Tontine, Grameen Bank, et groupe d`entraide
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Tontine, Grameen Bank, et groupe d`entraide
TONTINE, GRAMEEN BANK, ET GROUPE D’ENTRAIDE (SELF HELP GROUP) : PIERRE ANGULAIRE DE LA MICRO FINANCE Eddy DEMERJIAN - Chargé d’enseignement à la FGM INTRODUCTION De façon générale, la micro finance c’est l’offre de services financiers et non financiers aux populations pauvres qui disposent d’un revenu relativement bas et qui n’ont pas accès à la banque faute de garantie matérielle. La seule garantie à offrir est de nature sociale, c’est la solidarité du groupe qui garantit le remboursement du prêt. Dans la micro finance on a des prêts de groupe et des prêts individuels, en général les derniers doivent être assortis d’une garantie de remboursement d’une autre forme (matérielle, caution par de tierces personnes, etc.). Les besoins de l’emprunteur ne sont pas seulement les services financiers (micro crédit), mais ce sont aussi les autres services non financiers associés au micro crédit 1 à savoir l’épargne, l’assurance, et le transfert d’argent qui constituent la micro finance. L’épargne et l’assurance sont liées au micro crédit. On ne peut pas prêter à tout le monde, il faut que certains épargnent. Les pauvres doivent avoir la possibilité d’épargner pour pouvoir sortir de la pauvreté, alors que l’assurance constitue pour eux une sécurité en cas de difficulté. Les pauvres non bancables, ne peuvent pas régler par chèque ou par virement ; ces pauvres et du fait de leur immigration à un autre pays pour assurer un emploi, ont besoin de transférer de l’argent d’une manière simple et sans risque d’un pays à un autre. La micro finance est l’ensemble de tous ces services, une finance de proximité qui s’adapte aux besoins financiers et non financiers, aussi aux besoins d’un autre ordre que l’emprunteur éprouve quand il obtient son crédit comme le suivi, l’encadrement, le conseil, la formation, etc. SECTION 1 : LA TONTINE 1 Le micro crédit est un crédit d’un montant peu élevé. La banque mondiale retient un plafond pour le montant du micro crédit égal à 30 % du Produit National Brut (PNB) par habitant. 1 En réalité, même si on ne parle de micro finance que depuis une vingtaine d’années, la micro finance s’inscrit dans une histoire plus ancienne. Les pauvres qui n’ont pas accès aux institutions financières, empruntent en argent ou en nature (bijoux, bétails, etc.) auprès du marché informel, à des taux exorbitants, ce qui les empêche d’épargner et de sortir de la pauvreté. Dans les pays en voie de développement on parle de dualisme du secteur informel et formel. Le secteur informel est financé sans l’intervention des institutions financières, par les agents eux-mêmes et d’une façon informelle. Le secteur formel est financé par les institutions financières. La finance informelle est caractérisée par une absence de forme. Ce sont des pratiques d’épargne et de crédit sans un cadre respecté et qui reposent sur la confiance. La micro finance a commencé en 1653 avec Lorenzo Tonti, un financier italien, qui a créé en France une nouvelle formule d’épargne sous forme d’association d’épargnants, et qui a donné son nom à la tontine. Dans la finance informelle nous avons les modèles collectifs et les modèles individuels. 1- Les modèles collectifs : Lorenzo Tonti a vendu à Louis XV l’idée d’emprunter de l’argent sans le rembourser, en versant chaque année l’intérêt correspondant aux souscripteurs survivants, jusqu'à ce que le dernier décède. En France, il y a eu beaucoup de tontines publiques ; les tontines privées ont pris la relève comme une forme d’assurance sur la vie. Les montants collectés en plus des intérêts étaient répartis à l’échéance convenue entre les survivants. La tontine, c’est un nombre de personnes qui font des réunions régulières ; chaque personne dépose une cotisation (une somme d’argent) à chaque réunion, le montant total collecté à chaque réunion sera donné à un participant. Le premier qui collecte le montant sera le plus avantageux, et doit le rembourser durant les réunions suivantes. Alors les suivants seront de moins en moins avantageux et le dernier va attendre son tour pour récupérer ce qu’il a versé. Cette forme d’associations rotatives d’épargne et de crédit se caractérise par les relations personnelles entre les membres du groupe. Ces membres décident entre eux d’accepter ou de refuser de nouveaux membres dans le groupe. Les réunions se feront à tour de rôle chez le membre qui va recevoir la cagnotte et en public. Durant ces réunions régulières, ils échangent des informations, demandent des conseils, et discutent des projets. La tontine constitue donc un lieu d’échange social, son principe est partout le même alors que les modalités peuvent changer et seront décidées par les membres du groupe. Le plus souvent il y a un président, parfois un secrétaire ou un trésorier. Les membres peuvent établir un règlement écrit pour prévoir des sanctions en cas de retard de paiement, de défaillance ou de décès d’un membre. Le déboursement de la cagnotte sera effectué par consentement entre les membres, ou par un tirage au sort lors de la formation du groupe ou à chaque réunion. Il y aura parfois des garanties ou une rémunération du trésorier. Chaque tontine a souvent quelque chose de particulier. Les tontines se caractérisent parfois par des vocations sociales, les membres paient des cotisations complémentaires qui seront utilisées en cas de décès, de mariage ou de naissance. A la fin de la durée ou du cycle, les membres partagent ce qui reste ou bien organisent une fête. La tontine peut être aussi assortie d’une caisse de prêt, qui sera alimentée par les membres de 2 plusieurs façons (versements complémentaires, première collecte non distribuée, etc.) pour prêter aux membres ou autres personnes à un taux d’intérêt souvent égal à 10 % par mois pour les premiers, et augmentant pour les seconds. Ces intérêts seront distribués aux membres du groupe à la fin du cycle. D’autres tontines se caractérisent par la manière dont on choisit le bénéficiaire de la cagnotte de chaque tour. C’est le membre du groupe qui propose l’enchère la plus élevée (l’enchère peut être isolée ou intégrée aux cotisations). Avec ce système, chaque membre du groupe paie un taux d’intérêt différent, et tous les membres se partagent à égalité le produit des enchères. 2- Les modèles individuels : 2.1. Le garde-monnaie : Dans certains pays où le rôle des banques est très limité, soit parce qu’elles sont peu présentes dans certaines régions, les campagnes notamment, soit parce qu’elles ne présentent pas de services adaptés aux besoins des populations, des personnes qui sont soucieuses de perdre leur argent ou d’être volé, mettent leur épargne en sécurité auprès d’une personne de confiance (un chef religieux, une ancienne institutrice de l’école, etc.) « la garde-monnaie ». La garde-monnaie s’engage à rendre les versements non réguliers sur une simple demande, sans intérêt et rémunération du service rendu. Les gardes-monnaie peuvent conserver l’argent, le déposer dans une banque ou l’utiliser dans leurs propres affaires, ou même le prêter et encaisser un intérêt, mais de façon à pouvoir le rembourser à la demande. 2.2. Le tontinier ou le banquier ambulant : Selon le même principe, des personnes peuvent mettre leur épargne en sécurité auprès d’une personne de confiance, « le tontinier ou le banquier ambulant ». Dans ce cas, les versements sont identiques et réguliers, et seront remboursés en totalité à une date connue à l’avance. Le collecteur ou le tontinier se déplace et remet à chacun de ses clients une carte établie en son nom avec son adresse, parfois sa photo, et contenant autant de cases que de versements prévus ; à chaque versement, le tontinier coche une case ; à l’échéance lorsque toutes les cases seront remplies, il rembourse à ses clients les versements que chacun a effectués moins un qu’il garde pour lui et qui représente la rémunération du service de sécurité qu’il a rendu à chacun. La carte la plus répandue contient 31 cases qui correspondent à autant de versements quotidiens. Mais si le client demande le remboursement avant l’échéance, il perdra la valeur d’un versement quelle que soit la somme déposée. La carte peut aussi être formée par 62 cases ou 93 cases …, donc un multiple de 31, alors le collecteur conserve pour lui la valeur de 2 versements ou 3 versements …, un intérêt de 3.33 % par mois. Il est à noter qu’en Inde le tontinier conserve 20 versements sur 220. Depuis quelque temps, il y a eu une véritable innovation ; les tontiniers ont commencé à effectuer des opérations de crédit en plus des opérations de dépôt, en remboursant un intérêt au 3 lieu d’en prélever un, ce qui fait d’eux de véritables banquiers. Les tontiniers pour se faire mieux connaître à cause de la concurrence, adoptent un logo, distribuent des gadgets en leurs noms, font de la publicité et acceptent d’être plus souples pour attirer de nouveaux clients et construire leur réputation. Il existe aussi des tontiniers qui restent chez eux, dans un local adéquat et signalé par une enseigne. Les tontiniers ont commencé à se regrouper au sein d’associations professionnelles dotées d’un statut avec des réunions régulières, une assemblée générale, etc. C’est ainsi que peu à peu les tontiniers commencent à sortir de l’informel (Lélart M., 2006). Les années 1980, se caractérisent par l’apparition des deux modèles de micro finance ; le premier est le modèle Grameen à Bangladesh de l’économiste Muhammad Yunus qui, après plusieurs années d’expérimentation a fondé la Grameen Bank en 1983 ; le second est le modèle des groupes d’entraide (Self help group) en Inde, développé par l’organisation non gouvernementale de promotion sociale MYRADA en lien avec la banque de refinancement agricole NABARD (National Bank for Agriculture and Rural Development) dès le début des années 