03octobre 2013
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LA NOUVELLE VIE DES HUILES DES HOMMES ET DES DUNES octobre 2013 Pla et#03 EAU ULTRAPURE POUR BONNE MÉMOIRE SOUTHWARK BORÅS SOUFFLE LE CHAUD DEPUIS LONGTEMPS LE QUARTIER LONDONIEN SO CLEAN #03 t e a Pl 2013 octobre RETROUVEZ VOTRE MAGAZINE SUR VOTRE SMARTPHONE Pour en savoir plus, nous vous proposons un prolongement du magazine via votre smartphone. Flashez les codes QR au fil de votre lecture. 2 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z ÉDITORIAL Pla et #03 04 13 26 34 45 Facts La truite sentinelle des rivières z Sustainia, tour du monde des idées durables z God save the Thames L’eau de Londres z L’Afrique centrale contre le choléra z Solutions Borås, ville pionnière, vise le « zéro énergie fossile » z Osilub, nouvelle usine de régénération d’huiles usagées, répond à la directive européenne de 2008 z SK hynix réduit sa consommation d’eau ultrapure pour la fabrication de barrettes mémoire z Horizons À Londres, le quartier de Southwark accueille un centre de traitement des déchets z Views Portfolio Des hommes et des dunes par Stéphane Lavoué z Portrait Catherine Barbaroux, la citoyenne z Visions Growing Blue ou comment Internet participe à la gestion de l’eau z L’environnement en Chine vu par le professeur Yu Gang z Open innovation au Heat-Tech Center de Varsovie z INNOVER POUR L'ENVIRONNEMENT z Gestion économe de la ressource en eau en Corée du Sud, chauffage « zéro énergie fossile » en Suède, recyclage record au Royaume-Uni, régénération des huiles moteur en France… Cette troisième édition de Planet vous invite à la découverte de nouvelles solutions apportées par Veolia. À Séoul, l’entreprise SK hynix recycle toujours plus d’eau ultrapure dans ses processus de nettoyage des barrettes de mémoire DRAM largement utilisées à l’échelle de la planète. Borås, la ville pionnière, tend vers le « zéro énergie fossile ». Après plus d’un siècle d’efforts, la ville suédoise est devenue une référence mondiale en la matière. À Southwark, quartier de Londres, le conseil du district a fait un choix radical afin d’adopter une gestion rigoureuse et citoyenne des déchets ménagers. En France, au Havre, l’usine Osilub créée en partenariat avec Total, garantit un taux de 75 % de régénération des huiles moteur usagées en Europe : un record. Apporter des solutions, c’est aussi échanger et partager des idées, défricher de nouvelles pratiques. Le site Internet growingblue.com évalue nos impacts sur la ressource eau et nous interroge sur notre futur. Les partages de connaissance initiés en Chine avec l’école de l’Environnement de l’université de Tsinghua, à Beijing, œuvrent à mieux associer désormais croissance et respect de l’environnement. Partout dans le monde, chaque jour, se construit le nouveau Veolia. z La rédaction z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 3 FACTS z Vulnérabilité climatique online. La première base de données online de 184 pays vulnérables au changement climatique est disponible via un portail en ligne interactif. Une mine d’informations pour les chercheurs, universitaires et décideurs du monde entier. z Sustainia, www.scidev.net/global/policy/ news/country-specific-climatevulnerability-data-now-online.html tour du monde des idées durables 2,4 Sustainia 100 est un recueil d’idées novatrices réunies chaque année par l’organisation danoise Sustainia, lancée à la suite du COP15 de Copenhague, en 2009. Son objectif : diffuser une communication positive et engageante autour des initiatives de développement durable mises en place à travers la planète. Parmi les 100 idées retenues – où l'on retrouve par exemple le modèle mis en place par la ville suédoise de Borås (voir page 14) –, dix se concentrent sur les villes. Florilège… À Copenhague, la ville veut créer un quartier écologique à l’épreuve des changements climatiques tandis que le cabinet Henning Larsen Architects and Partners a mis au point un nouveau type de design visant à optimiser l’exploitation de la lumière naturelle dans les bâtiments et les quartiers. La ville de Göteborg utilise l’eau naturellement froide de la rivière Göta älv pour son système de refroidissement urbain. Le projet néerlandais Tvilight propose de contrôler l’éclairage des rues, la consommation d’électricité et l’analyse des données relatives au trafic. Au cœur de Londres, le nouveau complexe d’habitation King’s Cross est non seulement durable, mais il protège aussi l’héritage culturel du quartier. À Los Angeles, la plate-forme sociale Neighborgoods.net facilite les emprunts et prêts entre voisins. Montería Green City 2019, initiative urbaine pionnière en Amérique latine, cherche à adapter la ville aux changements climatiques et à améliorer la croissance urbaine. z MILLIARDS de personnes, soit un tiers de la population mondiale, n’auront toujours pas accès à des services d’assainissement moderne en 2015. Source: OMS/Unicef z TIA, ou l’approche territoriale de l’Innovation. En France, l’Agence de l’Innovation a fait appel aux entreprises capables d’apporter des solutions territoriales originales. En partenariat avec la recherche et innovation de Veolia, elle fédère des entreprises spécialisées dans le domaine des hautes technologies numériques, comme Orange. Deux appels à projet sont en cours dans le domaine de la construction des réseaux intelligents (smart building). z ©Søren Malmose/Sustainia z Les brasseurs pour le Clean Water Act. Sans 4 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z eau de qualité, pas de grande bière… En avril dernier, des brasseurs américains se sont engagés aux côtés du groupe de pression environnementale Natural Ressources Defense Council pour défendre le Clean Water Act. Cette loi fédérale encadrant depuis 1972 la pollution de l’eau est essentielle pour