Rapport annuel du Comité Belge d`Aide aux Réfugiés 2014
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Rapport annuel du Comité Belge d`Aide aux Réfugiés 2014
Rapport annuel du Comité Belge d’Aide aux Réfugiés 2014 Rapport annuel du Comité Belge d’Aide aux Réfugiés 2014 © UNHCR/Achilleas Zavallis Editeur responsable Charlotte van der Haert Comité Belge d’Aide aux Réfugiés Rue des Palais 154 1030 Bruxelles Mise en page Cécile Van Caillie Rédaction Le CBAR Photos © UNHCR et CBAR Publication Octobre 2015 Table des matières 1. PRÉSENTATION DU CBAR 2. LE CBAR EN 2014 4 6 3. LES CHIFFRES DE 2014 12 4. LES RÉFUGIÉS PALESTINIENS 16 5. LE REGROUPEMENT FAMILIAL DES BÉNÉFICIAIRES DE PROTECTION INTERNATIONALE EN BELGIQUE 18 6. LES DEMANDEURS D’ASILE TRAUMATISÉS 22 7. LES RÉFUGIÉS TIBÉTAINS D’INDE 25 9. COMPOSITION DES ORGANES DU CBAR EN 2014 27 10.LES MEMBRES DU PERSONNEL DU CBAR EN 2014 29 31 © UNHCR/Achilleas Zavallis 11. ANNEXES 1. Présentation du CBAR NOTRE VISION Toute personne arrivant sur le territoire belge et ayant besoin d’être protégée, au sens de la Convention de Genève, des Conventions internationales sur les droits de l’homme et des Directives européennes, doit pouvoir jouir de cette protection. Cette personne a également le droit de vivre en famille et doit être en mesure de s’intégrer pleinement en Belgique. NOTRE MISSION Le CBAR a pour mission de garantir et de renforcer les droits des personnes nécessitant une protection en Belgique ou ayant reçu une protection de la Belgique. Pour ce faire, le CBAR veille, d’une part, à l’application correcte par les instances actives en matière d’asile et d’immigration des droits de ces personnes dans leurs dossiers individuels. D’autre part, le CBAR veille, plus largement, à ce que ces personnes puissent faire reconnaître ces droits, grâce à des procédures de qualité ainsi que des lois et des règlements en accord avec -4 Rapport annuel du CBAR 2014 les obligations internationales contenues dans la Convention de Genève, la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention européenne des droits de l’homme, la Charte européenne des droits fondamentaux et les Directives européennes et autres conventions internationales. Le CBAR cherche toujours à travailler en partenariat et en concertation et vise à développer des réseaux de collaboration. Les valeurs qui sous-tendent l’intégralité de nos actions sont la justice, l’égalité et le respect des droits. NOTRE PUBLIC-CIBLE -5 Rapport annuel du CBAR 2014 protection subsidiaire ou d’autres formes de protection, etc.). Pour atteindre ses objectifs, le CBAR travaille essentiellement pour et en collaboration avec le corps professionnel du secteur : acteurs de première ligne, travailleurs des centres d’accueil, visiteurs de centres fermés, avocats, tuteurs etc. © UNHCR/Alfredo D’Amato Le CBAR agit, d’une part, en faveur de toute personne arrivant ou se trouvant sur le territoire belge ou à la frontière et ayant besoin d’une protection internationale au sens de la Convention de Genève ou des Directives européennes ou autres Conventions internationales et, d’autre part, en faveur de toute personne ayant obtenu un statut de protection en Belgique (réfugié, bénéficiaire de 2. Le CBAR en 2014 Le Comité Belge d’Aide aux Réfugiés (CBAR) est une asbl qui offre une aide juridique aux demandeurs d’asile, réfugiés reconnus et bénéficiaires de la protection subsidiaire, ainsi qu’à leurs avocats, travailleurs sociaux et juristes actifs dans le domaine. Depuis 1993, le CBAR est le partenaire opérationnel du Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies (HCR) en Belgique. En 2014, le CBAR est intervenu principalement dans trois domaines : • le regroupement familial des réfugiés reconnus et bénéficiaires de la protection subsidiaire ; Pour ce faire, le CBAR a concentré ses activités autour de trois projets : Asile, Détention et Regroupement familial. Dans ces mêmes sujets, le CBAR a également participé à différents projets externes, comme la rédaction du rapport national belge dans le cadre du projet AIDA ou par la participation au projet sur l’aide juridique de Vluchtelingenwerk Vlaanderen. En 2014, différents stagiaires sont venus renforcer l’équipe des 10 employés permanents du CBAR qui a également pu compter sur l’aide précieuse d’une traductrice bénévole. • les procédures d’asile des personnes à la recherche d’une protection internationale en Belgique ; • l’asile à la frontière et en détention et le risque d’expulsion. L’ASILE Le projet Asile a pour objectif de renforcer l’aide juridique des demandeurs d’asile qui n’ont pas été mis en détention. -6 Rapport annuel du CBAR 2014 Chaque année, le CBAR analyse environ 250 dossiers individuels d’asile en vue de leur apporter un éventuel soutien qui consiste notamment, à transmettre des informations sur les pays d’origine, à fournir une jurisprudence et une législation pertinentes ou à soutenir le dossier auprès des instances d’asile. En 2014, le nombre de nouveaux dossiers reçus par le CBAR a un peu baissé par rapport aux années précédentes (179). Ceci est probablement la conséquence de plusieurs facteurs, dont l’effet positif de l’introduction d’une liste de priorité, qui nous a permis d’améliorer la qualité de dossiers que nous recevons. Nous voyons d’ailleurs que le nombre d’intervention est resté stable (91 interventions de soutien juridique et 57 interventions auprès des instances d’asile). La diminution du © UNHCR/Igor Pavicevic nombre de demandeurs d’asile en Belgique et l’augmentation importante du taux de protection et la particularité des profils arrivant majoritairement aujourd’hui en Belgique, qui sont des populations fuyant des zones de guerre (Syrie, Irak, etc.) est certainement également à la base de la diminution du nombre de dossiers d’asile reçus au CBAR. Si un nombre moins important de dossiers introduits, n’est pas un problème en soi, il est cependant essentiel de veiller à ce que les dossiers qui ont besoin de l’intervention du CBAR nous parviennent. En 2014 nous avons continué à développer notre communication vav. de nos partenaires et principalement vav. de Fedasil. Depuis 2013 et toujours en 2014, le CBAR a fait de la vulnérabilité un de ces axes de travail (voir ci-dessous) et a accordé ainsi une grande attention aux profils vulnérables dans l’examen des dossiers individuels (personnes âgées, personnes atteintes de troubles psychologiques, mineurs, femmes seules, etc.). Ces profils sont d’ailleurs traités en priorité, conformément à la liste disponible sur notre site internet. L’argument de la prise en considération de la vulnérabilité est également régulièrement invoqué dans les interventions que nous effectuons auprès des instances d’asile. Dans le cadre de sa permanence juridique, le service Asile se tient également à la disposition des praticiens