires, Cassis a été référé à la clinique vétérinaire universitaire (CVU) de l'Université de Liège afin d'investiguer l’origine de son jetage bilatéral chronique. EXAMEN CLINIQUE L’examen général de Cassis était dans les normes. L’examen spécial du système respiratoire a révélé un jetage mucopurulent bilatéral et une perméabilité nasale maintenue bilatéralement. Cet article décrit la démarche diagnostique d’une aspergillose naso-sinusale chez un chat, traitée avec succès après deux séances de débridement et balnéation à l’énilconazole 2% associées à un traitement systémique à base d’itraconazole durant 2 mois. EXAMENS COMPLEMENTAIRES SIGNALEMENT Le bilan sanguin complet (hématologie, biochimie) ainsi qu’un test FeLV/FIV n’ont rien révélé d’anormal. Cassis, chat européen mâle castré de 7 ans, 5.4 kg. ANAMNESE Deux ans avant sa présentation, Cassis a eu un trauma crânien associé à des éternuements et un jetage sanguinolent bilatéral le monde vétérinaire | # 142 | mai 2014 Etant donné l’historique de trauma crânien, un scanner de la tête a été réalisé afin de rechercher la présence d’un lien entre le traumatisme (fracture, esquille osseuse, ostéomyélite, abscès, etc) et la persistance des symptômes. Aucun signe d’ancien trauma n’a pu être observé. Par contre, une lyse des cornets a été mise en évidence dans les cavités nasales 5u Le Monde Vétérinaire rostrales, associée à une quantité moderée d’atténuation tissulaire, ne prenant pas le contraste. Il n’y avait pas de lésion lytique des structures osseuses périorbitaires ou de la lame criblée. Les images étaient compatibles avec une rhinite chronique lytique bilatérale (Figure 1). Une rhinoscopie a ensuite été réalisée. La rhinoscopie rétrograde a permis de visualiser la présence de sécrétions muco-purulentes blanchâtres au niveau des choanes (Figure 2). La rhinoscopie directe a mis en évidence la présence d’une quantité importante de matériel mucopurulent, épais et friable associé à une lyse osseuse importante des cornets nasaux bilatéralement (Figure 3). La présence de placards fongiques était fortement suspectée. Divers prélèvements ont été réalisés durant la rhinoscopie : culture bactérienne (aéro/anaérobie) et fongique du matériel muco-purulent et biopsies pour analyse histopathologique. L’analyse histologique des biopsies a révélé la présence d’une rhintie fongique compatible avec une aspergillose (hyphes visualisés). La culture fongique a, quant à elle, identifié de l’Aspergillus fumigatus. La culture bactérienne a en outre mis en évidence une surinfection par un Pseudomonas aeruginosa multirésistant partiellement sensible à l’enrofloxacine et sensible à la gentamycine et à la marbofloxacine. TRAITEMENTS Etant donné la forte suspicion d’aspergillose, un débridement et un nettoyage des cavités nasales le plus complet possible a été réalisé directement pendant l’endoscopie suivi par une balnéation à l’énilconazole 2% pendant 15 minutes. Figure 1 : Scanner de la cavité nasale de Cassis, coupe transversale, fenêtre osseuse. Présence bilatéralement de matériel d’atténuation tissulaire ventralement, associé à une lyse des cornets nasaux. Figure 3 : Rhinoscopie directe avec un rhinoscope rigide (2,4 mm de diamètre, 30°) : lyse des cornets nasaux. Figure 2 : Rhinsoscopie rétrograde avec un bronchoscope pédiatrique: visualisation de matériel blanchâtre épais et friable bilatéralement ressemblant à des placards fongiques. Figure 4 : Cavité nasale gauche fortement remodelée mais saine. le monde vétérinaire | # 142 | mai 2014 6u Le Monde Vétérinaire Cassis est rentré à la maison sous itraconazole 5 mg/kg deux fois par jour, jusqu’au contrôle planifié un mois plus tard. Il a également été placé sous marbofloxacine 2 