Hainaut Prévention Info N° 5

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Hainaut Prévention Info N° 5
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Hainaut PrÈvention Info Hainaut PrÈvention Info
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Médecin généraliste
Anne
est une adolescente de 18 ans. Elle bénéficie au CPAS
d'un Revenu d'Intégration de 319 euros et d'Allocations
Familiales de 103 euros soit au total 421 euros de revenu par
mois. Son projet de vie est de devenir coiffeuse et ouvrir son
salon suite à une dernière année de gestion. Elle est
actuellement en 5ème professionnelle et sa scolarisation est
considérée par le CPAS comme son Contrat d'Intégration. Elle
doit régulièrement apporter les preuves de sa fréquentation
régulière. Sa mobilité est difficile, elle dépend de l'état du
véhicule de son compagnon de vie. Son héritage social et
culturel est très pauvre. Elle a été mise à la porte de chez ses
parents pour pouvoir bénéficier du Revenu d'Intégration, ce qui
constitue le parcours familial habituel. Les liens familiaux se
limitent actuellement à l'achat de "sacs de pommes de terre" que
les parents lui apportent pour subvenir à ses besoins.
Anne s'est mise en ménage avec Emile, 25 ans, sans emploi et
ferrailleur. Ils vivent ensemble chez les parents de son conjoint
dans un habitat insalubre et dans une promiscuité indécente.
L'alimentation se limite à de la viande tous les jours (capital !) et
des patates. Anne est une femme jeune et déjà obèse. Elle porte
déjà les stigmates de la pauvreté.
Malgré le peu de soutien familial et le rejet de ses collègues de
classe [elle n'a pas le look d'une coiffeuse] elle a beaucoup de
courage et reste battante.
Pour obtenir...
Carnet de bord de la santé
Santé en Hainaut n° 5
2004
3ème rapport de la Pauvreté
du Service de lutte contre la
pauvreté, la précarité et
l’exclusion sociale
Tél. : 065 87 96 00
Fax : 065 87 96 79
A
ntoinette est veuve et pensionnée à 67 ans. Elle touche
1089 euros de pension par mois. Son loyer s'élève à 500
euros/mois et elle doit rembourser 100 euros/mois pour un prêt
hypothécaire. Son revenu mensuel est de 409 euros.
Elle consulte le CPAS où elle bénéficie d'une aide "loyer" de 200
euros, d’une aide "chauffage" de 70 euros et du paiement de ses
cotisations sociales. Elle demande régulièrement une
intervention pour des frais médicaux : achat de lunettes,
consultations ou hospitalisations d'urgence.
Antoinette a 4 enfants. Elle s'est retrouvée veuve suite au décès
inopiné de son conjoint. Elle garde de bons contacts avec ses
enfants eux-mêmes dans des situations de précarité. Son
logement est sain et spacieux. Elle y garde tous ses meubles et
son chien de compagnie.
Antoinette est en bonne santé malgré une mobilité réduite : elle
porte des chaussures orthopédiques et fait des chutes
fréquemment. Elle vit un stress psychique continuel vu ses bas
revenus, un sentiment de solitude et de honte.
Antoinette est rentrée dans la précarité suite au décès de son
époux. Elle n'a pas les moyens financiers de subvenir à ses
besoins, mêmes essentiels. Elle dépend des aides sociales
pour se loger, se chauffer, se faire soigner… Elle ne peut
compter sur ses enfants déjà en difficulté. La reloger
ailleurs serait objectivement une solution… mais ce serait la
séparer de son "chez-soi", de ses meubles, de son chien… et
la précipiter dans le désespoir total.
Anne, Antoinette, Pierre… des situations différentes de
précarités vécues. Les contextes, les trajectoires de vie, les
histoires ne se rejoignent que dans le désespoir commun
d'une perte d'autonomie et d'estime de soi. Le médecin
généraliste les rencontre régulièrement dans sa pratique
quotidienne sous de multiples visages. Quelle réponse
apporter à une telle détresse ? Quelle est la place du médecin
généraliste ? Les déterminants de la santé dépassent
largement le champs du "bio-médical" et dépassent ses
compétences.
Là où le médecin généraliste pratique, dans son quartier,
son village, sa commune, existe-t-il des institutions, des
services, des associations qui pourraient lui venir en soutien ?