la préservation de la ressource. z http://water.epa.gov/ FONDATION LA SOLIDARITÉ FAIT ÉCOLE z Pas moins de 113 associations d’étudiants de niveau master des grandes écoles et universités internationales ont participé à la 5e édition du Prix de la solidarité étudiante. Son objectif: encourager la prise d’initiative et l’implication en récompensant des démarches innovantes et d’intérêt général en faveur du développement durable. Créé par la Fondation et le Campus Veolia, il récompense les lauréats sous forme de subventions (ils se partagent 15000 €) ou d’une expertise apportée par des collaborateurs du Groupe. La Cravate Solidaire (École des dirigeants et créateurs d’entreprise, France) décroche le premier prix. Son idée: distribuer aux chômeurs, personnes en insertion et étudiants démunis des tenues professionnelles adaptées à leurs entretiens d’embauche. Le deuxième prix revient au Pôle humanitaire de l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse (France) qui propose l’installation de lave-mains et la rénovation de dispensaires dans des villages reculés du Sénégal. Le troisième prix est décerné à Inde Espoir – une association multi-écoles françaises et britannique - pour la construction d’un pensionnat, offrant ainsi une scolarité aux jeunes filles issues de populations tribales. Enfin, L’Ombre et la Plume (EDHEC, France) est le coup de cœur 2013, pour son programme de lutte contre l’exclusion post-carcérale. z ©Photothèque Veolia - C. Majani zzzz L’équipe de La Cravate Solidaire remporte le 1er Prix de la solidarité étudiante 2013. FRANCE LIMAGRAIN CULTIVE LA BIOMASSE z Le 4e semencier mondial poursuit sa démarche de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) en inaugurant une chaudière biomasse fonctionnant aux rafles de maïs, un combustible au pouvoir calorifique supérieur à celui des plaquettes forestières. Le projet pilote, une première en Europe, a vu le jour sur l’un des sites français de production du groupe. Dalkia, l’opérateur, a mobilisé pour l’occasion les équipes R&D de Veolia. Elles devaient relever le défi de la maîtrise complète de la combustion de cette nouvelle source d’énergie afin d’en mesurer, entre autres, son impact environnemental. Mission accomplie. Gain de l’opération: une empreinte carbone réduite de plus de 2600 tonnes et une réflexion lancée sur l’épandage des cendres issues de la combustion des rafles. z ©Rudy Sulgan/Corbis BRATISLAVA RIVE DROITE RIVE GAUCHE z Situé sur la rive droite du Danube, Petržalka est le plus grand quartier résidentiel d’Europe centrale avec, de l’autre côté du fleuve et de l’autoroute qui le longe, le centre historique de Bratislava. Passé dans les années 1970 de 14000 à 60000 habitants, Petržalka devait être la ville la plus moderne de Slovaquie. Finalement, le projet va aboutir à une cité de 40000 appartements pour y loger 150000 personnes. Sa mutation dans les années 2000 en fait aujourd’hui un quartier très vivant de Bratislava, désormais engagé dans une démarche de développement durable. Les pouvoirs publics viennent ainsi de boucler un contrat de performance énergétique portant sur les établissements scolaires du quartier. Initié en 2003 par Dalkia, qui assure depuis 2000 la fourniture de chaleur et d’eau chaude de Petržalka et vient d’être reconduit pour vingt ans, ce projet a permis une économie d’énergie de plus de 25 %, sans impact sur le budget public. z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 5 zzzz Facts Front pluvieux L’Europe centrale sous les eaux z Les pluies diluviennes z Muhammad Yunus médaillé d’or. La truite, sentinelle des rivières ©Nawsher Ali Khan Réputée pour être un témoin de la qualité de l’eau, en raison de son ultrasensibilité à la présence de polluants, la truite est utilisée dans les usines d’eau potable – dans des aquariums appelés « truitomètres ». Le moindre changement dans son comportement alerte sur un dysfonctionnement potentiel et enclenche la coupure de la distribution d’eau, le cas échéant. Dans les rivières, c’est au nombre d’espèces et de spécimens recensés que l’on mesure l’évolution de la qualité de l’eau. C’est pourquoi Veolia s’est associé à des fédérations et associations de pêcheurs pour lancer des programmes de repeuplement des rivières dans plusieurs pays d’Europe centrale. En République tchèque, chaque année, quelque 4 000 poissons sont relâchés. De préférence de grosse taille et d’âges différents, afin qu’ils aient plus de chances de survivre et de se reproduire. En contrepartie, les pêcheurs s’engagent à ne pratiquer la pêche sportive qu’en respectant la règle « attraper et relâcher ». Ils suivent également la croissance des poissons et surveillent la rivière afin de limiter l’action des braconniers. Après trois ans d’expérimentation, les résultats dépassent les objectifs et de nouveaux sites d’introduction sont à l’étude dans le pays ainsi qu’en Slovaquie, en Hongrie et en Roumanie. z z Harvey Rosen pour les bromates. C’est seulement ©Photothèque Veolia - Didier Olivré 6 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z qui se sont abattues en mai et juin sur de vastes zones en Allemagne, en Autriche, en Hongrie, en République tchèque et en Suisse, ont provoqué les pires inondations depuis cinq cents ans. La facture s’élève à plusieurs milliards d’euros en cultures dévastées, usines à l’arrêt et infrastructures endommagées. Dans la région de Prague, où Veolia est présent, la réponse a été prompte et efficace, principalement en raison du plan de protection anti-inondation mis en place après les violentes intempéries de 2002. Activé avant même l’annonce de l’état d’urgence par les comités locaux de secours, il a permis d’anticiper la fermeture de la station d’épuration centrale de Prague, empêchant ainsi des dégâts irrémédiables sur les installations. La