mg/kg une fois par jour pendant 2 semaines et sous traitement local à base gouttes de thiamfénicol et acétylcystéine (une goutte dans chaque narine deux fois par jour) pour traiter la surinfection bactérienne. Enfin, pour la douleur, Cassis a été placé sous meloxicam (0.05 mg/kg/j) pendant 3 jours. EVOLUTION EN COURS DE TRAITEMENT Lors du contrôle un mois plus tard, les propriétaires de Cassis rapportaient une nette amélioration clinique. A l’examen clinique, Cassis avait encore un léger écoulement mucopurulent à droite. La perméabilité des narines était augmentée bilatéralement. A la rhinoscopie, des sécrétions mucopurulente en faible quantités ainsi que quelques placards fongiques étaient encore visibles ventralement à droite. La narine gauche était saine. Cassis a subi une deuxième séance de débridement-nettoyage suivi d’une balnéation à l’énilconazole 2% bilatéralement, pendant 15 minutes. L’itraconazole à été continué jusqu’au contrôle, prévu un mois plus tard. Nous avons également prescrit un traitement local à base de liquide physiologique (2 gouttes par narine 2x/j) jusqu’au contrôle. Cassis a de nouveau été revu un mois plus tard. Les propriétaires rapportaient une résolution complète des signes cliniques. A la rhinoscopie directe, il n’y avait plus de sécrétions ni de placards aspergilleux visibles (Figure 4). Cassis a donc été considéré comme guéri et les traitements ont été interrompus. A ce jour (7 mois après sa dernière visite), Cassis est toujours asymptomatique. DISCUSSION L’aspergillose est une maladie beaucoup plus rare chez le chat que chez le chien, bien qu’elle soit peut-être en pleine émergence dans certains pays comme l’Australie. Tous les mammifères et les oiseaux y sont susceptibles. Les agents responsable de l’infection sont diverses espèces du genre oor doorverwezen Practique Vétérinaire de référence en cardiologie christine dePrest, Dr. MeD.Vet. • CertifiCate Veterinary CarDiology (UK) rX • EchocardioGrafiE• erwezen EKG En rX Traitement cardiologique complet pour chiens • allE cardioet chats qui font l’objet d’un envoi. hE En intErvEntionElE ECG monitoraGE d’HoltEr • radioGrapHiE diGitalE • éCHoCaracEmaKErdioGrapHiE •• ballon• intErprétation dEs ECG Et rX transmis • EXamEns dap.amfor.FR.15.02.10.indd 1 3/10/10 1:09:49 AM CardioloGiquEs ComplEts pour CHiEns Et CHats • stimulatEur CardiaquE • traitEmEnt CHirurGiCal Et intErvEntionnEl pour ninG… dioGrafiE•duCtus Botalli, dilatation du Ballon, sténosE pulmonairE • formation … llE cardiontionElE rendez-vous au 051/ 68 98 93 3 le monde vétérinaire | # 142 | allonverlovestraat 4, BE - 8755 ruiselede • +32 (0) 51 68 98 93 www.dap.deprest.be • [email protected] situé au centre de la flandre, à proximité de la sortie aalter (E40). parking spacieux. mai 2014 Aspergillus. Ces champignons sont saprophytes et ubiquistes, et, bien qu’ ils soient présents chez des animaux en bonne santé, ils peuvent devenir des pathogènes en présence de facteurs prédisposant locaux ou systémiques. L’homme est également susceptible de contracter la maladie en particulier en cas d’immunodépression1. L’aspergillose est une maladie infectieuse mais n’est pas contagieuse. Les chats se contaminent via l’exposition environnementale au champignon, ses spores s’accumulant dans l’aliment ou dans la litière. Le chat se contamine alors par inhalation des spores qui se déposent dans la cavité nasale, le site d’infection primaire. Les spores d’Aspergillus possèdent des récepteurs leur permettant de se lier aux protéines de surfaces épithéliales, des protéases facilitant l’invasion tissulaire ainsi que des toxines inhibant la phagocytose. D’autre part, elles ont la faculté de diminuer l’activité de l’appareil muco-ciliaire1. L’aspergillose