pour répondre à toute question spécifique liée à l’asile. Ainsi en 2014, les juristes ont répondu à près de 640 questions sur l’asile principalement posées par des travailleurs sociaux et des avocats. Les questions posées étaient variées : application du Règlement Dublin, jurisprudence européenne et nationale, informations sur le pays d’origine ou le profil d’un demandeur, position du HCR ou des instances d’asile, opportunité d’introduire un dossier individuel auprès de notre service, etc. -7 Rapport annuel du CBAR 2014 Avec l’objectif de renforcer les acteurs de première ligne afin d’améliorer la qualité de l’aide juridique aux demandeurs d’asile, le CBAR est également à différentes reprises intervenu à des colloques ou pour donner des formations. Le service Asile suit également avec attention l’actualité en matière de droit d’asile et étudie son évolution dans le contexte européen. En 2014, le CBAR a continué à analyser certains aspects de la vulnérabilité. En effet, le CBAR est régulièrement consulté par des demandeurs d’asile vulnérables qui rencontrent des difficultés à faire reconnaître leur besoin de protection. Face à la récurrence de cette problématique, le CBAR a analysé en 2014 la situation dans la procédure d’asile des personnes qui souffrent de troubles psychologiques résultant d’un traumatisme et a publié l’analyse « Trauma, geloofwaardigheid en bewijs in de asielprocedure », ainsi qu’une synthèse des analyses de 2013 et 2014 qui s’intitule « L’asile et la protection de la vulnérabilité - Prise en considération de la minorité et du traumatisme dans la procédure d’asile belge » et qui s’adresse plus particulièrement aux acteurs de terrain qui accompagnent des personnes mineures ou traumatisées dans le cadre de leur demande d’asile. Enfin, le service Asile a organisé en 2014, 10 réunions de contact mensuelles réunissant les instances d’asile et d’accueil, les organisations internationales et les ONG actives dans le domaine. L’OE, le CGRA, le CCE, Fedasil, le Service des Tutelles, le HCR et l’OIM y ont chaque mois présenté leurs principaux chiffres et actualités, pour ensuite répondre aux questions des participants. Des échanges intéressants en ont suivis. Les comptes-rendus de ces réunions sont disponibles sur le site du CBAR. En 2014, les activités du projet Asile ont été réalisées en étroite collaboration avec le HCR et grâce à l’appui financier du Fonds Européen pour les Réfugiés et de Fedasil. LE REGROUPEMENT FAMILIAL Le projet Regroupement familial vise à garantir et renforcer le droit au regroupement familial des réfugiés et bénéficiaires de la protection subsidiaire en Belgique. Pour ce faire, le CBAR soutient des dossiers individuels complexes en matière de regroupement familial auprès des autorités compétentes (Affaires étrangères et Office des étrangers) afin de faciliter l’obtention des visas pour les membres de la famille du bénéficiaire de protection internationale et rendre ainsi effectif leur droit au regroupement familial. En outre, le CBAR joue un rôle de plate-forme en la matière et ce, pour faciliter les contacts entre les partenaires de terrain et les instances compétentes et favoriser la circulation de l’information. Dans ce cadre, nous avons organisé en 2014, une réunion d’information et de concertation avec nos partenaires sur le regroupement familial des bénéficiaires de protection internationale (Réunion partenaires) et une réunion ‘Contact Bis’ où nous avons pu compter sur la présence de l’Office des étrangers et des Affaires étrangères ainsi que le Médiateur Fédéral, le HCR et nombreux de nos partenaires. Le CBAR a également continué à suivre et analyser le droit au regroupement familial des bénéficiaires de protection internationale en Belgique et le cas échéant, à interpeller les instances quand leur droit au regroupement familial était menacé. Une attention particulière a été portée en 2014 à la situation de l’accès à l’Europe et à la Belgique pour les Syriens et aux aspects européens du regroupement familial. Ce travail s’est fait en collaboration avec des partenaires belges et européens et à abouti à la participation du CBAR a deux analyses communes : « Ouvrons les frontières aux Syriens en exil » et « Disrupted Flight – The Realities of Separated Refugee Families in the EU » Rapport annuel du CBAR 2014 © CBAR -8 D’autres voies sont utilisées par le CBAR pour diffuser de l’information sur le regroupement familial, et ainsi en juin 2014, le CBAR a mis à jour sa brochure sur le regroupement familial des réfugiés reconnus en Belgique, qui s’intitule désormais « Le regroupement familial des bénéficiaires de protection internationale en Belgique ». De plus, plusieurs formations ont également été données par les juristes du projet contribuant à la diffusion de l’information. En outre, sa position particulière et sa connaissance approfondie de la problématique permettent au CBAR d’interpeller les autorités lorsque des lacunes ou problèmes apparaissent dans les procédures ou règlementations pouvant mettre à mal le droit au regroupement familial de son public cible. En collaboration avec le HCR, le CBAR a travaillé à la mise à jour de la note politique commune « Le droit au regroupement familial des bénéficiaires de protection internationale en Belgique : constats et recommandations » -9 Rapport annuel du CBAR 2014 © CBAR Le service dispose également d’une permanence téléphonique, afin de répondre à toutes les questions que rencontrent les praticiens et les bénéficiaires eux-mêmes en matière de regroupement familial. En 2014, les juristes ont répondu à près de 500 demandes sur le regroupement familial, par e-mail ou par téléphone. Beaucoup de ces demandes d’information ont émané de personnes d’origine syrienne souhaitant faire revenir les membres de leur famille auprès d’eux en Belgique et souhaitant des informations précises sur les différentes possibilités s’offrant à eux (près d’une demande sur 4). (publiée en 2013). Une version actualisée de la note commune sera publiée en 2015. Elle comportera un point supplémentaire sur l’introduction de la demande de visa et l’accès aux ambassades. En outre, des références actuelles ont été ajoutées (arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme, communication de la Commission Européenne). Enfin, en 2014 Le CBAR a eu la volonté de rendre les messages contenus dans cette note politique plus accessible afin de pouvoir l’adresser à un public plus large et de proposer un outil complémentaire au travail déjà réalisé. Le CBAR a réalisé, en collaboration avec le VIDEP 4 capsules vidéo reprenant le témoignage de 4 réfugiés confrontés aux obstacles de la procédure de regroupement familial en Belgique. L’idée étant de mettre des visages et des récits sur ces obstacles qui rendent le droit à vivre en famille des bénéficiaires de protection