distribution d’eau potable a pu donc fonctionner sans problème et sans interruption dans toutes les villes de la région. z Le prix Nobel de la paix 2006, fondateur de la Grameen Bank, a reçu en avril la médaille d’or du Congrès américain en reconnaissance de ses efforts dans la lutte contre la pauvreté dans le monde. Avec cette distinction, il intègre le cercle très fermé (7 personnalités) des récipiendaires du prix Nobel de la paix et de la médaille présidentielle de la Liberté. À ses côtés depuis 2008 dans la recherche de solutions durables d’accès à l’eau potable pour les populations défavorisées, Veolia fait partie des premières entreprises à avoir soutenu ses projets. z la deuxième fois, depuis sa création en 1989, que le prix Harvey Rosen est attribué à une équipe française. Décernée tous les deux ans par le comité de rédaction de la revue « Ozone : Science and Engineering », cette récompense prestigieuse couronne des travaux de recherche sur l’ozone. Dans ce cas précis, elle souligne la contribution importante de l’article publié par Pierre Mandel et son équipe dans la compréhension des mécanismes de formation des bromates, des substances inorganiques issues de l’oxydation des bromures présents dans l’eau brute. Aujourd’hui chercheur au centre de Recherche de Veolia, à Maisons-Laffitte (France), Pierre Mandel avait déjà été distingué en 2011 en recevant le prix Masschelein. z 55,8 Md€ C’est le chiffre d’affaires que devrait atteindre en 2020 le marché des smart grids*, soit le double de 2012. Les deux plus grands marchés seront l’Amérique du Nord et l’Asie-Pacifique. * Des réseaux électriques intelligents capables d’intégrer efficacement les comportements et actions de tous les utilisateurs qui y sont raccordés, afin de constituer un système rentable et durable. Source : Navigant, cabinet d’experts américain. États-Unis Sturbridge soigne son réseau z Sturbridge, commune de quelque 9 300 habitants du Massachusetts, a entrepris depuis près de vingt ans de gros travaux de modernisation de son réseau d’eau potable et d’assainissement. En 1989, la municipalité a choisi de travailler avec Veolia, sous forme d’un partenariat public/ privé portant sur la gestion de l’eau et de l’assainissement. Plus de vingt ans après, les fuites d’eau ont été réduites de 30 % et la capacité d’assainissement accrue de 50 %. Plusieurs centres américains de prévention et de contrôle des maladies ont récompensé la qualité de la fluoration de l’eau maîtrisée par la ville. Plus récemment, le département de protection de l’environnement du Massachusetts a honoré le partenariat entre Sturbridge et Veolia en leur remettant un prix pour leur engagement en faveur de l’environnement. z ©Photothèque Veolia-Alexis Duclos CANADA « TAKE BACK THE LIGHT » z Chaque année, les acteurs des secteurs industriel, commercial et public de l’État de l’Ontario consomment 30 millions de lampes fluorescentes. Sur ce volume, une forte proportion termine dans les centres de stockage du pays. Or, si ces lampes recèlent du métal et du verre, elles contiennent surtout du phosphore et du mercure, très nocifs pour l'environnement. D'où l'idée du programme Take Back the Light (« Rapportez la lumière »), lancé en 2008 par le ministère de l'Environnement de l'Ontario et animé par le Recycling Council of Ontario. À la clé, un processus de collecte simple et à prix abordable qui garantit un traitement complet de ces produits en fin de vie, assorti d'une traçabilité rigoureuse. Depuis sa création, le programme a permis d'éviter l'élimination de 5 millions de lampes, soit environ 182 kg de mercure, 27 kg de phosphore, 1,75 tonne de verre et 22 kg de métal. Veolia Amérique du Nord vient d'être retenu par le Recycling Council of Ontario pour assurer toutes les opérations de recyclage. z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 7 zzzz FACTS z L’approvisionnement en eau occupe 22 % du travail quotidien d’une femme indienne en région rurale. Une tâche God save the Thames L’eau de Londres À Londres, la vétusté des canalisations, qui datent de l’époque victorienne, nécessite des travaux de réparation continuels. Le réseau d’assainissement, en particulier, fonctionne difficilement, victime des inondations qui affectent la capitale. Privatisés pour la plupart en 1989, les réseaux d’eau britanniques appartiennent, cas unique en Europe, à une vingtaine de compagnies privées. Soumises à un régulateur exigeant, l’Ofwat, ces dernières ne cessent d’investir : plus de 100 Md£ (117 Md€) en vingt-cinq ans dans les installations d’eau du pays. Parmi elles, Thames Water, principal opérateur du pays avec 32 000 km de réseaux qui desservent 14 millions d’habitants à Londres et dans le sud de l’Angleterre, investit 10 Md£ sur la période 2010-2020 pour mettre en œuvre son programme de rénovation des infrastructures. Et pour s’assurer d’apporter des solutions à la fois sûres, durables et novatrices, la compagnie a adopté une démarche inédite. Elle s’est entourée d’une équipe d’élite – Veolia, IBM, Costain, Balfour Beatty, MWH, Skanska et Atkins – qui a su élaborer un contrat unique en son genre reposant davantage sur la valeur ajoutée de chaque partenaire. Veolia sera chargé de la conception et de la construction des canalisations d’eau, des égouts et des installations de traitement d’eau de Londres et de la vallée de la Tamise. Veolia apportera aussi son expertise dans la transformation, en phosphates et en énergie, des boues issues des stations d’épuration ainsi que sur la gestion des fuites. Une problématique cruciale en Angleterre où le manque d’eau en 2012 a entraîné des restrictions de consommation dans le Sud-Est. z 200 projets pilotes de quartiers intelligents sont recensés dans le monde pour améliorer la vie des usagers. Ainsi, à Nice (France), 200 capteurs