03octobre 2013

Transcription

03octobre 2013
LA NOUVELLE VIE DES HUILES
DES HOMMES ET DES DUNES
octobre 2013
Pla et#03
EAU ULTRAPURE POUR BONNE MÉMOIRE
SOUTHWARK
BORÅS SOUFFLE LE CHAUD DEPUIS LONGTEMPS
LE QUARTIER LONDONIEN SO CLEAN
#03
t
e
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Pl
2013
octobre
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2 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
ÉDITORIAL
Pla et
#03
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45
Facts
La truite sentinelle des rivières z Sustainia,
tour du monde des idées durables z God save
the Thames L’eau de Londres z L’Afrique
centrale contre le choléra z
Solutions
Borås, ville pionnière, vise le « zéro énergie
fossile » z Osilub, nouvelle usine de
régénération d’huiles usagées, répond à la
directive européenne de 2008 z SK hynix réduit
sa consommation d’eau ultrapure pour la
fabrication de barrettes mémoire z
Horizons
À Londres, le quartier de Southwark accueille
un centre de traitement des déchets z
Views
Portfolio Des hommes et des dunes par
Stéphane Lavoué z Portrait Catherine
Barbaroux, la citoyenne z
Visions
Growing Blue ou comment Internet participe
à la gestion de l’eau z L’environnement en
Chine vu par le professeur Yu Gang z Open
innovation au Heat-Tech Center de Varsovie z
INNOVER POUR
L'ENVIRONNEMENT
z Gestion économe de la ressource en eau en
Corée du Sud, chauffage « zéro énergie fossile »
en Suède, recyclage record au Royaume-Uni,
régénération des huiles moteur en France…
Cette troisième édition de Planet vous invite
à la découverte de nouvelles solutions apportées
par Veolia.
À Séoul, l’entreprise SK hynix recycle
toujours plus d’eau ultrapure dans ses processus
de nettoyage des barrettes de mémoire DRAM
largement utilisées à l’échelle de la planète.
Borås, la ville pionnière, tend vers le « zéro
énergie fossile ». Après plus d’un siècle
d’efforts, la ville suédoise est devenue une
référence mondiale en la matière. À Southwark,
quartier de Londres, le conseil du district a fait
un choix radical afin d’adopter une gestion
rigoureuse et citoyenne des déchets ménagers.
En France, au Havre, l’usine Osilub créée en
partenariat avec Total, garantit un taux de 75 %
de régénération des huiles moteur usagées en
Europe : un record.
Apporter des solutions, c’est aussi
échanger et partager des idées, défricher
de nouvelles pratiques. Le site Internet
growingblue.com évalue nos impacts sur la
ressource eau et nous interroge sur notre futur.
Les partages de connaissance initiés en Chine
avec l’école de l’Environnement de l’université
de Tsinghua, à Beijing, œuvrent à mieux
associer désormais croissance et respect de
l’environnement.
Partout dans le monde, chaque jour, se
construit le nouveau Veolia. z
La rédaction
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
3
FACTS
z Vulnérabilité climatique
online. La première base de
données online de 184 pays
vulnérables au changement
climatique est disponible via
un portail en ligne interactif.
Une mine d’informations
pour les chercheurs,
universitaires et décideurs
du monde entier. z
Sustainia,
www.scidev.net/global/policy/
news/country-specific-climatevulnerability-data-now-online.html
tour du monde
des idées durables
2,4
Sustainia 100 est un recueil d’idées novatrices réunies chaque
année par l’organisation danoise Sustainia, lancée à la suite
du COP15 de Copenhague, en 2009. Son objectif : diffuser
une communication positive et engageante autour des initiatives de développement durable mises en place à travers
la planète. Parmi les 100 idées retenues – où l'on retrouve par
exemple le modèle mis en place par la ville suédoise de Borås
(voir page 14) –, dix se concentrent sur les villes. Florilège…
À Copenhague, la ville veut créer un quartier écologique à
l’épreuve des changements climatiques tandis que le cabinet Henning Larsen Architects and Partners a mis au point
un nouveau type de design visant à optimiser l’exploitation
de la lumière naturelle dans les bâtiments et les quartiers.
La ville de Göteborg utilise l’eau naturellement froide de la
rivière Göta älv pour son système de refroidissement urbain.
Le projet néerlandais Tvilight propose de contrôler l’éclairage des rues, la consommation d’électricité et l’analyse des
données relatives au trafic. Au cœur de Londres, le nouveau
complexe d’habitation King’s Cross est non seulement durable, mais il protège aussi l’héritage culturel du quartier. À
Los Angeles, la plate-forme sociale Neighborgoods.net facilite
les emprunts et prêts entre voisins. Montería Green City 2019,
initiative urbaine pionnière en Amérique latine, cherche à
adapter la ville aux changements climatiques et à améliorer
la croissance urbaine. z
MILLIARDS
de personnes, soit un tiers
de la population mondiale,
n’auront toujours pas accès
à des services d’assainissement moderne en 2015.
Source: OMS/Unicef
z TIA, ou l’approche territoriale de l’Innovation.
En France, l’Agence de
l’Innovation a fait appel
aux entreprises capables
d’apporter des solutions
territoriales originales.
En partenariat avec la
recherche et innovation
de Veolia, elle fédère des
entreprises spécialisées
dans le domaine des hautes
technologies numériques,
comme Orange. Deux appels
à projet sont en cours dans
le domaine de la construction des réseaux intelligents
(smart building). z
©Søren Malmose/Sustainia
z Les brasseurs pour le
Clean Water Act. Sans
4 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
eau de qualité, pas de grande
bière… En avril dernier, des
brasseurs américains se sont
engagés aux côtés du groupe
de pression environnementale
Natural Ressources Defense
Council pour défendre le
Clean Water Act. Cette loi
fédérale encadrant depuis
1972 la pollution de l’eau est
essentielle pour la préservation de la ressource. z
http://water.epa.gov/
FONDATION LA SOLIDARITÉ FAIT ÉCOLE
z Pas moins de 113 associations d’étudiants
de niveau master des grandes écoles et universités internationales ont participé à la
5e édition du Prix de la solidarité étudiante.
Son objectif“: encourager la prise d’initiative et l’implication en récompensant des
démarches innovantes et d’intérêt général en
faveur du développement durable. Créé par
la Fondation et le Campus Veolia, il récompense les lauréats sous forme de subventions
(ils se partagent 15“000 €) ou d’une expertise
apportée par des collaborateurs du Groupe.
La Cravate Solidaire (École des dirigeants
et créateurs d’entreprise, France) décroche
le premier prix. Son idée“: distribuer aux
chômeurs, personnes en insertion et étudiants démunis des tenues professionnelles
adaptées à leurs entretiens d’embauche. Le
deuxième prix revient au Pôle humanitaire de
l’Institut national des sciences appliquées de
Toulouse (France) qui propose l’installation
de lave-mains et la rénovation de dispensaires dans des villages reculés du Sénégal.
Le troisième prix est décerné à Inde Espoir
– une association multi-écoles françaises et
britannique - pour la construction d’un pensionnat, offrant ainsi une scolarité aux jeunes
filles issues de populations tribales. Enfin,
L’Ombre et la Plume (EDHEC, France) est le
coup de cœur 2013, pour son programme de
lutte contre l’exclusion post-carcérale. z
©Photothèque Veolia - C. Majani
zzzz
L’équipe de La Cravate Solidaire remporte
le 1er Prix de la solidarité étudiante 2013.
FRANCE LIMAGRAIN CULTIVE
LA BIOMASSE z Le 4e semencier mondial
poursuit sa démarche de Responsabilité
sociétale des entreprises (RSE) en inaugurant une chaudière biomasse fonctionnant
aux rafles de maïs, un combustible au
pouvoir calorifique supérieur à celui des
plaquettes forestières. Le projet pilote, une
première en Europe, a vu le jour sur l’un des
sites français de production du groupe. Dalkia, l’opérateur, a mobilisé pour l’occasion
les équipes R&D de Veolia. Elles devaient
relever le défi de la maîtrise complète de la
combustion de cette nouvelle source d’énergie afin d’en mesurer, entre autres, son
impact environnemental. Mission accomplie. Gain de l’opération“: une empreinte
carbone réduite de plus de 2“600 tonnes
et une réflexion lancée sur l’épandage des
cendres issues de la combustion des rafles. z
©Rudy Sulgan/Corbis
BRATISLAVA RIVE DROITE RIVE GAUCHE z Situé sur la rive droite du Danube, Petržalka est le plus grand quartier résidentiel d’Europe centrale avec,
de l’autre côté du fleuve et de l’autoroute qui le longe, le centre historique de Bratislava. Passé dans les années 1970 de 14“000 à 60“000 habitants, Petržalka
devait être la ville la plus moderne de Slovaquie. Finalement, le projet va aboutir à une cité de 40“000 appartements pour y loger 150“000 personnes. Sa
mutation dans les années 2000 en fait aujourd’hui un quartier très vivant de Bratislava, désormais engagé dans une démarche de développement durable.
Les pouvoirs publics viennent ainsi de boucler un contrat de performance énergétique portant sur les établissements scolaires du quartier. Initié en 2003
par Dalkia, qui assure depuis 2000 la fourniture de chaleur et d’eau chaude de Petržalka et vient d’être reconduit pour vingt ans, ce projet a permis une
économie d’énergie de plus de 25 %, sans impact sur le budget public. z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
5
zzzz
Facts
Front pluvieux L’Europe centrale
sous les eaux z Les pluies diluviennes
z Muhammad
Yunus
médaillé d’or.
La truite,
sentinelle des rivières
©Nawsher Ali Khan
Réputée pour être un témoin de la qualité de l’eau, en
raison de son ultrasensibilité à la présence de polluants,
la truite est utilisée dans les usines d’eau potable – dans
des aquariums appelés « truitomètres ». Le moindre
changement dans son comportement alerte sur un
dysfonctionnement potentiel et enclenche la coupure de
la distribution d’eau, le cas échéant. Dans les rivières, c’est
au nombre d’espèces et de spécimens recensés que l’on
mesure l’évolution de la qualité de l’eau. C’est pourquoi
Veolia s’est associé à des fédérations et associations de
pêcheurs pour lancer des programmes de repeuplement
des rivières dans plusieurs pays d’Europe centrale. En
République tchèque, chaque année, quelque 4 000 poissons
sont relâchés. De préférence de grosse taille et d’âges
différents, afin qu’ils aient plus de chances de survivre et
de se reproduire. En contrepartie, les pêcheurs s’engagent
à ne pratiquer la pêche sportive qu’en respectant la règle
« attraper et relâcher ». Ils suivent également la croissance
des poissons et surveillent la rivière afin de limiter l’action
des braconniers. Après trois ans d’expérimentation, les
résultats dépassent les objectifs et de nouveaux sites
d’introduction sont à l’étude dans le pays ainsi qu’en
Slovaquie, en Hongrie et en Roumanie. z
z Harvey Rosen pour les
bromates. C’est seulement
©Photothèque Veolia - Didier Olivré
6 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
qui se sont abattues en mai et juin sur de
vastes zones en Allemagne, en Autriche,
en Hongrie, en République tchèque et en
Suisse, ont provoqué les pires inondations
depuis cinq cents ans. La facture s’élève
à plusieurs milliards d’euros en cultures
dévastées, usines à l’arrêt et infrastructures endommagées. Dans la région de
Prague, où Veolia est présent, la réponse
a été prompte et efficace, principalement
en raison du plan de protection anti-inondation mis en place après les violentes
intempéries de 2002. Activé avant même
l’annonce de l’état d’urgence par les comités locaux de secours, il a permis d’anticiper la fermeture de la station d’épuration
centrale de Prague, empêchant ainsi des
dégâts irrémédiables sur les installations.
La distribution d’eau potable a pu donc
fonctionner sans problème et sans interruption dans toutes les villes de la région. z
Le prix Nobel de la paix
2006, fondateur de la
Grameen Bank, a reçu en
avril la médaille d’or du
Congrès américain en
reconnaissance de ses
efforts dans la lutte contre
la pauvreté dans le monde.
Avec cette distinction,
il intègre le cercle très
fermé (7 personnalités)
des récipiendaires du prix
Nobel de la paix et de la
médaille présidentielle de la
Liberté. À ses côtés depuis
2008 dans la recherche de
solutions durables d’accès
à l’eau potable pour les
populations défavorisées,
Veolia fait partie des
premières entreprises à
avoir soutenu ses projets. z
la deuxième fois, depuis sa
création en 1989, que le prix
Harvey Rosen est attribué
à une équipe française.
Décernée tous les deux ans
par le comité de rédaction
de la revue « Ozone : Science
and Engineering », cette
récompense prestigieuse
couronne des travaux de
recherche sur l’ozone. Dans
ce cas précis, elle souligne
la contribution importante
de l’article publié par Pierre
Mandel et son équipe dans
la compréhension des
mécanismes de formation
des bromates, des substances inorganiques issues
de l’oxydation des bromures
présents dans l’eau brute.
Aujourd’hui chercheur au
centre de Recherche de
Veolia, à Maisons-Laffitte
(France), Pierre Mandel
avait déjà été distingué en
2011 en recevant le prix
Masschelein. z
55,8 Md€
C’est le chiffre d’affaires que devrait
atteindre en 2020 le marché des smart
grids*, soit le double de 2012. Les deux plus
grands marchés seront l’Amérique du Nord
et l’Asie-Pacifique.
* Des réseaux électriques intelligents capables
d’intégrer efficacement les comportements et
actions de tous les utilisateurs qui y sont raccordés,
afin de constituer un système rentable et durable.
Source : Navigant, cabinet d’experts américain.
États-Unis Sturbridge soigne
son réseau z Sturbridge, commune
de quelque 9 300 habitants du
Massachusetts, a entrepris depuis
près de vingt ans de gros travaux de
modernisation de son réseau d’eau
potable et d’assainissement. En 1989, la
municipalité a choisi de travailler avec
Veolia, sous forme d’un partenariat public/
privé portant sur la gestion de l’eau et de
l’assainissement. Plus de vingt ans après,
les fuites d’eau ont été réduites de 30 %
et la capacité d’assainissement accrue
de 50 %. Plusieurs centres américains de
prévention et de contrôle des maladies
ont récompensé la qualité de la fluoration
de l’eau maîtrisée par la ville. Plus
récemment, le département de protection
de l’environnement du Massachusetts a
honoré le partenariat entre Sturbridge
et Veolia en leur remettant un prix
pour leur engagement en faveur de
l’environnement. z
©Photothèque Veolia-Alexis Duclos
CANADA « TAKE BACK THE LIGHT » z Chaque année, les acteurs des secteurs industriel, commercial et public de l’État de l’Ontario consomment
30 millions de lampes fluorescentes. Sur ce volume, une forte proportion termine dans les centres de stockage du pays. Or, si ces lampes recèlent du
métal et du verre, elles contiennent surtout du phosphore et du mercure, très nocifs pour l'environnement. D'où l'idée du programme Take Back the
Light (« Rapportez la lumière »), lancé en 2008 par le ministère de l'Environnement de l'Ontario et animé par le Recycling Council of Ontario. À la clé,
un processus de collecte simple et à prix abordable qui garantit un traitement complet de ces produits en fin de vie, assorti d'une traçabilité rigoureuse.
Depuis sa création, le programme a permis d'éviter l'élimination de 5 millions de lampes, soit environ 182 kg de mercure, 27 kg de phosphore, 1,75 tonne de
verre et 22 kg de métal. Veolia Amérique du Nord vient d'être retenu par le Recycling Council of Ontario pour assurer toutes les opérations de recyclage. z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
7
zzzz
FACTS
z L’approvisionnement en eau
occupe 22 % du travail quotidien d’une femme indienne
en région rurale. Une tâche
God save the Thames
L’eau de Londres
À Londres, la vétusté des canalisations, qui datent de
l’époque victorienne, nécessite des travaux de réparation
continuels. Le réseau d’assainissement, en particulier,
fonctionne difficilement, victime des inondations
qui affectent la capitale. Privatisés pour la plupart en
1989, les réseaux d’eau britanniques appartiennent,
cas unique en Europe, à une vingtaine de compagnies
privées. Soumises à un régulateur exigeant, l’Ofwat, ces
dernières ne cessent d’investir : plus de 100 Md£ (117
Md€) en vingt-cinq ans dans les installations d’eau du
pays. Parmi elles, Thames Water, principal opérateur du
pays avec 32 000 km de réseaux qui desservent 14 millions
d’habitants à Londres et dans le sud de l’Angleterre,
investit 10 Md£ sur la période 2010-2020 pour mettre en
œuvre son programme de rénovation des infrastructures.