féline a une distribution mondiale. Aucune prédisposition d’âge ou de sexe à développer la maladie n’a été mise en évidence. Les races brachycéphales (Persans et Himalayens) seraient prédisposées2. D’autres facteurs prédisposant ont été suggérés tels que la diminution du drainage des sécrétions des voies respiratoires supérieures (secondaires à un polype, un trauma), une dysimmunité locale au niveau des muqueuses, une infection virale ou une antibiothérapie préalables. Bien qu’un lien ait été longtemps supposé avec les rétrovirus immunosuppresseurs, une étude Australienne récente sur 23 cas d’aspergillose féline n’a pu établir de corrélation avec une co-infection par le FeLV ou FIV)3. On a plutôt tendance actuellement à considérer que l’aspergilose nasale peut survenir chez des chats immunocompétents au contraire des formes disséminées qui seraient favorisées par une immunodépression2. Deux formes clinique différentes d’aspergillose existent chez le chat: l’ANS comparable à celle du chien et l’autre, émergente, plus agressive, l’ASO (invasion de l’orbite et des tissus environnants)1. Cette deuxième forme est dominante dans certaines parties du monde (jusqu’à 65% des cas d’aspergillose féline en Australie)2 et proviendraient de l’extension de la forme naso-sinusale vers la région périorbitaire. Les champignons responsables de l’ANS sont principalement A. fumigatus et A. niger 2. L’ASO est Traitement cardiologique complet pour chiens Traitement cardiologique complet pour chiens Traitement cardiologique complet pour chiens et chats qui font l’objet d’un envoi. et chats qui font l’objet d’un envoi. et chats qui font l’objet d’un envoi. ECG •• monitoraGE Traitement cardiologique complet pour chiens ECG monitoraGE d’HoltEr d’HoltEr •• radioGrapHiE radioGrapHiE diGitalE diGitalE •• éCHoCaréCHoCardioGrapHiE • intErprétation dEs ECG Et rX transmis EXamEns et chats qui font l’objet d’un envoi. ECG • monitoraGE d’HoltEr • dEs radioGrapHiE diGitalE •• dioGrapHiE • intErprétation ECG Et rX transmis • éCHoCarEXamEns CardioloGiquEs ComplEts CHiEns Et CHats dioGrapHiE • intErprétation dEs ECG Et rX • EXamEns CardioloGiquEs ComplEts pour pour CHiEns Et transmis CHats •• stimulatEur stimulatEur ECG • monitoraGE d’HoltEr • radioGrapHiE diGitalE • éCHoCarCardiaquE • traitEmEnt CHirurGiCal Et intErvEntionnEl pour CardioloGiquEs ComplEts pour CHiEns Et CHats • stimulatEur CardiaquE • traitEmEnt CHirurGiCal dioGrapHiE • intErprétation dEs ECG Et rX transmis • EXamEnsEt intErvEntionnEl pour CardioloGiquEs ComplEts pour CHiEns Et CHats • stimulatEur duCtus Botalli, dilatation du Ballon, sténosE pulmonairE CardiaquE • traitEmEnt CHirurGiCal EtsténosE intErvEntionnEl pour• duCtus Botalli, dilatation du Ballon, pulmonairE • CardiaquE • traitEmEnt CHirurGiCal Et intErvEntionnEl pour duCtus Botalli, dilatation du Ballon, formation … duCtus Botalli, dilatation du Ballon, sténosE pulmonairE • sténosE pulmonairE • formation … formation … formation … rendez-vous au 051/ 68 98 93 rendez-vous au 051/ 68 98 93 rendez-vous au 051/ 68 98 93 rendez-vous au 051/ 68 98 93 verlovestraat 4, BE BE -- 8755 8755 ruiselede ruiselede •• +32 +32 (0) (0) 51 51 68 68 98 98 93 93 7u verlovestraat 4, verlovestraat 4, BE - 8755 ruiselede • +32 (0) 51 68 98 93 www.dap.deprest.be • [email protected] situé au centre de la flandre, à proximité de la sortie aalter (E40). parking spacieux. www.dap.deprest.be •• [email protected] verlovestraat 4, BE - 8755 ruiselede • +32 (0) 51 68 98 93 www.dap.deprest.be [email protected] Le Monde Vétérinaire principalement due à l’infection par Aspergillus felis, une espèce récemment décrite2,11. Il y a longtemps eu confusion sur les différents agents responsables