installés dans les lampadaires, les bennes à ordures et sur la chaussée transmettent des données en temps réel. 8 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z éprouvante lorsqu’il faut au quotidien puiser physiquement l’eau d’une rivière, d’un puits public ou d’une autre source puis la transporter chez soi dans des récipients. C’est pour inciter les pouvoirs publics à installer des réseaux d’eau potable dans leur région qu’une centaine de femmes ont manifesté avec leurs « ustensiles de collecte » devant la représentation locale du gouvernement, à Tiruchirappalli (État du Tamil Nadu), dans le sud de l’Inde. Dans l’État voisin du Karnataka, Veolia s’apprête à fournir de l’eau 24h/24 et 7j/7 aux citoyens des villes d’Ilkal et de Bijapur et aux étudiants du campus de Bangalore. z 75 % d’énergie économisée : c’est ce que l’on obtient lorsqu’on fabrique une bouteille à partir de plastique recyclé, par rapport à un matériau non recyclé. z Aux Émirats arabes unis, Abu Dhabi Airports Company (ADAC) a de l’ambition pour ses quatre sites«: Abu Dhabi International Airport, Al Bateen Executive Airport, Abu Dhabi International Airport City Check-in et Al Ain International Airport. Son objectif«: les positionner aux plus hauts standards internationaux afin de proposer une « expérience unique » à ses voyageurs. C’est ainsi que l’ADAC a choisi Dalkia pour assurer le pilotage énergétique, la gestion des installations techniques et des systèmes de sécurité des quatre sites. Le plus grand d’entre eux, Abu Dhabi International Airport, a un peu d’avance«: il a été élu meilleur aéroport du Moyen-Orient, en 2012. z BRÉSIL L’INDUSTRIE PAPETIÈRE DOIT S’ADAPTER AUX NORMES ENVIRONNEMENTALES z Gros consommateurs d’eau – notamment pour extraire la cellulose des fibres du bois –, les papetiers se dotent progressivement de plans de gestion des eaux de process et des eaux usées de leurs sites. C’est le cas de Celulose Riograndense, filiale du leader mondial chilien CMPC implantée dans l’État du Rio Gande do Sul. Elle a confié à Veolia la construction de trois unités de traitement des eaux brutes et des eaux usées, avec l’utilisation des meilleures technologies: le procédé MBBR de traitement biologique aérobie et le système de clarification Actiflo. z FRANCE DIAGNOSTICS HAUTE PERFORMANCE z Surveiller la qualité de l’eau potable afin de protéger la santé des consommateurs, tel est l’objectif de ce partenariat signé entre bioMérieux, le leader mondial des diagnostics microbiologiques, et Veolia. Ce projet de collaboration a pour but de développer un dispositif inédit de détection des micro-organismes présents dans l’environnement naturel ou dans les canalisations. À terme, une avancée scientifique capable d’apprécier la qualité microbiologique de l’eau sur l’ensemble de la chaîne de production d’eau potable, depuis la ressource jusqu’au robinet. z AUSTRALIE BRIQUES ÉCOLO z Les menaces pesant sur l’approvisionnement régulier du gaz naturel, facteur de renchérissement des prix, incitent le secteur du bâtiment à développer les sources locales d’énergies alternatives. Avec comme avantage de modérer la facture énergétique tout en adoptant un comportement plus responsable en matière d’émissions carbone fossile. Austral Bricks, fabricant de briques – un marché national estimé à quelque 2,8 Md$ australiens – a récemment innové en la matière. Fin 2012, l’opérateur Veolia et l’industriel du bâtiment ont conçu un dispositif de récupération du méthane issu des déchets ménagers et industriels de la région de Sydney. Il sert à alimenter les fours à cuisson situés à proximité, garantissant une production régulière du matériau, satisfaisant ainsi mieux la demande. Veolia fournira 3,3 millions de m3 de méthane chaque année dans le cadre de ce partenariat signé pour cinq ans. Un projet récompensé en 2013 par l’Australian Business Award. z ©Photothèque Veolia Water Solutions & Technologies ARABIE SAOUDITE SADARA, REINE DU DÉSERT z C’est la nouvelle – et la plus grande – usine de dessalement d’eau à surgir des sables d’Arabie saoudite. D’une capacité de 178000 m3/jour, elle desservira à compter de 2015 un complexe pétrochimique d’envergure mondiale, Sadara, construit à Jubail par le géant de la chimie américain Dow Chemical et le pétrolier Saudi Aramco. Les deux partenaires produiront solvants et colles destinés aux industries de l’automobile et de l’emballage. Pour répondre aux normes environnementales et de qualité de l’eau très strictes, l’usine développe une technologie de traitement de l’eau de mer combinant l’ultrafiltration et l’osmose inverse. L’association des deux procédés apporte une sécurité d’approvisionnement en eau, limite les risques de défaillance des installations et allonge leur durée de vie, tout en réduisant les besoins et dépenses énergétiques du site. Veolia, concepteur de l’usine, a été choisi pour la construire et l’exploiter. z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 9 zzzz FACTS z Bel rit plus propre. Avec 27 sites de production dans le monde (dont 9 en France) et des produits distribués dans plus de 120 pays, le groupe fromager français fabricant de la Vache qui rit® se mobilise pour réduire les impacts environnementaux liés à ses activités. L’un de ses défis«: valoriser 100 % des déchets sur cinq de ses sites de production français d’ici à la fin 2013. La recette, apportée par Veolia«: optimisation de la valorisation et réduction des déchets à la source. Résultat, les volumes ont été divisés par quatre en dix ans, alors même que la production a augmenté de 10 % en moyenne. Aujourd’hui, la valorisation globale des déchets du groupe Bel atteint 80 %, avec un objectif de 85 % en 2013. z L'Afrique centrale contre le choléra Quatre pays d’Afrique centrale expérimentent depuis 2008 une méthode « intégrée » de lutte