Quel fichier adresses élaborer pour reprendre les
coordonnées d'intervenants "ressources" ? Quel réseau créer
à long terme pour trouver des pistes de solution sans la
frustration de mettre un pansement sur un bobo qui en cache
bien d'autres.
Docteur Anne-Marie BERGHEZAN
Observatoire de la Santé du Hainaut
Appel...
L’ASBL Promotion Santé et Médecine Générale (née de la
collaboration entre la Société Scientifique de Médecine
Générale et la Fédération des Maisons Médicales)
propose à des Médecins généralistes familiarisés avec le
dépistage du risque cardiovasculaire global d’élaborer un
cadastre local de collaborateurs potentiels dans la gestion
des patients à risques. Il est essentiel que ce projet
rassemble au minimum 3 médecins généralistes. Vous
souhaitez en savoir plus ? Contactez Mme V Hubens à la
Fédération des Maisons Médicales au 02 514 40 14.
Cette lettre d’information est disponible gratuitement sur demande écrite à l’OSH, rue Saint-Antoine 1 - 7021 Havré,
par tél. : 065 87 96 00, par courriel : [email protected]
ou téléchargeable via web : http://observatoiresante.hainaut.be
In
La lettre d’information aux médecins sur les activités de prévention de l'OSH, Août 2006
Edito
n° 5
Initier des réseaux locaux
“santé/précarité” :
une priorité dans le Hainaut
Santé et pauvreté :
quelle(s) prévention(s) ?
Parution : Août 2006
Docteur Philippe ROCHET
Anne vit une situation de grande vulnérabilité. Le moindre
incident de parcours la plongerait dans un état de précarité
encore plus grave : une grossesse, un accident de santé, une
voiture non fonctionnelle, un concubin récalcitrant…
Hainaut Préventionfo
Tirage : 2100 exemplaires
Au sein de la famille "précarisée" qu'elle le soit socialement,
sur le plan relationnel, physiquement, financièrement ou
tout ensemble, les différents membres sont en perte
d'autonomie. Ils ne demandent rien et n'ont pas la capacité
d'aller vers les services adéquats pour la résolution de leurs
problèmes.
Il appartient aux intervenants sociaux et au médecin de
famille qui pénètrent dans la famille de repérer les
personnes "précarisées", d'analyser, d' "écouter" le milieu de
vie, de mettre eux-mêmes en relation les personnes et les
services (qu'ils auront par ailleurs appris à connaître) et de
les faire se rencontrer. Le médecin de famille se voit alors
responsable de référer aux services adéquats pour une
meilleure prise en charge de ces familles et pour développer
avec elles un projet évolutif adapté et respectueux.
En plus de cela, elle a déjà beaucoup de difficultés pour trouver
des lieux de stage.
Editeur responsable : Luc BERGHMANS rue Saint-Antoine 1 - 7021 Havré
Je propose à l'équipe une hospitalisation de la maman en
gériatrie pour une mise au point et un placement éventuel et
la demande de mise en protection urgente de la personne pour
Pierre, demande adressée au Substitut du Procureur de garde.
Finalement, Pierre acceptera de son plein gré l'hospitalisation et
le Substitut de garde n'accèdera pas à la demande de mise en
Protection compte tenu de l'hospitalisation de Pierre.
Pierre peut très bien, une fois dégrisé ? sortir de l'hôpital par
la porte de service sans demander d'aide complémentaire à
sa désintoxication. Voilà donc décrite une situation qui a
demandé au généraliste "isolé" que je suis de développer sa
créativité "socio-sanitaire" pour continuer à suivre une famille
psychologiquement et socialement "précarisée".
En décembre 2005, le Service de lutte contre
la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale publiait
son troisième rapport bisannuel intitulé : "Abolir la
pauvreté. Une contribution au débat et à l'action
politiques".
Pour le professionnel de la santé, la mission de
prévention pour les publics précarisés est malaisée
puisqu'il n'a pas de prise sur certains éléments
déterminants de la vie de son patient : songeons à la
qualité du logement, un secteur en pleine crise, ou au
niveau suffisant des revenus. De plus, la pauvreté
affiche de nombreux visages : plus visibles, comme
celui du sans-abri, mais aussi plus insidieux,
s'agissant par exemple des "travailleurs pauvres".