de l’aspergillose chez le chat car d’un point de vue morphologique, ils sont très similaires. Des critères d’identifications moléculaires sont donc nécessaires pour les distinguer 2,11. La distribution d’A. felis en Belgique est mal connue mais elle a été décrite dans d’autres pays d’Europe (Espagne, Portugual, Allemangne)11. ciblés afin de réaliser l’analyse cytologique/histologique, la culture fongique et éventuellement une PCR. En effet, le champignon vit à la surface des cellules épithéliales de nombreux chats sains et sa mise en évidence sur un frottis nasal ou des sécrétions nasales peut mener à un diagnostic faussement positif. Le champignon doit au contraire être mis en évidence dans les couches profondes de la muqueuse ou dans une zone présentant des lésions compatibles avec l’aspergillose1,2. Enfin, la forme locale peut se propager et gagner les poumons et le SNC. Certaines espèces d’Aspergillus peuvent également disséminer et donner des infections systémiques1,2,9. Cependant, le diagnostic définitif passe par la mise en évidence des hyphes fongiques à l’histologie ou à la cytologie (hyphes branchés et septés de 2 à 5 µm de diamètre) ainsi que par la confirmation et l’identification du champignon par culture fongique (sur milieu de croissance adapté, par exemple Sabouraud). Cependant, comme cité précédemment, l’identification basée uniquement sur des critères morphologiques a mené jusqu’ici à un sur-diagnostic d’Aspergillus fumigatus et des méthodes d’identification moléculaire (PCR) sont en cours de développement pour identifié l’espèce impliquée avec certitude1,2. La forme naso-sinusale se manifeste cliniquement par des signes de rhinite chronique: éternuements, jetage nasal uni- ou bilatéral séreux à purulent, lymphadénomégalie mandibulaire avec parfois de l’épistaxis. D'autres anomalies peuvent être plus rarement rencontrées: déformation de la face suite à une lyse osseuse, gonflement des tissus mous en regard des cavités naso-sinusales1,2. La forme sino-orbitaire est probablement une extension de la forme naso-sinusale à l’orbite et au tissus sous-cutané due à un caractère beaucoup plus agressif et lytique de l’infection. Cliniquement, ces chats présentent, en plus des signes de rhinite, des signes d’atteinte oculaire: énophtalmie unilatérale, prolapsus de la 3e paupière, hyperhémie conjonctivale, kératite d’exposition, masse buccale ou ulcère dans la fosse ptérygo-palatine1,2,8,10. Les signes peuvent, rarement, être bilatéraux. Quels éléments peuvent nous laisser suspecter une aspergillose nasale en cas de jetage chronique chez le chat? Le bilan sanguin révèle souvent une hyperglobulinémie non spécifique, secondaire à l’inflammation chronique1. Il n’y a pas de lésions spécifiques d’aspergillose détectables par les examens d’imagerie avancée (CT, IRM). Les lésions retrouvées peuvent, selon les cas, être compatibles avec une rhinite chronique destructive d’autre origine ou avec un phénomène tumoral. Les lésions entreprennent souvent les 2 cavités nasales. On retrouve en général: lyse des cornets, matériel d’atténuation tissulaire dans les cavités nasales, remontant parfois aussi dans les sinus frontaux et sphenoidaux. En cas d’ASO, d’autres signes se surajoutent: masse orbitaire, déplacement du globe, effet de masse dans la fosse ptérygo-palatine, lésions lytiques de l’os paranasal2. Le scanner est très utile pour déterminer l’extension de la maladie, s’assurer que la lame criblée est intacte avant une balnéation locale d’anti-fongique et pour déterminer le meilleur endroit pour prendre des échantillons durant la rhinoscopie. Il est également utile pour exclure la présence de tumeur ou de corps étrangers bien que cette distinction ne soit pas