internationale compliqué et de donner la parole à ceux qui y sont directement confrontés. Ces 4 capsules font partie d’un film intitulé « Séparés- le regroupement familial des réfugiés en Belgique », produit en collaboration avec le VIDEP et qui sera diffusé en 2015. Le film est visible directement sur internet via le lien viméo et un DVD du film a également été édité. En 2014, les activités du projet Regroupement familial se sont faites en étroite collaboration avec le HCR et avec ses partenaires de terrain. Ces activités ont été rendues possibles grâce au soutien financier du Fonds européen pour les Réfugiés et du FIPI. Pour la production du film, nous avons pu bénéficier de l’aide de la Fondation Roi Baudouin. © CBAR LA DÉTENTION -10 Rapport annuel du CBAR 2014 © UNHCR/Kitty McKinsey Dans le cadre de son projet Détention, le CBAR offre un soutien juridique actif aux demandeurs d’asile, à leurs avocats et autres accompagnants, par la visite des personnes en centres fermés et le suivi de leurs demandes d’asile en cours de détention. Le CBAR fournit une aide juridique dans différents actes à poser lors de la procédure d’asile ou d’une procédure «Dublin», mais aussi dans les recours pouvant être menés contre les mesures de détention et d’éloignement des demandeurs d’asile. Dans l’optique de pouvoir répondre très rapidement aux sollicitations, les juristes ont développé des modèles de réponses sur différents sujets. Enfin en 2014, le CBAR a été très présent au Caricole (45 visites au Caricole, dont certaines pour assister à une audition du CGRA). Dans un certain nombre de cas, le CBAR assure lui-même un soutien individualisé du dossier. Ce suivi consiste à assister à l’audition du CGRA et à soutenir, si nécessaire, l’avocat dans sa défense du dossier d’asile, par exemple, en mettant à sa disposition l’information sur les pays, la jurisprudence et la législation, et en le soutenant lors de l’introduction d’un recours en pleine juridiction au CCE ou d’un recours en suspension en extrême urgence, etc. Un des objectifs du projet est également de diffuser de l’information sur la matière et de renforcer les acteurs de première ligne et les avocats. En 2014 cela s’est fait d’une part par plusieurs publications juridiques, mais également par de nombreuses formations à l’attention des avocats ou d’autres à l’attention particulières des visiteurs. De plus, le CBAR entretient des contacts réguliers avec les visiteurs accrédités des autres ONG et répond à leurs questions juridiques en vue de renforcer l’accompagnement qu’ils offrent aux détenus. En vue de leur formation continue le CBAR a également participé avec Caritas et Ciré à l’élaboration et la publication d’une farde de documentation juridique contenant une fiche par question juridique que les visiteurs de centres fermés rencontrent régulièrement. Il s’agit de fiches synthétiques sur les différentes réglementations d’application en détention. Elles traitent notamment des motifs de détention, des recours contre la détention, du régime de détention, du règlement Dublin, des recours contre les mesures d’éloignement, des interdictions d’entrée, etc. juridiques sur la procédure d’asile à la frontière et les conséquences de la détention sur cette procédure. Ce suivi permet également d’identifier les points de tension dans l’usage de la détention. Cette information est rassemblée dans des notes juridiques qui sont mises à disposition des avocats et autres organisations sur le site internet du CBAR. Ainsi en 2014, plusieurs analyses ou notes ont été publiées, dont notamment une note sur l’alternative de fuite interne en Afghanistan « Intern beschermingsalternatief voor veralgemeend geweld in Afghanistan in de Belgische asielprocedure ». En 2004, le CBAR a également travaillé sur un rapport sur les demandes d’asile des Syriens, qui étaient très présents à la frontière. Ce rapport sera publié en 2015. Enfin, le CBAR a participé à plusieurs publications externes dans des revues ou autres qui participent aussi à la diffusion de l’information. En 2014, les activités du projet Détention se sont faites en partenariat étroit avec le HCR et le groupe ‘Transit des visiteurs’ et grâce à l’appui financier du Fonds Européen pour les Réfugiés et du HCR. Le suivi régulier des demandes d’asile à la frontière permet au CBAR de produire des analyses -11 Rapport annuel du CBAR 2014 3. Les chiffres de 2014 SERVICE ASILE DOSSIERS INTRODUITS : TOP 5 DES PAYS D’ORIGINE GENRE NATIONALITÉ DEMANDEUR D’ASILE -12 Rapport annuel du CBAR 2014 TOTAL DES DOSSIERS % NOMBRE DE MEMBRES DE LA FAMILLE F M Afghanistan 6 25 31 17% 25 Russie 5 15 20 11% 53 Guinée 2 14 16 9% 24 Albanie 1 14 15 8% 16 Iran 7 7 14 8% 8 Total Top 5 pays d’origine 21 75 96 54% 126 TOTAL NOMBRE DOSSIERS D’ASILE INTRODUITS EN 2014 46 133 179 100% 209 © UNHCR/Mark Henley NOMBRE DE TRAITEMENTS DANS LES DOSSIERS INDIVIDUELS TRAITEMENTS NOMBRE Interventions auprès des instances + propositions d’avis au HCR 56 Soutien juridique 92 TOTAL 148* * Il y a eu plusieurs interventions dans certains dossiers. RÉSULTATS DES INTERVENTIONS AUPRÈS DES INSTANCES D’ASILE POUR LES DOSSIERS INDIVIDUELS RÉSULTATS -13 Rapport annuel du CBAR 2014 NOMBRE Dublin : traitement par la Belgique 1 Réfugié reconnu / protection subsidiaire 17 Refus reconnaissance CCE 2 Refus CGRA (attente decision du CCE) 8 Attente décision du CGRA ou de l’OE 9 TOTAL 37 SERVICE DÉTENTION DOSSIERS OUVERTS : TOP 5 DES PAYS D’ORIGINE GENRE NATIONALITÉ DEMANDEUR D’ASILE TOTAL DES DOSSIERS % NOMBRE DE MEMBRES DE LA FAMILLE F M Afghanistan 3 5 8 14% 0 Palestine 0 8 8 14% 2 Russie 2 6 8 14% 6 Syrie 2 6 8 14% 2 Pakistan 0 6 6 11% 0 Total du Top 5 7 31 38 67% 10 TOTAL DOSSIERS INTRODUITS EN 2014 14 43 57 100% 13 NOMBRE DE TRAITEMENTS DANS LES DOSSIERS DE DÉTENTION TRAITEMENTS Interventions auprès des instances 35 Soutien juridique 75 TOTAL *Il y a eu plusieurs interventions dans certains dossiers -14 Rapport annuel du CBAR 2014 NOMBRE 110* SERVICE REGROUPEMENT FAMILIAL DOSSIERS OUVERTS : TOP 5 DES PAYS D’ORIGINE GENRE NATIONALITÉ DEMANDEUR D’ASILE F M TOTAL DES DOSSIERS NOMBRE DE MEMBRES DE LA FAMILLE % Syrie 3 8 11 24% Congo 2 4 6 13% Afghanistan 0 4 4 9% Rwanda 0 3 3 7% Sri Lanka 2 1 3 7% Total du Top 5 7 20 27 57% TOTAL DU NOMBRE DE DOSSIERS INTRODUITS EN 2014 13 33 45 100% 123 NOMBRE DE VISAS OBTENUS EN 2013, DANS LES DOSSIERS INDIVIDUELS TRAITEMENTS -15 Rapport annuel du CBAR 2014 NOMBRE Visa regroupement familial 54 Visa humanitaire 23 TOTAL 77 4.Les réfugiés palestiniens Pendant la guerre de 1948, que les Palestiniens appellent ‘la catastrophe’ ou ‘Nakba’, quelque 750.000 Palestiniens prennent la route de l’exode. Ainsi débuta la crise de réfugiés la plus longue de l’histoire. Les Palestiniens se sont réfugiés dans différents Etats arabes avoisinants où ils sont, à ce jour, toujours en résidence ‘temporaire’, parce qu’Israël leur refuse le droit au retour, pourtant confirmé par différentes résolutions des Nations Unies. Dans chacun de ces Etats, ils ont un statut différent qui leur ouvre certains droits, ou justement pas, et ils se heurtent à diverses difficultés. La plupart ont d’ailleurs subi un deuxième déplacement dans ce Moyen-Orient ravagé par la guerre et les conflits. En 2014, le CBAR a soutenu de manière active certains cas de Palestiniens à la frontière, qui cherchaient à obtenir une protection en Belgique. Le CBAR a dans ce cadre mis l’accent sur les dossiers des réfugiés palestiniens reconnus par l’UNRWA. Leur demande d’asile doit faire l’objet d’un examen au sens de l’article 1D de la Convention de Genève relative aux réfugiés, créé spécialement pour eux. Alors que cet article a été créé pour garantir la continuité de la protection des réfugiés palestiniens, le CBAR constate cependant que l’application incorrecte de l’article 1D, engendre en fait, leur exclusion de cette protection.1 -16 Rapport annuel du CBAR 2014 Le CBAR constate aussi que l’interprétation de cet article s’avère être particulièrement problématique dans le traitement des dossiers des réfugiés palestiniens au Liban. Contrairement à la Syrie et à Gaza où le conflit armé est évident et la protection donc automatiquement accordée par les instances d’asile au sens de l’article 1D, alinéa 2, de la Convention de Genève, la situation au Liban semble nettement moins évidente. Depuis l’arrêt El Kott de la Cour européenne de Justice, les instances d’asile vérifient d’abord si le réfugié palestinien a quitté le champ d’application du mandat de l’UNRWA en raison de sa situation individuelle d’insécurité grave et si l’UNRWA se trouve dans l’impossibilité de fournir les conditions de vie inhérentes à la mission dont il est chargé. Le niveau de preuve de l’interprétation de la notion ‘situation individuelle d’insécurité grave’ nous semble cependant excessive. Alors que concernant les réfugiés palestiniens aucune appréciation supplémentaire au sens de l’article 1A ne doit être effectuée puisque la communauté internationale les a déjà reconnus comme réfugié, la preuve d’une crainte fondée de persécution dans le pays de résidence habituelle semble toutefois requise. Le manque d’assistance de l’UNRWA, la discrimination systématique à l’encontre des Palestiniens en matière de droits de l’Homme par les autorités libanaises et la violence qui règne dans les camps de réfugiés ne seraient, ne suffiraient pas, selon les instances d’asile, pour l’attribution automatique d’une protection. En raison de cette interprétation restrictive de l’article 1D, il s’est créé un ‘protection gap’ pour les réfugiés palestiniens, qui se voient, de ce fait, privés d’une protection indispensable. 1 Pour une analyse détaillée de l’article 1D de la Convention relative aux réfugiés, on peut renvoyer le lecteur à un article publié par une juriste du CBAR : M. Claes, Niet-erkende beschermingsnood van Palestijnse vluchtelingen uit Libanon : de toepassing van artikel 1D Vluchtelingenverdrag in de Belgische asielprocedure, T. Vreemd. Madame A. a fui la Palestine historique à l’âge de treize ans. Depuis lors, elle a vécu en tant que réfugiée palestinienne, reconnue par l’UNRWA, dans le camp de réfugiés de Burj Al-Shemali au Liban. Avec sa fille, madame X., elle a introduit une demande d’asile à la frontière belge et a été placée au centre fermé Caricole. Madame A. doit faire face à de graves problèmes de santé et dit n’avoir reçu pour son traitement pratiquement aucune assistance de la part de l’UNRWA. Mère et fille font aussi état de conditions de vie inhumaines dans le camp de réfugiés, comme la surpopulation, le manque d’eau, d’électricité et la sensation d’insécurité due à la présence de groupes armés. Madame X a également été victime de violences liées au genre. Madame A. et sa fille ont été exclues, tant par le CGRA que par le CCE, sur base de l’article 1D §1 de la Convention de Genève. Selon les instances d’asile, madame A. et madame X. n’ont pu établir l’existence d’une grave situation d’insécurité au sens de l’arrêt El Kott, puisque leurs déclarations ont été considérées non-crédibles. Les instances d’asile allèguent que l’UNRWA fournit toujours du secours au Liban. Par ailleurs, elles n’ont pu démontrer qu’en cas de besoin, elles n’auraient pu obtenir l’aide de l’UNRWA. En outre, il ne suffisait pas de faire état de manière générale des conditions de vie au camp de réfugiés, pour pouvoir obtenir une protection. Ceci en dépit du fait que différents rapports d’organisations internationales des droits de l’Homme confirmant les dires des deux femmes, en faisaient mention. La vulnérabilité de Madame A. n’a pas été prise en compte lors de l’évaluation. Suite à la clôture négative de leur procédure d’asile, Madame A. et sa fille ont finalement été mises en liberté, car les autorités libanaises n’avaient délivré aucun document de voyage. -17 Rapport annuel du CBAR 2014 © UNHCR/Preeta Law Une nouvelle demande d’asile a été appuyée par un avis du CBAR. Vu la santé de la mère, seule madame X. a été entendue par le CGRA. Un document de l’UNRWA a été présenté révélant qu’une demande d’assistance avait été refusée et des éléments nouveaux rapportaient des faits de violence liée au genre à l’encontre de madame X. Il a également été fait mention du fait qu’un retour au Liban semblait impossible. Finalement, les deux femmes ont obtenu le statut de réfugiée au sens de l’article 1D §2 de la Convention de Genève. © UNHCR / B. Sokol 5.Le regroupement familial des bénéficiaires de protection internationale en Belgique -18 Rapport annuel du CBAR 2014 Forcés de fuir leur pays d’origine, les bénéficiaires d’une protection internationale ont souvent été contraints de se séparer des membres de leur famille. Le regroupement familial dans le pays d’asile est souvent le seul moyen pour eux de rétablir un lien familial et de mener une vie familiale en sécurité. En outre, bien souvent, ce n’est qu’une fois rejoints par leur famille que les bénéficiaires d’une protection internationale pourront se concentrer sur leur intégration et la construction d’un avenir meilleur. Les bénéficiaires d’une protection internationale en Belgique, à savoir les réfugiés reconnus ou les bénéficiaires de la protection subsidiaire, peuvent bénéficier du regroupement familial. Ainsi, certains membres de leur famille ont le droit de venir les rejoindre en Belgique. LA PROCÉDURE DE REGROUPEMENT FAMILIAL Les principales bases juridiques pour la procédure de regroupement familial des bénéficiaires d’une protection internationale sont les articles 10 et 10 bis de la loi du 15 décembre 1980 sur l’accès au territoire, le séjour, l’établissement et l’éloignement des étrangers (ci-après, « loi du 15 décembre 1980 »). Etant donné