D'une part, le rapport du Service plaide pour
une évaluation des stratégies de prévention destinées
aux personnes vivant dans la pauvreté : les
campagnes relatives au mode de vie (alimentation
saine, exercice régulier…) tendent à renforcer les
inégalités sociales si elles sont peu adaptées aux
publics précaires. D'autre part, il s'avère nécessaire
d'élargir certains modes de paiement des soins,
comme le régime du tiers-payant. Enfin, tout comme
pour d'autres professions, la question de la formation
a été débattue : il est indispensable que la formation,
tant initiale que continuée, accorde une place à la
diversité, et ce, tant sur le plan de la conscientisation
(exemple : travailler la représentation de la pauvreté)
que sur celui des législations en évolution constante
(la médecine sociale est souvent reléguée à l'arrièreplan).
Thierry MARTIN
Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et
l'exclusion sociale
Bruxelles
Site web : www.luttepauvrete.be
E-mail : [email protected]
Comité de lecture
Dr Roland BARBIER, médecin généraliste ;
Dr Michel DE JONGHE, médecin généraliste ;
Dr Michèle VILAIN, médecin généraliste.
Les constats sont accablants en Hainaut. Non seulement le nombre
de médecins généralistes est inférieur dans les zones les plus
précarisées, mais tous les indicateurs de l'inégalité sociale face à la
santé convergent dans le même mauvais sens.
L'espérance de vie des hommes stagne. L'écart avec les autres
régions en Belgique s'agrandit. La différence homme - femme est
une des plus élevées d'Europe.
Les prévalences des principales pathologies sont plus élevées.
Tous les facteurs de risque d'une mauvaise santé sur le plan de
l'environnement comme sur le plan des comportements sont en
défaveur des personnes en situation de précarité.
L'offre de soins et de prévention médicale comme la
consommation de celles-ci sont inférieures aux moyennes
nationales et
régionales ce qui,
paradoxalement,
entraîne des
dépenses
supplémentaires
par les recours
tardifs. Le Hainaut
cumule les
problèmes depuis
longtemps, mais la
situation s'aggrave.
Suite page 2
Quel réseau socio-sanitaire en
soutien au médecin généraliste
“isolé” ?
À
cette question je répondrais tout d'abord par une lapalissade :
le généraliste peut faire le choix de ne pas rester isolé ! Car s'il
est difficile de maîtriser correctement toutes les compétences
nécessaires à l'abord correct des problématiques de santé, de plus
en plus complexes, dans la population dite "normale", cela se
complique encore lorsque viennent s'imbriquer des problématiques
de type sociale et/ou financière qui influencent péjorativement et
l'état de santé et l'accès aux soins.
Suite page 2
Observatoire de la Santé du Hainaut
rue Saint-Antoine 1 - 7021 Havré (Belgique)
Tél. : 065 87 96 00
Fax : 065 87 96 79
Courriel : [email protected]
Web : http://observatoiresante.hainaut.be
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L'offre de médecine générale dans la province de Hainaut
Quel réseau socio-sanitaire en
soutien au médecin généraliste “isolé” ?
C
omme l'expérimentent depuis une trentaine d'années de plus
en plus de médecins généralistes et d'autres soignants au
sein des 70 "maisons médicales" de la Communauté française, le
travail en équipe pluridisciplinaire est une manière très
opérationnelle de regrouper sous le même toit une série de
compétences complémentaires. Celui-ci inclut le personnel
d'accueil, le travailleur social et le psychologue qui peuvent
apporter aux soignants plus habituels (médecins généralistes,
infirmières et kinésithérapeutes) un précieux éclairage dans la
compréhension et l'abord des populations plus fragilisées. Les
soignants peuvent également créer autour d'eux un réseau de
ressources et faire appel à divers services vers qui orienter les
personnes concernées, en soutien à leur travail quotidien :
centres de santé mentale et de guidance, travailleurs sociaux
des CPAS ou des mutuelles, agences immobilières sociales,
haltes-garderies, TMS de l'ONE, groupes d'entraide, restaurants
"sociaux" de quartier, services de repas à domicile…
Les maisons médicales travaillent aussi en collaboration avec
un tel réseau. Cela passe inévitablement par des prises de
contacts personnels, au minimum téléphoniques, au début
inévitablement chronophages mais très rentables à la longue.