toujours possible1,12. L’endoscopie est l’examen de choix pour visualiser les placards aspergilleux et pour pouvoir faire des prélèvements le monde vétérinaire | # 142 | mai 2014 D’autres tests visant à détecter la présence dans le sérum de galactomannan, un polysaccharide entrant dans la composition de la paroi cellulaire fongique, ont montré une sensibilité peu élevée chez le chat. Cependant, testé sur une population de chat avec des symptômes compatibles avec une aspergillose, ils ont une spécificité de 90% et peuvent aider dans la décision de réaliser des examens complémentaires 4. Enfin, des anticorps circulants peuvent être mesurés par différentes techniques (immuno-diffusion sur gel d’agar, ELISA, agglutination sur latex). Théoriquement, des faux positifs existent et l’interprétation de ce résultat doit se faire en corrélation avec les signes cliniques. Des faux négatifs peuvent également survenir lors de production insuffisante d’anticorps par le système immunitaire. Ces tests ont cependant démontré une bonne sensibilité et une bonne spécificité chez le chien5. Un test ELISA pour la détection des anticorps anti-Aspergillus (IgG) est en cours de développement à la faculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Sidney (Australie). Le sérum de Cassis y a été analysé et un haut taux en IgG anti-Aspergillus a été mis en évidence. Il n’y a pas de consensus en ce qui concerne le traitement de l’aspergillose chez le chat. Les protocoles utilisés sont extrapolés de la médecine canine ou basés sur des rapports de cas isolés. Le choix du traitement doit tenir compte du caractère invasif ou non des lésions, de l’espèce impliquée, et de l’intégrité de la lame criblée2. Les chats atteints d’ANS répondent généralement bien au traitement si celui-ci est suffisamment long et intensif et le pronostic est généralement bon. Au contraire, l’ASO répond moins bien au traitement et est associée à un plus mauvais pronostic1,2. Le traitement de choix en cas d’ANS est une combinaison d’un traitement local (débridement sous endoscopie ou chirurgie et balnéation au clotrimazole ou à l’énilconazole) et 8u M É D L E ’ C É I QN U E I P I E N T DE ER N E C. Clercx V. VDVorst D. Peeters E. Krafft FOCUS F. Billen M. Canonne K. Gommeren M. Girod M. Lavennes Médecine Interne Canine et Féline Consults Lu-Ve Le réflexe logique pour vos casse-têtes! Une équipe composée de 4 spécialistes (Dip.ECVIM-CA) et de leurs résidents/assistants vous assure des compétences dans chaque discipline de la médecine interne. Le service offre des rendez-vous tous les jours et met tout en oeuvre pour aider vos patients au maximum. Veuillez nous contacter par téléphone (rendezvous 04/366.42.00; urgence 04/242.75.22) ou par mail ([email protected]). Pour toutes questions: www.cvu.ulg.ac.be ou appelez 04-366.42.00 Le Monde Vétérinaire d’un traitement antifongique systémique. Diverses molécules ont été rapportées pour le traitement systémique et doivent en général être administrées pendant plusieurs mois avant de pouvoir éradiquer le champignon1,2. développé de l’hypersalivation, de la faiblesse musculaire et une augmentation légère de l’alanine aminotransférase (ALT) sérique. Cependant ces signes étaient modérés et n’avaient pas de répercussions sur l’état général des chats. Certains cas d’ANS ont été traités efficacement avec un traitement uniquement local (balnéation au clotrimazole 1% durant 1h)7, une seule application étant parfois suffisante pour un contrôle sur le long terme. Cependant, le fait de multiplier les infusions contribue sans doute à réduire les risques de récidive. Au contraire, un traitement systémique uniquement ne peut suffire et les chats récidivent à l’arrêt de celui-ci1. Le