1980. Dans ce qui suit, nous allons présenter ces deux modèles. SECTION 2 : LE MODELE GRAMEEN BANK 1. Présentation du projet L’objectif du professeur Muhammad Yunus : Le Bangladesh avait une expérience avec un programme de crédit rural pour les personnes extrêmement pauvres connu sous le nom de Grameen Bank (le mot grameen signifie village ou rural). Un Professeur d’économie à l’Université de Chittagong, Muhammad Yunus qui a reçu le prix Nobel en 2006, voulait aider les pauvres ruraux à améliorer leurs conditions économiques. Le professeur avait observé qu’une grande proportion des ménages extrêmement pauvres, s’étaient engagés dans des activités non agricoles avec un très petit capital emprunté à partir des ressources informelles à un taux très élevé de 10 % par mois ; ces pauvres n’ont pas pu améliorer leurs standards de vie ni épargner. La Grameen Bank : Le professeur s’est rapproché d’une banque commerciale en faveur des pauvres, qui tout d’abord a refusé le crédit à cause du manque de garantie, mais après avoir réussi à la persuader, la banque avait accepté de fournir des prêts aux pauvres avec une garantie du professeur pour la reprise. Le professeur voulait entreprendre un projet d’action-recherche dans un village appelé Jobra à côté de l’Université de Chittagong. Le but de ce projet était de tester l’hypothèse que si les ressources financières étaient dispensées aux pauvres à des 4 conditions raisonnables, ils pourraient générer des emplois indépendants productifs sans une aide extérieure. En 1976 la banque avait commencé à fournir des crédits à un taux d’intérêt annuel de 13 %. A partir de cette expérience, le professeur a pu développer un mécanisme approprié pour assurer le remboursement des prêts à échéance, et persuader les banquiers d’étendre le crédit ; il proposa au directeur général de la banque de développement de l’agriculture (BKB, Bangladesh Krishi Bank) qu’il serait responsable de faire fonctionner la branche sous la direction du directeur. En mars 1978, le bureau d’une branche a été ouvert pour permettre au Professeur d’expérimenter le mécanisme approprié pour assurer le crédit aux pauvres. L’expérience pilote a été un succès, et avec l’assistance financière de Bangladesh Bank, le projet de Grameen Bank avait été lancé en juin 1979 pour voir si l’expérience peut être répliquée dans une région plus large. Le projet avait été localisé dans le district de Tangail, très loin de l’Université de Chittagong, et affilié aux branches locales du « nationalized commercial banks » et « BKB ». Dans un an, 24 branches ont été ouvertes, 19 dans le district de Tangail et 5 dans le district de Chittagong. Le projet avait été modifié et développé grâce aux expériences. Ensuite à partir d’un prêt arrangé avec IFAD (International Fund for Agricultural Development), le projet s’était étendu aux districts de Dhaka, Rangpur, et Patuakhali. Entre avril 1982 et juin 1983, 50 nouvelles branches ont été ouvertes dans ces 5 districts. En septembre 1983 un ordre gouvernemental avait transformé le projet en Grameen Bank, une institution financière spécialisée pour les ruraux pauvres. Aujourd’hui la Grameen Bank est détenue par les ruraux pauvres qu’elle sert. Les emprunteurs de la banque possèdent 95 % de ses actions et les 5 % restants sont détenues par le gouvernement. 2. Application du système de micro finance 2.1. La région et la population cible : La Grameen Bank a ciblé les villages ruraux où la population est extrêmement pauvre. Un membre de ménage qui possède moins de 0.5 acre2 de terre cultivable, ou un actif qui ne dépasse pas la valeur d’1 acre de terre de qualité moyenne est habilité à prendre un prêt de la banque. L’objectif principal de la Grameen Bank est d’étendre les facilités de crédit aux pauvres, hommes et femmes, pour créer des opportunités d’auto emploi pour les ressources humaines non utilisées et sous utilisées dans le Bangladesh rural, éliminer l’exploitation des pauvres par les usuriers, amener les personnes défavorisées dans le giron d’un format d’organisation qu’ils peuvent comprendre et gérer et enfin inverser le cercle vicieux séculaire du faible revenu, épargne et investissement . La Grameen Bank est un programme qui cible les pauvres pour l’amélioration de leurs conditions économiques (Grameen Bank / Banking for the poor – A Short History of Grameen Bank). 2 L’acre est une unité de mesure de superficie. 1 acre = 4046.88 mètres carré. 5 2.2. La méthode de pénétration du marché : - La proximité : La Grameen Bank avait suivi des procédures opérationnelles standards qui évoluaient partout durant la période 1976/83 dans un processus d’interaction continue avec les pauvres. Chaque branche de Grameen Bank couvre normalement 15 à 20 villages proches. La proximité est très importante, parce que la plupart des membres sont illettrés et timides de venir à la banque alors le personnel de la banque (les banquiers de vélos) leur rendent visite à domicile pour les opérations bancaires. - L’étude du marché : Une branche est dirigée par un directeur, et comprend 6 employés, 1 comptable et 1 ou 2 assistants. Lorsque la banque décide d’ouvrir une branche, le directeur de la banque doit préparer un rapport socio-économique qui couvre la géographie, l’économie, la démographie, le transport, l’infrastructure de communication, et la structure de la force politique de la région couverte par la branche. De cette manière le directeur sera connu par la population avant de commencer l’opération de la banque. - L’interaction avec la population : - Lorsque le rapport socio-économique sera approuvé par le siège social, le directeur arrange une réunion générale et publique, invitant toutes les classes de la population dans la localité, pour introduire les employés de la banque, expliquer le but, les règles et les programmes. Les élites locales rendent compte si l’initiative est pour le bénéfice et l’intérêt des pauvres seulement. - Le mécanisme approprié pour assurer le remboursement de prêt :Pour recevoir les prêts, les pauvres doivent s’organiser en groupes et associations de 5 personnes, de même situation économique, ayant une confiance mutuelle. La banque arrange un groupe de 5 personnes à travers l’essai et l’erreur. Initialement, les prêts sont donnés aux individus, mais cela avait rapidement prouvé que c’est incontrôlable par le personnel. Les groupes de 10 personnes ou plus avaient été organisés, et l’idée de responsabilité mutuelle avait été introduite, mais cet effectif était trop large pour avoir une relation simple entre les membres, nécessaire pour une responsabilité mutuelle effective. Enfin, un effectif de 5 personnes s’avère être le plus pratique. Le groupe fonctionne comme une institution pour assurer une responsabilité mutuelle. Un membre sera conservé sous une pression considérable des autres membres du groupe. Le groupe agit comme une garantie pour les prêts de la banque. Si un membre du groupe interrompait la discipline et le remboursement du prêt, dans ce cas la crédibilité du groupe entier et ses bénéfices futurs en termes de nouveaux prêts sera affectée. Les groupes peuvent décider d’expulser un membre qui a manqué à ses engagements envers le groupe et la banque. D’autres membres du groupe peuvent aussi élargir leur support financier à un membre qui affronte une vraie difficulté de remboursement. De même un membre peut quitter le groupe lorsque le prêt est entièrement remboursé ; si un membre quitte tôt, la responsabilité du paiement de la balance doit être assumée par les membres restants dans le groupe. Si le groupe entier manque à ses engagements, la responsabilité du paiement sera assumée par le centre. 2.3.La formation des groupes solidaires, la transparence et la responsabilité envers la banque : Une personne d’un ménage seulement peut être membre d’un groupe solidaire, les parents ne doivent pas être dans le même groupe, les femmes et les hommes dans des groupes séparés. 6 Donc des groupes de 5 personnes solidaires seront formés, un président et un secrétaire seront élus par groupe et ces postes vont passer d’un membre à l’autre sur une base annuelle. Le président sera responsable de la discipline et de la supervision de l’utilisation des prêts par les membres. Le président conduira les travaux de son groupe avec l’employé de la banque durant des réunions hebdomadaires que les membres du groupe sont obligés d’attendre. Dans chaque village les groupes solidaires hommes sont fédérés dans un centre, et femmes dans un centre séparé. Des réunions hebdomadaires se tiendront dans chaque centre, un chef de centre et un député seront élus par les présidents des groupes, qui détiennent le bureau pour une année. Les chefs des centres assurent la présence aux réunions hebdomadaires, le paiement des versements de prêts, la discipline totale, et conduisent le programme de réunions. Les employés de la banque assistent aux réunions des centres, et toutes les affaires de la banque sont menées ouvertement dans les réunions devant les membres. 