Suite de la page 1
Si on a l'impression de ne pas pouvoir offrir une réponse
satisfaisante à une problématique donnée, on risque même de ne
pas “l'entendre" ou ne pas la relever. Par contre, si on dispose
d'un carnet d'adresses bien fourni, il sera beaucoup plus aisé,
plus satisfaisant et plus efficace d'approcher de manière globale
les problématiques de santé liées à la précarité et de renvoyer
les personnes concernées vers ce réseau de personnes
ressources qui participeront à l'élaboration d'une réponse
la mieux adaptée possible.
Ne nous illusionnons pas toutefois : ni les maisons médicales ni
les réseaux les mieux organisés ne peuvent apporter une
réponse structurelle fondamentale aux problèmes de santé liés à
la précarité. La réponse doit venir du politique, sous forme de
modes d'organisation plus équitables du fonctionnement de
notre société (notamment en termes d'accès à l'éducation et à
l'emploi). Notre action de soignants de terrain reste certes
indispensable et essentielle auprès de ces populations, pour
améliorer autant que possible leur état de santé, mais notre rôle
de témoins et d'interpellateurs des acteurs politiques est tout
aussi indispensable.
Patrick Jadoulle, médecin généraliste
Maison médicale "La Glaise" Marchienne-au-Pont
Initier des réseaux locaux “santé/précarité” :
une priorité dans le Hainaut
U
n plan d'urgence de santé publique est nécessaire en
s'appuyant sur les structures de première ligne comme la
médecine générale. Le développement social et économique
wallon passe aussi par la santé des plus pauvres dans les
régions les plus pauvres.
Parmi les actions et programmes à mettre en place, nous attirons
l'attention sur la démarche de mise en réseau local des acteurs
du social et de la santé pour lutter contre la pauvreté. Différents
dispositifs existent chez nous et doivent être développés comme
ceux des "maisons médicales" ou de certains CPAS. D'autres
doivent être créés.
Pour illustrer l'intérêt, mais aussi la difficulté de tels réseaux
locaux "Santé Précarité", nous vous proposons un regard de
l'autre côté de la frontière franco-belge et un exemple de réseau
à Reims.
Mise en place d'un réseau centré sur l'accès aux
soins des personnes en situation de précarité
sociale à Reims
L'intervention auprès des personnes en situation de précarité
reste ponctuelle. Il n'y a pas de continuité dans les soins, mais
une logique d'urgence reconduite. Les intervenants soulignent
leur découragement, leur isolement et l'impossibilité concrète
de coordonner leurs actions.
Le Réseau Santé Précarité a débuté son activité le 1er mai 2004
sur l'agglomération rémoise. Tous les acteurs exerçant une
activité (professionnelle ou associative) avec des usagers en
difficultés psychosociales ont été invités à participer à la
dynamique du travail en réseau.
Suite de la page 1
L'objectif général de ce travail de Réseau est la formation
réciproque des intervenants, qui mis en relation travaillent sur
des cas concrets et des thématiques précises, en repérant des
processus responsables de la précarisation et de l'exclusion. Ils
apprennent les ressources que les uns et les autres
représentent face à des difficultés repérées, et incluent d'autres
acteurs du soin au sens élargi. Ils participent au sein du réseau
à la conception de propositions innovantes, et à une action de
prévention en repérant les écueils des situations
problématiques vécues quotidiennement. Il s'agit de créer des
relations positives entre intervenants, de favoriser des liens
fonctionnels de qualité, de développer progressivement un
savoir-faire.
Le réseau compte actuellement 161 participants inscrits
nominativement dans un répertoire, qui facilite les prises de
contacts au-delà des temps de réflexion collective. Ces
professionnels ou bénévoles représentent 65 institutions,
services et structures de l'agglomération rémoise. L'évaluation
s'effectue chaque année par des intervenants externes, afin de
prendre en compte les critiques des acteurs et d'estimer au
mieux l'efficacité du travail en réseau.
Source : lettre régionale de santé publique Champagne-Ardenne, N°5,
2004. (site de la DRASS Champagne-Ardenne)
A l'instar de la France, nous souhaiterions que l'émergence de
réseaux locaux "santé précarité" puisse devenir une priorité dans
le Hainaut en articulant les ressources locales et provinciales
avec un investissement fédéral, communautaire et régional.