traitement de l’ASO est en général beaucoup plus agressif et invasif. Dans les cas sévères, des chirurgies de débridement sont parfois nécessaires (orbitotomie latérale, énucléation)1,2,7,8. Parmi les différents anti-fongiques systémiques cités, nous avons opté pour l’itraconazole (5 mg/kg BID, administré avec l’aliment), ayant l’habitude de l’employer chez le chien. Celui-ci est bien toléré bien qu’il puisse parfois donner des troubles gastro-intestinaux, de la dysorexie ou une hépatotoxicité (augmentation des ALT). Ces signes se résolvent avec l’interruption du traitement. D’autres alternatives décrites sont l’amphotéricine B, le posaconazole et le voriconazole. Ces médicaments sont disponibles en Belgique en formulation humaine mais sont très onéreux. D’autre part, leur pharmacocinétique n’a pas été étudiée chez le chat. Les doses suggérées chez le chat sont les suivantes: posaconazole (5-7.5 mg/kg, diviser en 2 fois, administré avec l’aliment), voriconazole (5 mg/kg/j). Le voriconazole pouvant avoir des effets secondaires importants: anorexie, néphrotoxicité, vomissements, signes neurologiques (ataxie, paraplégie, anomalie des nerfs craniens), mieux vaut éviter de l’utiliser en première intention1,8. En ce qui concerne le traitement local, nous avons opté pour une balnéation d’énilconazole 2% ayant l’habitude d’utiliser cet anti-fongique chez le chien. Son utilisation locale cutanée (énilconazole 0.2%) a été décrite dans le traitement des dermatophytoses chez les chats Persan7. Dans cette étude, il était en général bien toléré bien que certains chats aient Lors du suivi, on ne peut sa baser uniquement sur l’amélioration voire disparition des signes scliniques. Idéalement, une rhinoscopie de contrôle doit être réalisée pour s’assurer de la disparition du champignon. En pratique, nous avons l’habitude d’organiser des contrôles endoscopiques tous les mois jusqu’à la résolution clinique et endoscopique des lésions, confirmée, au besoin, par une culture négative. La prévention de l’aspergillose est impossible étant donné que c’est un champignon ubiquitair. Cependant, bien qu’un lien avec une immunodépression n’ait pas été formellement établi, il est conseillé de réduire l’exposition des chats qui en souffrent (par exemple, changement régulier des litières)1. En conclusion, l’aspergillose féline est une maladie rare mais qui semble émergente qui peut prendre différentes formes cliniques. Il est important d’y penser dans le diagnostic différentiel des rhinites chroniques et des atteintes oculaires uni- ou bilatérales. Le diagnostic définitif est possible grâce à la mise en évidence du champignon dans les tissus. Aucun consensus n’est disponible en ce qui concerne son traitement. Le traitement local est important en cas d’ANS et peut suffire. Les anti-fongiques systémiques peuvent être associés à des effets secondaires qu’il faut pouvoir reconnaître afin d’interrompre leur administration le cas échéant. L’ANS, au contraire de l’ASO est associée à un bon pronostic. *1Service de médecine interne des animaux de compagnie, Clinique Vétérinaire Universitaire, Université de Liège. *2Service d’imagerie médicale, Clinique Vétérinaire Universitaire, Université de Liège Bibliographie : 1. HARTMANN K, LIORET A, PENNISI MG, FERRER L, ADDIE D, BELAK S, BOUCRAUT-BARALON C, EGBERINK H, FRYMUS T, GRUFFYDD-JONES T, HOSIE MJ, LUTZ H, MARSILIO F, MOSTL K, RADFORD AD, THIRY E, TRUYEN U and HORZINEK AM. Aspergillosis in cat. ABCD guidelines on prevention and management. Journal of Feline Medicine and Surgery. 2013; 15: 605-610. 2. BARRS V, TALBOT JJ. Feline aspergillosis. Veterinary Clincs of Small Animals. 2014; 44: 51-73 3. 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