2.4.Le déboursement et le remboursement des prêts : La banque assure des prêts aux individus qui remplissent les conditions d’adhésion sans garantie. C’est l’existence du groupe solidaire qui agit comme garantie pour les prêts de la banque. Mais le déboursement des prêts n’est pas une simple affaire. Tout d’abord l’employé de la banque observe de près pour un mois le groupe formé pour voir si les membres s’adaptaient à la discipline de la Grameen Bank. Les emprunteurs futurs sont obligés de participer en groupe à un programme de formation pour un minimum de 7 jours d’instructions en continu par l’employé de la banque sur les lois et les régulations de la banque. Les membres du groupe et l’employé de la banque doivent être convaincu de la viabilité de chaque prêt, une visite du terrain sera assurée si cela est nécessaire. Lorsque tous les membres seront au courant des lois et des procédures de la banque, alors deux membres du groupe reçoivent les prêts de l’employé de la banque durant la réunion de centre et leur comportement sera observé pendant 1 ou 2 mois. S’ils remboursent d’une façon régulière, les deux membres suivants deviennent éligibles pour recevoir les prêts. Le dernier à recevoir le prêt sera donc le président du groupe. Un prêt ne peut être répété à aucun membre avant le règlement des comptes de tous les membres du groupe. Le montant du prêt s’élève à un maximum de 5 000 Taka3 (ou environ 160 USD en juin 1987) à un taux d’intérêt de 16 % par an comme celui des autres banques commerciales et doit être utilisé immédiatement (durant 7 jours de la réception du prêt) et dans n’importe quelle activité productive. Si le prêt ne peut pas être utilisé immédiatement, il sera conseillé à l’emprunteur de rendre le montant au bureau de la branche et le demander lorsqu’il sera prêt. De cette façon l’emprunteur pourra éviter les remboursements hebdomadaires et les intérêts. La durée du prêt est de 1 an, le principal doit être remboursé en 50 versements hebdomadaires de 2 % chacun, alors que l’intérêt et la contribution au fonds d’urgence seront collectés durant les 2 dernières semaines de l’année. L’employé de la banque collecte les versements hebdomadaires durant les réunions du centre et ils seront enregistrés dans le livret bancaire de 3 Le Taka est la monnaie de Bangladesh. 1 BDT (Bangladesh Taka) = 0.0135 USD en juin 2011. 7 chaque membre. A peu près ¾ des emprunteurs étaient des femmes et le taux de remboursement s’élevait à 98 %. Le rapport annuel de Grameen Bank montre que le crédit s’est élargi pour atteindre plus de 300 activités qui peuvent être regroupées sous 5 secteurs plus larges : agriculture et sylviculture, élevage et pêche, transformation et fabrication, commerce et boutiquier, transport et autres services. Depuis 1982, de même le crédit s’est étendu pour des groupes de membres cohérents pour des entreprises collectives tel que l’achat des tubes de puits superficiels, des pompes puissantes, des moulins d’huiles et location de terre, étangs etc. En 1982 la Grameen Bank a commencé à fournir des prêts plus larges pour des coopératives. Un prêt individuel est limité à un maximum de 5 000 Taka, mais les prêts pour les entreprises collectives sont habituellement de 50 000 Taka à 100 000 Taka. Dans quelques cas des prêts supérieurs à 500 000 Taka ont été approuvés (Hossain M., 1988). 2.5.L’épargne obligatoire et la formation du fonds du groupe : objectif et intérêt : Dans les règlements de la Grameen Bank, chaque membre doit épargner 1 Taka chaque semaine de plus que les 5 % du montant du prêt gardés de côté au moment du déboursement. Les épargnes seront accumulées dans le fonds du groupe, qui sera dirigé par le groupe sur des bases consensuelles, ce qui fournit aux membres une expérience essentielle dans le management collectif des finances. Un membre qui laisse le groupe peut retirer ses épargnes personnelles hebdomadaires accumulées, mais ne peut pas réclamer les 5 % déduits du prêt. Au moment de la constitution du groupe, tous les membres signent un accord à cet effet. Le montant rassemblé des membres expulsés à cause de la violation de la discipline sera aussi accumulé dans le fonds du groupe pour l’intérêt de tous les membres. Ce montant sera déposé dans Grameen Bank à un taux d’intérêt de 8.5 %. L’objectif de ce fonds est d’assurer un prêt à un membre au moment d’urgence tel que la maladie ou la cérémonie sociale, donc il ne sera pas nécessaire de soustraire ces dépenses du capital ou de retourner au marché informel. De même il sera possible d’assurer des prêts pour des investissements à partir de ce fonds si tous les membres du groupe acceptent. C’est le groupe qui décide des conditions de ces prêts accordés normalement sans intérêts. 2.6. Une autre obligation, le fonds d’urgence, objectif et intérêt : Chaque emprunteur de la Grameen Bank est obligé de payer une somme équivalente à 25 % du montant chargé par la banque comme intérêt. Ce montant est accumulé dans le fonds d’urgence créé pour une couverture d’assurance en cas de défaut, mort, incapacité, ou autres évènements non prévus. Ce fonds est dirigé par les membres au niveau du centre et exige des signatures réunies du chef du centre, du député, et du directeur de la banque pour son fonctionnement. En faveur d’un membre, le groupe peut réclamer un fonds d’urgence allant jusqu’à 2 500 Taka ou 50 % du montant accumulé par le membre. Mais il est à noter que le déboursement de ce fonds est négligeable. 2.7. Le programme de développement social « the Sixteen Decisions program » : 8 En 1984 la banque avait introduit un programme de développement social « Sixteen Decisions », pour familiariser les membres avec la discipline, le travail dur, et pour améliorer leurs standards de vie. Ces décisions comprennent certains codes de comportement que les membres sont encouragés à suivre durant leur vie quotidienne, comme par exemple l’investissement pour l’amélioration du logement et l’éducation des enfants, la production des fruits et des légumes dans les potagers, l’utilisation des latrines et l’eau potable pour une meilleure santé, le refus des dots en mariages, etc. L’entraînement physique et parade sont détenus dans les réunions hebdomadaires des centres pour les hommes et les femmes et les « Sixteen Decisions » sont chantées comme slogans. Avec l’introduction des « Sixteen Decisions », la Grameen Bank aura un programme de développement total pour les pauvres. 2.8. La formation : La formation du personnel de la Grameen Bank représente un important facteur de succès. Les directeurs des branches et les employés sont directement recrutés sur diplômes universitaires. Pour le personnel de haut niveau, il sera choisi parmi les directeurs des branches sur la base de la performance et l’expérience. La plupart des personnes choisies ont été formées auparavant et ont travaillé dans des régions rurales pour une longue période. Un cours de formation pour les directeurs de branches dure 6 mois, 3 semaines seront passées dans des salles de classe dans l’institut de formation, ensuite le stagiaire sera envoyé sur le terrain et sera affilié au bureau d’une branche pour 24 semaines. Les nouveaux recrutés qui trouvent que le travail de la Grameen Bank est difficile et ne leur convient pas quittent la banque durant la formation. A peu près 25 % du personnel quitte la banque à cette étape. En 1986 le programme de formation comptait 20 % des frais d’exploitation. La Grameen Bank organise aussi un nombre d’ateliers pour les visites des emprunteurs, des chefs de centres, et du personnel de la banque pour diffuser de nouvelles idées et expériences. Durant 1986, 334 ateliers ont été organisés, 10 484 personnes ont assisté à ces ateliers dont 79 % étaient des emprunteurs et des chefs de centres. Un atelier national, pour les emprunteurs femmes est tenu chaque 2 années, le directeur dirigeant et les officiers supérieurs de la banque assistent à cet atelier. Quatorze femmes emprunteurs, deux officiers de développement social, et trois employés de la banque, sont choisis de chaque zone pour participer à cet atelier. L’atelier dure 4 à 5 jours, pendant lesquels des expériences dans des programmes de développement social variés sont discutées et des modifications sont suggérées. Le programme « Sixteen Decisions » est le résultat d’un atelier national tenu en 1984 (Hossain M., 1988). 3. L’expansion de la Grameen Bank au Bangladesh La Gramen Bank a progressé à un rythme rapide. Fin 1983 la banque avait 86 branches dans 5 districts de Bangladesh. A la fin de l’année 1986, elle avait ouvert 295 branches. La banque du 9 développement de l’agriculture (BKB), établie au début des années 1960 pour assurer un crédit pour l’agriculture, avait 992 branches qui couvrent tout le Bangladesh à la fin de l’année 1986. Les districts couverts par la banque constituaient 30 % de la population de Bangladesh (Hossain M. p32, 33). Le versement annuel des prêts a atteint 99 millions Taka en 1983, 542 millions Taka en 1986, et 79 408 millions Taka en 2009. La variation du pourcentage des femmes membres, un des groupes les plus défavorisés dans la société rurale est impressionnante. A la fin de l’année 1983, les femmes représentaient 46 % du total des membres soient 26 827 femmes et 31 493 hommes, ce pourcentage est devenu égal à 74% en 1986 et environ 97% en 2009 soient 7 731 498 femmes et 239 118 hommes. Le nombre de villages couverts par la banque passe de 1 249 en 1983 à 5 170 en 1986 et à 83 458 en 2009. La Grameen Bank a atteint à elle seule, environ 5% de toute la population de Bangladesh en 2009 (7 970 616 membres). (Grameen Bank /Banking for the poor – Historical Data Series in BDT). SECTION 3 : LE MODELE DES GROUPES D’ENTRAIDE (SHG : SELF HELP GROUP) 1- La micro finance en Inde : En Inde, l’approche de la Grameen Bank est connue, mais ne constitue pas la seule option possible. L’approche des groupes d’entraide (SHG : Self Help Group) a été développée dès le début des années 1980, par l’organisation non gouvernementale de promotion sociale MYRADA en lien avec la banque de refinancement agricole NABARD (National Bank for Agriculture and Rural Development), pour répondre aux besoins des plus pauvres des pauvres, ruraux qui demeurent en dehors du système bancaire formel, malgré la propagation du réseau bancaire rural. Le taux de bancarisation est très bas sur l’ensemble du territoire, et s’aggrave dans les zones rurales. Les principales sources de financement des populations rurales sont constituées par les prêteurs privés, les proches, les propriétaires terriens, les commerçants, etc. (Fouillet C., 2005). Les pauvres ont besoin d’accéder aux services et produits bancaires convenables plutôt que de crédits subventionnés, d’où le besoin de nouveaux mécanismes qui peuvent répondre aux demandes et aux besoins des