Et pour s’assurer d’apporter des solutions à la fois sûres,
durables et novatrices, la compagnie a adopté une
démarche inédite. Elle s’est entourée d’une équipe d’élite
– Veolia, IBM, Costain, Balfour Beatty, MWH, Skanska
et Atkins – qui a su élaborer un contrat unique en son
genre reposant davantage sur la valeur ajoutée de chaque
partenaire. Veolia sera chargé de la conception et de la
construction des canalisations d’eau, des égouts et des
installations de traitement d’eau de Londres et de la vallée
de la Tamise. Veolia apportera aussi son expertise dans la
transformation, en phosphates et en énergie, des boues
issues des stations d’épuration ainsi que sur la gestion
des fuites. Une problématique cruciale en Angleterre où
le manque d’eau en 2012 a entraîné des restrictions de
consommation dans le Sud-Est. z
200
projets pilotes de quartiers intelligents
sont recensés dans le monde pour améliorer la vie des
usagers. Ainsi, à Nice (France), 200 capteurs installés dans
les lampadaires, les bennes à ordures et sur la chaussée
transmettent des données en temps réel.
8 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
éprouvante lorsqu’il faut au
quotidien puiser physiquement l’eau d’une rivière, d’un
puits public ou d’une autre
source puis la transporter
chez soi dans des récipients.
C’est pour inciter les pouvoirs publics à installer des
réseaux d’eau potable dans
leur région qu’une centaine
de femmes ont manifesté
avec leurs « ustensiles de
collecte » devant la représentation locale du gouvernement, à Tiruchirappalli
(État du Tamil Nadu), dans
le sud de l’Inde. Dans l’État
voisin du Karnataka, Veolia
s’apprête à fournir de l’eau
24h/24 et 7j/7 aux citoyens
des villes d’Ilkal et de Bijapur
et aux étudiants du campus
de Bangalore. z
75 %
d’énergie économisée : c’est ce
que l’on obtient lorsqu’on
fabrique une bouteille à
partir de plastique recyclé,
par rapport à un matériau
non recyclé.
z Aux Émirats arabes unis,
Abu Dhabi Airports Company (ADAC) a de l’ambition
pour ses quatre sites«: Abu
Dhabi International Airport,
Al Bateen Executive Airport,
Abu Dhabi International Airport City Check-in et Al Ain
International Airport. Son
objectif«: les positionner aux
plus hauts standards internationaux afin de proposer
une « expérience unique »
à ses voyageurs. C’est ainsi
que l’ADAC a choisi Dalkia
pour assurer le pilotage
énergétique, la gestion des
installations techniques et
des systèmes de sécurité des
quatre sites. Le plus grand
d’entre eux, Abu Dhabi International Airport, a un peu
d’avance«: il a été élu meilleur
aéroport du Moyen-Orient,
en 2012. z
BRÉSIL L’INDUSTRIE PAPETIÈRE DOIT
S’ADAPTER AUX NORMES ENVIRONNEMENTALES z Gros consommateurs d’eau
– notamment pour extraire la cellulose des
fibres du bois –, les papetiers se dotent
progressivement de plans de gestion des
eaux de process et des eaux usées de leurs
sites. C’est le cas de Celulose Riograndense,
filiale du leader mondial chilien CMPC
implantée dans l’État du Rio Gande do Sul.
Elle a confié à Veolia la construction de
trois unités de traitement des eaux brutes et
des eaux usées, avec l’utilisation des meilleures technologies“: le procédé MBBR de
traitement biologique aérobie et le système
de clarification Actiflo. z
FRANCE DIAGNOSTICS HAUTE
PERFORMANCE z Surveiller la qualité de
l’eau potable afin de protéger la santé des
consommateurs, tel est l’objectif de ce partenariat signé entre bioMérieux, le leader
mondial des diagnostics microbiologiques,
et Veolia. Ce projet de collaboration a pour
but de développer un dispositif inédit de
détection des micro-organismes présents
dans l’environnement naturel ou dans
les canalisations. À terme, une avancée
scientifique capable d’apprécier la qualité
microbiologique de l’eau sur l’ensemble
de la chaîne de production d’eau potable,
depuis la ressource jusqu’au robinet. z
AUSTRALIE BRIQUES ÉCOLO z
Les menaces pesant sur l’approvisionnement régulier du gaz naturel, facteur de
renchérissement des prix, incitent le secteur du bâtiment à développer les sources
locales d’énergies alternatives. Avec comme
avantage de modérer la facture énergétique tout en adoptant un comportement
plus responsable en matière d’émissions
carbone fossile. Austral Bricks, fabricant
de briques – un marché national estimé à
quelque 2,8 Md$ australiens – a récemment
innové en la matière. Fin 2012, l’opérateur
Veolia et l’industriel du bâtiment ont conçu
un dispositif de récupération du méthane
issu des déchets ménagers et industriels
de la région de Sydney. Il sert à alimenter
les fours à cuisson situés à proximité,
garantissant une production régulière
du matériau, satisfaisant ainsi mieux la
demande. Veolia fournira 3,3 millions de
m3 de méthane chaque année dans le cadre
de ce partenariat signé pour cinq ans. Un
projet récompensé en 2013 par l’Australian
Business Award. z
©Photothèque Veolia Water Solutions & Technologies
ARABIE SAOUDITE SADARA, REINE DU DÉSERT z C’est la nouvelle – et la plus grande – usine de dessalement d’eau à surgir des sables d’Arabie
saoudite. D’une capacité de 178“000 m3/jour, elle desservira à compter de 2015 un complexe pétrochimique d’envergure mondiale, Sadara, construit
à Jubail par le géant de la chimie américain Dow Chemical et le pétrolier Saudi Aramco. Les deux partenaires produiront solvants et colles destinés
aux industries de l’automobile et de l’emballage. Pour répondre aux normes environnementales et de qualité de l’eau très strictes, l’usine développe
une technologie de traitement de l’eau de mer combinant l’ultrafiltration et l’osmose inverse. L’association des deux procédés apporte une sécurité
d’approvisionnement en eau, limite les risques de défaillance des installations et allonge leur durée de vie, tout en réduisant les besoins et dépenses
énergétiques du site. Veolia, concepteur de l’usine, a été choisi pour la construire et l’exploiter. z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
9
zzzz
FACTS
z Bel rit plus propre. Avec
27 sites de production dans
le monde (dont 9 en France)
et des produits distribués
dans plus de 120 pays, le
groupe fromager français
fabricant de la Vache qui
rit® se mobilise pour réduire
les impacts environnementaux liés à ses activités.
L’un de ses défis«: valoriser
100 % des déchets sur cinq
de ses sites de production
français d’ici à la fin 2013.
La recette, apportée par
Veolia«: optimisation de la
valorisation et réduction
des déchets à la source.
Résultat, les volumes ont
été divisés par quatre en dix
ans, alors même que la production a augmenté de 10 %
en moyenne. Aujourd’hui,
la valorisation globale
des déchets du groupe Bel
atteint 80 %, avec un objectif de 85 % en 2013. z
L'Afrique centrale
contre le choléra
Quatre pays d’Afrique centrale expérimentent depuis
2008 une méthode « intégrée » de lutte contre le choléra,
combinant développement des infrastructures d’eau,
assainissement et hygiène. Parmi eux, la République
démocratique du Congo (RDC), l’un des pays les plus
touchés avec plus de 150 000 cas et 4 000 morts recensés
par l’OMS entre 2002 et 2008 (soit 20 % des décès dans le
monde). L’expérimentation y est pilotée par l’association
Global Alliance Against Cholera (GAAC), appuyée par
la Fondation Veolia. La ville de Kalemie (province du
Katanga) a été la première à expérimenter ce plan :
réhabilitation d’une conduite d’eau, construction de
réservoirs et doublement de la capacité d’une usine
de traitement des eaux. Sans oublier la promotion des
règles élémentaires d’hygiène. Aujourd’hui, alors que
les premiers résultats indiquent un recul des cas de
choléra à Kalemie, Uvira est la seconde ville à bénéficier
du programme. Et pour aider à la réhabilitation des
infrastructures d’eau de la ville, le GAAC pourra compter
sur une aide de 8,5 M€ attribuée par l’Agence française de
développement et l’Union européenne. z
79 %
dans
l’Union européenne, 90 %
aux États-Unis, 91 % au
Japon, 84 % en Afrique, 86 %
en Inde, 87 % en Chine… Le
recours aux énergies fossiles est toujours largement
majoritaire dans le monde.
©Fondation Veolia Environnement
z La Bourgogne sait économiser son eau. 350«000 m3 d’eau
10 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
potable ont été économisés
en un an à Beaune, ville française de 23«000 habitants.
Explication«: l’expertise
historique de la gestion des
réseaux de Veolia, combinée aux solutions de haute
technologie proposées
par M20city et Endetec. Il
en résulte une meilleure
maîtrise des volumes d’eau
consommés – par la pose
de compteurs télérelevés
notamment –, sensibilisant
davantage les usagers au
gaspillage, souvent involontaire. Cela permet aussi de
localiser plus facilement les
fuites et d’intervenir rapidement, en toute connaissance
de causes, sur l’ensemble du
réseau concerné. z
PÉROU SURVEILLANCE SATELLITAIRE
DE LA FORÊT z La politique péruvienne
s’est révélée payante en matière de
protection de sa forêt primaire contre la
déforestation. Grâce au système de suivi du
déboisement par repérage satellite – après
le Brésil, le Pérou est le deuxième pays à
s’en doter –, les résultats publiés au printemps dernier annoncent une chute de 37 %
du déboisement en Amazonie péruvienne
sur la période 2010/2011, après avoir atteint
un pic à 163“000 hectares/an entre 2005
et 2009. z
MONDE DU TRAVAIL LA DÉCLARATION
DE SÉOUL À L’HONNEUR. z Accorder une
priorité élevée à la sécurité et à la santé au
travail dans chaque pays… Tel est l’engagement de la Déclaration de Séoul, adoptée
lors du Sommet sur la santé et la sécurité
de juin 2008, auquel avaient participé une
cinquantaine de dirigeants de haut niveau
venus du monde entier. Son rôle“? Servir
de schéma directeur à l’élaboration d’une
culture mondiale en matière de sécurité
et de santé au travail. Les signataires
de la Déclaration de Séoul, plus de 300
aujourd’hui contre une poignée en 2008,
s’engagent à participer activement au maintien d’un milieu de travail sûr et sain grâce
à un système de droits, de responsabilités
et de devoirs bien définis, dans lequel le
principe de prévention se voit accorder la
plus haute priorité. Signataire de la première heure, le 30 juin 2008, au titre de ses
activités eau, Veolia a ratifié la déclaration
pour l’ensemble de ses activités. z
www.seouldeclaration.org
RAMSES POUR LE PARTAGE DU SAVOIR z
Apporter des méthodes pour évaluer la résilience des infrastructures au changement
climatique et aider les villes européennes à
mieux comprendre et accepter les mesures
d’adaptation. C’est l’ambition du projet
RAMSES – Science for cities in transition –,
retenu dans le cadre de l’appel d’offres
européen « Stratégies, coûts et impacts de
l’adaptation au changement climatique ».
Cofinancé par la Communauté européenne,
au titre du 7e programme-cadre pour la
Recherche, RAMSES est animé par un
consortium regroupant de multiples partenaires académiques et institutionnels dont
le Potsdam Institute for Climate Research
– PIK –, la London School of Economics and
Political Science, l’Organisation Mondiale
de la Santé, le secrétariat européen de
l’ICLEI – Conseil international pour les initiatives environnementales locales –, ainsi
que l’Institut Veolia. z
©Photothèque Veolia-Jean-François Pélégry
JEUX INTERENTREPRISES À PRAGUE GAME OVER z Les Jeux européens du sport d’entreprise sont les jeux Olympiques des salariés sportifs. Leur
devise“: « Le bureau n’est pas le seul terrain du jeu. » Pour la 19e édition de cette manifestation, du 19 au 23 juin 2013, Prague (République tchèque) a
vu défiler plus de 7“000 sportifs amateurs venus d’entreprises prestigieuses comme IBM, Dassault, Allianz, Orange, Veolia… Créés en 1977, ces jeux
offrent aux participants la possibilité de développer les échanges entre salariés hors du cadre professionnel strict. Football, bowling, badminton,
pétanque, cyclisme mais aussi golf, échecs… au total, 28 disciplines sont alignées. Cette année, 230 collaborateurs Veolia de 14 pays européens avaient
été sélectionnés pour représenter le Groupe dans 19 sports. Au final, avec 146 titres et 205 médaillés, Veolia termine premier devant Commerzbank AG
(Allemagne) et Polizei Österreich (Autriche). z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
11
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octobre 20
13
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www.veolia.com
Rubrique Planet
©Photothèque Veolia - Christophe Majani.
Borås Energi och Miljö.
solutions
z À Borås, en Suède, la ville adopte depuis 50 ans des modèles
énergétiques durables. Objectif : atteindre le « zéro énergie
fossile » d’ici à 2025. z Retraiter les huiles moteur usagées au
lieu de les incinérer. À cet objectif fixé par l’Union européenne,
Veolia et le pétrolier Total répondent en ouvrant l’usine Osilub près
du Havre (France). z À Séoul, le groupe coréen SK hynix, leader
mondial dans la production de barrettes mémoire, s’emploie à
réduire ses immenses besoins en eau ultrapure. z
z 2013 soctobre z Planet #03 zzzz
13
SOLUTIONS BORÅS
« Zéro énergie fossile »
Borås, ville pionnière
PATRICIA COIGNARD
z Responsable de seulement 0,2 %
des émissions mondiales de gaz à
effet de serre, la Suède est parvenue
à diminuer ses rejets de CO2 de 9 %
en vingt ans. Une contribution insignifiante ? Ce champion du monde
du recyclage et du recours aux
énergies propres exporte désormais
ses modèles énergétiques durables
sur plusieurs continents. Focus sur
une ville emblématique de cette
dynamique vertueuse : Borås. z
Catarina a 43 ans. Elle a quitté en
famille son Strömstad natal (région à
la frontière avec la Norvège) à l’âge de
7 ans pour s’installer à Borås. Un endroit
qu’elle n’a plus quitté et où elle exerce
le métier d’infirmière. « J’aime vivre à
Borås, déclare-t-elle avec enthousiasme.
z
14 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
Mes enfants sont nés ici et ont appris
tout naturellement à trier les déchets,
un geste “non négociable” par ici ! À tel
point que l’école qu’ils fréquentaient
battait pavillon vert, un symbole fort
du poids donné au développement
durable. » Et s’il vient l’envie de la titiller
sur le caractère compliqué du tri à Borås,
Catarina ne se démonte pas. « Bien sûr
que cela demande un peu de concentration, mais ce n’est pas un problème ! Rien
de plus simple que de trier d’un côté les
déchets alimentaires dans les sacs noirs,
de l’autre les déchets combustibles dans
les sacs blancs. Et pour le verre, les journaux… d’autres types de sacs sont fournis. » Un confort de tri renforcé par une
optimisation des horaires d’ouverture
des stations et centres de recyclage. À
l’évidence, Catarina est la parfaite représente de la population de Borås, en adhésion totale avec la politique environnementale mise en place : « Je suis fière que
quelques enthousiastes aient pu, dans les
années 1960, jeter les bases d’une ville
durable ! »
Changement de paradigme
1959. Alors que la société de consommation, totem des Trente Glorieuses
en Europe, connaît son apogée et que
le pétrole coule à flot, la ville de Borås, à
60 km de Göteborg, en Suède, décide de
se libérer progressivement des énergies
fossiles. Pour concrétiser cette prise de
conscience environnementale, la ville
se dote d’une entreprise municipale,
Borås Energi och Miljo AB (BEM). Son
rôle est double : porter ce rêve pionnier
et assurer la gestion des services publics
dans le domaine de l’énergie, des déchets
et des eaux usées. En 1980, un partenariat
« collaboratif » en faveur d’un avenir plus
durable est créé afin de fédérer les idées
et les moyens des élus locaux, de l’université et des entreprises. Un choix dont
la mairie se félicite encore aujourd’hui :
« À l’instar d’autres régions suédoises,
zzzz
REPÈRES BORÅS
z 104 000 habitants
dans l’agglomération,
dont 64 000 à Borås z
z + de 70 000 usagers
du chauffage urbain z
z Réduction des émissions
de gaz à effet de serre :
5 500 t/an z
15
©Bruno Clergue pour Dalkia
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
SOLUTIONS BORÅS
SITE DE RYAVERKET
Mis en service dans les années 1960, le site de
Ryaverket a depuis été continuellement optimisé.