contre le choléra, combinant développement des infrastructures d’eau, assainissement et hygiène. Parmi eux, la République démocratique du Congo (RDC), l’un des pays les plus touchés avec plus de 150 000 cas et 4 000 morts recensés par l’OMS entre 2002 et 2008 (soit 20 % des décès dans le monde). L’expérimentation y est pilotée par l’association Global Alliance Against Cholera (GAAC), appuyée par la Fondation Veolia. La ville de Kalemie (province du Katanga) a été la première à expérimenter ce plan : réhabilitation d’une conduite d’eau, construction de réservoirs et doublement de la capacité d’une usine de traitement des eaux. Sans oublier la promotion des règles élémentaires d’hygiène. Aujourd’hui, alors que les premiers résultats indiquent un recul des cas de choléra à Kalemie, Uvira est la seconde ville à bénéficier du programme. Et pour aider à la réhabilitation des infrastructures d’eau de la ville, le GAAC pourra compter sur une aide de 8,5 M€ attribuée par l’Agence française de développement et l’Union européenne. z 79 % dans l’Union européenne, 90 % aux États-Unis, 91 % au Japon, 84 % en Afrique, 86 % en Inde, 87 % en Chine… Le recours aux énergies fossiles est toujours largement majoritaire dans le monde. ©Fondation Veolia Environnement z La Bourgogne sait économiser son eau. 350«000 m3 d’eau 10 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z potable ont été économisés en un an à Beaune, ville française de 23«000 habitants. Explication«: l’expertise historique de la gestion des réseaux de Veolia, combinée aux solutions de haute technologie proposées par M20city et Endetec. Il en résulte une meilleure maîtrise des volumes d’eau consommés – par la pose de compteurs télérelevés notamment –, sensibilisant davantage les usagers au gaspillage, souvent involontaire. Cela permet aussi de localiser plus facilement les fuites et d’intervenir rapidement, en toute connaissance de causes, sur l’ensemble du réseau concerné. z PÉROU SURVEILLANCE SATELLITAIRE DE LA FORÊT z La politique péruvienne s’est révélée payante en matière de protection de sa forêt primaire contre la déforestation. Grâce au système de suivi du déboisement par repérage satellite – après le Brésil, le Pérou est le deuxième pays à s’en doter –, les résultats publiés au printemps dernier annoncent une chute de 37 % du déboisement en Amazonie péruvienne sur la période 2010/2011, après avoir atteint un pic à 163000 hectares/an entre 2005 et 2009. z MONDE DU TRAVAIL LA DÉCLARATION DE SÉOUL À L’HONNEUR. z Accorder une priorité élevée à la sécurité et à la santé au travail dans chaque pays… Tel est l’engagement de la Déclaration de Séoul, adoptée lors du Sommet sur la santé et la sécurité de juin 2008, auquel avaient participé une cinquantaine de dirigeants de haut niveau venus du monde entier. Son rôle? Servir de schéma directeur à l’élaboration d’une culture mondiale en matière de sécurité et de santé au travail. Les signataires de la Déclaration de Séoul, plus de 300 aujourd’hui contre une poignée en 2008, s’engagent à participer activement au maintien d’un milieu de travail sûr et sain grâce à un système de droits, de responsabilités et de devoirs bien définis, dans lequel le principe de prévention se voit accorder la plus haute priorité. Signataire de la première heure, le 30 juin 2008, au titre de ses activités eau, Veolia a ratifié la déclaration pour l’ensemble de ses activités. z www.seouldeclaration.org RAMSES POUR LE PARTAGE DU SAVOIR z Apporter des méthodes pour évaluer la résilience des infrastructures au changement climatique et aider les villes européennes à mieux comprendre et accepter les mesures d’adaptation. C’est l’ambition du projet RAMSES – Science for cities in transition –, retenu dans le cadre de l’appel d’offres européen « Stratégies, coûts et impacts de l’adaptation au changement climatique ». Cofinancé par la Communauté européenne, au titre du 7e programme-cadre pour la Recherche, RAMSES est animé par un consortium regroupant de multiples partenaires académiques et institutionnels dont le Potsdam Institute for Climate Research – PIK –, la London School of Economics and Political Science, l’Organisation Mondiale de la Santé, le secrétariat européen de l’ICLEI – Conseil international pour les initiatives environnementales locales –, ainsi que l’Institut Veolia. z ©Photothèque Veolia-Jean-François Pélégry JEUX INTERENTREPRISES À PRAGUE GAME OVER z Les Jeux européens du sport d’entreprise sont les jeux Olympiques des salariés sportifs. Leur devise: « Le bureau n’est pas le seul terrain du jeu. » Pour la 19e édition de cette manifestation, du 19 au 23 juin 2013, Prague (République tchèque) a vu défiler plus de 7000 sportifs amateurs venus d’entreprises prestigieuses comme IBM, Dassault, Allianz, Orange, Veolia… Créés en 1977, ces jeux offrent aux participants la possibilité de développer les échanges entre salariés hors du cadre professionnel strict. Football, bowling, badminton, pétanque, cyclisme mais aussi golf, échecs… au total, 28 disciplines sont alignées. Cette année, 230 collaborateurs Veolia de 14 pays européens avaient été sélectionnés pour représenter le Groupe dans 19 sports. Au final, avec 146 titres et 205 médaillés, Veolia termine premier devant Commerzbank AG (Allemagne) et Polizei Österreich (Autriche). z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 11 LA NOUV ELLE VIE DES HU ILES EAU ULTR POUR BO NNE MÉ MOIRE octobre 20 13 Pla et#03 APURE SOUTHW ARK BORÅS SO UFFLE LE CHAUD DE PUIS LE QUAR TIER LO NDONIEN DES HOMM ES ET DE S DUNES SO CLEA N LONGTEMP S Abonnez-vous www.veolia.com Rubrique Planet ©Photothèque Veolia - Christophe Majani. Borås Energi och Miljö. solutions z À Borås, en Suède, la ville adopte depuis 50 ans des modèles énergétiques durables. Objectif : atteindre le « zéro énergie