pauvres. Donc la concentration est axée sur l’amélioration de l’accès des pauvres à la micro finance plutôt qu’au micro crédit. Durant les dernières décennies, des programmes variés de micro finance ont été promus par le gouvernement et les organisations non gouvernementales ; à partir de cette expérience, des programmes et des services financiers innovants et plus efficaces ont été développés. Les groupes d’entraide (SHG) se sont rapidement propagés à cause de la facilité de leur réplication, 10 quoiqu’il n’existe pas une date déterminée de l’actuel modèle du groupe d’entraide (SHG) en Inde. Les organisations de micro finance en Inde ne sont pas dotées d’un cadre législatif approprié. Les acteurs en micro finance tel que cités par Fouillet Cyril sont répartis en trois catégories : Les organisations de micro finance à but non lucratif : - Les sociétés enregistrées sous Societies Registration Act 1860 ; les Societies et les Trusts composent les formes légales des ONG indiennes. - Les Public Trusts enregistrés sous Indian Trust Act, 1882 et Public Trust Act, 1920. - Les Non-Profit Companies enregistrés sous la section 25 du Companies Act, 1956. Les organisations de micro finance en mutuelle : - Les State Credit Cooperatives ; National Credit Co-operatives ; Urban Cooperative Bank, régis par Cooperatives Societies Act,1965. - Les Mutually aided Co-operatives Societies (MACS) enregistrés sous l’APMACS, 1995. - Les SHGs en fédération. Les organisations de micro finance à but lucratif : - Les Non Banking Financial Companies (NBFC) enregistrées sous Companies Act, 1956. - Les Local Area Bank (LAB) crées en 1996. - Les banques fournissant des services de micro finance (State Bank of India, Indian Bank, ICIC bank). (Fouillet C., 2005). Il n’existe pas de cadre bancaire spécifique au secteur de la micro finance, c’est la RBI (Reserve Bank of India) qui incite les banques à prêter aux groupes d’entraide (SHG) ou aux organisations non gouvernementales (ONG) liées aux groupes d’entraide (SHG). La RBI impose aux banques depuis l’année 2000 d’investir une partie de leur crédit net 4 dans le secteur prioritaire. Les objectifs fixés au titre de prêts au secteur prioritaire pour les banques nationales et étrangères opérant en Inde sont fournis dans le tableau ci-dessous : Montant total des avances agricoles Montant des avances aux petites industries Crédit à l’exportation 4 Banques nationales (secteur public et privé) 18 % du crédit bancaire net Banques étrangères opérant en Inde Pas de cible Pas de cible 10 % du crédit bancaire net Le crédit à l’exportation ne fait pas partie du secteur 12 % du crédit bancaire net Le crédit net est le total des prêts et des avances plus quelques investissements en obligations. 11 prioritaire 10 % du crédit bancaire net Avances aux sections les plus faibles Montant total des avances au 40 % du crédit bancaire net secteur prioritaire Source : Reserve Bank of India – Priority Sector Lending. Pas de cible 32 % du crédit bancaire net Les banques nationales doivent investir 40 % de leur portefeuille de prêt dans le secteur prioritaire : 18 % au secteur agricole ; 12 % aux petites et micro entreprises ; 10 % aux secteurs hétérogènes dont la micro finance. Les banques étrangères opérant en Inde doivent investir 32 % de leur portefeuille de prêt dans le secteur prioritaire : 10 % aux petites et micro entreprises ; 12 % à l’exportation ; 10 % au secteur agricole et aux sections les plus faibles. Les catégories du secteur prioritaire sont les suivantes : L’agriculture et les activités alliées (laitière, de pêche, porcherie, avicole, apiculture, etc.), pour un financement des activités à l’exportation ou nationales. Les micros et petites entreprises de fabrications ou de services, pour un financement des activités à l’exportation ou nationales. Le micro crédit (prêts aux groupes d’entraide assurés par les banques ou par l’intermédiaire des ONG). Les prêts à l’éducation. Les prêts au logement (de 100 000 jusqu'à 1 000 000 Roupies 5 dans les zones urbaines). Les professionnels et les travailleurs indépendants (le plafond d’emprunt ne dépassant pas 1 000 000 jusqu'à 1 500 000 Roupies pour les médecins qualifiés dans les zones rurales). Le commerce de détail (avances aux commerçants de détail privés jusqu'à 1 000 000 Roupies). La petite route et les opérateurs de transport de l’eau (possédant jusqu'à 10 véhicules). Les organisations parrainées par l’Etat à temps prévu pour les castes et les tribus. Les prêts à la consommation. Les prêts à l’industrie de logiciel (une limite ne dépassant pas 10 000 000 Roupies assurés par le système bancaire). Les prêts aux industries spécifiées dans le secteur alimentaire et agro-alimentaire ayant des investissements dans les usines et les machines (jusqu'à 50 000 000 Roupies). Les investissements par les banques dans le capital-risque. Les sections les plus faibles sont formées principalement par les groupes d’entraide, les petits agriculteurs marginaux avec une occupation de moins de 5 acres de terre, les ouvriers sans terre, les fermiers et les métayers, les artisans et les industries villageoises et artisanales ou la limite du crédit individuel ne dépasse pas 50 000 Roupies, les castes et les tribus horaires, les bénéficiaires 5 La Roupie est la monnaie de l’Inde. 1 INR (Inde Roupie) = 0.0223 USD en juin 2011. 12 du régime du différentiel du taux d’intérêt, et les bénéficiaires de plusieurs programmes et régimes (SGSY, SJSRY, SLRS). Donc le financement des groupes d’entraide par les institutions financières est assuré en Inde, parce que des quotas de crédit aux secteurs prioritaires sont imposés par le gouvernement. D’autres mesures incitatives existent en faveur de la micro assurance. L’autorité Indienne de Développement et de Régulation (IRDA) exige de la part des compagnies d’assurance de réaliser 15 % de leurs transactions en zones rurales, et ainsi de collaborer avec des organisations de micro assurance. Selon la méthodologie employée en Inde, on repère principalement les groupes d’entraide (SHG) (65 %), le modèle Grameen (20 %), les groupes de responsabilité conjointe (JLG : Joint Liability Groups) avec 8 % et le modèle du prêt individuel (7 %). Méthodologie utilisée en micro finance Groupes d’entraide 65 % Groupes Grameen 20 % Groupes de responsabilité conjointe 8% Individuelle 7% Total 100 % Source : Fouillet C., 2005. Le pourcentage des clients de la micro finance en Inde qui se trouvent dans les zones rurales s’élève à 78 %, à savoir que 95 % des clients sont des femmes (Fouillet C., 2005). Les groupes de responsabilité conjointe (JLG : Joint Liability Groups) : Un groupe de responsabilité conjointe (JLG) est un groupe formé de 4 à 10 personnes (jusqu'à 20) venant ensemble pour se servir d’un prêt bancaire soit individuellement, soit par le biais du groupe. Les membres devraient s’engager dans des activités économiques semblables comme la production agricole. Au titre du régime, les fermiers cultivant la terre soit en tant que locataires ou métayers par consentement oral, soit en tant que petits agriculteurs n’ayant pas de titre propre de leur occupation et exploitation des terres, seront admissibles à un crédit sans garantie par la formation des groupes de responsabilité conjointe. Les membres du groupe seront encouragés à ouvrir des comptes individuels pour assurer une plus grande intégration de ces groupes vulnérables marginalisés (NABARD. Chapter-7, SHG bank linkage model). 2- Le modèle Indien : Le groupe d’entraide (SHG : Self Help Group) 2.1. La présentation du modèle : Le groupe d’entraide ou le groupe d’épargne et de crédit (SHG), est le modèle dominant en Inde. C’est un groupe composé d’environ 10 à 20 membres pauvres, habituellement des femmes de même classe (mono caste) et région, qui forment ensemble une organisation d’épargne et de crédit, autour d’une activité de production spécifique, pour bénéficier des services financiers et parfois des services sociaux. Le nombre est limité à un maximum de 20 membres parce que la 13 RBI (Reserve Bank of India) autorise les transactions financières informelles dans des groupes ne dépassant pas ce nombre ; au-delà, l’enregistrement des activités est obligatoire (Fouillet C., 2005). Le groupe collecte tout d’abord les épargnes obligatoires de ses membres, et cela leur permet d’emprunter individuellement en interne suivant ses propres règles (le taux d’intérêt, la durée, les modalités de remboursement, l’objet du prêt), décidées par les membres eux-mêmes. Chaque groupe d’entraide développe ses règles et ses méthodes de travail suivant ses besoins, et parfois avec l’aide d’un organisme de promotion de l’entraide (OPE) qui peut être une organisation non gouvernementale (ONG), un organisme public, une banque, une coopérative, ou une institution de micro finance. Les OPE aident à la constitution du groupe et peuvent assurer des services d’accompagnement, surtout la formation et la supervision, ce qui permet de maintenir le groupe d’entraide en activité. En général, les membres du groupe épargnent sur une base régulière, créent un fond commun de placement, et dirigent leurs ressources mises en commun d’une façon démocratique avec la participation de chaque membre dans le processus décisionnel. Les membres choisissent leurs responsables et décident du montant de l’épargne obligatoire, de sa fréquence, du taux d’intérêt, des modalités de remboursement et de la distribution des excédents. Il arrive que des OPE fournissent aux groupes d’entraide un capital de départ à prêter, mais le cas le plus général est que les groupes d’entraide commencent tout d’abord à épargner et prêter leurs ressources aux membres. Les membres du groupe font des réunions périodiques pour demander les prêts et revendiquer les ressources réglées par consensus et collecter les cotisations. Les sommes prêtées sont petites, fréquentes et de courte durée, et couvrent des buts