L’objectif : améliorer le mix de combustibles utilisés
– copeaux de bois, combustibles issus du tri des
déchets, biomasse – et rendre les installations plus
performantes et plus propres. z
nous partagions la conviction que pour
nous affranchir des sources d’énergies
non renouvelables, il fallait développer le
recyclage des déchets produits en masse
par nos nouveaux modes de vie. Et ce,
au niveau des particuliers comme des
entreprises. À rebours du modèle consumériste de l’époque, nous avons donc
considéré les déchets non pas comme
des rebus inutilisables mais, au contraire,
comme une ressource qui s’inscrit dans
un cycle vertueux et durable. » C’est
certainement dans cette démarche que
réside l’une des clés de la réussite des dispositifs énergétiques développés ensuite
à Borås. L’objectif ultime étant de devenir
une ville énergétiquement neutre d’ici
à 2025. Grâce à ce virage énergétique, et
sur une période de cinquante ans, Borås
aura divisé par sept ses émissions de CO2.
Réussite du plan d’énergies alternatives
Retour à la fin des années 1950. Pour
concrétiser la « société durable »,
comme l’appellera bien des années
plus tard la future Union européenne,
Borås s’équipe d’un réseau de chauffage
urbain. Il sera par la suite alimenté par
la centrale de Ryaverket, construite en
1965. « Au départ, elle fonctionnait au
pétrole avant d’être convertie, en 1984,
à la biomasse et au charbon. En 1995, la
mise en route de la plus grande sécheuse
à vapeur du monde nous a permis de
supprimer le charbon Aujourd’hui,
seule la biomasse sèche est utilisée.
En 2005, nous avons construit deux
chaudières de 20 MW pour accueillir les déchets. C’est à cette date que
débute la collaboration avec Dalkia et
la mise en œuvre d’un plan d’énergies
alternatives », indique Gunnar Peters,
directeur général de BEM (lire l’interview page 19). Ainsi, pour éco-gérer
les variations de production de chauffage urbain, et faire face aux pics de
consommation pendant les hivers zzzz
16 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
©Borås Energi och Miljö
zzzz
REPÈRES
z UNE CENTRALE DE PRODUCTION
THERMIQUE
z 2 chaudières aux combustibles solides de
récupération issus du tri des déchets de 20 MW z
z 2 chaudières biomasse de 65 MW z
z 2 turbines à vapeur fonctionnant en
cogénération de 37 MW électrique z
z Une centrale de récupération d’énergie
sur eaux usées 9 MW z
z UN RÉSEAU DE DISTRIBUTION
DE CHALEUR
z 350 km de canalisations enterrées z
z 4 000 sous-stations réparties
dans la ville z
z 4 centrales hydro-électriques
2 turbines 2,6 MW
2 turbines 2,7 MW
2 turbines 2 MW z
©Borås Energi och Miljö
©Photothèque Veolia - Adam Ihse/Interlinks Image
Le « thermos », un réservoir de 37 000 m3
installé à la sortie de la centrale thermique,
est la plus importante unité de stockage
d’eau chaude réalisée en Europe. Lorsque la
demande de chaleur des utilisateurs du réseau
est inférieure à la production, l’accumulateur
stocke de l’eau chaude. Lorsque la demande
des consommateurs est supérieure à la
production, l’énergie accumulée dans la cuve
est restituée dans le réseau.
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
17
rigoureux, Dalkia utilise le combustible
solide en base l’été, et le complète en
automne et en hiver par la biomasse,
les pics de froid hivernaux étant assurés par les énergies fossiles. Pour lisser
les fluctuations de consommation et
répondre au défi du « zéro énergie fossile », « nous avons construit en 2010
sur le site de Ryaverket un réservoir de
stockage d’énergie, sous forme d’eau
chaude, de 37 000 m3 et de 80 mètres de
haut », explique encore Gunnar Peters.
Cet édifice, judicieusement baptisé par
les habitants le « thermos », est devenu
un emblème dont la ville s’enorgueillit. « Illuminé de guirlandes pendant
l’hiver, c’est l’un de nos joyaux », reconnaît-on avec fierté à la mairie.
Autre sujet de satisfaction des élus, et
composante prépondérante du modèle
développé à Borås : la mobilisation des
habitants dans le tri de leurs déchets,
obtenue grâce à une politique de sensibilisation valorisante et citoyenne.
« Nous avons toujours été attentifs,
souligne Gunnar Peters, à ce que le coût
de cette politique “zéro énergie fossile”
ne soit pas supporté par la population.
Nous nous débrouillons avec les subventions de l’État et avons pu mettre
en place un projet commercial performant. En résumé, le chauffage urbain à
Borås s’autofinance ! » Aujourd’hui, sur
les quelque 200 000 tonnes de déchets
annuels collectés, seuls 4 % finissent
dans les décharges. 30 000 tonnes de
déchets biologiques sont transformées
en biogaz pour alimenter la flotte de
bus municipaux (depuis 2002), les
camions-bennes (depuis 2003) et les
taxis (depuis 2004). « Absolument
tout ce qui est recyclable est recyclé ! »,
conclut Gunnar Peters.
Entre solutions énergétiques durables
et croissance, Borås est convaincue
de gagner son pari du « zéro énergie
fossile ». z
18 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
©Borås Energi och Miljö
zzzz
©Photothèque Veolia-Adam Ihse/Interlinks Image
SOLUTIONS BORÅS
Depuis 2006, Dalkia assure
l’exploitation des installations : une
centrale de production thermique (et
son unité de stockage), une centrale de
récupération d’énergie des eaux usées,
des turbines hydrauliques et le réseau
de distribution de chaleur de Borås. z
ENTRETIEN
VERS UNE CHALEUR 0 % FOSSILE
Gunnar Peters,
©Borås Energi och Miljö
directeur général de Borås Energi och Miljö (BEM)
z Nous sommes à la fin du XIXe siècle et
z Arrivent les crises de 1973 et 1979…
z Qu’en pense la population de Borås ?
le BEM utilise déjà l’énergie renouve-
Pour en finir avec notre dépendance au
pétrole, nous avons envisagé d’utiliser
des biocombustibles et mis au point
des chaudières à biocombustibles. Il
fallait alors compléter avec un peu
de charbon… Mais dès 2005, avec la
centrale de Ryaverket, les nouvelles
chaudières biomasse ont constitué
une avancée décisive pour produire
une énergie encore plus « verte ».
Pour tendre vers le « zéro énergie fossile », nous sensibilisons par des campagnes thématiques. Particulièrement
les jeunes, prescripteurs efficaces de
bonnes pratiques auprès de leurs
parents. Comme nous comptons des
cultures différentes parmi la population, notre information sur l’environnement et l’énergie est concrète et
pédagogique. Enfin, nous sponsorisons
un centre scientifique et remettons
annuellement des trophées récompensant nos « héros de l’environnement ».
lable pour la ville. Pourquoi un tel choix,
que l’on qualifierait d’écologique avant
l’heure ?
En 1900, Elektra, notre tout premier site
municipal, produit de l’électricité. Mais
pour faire face au succès de la demande
d’un nouveau confort, nous choisissons
tout naturellement une source locale
d’énergie et construisons quatre centrales hydroélectriques. Des installations
remarquables toujours en activité ! Mais
au fil des ans, la population augmente et
nous contraint à ouvrir un autre site de
production. Dès 1948, la Suède découvre
le chauffage urbain et l’idée de produire
simultanément de l’électricité et de la
chaleur prend forme avec une centrale
de cogénération. Inaugurée en 1965, elle
utilise une chaudière au fioul qui fonctionne toujours. Au même endroit, nous
aménageons également un site de destruction propre de déchets domestiques.
z Quelle est votre recette pour combiner
énergie et déchets domestiques ?
Une pointe d’innovation et un soupçon d’optimisation permanente, le
tout animé par nos équipes municipales, en étroite collaboration avec
des spécialistes venus du monde
académique comme de l’institut de
recherche technique national. Nous
tissons également des partenariats
stratégiques avec des groupes internationaux, comme Dalkia.
z Et vous êtes devenus une référence
mondiale !
Chaque année, nous accueillons
quelque 2 500 personnes de toutes
nationalités, désireuses d’en savoir plus
sur notre expérience et notre expertise.
Pour remplir notre mission de conseil
international, nous sommes même en
train de créer une filiale dédiée ! z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
19
SOLUTIONS HUILES USAGÉES
Osilub
Nouvelle vie pour les huiles noires
La France exporte encore
40 000 t/an d’huiles
usagées vers l’Allemagne,
l’Italie et l’Espagne.
Après régénération,
elles reviennent sur
le territoire sous
forme d’huiles moteur,
s’inscrivant directement
en concurrence avec les
fabricants français de
lubrifiants. La mise en
production d’Osilub répond
aux exigences de l’Union
européenne sur la priorité
au recyclage matière et
contribue à freiner cette
exportation. z
HUBERT KERNEÏS
z Avec la hausse du prix du pétrole,
la régénération des huiles de
moteur usagées devient un enjeu
crucial. La nouvelle usine Osilub
s’inscrit dans une dynamique de
recyclage et de valorisation économique et environnementale. z
Automobilistes, attention : n’oubliez
pas d’effectuer la vidange de votre véhicule avant un long voyage ou, à défaut,
une fois par an. Certes, l’ordinateur de
bord de votre véhicule devrait vous
prévenir, mais de plus en plus d’entre
vous oublient, semble-t-il, d’effectuer
cet entretien indispensable. La raison :
la durée entre les vidanges est de plus
en plus espacée (20 000 à 30 000 km
z
20 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
contre 5 000 auparavant). Si les vidanges
deviennent moins fréquentes, c’est parce
que huiles et moteurs ont gagné en performance. Ces facteurs expliquent que le
volume global des huiles de moteur usagées – qu’il est obligatoire de traiter –,
soit en diminution constante depuis
2004 en Europe. Et depuis la directive
européenne sur les déchets 2008/98/
EC, les États doivent donner la priorité
à la régénération des huiles usagées au
détriment de leur incinération, qui est
donc découragée. En effet, par le passé,
le principal débouché de ces huiles,
toxiques pour l’environnement et classées comme déchets dangereux, était un
usage énergétique, soit pour produire du
ciment ou de la chaux, soit pour incinérer d’autres déchets dangereux.
81 % des huiles régénérées dans l’UE
La régénération consiste à produire,
à partir d’huiles usagées, des huiles
de base capables d’entrer à nouveau
dans la fabrication d’huiles de moteur.
Désormais, avec les technologies les
plus perfectionnées de régénération,
on estime qu’avec quatre litres d’huiles
de vidange usagées, on refait trois litres
d’huile de moteur (voir encadré). Une
solution d’avenir, au regard de la hausse
continue sur une longue période du
prix des hydrocarbures. De fait, si
en 2000, 27 % des huiles usagées de
l’Union européenne étaient régénérées,
le chiffre est passé à 81 % en 2010 – soit
1 790 000 tonnes –, sur un total d’huiles
usagées collectées de 2 210 000 tonnes.
En France, la régénération est devenue majoritaire en 2011 par rapport à
l’incinération (52 %), passant même
à 63 % en 2012. Ce chiffre s’explique
en partie par le lancement de la nouvelle usine Osilub, qui offre désormais
©Photothèque Veolia - Christophe Majani
une capacité de traitement importante
(120 000 t par an). Mais ce chiffre
s’explique surtout aussi, selon Éric
Lecointre, coordinateur du secteur
déchets de l’automobile à l’Agence
de l’environnement et de la maîtrise
de l’énergie (Ademe), « par le fait que
les cimentiers délaissent peu à peu
les huiles usagées au profit d’autres
combustibles comme les pneus ou la
biomasse. Ils ont en effet de plus en
plus de mal à suivre l’explosion du prix
des huiles usagées, dont le niveau est
passé d’une moyenne de 75 € la tonne
en 2008 à 111 € en 2010 et autour de
200 € en 2012. On peut donc dire que le
marché exerce une influence positive
sur l’environnement, puisqu’il incite
à régénérer davantage qu’à incinérer ».
Ce n’est pas tous les jours que cela
arrive ! z
OSILUB : RECYCLER EN BOUCLE DES HUILES USAGÉES
« C’est la première fois
au niveau mondial qu’un
acteur du traitement
des déchets s’associe
à une compagnie
pétrolière pour créer une
usine de régénération
d’huiles usagées de
cette dimension. »
Ouverte en 2012, l’usine
flambant neuve Osilub
près de Gonfreville
(région du Havre) fait
à juste titre la fierté de
son directeur Jacques
Tricard. Quelque
55 millions d’euros
d’investissement, une
capacité de traitement de
120‡000 t par an — ce qui
correspond à la moitié
du gisement d’huiles
usagées à recycler en
France —, Osilub est une
filiale à 65 % de Veolia
et à 35 % du pétrolier
Total. Bénéficiant de
la proximité du port
autonome du Havre,
l’usine a vocation à
traiter non seulement
les huiles de moteur
usagées françaises,
mais aussi celles du
nord-ouest de l’Europe
(Royaume-Uni, Benelux),
zone économique grosse
productrice d’huiles
usagées, mais présentant
un net déficit en capacité
de régénération.
La singularité d’Osilub
tient au procédé
de distillation mis
en œuvre. Issu du
secteur de la chimie
fine et développé en
collaboration avec
le Centre régional
d’innovation et de
transfert de technologie
(CRITT) et l'Ademe,
ce procédé permet
d’obtenir un rendement
moyen de 75 %, contre
45 % habituellement.
Ce qui veut dire
qu’à partir d’un litre
d’huile usagée on pourra
obtenir 0,75 litre d’un
produit intermédiaire
(le VGO, Vacuum
Gas Oil) entrant dans
la composition
d’huiles de base, pour
une production de
qualité au moins
égale à celle des
meilleures huiles
vierges du marché. z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
21
SOLUTIONS SK HYNIX CORÉE
La baignade dans
le fleuve Han, au sud de
Séoul, est un rituel pour
les familles coréennes. z
SK hynix
La mémoire DRAM a soif d’eau ultrapure
JAMES OCKENDEN
z Leader mondial dans la
production de barrettes mémoire
– avec Samsung Electronics,
ils pèsent 70 % des livraisons
sur ce segment –, le groupe
coréen SK hynix développe
une technologie nécessitant en
permanence une eau ultrapure
pour nettoyer les composants,
extrêmement sensibles à la
présence d’impuretés. Un process
hélas très gourmand en eau. z
Nous voici à Yeoju, à une soixantaine
de kilomètres du centre de Séoul, un
samedi matin ensoleillé. Le lieu est très
couru le week-end, et les familles se bousculent sur la rive sud du fleuve Han, à la
recherche d’un peu d’espace. Entre les
petites tentes destinées à se protéger du
z
22 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
soleil rivalisent vélos et cerfs-volants. Des
milliers de bambins pataugent gaiement
dans les cours d’eau menant au fleuve,
sous l’œil attentif de leurs parents.
Combien, parmi ces derniers, savent qu’à
quelques kilomètres en aval, l’eau dans
laquelle se dissolvent les crèmes solaires
et autres lotions de leurs enfants, va se
transformer en élément clé de l’industrie
des nanotechnologies ? Une eau qui, une
fois devenue ultrapure grâce à des procédés high-tech, sera utilisée pour nettoyer
les substrats de silicium (semi-conducteurs) des barrettes de DRAM – Dynamic
Random Access Memory, ou mémoire
vive dynamique – indispensables à leurs
iPhone, Galaxy et autres ordinateurs portables ? La fabrication des semi-conducteurs est très gourmande en eau, ce qui n’a
pas échappé aux entreprises de la Silicon
Valley coréenne venues s’installer sur les
rives du fleuve.