fossile » d’ici à 2025. z Retraiter les huiles moteur usagées au lieu de les incinérer. À cet objectif fixé par l’Union européenne, Veolia et le pétrolier Total répondent en ouvrant l’usine Osilub près du Havre (France). z À Séoul, le groupe coréen SK hynix, leader mondial dans la production de barrettes mémoire, s’emploie à réduire ses immenses besoins en eau ultrapure. z z 2013 soctobre z Planet #03 zzzz 13 SOLUTIONS BORÅS « Zéro énergie fossile » Borås, ville pionnière PATRICIA COIGNARD z Responsable de seulement 0,2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la Suède est parvenue à diminuer ses rejets de CO2 de 9 % en vingt ans. Une contribution insignifiante ? Ce champion du monde du recyclage et du recours aux énergies propres exporte désormais ses modèles énergétiques durables sur plusieurs continents. Focus sur une ville emblématique de cette dynamique vertueuse : Borås. z Catarina a 43 ans. Elle a quitté en famille son Strömstad natal (région à la frontière avec la Norvège) à l’âge de 7 ans pour s’installer à Borås. Un endroit qu’elle n’a plus quitté et où elle exerce le métier d’infirmière. « J’aime vivre à Borås, déclare-t-elle avec enthousiasme. z 14 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z Mes enfants sont nés ici et ont appris tout naturellement à trier les déchets, un geste “non négociable” par ici ! À tel point que l’école qu’ils fréquentaient battait pavillon vert, un symbole fort du poids donné au développement durable. » Et s’il vient l’envie de la titiller sur le caractère compliqué du tri à Borås, Catarina ne se démonte pas. « Bien sûr que cela demande un peu de concentration, mais ce n’est pas un problème ! Rien de plus simple que de trier d’un côté les déchets alimentaires dans les sacs noirs, de l’autre les déchets combustibles dans les sacs blancs. Et pour le verre, les journaux… d’autres types de sacs sont fournis. » Un confort de tri renforcé par une optimisation des horaires d’ouverture des stations et centres de recyclage. À l’évidence, Catarina est la parfaite représente de la population de Borås, en adhésion totale avec la politique environnementale mise en place : « Je suis fière que quelques enthousiastes aient pu, dans les années 1960, jeter les bases d’une ville durable ! » Changement de paradigme 1959. Alors que la société de consommation, totem des Trente Glorieuses en Europe, connaît son apogée et que le pétrole coule à flot, la ville de Borås, à 60 km de Göteborg, en Suède, décide de se libérer progressivement des énergies fossiles. Pour concrétiser cette prise de conscience environnementale, la ville se dote d’une entreprise municipale, Borås Energi och Miljo AB (BEM). Son rôle est double : porter ce rêve pionnier et assurer la gestion des services publics dans le domaine de l’énergie, des déchets et des eaux usées. En 1980, un partenariat « collaboratif » en faveur d’un avenir plus durable est créé afin de fédérer les idées et les moyens des élus locaux, de l’université et des entreprises. Un choix dont la mairie se félicite encore aujourd’hui : « À l’instar d’autres régions suédoises, zzzz REPÈRES BORÅS z 104 000 habitants dans l’agglomération, dont 64 000 à Borås z z + de 70 000 usagers du chauffage urbain z z Réduction des émissions de gaz à effet de serre : 5 500 t/an z 15 ©Bruno Clergue pour Dalkia z 2013 octobre z Planet #03 zzzz SOLUTIONS BORÅS SITE DE RYAVERKET Mis en service dans les années 1960, le site de Ryaverket a depuis été continuellement optimisé. L’objectif : améliorer le mix de combustibles utilisés – copeaux de bois, combustibles issus du tri des déchets, biomasse – et rendre les installations plus performantes et plus propres. z nous partagions la conviction que pour nous affranchir des sources d’énergies non renouvelables, il fallait développer le recyclage des déchets produits en masse par nos nouveaux modes de vie. Et ce, au niveau des particuliers comme des entreprises. À rebours du modèle consumériste de l’époque, nous avons donc considéré les déchets non pas comme des rebus inutilisables mais, au contraire, comme une ressource qui s’inscrit dans un cycle vertueux et durable. » C’est certainement dans cette démarche que réside l’une des clés de la réussite des dispositifs énergétiques développés ensuite à Borås. L’objectif ultime étant de devenir une ville énergétiquement neutre d’ici à 2025. Grâce à ce virage énergétique, et sur une période de cinquante ans, Borås aura divisé par sept ses émissions de CO2. Réussite du plan d’énergies alternatives Retour à la fin des années 1950. Pour concrétiser la « société durable », comme l’appellera bien des années plus tard la future Union européenne, Borås s’équipe d’un réseau de chauffage urbain. Il sera par la suite alimenté par la centrale de Ryaverket, construite en 1965. « Au départ, elle fonctionnait au pétrole avant d’être convertie, en 1984, à la biomasse et au charbon. En 1995, la mise en route de la plus grande sécheuse à vapeur du monde nous a permis de supprimer le charbon Aujourd’hui, seule la biomasse sèche est utilisée. En 2005, nous avons construit deux chaudières de 20 MW pour accueillir les déchets. C’est à cette date que débute la collaboration avec Dalkia et la mise en œuvre d’un plan d’énergies alternatives », indique Gunnar Peters, directeur général de BEM (lire l’interview page 19). Ainsi, pour éco-gérer les variations de production de chauffage urbain, et faire face aux pics de consommation pendant les hivers zzzz 16 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z ©Borås Energi och Miljö zzzz REPÈRES z UNE CENTRALE DE PRODUCTION THERMIQUE z 2 chaudières aux combustibles solides de récupération issus du tri des déchets de 20 MW z z 2 chaudières biomasse de 65 MW z z 2 turbines à vapeur fonctionnant en cogénération de 37 MW électrique z z