variés dont certains sont non-traditionnels et non-conventionnels. Bien que les groupes d’entraide imposent des épargnes périodiques à leurs membres, les prêts constituent le moteur de ce modèle. Ces prêts se font sur la confiance sans aucune sécurité ; les défauts de paiement sont rares à cause de la pression du groupe et la connaissance de l’utilisation finale du crédit. Le taux d’intérêt diffère de groupe en groupe et même à son objet, ce taux est généralement plus élevé que celui des banques et inférieur à celui des prêteurs d’argent (Nanda Y.S.). Habituellement, les premières sommes prêtées aux membres sont modestes et financées par l’épargne, en général destinées à la consommation ou au remboursement d’une dette en cours contractée à un taux plus élevé auprès d’autres sources. Ces prêts vont de 100 à 2 000 Roupies (2.5 à 45 USD), sur une durée de 6 mois maximum. Avec le temps, les sommes prêtées aux membres seront plus importantes à cause de la collecte des épargnes plus élevées, des bénéfices mis en réserve, et des emprunts auprès des institutions financières. Ces sommes pour la consommation ou le financement d’entreprise vont de 1 000 à 20 000 Roupies (23 à 450 USD), sur une durée de 1 à 3 ans. En plus de services financiers, certains groupes d’entraide donnent accès à des ressources indépendamment du crédit, et offrent des activités de promotion sociale (ex : cours d’alphabétisation), des services de soin de santé (ex : vaccination), des possibilités de travail contre nourriture, des programmes de distribution de repas aux écoliers ; certains groupes participent même aux élections locales, etc. (CGAP, 2007). 14 2.2. Les liens entre les groupes d’entraide et les institutions financières 2.2.1. Le programme de lien Depuis que la banque nationale pour l’agriculture et le développement rural (NABARD) a lancé un programme pilote de lien entre les groupes d’entraide et les institutions financières en Février 1992 pour faire face aux lacunes du financement des zones rurales; chaque groupe d’entraide peut compléter ses épargnes internes par des ressources externes, en se rattachant à une institution financière, en ouvrant un compte d’épargne au nom du groupe et bénéficiant d’un prêt global qu’il ré-octroie à nouveau à chacun de ses membres sur la base de ses propres règles. Le compte peut être tenu par un membre instruit, par un comptable extérieur ou par le personnel de l’organisme de promotion auquel le groupe d’entraide est affilié. Le lien du groupe d’entraide à une institution financière lui assure la capacité d’augmenter son capital pour financer plus de membres et des projets plus importants. Le financement de l’octroi des prêts à des groupes d’entraide se fait majoritairement par le biais des banques commerciales, ou par des institutions de micro finance qui se refinancent auprès des banques. Les institutions de micro finance couvrent leurs coûts de transaction à partir du différentiel entre le taux d’emprunt des banques et le taux d’octroi aux groupes d’entraide. En général, il n’y a pas de crédit sans épargne qui sert comme garantie partielle, alors que c’est la responsabilité conjointe du groupe qui se substitue aux sûretés réelles. Lorsque la banque assure le prêt au groupe d’entraide, il sera rétrocédé à des membres par le groupe et suivant ses propres règles. Le ratio entre l’épargne et le crédit, dépend de la solvabilité du groupe, augmentant avec un bon dossier de remboursement (Nanda Y.S.). La plupart des groupes d’entraide, mais pas tous, finissent par obtenir un financement externe. Les banques ne prêtent aux groupes d’entraide liés, qu’après environ une période d’épargne régulière de 6 mois auprès d’elles. Ces prêts seront donnés aux groupes sans garantie, mais comptant sur la pression sociale et l’autocontrôle du groupe pour le remboursement. Les premiers prêts aux groupes d’entraide se font le plus souvent avec un ratio prêt-épargne 1/1 ou 2/1, puis augmente progressivement (CGAP, 2007). La NABARD est un organisme public de refinancement qui offre un ensemble de fonctions de promotion, de supervision et de refinancement aux institutions financières. Elle cible le secteur rural, refinance à 100 % les prêts des institutions financières aux groupes d’entraide ; le taux de refinancement varie de 3.5 % à 9.5 % (NABARD, 2010, p25). Le taux de l’emprunt annuel des groupes d’entraide auprès des banques s’élève de 8 à 12 %, et le taux de l’emprunt en interne s’élève de 18 à 24 %, cette différence du taux d’intérêt représente le gain des groupes d’entraide (CGAP, 2007). 15 2.2.2. Les modèles de liens Les liens entre les groupes d’entraide et les institutions financières peuvent être de plusieurs modèles : Type de lien Création / accompagnement Financement Modèle 1 Banque Prêt direct de la banque au groupe d’entraide Modèle 2 ONG ou organisme public Prêt direct de la banque au groupe d’entraide Modèle 3 ONG ou organisme public L’ONG ou l’organisme public obtient des fonds auprès d’une banque et les prête au groupe d’entraide Source : CGAP (2007), « deux analyses de la viabilité des SHG en Inde ». MODELE 1 : Les banques traitent directement avec les groupes d’entraide, fournissent une aide financière individuelle aux membres. Donc dans ce modèle les banques sont les institutions de promotion des groupes d’entraide (OPE) ; les banques forment, financent et accompagnent les groupes d’entraide. MODELE 2 : La banque fournit une assistance directe au groupe d’entraide et à l’institution de promotion (OPE) ; généralement, c’est une organisation non gouvernementale offrant une formation, une orientation et une surveillance au groupe d’entraide afin d’assurer son bon fonctionnement. Dans ce modèle, les groupes d’entraide sont directement financés par les banques et les organisations non gouvernementales agissant en tant que facilitateurs. MODELE 3 : L’organisation non gouvernementale ou l’institution de promotion joue le rôle d’intermédiaire financier entre la banque et le groupe d’entraide. Le lien entre la banque et le groupe d’entraide est indirect. L’organisation non gouvernementale accepte la responsabilité contractuelle du remboursement à la banque. Dans ce modèle l’organisation non gouvernementale est à la fois l’institution de promotion et l’intermédiaire financier ; les banques prêtent aux organisations non gouvernementales qui refinancent les groupes d’entraide. Il est possible que le lien entre la banque et le groupe d’entraide, suive un processus évolutif, et passe d’un modèle à un autre, où les membres ont un accès direct à la banque. Toutefois, l’adoption ou l’acceptation d’un modèle particulier dépend de la perception de la banque, de la force du groupe d’entraide et de l’organisation non gouvernementale (Nanda Y.S.). Le pourcentage de l’ensemble des liens de chaque modèle est le suivant : Modèle 1 : 13 % en 1997 ; 20 % en 2004 ; 20 % en 2006. 16 Modèle 2 : 45 % en 1997 ; 72 % en 2004 ; 74 % en 2006. Modèle 3 : 42 % en 1997 ; 08 % en 2004 ; 6 % en 2006. On remarque un changement majeur au niveau des modèles 2 et 3 ; le modèle 2 est le plus adapté en 2006. Dans le modèle 2 dominant, une banque prête directement à un groupe après avoir évalué ses opérations, sa maturité et sa capacité à absorber le crédit. Une question s’impose : serait-il plus facile aux institutions financières de prêter aux groupes d’entraide plutôt qu’aux organisations non gouvernementales intermédiaires ? (NABARD, Status of micro finance in India). 2.2.3. Le financement des groupes d’entraide Les institutions financières qui sont à la base du financement des groupes d’entraide appartiennent à 3 catégories : Les banques commerciales. Les banques rurales régionales. Les banques coopératives. Le nombre de ces institutions financières est passé de 120 en 1997 à 560 en 2003-2004. Le nombre des ONG travaillant avec les groupes d’entraide est passé de 220 en 1997 à 3 024 en 2004. Même si l’Inde a pu développer le plus grand programme de micro finance au monde, les montants moyens octroyés aux membres des groupes d’entraide restent faibles (un peu plus de 3 000 Roupies environ 67 USD), avec une très grande hétérogénéité entre les Etats (1 000 Roupies dans l’Etat du West Bengal et environ 4 500 Roupies dans l’Etat du Tamin Nadu « Fouillet C., 2005 » ;1 725 Roupies dans l’Etat de Gujarat et 12 660 Roupies dans l’Etat de Puducherry pour une moyenne de 17 membres par groupe « NABARD, 2010 »). Les groupes d’entraide en Inde sont devenus un véhicule couvrant tous les programmes de développement. Le programme de lien lancé par NABARD entre les groupes d’entraide informels et le système bancaire formel a stimulé la création de nombreux groupes et est devenu un mouvement important qui couvre tout le territoire. En 2006-2007, la RBI et la NABARD ont donné des directives aux banques commerciales, aux banques rurales régionales, et aux banques coopératives leur demandant de fournir des données sur le progrès de la micro finance. Le programme pilote lancé par NABARD en 1992 a commencé à établir des liens entre 255 groupes d’entraide et les banques. Au 31-03-2009, il existe plus de 6 100 000 groupes d’entraide liés qui épargnent dans les banques, et plus de 4 200 000 groupes d’entraide liés qui ont reçu des crédits. Environ 86 000 000 de ménages pauvres sont couverts par ce programme. Au 31-03-2010, il existe plus de 6 950 000 groupes d’entraide liés qui épargnent dans les banques, et plus de 4 850 000 groupes d’entraide liés qui ont reçu des crédits. Alors environ 97 000 000 ménages pauvres sont couverts par ce programme. 