Manque de précipitations
Fournisseur des géants Apple et Samsung,
SK hynix est l’un des champions mondiaux de la DRAM. Une position qui l’a
conduit à l’avant-garde de la réflexion sur
la pénurie d’eau, problématique majeure
en Corée. « L’eau est une ressource très
précieuse ici », explique un jeune ingénieur de Veolia Corée, entreprise partenaire de SK hynix, en embrassant du
regard les immenses cuves de captage
d’eau fluviale de l’usine d’Icheon (voir
p. 24), l’un des plus grands sites de fabrication de semi-conducteurs au monde.
Avant d’évoquer le défi hydrique auquel
doit faire face le pays : « Les précipitations
moyennes par habitant sont très faibles
en Corée, à peine un huitième de la
moyenne mondiale. En outre, plus d’un
millier de montagnes abruptes bordent
le fleuve Han, ce qui aggrave le problème
parce que les eaux de pluie sont évacuées
zzzz
L’EAU PURE,
CONCEPT HIGH-TECH ?
© Photothèque Veolia
z Vous pensez que l’eau
en bouteille achetée au
supermarché est pure‡?
Détrompez-vous. Elle est
truffée de minéraux, d’ions
et de particules qui, si elles
sont bonnes ou neutres pour
notre organisme, pourraient,
à l’inverse, très facilement
détruire les fragiles nanocircuits d’une barrette de
silicium. D’où l’enjeu de
produire de l’eau ultrapure.
Pour cette opération délicate,
il ne suffit pas de filtrer l’eau
de plus en plus finement.
Le process repose sur un
système complexe d’osmose
inverse, une technologie
membranaire qui permet
d’éliminer des particules
inférieures à 0,03 μm. Par
comparaison, ces minuscules
grains que vous voyez flotter
dans votre verre avoisinent
les 40 μm, soit la taille du
plus petit détail visible à
l’œil nu. D’autres procédés
sont également utilisés
pour traquer bactéries, gaz
dissous et autres ions de
magnésium, de calcium
et de silicium pouvant
perturber les composants
électroniques des barrettes
de silicium‡: l’oxydation par
UV, les résines échangeuses
d’ions ou encore le charbon
actif. Pour répondre à la
demande quotidienne de
l’usine de fabrication de
semi-conducteurs – jusqu’à
100‡000 m3 d’eau –, le
site d’Icheon fonctionne
24 h/24. Des systèmes
complexes de gestion de la
maintenance garantissent
un approvisionnement
permanent. « Une
interruption de service
générerait des pertes
considérables pour notre
client », explique Gustavo
Migues, directeur général
de Veolia Corée. Le produit
final‡? L’eau la plus pure qu’il
soit possible d’obtenir, sauf
à brûler de l’hydrogène pur
dans de l’oxygène pur, un
procédé impossible à réaliser
en dehors d’un laboratoire… z
23
SOLUTIONS SK HYNIX CORÉE
Le site d’Icheon – presque une ville ! - est un des
trois sites coréens de SK hynix. Il est autorisé à
capter jusqu’à 110 000 m3 d’eau fluviale par jour, qu’il
transforme en eau ultrapure réservée à la fabrication
de semi-conducteurs, en eau industrielle destinée aux
usines et à la centrale électrique, et en eau potable
pour les quelque 12 500 personnes travaillant sur
place. En 2011, environ 15 millions de m3 d’eau ont été
utilisés, soit environ 40 % du volume autorisé. z
très rapidement vers la mer Jaune.
La configuration naturelle du bassin
hydrographique offre peu de possibilités de stockage ou de retenue, et ce cycle
rapide de l’eau se solde par de fréquentes
inondations dans la région. Chez nous,
la sécheresse est très fréquente. »
DRAM = H2O
Sous les yeux du jeune ingénieur, l’eau
brute s’apprête à franchir les portes de
l’usine de traitement pour entamer un
processus en vingt étapes qui éliminera
minéraux et ions. Ici, pas de compromis :
l’eau ultrapure étant essentielle dans le
processus de fabrication des barrettes
de silicium, sa production est au centre
de toutes les préoccupations. Engagé
dans une démarche de développement
durable, SK hynix s’est fixé des objectifs
très stricts en matière de qualité des eaux
usées et d’économie d’eau. « Nous voulons faire passer le taux de recyclage de
l’eau de 33 % actuellement à plus de 70 %
d’ici à 2015 », déclare un responsable
environnemental de l’entreprise. SK
hynix va également diminuer l’utilisation d’eau ultrapure. Comment ? D’une
part en optimisant le temps de nettoyage
des wafers (galettes) de semi-conducteurs
et, d’autre part, en modernisant les installations de traitement des eaux usées de
son usine de Cheongju, ce qui permettra
d’utiliser des eaux grises pour le matériel de nettoyage et les sanitaires. « Nous
allons ainsi réduire le volume total d’eau
rejetée dans le fleuve Han et limiter notre
consommation hydrique », conclut-il. Et
pour atteindre ces objectifs, nous comptons sur Veolia, notre opérateur depuis
2001 », conclut-il (voir encadré p. 25). z
24 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
À LA VÔTRE !
z À l’extrémité de la ligne
de production, un robinet à
disposition permet de puiser
de petites quantités d’eau
ultrapure. L’eau ultrapure… Pas
mal de rumeurs circulent à son
sujet sur Internet‡: elle ne serait
pas potable, elle constituerait
un dangereux solvant ou
serait amère. Info ou intox‡?
Pour en avoir le cœur net, une
dégustation de ce grand cru
s’impose. Verdict‡: pas mauvais
du tout‡! Sous un arôme affirmé
de H2O se dévoilent des notes
de… H2O. z
©Photothèque Veolia - Jean-Philippe Mesguen
zzzz
©Photothèque Veolia
COMME UN SEUL HOMME
© Photothèque Veolia
©Photothèque Veolia - Jean-Philippe Mesguen
z Un match de football XXL fait rage sur le terrain de l’usine
SK hynix d’Icheon. Impossible de savoir qui gagne, ni
même qui joue ! Dans leur tenue, ouvriers, fournisseurs,
ingénieurs, cadres font davantage penser à un campus californien. Ils sont une centaine à se disputer allègrement la
balle, sans réelle construction de jeu. Mais c’est sans importance, car c’est la pause et ça se passe en famille. Au coup de
sifflet, ces professionnels vont reprendre le travail comme
un seul homme. Chacun faisant “le job” à la perfection.
Un civisme et une discrétion également de mise pour les
collaborateurs de Veolia, dont les produits – eau ultrapure
et eau potable – sont pourtant ô combien indispensables
pour faire tourner le site.
Un contrat exemplaire
Sollicité en 2001 pour un contrat d’une durée de douze
ans, Veolia a au fil des ans considérablement renforcé
son partenariat avec SK hynix. Au point d’avoir fait de
ce contrat, aux yeux du fabricant coréen, un modèle en
matière d’externalisation. Prolongé de cinq ans en 2006
(2013-2018), il va ainsi courir sur dix-sept ans ! Les autres
usines du groupe ne sont pas en reste. À Cheongju, un
8e contrat signé entre Veolia et SK hynix va permettre l’extension des installations de production d’eau ultrapure.
Aujourd’hui, Veolia est impliqué, avec toutes les parties
prenantes, dans les objectifs de développement durable
du groupe. Parmi les performances enregistrées, des
standards internes de traitement des eaux usées nettement supérieurs aux normes légales en vigueur. Un résultat dû en partie à la confiance et à la qualité du dialogue
instauré entre les différents acteurs. « Pour ne citer que
notre plan d’actions relatif à la gestion environnementale
– EMAP, Environmental Management Action Plan –,
il a été conçu par Veolia pour définir des objectifs et des
priorités en matière de protection de l’environnement »,
analyse Gustavo Migues, directeur général de Veolia
Corée. « Nous partageons régulièrement les résultats
avec notre client, dans une approche plus globale du
développement durable. »
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
25
ILLUSTRATION MARIETTE GUIGAL
26 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
©Photothèque Veolia - Justin Sutcliffe/Interlinks Image
horizons
Southwark
quartier so clean
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
27
horizons À southwark, le traitement des déchets au cœur de ville
Southwark, la clean attitude z Le quartier londonien,
véritable carrefour des cultures à quelques encablures de la City, a fait
sa révolution en matière de gestion de déchets. La volonté politique a
payé. Un centre de traitement particulièrement innovant est sorti de terre,
au service exclusif de ses résidents. Visite des lieux. z
Paul Sanderson
P
our les Britanniques, Old Kent Road
est d’abord connue pour être une case
au Monopoly – la première après le
départ –, « british version, of course ».
Elle doit sa notoriété avant tout à
son riche passé. Autrefois modeste
sentier de Bretagne, elle devient un tronçon de la
Watling Street pour se transformer, en l’an 43, en
voie romaine reliant Douvres à Wroxeter, dans le
Shropshire. Elle conquiert alors le statut d’artère
économique vitale entre le sud et le nord de l’Angleterre. Depuis, elle n’a cessé de participer à l’animation
de la plus vaste ville d’Europe.
Longue de plus de trois kilomètres, Old Kent Road est
située à proximité de la Tamise et des gratte-ciel du
quartier d’affaires de la City. Et son histoire s’enrichit
sans cesse de nouvelles pages, dont celle récemment
écrite par le district de Southwark et Veolia. Depuis
l’ouverture, en janvier 2012, d’une usine de gestion
des déchets au service de cet arrondissement de
28 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
29 kilomètres carrés comptant 288 700 habitants, les résidents du
quartier ne voient plus leurs propres déchets de la même façon.
Volonté politique
« Dès 2003, nous avons élaboré une stratégie de gestion des
déchets à long terme, afin de les traiter au sein du district et de
façon durable », explique Deborah Collins, directrice stratégique
de l’environnement et des loisirs pour le district de Southwark.
Comme ses homologues londoniens, le conseil de district de
Southwark a pris conscience il y a une dizaine d’années de
l’urgence de traiter sur place ses déchets, le besoin de solutions de
remplacement à l’enfouissement se faisant de plus en plus sentir
(lire encadré Législation et réglementation) ! Ils étaient alors
collectés puis expédiés par camions vers des décharges situées
dans des municipalités semi-urbaines et rurales à la périphérie
de Londres. Principales motivations du conseil pour changer
la donne : un taux de recyclage trop faible, une forte hausse
des volumes, des espaces limités et des coûts d’enfouissement
croissants. D’où l’idée qu’en simplifiant le recyclage pour les
habitants et en investissant dans les techniques de tri, le taux de zzzz
Les rues de Southwark sont réputées pour leur grande variété de commerces :
stands à perte de vue au marché de North Cross Road, boutique d’antiquités et
d’objets rétro sur Fellbrigg Road, The Palmerston Bar à East Dulwith… Et pour
faire une pause, le parc de la Tate Modern n’est pas loin. z
REPORTAGE PHOTO :
JUSTIN SUTCLIFFE/INTERLINKS IMAGE
POUR PHOTOTHÈQUE VEOLIA
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
29
HORIZONS À SOUTHWARK, LE TRAITEMENT DES DÉCHETS AU CŒUR DE VILLE
zzzz
valorisation augmenterait et la quantité de déchets
produits diminuerait. C’est dans cette optique que
le Conseil a souhaité construire une nouvelle usine
dédiée au traitement des déchets de Southwark, avec
à la clé une baisse de l’impact sur l’environnement
et un nouveau souffle pour l’économie locale et ses
communautés.
Recyclage à tous les étages Annie Baker est respon-
sable de la gestion des déchets et des transports pour
le conseil du district de Southwark. Avant l’ouverture de l’usine, elle travaillait sur le site de Manor
Place, propriété du Conseil. « Le Conseil de district
occupait les lieux depuis un siècle, peut-être plus,
explique-t-elle. Trop petit, traversé par une ligne de
chemin de fer, il n’était plus adapté. N’oublions pas
qu’il avait été édifié pour les chevaux et les charrettes
qui permettaient, à l’époque, d’entasser les déchets
sous les arches du chemin de fer avant de les transporter. Mais le
site ne convenait pas au recyclage. Le transfert de notre activité
dans l’usine de gestion globale des déchets a été un grand changement et un net progrès. » Annie travaille désormais sur le site d’Old
Kent Road aux côtés des collaborateurs Veolia. Son rôle : veiller
au bon déroulement du partenariat entre le Conseil de district et
l’industriel, sur des problématiques comme la collecte. Veolia doit
notamment relever un défi de taille : améliorer le taux de recyclage de Southwark en simplifiant le tri pour les habitants. « Les
résidents accordent une grande importance à l’environnement et
au recyclage », confie Barrie Hargrove, conseiller et membre du
cabinet du district en charge des transports, de l’environnement
et du recyclage. « La collecte des déchets et le nettoyage des rues
sont des besoins fondamentaux dans un quartier où la mixité
ethnique fait écho à celle d’autres districts du centre de Londres,
où des personnes issues du monde entier côtoient des Londoniens
de souche. Par ailleurs, Southwark abrite le plus grand nombre
de logements à Londres et arrive en troisième place au niveau
Législation et réglementation
Depuis 2001, les pays de l’Union européenne sont tenus de mettre en application la directive sur la mise en décharge
des déchets. D’ici à 2020, le Royaume-Uni
doit ainsi réduire la quantité de déchets
biodégradables municipaux envoyés
en décharge de 35 % par rapport aux
volumes de 1995. Introduite en 1996 par
John Gummer, alors ministre de l’Environnement, la taxe de mise en décharge
a été la principale mesure mise en œuvre
dans le pays pour limiter l’utilisation des
décharges et rendre les autres solutions
de gestion des déchets financièrement
plus intéressantes.
Fixée à l’origine à 8 £/tonne, cette taxe
n’a cessé d’augmenter pour atteindre
aujourd’hui 72 £/tonne. Il est d’ores et
déjà établi qu’elle passera à 80 £
30 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
en 2014-2015, mais continuera-t-elle
de grimper ou se stabilisera-t-elle ? « La
taxe de mise en décharge a eu un impact
indéniable ces dernières années »,
explique Ray Parmenter, directeur
de la réglementation chez Veolia au
Royaume-Uni. « Les volumes enfouis sont
désormais en déclin. Actuellement, les
entreprises ralentissent ou interrompent
l’activité des décharges et se tournent
davantage vers le recyclage ou la
revalorisation énergétique des déchets. Le
point de basculement a probablement été
enregistré en 2011-2012, lorsque la taxe
a atteint 56 £/tonne, car à ce moment-là,
les tarifs de prise en charge pour la
valorisation énergétique des déchets
étaient équivalents. Dans la foulée de
l’introduction de la taxe de mise en
décharge, de la directive sur la mise en
décharge des déchets, de la directive cadre
sur les déchets… le taux de recyclage,
quasi nul en 2001, est passé à plus de
40 %. »
Selon Ray Parmenter, une réévaluation
des objectifs interviendra dans
le cadre des études menées par la
Commission européenne pour
la « Feuille de route pour une Europe
efficace dans l’utilisation des ressources ».
L’enfouissement de certains matériaux
pourrait bientôt être interdit et des mesures supplémentaires adoptées pour accroître le recyclage et l’utilisation des matériaux recyclés dans les produits neufs et
pour sécuriser les ressources. z
national pour le nombre de propriétaires immobiliers. Au vu des
contraintes liées au manque d’espace et à la façon dont celui-ci est
géré, simplifier le recyclage pour tous n’est pas une tâche aisée. »
Le poids des mots, le choc des photos Pour expliquer le fonctionne-
ment de la collecte à une population à forte diversité ethnique
et économique, la simplicité des termes et des images est de
mise. Avec plus de 300 langues parlées à Londres, le recours à des
supports de communication facilement compréhensibles est vital
pour faire passer un message. En outre, comme dans nombre de
districts londoniens, la population de Southwark présente des
écarts de niveau de vie considérables. Sans compter un habitat
disparate où de vastes demeures côtoient des immeubles, de petites
maisons mitoyennes et des pavillons convertis en appartements.