leur profil et leur vulnérabilité, les bénéficiaires d’une protection internationale bénéficient, à certains égards, d’une procédure de regroupement familial plus favorable que celle réservée aux autres étrangers. Ce principe est repris dans le considérant 8 de la directive 2003/86/CE du 22 septembre 2003 relative au droit au regroupement familial qui mentionne que: « La situation des réfugiés devrait demander une attention particulière, à cause des raisons qui les ont contraints à fuir leur pays et qui les empêchent d’y mener une vie familiale normale. Á ce titre, il convient de prévoir des conditions plus favorables pour l’exercice de leur droit au regroupement familial ». Ainsi, en principe, les membres de la famille doivent introduire leur demande de regroupement familial auprès de l’ambassade ou du consulat belge compétent de leur pays de résidence. Cependant, s’agissant des membres de famille d’un bénéficiaire d’une protection internationale, ceux-ci peuvent introduire leur demande de regroupement familial auprès de n’importe quelle ambassade ou consulat belge à l’étranger. -19 Rapport annuel du CBAR 2014 S’agissant par ailleurs de l’établissement des liens d’alliance ou de parenté, la présentation de documents officiels constitue la règle générale. Pour les bénéficiaires d’une protection internationale, il est toutefois souvent difficile de produire des documents officiels. Ils peuvent être inexistants, perdus ou leur obtention nécessite un retour ou un contact avec l’Etat fuit par le réfugié qui est inconciliable avec sa situation. A cet égard, l’article 12 bis §5 de la loi du 15 décembre 1980 précise que « lorsque le ou les membres de la famille d’un étranger reconnu réfugié ou bénéficiant de la protection subsidiaire (…) ne peuvent fournir les documents officiels qui prouvent qu’ils remplissent les conditions relatives au lien de parenté ou d’alliance, il est tenu compte d’autres preuves valables produites au sujet de ce lien ». Ces autres preuves sont soumises à l’appréciation discrétionnaire de l’Office des étrangers. A défaut, les autorités belges peuvent également procéder à des entretiens ou encore une analyse complémentaire, càd un test ADN. En principe, dans le cadre d’une demande de regroupement familial, il est nécessaire d’apporter la preuve de l’existence d’un logement suffisant et d’une assurance maladie et de prouver le bénéfice de revenus stables, réguliers et suffisants. Toutefois, les bénéficiaires d’une protection internationale sont dispensés de ces conditions matérielles supplémentaires, à condition toutefois que la demande de regroupement familial soit introduite dans l’année qui suit la reconnaissance du statut de réfugié ou l’octroi de la protection subsidiaire et que les liens de parenté soient antérieurs à l’arrivée du réfugié en Belgique. Afin de donner une information précise et complète de la procédure particulière du regroupement familial des bénéficiaires d’une protection internationale en Belgique, le service regroupement familial du CBAR a édité en juin 2014 une nouvelle brochure intitulée « le regroupement familial des bénéficiaires de protection internationale ne Belgique ». Cette brochure de 42 pages décrit en détail la procédure à suivre et les conditions à remplir pour l’introduction d’une demande de regroupement familial. Elle s’adresse aussi bien aux assistants sociaux, tuteurs, avocats, accompagnateurs des réfugiés qu’aux réfugiés eux-mêmes pour les guider dans cette procédure complexe. Elle est disponible en trois langues : français, néerlandais et anglais. Elle reprend également, en fin de brochure, le nom et les contacts de toutes nos associations partenaires, spécialisées dans le regroupement familial des réfugiés susceptibles dès lors d’offrir un accompagnent de première ligne aux réfugiés dans leurs démarches de regroupement familial. LES OBSTACLES AU REGROUPEMENT FAMILIAL Cependant, malgré ce régime d’exception pour les bénéficiaires d’une protection internationale, évoqué par quelques exemples ci-dessus, de nombreux obstacles au regroupement des familles persistent qui ralentissent et compromettent leur droit à vivre en famille. -20 Rapport annuel du CBAR 2014 Ainsi notamment, bien que la demande de regroupement familial puisse être introduite dans n’importe quelle ambassade belge, le fait qu’il n’y ait pas d’ambassade belge dans tous les pays peut compromettre le regroupement familial des intéressés. En effet, cela implique des voyages longs, dangereux et couteux vers le poste diplomatique compétent et ce, sans dépasser le délai d’un an pour pouvoir bénéficier de l’exemption des conditions matérielles. En outre, il est souvent difficile pour les membres de famille sur place de comprendre, sans accompagnement, la procédure complexe d’introduction du visa. Dans ce cadre, il serait souhaitable d’offrir la possibilité aux bénéficiaires d’une protection internationale d’introduire en Belgique la demande de regroupement familial pour les membres de sa famille. Par ailleurs, bien que la législation belge prévoie le recours à d’autres types de preuves si des documents officiels attestant des liens familiaux ne peuvent être produits, en pratique, la réalisation du test ADN devient trop souvent le moyen de preuve incontournable. Or, il s’agit d’une procédure couteuse qui véhicule une notion exclusivement biologique de la famille. Il faudrait dès lors davantage utiliser les possibilités offertes par la législation belge de produire ces autres preuves valables du lien familial. En outre, la demande de regroupement familial doit être introduire dans l’année suivant la -21 Rapport annuel du CBAR 2014 © CBAR reconnaissance du statut pour ne pas devoir remplir les conditions supplémentaires au regroupement familial (produire la preuve d’une assurance maladie, d’un logement suffisant et de moyens de subsistances stables, réguliers et suffisants). Or, étant donné leur situation particulière, les bénéficiaires d’une protection internationale rencontrent régulièrement des difficultés pratiques, indépendantes de leur volonté, ne permettant pas le respect de ce délai. Ils sont dès lors soumis à ces conditions, susceptible de compromettre leur regroupement familial. Il serait souhaitable dès lors de supprimer ce délai de un an. Enfin, de manière générale, les nombreux coûts de la procédure représentent un obstacle important. L’ensemble de ces coûts atteint généralement des proportions déraisonnables par rapport aux possibilités financières des bénéficiaires d’une protection internationale et menace leur regroupement familial. Il faudrait dès lors, à notre sens, attacher une attention particulière à cette problématique en exemptant les membres de la famille du coût d’introduction de la demande de visa et en remboursant le coût des tests ADN lorsque le résultat de ceux-ci s’avère