17 2.2.4. Les types de liens On a deux types de liens : Type 1 : Le lien entre les groupes d’entraide et les banques (ce sont les groupes d’entraide financés directement par les banques commerciales, les banques rurales régionales, et les banques coopératives). Type 2 : Le lien entre les institutions de micro finance (IMF) et les banques (ce sont les IMF financées par les banques pour les prêts aux groupes d’entraide et autres petits emprunteurs couverts sous le secteur de la micro finance). Type 1: Lien groupes d’entraide et banques TABLEAU 1 2007-2008 (31-03-2008) Nombre des Montant en groupes millions de d’entraide Roupies 2008-2009 (31-03-2009) Nombre des Montant en groupes millions de d’entraide Roupies Epargnes des groupes 5 009 794 37 853.9 6 121 147 d’entraide auprès des banques Prêts bancaires décaissés aux 1 227 770 88 492.6 1 609 586 groupes d’entraide Emprunts bancaires en3 625 941 169 999.1 4 224 338 cours avec les groupes d’entraide Source: NABARD, Status of micro finance in India 2008-2009, 2009-2010. 2009-2010 (31-03-2010) Nombre des Montant en groupes millions de d’entraide Roupies 55 456.2 6 953 250 61 987.1 122 535.1 1 586 822 144 533 226 798.4 4 851 356 280 382.8 Pour l’année financière 2008-2009, le montant total des épargnes des groupes d’entraide liés auprès des banques s’élève à 55 456.2 millions de Roupies, donc une épargne moyenne de 55 456.2*1 000 000/6 121 147=9 060 Roupies par groupe d’entraide. Au 31-03-2009, le montant d’emprunts reçu par les groupes d’entraide liés auprès des banques s’élève à 226 798.4 millions de Roupies, donc un emprunt moyen de 226 798.4*1 000 000/4 224 338=53 689 Roupies par groupe d’entraide. Si on considère que le nombre moyen de membres des groupes d’entraide est de 17, alors le montant moyen de l’épargne par membre lié auprès des banques s’élève à 533 Roupies et le montant moyen du crédit octroyé par membre s’élève à 3 158 Roupies. Pour l’année financière 2009-2010, le montant total des épargnes des groupes d’entraide liés auprès des banques s’élève à 61 987.1 millions de Roupies, donc une épargne moyenne de 8 915 Roupies par groupe d’entraide. Au 31-03-2010, le montant d’emprunts reçu par les groupes d’entraide liés auprès des banques s’élève à 280 382.8 millions de Roupies, donc un emprunt moyen de 57 795 Roupies par groupe d’entraide. Le montant moyen de l’épargne par membre lié auprès des banques s’élève à 524 Roupies et le montant moyen du crédit octroyé par membre s’élève à 3 400 Roupies (4 128 Roupies pour 14 membres). (TABLEAU 1). Type 2 : Lien institutions de micro finance (IMF) et Banques TABLEAU 2 2007-2008 (31-03-2008) 2008-2009 (31-03-2009) 2009-2010 (31-03-2010) 18 Nombre des IMF Montant en millions de Roupies Nombre des IMF Montant en millions de Roupies Nombre des IMF Montant en millions de Roupies Prêts bancaires décaissés aux 518 19 701.5 581 37 323.3 691 80 627.4 IMF Prêts bancaires en-cours avec les 1 109 27 488.4 1 915 50 090.9 1 513 101 475.4 IMF Source : NABARD, Status of micro finance in India 2008-2009, 2009-2010. Remarque : Le nombre des IMF qui ont reçu les prêts bancaires peut être inférieur parce que plusieurs IMF ont bénéficié des prêts de plus d’une banque. Pour l’année financière 2007-2008, 518 IMF ont reçu des prêts bancaires pour un montant total de 19 701.5 Roupies. Le nombre des IMF est de 581 et 691 respectivement pour les années financières 2008-2009 et 2009-2010 pour des montants respectifs de 37 323.3 et 80 627.4 millions de Roupies. Au 31-03-2008, le nombre des IMF travaillant avec les groupes d’entraide qui ont des prêts bancaires en-cours s’élève à 1 109 pour un montant de 27 488.4 millions de Roupies, le nombre est de 1 915 et 1 513 IMF respectivement au 31-03-2009 et 31-03-2010 pour des montants respectifs de 50 090.9 et 101 475.4 millions de Roupies. (TABLEAU 2). En addition des modèles de lien entre les institutions financières et les groupes d’entraide, SIDBI (Small Industries Development Bank of India) a également soutenu les IMF. Le montant des prêts déboursés aux IMF durant 2009-2010 est de 26 657.5 millions de Roupies pour 88 IMF. Le montant des prêts en-cours avec les IMF au 31-03-2010 s’élève à 38 082 millions de Roupies pour 146 IMF. Les détails concernant les groupes d’entraide femmes liés auprès des banques par rapport au total sont les suivants : Pour l’année financière 2008-2009, le montant des épargnes des groupes d’entraide femmes liés auprès des banques s’élève à 44 340.3 millions de Roupies pour un nombre de 4 863 921 groupes. Ces épargnes constituent 79.46 % du total pour 79.96 % des groupes. Au 31-03-2009, le montant total des prêts en-cours accordé aux groupes d’entraide femmes s’élève à 185 835.4 millions de Roupies pour un nombre de 3 277 355 groupes. Ces prêts en-cours constituent 81.93 % du total pour 77.58 % des groupes. Le montant moyen de l’épargne par membre femme lié auprès des banques s’élève à (44 340.3*1 000 000/4 863 921)/17=536 Roupies et le montant moyen de crédit octroyé par membre femme s’élève à (185 835.4*1 000 000/3 277355)/17=3335 Roupies. Pour l’année financière 2009-2010, le montant des épargnes des groupes d’entraide femmes liés auprès des banques s’élève à 44 986.6 millions de Roupies pour un nombre de 5 310 436 groupes. Ces épargnes constituent 72.6 % du total pour 76.4 % des groupes. Au 31-03-2010, le montant total des prêts en-cours accordé aux groupes d’entraide femmes s’élève à 230 303.6 millions de Roupies pour un nombre de 3 897 797 groupes. Ces prêts en-cours constituent 82.1 % du total pour 80.3 % des groupes. Le montant moyen de l’épargne par membre femme lié 19 auprès des banques s’élève à 498 Roupies et le montant moyen de crédit octroyé par membre femme s’élève à 3 476 Roupies. (Tableaux 3 et 4 en annexe). Les épargnes des groupes d’entraide dans les banques sont les suivantes : Pour l’année financière 2007-2008, le nombre total des groupes d’entraide épargnant dans les banques s’élève à 5 009 794 dont 2 810 750 groupes (56.1 %) dans les banques commerciales, 1 386 838 groupes (27.7 %) dans les banques rurales régionales et 812 206 groupes (16.2 %) dans les banques coopératives. Le montant moyen d’épargne par groupe d’entraide s’élève à 7 556 Roupies. (Tableau 5 en annexe). Pour l’année financière 2008-2009, le nombre total des groupes d’entraide épargnant dans les banques s’élève à 6 121 147 groupes, dont 3 549 509 groupes (58 %) dans les banques commerciales, 1 628 588 groupes (26.6 %) dans les banques rurales régionales et 943 050 groupes (15.4 %) dans les banques coopératives. Le montant moyen d’épargne par groupe d’entraide s’élève à 9 060 Roupies. (Tableau 6 en annexe). Pour l’année financière 2009-2010, le nombre total des groupes d’entraide épargnant dans les banques s’élève à 6 953 250 groupes, dont 4 052 915 groupes (58.3 %) dans les banques commerciales, 1 820 870 groupes (26.2 %) dans les banques rurales régionales et 1 079 465 groupes (15.5 %) dans les banques coopératives. Le montant moyen d’épargne par groupe d’entraide s’élève à 8 915 Roupies. (Tableau 7 en annexe). Le montant total des épargnes des groupes d’entraide dans les banques est de 37 853.9, 55 456.2 et 61 987.1 millions de Roupies respectivement au 31-03-2008, 31-03-2009 et 31-03-2010. Le montant total d’épargne par groupe d’entraide dans les banques est de 7 556, 9 060 et 8 915 Roupies respectivement au 31-03-2008, 31-03-2009 et 31-03-2010. (Tableaux 5, 6 et 7 en annexe). Les prêts bancaires déboursés par les banques aux groupes d’entraide sont les suivants : Pour l’année financière 2007-2008, les banques commerciales, les banques rurales régionales et les banques coopératives ont accordé des prêts à 1 227 770 groupes d’entraide. Ces banques comptaient respectivement pour 59.9, 26.7 et 13.4 % des groupes d’entraide et 61.1, 30 et 8.9 % du volume des prêts. Le montant moyen du prêt accordé par groupe d’entraide est de 72 076 Roupies. (Tableau 8 en annexe). Pour l’année financière 2008-2009, les banques commerciales, les banques rurales régionales et les banques coopératives ont accordé des prêts à 1 609 586 groupes d’entraide. Ces banques comptaient respectivement pour 62.4, 25.2 et 12.4 % des groupes d’entraide et 65.8, 26.1 et 8.2 % du volume des prêts. Le montant moyen du prêt accordé par groupe d’entraide est de 76 128 Roupies. (Tableau 9 en annexe). 20 Pour l’année financière 2009-2010, les banques commerciales, les banques rurales régionales et les banques coopératives ont accordé des prêts à 1 586 822 groupes d’entraide. Ces banques comptaient respectivement pour 61.6, 23.7 et 14.7 % des groupes d’entraide et 67.7, 23.1 et 9.3 % du volume des prêts. Le montant moyen du prêt accordé par groupe d’entraide est de 91 083 Roupies. (Tableau 10 en annexe). Les prêts bancaires en-cours des groupes d’entraide dans les banques sont les suivants : Pour l’année financière 2007-2008, le nombre total des groupes d’entraide qui ont des prêts bancaires en-cours s’élève à 3 625 941 groupes dont 2 378 847 groupes (65.6 %) dans les banques commerciales, 875 716 groupes (24.2 %) dans les banques rurales régionales et 371 378 groupes (10.2 %) dans les banques coopératives. Le prêt bancaire moyen en-cours par groupe d’entraide s’élève à 46 884 Roupies. (Tableau 11 en annexe). Pour l’année financière 2008-2009, le nombre total des groupes d’entraide qui ont des prêts bancaires en-cours s’élève à 4 224 338 groupes dont 2 831 374 groupes (67.1 %) dans les banques commerciales, 977 834 groupes (23.1 %) dans les banques rurales régionales et 415 130 groupes (9.8 %) dans les banques coopératives. Le prêt bancaire moyen en-cours par groupe d’entraide s’élève à 53 689 Roupies. (Tableau 12 en annexe). Pour l’année financière 2009-2010, le nombre total des groupes d’entraide qui ont des prêts bancaires en-cours s’élève à 4 851 356 groupes dont 3 237 263 groupes (66.7 %) dans les banques commerciales, 1 103 980 groupes (22.8 %) dans les banques rurales régionales et 510 113 groupes (10.5 %) dans les banques coopératives. Le prêt bancaire moyen en-cours par groupe d’épargne s’élève à 57 795 Roupies. (Tableau 13 en annexe). Le montant total des prêts bancaires en-cours des banques est de 169 999, 226 798.5 et 280 382.8 millions de Roupies respectivement pour les années financières 2007-2008, 2008-2009 et 20092010. Le montant moyen du prêt bancaire en-cours des banques par groupe d’entraide est de 46 884, 53 689 et 57 795 Roupies respectivement pour les années financières 2007-2008, 20082009 et 2009-2010. (Tableaux 11, 12 et 13 en annexe). 