Veolia a donc travaillé main dans la main avec le Conseil pour
proposer différents systèmes de collecte adaptés à ces multiples
configurations. Les occupants de maisons sur rue se sont vu distribuer trois poubelles à roulettes – une bleue pour les déchets recyclables, une verte pour les résiduels et une marron pour les déchets
ménagers et verts –, mais il existe d’autres solutions, comme les
sacs poubelles et les conteneurs, en fonction de l’espace disponible
sur le terrain. En appartement, on utilise soit un sac à usage unique
pour le recyclage et un second sac pour tous les autres déchets, soit
dans les grands immeubles, des bacs municipaux de 1 100 litres
accueillant déchets à recycler ou ménagers.
Un long chemin Depuis l’entrée en scène de Veolia en 2008, d’énormes
progrès ont été accomplis dans le district de Southwark en matière
de gestion des déchets et de mise en place d’un système de collecte
adapté à tous les cas de figure. « Le nouveau Conseil de district élu en
2010 a décidé de doubler le taux de recyclage pour atteindre les 40 %
en 2014, explique Deborah Collins. C’est un objectif très ambitieux,
car il correspond aux taux enregistrés dans les districts de la grande
banlieue de Londres, où les problèmes d’espace sont moins prononcés. Par ailleurs, de nombreux districts ont du mal à trouver un juste
milieu entre un taux de recyclage élevé et le volume de matériaux
de qualité à collecter. Alors qu’à Southwark, l’usine de gestion
globale des déchets nous permet d’obtenir à la fois un taux élevé de
recyclage et des matériaux de bonne qualité. Ces bons résultats sont
directement liés au contrat signé avec Veolia et aux investissements
réalisés par le gouvernement et par le Groupe. Sur un contrat à très
long terme, la seule façon de réussir un projet est de mettre en place
un véritable partenariat, et c’est ce que nous avons fait avec Veolia.
Grâce à cette approche, nous sommes en passe d’atteindre nos objectifs et pouvons traiter les déchets de Southwark au sein même du
district. » z
z Population
de Londres : 8,2 millions d’habitants z
z Population
du district de Southwark :
288 700 HABITANTS z
z Volume
d’ordures ménagères collectées
dans le district de Southwark (2011/2012) :
106 121 TONNES z
z Taux
de recyclage dans le district
de Southwark (2011/2012) : 27,43 % z
z Pourcentage
de déchets du district
de Southwark non envoyés en décharge
(2011/2012) : 79,65 % z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
31
horizons À southwark, le traitement des déchets au cœur de ville
entretien
La gestion globale est notre credo
©Justin Grainge
Estelle Brachlianoff, Directeur Royaume-Uni et Europe du Nord, Veolia
En 2008, Veolia a remporté un contrat global d’une durée de vingt-cinq ans
portant sur l’ensemble des opérations de collecte, recyclage, traitement et
élimination des déchets du district londonien de Southwark.
z En quoi l’usine de Southwark
z Le mode contractuel de financement
est-elle exemplaire ?
– le PFI – semble remis en cause. Qu’en
Ce site est technologiquement à la pointe de
notre savoir-faire. Mais il est aussi un lieu
de vie et une source d’emplois. Ainsi, dans
notre espace pédagogique, nous accueillons
les enfants pour leur expliquer comment
recycler et comptons sur le recrutement
local pour faire tourner le centre.
pensez-vous ?
z Ce modèle de gestion globale semble
bien apprécié au Royaume-Uni…
Cette notion de globalité comme de gestion intégrée des infrastructures est clé
puisque nous maîtrisons ces deux aspects
depuis longtemps au Royaume-Uni. Pour
résumer, nous traitons 120 000 tonnes de
déchets et disposons d’options pour optimiser leur exploitation. Outre la production de deux types de combustibles – biogaz et combustible solide de récupération
(CSR) –, nous assurons le chauffage du
quartier, trions les déchets pour leur recyclage et fabriquons du compost hors site.
L’usine enregistre déjà un très bon taux de
recyclage et sera capable d’atteindre un
taux de valorisation des déchets de 90 %.
J’imagine que vous faites allusion aux nouveaux contrats de financement PF2*. La
transition ne se fera pas sans peine ! Le rapport bénéfice/risque de ces contrats n’est
pas toujours bien équilibré et il nous arrive
de renoncer à certains projets en raison de
risques trop élevés. Quant à l’obtention des
autorisations nécessaires, elle peut se révéler un véritable parcours du combattant !
Fort heureusement, le gouvernement partage nos objectifs : l’augmentation du recyclage et la réduction des volumes envoyés
en décharge.
z Quelles sont les opportunités pour Veolia
sur le marché municipal ?
Selon moi, les opportunités liées aux PFI
diminueront à l’avenir. D’autres apparaissent, comme les contrats d’organisation de services directs*, qui sont en phase
de privatisation. La tendance devrait s’accélérer. Des contrats PFI remportés par des
concurrents pourraient également revenir
sur le marché si leur mise en œuvre n’aboutissait pas. z
z Quelles sont vos perspectives d’investis-
sement au Royaume-Uni ?
Veolia est devenu un acteur majeur de
l’économie verte et emploie aujourd’hui
plus de 14 000 personnes au RoyaumeUni. Nous comptons y investir près d’un
milliard de livres sterling dans les six prochaines années.
32 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
* Le PF2 est une évolution du PFI qui
ambitionne un rééquilibrage entre les deux
parties (État/industriel).
** Dans le cadre desquels une autorité locale
dispose d’une entité proposant des services.
Installé en retrait d’Old Kent
Road, l’immense complexe
ultramoderne de Southwark
inauguré en janvier 2012 se
fond dans un environnement
de tours d’habitation,
de pavillons, de commerces
et de bâtiments industriels.
À l’intérieur du complexe, trois unités
sont installées : un centre de tri, un
autre de recyclage ainsi qu’une unité
de traitement mécano-biologique des
déchets organiques.
Le centre de tri, équipé
notamment de dispositifs
optiques, compte parmi
les plus perfectionnés
d’Europe. De là sortent
des matériaux de
haute qualité pour le
recyclage.
Au centre de recyclage
des ordures ménagères,
les habitants peuvent
apporter des objets tels
que des meubles et
d’autres déchets trop
imposants pour les
bennes à ordures.
L’unité de traitement mécanobiologique – la première de
Veolia au Royaume-Uni –
traite les déchets résiduels
collectés et sépare ce
qui peut être recyclé des
éléments biodégradables,
transformés en combustible.
Ce combustible est acheminé
vers l’usine de cogénération
SELCHP du district voisin de
Lewisham, où il entre dans
un processus de production
d’électricité. z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
33
VIEWS
Stéphane Lavoué
est arrivé un beau
jour sur le site
d’Al Wathba 2, à
une quarantaine
de kilomètres au
sud d’Abu Dhabi, par
une route ensevelie
sous le sable. On ne
distingue rien à cinq
mètres quand, tout à
coup, le photographe
découvre un chantier
gigantesque d’où
émergent une
vingtaine de grues…
un paysage irréel
sur fond de décor
à la Mad Max, un
chantier digne des
pyramides…
34 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
Des hommes
et des dunes
REPORTAGE STÉPHANE LAVOUÉ.
36 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
DES HOMMES ET DES DUNES VIEWS
AU FOND DU PUITS
z À quelque 20 mètres sous le niveau de la mer, les ouvriers évoluent
dans un puits creusé dans le désert et bétonné de noir. Là arrivent
les eaux usées en provenance d’Abu Dhabi, à 40 km de là. La lumière
entre péniblement. Une fois que la station sera opérationnelle, plus
personne n’y accèdera. Tout sera inondé. z
TEMPÊTE DU DÉSERT
z Au pied du site, les
équipes s’activent, à
peine gênées par les
caprices du désert et ses
fréquentes tempêtes de
sable. z
VIEWS DES HOMMES ET DES DUNES
38 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
AUTOUR DES BASSINS
z Le vélo, en mode tricycle,
est l’un des moyens le plus
pratique pour transporter
des petits colis d’un point à
l’autre du site. Comme dans
une ville, on trouve des rues
qui contournent les bassins
et même des panneaux de
signalisations. z
VIEWS DES HOMMES ET DES DUNES
LE BOUT DU TUYAU
z Les tuyaux mesurent près de 2 mètres de
diamètre. C’est très impressionnant. Sans
doute l’indicateur le plus visuel pour marquer la taille de l’installation, l’importance du
débit de la station… z
40 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
Stéphane Lavoué
Boîtier Leica en main, Stéphane Lavoué a sillonné
pendant trois ans le Maghreb et la péninsule arabique. Le photographe garde un souvenir marquant de
ses deux visites de l’usine d’assainissement Al Wathba 2. z
GUILLAUME FROLET
D
e l’homme qui l’accueille à son arrivée
sur le chantier, Stéphane Lavoué ne voit
pas le moindre bout de peau. Et pour
cause, la tempête de sable qui s’abat ce
jour-là sur le site de l’usine contraint les ouvriers à se
protéger le visage avec les moyens du bord. Lunettes,
mouchoirs, t-shirts… Un comble pour le portraitiste,
chargé de saisir le regard et les gestes des bâtisseurs,
dans cet impressionnant ensemble industriel
sortant des sables ! « Je suis arrivé par une route ensevelie sous le sable. On n’y voyait pas à cinq mètres
et tout à coup, je découvre un chantier gigantesque
d’où émergent une vingtaine de grues… Un paysage
irréel sur fond de décor à la “Mad Max”, un chantier
digne des pyramides », se souvient Stéphane.
Fin 2010, à 40 kilomètres environ de la capitale de
l’Émirat d’Abu Dhabi : le chantier d’Al Wathba 2,
dont le premier coup de pioche a été donné début
2009, est bien avancé. Durant deux jours, Stéphane
parcourt le site pour suivre le déroulement des
travaux, tout en échangeant avec ses occupants pour
recomposer, avec le cadre et la lumière appropriés,
le quotidien des constructeurs. Au pied des installations, les équipes s’activent, à peine gênées par les
caprices du désert. Ce sont ces mêmes ouvriers qui
vont servir de modèles à Stéphane. « L’enjeu photographique consistait à accorder l’échelle humaine
à la démesure industrielle. Il y avait un travail de
mise en scène qui correspondait bien à ma démarche
de portraitiste », explique le photographe. Mais
l’endroit se révèle immédiatement inspirant et propice à quelques balades inoubliables. Comme cette
descente à plus de vingt mètres sous terre « dans le
ventre de l’usine, au fond des cuves de réception des
eaux usées, où on se sent déconnecté de tout ».
En 2012, Stéphane Lavoué retourne sur le site, le
temps d’une journée, pour rendre compte en images
du formidable effort accompli. « Lors de ma première visite, je bénéficiais d’une totale liberté de
mouvement, avoue le photographe. Cette fois-ci,
l’usine était achevée et, naturellement, l’accès aux
installations plus restreint. » En effet, la station
de traitement des eaux usées fonctionne depuis
environ un mois. Mais le visage qu’elle présente aux
visiteurs est tout aussi surprenant. « Aux alentours,
le désert avait repris ses droits, on voyait même des
élevages de dromadaires, confie Stéphane. Malgré
cela, les étendues d’eau des bassins de clarification,
gigantesques piscines au milieu des dunes, créaient
un contraste violent avec le sable à perte de vue. »
Dans le plus grand des Émirats, la démesure est un
élément du paysage… Stéphane, qui a vu les golfs en
plein désert et la végétation arrosée en permanence
le long des autoroutes, en témoigne : « Dans ce pays
où un litre d’eau est plus précieux qu’un litre de
pétrole, le prélèvement de la ressource demande
à être rationalisé », d’où la création d’importantes
infrastructures d’assainissement capables de fournir
de deux à trois cycles d’utilisation de l’eau.
C’est la vocation de l’usine Al Wathba 2, exploitée
par Veolia, qui produit aujourd’hui 300 000 m3 d’eau
purifiée par jour pour l’irrigation agricole, l’élevage
et l’arrosage des jardins et des espaces verts de la
capitale. Un exemple saisissant de la détermination
d’Abu Dhabi à consommer l’eau avec la plus grande
modération. z
z Bio express • Né en 1976 à Mulhouse, il grandit en Allemagne puis en Afrique. Il s’initie à la photo pendant ses études d’ingénieur à l’École supérieure du
bois (France). En 1999, il part en Amazonie acheter du bois pour un groupe français. En 2001, de retour à Paris, il s’investit dans la photo et réalise des portraits
pour le quotidien français « Libération » pendant la campagne présidentielle de 2002. Sa carrière est lancée, il multiplie les commandes pour plusieurs
journaux et magazines français et étrangers. 2010 : il entame des collaborations avec des groupes industriels français comme Veolia Environnement. z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
41
VIEWS CATHERINE BARBAROUX
z Animée dès l’enfance par les valeurs de justice sociale et d’équité économique que prône la République,
Catherine Barbaroux a longtemps œuvré au service des plus humbles désireux d’entreprendre.
Aujourd’hui à la tête de l’Adie, association solidaire, elle poursuit cette mission d’intérêt général.
Portrait d’une femme qui sait convaincre. z
Catherine Barbaroux
La citoyenne
PATRICIA COIGNARD. PHOTO : CHRISTOPHE MAJANI D’INGUIMBERT POUR PHOTOTHÈQUE VEOLIA
“A
s-tu fait quelque chose d’utile
aujourd’hui ? ». Pendant toute son
enfance, tel un rituel, le père de Catherine
Barbaroux – ancien mineur des Asturies
immigré en France pendant la guerre d’Espagne de
1936 – s’enquerait chaque soir des initiatives menées par
sa fille au service d’autrui. Façonnée par ce sens familial
aigu du collectif, élevée dans le culte de l’école et de
l’éducation populaire, Catherine Barbaroux a « par une
succession de hasards professionnels » mené une brillante et audacieuse carrière au service de l’intérêt général
et de l’emploi. Pas étonnant, donc, qu’à l’aube de prendre
sa retraite en 2010, elle accepte de siéger bénévolement
au conseil d’administration de l’Adie – l’association pour
le droit à l’initiative économique –, principale structure
française d’octroi de microcrédits pour les personnes
exclues du système bancaire et du marché du travail
désireuses de créer leur entreprise. « Une façon de rendre
à la République ce que j’ai reçu. » L’année suivante,
Maria Nowak, l’emblématique fondatrice et présidente
de l’Adie, lui propose de prendre sa succession.
Combattre les préjugés Ces deux femmes de
caractère et de convictions se connaissent depuis 1999.
42 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
À cette époque, la blonde Maria Nowak interpelle « assez
frontalement » la brune Catherine Barbaroux, qui œuvre
aux côtés de Martine Aubry au ministère de l’Emploi, du
Travail et de la Solidarité. « Elle déplorait la vénération
que nous avions pour le statut de salarié comme seul dispositif de retour sur le marché du travail. Elle soutenait
que la création d’activité demeurait un outil sous-estimé
au sein des politiques publiques », se remémore Catherine Barbaroux. « Ses propos ont agi sur moi comme
un révélateur : je venais d’un univers où l’on croyait à
l’État-providence, au progrès social et à la transformation
collective de la société. Au fond, Maria m’a dérangée dans
mes convictions. À ce moment-là l’Adie a ouvert chez
moi un autre champ des possibles. » Pourtant, jamais elle
n’aurait imaginé en prendre la présidence treize ans plus
tard : « Je n’avais jamais côtoyé le secteur bancaire avant ! »
La passation de pouvoir au sein de l’association reconnue d’utilité publique s’opère naturellement, les deux
femmes partageant des valeurs communes qui ont guidé
leurs actions depuis trois décennies : « Combattre les
préjugés et une vision étriquée de la société, en aidant les
exclus du système à renouer avec leur capacité à rebondir
et à affronter un destin contraire ». Dont acte.
zzzz
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
43
VIEWS CATHERINE BARBAROUX
zzzz
Ancrer l’Adie dans le monde d’aujourd’hui Après deux ans
de présidence de l’Adie, Catherine Barbaroux, même si elle s’en
défend, peut s’enorgueillir d’un bilan d’étape réussi. Le plan
stratégique destiné à doubler l’accompagnement de créateurs
d’entreprises à l’horizon 2015 porte ses fruits. l’Adie, « en légère
perte de vitesse il y a trois ans, a renoué avec une croissance
moyenne de 8 à 10 % par an », constate Catherine Barbaroux.