Une centrale de récupération d’énergie sur eaux usées 9 MW z z UN RÉSEAU DE DISTRIBUTION DE CHALEUR z 350 km de canalisations enterrées z z 4 000 sous-stations réparties dans la ville z z 4 centrales hydro-électriques 2 turbines 2,6 MW 2 turbines 2,7 MW 2 turbines 2 MW z ©Borås Energi och Miljö ©Photothèque Veolia - Adam Ihse/Interlinks Image Le « thermos », un réservoir de 37 000 m3 installé à la sortie de la centrale thermique, est la plus importante unité de stockage d’eau chaude réalisée en Europe. Lorsque la demande de chaleur des utilisateurs du réseau est inférieure à la production, l’accumulateur stocke de l’eau chaude. Lorsque la demande des consommateurs est supérieure à la production, l’énergie accumulée dans la cuve est restituée dans le réseau. z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 17 rigoureux, Dalkia utilise le combustible solide en base l’été, et le complète en automne et en hiver par la biomasse, les pics de froid hivernaux étant assurés par les énergies fossiles. Pour lisser les fluctuations de consommation et répondre au défi du « zéro énergie fossile », « nous avons construit en 2010 sur le site de Ryaverket un réservoir de stockage d’énergie, sous forme d’eau chaude, de 37 000 m3 et de 80 mètres de haut », explique encore Gunnar Peters. Cet édifice, judicieusement baptisé par les habitants le « thermos », est devenu un emblème dont la ville s’enorgueillit. « Illuminé de guirlandes pendant l’hiver, c’est l’un de nos joyaux », reconnaît-on avec fierté à la mairie. Autre sujet de satisfaction des élus, et composante prépondérante du modèle développé à Borås : la mobilisation des habitants dans le tri de leurs déchets, obtenue grâce à une politique de sensibilisation valorisante et citoyenne. « Nous avons toujours été attentifs, souligne Gunnar Peters, à ce que le coût de cette politique “zéro énergie fossile” ne soit pas supporté par la population. Nous nous débrouillons avec les subventions de l’État et avons pu mettre en place un projet commercial performant. En résumé, le chauffage urbain à Borås s’autofinance ! » Aujourd’hui, sur les quelque 200 000 tonnes de déchets annuels collectés, seuls 4 % finissent dans les décharges. 30 000 tonnes de déchets biologiques sont transformées en biogaz pour alimenter la flotte de bus municipaux (depuis 2002), les camions-bennes (depuis 2003) et les taxis (depuis 2004). « Absolument tout ce qui est recyclable est recyclé ! », conclut Gunnar Peters. Entre solutions énergétiques durables et croissance, Borås est convaincue de gagner son pari du « zéro énergie fossile ». z 18 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z ©Borås Energi och Miljö zzzz ©Photothèque Veolia-Adam Ihse/Interlinks Image SOLUTIONS BORÅS Depuis 2006, Dalkia assure l’exploitation des installations : une centrale de production thermique (et son unité de stockage), une centrale de récupération d’énergie des eaux usées, des turbines hydrauliques et le réseau de distribution de chaleur de Borås. z ENTRETIEN VERS UNE CHALEUR 0 % FOSSILE Gunnar Peters, ©Borås Energi och Miljö directeur général de Borås Energi och Miljö (BEM) z Nous sommes à la fin du XIXe siècle et z Arrivent les crises de 1973 et 1979… z Qu’en pense la population de Borås ? le BEM utilise déjà l’énergie renouve- Pour en finir avec notre dépendance au pétrole, nous avons envisagé d’utiliser des biocombustibles et mis au point des chaudières à biocombustibles. Il fallait alors compléter avec un peu de charbon… Mais dès 2005, avec la centrale de Ryaverket, les nouvelles chaudières biomasse ont constitué une avancée décisive pour produire une énergie encore plus « verte ». Pour tendre vers le « zéro énergie fossile », nous sensibilisons par des campagnes thématiques. Particulièrement les jeunes, prescripteurs efficaces de bonnes pratiques auprès de leurs parents. Comme nous comptons des cultures différentes parmi la population, notre information sur l’environnement et l’énergie est concrète et pédagogique. Enfin, nous sponsorisons un centre scientifique et remettons annuellement des trophées récompensant nos « héros de l’environnement ». lable pour la ville. Pourquoi un tel choix, que l’on qualifierait d’écologique avant l’heure ? En 1900, Elektra, notre tout premier site municipal, produit de l’électricité. Mais pour faire face au succès de la demande d’un nouveau confort, nous choisissons tout naturellement une source locale d’énergie et construisons quatre centrales hydroélectriques. Des installations remarquables toujours en activité ! Mais au fil des ans, la population augmente et nous contraint à ouvrir un autre site de production. Dès 1948, la Suède découvre le chauffage urbain et l’idée de produire simultanément de l’électricité et de la chaleur prend forme avec une centrale de cogénération. Inaugurée en 1965, elle utilise une chaudière au fioul qui fonctionne toujours. Au même endroit, nous aménageons également un site de destruction propre de déchets domestiques. z Quelle est votre recette pour combiner énergie et déchets domestiques ? Une pointe d’innovation et un soupçon d’optimisation permanente, le tout animé par nos équipes municipales, en étroite collaboration avec des spécialistes venus du monde académique comme de l’institut de recherche technique national. Nous tissons également des partenariats stratégiques avec des groupes internationaux, comme Dalkia. z Et vous êtes devenus une référence mondiale ! Chaque année, nous accueillons quelque 2 500 personnes de toutes nationalités, désireuses d’en savoir plus sur notre expérience et notre expertise. Pour remplir notre mission de conseil international, nous sommes même en train de créer une filiale dédiée ! z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 19 SOLUTIONS HUILES USAGÉES Osilub Nouvelle vie pour les huiles