3. La fédération des groupes d’entraide La propagation des groupes d’entraide a mené à la formation des fédérations de groupes d’entraide. Vers 15 à 50 groupes d’entraide (SHG) forment une organisation du village (CLUSTER/VO : village organization) avec un ou deux représentants de chaque groupe d’entraide. Plusieurs organisations de village, forment une fédération de groupes d’entraide (APEX BODY). Les emprunts entre les groupes, les échanges d’idées, un partage des coûts et une discussion des intérêts communs se feront au niveau de l’organisation du village et de la fédération. Il y aura aussi des sous comités qui ont affaire avec des sujets variés comme les collections des prêts, la comptabilité et le social. 21 Schéma : Illustration de la fédération des groupes d’entraide : Fédération de groupes d’entraide Organisation du village Groupe d’entraide Groupe d’entraide Organisation du village Groupe d’entraide Groupe d’entraide Organisation du village Groupe d’entraide Groupe d’entraide Les fédérations des groupes d’entraide sont des institutions formelles alors que les groupes d’entraide sont informels. La plupart des groupes d’entraide font partie d’une fédération. Les principaux avantages offerts par les fédérations aux groupes d’entraide sont : l’accès à un capital plus élevé, les économies d’échelles, le partage des connaissances et des expériences, le renforcement et la défense des capacités politiques, l’aide dans le domaine de la gouvernance et du contrôle financier, mettent en relation les groupes avec des sources externes d’aide financière ou sociale. Mais puisque ces fédérations sont formées par des membres informels, il existe alors des désavantages et des contraintes internes comme la faible capacité d’auto-gouvernance, la moyenne à faible qualité des gestionnaires, les systèmes et les processus mal définis, l’important coût financier pour l’organisation et l’enregistrement d’une fédération estimé à environ 7 000 Roupies par membre du groupe d’entraide. Pour combler ces problèmes internes, une assistance externe d’une bonne organisation non gouvernementale sera demandée. (Reddy C.S., Manak S., 2005). SECTION 4: COMPARAISON ENTRE LES GROUPES DE SOLIDARITE DE TYPE GRAMEEN ET LES GROUPES D’ENTRAIDE : 22 Groupe Grameen Groupe de 5 à 7 personnes. --------------------------------------------------------Prêts octroyés directement par l’IMF. --------------------------------------------------------Epargnes régulières, calendrier imposé par l’IMF. --------------------------------------------------------Géré par les agents de l’IMF, cette dernière garde la maîtrise d’œuvre d’un processus bancaire. --------------------------------------------------------Chaque membre dispose d’un compte d’épargne et d’un contrat de prêt individuel. --------------------------------------------------------Le groupe s’engage sur un principe de caution solidaire. Le groupe est le cadre d’intermédiation entre l’IMF et le client final. --------------------------------------------------------Système extrêmement disciplinant. --------------------------------------------------------Système plus coûteux. --------------------------------------------------------Groupes plus durables. --------------------------------------------------------Structure assez lourde : suivi des groupes, gestion des dossiers individuels. --------------------------------------------------------Les membres sont les clients de l’IMF. --------------------------------------------------------Système moins efficace sur l’autonomisation des membres. --------------------------------------------------------Groupes formels. Groupe d’entraide (SHG) Groupe de 10 à 20 personnes. --------------------------------------------------------Epargnes avant les prêts. --------------------------------------------------------Epargnes régulières. --------------------------------------------------------Auto-gérance. --------------------------------------------------------Compte d’épargne au nom du groupe pour les groupes rattachés à une institution financière. --------------------------------------------------------Le groupe constitue en soi le client de l’institution qui lui dispense ses prêts. Le groupe peut exister comme groupe de solidarité traditionnel ou peut résulter de l’appui d’un OPE ou d’une banque. --------------------------------------------------------Système plus flexible. --------------------------------------------------------Système moins coûteux. --------------------------------------------------------Groupes susceptibles d’être moins durables. Groupes vulnérables face aux détournements. --------------------------------------------------------Groupes qui demandent moins de temps d’accompagnement. Groupes qui demandent un management plus pointu. --------------------------------------------------------Les membres sont les propriétaires de la micro banque qu’ils partagent. --------------------------------------------------------Système plus efficace sur l’autonomisation des membres. --------------------------------------------------------Groupes informels. Le groupe d’entraide de type Grameen, est un groupe formel formé de 5 à 7 membres par l’institution de micro finance. Après la formation du groupe d’entraide par les employés de l’institution sur les lois et les régulations, ces employés déboursent respectivement les prêts aux membres du groupe, pour s’assurer du bon fonctionnement et de l’adaptation des membres à la 23 discipline exigée par l’institution de micro finance. Chaque membre du groupe dispose d’un contrat de prêt individuel et d’un compte d’épargne. Le groupe est géré par les employés et suivant un calendrier imposé par l’institution de micro finance, à savoir la formation des membres du groupe, le déboursement et le remboursement de prêts, l’épargne obligatoire, etc. C’est la caution solidaire du groupe qui assure le remboursement de prêts. Le principe du groupe d’entraide de type SHG est différent. Il s’agit d’un groupe informel, composé de 10 à 20 membres, qui peut exister comme un groupe de solidarité traditionnel, ou bien peut résulter de l’appui d’un organisme de promotion de l’entraide (OPE), ou d’une institution financière. Avant d’être rattaché à une institution financière qui lui octroie le prêt, le groupe traditionnel géré par les membres qui le compose, collecte tout d’abord les épargnes obligatoires de ses membres. Ces épargnes permettent aux membres d’emprunter individuellement en interne suivant les règles décidées par eux-mêmes. Si le groupe se rattache à une institution financière, il ouvre un compte d’épargne au nom du groupe et bénéficie d’un prêt qui sera à la disposition de ses membres. Le système Grameen est extrêmement disciplinant ; les membres du groupe doivent suivre les instructions et le programme fixé par l’institution de micro finance, et seront suivis et contrôlés par le personnel de cette dernière et par le président du groupe qui est le responsable de la discipline et de la supervision de l’utilisation des prêts par les membres. Notons aussi l’idée de la responsabilité mutuelle et la pression entre les membres du groupe, et l’expulsion du membre qui manque à ses engagements envers le groupe et l’institution à savoir la participation obligatoire aux réunions hebdomadaires, le remboursement de prêt, l’épargne obligatoire, le fonds d’urgence, etc. N’oublions pas le programme de développement social qui comprend certains codes de comportement que les membres sont encouragés à suivre durant leur vie quotidienne, et l’entrainement physique et parade qui sont détenus durant les réunions hebdomadaires. Le système SHG est plus flexible, ce sont les membres du groupe d’entraide qui développent les règles et les méthodes de travail à suivre et suivant leurs besoins. Le système Grameen nous semble plus coûteux que celui du SHG à cause du suivi intense des groupes et de l’importance de la structure d’accompagnement, assurés par le personnel de l’institution de micro finance, et qui requiert des frais de fonctionnement plus importants. En tout état de cause, cette vision reste toujours à étudier et à valider, si nous prenons en considération les coûts d’appui de l’organisme de promotion de l’entraide (OPE) dans le système du SHG. Les groupes d’entraide de type SHG sont susceptibles d’être moins durables que les groupes de type Grameen, à cause de leur vulnérabilité face aux détournements, notons aussi le cas de non captivité de l’organisme de promotion de l’entraide ou aussi la perte de l’appui de ce dernier. La question suivante s’impose : ces groupes d’entraide sont-ils viables sans l’appui des organismes de promotion de l’entraide (OPE) ? Ces groupes d’entraide demandent moins de temps d’accompagnement et un management plus pointu. 