Réorganisation interne, renforcement des partenariats publics
et privés (avec la Fondation Veolia Environnement, notamment), ouverture de nouvelles antennes, rapprochement avec
les relais prescripteurs de microcrédits au sein des territoires
(Pôle emploi, centres d’action sociale des mairies, missions
locales) et des grandes associations caritatives (ATD Quart
Monde, Secours populaire…), « l’Adie s’est bâti une notoriété
de proximité pour toucher directement ses clients cœur de
cible ». Dans le même temps, elle a troqué son image trop peu
lisible de pionnier français du microcrédit pour celle d’une
marque de référence dynamique. Nouvelle identité visuelle,
nouvelle signature (« Le microcrédit pour créer sa boîte »),
nouvelle campagne de publicité : l’Adie a réussi sa mue.
Double culture Pour y parvenir en à peine deux ans, il
a fallu toute la force tranquille et l’expérience assez inédite
en France de celle qui, depuis 1975, alterne par séquences de
cinq ans les responsabilités dans les secteurs public et privé.
Entre 1986 et 1993, son incursion dans le monde de l’entreprise, à la DRH de Prisunic puis du groupe PPR*, a été un réel
défi. « Femme, de gauche, issue des cabinets ministériels, sans
aucune expérience dans le privé, je cumulais les handicaps face
à des managers qui m’attendaient au tournant. » Chaque fois,
elle a su convaincre, rallier à sa cause, faire bouger les lignes.
À ce niveau de responsabilités, son parcours demeure singulier.
Il a nourri ses envies de « transformation de la société », tout en
BIO EXPRESS
z 1970 : diplômée de l’Institut
d’études politiques de Paris
z 1975 : intègre l’Assemblée
nationale en tant que secrétaire
générale adjointe du groupe
parlementaire PS-MRG (Parti
socialiste-Mouvement des
radicaux de gauche)
z 1983 : directrice de cabinet
de Michel Crépeau au ministère
du Commerce, de l’Artisanat et
du Tourisme
z 1986 et 1993 : directrice des ressources humaines de Prisunic,
44 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
lui procurant une compréhension profonde des ressorts de
la performance des entreprises et des arcanes des politiques
publiques, matrices de toutes les dynamiques de croissance.
« Je regrette que cette double culture soit si peu répandue
en France : elle invite à une remise en question salutaire et
profitable. L’homogénéité sociale est dramatique, elle cloisonne les compétences et les synergies. » Jamais tentée par
l’aventure individuelle de la création d’entreprise
(« j’ai trop besoin du collectif pour m’épanouir »), elle
donne à la présidence de l’Adie le « meilleur des deux
mondes ». « Adie addict », comme elle aime à le préciser,
elle sillonne la France et quelques pays d’Europe pour
« faire tourner la machine » et puiser dans chaque porteur
de projet rencontré « un optimisme extrêmement régénérant ». C’est aussi d’emblée l’impression qu’elle laisse à tous
ceux qui croisent son chemin. z
* devenu Kering en juin 2013
z L’Adie Créée en 1989 sur le modèle de la Grameen Bank de
Muhammad Yunus au Bangladesh, l’association pour le droit à
l’initiative économique (Adie) est un sas d’intégration sociale et
professionnelle pour les micro-entrepreneurs n’ayant pas accès
au crédit bancaire, et plus particulièrement les chômeurs et les
allocataires des minima sociaux. Elle accompagne dans la durée
ces porteurs de projet de création d’entreprise. L’Adie dispose non
seulement d’un réseau en France mais opère également en Belgique,
au Kosovo et en Tunisie. z
z La Fondation Veolia aide l’Adie En six ans, une vingtaine
d’Espaces Adie ont pu voir le jour sur l’ensemble du territoire grâce
à la Fondation. Cette dernière a contribué récemment au développement d’un site d’octroi de microcrédits et d’un programme de microfranchise solidaire. Prochainement, elle soutiendra Créajeunes, un
parcours de formation et de coaching destinés aux moins de 30 ans
exclus du marché du travail et du système bancaire classique. z
puis des ressources humaines
et de la communication du groupe
Printemps Redoute (devenu PPR
puis Kering en 2013)
z Fin 1999 : nommée déléguée
générale à l’Emploi et à la
Formation professionnelle au
ministère de l’Emploi, du Travail
et de la Solidarité par Martine
Aubry, ministre en fonction
z 2005-juillet 2010 : rejoint le
conseil régional d’Île-de-France
en tant que directrice générale
des services
CHIFFRES CLÉS
2012
13 000 personnes financées, 450 salariés
et plus de 1 300 bénévoles, 9 492 emplois créés
et 5 559 emplois maintenus.
Depuis 1989
120 000
microcrédits accordés,
+ de
+ de 89 000 entreprises créées.
©WANG Xiaoyi, ©Cezary Chojnowski
visions
z Instrument de sensibilisation aux bonnes pratiques de gestion
de l’eau et base de données fiable, le site Internet GrowingBlue.com
décortique les impacts socio-économiques du risque de pénurie
pour nos sociétés. z Regard d’expert sur la prise de conscience
environnementale en Chine après trente ans de forte croissance
économique, avec le professeur Yu Gang, de l’université de Tsinghua,
à Beijing. z Dernier-né d’un réseau d’excellence dédié
à l’amélioration de l’efficacité des systèmes énergétiques, le
Heat-Tech Center de Varsovie joue un rôle-clé dans le choix des
technologies d’avenir. z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
45
©OEM Images
VISIONS GrowingBlue
46 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
LE SITE
z L’eau
fait l’objet de nombreuses projections et évaluations. Et pour cause. Elle est considérée
comme l’un des facteurs les plus critiques pour déterminer comment et à quel rythme la planète est
en mesure de supporter la croissance continue de l’humanité. Le site Internet GrowingBlue.com
a été conçu pour aider les consommateurs – collectivités, industriels, particuliers – à mieux comprendre les défis de l’eau et à adopter les meilleures pratiques. z
Planète bleue
WILLIAM MENGEBIER
Votre ville va-t-elle manquer d’eau? Ce titre accrocheur
fait écho à une carte des États-Unis constellée de
points. À chaque tache de couleur correspond une
zone exposée au risque de sécheresse.
Parmi elles, New York, Washington, une grande partie
de la Californie et, plus inquiétant, sept des principales
régions agricoles du pays.
Bienvenue dans l’univers de Growing Blue. Cet outil
de recherche en ligne sur les ressources en eau a été
lancé en 2011 par Veolia, en collaboration avec des
sommités dans leur domaine (ONG, universitaires,
professionnels de l’environnement). Son interface,
animée et colorée, donne accès à de nombreux faits
et chiffres sur l’état actuel des ressources hydriques.
À la fois instrument de sensibilisation et base de données, le site souligne les impacts socio-économiques
de cette épée de Damoclès qu’est le risque de pénurie
d’eau pour nos sociétés.
Vous êtes-vous jamais demandé quel pays détenait le
triste record du gaspillage de l’eau, en raison de fuites ou
d’autres problèmes, avant même qu’elle ne parvienne
à l’utilisateur final ? C’est le Kenya avec 82,9 % de perte
sur ses réseaux, contre 4,4 % à Singapour, l’un des États
les plus économes du monde. Et selon vous, est-ce un
jean ou une galette de semi-conducteur de 300 mm qui
réclame le plus d’eau pour sa fabrication ? Le jean, avec
11 000 litres d’eau… suivi de près par le semi-conducteur
et ses 7 500 litres.
L’influence de Growing Blue grandit. Et la grande diversité de son comité directeur y est pour beaucoup. Quoi
de mieux en effet pour asseoir sa crédibilité de source
impartiale d’informations sur l’eau que de réunir le
Pacte mondial des Nations unies, d’importantes ONG
telles que The Nature Conservancy ou des groupes
comme IBM ? Ainsi, la fameuse carte ponctuée de taches
de couleurs provient d’un récent rapport sur la pénurie
d’eau aux États-Unis publié par Growing Blue et l’Université de Columbia, autre membre du comité directeur,
et dont la presse s’est largement fait l’écho. Une rapide
visite sur le site confirme la clarté et le sérieux des explications sur les enjeux économiques liés à l’eau.
Surprises en eaux profondes Un premier clic sur
l’une des trois grandes rubriques du site, le
Growing BlueTM Tool, et une carte interactive
du monde apparaît. Le visiteur peut zoomer
sur la zone qui l’intéresse et visualiser les chiffres
recueillis pour 180 pays (et pour chaque État des ÉtatsUnis), chaque couleur correspondant à un niveau de
« stress hydrique ». Si ces données sont parfois prévisibles, certaines peuvent aller à l’encontre d’idées
reçues. En Inde, pays à indice de stress hydrique
élevé (code couleur rouge), un drapeau indique que
741 millions de personnes sont exposées au manque
d’eau. En cliquant sur le pays, nous découvrons aussi
que 935 millions d’habitants ne possèdent pas de ré-
zzzz
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
47
VISIONS GrowingBlue
zzzz
LE SITE
seau d’assainissement et que 817 millions n’ont pas
accès à une source d’eau potable. Des chiffres inquiétants qui n’ont pourtant rien d’étonnant.
Mais en déplaçant le curseur vers l’ouest, un autre drapeau nous indique que 59 millions d’Américains vivent
eux aussi dans des régions à indice de stress hydrique
élevé*. De fait, le rapport publié par l’Université de Columbia et Veolia révèle les zones menacées par les pénuries d’eau dues aux sécheresses : certaines mégapoles
abritant 40 % de la population américaine mais aussi
les régions agricoles considérées comme le grenier des
États-Unis, qui produisent près de 40 % du maïs cultivé
dans le pays.
Les données chiffrées pour les États-Unis montrent
que les ressources totales renouvelables en eau
douce s’élèvent à 7 950,82 m3 par an et par personne,
soit plus de cinq fois celles de l’Inde. Pourtant, avec
un indice de stress hydrique de 0,499, la situation
est loin d’être confortable. Pour approfondir les
recherches, étudions la rubrique Water Use. En cliquant sur « Municipal » puis « water withdrawal for
municipal purposes » (consommation d’eau pour
les besoins des municipalités), tous les États à l’ouest
du Mississippi virent à l’orange. Sur « Agricultural »,
ces mêmes États passent à l’orange foncé et au rouge.
48 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
Enfin, sur « Industrial », le rouge se déplace vers le
Middle West et l’est, une liste déroulante indiquant
que les États-Unis sont le plus grand consommateur
d’eau à des fins industrielles avec 220 milliards
de m3/jour, suivis de loin par la Chine (128,6 milliards de m3) et la Russie (39,6 milliards de m3).
Sans surprise, le pays arrive aussi au premier rang en
matière d’empreinte hydrique par habitant, qui correspond à l’eau utilisée pour produire les biens et services
destinés à la population du pays. Y aurait-il corrélation
avec la puissance économique nationale ? Pas sûr. Les
trois pays suivants sur la liste sont la Grèce, la Malaisie
et l’Italie… Mais poursuivons la visite.
Anticiper le courant Si le Growing BlueTM
Tool est la rubrique phare, le site fournit
aussi quantité d’autres informations. La
rubrique Water in 2050 étudie les répercussions de la pénurie sur la population et la
croissance économique d’ici à 2050, si les pratiques
actuelles de gestion de l’eau ne changent pas. Diagrammes à l’appui, le scénario d’un refus d’adopter les politiques de gestion durable des ressources
hydriques se fait jour : en 2050, le nombre de personnes touchées par le manque d’eau passerait de
INTERVIEW
Ed Pinero*
* Stress hydrique: rapport entre le prélèvement d’eau et la disponibilité
hydrologique, pondéré d’un coefficient de variation exprimant la variabilité
des précipitations; un résultat supérieur à 0,40 indique que le pays est sujet
au manque d’eau.
« GROWING BLUE CONTRIBUE À UNE PRISE
DE CONSCIENCE COLLECTIVE »
©Photothèque Veolia - René Tanguy
2,4 milliards à 4,8 milliards, et environ la moitié
de la production céréalière mondiale ainsi que
63 trillions de dollars du PIB total seraient exposés
au risque de pénurie d’eau.
Focus sur Implications of Growth et les impacts
économique, environnemental et sociétal
de l’eau. Au menu, des exemples réels
de coûts, de compromis et de solutions
envisageables. Plusieurs études de cas
révèlent les innombrables problèmes auxquels
le monde est aujourd’hui confronté. En Chine,
l’irrégularité des précipitations accentue le stress
hydrique dans les plaines du Nord, où vit un tiers de
la population du pays. À Bali, la consommation d’eau
douce par les touristes, 16 fois supérieure à celle de la
population locale, aggrave les pénuries et contribue
à la propagation de maladies comme le choléra. Plus
inattendu, les pénuries dans la région des Grands Lacs,
dans le Middle West américain, pourtant riche en eau,
ou encore l’initiative de l’Afrique du Sud de déraciner
les plantes trop gourmandes en eau : un seul eucalyptus
peut en absorber 150 000 litres par an !
Growing Blue propose également des outils pour calculer son empreinte hydrique, ainsi qu’une liste de liens,
véritable « Who’s Who » des sites d’information sur
l’eau. Une nouvelle calculatrice de l’indice d’impact sur
l’eau (Water Impact Index – WIIX) permet aux municipalités et aux entreprises d’entrer leurs données et
de tester des scénarios de réduction de leur impact sur
les ressources hydriques locales. Les données chiffrées
sont omniprésentes sur le site – une feuille de papier
quadrillée sert d’image de fond pour les pages – et sont
toutes téléchargeables en PDF dans leur format d’origine (feuille de calcul).
La section News and Education répertorie les communiqués de presse, blogs et tweets de Growing Blue, ainsi
que des articles de nature plus économique, tels cet
entretien avec Gretchen McClain, PDG de Xylem Inc.,
et le rapport « Watching Water – A Guide to Evaluating
Corporate Risks in a Thirsty World », publié par
JP Morgan Global Equity Research. z
vice-président exécutif et responsable du développement durable chez Veolia North America
z Quel rôle joue exactement
z Quelles relations entretenez-
Growing Blue ?
vous avec l’enseignement ?
Si je me fie à l’augmentation
du nombre de nos membres,
nous assistons à une prise de
conscience accrue du lien entre
eau et croissance économique.
Et à une sensibilisation plus
forte aussi. Chez les industriels,
l’eau est un sujet crucial qui
représente un risque commercial et financier tout aussi
important, si ce n’est plus, que
l’énergie et le changement
climatique. En 2012, le Forum
économique mondial de Davos
a identifié les risques relatifs à
l’eau comme étant le risque n° 1
si l’on croise ses conséquences
potentielles avec sa probabilité. Growing Blue contribue
à cette prise de conscience
collective de l’urgence de
changer les choses. Parce qu’il
est un outil d’information sur
les problèmes d’eau et une
ressource fiable pour les décideurs, parce qu’il promeut les
échanges, comme notre récent
séminaire à Washington, et
parce qu’il attire l’attention sur
de nouvelles études, comme
celle de Columbia sur le risque
hydrique aux États-Unis.
Nous intéressons de
nombreuses universités,
notamment cinquante des
meilleures grandes écoles
du monde à qui nous avons
présenté Growing Blue lors
du Veolia University Club
organisé en mai dernier à
Lyon, en France. Grâce à notre
approche, nos informations
peuvent également servir de
matériau pédagogique pour les
étudiants.
z Comment Growing Blue va-t-il
évoluer ?
Il est important de continuer
à développer son contenu,
comme nous l’avons fait en
intégrant le blog et les outils de
calcul de l’empreinte hydrique.
Cependant, nous devons
conserver l’angle qui fait la
spécificité de Growing Blue :
l’importance économique de
l’eau. Nous devons aussi continuer à ouvrir notre plateforme
au dialogue, à rassembler les
parties prenantes intéressées
autour de la problématique
spécifique de l’eau et à servir
de catalyseur.
