Peut-on faire annuler son mariage religieux ?
Transcription
Peut-on faire annuler son mariage religieux ?
Peut-on faire annuler son mariage religieux ? Dans la société contemporaine, marquée par le divorce, l’idée est largement répandue que l’on peut faire « annuler » son mariage religieux comme on peut faire annuler son mariage civil : ce n’est pas exact. Pour l’Église, qui s’appuie sur les paroles du Christ, le mariage est indissoluble. Cela signifie que l’engagement mutuel pris par les conjoints demeure jusqu’à la mort de l’un d’entre eux. Lorsqu’on prépare un jeune couple au mariage, il convient de s’assurer que cette « indissolubilité » a bien été comprise. En revanche, les tribunaux de l’Église (que l’on appelle « officialités ») sont chargés d’examiner les requêtes des personnes qui estiment que l’engagement qu’ils ont pris n’était pas un « vrai » engagement : il y a eu erreur sur la personne (qui a dissimulé un élément essentiel de sa vie) ; l’un des conjoints vivait dans l’infidélité au moment où il prétendait s’engager dans la fidélité ; il y avait un manque de liberté intérieure car un des conjoints se sentait poussé au mariage pour des raisons financières…). Récemment, les tribunaux ecclésiastiques ont également admis que le consentement pouvait avoir été faussé par l’immaturité psychologique de l’un des conjoints (ou des deux…). Concrètement, l’Officialité va ouvrir un « procès » : les deux conjoints seront invités à expliquer leur point de vue, en même temps que des témoins seront interrogés. Un avocat assistera l’un et l’autre, tandis que le « défenseur du lien » s’efforcera de prouver la validité du consentement. En fin de compte, un groupe de trois juges décidera s’il estime, oui ou non, que le mariage était « nul ». Mais il faudra encore passer par une deuxième instance qui doit confirmer le jugement. Si les deux instances ne sont pas d’accord, le dossier part à Rome. Des frais raisonnables sont demandés aux personnes qui sont capables de les assumer. Il est donc absolument faux de dire qu’il faut « payer » son annulation de mariage : ces frais couvrent le salaire des greffiers et des autres employés de l’Officialité. Ajoutons encore que, contrairement à une légende tenace, la princesse Caroline de Monaco a eu beaucoup de difficultés à faire admettre la nullité de son premier mariage avec M. Philippe Junot. Elle n’a bénéficié d’aucunes faveurs : il semble avéré que ce dernier n’était pas fidèle au moment où il a exprimé son consentement et l’Église s’est prononcé sur son cas avec une particulière lenteur, pour ne pas donner cours à l’accusation de pressions… Chanoine Bernard Xibaut, Chancelier du Diocèse de Strasbourg (Juillet 2010) Article extrait du site du Diocèse de Strasbourg www.diocese-alsace.fr