24 Les groupes d’entraide de type SHG exigent des membres d’un niveau de gestion et d’autonomie plus élevé que ceux de type Grameen, pour pouvoir assurer une auto-gérance saine et durable. La discipline rigide du système Grameen protège les membres qui n’ont pas cette autonomie. Il nous semble que le système des SHG est plus efficace sur l’autonomisation de ses membres, qui sont les propriétaires de la micro banque qu’ils partagent et gèrent. Dans un système où les membres gèrent eux-mêmes les activités du groupe, un changement assuré au niveau de l’accès et du contrôle des ressources, peut entrainer un changement plus important et plus efficace aux niveaux du choix et des réalisations des membres c'est-à-dire au niveau du processus d’autonomisation. Enfin, chaque système a ses avantages et ses inconvénients et s’adapte plus ou moins aux spécificités de son contexte d’exercice, mais aucun système n’est en soi idéal. Les modèles Grameen et SHG ont connu un développement dans des contextes différents du Bangladesh et de l’Inde. Au Bangladesh, l’expérience démocratique est moins assise que celle de l’Inde, voilà pourquoi le système Grameen, connu pour être extrêmement disciplinant, s’avère être plus adapté au contexte du Bangladesh. Alors qu’en Inde, le système SHG paraît plus convenable vu que les organismes de promotion de l’entraide y développent souvent des objectifs sociaux et libéraux. La structure sociale du Bangladesh est plus homogène socio-économiquement, par conséquent il sera plus facile d’y mettre en place un système standardisé ; alors que le SHG s’adapte mieux aux multiples particularismes culturels et à la structure sociale en caste, caractéristiques de l’Inde. Au Bangladesh, la zone géographique est suffisamment peuplée pour assurer une proximité du suivi et un accompagnement des groupes d’entraide à partir du modèle Grameen, ce qui n’est pas le cas en Inde. (De Sousa Santos F., 2002) CONCLUSION Les tontines représentent un moyen facile d’épargner et d’emprunter dans les pays où les pauvres n’ont pas accès aux banques commerciales pour des raisons déjà citées, alors que la solution relative à la lutte contre la pauvreté est de prêter de l’argent aux personnes qui en ont besoin pour leurs activités souvent génératrices de revenu et qui sont dans l’informel. Ces tontines présentent des limites importantes ; elles sont de court terme, limitées à de petits groupes de personnes où l’argent circule plus qu’il ne s’accumule. Mais ces pratiques de nature informelle peuvent être réceptives aux innovations. Citons le cas de la création de Grameen Bank par le professeur Mohammad Yunus au Bangladesh, dont la formule correspond tout à fait aux modalités et à l’esprit des tontines. N’oublions pas le cas des groupes d’entraide et les types de lien pour assurer un financement extérieur et une meilleure surveillance, une autre innovation développée en Inde. 25 Le succès de ces modèles de micro finance montre qu’on peut surmonter quelques objections de prêter aux pauvres. Ces modèles prouvent que les pauvres peuvent trouver des professions rentables, rembourser leurs prêts et épargner, et prouve que les femmes rurales pauvres sont bancables. Des milliers d’études à travers le monde, ont démontré que la micro finance constitue un moyen de développement socio-économique et de lutte contre la pauvreté. La modernisation et l’institutionnalisation des pratiques de micro finance sont impératives dans certains pays, à cause de l’importance de la micro finance pour promouvoir la création de micro et petites entreprises privées et surtout soutenir leur expansion et leur pérennisation, et le rôle que ces entreprises peuvent jouer dans le processus de développement. N’oublions pas l’importance de la micro finance dans la lutte contre la pauvreté qui est devenue la préoccupation majeure de la communauté internationale. La modernisation et l’institutionnalisation de ces pratiques sont un besoin surtout dans les pays qui ont un endettement extérieur excessif et ne peuvent plus faire face à leurs engagements et emprunter, dans ce cas l’épargne domestique favorisée par la micro finance peut prendre partiellement le relais des crédits extérieurs. Citons aussi le cas des pays où la mobilisation de l’épargne domestique est insuffisante ; à partir de la micro finance ces pays peuvent prêter aux populations pauvres et aux micros et petites entreprises dans des activités génératrices de revenu, favorisant le développement. La réplication de ces modèles de micro finance n’est pas aussi simple, ces programmes de micro finance doivent être adaptés aux conditions socio-économiques, culturelles, démographiques, etc. de la population cible, afin de pouvoir implanter des programmes convenables et durables, et assurer un développement socio-économique et contribuer à la réduction de la pauvreté. 26 ANNEXE Les tableaux 3 et 4 présentent les détails concernant les groupes d’entraide femmes liés auprès des banques par rapport au total : TABLEAU 3 Groupes d’entraide femmes 2007-2008 Nombre Montant en millions de Roupies 2008-2009 Nombre Epargnes des groupes 3 986 093 31 086.5 4 863 921 d’entraide liés Prêts décaissés 1 040 996 74 742.6 1 374 579 Prêts en-cours 2 917 259 133 356.1 3 277 355 Source : NABARD, Status of micro finance in India 2008-2009, 2009-2010. TABLEAU 4 Pourcentage des groupes d’entraide femmes du total 2007-2008 2008-2009 Nombre Montant en Nombre millions de Roupies Epargnes des groupes 79.57 82.12 79.46 d’entraide liés Prêts décaissés 84.79 84.46 85.39 Prêts en-cours 80.46 78.45 77.58 Source : Status of micro finance in India 2008-2009, 2009-2010. Montant en millions de Roupies 2009-2010 Nombre Montant en millions de Roupies 44 340.3 5 310 436 44 986.6 105 273.8 185 835.4 1 294 476 3 897 797 124 293.7 230 303.6 Montant en millions de Roupies 2009-2010 Nombre Montant en millions de Roupies 79.96 76.4 72.6 85.91 81.93 81.6 80.3 86 82.1 Les tableaux 5, 6 et 7 présentent les épargnes des groupes d’entraide dans les banques : TABLEAU 5 Banques commerciales (secteur public et privé) Banques rurales régionales Banques coopératives Total 2007-2008 (31-03-2008) Nombre de Pourcentage groupes d’entraide 2 810 750 56.1 Montant en millions de Roupies 20 777.3 Epargne par groupe d’entraide en Roupies 7 392 1 386 838 27.7 11 664.9 8 411 812 206 16.2 5 411.7 6 663 5 009 794 100 37 853.9 7 556 Source : NABARD, Status of micro finance in India 2008-2009. 27 TABLEAU 6 Banques commerciales (secteur public et privé) Banques rurales régionales Banques coopératives Total 2008-2009 (31-03-2009) Nombre de Pourcentage groupes d’entraide 3 549 509 58 Montant en millions de Roupies 27 729.9 Epargne par groupe d’entraide en Roupies 7 812 1 628 588 26.6 19 897.5 12 218 943 050 15.4 7 828.8 8 302 6 121 147 100 55 456.2 9 060 2009-2010 (31-03-2010) Nombre de Pourcentage groupes d’entraide 4 052 915 58.3 Montant en millions de Roupies 36 738.9 Epargne par groupe d’entraide en Roupies 9 065 1 820 870 26.2 12 993.7 7 136 1 079 465 15.5 12 254.4 11 352 6 953 250 100 61 987.1 8 915 Source : NABARD, Status of micro finance in India 2008-2009, 2009-2010. TABLEAU 7 Banques commerciales (secteur public et privé) Banques rurales régionales Banques coopératives Total Source : NABARD, Status of micro finance in India 2009-2010. Les tableaux 8, 9 et 10 présentent les prêts bancaires déboursés par les banques aux groupes d’entraide : TABLEAU 8 Banques commerciales (secteur public et 2007-2008 (31-03-2008) Nombre de Pourcentage groupes d’entraide 735 119 59.9 Montant en millions de Roupies 54 039 Pourcentage 61.1 Prêt déboursé par groupe en Roupies 73 511 28 privé) Banques rurales régionales Banques coopératives Total 327 650 26.7 26 518.4 30 80 935 165 001 13.4 7 935.2 8.9 48 092 1 227 770 100 88 492.6 100 72 076 2008-2009 (31-03-2009) Nombre de Pourcentage groupes d’entraide 1 004 587 62.4 Montant en millions de Roupies 80 605.3 Pourcentage 65.8 Prêt déboursé par groupe en Roupies 80 237 405 569 25.2 31 934.9 26.1 78 741 199 430 12.4 9 994.9 8.2 50 117 1 609 586 100 122 535.1 100 76 128 Source : NABARD, Status of micro finance in India 2008-2009. TABLEAU 9 Banques commerciales (secteur public et privé) Banques rurales régionales Banques coopératives Total Source : NABARD, Status of micro finance in India 2008-2009, 2009-2010. TABLEAU 10 Banques commerciales (secteur public et privé) Banques rurales régionales Banques coopératives Total 2009-2010 (31-03-2010) Nombre de Pourcentage groupes d’entraide 977 521 61.6 Montant en millions de Roupies 97 801.8 Pourcentage 67.7 Prêt déboursé par groupe en Roupies 100 050 376 797 23.7 33 332 23.1 88 461 232 504 14.7 13 399.2 9.3 57 629 1 586 822 100 144 533 100 91 083 Source : NABARD, Status of micro finance in India 2009-2010. 29 Les tableaux 11, 12 et 13 présentent les prêts bancaires en-cours des groupes d’entraide dans les banques : TABLEAU 11 2007-2008 (31-03-2008) Nombre de Pourcentage groupes d’entraide Montant en millions de Roupies Banques 2 378 847 65.6 114 754.7 commerciales (secteur public et privé) Banques 875 716 24.2 44 210.4 rurales régionales Banques 371 378 10.2 11 033.9 coopératives Total 3 625 941 100 169 999 Source : NABARD, Status of micro finance in India 2008-2009. TABLEAU 12 2008-2009 (31-03-2009) Nombre de Pourcentage groupes d’entraide Montant en millions de Roupies Pourcentage 67.5 Prêt bancaire en-cours par groupe en Roupies 48 240 26 50 485 6.5 29 711 100 46 884 Pourcentage Prêt bancaire en-cours par groupe en Roupies 57 037 Banques 2 831 374 67.1 161 494.3 71.2 commerciales (secteur public et privé) Banques 977 834 23.1 52 244.2 23 rurales régionales Banques 415 130 9.8 1 306 5.8 coopératives Total 4 224 338 100 226 798.5 100 Source : NABARD, Status of micro finance in India 2008-2009, 2009-2010. TABLEAU 13 2009-2010 (31-03-2010) Nombre de Pourcentage groupes Montant en millions de Pourcentage 53 428 31 460 53 689 Prêt bancaire en-cours par 30 d’entraide Roupies Banques 3 237 263 66.7 201 647.1 commerciales (secteur public et privé) Banques 1 103 980 22.8 61 445.8 rurales régionales Banques 510 113 10.5 17 289.9 coopératives Total 4 851 356 100 280 382.8 Source : NABARD, Status of micro finance in India 2009-2010. 71.9 groupe en Roupies 62 289 21.9 55 658 6.2 33 894 100 57 795 31 BIBLIOGRAPHIE - CGAP (2007). « Deux analyses de la viabilité des SHG en Inde ». CGAP, Août, no. 12, 56p. De Sousa Santos Frédéric (2002). « Les Self Help Groups comparés aux groupes de solidarité de type Grameen ». Bulletins d’information du mardi (BIM), Pôle microfinancement, 9 Juillet. Fouillet Cyril (2005). « La microfinance en Inde : données chiffrées et zoom sur les Self-Help Groups ». Bulletins d’information du mardi (BIM), Pôle microfinancement, 6 Décembre. 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