*Ed Pinero a travaillé tout au long de sa carrière sur les problématiques de la durabilité,
de l’environnement et de l’énergie au sein des secteurs privé et public, notamment pour
la Maison Blanche et le gouvernement de l’État de Pennsylvanie. Il est titulaire d’une licence
et d’un master de géologie.
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
49
VISIONS GrowingBlue
le site
Le dessous des cartes
En un seul clic, l’internaute repère les zones d’intensité des stress hydriques dans le monde.
2 Un zoom sur les États-Unis, et il découvre un enjeu crucial pour le pays : le lien entre développement
économique et gestion de la rareté de la ressource, notamment en Californie.
3 Enfin, il peut étancher sa curiosité en explorant quelques scénarii à l’horizon 2050.
1
1
Plus d’un milliard de personnes n’ont
aujourd’hui pas accès à l’eau potable
et seuls 10 pays se partagent 60 %
des ressources mondiales en eau.
Protéger l’approvisionnement en eau de
façon durable est devenu une urgence.
Les zones en rouge sur la carte sont
déjà en situation critique. En orange
et jaune, celles sur le point de basculer.
Les scenarii à l’horizon 2050
1
3
Growing Blue
propose 3 scenarii
d’actions entreprises
dans les pays
« Grey » : très peu d’actions
entreprises. « BAU » : on continue
comme avant. « Blue » : de gros
efforts entrepris croisés avec 3 visions
de la croissance, low, medium et high.
50 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
Selon les deux scénariis extrêmes,
« Grey » (1) pour le très peu d’actions
à envisager et « Smart Blue » (2)
pour celles requérant de vrais efforts
à entreprendre, la pénurie d’eau (pays
en rouge) diminuent légèrement…
Scénario « Grey »
croissance importante
2
Stress modéré
Prélèvements sans
impact environnemental.
Stress élevé
La demande ne peut
être satisfaite sans
transport d’eau.
Stress moyen
Le stress apparaît
dans les périodes de
sécheresse.
Pénurie d’eau
Les prélèvements sont
supérieurs aux ressources.
L’impact environnemental
est important.
California Dreamin’
Collectivités
Plus la région est aride, plus les usagers
sollicitent le réseau d’eau au quotidien.
Ainsi, la distribution de l’eau varie
sévèrement d’un État à l’autre, allant
d’environ 193 litres par jour et par personne
dans le Maine à quelque 720 litres dans
le Nevada.
Pour les États-Unis, Growing BlueTM Tool est un
zoom sur les caractéristiques d’une région ou d’un
État. Sa force : démontrer que la seule proximité
avec un point d’eau ne suffit pas à protéger
la ressource contre le stress. Alors que l’Alaska
et Hawaï affichent un beau vert indiquant un
indice de stress hydrique bas (respectivement
0,024 et 0,012), la Californie, qui possède le
2e plus long littoral du pays, est dans le rouge
en raison d’un indice de stress hydrique de 0,974,
le plus élevé du pays. En cause, une surconsommation municipale et agricole, alors même
que 691 étendues d’eau sont « dégradées »
et que 941 301 Californiens ont été touchés
en 2009 par un problème d’eau ne répondant
pas aux critères de qualité.
Mais tout n’est pas perdu. Dans un coin de la
carte de la Californie, une icône renvoie à un
article sur le « Water Reuse in Orange County ».
Ce système de récupération des eaux usées
rejette l’eau purifiée dans le bassin hydrogéologique où elle vient grossir les réserves d’eau
potable. Un lien vers la page d’accueil du GWRS
(Groundwater Replenishment System) ouvre un
compteur qui affiche 112 164 531 200 gallons (près
de 425 milliards de litres) « d’eau propre sur
laquelle vous pouvez compter ». Une demi-heure
plus tard, près de 5 millions de litres* s’y sont
ajoutés ! Pléthore d’informations supplémentaires
sont disponibles sur le site en anglais, espagnol,
coréen, mandarin et vietnamien. z
Agriculture
L’agriculture est très dépendante de l’eau.
Or, l’absence d’un approvisionnement
fiable peut avoir des conséquences
financières lourdes et pénaliser
l’économie. Par exemple, à Washington,
les dégâts générés par la sécheresse de 2001
ont coûté entre 207 à 307 M€ et provoqué entre
4 600 et 7 500 pertes d’emploi.
Industrie
À l’Est, l’Industrial Belt - Nouvelle-Angleterre,
mégalopole atlantique, région des Grands Lacs
et vallées sidérurgiques ou charbonnières des
Appalaches – est le berceau des industries lourdes,
textiles, de montage, des transports ferroviaires…
À l’Ouest, le Sun Belt - façade Pacifique - accueille
de nouvelles générations d’industries globalement moins
consommatrices en eau : high tech ou encore industries
légères à forte valeur ajoutée. (Source : www.smeno.com)
*Le GWRS utilise un système de traitement des eaux
avancé en trois étapes : microfiltration, osmose inversée et lumière ultraviolette avec peroxyde d’hydrogène.
Sa capacité de production journalière s’élève à 265 millions de litres d’eau.
… Il y donc urgence à prendre
dès aujourd’hui les mesures qui
s’imposent.
Scénario « Smart blue »
croissance moyenne
©Mariette Guigal
2
Pour en savoir plus
http://growingblue.com/
the-growing-blue-tool/
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
51
VISIONS Parole de l’expert
Professeur Yu Gang
Après trente années de forte croissance économique, l’heure est
aujourd’hui en Chine à la prise de conscience environnementale. Pour le professeur Yu Gang, doyen de l’école de
l’Environnement de l’université de Tsinghua, à Beijing, directeur du Centre commun de recherche sur les technologies
environnementales de pointe co-fondé par l’université de Tsinghua et Veolia il est temps de trouver les meilleures
solutions en matière de développement durable. L’accord passé entre son université et Veolia devrait y contribuer. z
Chine
Le temps presse pour l’environnement
Hubert Kernéis
z Une croissance à deux chiffres est-elle
encore compatible avec la préservation
de l’environnement ?
Les principaux défis auxquels est
confrontée la Chine sont la pollution
de l’air, les contaminations de l’eau
et du sol, la destruction des écosystèmes et de la biodiversité… Durant
les trente dernières années, nous nous
sommes focalisés sur la croissance
économique. Nous devons à présent,
avec une croissance du PIB à venir
proche de 7 % en moyenne, nous
diriger vers une forme de croissance
plus durable, véritable opportunité
pour le développement des industries
de l’environnement : nouvelles technologies propres, gestion des déchets,
management environnemental…
z N’y a-t-il pas urgence, sachant que
la Banque mondiale estime à 750 000
le nombre de décès annuels en Chine
dus à la pollution atmosphérique ?
Je ne connais pas cette étude. Si
les chiffres sont corrects, c’est un
message alarmant. Mais voyons le
52 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
côté positif des choses : la prise de
conscience environnementale prend
corps à tous les niveaux, du gouvernement central aux acteurs sur le
terrain. Reste à passer à une vitesse
supérieure pour promouvoir des
modes de production préservant les
ressources et respectueux du cadre de
vie et de la santé de nos compatriotes.
z La demande de plus de transparence
peut-elle obliger le gouvernement
à agir ?
La participation de la population est
un élément clé pour la protection de
l’environnement. Nous devons établir
un cadre légal capable de garantir
ses droits à intervenir dans les débats
publics, par le biais de mécanismes
de contribution ou de supervision. Il
est par ailleurs urgent de nous doter
d’un dispositif efficace et transparent d’information sur les questions
environnementales. Concernant le
cadre légal de protection de l’environnement, la législation chinoise n’est
actuellement pas assez développée,
comparée à celle des pays occidentaux.
Un exemple : le Congrès national du
peuple vient juste de commencer la
rédaction de la première loi destinée
à contrôler la pollution des sols.
z En matière de pollution, quelles
sont les trois mesures les plus urgentes
à prendre ?
Sans hésiter, le renforcement et
l’application de la législation, afin de
combattre les émissions illégales et de
fermer les usines les plus polluantes.
C’est uniquement avec les garanties
d’un cadre légal clair et de politiques
publiques efficientes que les technologies propres, la gestion appropriée
des déchets ou l’efficacité énergétique
pourront pleinement donner leur
mesure. Je citerai ensuite la rénovation des infrastructures, grâce à l’innovation technologique, pour réduire
les émissions. Enfin, l’amélioration
de la qualité de l’essence utilisée en
Chine, dont les normes sont trop
basses, afin de réduire les émissions
des véhicules motorisés.
De l’école
de Tsinghua…
Créée en 1928, l’école de l’Environnement (School
of Environment - SOE) de l’université de Tsinghua
n’a jamais cessé de jouer un rôle de premier plan
en Chine dans la diffusion des connaissances
environnementales. Ses trois départements et douze
divisions lui permettent de couvrir des domaines
aussi variés que le traitement de l’eau et des
eaux usées, le contrôle de la pollution de l’air,
le management des déchets, la microbiologie,
la gestion durable de l’énergie… Au total, en 2012,
la SOE comptait 80 enseignants, 90 étudiants en
post-doctorat, 260 chercheurs et 347 étudiants.
(http://www.env.tsinghua.edu.cn)
©SHI Jiaodng
…à la coopération
avec Veolia
z 90 % des eaux souterraines seraient
contaminées en zones urbaines…
Selon un rapport officiel du ministère
de l’Environnement sorti en 2012,
l’étude de 4 930 stations de contrôle
dans 200 villes montre que 57 % des
eaux souterraines sont impropres à
la consommation humaine. Dans la
Grande Plaine de Chine du Nord, où
les problèmes de pollution des eaux
souterraines sont sérieux, un rapport
récent de l’Académie chinoise des
sciences géologiques a constaté que
seulement 20 % des eaux souterraines
de faible profondeur pouvaient être
consommées sans danger.
z Et la réduction des gaz à effet de serre ?
La Chine affiche un objectif de réduction des consommations d’énergie
de 16 % par unité de PIB, entre 2010
et 2015, ainsi qu’une baisse des émissions de CO2 de 8 % et des principaux
polluants de 10 %. Pour y parvenir,
un effort sera bien sûr demandé aux
industries polluantes. Mais il faudra
aussi ajuster la production de charbon
et accélérer celle de gaz naturel tout
en développant, d’ici à 2015, d’autres
formes d’énergie : nucléaire, éolien,
hydro-électricité, solaire, biomasse.
z Comment développer l’innovation
environnementale ?
Dans bien des domaines, des innovations technologiques mais aussi de
management, d’ingénierie et de planification seront bien sûr nécessaires.
Cela ouvre de vastes perspectives aux
industries liées à l’environnement. Et
là, nous avons beaucoup à apprendre
des politiques mises en place dans les
pays européens. C’est aussi pourquoi
le partenariat entre notre université
et une entreprise comme Veolia
Environnement est important. z
« Nous voulons améliorer nos compétences via des
coopérations avec des entreprises étrangères telles
que Veolia Environnement, afin de contribuer à la
protection de l’environnement en Chine », confie
sans détour le professeur Yu Gang. Depuis sa mise
en place en 2004, le partenariat entre l’industriel
et l’université a permis de créer un programme de
formation spécialisé, dédié à la gestion des services
urbains dans les domaines de l’environnement
et du développement durable. Appelée EUMAP
(Environment and Urban Management Advanced
Program), cette formation a pour objectif de
sensibiliser des cadres chinois à une approche
pluridisciplinaire et à l’intégrer dans leur processus
de décision. Entre 2009 et 2013, EUMAP a
accompagné 260 cadres exerçant des responsabilités
de haut niveau au sein des administrations locales,
régionales et nationales, mais aussi d’institutions
de recherche, de média ou d’ONG. Depuis juin
2013, EUMAP accueille une nouvelle promotion de
23 participants venant de toute la Chine. Dans le
prolongement du succès de l’EUMAP, l’université de
Tsinghua et Veolia Environnement ont fondé en 2010
le Centre commun de recherche sur les technologies
environnementales de pointe.
Ce centre d’excellence s’est fixé plusieurs missions :
mise en œuvre et réalisation de projets de recherche
répondant aux besoins spécifiques de la Chine ; coordination d’un réseau asiatique d’experts en ingénierie
environnementale ; organisation et animation de
congrès et ateliers internationaux.z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
53
VISIONS OPEN INNOVATION
54 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
HEAT-TECH CENTER
Toujours
open !
©Cezary Chojnowski
ANNE BÉCHIRI
Les entreprises gagnent en efficacité
dans la R&D ! Ouverture des laboratoires,
partage des données, collaboration dans
la recherche, l’open innovation apporte
une bouffée d’oxygène à des groupes en
quête de solutions leur permettant de se
concentrer sur la mise sur le marché. Plus
collaborative, elle s’appuie sur un réseau de
partenaires, en interne comme à l’extérieur :
universités, instituts publics, PME, start-up…
Orientée vers l’action, elle a comme idées
directrices synergie et coopération.
C’est d’ailleurs le mot d’ordre des cinq
centres techniques internationaux créés
par Veolia Environnement et dédiés à
l’amélioration de l’efficacité des systèmes
énergétiques, municipaux et industriels.
En 2012, le Heat-Tech Center (HTC), en
rejoignant le giron de Dalkia lors du rachat
de la société polonaise de gestion de
réseau de chauffage de Varsovie, est devenu
le dernier-né de ce réseau d’excellence. En
lien étroit avec la recherche et l’innovation
de Veolia Environnement et les chercheurs
de l’université Technique de Varsovie, il
travaille notamment sur le développement
d’un des plus grands réseaux européens de
chaleur et joue un rôle clé dans la diffusion
des bonnes pratiques et le choix des
technologies.
À son programme 2013, deux nouveaux
projets : « Reliable Distric Heating »
ambitionne de mieux maîtriser la fiabilité
du réseau de chauffage urbain et
« SmartSub-stations (3ST) » veut rendre
encore plus intelligente la gestion
quotidienne du réseau. Avec le HTC, « nous
cultivons le lien entre les scientifiques
et les opérationnels », ponctue Damien
Ménard, directeur adjoint et représentant
de la recherche et l’innovation de Veolia
à Varsovie. z
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
55
VISIONS VEILLE zzzz
EN CHIFFRES
1 200
LES COOPÉRATIVES
ÉNERGÉTIQUES
Solutions de persuasion massive ?
z Amorcée
à travers l’Europe, la transition énergétique encourage
le développement des Énergies Nouvelles et Renouvelables (ENR)
à l’échelle des territoires, non sans créer des conflits locaux.
Les projets réalisés montrent que le modèle de l’investissement
coopératif peut convaincre d’adhérer au changement, en conciliant
profit individuel et intérêt collectif.
c’est le nombre de coopératives énergétiques
en Europe, selon REScoop.eu (fédération des
groupes et coopératives citoyennes d’énergie
renouvelables).
70 À 80 %,
des 6 000 éoliennes du territoire
danois sont détenues par des
coopératives.
zzzz zzzz zzzz
« Le meilleur moyen de faire accepter
les fermes éoliennes est de persuader
les riverains de leurs bénéfices potentiels », souligne The Economist. En
effet, si 82 % des Anglais sont favorables aux ENR, seuls 50 % acceptent
la présence d’un parc éolien dans leur
voisinage… Ils sont cependant 68 % à
dire « oui » si le projet est la propriété
de leur communauté ! Levier d’implication et de concertation, les coopératives énergétiques sont ainsi amenées
à jouer un rôle croissant dans l’acceptation sociale des énergies renouvelables.
Profiter plutôt que subir
Entre placement solidaire, retour sur
investissement et création d’emplois,
les projets locaux de production d’énergie verte ont en effet de quoi séduire.
D’autant que le « mouvement coopératif » encourage la déconcentration du
secteur. Profiter plutôt que subir, dans
une démarche de compromis économique, sociétal et environnemental : le
modèle participatif a donc de sérieux
atouts pour convaincre les partisans
du phénomène NIMBY (« Not In My
BackYard », « pas dans mon jardin »),
soucieux de préserver leur cadre de vie,
parfois au détriment du bien commun.
3 « co-op » par semaine
Aussi, à la faveur de la directive européenne sur les énergies renouvelables
et de l’ouverture des marchés de l’électricité, les initiatives se multiplient.