positif. -22 Rapport annuel du CBAR 2014 © UNHCR/Julien Prebel 6. Les demandeurs d’asile traumatisés INTRODUCTION Le nombre de demandeurs d’asile qui souffrent de troubles psychologiques et/ou psychiatriques à la suite d’un traumatisme dans les pays occidentaux est très élevé. Ces personnes s’en trouvent particulièrement vulnérables et peuvent être confrontées à de nombreuses difficultés dans le cadre de leur demande d’asile, notamment lorsqu’il s’agit d’introduire celle-ci à l’Office des Etrangers ou lorsqu’ils doivent retransmettre leur récit de manière cohérente lors de leur audition au CGRA. De nombreux textes tant en droit européen qu’en droit belge imposent de prendre en considération cette vulnérabilité. En 2014, le CBAR a accordé une attention particulière à ce public particulièrement vulnérable, à travers la rédaction d’une analyse juridique et le suivi de dossiers individuels. LE TRAUMATISME, LA CRÉDIBILITÉ ET LA PREUVE DANS LA PROCÉDURE D’ASILE L’acquis communautaire et le droit belge offrent aux instances d’asile un cadre juridique clair leur imposant de prendre en considération la vulnérabilité particulière des demandeurs d’asile, en ce compris les demandeurs souffrant d’un traumatisme. La pratique développée par les instances d’asile montre que ces dernières ont conscience de la problématique et ont la volonté de prendre cette vulnérabilité particulière en considération. En nous recevant dans le cadre de notre travail, l’OE et le CGRA ont clairement manifesté une ouverture sur le sujet, souhaitant pouvoir échanger et discuter sur la problématique. Ils ont également instauré des cellules spécialisées qui assurent le traitement et le suivi des demandes d’asile de certains demandeurs vulnérables. -23 Rapport annuel du CBAR 2014 Malgré ces bonnes pratiques et intentions, les instances conservent toutefois souvent un rôle trop passif dans l’identification et la prise en considération du traumatisme de certains demandeurs d’asile. Ainsi, seuls les signes visibles de vulnérabilité sont enregistrés par l’OE alors que les demandeurs ne peuvent être accompagnés par une personne de confiance lors de l’enregistrement de leur demande d’asile. Si la CJUE considère qu’il appartient aux instances de coopérer avec le demandeur à l’établissement des faits, le CGRA refuse d’examiner des craintes qui n’auraient pas été directement exprimées par le demandeur d’asile alors que certains éléments manifestes attestent de cellesci et considère qu’il appartient aux intervenants au dossier d’invoquer celles-ci au besoin. Une telle pratique nous semble particulièrement problématique pour les personnes victimes de troubles psychologiques qui ne sont pas toujours en mesure d’exprimer leur vécu. Le CGRA refuse enfin de prendre en considération les documents médicaux déposés par le demandeur à l’appui de sa demande lorsque son récit n’est pas crédible alors que ceux-ci peuvent justement éclairer l’officier de protection sur certains problèmes de crédibilités apparents ou objectiver certains éléments du récit. © UNHCR / A. McConnell Durant l’année 2014, le CBAR a analysé la manière dont les instances d’asile assuraient le traitement des demandeurs d’asile victimes de traumatisme. Une analyse intitulée « Trauma, geloofwaardigheid en bewijs in de asielprocedure » résulte de ce travail. Face à ces constats, nous avons notamment plaidé pour une transposition rapide de certaines dispositions des Directives Qualification Refonte, Procédure Refonte et Accueil Refonte qui n’ont, pour partie, pas encore été transposées mais qui prévoient des standards de protection plus importants, en particulier au regard de l’identification des groupes vulnérables. A notre sens, ces réformes législatives devraient également être accompagnées d’une augmentation des moyens humains et financiers des instances permettant notamment de renforcer la formation du personnel. A l’inverse, nous avons appris début 2015 que la psychologue du CGRA quittait ses fonctions et n’allait pas être remplacée… LES DOSSIERS INDIVIDUELS DU CBAR Au cours de l’année 2014, le CBAR a été régulièrement sollicité pour analyser les dossiers individuels de demandeurs d’asile particulièrement traumatisés. L’analyse de ces dossiers a mené à plusieurs interventions auprès de l’Office des Etrangers ou du CGRA. Monsieur S. est un jeune afghan de 19 ans qui s’est vu débouter une première fois de sa demande d’asile par le CGRA et le CCE. Le centre d’accueil Fedasil dans lequel il était hébergé a alerté le CBAR de l’extrême fragilité du jeune au niveau psychiatrique. Celui-ci avait notamment fait deux tentatives de suicide depuis son arrivée en Belgique et avait été hospitalisé en psychiatrie. De nombreux documents médicaux attestaient des troubles dont il souffrait. Le CBAR est intervenu auprès du CGRA afin de soutenir la nouvelle demande d’asile qu’il avait introduite. Une des questions soulevées était l’impact de l’état psychologique de Monsieur S. sur sa mémoire et sa capacité à transmettre son récit d’asile. Se basant sur de la doctrine et sur plusieurs textes légaux, le CBAR a notamment demandé que sa vulnérabilité particulière soit prise en considération dans le cadre de l’examen de la crédibilité de son récit. -24 Rapport annuel du CBAR 2014 © UNHCR/Phil Behan Monsieur S. a finalement été reconnu réfugié. 7. Les réfugiés tibétains d’Inde En 2013, le concept premier pays d‘asile de la Directive Procédure de l’UE a été inséré dans l’article 48/5 §4 de la Loi du 15 décembre 2018, en tant que nouveau motif de refus des demandes d’asile. Depuis fin 2013, le CGRA fait un usage assez fréquent du concept pour refuser les demandes d’asile des Tibétains ayant résidés en Inde et qui arrivent en Belgique. Comme les demandeurs d’asile avec un tel profil avaient obtenu jusqu’alors le statut de réfugié, le CBAR a considéré ce changement de politique quelque peu problématique et a examiné quelques cas individuels en 2014. Le CBAR a d’ailleurs à plusieurs reprises été consulté à ce sujet par le Central Tibetan Administration (CTA) en Belgique, l’autorité de facto du Dalaï Lama en exil en Inde – dont le représentant est venu en Belgique consulter les instances d’asile sur l’évaluation administrative et factuelle de la situation des réfugiés tibétains de l’Inde. Le CGRA oppose un refus systématique à la plupart des demandes d’asile des Tibétains venant d’Inde au motif principal que les Tibétains d’Inde bénéficient de facto d’un statut de séjour administratif. Pour ce faire, le CGRA se base sur son rapport Cedoca ‘COI Focus : China India – De Tibetaanse gemeenschap in India’, selon lequel les Tibétains d’Inde peuvent obtenir une autorisation de séjour périodiquement renouvelable, le so-called Registration Certificate for Tibetans (RC), et auquel ils peuvent de nouveau prétendre -25 Rapport annuel du CBAR 