Michel DEMARTEAU
Observatoire de la Santé du Hainaut
L
a densité de médecins généralistes est plus faible en Province
de Hainaut que pour l'ensemble de la Belgique ou de la
Région wallonne. Cet écart s'est accru au cours des
dix dernières années : en 1995, on dénombrait 14,9 médecins
pour 10 000 habitants en Hainaut contre 16,3 en Belgique ;
en 2005, on note 15 généralistes pour 10 000 habitants contre
17,4 en Belgique. Depuis 2001, le nombre de généralistes en
Hainaut amorce une légère diminution alors que les besoins ne
font qu'augmenter, notamment en raison du vieillissement de
la population mais aussi des indices socio-économiques
particulièrement défavorables dans la province : tous les indices
de santé observés (maladies chroniques plus fréquentes, plus
graves et plus compliquées) sont moins bons en Hainaut que
dans le reste du pays.
Fait interpellant, les cartes nous montrent que l'offre en médecins
généralistes est assez faible dans certaines communes dont
celles les plus défavorisées de la Province de Hainaut.
Dans le Borinage, Quaregnon, Colfontaine et Boussu et dans
la région de Charleroi, Farciennes, Fontaine-l'Evêque et
Anderlues. Colfontaine ne compte que 9,93 généralistes pour
10 000 habitants. Non seulement l'offre médicale de proximité
diminue mais la situation socio-économique se dégrade.
ierre est un professeur d'histoire retraité. Agé de 55 ans, il a
été mis en disponibilité il y a cinq ans par le service de santé
P
de l'état en raison de ses fréquentes absences pour raison de
Bientôt, Pierre, pesant plus de 150 kg et instable sur ses jambes,
se déclare lui aussi incapable d'assumer son hygiène corporelle et
vestimentaire. L'équipe est amenée à organiser la toilette,
la lessive, voire le renouvellement de la garde-robe !
Une réunion de coordination du Service Intégré des Soins à
Domicile est finalement organisée à leur domicile. Le SISD reçoit
les demandes de la famille, analyse les besoins et définit les
réponses possibles à apporter par l'aide familiale, le service d'aide
aux familles, la coordination des soins, le pharmacien, l'infirmière,
et le médecin traitant.
Las ! La situation empire au point que Pierre ne désaoule plus et
se présente régulièrement dans un état de coma éthylique
éveillable…
Les aides familiales sont découragées… on ne voit plus la trace
de leurs passages…
Et Pierre se met à être incontinent aux deux modes et laisse
des traces au hasard de l'autonomie de ses intestins, à l'endroit où
il se trouve… et Maman Adolphine demande à être dirigée vers
une maison de repos et de soins.
Un matin, désarmée, l'infirmière me téléphone en demandant
une aide supplémentaire.
Je téléphone au service d'aide aux familles qui dépêche dans
l'heure une équipe de l'Urgence Sociale, psychologue et
assistante sociale, pour analyser la situation et envisager la suite.
maladie, liées à une dépression majeure, et une tendance certaine
à apprécier la bonne bière d'abbaye… Erudit en recherche
biblique et en histoire des religions, bien que se disant agnostique
et communiste convaincu. Célibataire, il est toujours resté dans le
giron de sa mère Adolphine de 75 ans veuve depuis 1978 d'un
imprimeur et buraliste de quartier. Elle aussi apprécie les bières
chrétiennes.
Souffrant tous deux d'hypertension et de diabète, ils ressentent
le besoin de consulter régulièrement le médecin de famille que
je suis.
Depuis quelques mois, la situation se dégrade, faite des
sinusoïdes "imbibition catastrophes sevrages résolutions
promesses réhabilitation rechutes". Nos deux comparses ne
suffisent plus à l'entretien de la maison, aux courses ménagères
indispensables, à la préparation des repas, et à la gestion du
budget familial, toujours dépassé malgré leurs deux belles
pensions réunies.
Le service d'aide familiale du CPAS intervient pour soutenir
la gestion quotidienne. Une infirmière indépendante est mandée
pour la préparation régulière des médicaments et la toilette
quotidienne de la maman moins valide et démente sénile
débutante.
Dans le sud de la Botte du Hainaut, à la faible densité de
médecins généralistes et aux revenus moyens des habitants
des plus bas se rajoute encore une faible densité de population
c'est-à-dire un problème de distance pour l'accès aux soins de
santé.
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