En Allemagne, l’adoption d’une loi sur
l’énergie renouvelable a permis aux
petits porteurs de financer plus de la
moitié des investissements dans ce
domaine. Si bien que, chaque semaine,
il se monterait jusqu’à trois coopératives d’habitants. En Angleterre, estime
le Guardian, 7 000 investisseurs individuels ont placé plus de 16 M£ depuis
1997 dans des projets coopératifs. La
coopérative énergétique espagnole
Som Energia propose à ses adhérents
d’accéder à une énergie 100 % renouvelable, mais aussi de financer des projets
avec une rentabilité de 3 à 5 % par an.
Tandis qu’en France, Énergie Partagée
accompagne les projets de production
locale d’ENR en investissant fonds
propres et prises de participation dans
le photovoltaïque, la biomasse ou le
micro-hydraulique (lesechos.fr).
ON EN PARLE
Selon le ministre gallois de l’Environnement, les 4 MW produits par le
parc éolien de Mynydd y Gwrhyd vont
permettre d’éviter 9 000 tonnes de CO2
par an et de fournir de l’énergie verte à
2 000 foyers, tout en créant des revenus
supplémentaires qui seront investis
dans l’aide aux familles en difficultés.
(resource.uk.com)
Moyennant une participation minimum
de 500 €, les citoyens allemands pourront
investir dans la construction de lignes
électriques. Le ministre fédéral de
l’environnement estime que ce plan facilitera l’acceptation des infrastructures
dont le pays a besoin pour acheminer
une énergie d’origine 100 % renouvelable en provenance, notamment, des
parcs éoliens de Mer du Nord.
(thelocal.de)
L’Energy Bill doit être amendé pour
protéger les coopératives énergétiques,
titre le site du Guardian. En effet, la loi
anglaise sur l’énergie a été dimensionnée pour les gros producteurs d’énergie
et pénalise les projets coopératifs dès
lors qu’ils dépassent le seuil – modeste
- des 5 MW, en imposant des exigences
techniques et administratives que les
communautés n’ont pas les moyens de
satisfaire.
(guardian.co.uk)
z Guardian.co.uk, 30 octobre 2012, 5 novembre 2012, 1er mai 2013 z lesechos.fr, 24 avril 2013 z Energy
transition, the german energiewende, Heinrich Böll Foundation, novembre 2012 z economist.com, 25 mai
2013 z renewableenergyworld.com, 12 mars 2013 z businessgreen.com, 13 mars 2013 z rescoop.eu
56 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
EN CHIFFRES
ENSEIGNER
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
Demandez le programme !
z En mai dernier, la température est montée d’un cran dans les rangs des
élèves et diplômés de l’université d’Oxford. En cause, le financement d’un
laboratoire de géologie par un groupe pétrolier. Une nouvelle tension dans
la sphère éducative alors que le changement climatique, réalité pourtant
consensuelle, reste délicat à enseigner et réclame d’être abordé avec mesure.
zzzz zzzz zzzz
Le changement climatique, tout le
monde en parle, mais comment le sujet
est-il évoqué en classe ? Parent pauvre
des sciences de la terre, la climatologie souffrirait d’un manque de reconnaissance des enseignants, souligne
lemonde.fr. Si bien qu’en France, l’enseignement du réchauffement climatique « ne constitue pas un thème
en soi » et reste morcelé, poursuit
le quotidien français. Dans les pays
anglo-saxons, où les climato-sceptiques sont très actifs, le sujet reste
« politiquement et idéologiquement
controversé », avertit un expert du
National Center for Science Education.
Au Royaume-Uni, le ministre de
l’Éducation a proposé de supprimer
son enseignement aux moins de 14
ans, avant d’y renoncer devant la
levée de bouclier des scientifiques et
des associations. Auprès des classes
américaines, le think tank Heartland
Institute s’emploie à gommer les
causes anthropiques d’un réchauffement planétaire présenté comme
« incertain ». Les nouveaux standards
éducatifs fédéraux doivent cependant
inciter les États à considérer le sujet
non plus comme tabou ou optionnel,
mais comme une notion pluridisciplinaire dépassant le cadre des cours
de sciences. Dans les pays où la pression écologiste est forte, comme en
Allemagne, la pédagogie peut aussi
tourner à l’excès. Dans certaines
écoles, selon un climato-sceptique
modéré, l’éveil à la conscience environnementale mêle « junk science » et
discours alarmiste… avec le concours
d’un leader mondial des produits
d’éclairage, fabricant d’ampoules basse
consommation. La pédagogie environnementale prend une tout autre
dimension en Asie : là où les dérèglements climatiques affectent directement les populations et les ressources,
la sensibilisation au sujet est incorporée à la gestion des catastrophes.
L’Unesco veille donc à y déployer de
vastes programmes éducatifs, quitte
à innover pour accroître ses moyens
d’action. Le géant coréen Samsung
vient en effet d’investir 1 M$ pour
élaborer et diffuser, auprès des enseignants vietnamiens, des matériels
multimédias d’éducation au changement climatique.
z lemonde.fr, 04 octobre 2012, 10 mai 2013 z bigbrowser.blog.lemonde.fr, 15 février 2012 z terraeco.net, 21 février 2012 z
telegraph.co.uk, 4 octobre 2012 z guardian.co.uk, 18 mars 2013 z rue89.com, 21 mars 2011 z neurope.eu, 19 janvier 2013 z
Promoting partnership through Environmental Education, Naomi Inoue, 2012 z notrickszone.com, 1er novembre 2010
z journaldelenvironnement, 8 mars 2013eco-ecole.org z wvgazette.com, 30 mars 2013
58 %
seulement des Américains reconnaissent
la responsabilité des activités humaines
dans le réchauffement climatique, contre
93 % des Indonésiens et 87 % des Allemands
(sondage Ipsos 2012 pour Axa).
12 MILLIONS
d’élèves de 54 pays suivent le
programme Eco-Schools, conçu
par l’ONG internationale Foundation
for Environmental Education.
ON EN PARLE
Après Fukushima, le gouvernement
japonais a amendé sa loi sur l’éducation
à l’environnement pour renforcer les
moyens pédagogiques à disposition des
enseignants. Ce qui n’empêche pas la
diffusion, hors des bancs de l’école,
de spots animés vantant le faible impact
de l’atome sur les émissions de CO2.
(rue89.com)
Aborder le thème du réchauffement
planétaire dans un État qui s’est bâti sur
l’extraction du charbon demande de la
diplomatie, recommande une enseignante de Virginie Occidentale. « Le sujet
est sensible car beaucoup d’élèves ont
des parents travaillant dans ce secteur,
explique-t-elle. Il faut les amener à peser
les bénéfices-risques de cette industrie
et à trouver par eux-mêmes le meilleur
compromis entre écologie et économie, tout en veillant à rester dans une
démarche scientifique ».
(wvgazette.com)
GUILLAUME FROLET
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
57
Visions l’Agenda
Forums, Congrès et sommets
conférences internationales
Octobre 2013
z Salon Future Cities (Dubai)
z Du 08/10 au 10/10 z
Ce salon met à l’honneur les
solutions apportées dès à
présent aux grands défis de
l’urbanisation : sécurité, eau
et assainissement, logement
et tourisme, éco-construction,
transports, gestion de l’énergie,
gestion des catastrophes.
z http://www.cityscapeglobal.com/
en/futurecitiesevent/
z 11e Conférence Cities Alive
(États-Unis)
z Du 23/10 au 26/10 z
Ce rendez-vous développe le
concept de résilience urbaine
en s’interrogeant sur l’habitat
et l’architecture urbains.
Comment peuvent être
exploitées ces compétences
afin de répondre aux grandes
problématiques sociales,
environnementales et
économiques, tel est l’enjeu de
ces journées.
z http://www.citiesalive.org/
Novembre 2013
z 11e Conférence
internationale Euro-Riob
2013 (Bulgarie)
z Du 13/11 au 16/11 z
Organisée par le groupe
des organismes de bassins
européens pour l’application
actuelle et future de la
directive-cadre européenne
sur l’eau, la conférence
s’inscrit dans un contexte de
préparation des seconds plans
de gestion, qui incluent une
révision des programmes
et réseaux de surveillance.
Sont prévus, outre 5 tables
rondes, un atelier dédié aux
programmes de surveillance,
pour comparer et échanger les
pratiques et les expériences
dans les différents Étatsmembres et bassins (pays
membres et candidats de
l’Union européenne ainsi que
tous les autres pays d’Europe
orientale, des Balkans, du
Caucase, d’Asie centrale et du
bassin méditerranéen).
z http://www.riob.org/riob/
agenda-des-evenements/article/
euro-riob-2013
z Édition asiatique de la
conférence sur la pollution
environnementale urbaine
(Chine)
z Du 17/11 au 20/11 z
L’exode rural massif en Asie
provoque des déséquilibres
territoriaux, non sans effets
délétères sur les populations.
Le thème, « créer des
villes saines et vivables »,
analyse l’ensemble des
problématiques sanitaires
et environnementales
engendrées par ce
phénomène.
z http://www.uepconference.com/
z Conférence Behavior,
Energy and Climate Change
- BEC 2013 (États-Unis)
z Du 18/11 au 20/11 z
Ce rendez-vous est le
premier événement du
genre à se concentrer sur la
compréhension et la prise
de décision concernant
l’utilisation de l’énergie, la
limitation des émissions
de gaz à effet de serre, les
réponses au changement
climatique et la mise en
œuvre de la durabilité.
Chaque année, quelque 700
participants viennent partager
leurs travaux de recherche,
discuter des politiques les
plus innovantes et fixer des
stratégies, enrichir leurs
réseaux et trouver des
partenaires potentiels.
z http://aceee.org/
conferences/2013/becc
décembre 2013
z Salon Pollutec Horizons
(France)
z Du 3/12 au 6/12 z
Le salon des éco-technologies
et du développement durable
fait toujours la part belle à la
ville et à l’industrie durable,
tout en mettant à l’honneur
une nouvelle thématique :
hôpital et développement
durable. Au programme, plus
de 300 conférences dans
des espaces thématiques,
une trentaine d’émissions
sur un plateau TV et 8 Prix
et Trophées remis à des
entreprises éco-innovantes.
Enfin, deux événements de
haut niveau sont entièrement
dédiés aux rencontres
d’affaires : Le Cleantech et les
Green Business Meetings.
z http://www.pollutec.com
Expositions et événements
Octobre 2013
z Salon de l’efficacité
énergétique Smart
Energy Expo (Italie) z
Le nouveau rendez-vous
de l’efficacité énergétique
présente l’ensemble des
technologies innovantes
en matière de production
et d’économie d’énergie,
tous secteurs confondus :
industrie et transport,
administrations, villes,
services, habitat.
z Du 09/10 au 11/10
http://www.smartenergyexpo.net/en
novembre 2013
z Forum “Le coût
social de carbone :
Implications pour
moderniser notre
système d’électricité”
(États-Unis) z
Ce forum s’attache à mieux
évaluer le coût social du
58 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z
carbone, par une ingénierie
financière complexe, pour
mieux estimer ensuite
l’investissement nécessaire
dans des technologies
innovantes plus propres.
z Le 5/11
http://events.jhu.edu/event/
the_social_cost_of_carbon_
implications_for_modernizing_
our_electricity_system#.
UkmxA4Zmim4
Octobre 2013
z 22e Congrès mondial
de l’énergie z
« Comment sécuriser aujourd’hui
l’énergie de demain ? » Cette nouvelle
édition du congrès mondial de
l’énergie invite représentants de
gouvernements, industriels, analystes
et chercheurs à se pencher sur les défis
du « trilemme énergétique » : sécurité
énergétique, équité sociale et réduction
de l’impact environnemental.
z Du 13/10 au 17/10 à Daegu
(Corée du Sud)
http://www.daegu2013.kr/eng/index.do
z 7e Forum mondial de l’économie
responsable z
« La conduite du changement au cœur
des débats » est le thème de cette
édition qui sera ponctuée, le 25 octobre,
par une journée spéciale « Transition
d’un territoire autour du projet de
Troisième Révolution Industrielle en
Nord-Pas de Calais », en présence de
Jeremy Rifkin.
z Du 23/10 au 25/10 à Lille (France)
http://www.worldforum-lille.org
z 6e Forum latino-américain des
Smart Grids z
« Comment la modernisation
technologique accélère la
transformation du secteur
électrique » : à travers ce thème, le
forum ambitionne de synthétiser les
avancées des technologies
des smart grids et leur influence sur
le développement de technologies
connexes.
z Du 26/11 au 28/11 à Sao Paulo (Brésil)
http://www.smartgrid.com.br
novembre 2013
z Sommet International
sur le Climat (Pologne) z
Cette grande rencontre sera placée
sous le signe de la transition, après
la quinzième Conférence des Parties
(COP 15) de Copenhague. Sur les
bases de Cancun, Durban et Doha, la
conférence préparera les négociations
sur le Climat en vue du premier accord
contraignant que signeront l’ensemble
des pays membres de la Convention
Cadre, à la COP 21, à Paris, en 2015.
Le programme de Varsovie devrait
mobiliser les fonds « verts » en faveur
des pays en développement, instaurer
un mécanisme international sur les
« pertes et préjudices ».
z Du 11/11 au 22/11 - http://unfccc.int/
meetings/warsaw_nov_2013/meeting/7649.php
Kiosque
En librairie
Comprendre pour l’avenir
de Louis Albert de Broglie
Pour découvrir l’une des plus belles compilations de planches
pédagogiques issues de la collection Deyrolle.
Le seigneur des réseaux de Louis Guinde
À travers le portrait de Guy Dejouany, président de 1976 à 1996, ce livre
éclaire la généalogie du groupe Veolia qui fête ses 160 ans en 2013.
En ligne à retrouver sur www.veolia.com/fr/medias/veolia-tv/
La diversité et l’égalité des chances
Emaillé de témoignages de collaborateurs, ce film apporte un
éclairage sur les engagements de Veolia et son modèle social
dans le monde.
Prix de l’environnement 2013
http://fondation.veolia.com/fr/
La douceur de l’ombre d’Alain Corbin
À la rencontre de l’arbre et des émotions qu’il procure,
de l’Antiquité à nos jours.
Mention Jeunesse 2013
Le Prince des nuages (tome II)
« le matin des trois soleils » de Christophe Galfard
Regard poétique sur notre environnement menacé,
mêlant aventure et documentation scientifique.
z 2013 octobre z Planet #03 zzzz
59
Pla et
UNE PUBLICATION DE VEOLIA ENVIRONNEMENT
(38, avenue Kléber – 75116 Paris – France)
z Directeur de la publication: Laurent Obadia. Directeur de la rédaction: Christophe Valès. Directeur éditorial: Christian Dexemple. Rédacteur en chef:
Françoise de Voronine. z Direction iconographique: Laure Duquesne, Gilles Hureau. z Ont participé à ce numéro: Benoît Bardon, Arnaud Jean, Sandra
Vedel. Dominique Boizeau, Samantha Bowles, Claire Billon-Galland, Pascale Ceccaldi, Mi-Young Choi, Martin Courtois, Delphine Cuny, Scott Edwards, Maria
Frändfors, Kirstin Hinchcliff, Kevin Hurst, Zoë Johnston, Eva Kucerova, Sylvaine Leriquier, Clément Leveaux, Yan Meng, Justine Mora, Carole Ribardière,
Justine Shui, François Dewerdt, Aurélia Vincent. z Conseil fabrication: Jean-Claude Le Dunc. z Dépôt légal: octobre 2013. Numéro ISSN: 1761-4996. z Photos
couverture: Jung Yeon-Je/AFP; Photothèque Veolia: Adam Ihse/Interlinks Image; Stéphane Lavoué; Christophe Majani d’Inguimbert; Justin Sutcliffe/
Interlinks Image.
RÉALISATION BORDS DE LOIR z Conseil éditorial: Étienne Collomb. Animation éditoriale : Anne Béchiri. Direction artistique: Jean-Jacques Farré.
Coordination: Sylvie Roussel. Chef de fabrication: Caroline Lagaillarde. z Impression: SIEP certifié PEFC z Conditionnement
et routage réalisés par Log’ins, Entreprise Adaptée. z

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