2014 à leur retour, et qui leur donne droit à un document de voyage international, le Identity Certificate (IC) ou Yellowbook. Le CBAR a réuni constats et analyse dans une note d’information destinée aux juristes qui accompagnent les réfugiés tibétains d’Inde : “ India reële bescherming aan Tibetanen? - Welke ‘reële bescherming’ is vereist om van een ‘eerste land van asiel’ in de zin van artikel 48/5 §4 van de Vreemdelingenwet te kunnen spreken? ”. La note clarifie le nouveau concept juridique ‘premier pays d’asile’ et son application à l’Inde par les instances d’asile, ainsi que la situation des réfugiés tibétains. La note propose également un certain nombre de points de référence et d’arguments juridiques pour les aspects plus problématiques. Ainsi fait-on entre autres valoir que pour l’interprétation du concept de ‘protection réelle’ comme condition à l’application du principe ‘premier pays d’asile’, il y a lieu de d’abord vérifier quelle procédure d’asile et quel statut de protection ce pays peut garantir au demandeur d’asile, ainsi que leur conformité avec la Convention de Genève. Pour ce faire, le droit de séjour doit entre autre être permanent et la protection ‘efficace’, sans que ne soit explicité de quelle manière il faut interpréter ceci. Etant donné que l’Inde n’est pas un Etat partie à la Convention de Genève, la question cruciale suivante se pose : l’Inde peut-il être un premier Pour ce qui est de la charge de la preuve concernant la réadmission dans un premier pays d’asile, le CBAR est d’avis qu’elle incombe aux autorités et que pour s’y conformer, il est indispensable d’examiner de manière individuelle et rigoureuse les modalités pratiques en matière de retour et de réadmission pour chaque cas spécifique. La seule référence à des informations d’ordre général sur une possibilité théorique d’un retour en Inde pour les Tibétains simplement munis d’un visa temporaire et sans aucune garantie de séjour de longue durée, est dans cette optique insuffisante. En outre, des demandeurs d’asile tibétains qui s’étaient présentés à l’ambassade d’Inde munis ou non d’un RC, ont signalé au CBAR n’avoir pour autant pas été aidés. -26 Rapport annuel du CBAR 2014 Le CBAR conclut dans sa note que pour éviter autant que faire se peut l’incertitude juridique relative à l’interprétation du concept de ‘premier pays d’asile’ et la charge de la preuve légale, il serait indiqué que le CCE saisisse l’occasion pour clarifier l’application par le CGRA de ce concept à l’Inde, et le cas échéant, poser une question préjudicielle à la Cour de Justice de l’UE. Négliger ces conclusions présenterait un sérieux risque que les autorités belges refusent d’appliquer la Convention de Genève aux personnes ayant besoin de protection et répondant pleinement à la définition de réfugié, mais n’ayant jamais été reconnus comme tel, et ce, sans avoir à justifier © UNHCR/Diego Ibarra Sánchez pays d’asile ? Le CBAR pense que non. Malgré l’hospitalité historique des autorités indiennes envers les réfugiés tibétains, ce pays n’a pas de réglementation en matière d’asile, ni de procédure d’asile individuelle et efficace liée à des garanties procédurales. L’Inde mène une politique ad hoc en matière de réfugiés à l’égard de certains groupes de réfugiés. Ce qui fait que le statut de séjour administratif des Tibétains dépend tout bonnement des instructions politiques. En d’autres termes, leur statut de séjour en tant que réfugié n’offre ni certitude juridique ni garanties légales. Que le CGRA prenne la décision d’appliquer de manière généralisée le principe de premier pays d’asile à l’Inde, nous semble de ce fait quelque peu étrange. ces éléments d’exclusion. Elles pourraient donc se satisfaire d’un niveau de protection plus faible pour ce groupe spécifique de réfugiés sans que celui-ci puisse trouver ailleurs une garantie d’accès à la procédure d’asile individuelle, au statut de séjour et aux droits liés au statut de réfugié. L’argumentaire juridique, développé dans la note, a été repris par les avocats ayant déposé une requête devant le CCE en 2014, et a été cité à de nombreuses audience et dans des arrêts du CCE. Cependant, le CCE ne l’a jamais pris à son compte. Comme la pratique en matière d’asile a continué à considérer l’Inde comme premier pays d’asile, le CBAR s’est emparé de la question pour tester une autre ‘stratégie’ que l’habituel avis ou soutien juridique dans les dossiers individuels. En 2015, le CBAR a organisé une vaste consultation auprès des avocats et juristes qui assistent les Tibétains d’Inde, dans un premier temps pour aborder de manière plus ‘stratégique’ les points névralgiques de la procédure d’asile. 9. Composition des organes du CBAR en 2014 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE MEMBRES ADHÉRENTS ORGANISATIONSDÉLÉGUÉS • Aide aux Personnes déplacées Anne-Françoise Bastin • Caritas Anne Dussart Gonzalo Dopchie • Centre Social Protestant Marie-Claire Leroux Jacqueline Vanderhaegen • CIRE Frédérique Mawet France Blanmailland • Convivial Bruno Gilain • Croix-rouge de Belgique Anne Etienne • Jesuit Refugee Service – Belgium Baudouin Vanoverstraeten • Rode Kruis Vlaanderen Nadia Terweduwe • Service Social de Solidarité Socialiste Brahim Benhaddou Françoise Visée -27 • Service Social Juif Daniel Berman Rapport annuel du CBAR 2014 • Vluchtelingenwerk Vlaanderen Kathelijne Houben Els Keytsman MEMBRES EFFECTIFS • Benoît Van der Meerschen • Bruno Vinikas • Dirk Vanheule • Miep Grouwels • Pascale Van der Espt CONSEIL D’ADMINISTRATION PRÉSIDENT • Dirk Vanheule ADMINISTRATEURS • Anne Dussart • Anne Etienne • Anne-Françoise Bastin • Baudouin Vanoverstraeten -28 Rapport annuel du CBAR 2014 • Brahim Benhaddou • Bruno Gilain • Bruno Vinikas • Daniel Berman • Kathelijne Houben • Frédérique Mawet • Marie-Claire Leroux • Nadia Terweduwe 10. Les membres du personnel du CBAR en 2014 -29 Rapport annuel du CBAR 2014 © UNHCR/Julien Prebel DIRECTION Charlotte van der Haert FINANCES / ADMINISTRATION / SECRÉTARIAT/ COMMUNICATION Leni Driessens PROJETS ASILE ET DÉTENTION Céline Lepoivre Evelien Vandeven Fien Vanhees (jusqu’en février 2014) Geertrui Daem Marjan Claes Ruben Wissing Tristan Wibault Nathalie De Nul (avril – août) Jef D’hollander (septembre - décembre) PROJET REGROUPEMENT FAMILIAL Amélie Hayois Astrid Declercq STAGIAIRES Louise Diagre TRADUCTIONS -30 Rapport annuel du CBAR 2014 © UNHCR/Julien Prebel Odette Klaes 11. Annexes PUBLICATIONS DU CBAR EN 2014 CBAR, « Le regroupement familial des bénéficiaires de protection internationale en Belgique ». Juin 2014 (Fr – Nl – Angl). Actualisation de la brochure sur le regroupement familial des réfugiés reconnus en Belgique. Elle s’adresse maintenant également aux bénéficiaires de protection subsidiaire et plus seulement aux réfugiés reconnus http://www.cbar-bchv.be/LinkClick.aspx?fileticket=L-A0lpdjlDM%3d&tabid=164&mid=682&language=fr-FR Note commune (avec e.a. Vluchtelingenwerk Vlaanderen et CIRE), « Ouvrons les frontières aux Syriens en exil » http://www.cbar-bchv.be/Portals/0/Information%20juridique/Regroupement%20familial/notes%20cbar/Lobbynote%20 06_03_2014_Ouvrons_les_fronti%C3%A8res_aux_Syriens.pdf Rapport commun (coordonné par Red Cross EU et ECRE), « Disrupted Flight – The Realities of Separated Refugee Families in the EU » Ce rapport décrit la mise en œuvre du droit au regroupement familial des bénéficiaires de la protection internationale au sein de l’Union européenne. Le CBAR a participé à la rédaction de ce rapport. h t t p : / / w w w . c b a r - b c h v. b e / P o r t a l s / 0 / J u r i d i s c h e % 2 0 i n f o r m a t i e / G e z i n s h e r e n i g i n g / n o t e s % 2 0 b c h v RCEU-ECRE,Nov14-Family_ReunificationReportFinal_HR.pdf AIDA - CBAR, « Asylum information database – National country report – Belgium - Up-date », 2014. Ce rapport donne un aperçu des aspects importants du cadre légal et de la pratique juridique relative à la procédure d’asile et aux conditions d’accueil et de détention des demandeurs d’asile en Belgique. Celui-ci fait partie du projet AIDA, qui a pour objectif d’établir annuellement un rapport similaire dans 14 Etats membres de l’Union européenne ainsi qu’un rapport comparatif. http://www.asylumineurope.org/reports/country/belgium CBAR, « L’asile et la protection de la vulnérabilité - Prise en considération de la minorité et du traumatisme dans la procédure d’asile belge », décembre 2014 (disponible en néerlandais et en français) Le CBAR est régulièrement consulté par des demandeurs d’asile vulnérables qui rencontrent des difficultés à faire reconnaître leur besoin de protection. Face à la récurrence de la problématique, le CBAR a analysé le rôle de la vulnérabilité dans le droit d’asile, en particulier la situation des mineurs d’une part et des personnes qui souffrent de troubles psychologiques résultant d’un traumatisme d’autre part. Le présent rapport constitue une synthèse des analyses publiées sur le sujet en 2013 et 2014. http://www.cbar-bchv.be/Portals/0/Information%20juridique/Asile/Analyses/Etude_Vulnerabilite_FR.pdf -31 Rapport annuel du CBAR 2014 CBAR, “Trauma, geloofwaardigheid en bewijs in de asielprocedure», août 2014 (disponible en néerlandais) Beaucoup de demandeurs d’asile ont vécu des expériences traumatiques dans leur pays d’origine ou pendant leur fuite. Dans cette étude, le CBAR analyse la vulnérabilité particulière du demandeur d’asile traumatisé et, dans quelle mesure, cette vulnérabilité est prise en compte par les instances. En outre, cette étude se concentre sur l’impact éventuel des problèmes psychologiques sur le récit d’asile et examine la valeur attribuée par les instances aux certificats médicaux déposés dans le cadre de la procédure. http://www.cbar-bchv.be/Portals/0/Juridische%20informatie/Asiel/Analyses/CBARAnalysepsy.pdf CBAR, «Biedt India ‘reële bescherming’ aan Tibetanen? – Welke ‘reële bescherming’ is vereist om van een ‘eerste land van asiel’ in de zin van artikel 48/5 §3 van de Vreemdelingenwet te kunnen spreken?», avril 2014 (disponible en néerlandais) Depuis fin 2013, le CGRA refuse de reconnaître le statut de réfugié aux Tibétains qui ont eu un séjour préalable en Inde, par application du nouveau concept légal de ‘premier pays d’asile’. Que doit-on comprendre sous ce concept et est-il appliqué à juste titre pour l’Inde dans le cas des Tibétains, tels sont les sujets de cette note qui s’adresse aux juristes et autres acteurs de terrain confrontés à de telles décisions. http://www.cbar-bchv.be/Portals/0/Juridische%20informatie/Asiel/Analyses/BCHV(RW),2014-INDIATibetanen,verblijfstatus,teru gkeer,beschermingDEF_1apr14.pdf CBAR, « Aperçu des interventions du service Asile du CBAR auprès des instances », juin 2014. Ce document reprend un résumé des interventions qui ont été effectuées par le service Asile entre le 1er juillet et le 31 décembre 2013. Chaque résumé comprend un bref rappel des faits invoqués par le demandeur d’asile, le déroulement de la procédure et les arguments juridiques développés. Plusieurs avis adressés aux instances d’asile dans le cadre de dossiers individuels ont également été publiés sur notre site internet sous l’onglet « Avis ». http://www.cbar-bchv.be/fr-fr/publications/asile/avis.aspx CBAR, “Intern beschermingsalternatief voor veralgemeend geweld in Afghanistan in de Belgische asielprocedure”, juin 2014 -32 Rapport annuel du CBAR 2014 © UNHCR/Achilleas Zavallis Dans un nombre de dossiers d’asile afghans susceptibles de se voir octroyer la protection subsidiaire, le CGRA décide que ces personnes ont accès à une ‘alternative de protection interne’. Le CBAR analyse le cadre juridique de cette alternative et sa pertinence dans le contexte afghan au regard de la situation humanitaire en Afghanistan. http://www.cbar-bchv.be/Portals/0/Juridische%20informatie/Asiel/Analyses/BCHVjuni2014_Observatie_%20IVA_Afghanistan.pdf COLLABORATIONS EXTERNES Droit d’asile et recours effectif en Belgique : Procédure accélérée, mais pas amputée, Tristan Wibault, Revue des Droits de l’Homme, février 2014, http://revdh.revues.org/600 Niet-erkende beschermingsnood van Palestijnse vluchtelingen uit Libanon: de toepassing van artikel 1D Vluchtelingenverdrag in de Belgische asielprocedure, Marjan Claes, Tijdschrift voor vreemdelingenrecht, 2014/1. Reconnaître la persécution, Entre convergences et divergences des instruments de protection, in Droit de l’immigration et de la nationalité : fondamentaux et actualités, dir.Patrick Wautelet et Fleur Collienne, CUP, Larcier, septembre 2014 ; pp. 53-162. Noot onder RvV 8 mei 2014, 123.705, Tijdschrift voor Vreemdelingenrecht, KMI – Die Keure, n°4 – 2014; pp. 400-405. Grenzen aan het Grensbeleid ? Fort Europa doorgelicht door de VN, Ruben Wissing, in Tijdschrift voor Mensenrechten sur la politique des frontières en Europe (décembre 2014). http://www.cbar-bchv.be/Portals/0/Juridische%20informatie/Asiel/Analyses/TvMR2014.pdf COMPTES-RENDUS DE RÉUNIONS Compte-rendu de la réunion partenaire sur le Regroupement familial du 24 février 2014. http://www.cbar-bchv.be/LinkClick.aspx?fileticket=G9j8REhStTE%3d&tabid=401&mid=1363&language=fr-FR Comptes-rendus des réunions de Contact de 2014. -33 Rapport annuel du CBAR 2014 © UNHCR/Julien Prebel http://www.cbar-bchv.be/fr-fr/r%c3%a9unionsdecontact/comptesrendus.aspx © UNHCR/Julien Prebel Soutenez le CBAR Chaque année, nos projets soutiennent de nombreux dossiers d’asile ou de regroupement familial. Aidez-nous à poursuivre notre action en faisant un don sur notre compte (Triodos) : BE11 5230 8035 2148 Comité Belge d’Aide aux Réfugiés (CBAR) Rue des Palais 154, 1030 Schaerbeek Tel 02/537.82.20 - Fax 02/537.89.82 www.cbar-bchv.be - [email protected]