noires La France exporte encore 40 000 t/an d’huiles usagées vers l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Après régénération, elles reviennent sur le territoire sous forme d’huiles moteur, s’inscrivant directement en concurrence avec les fabricants français de lubrifiants. La mise en production d’Osilub répond aux exigences de l’Union européenne sur la priorité au recyclage matière et contribue à freiner cette exportation. z HUBERT KERNEÏS z Avec la hausse du prix du pétrole, la régénération des huiles de moteur usagées devient un enjeu crucial. La nouvelle usine Osilub s’inscrit dans une dynamique de recyclage et de valorisation économique et environnementale. z Automobilistes, attention : n’oubliez pas d’effectuer la vidange de votre véhicule avant un long voyage ou, à défaut, une fois par an. Certes, l’ordinateur de bord de votre véhicule devrait vous prévenir, mais de plus en plus d’entre vous oublient, semble-t-il, d’effectuer cet entretien indispensable. La raison : la durée entre les vidanges est de plus en plus espacée (20 000 à 30 000 km z 20 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z contre 5 000 auparavant). Si les vidanges deviennent moins fréquentes, c’est parce que huiles et moteurs ont gagné en performance. Ces facteurs expliquent que le volume global des huiles de moteur usagées – qu’il est obligatoire de traiter –, soit en diminution constante depuis 2004 en Europe. Et depuis la directive européenne sur les déchets 2008/98/ EC, les États doivent donner la priorité à la régénération des huiles usagées au détriment de leur incinération, qui est donc découragée. En effet, par le passé, le principal débouché de ces huiles, toxiques pour l’environnement et classées comme déchets dangereux, était un usage énergétique, soit pour produire du ciment ou de la chaux, soit pour incinérer d’autres déchets dangereux. 81 % des huiles régénérées dans l’UE La régénération consiste à produire, à partir d’huiles usagées, des huiles de base capables d’entrer à nouveau dans la fabrication d’huiles de moteur. Désormais, avec les technologies les plus perfectionnées de régénération, on estime qu’avec quatre litres d’huiles de vidange usagées, on refait trois litres d’huile de moteur (voir encadré). Une solution d’avenir, au regard de la hausse continue sur une longue période du prix des hydrocarbures. De fait, si en 2000, 27 % des huiles usagées de l’Union européenne étaient régénérées, le chiffre est passé à 81 % en 2010 – soit 1 790 000 tonnes –, sur un total d’huiles usagées collectées de 2 210 000 tonnes. En France, la régénération est devenue majoritaire en 2011 par rapport à l’incinération (52 %), passant même à 63 % en 2012. Ce chiffre s’explique en partie par le lancement de la nouvelle usine Osilub, qui offre désormais ©Photothèque Veolia - Christophe Majani une capacité de traitement importante (120 000 t par an). Mais ce chiffre s’explique surtout aussi, selon Éric Lecointre, coordinateur du secteur déchets de l’automobile à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), « par le fait que les cimentiers délaissent peu à peu les huiles usagées au profit d’autres combustibles comme les pneus ou la biomasse. Ils ont en effet de plus en plus de mal à suivre l’explosion du prix des huiles usagées, dont le niveau est passé d’une moyenne de 75 € la tonne en 2008 à 111 € en 2010 et autour de 200 € en 2012. On peut donc dire que le marché exerce une influence positive sur l’environnement, puisqu’il incite à régénérer davantage qu’à incinérer ». Ce n’est pas tous les jours que cela arrive ! z OSILUB : RECYCLER EN BOUCLE DES HUILES USAGÉES « C’est la première fois au niveau mondial qu’un acteur du traitement des déchets s’associe à une compagnie pétrolière pour créer une usine de régénération d’huiles usagées de cette dimension. » Ouverte en 2012, l’usine flambant neuve Osilub près de Gonfreville (région du Havre) fait à juste titre la fierté de son directeur Jacques Tricard. Quelque 55 millions d’euros d’investissement, une capacité de traitement de 120000 t par an — ce qui correspond à la moitié du gisement d’huiles usagées à recycler en France —, Osilub est une filiale à 65 % de Veolia et à 35 % du pétrolier Total. Bénéficiant de la proximité du port autonome du Havre, l’usine a vocation à traiter non seulement les huiles de moteur usagées françaises, mais aussi celles du nord-ouest de l’Europe (Royaume-Uni, Benelux), zone économique grosse productrice d’huiles usagées, mais présentant un net déficit en capacité de régénération. La singularité d’Osilub tient au procédé de distillation mis en œuvre. Issu du secteur de la chimie fine et développé en collaboration avec le Centre régional d’innovation et de transfert de technologie (CRITT) et l'Ademe, ce procédé permet d’obtenir un rendement moyen de 75 %, contre 45 % habituellement. Ce qui veut dire qu’à partir d’un litre d’huile usagée on pourra obtenir 0,75 litre d’un produit intermédiaire (le VGO, Vacuum Gas Oil) entrant dans la composition d’huiles de base, pour une production de qualité au moins égale à celle des meilleures huiles vierges du marché. z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 21 SOLUTIONS SK HYNIX CORÉE La baignade dans le fleuve Han, au sud de Séoul, est un rituel pour les familles coréennes. z SK hynix La mémoire DRAM a soif d’eau ultrapure JAMES OCKENDEN z Leader mondial dans la production de barrettes mémoire – avec Samsung Electronics, ils pèsent 70 % des livraisons sur ce segment –, le groupe coréen SK hynix développe une technologie nécessitant en permanence une eau ultrapure pour nettoyer les composants, extrêmement sensibles à la présence d’impuretés. Un process hélas très gourmand en eau. z Nous voici à Yeoju, à une soixantaine de kilomètres du centre de Séoul, un samedi matin ensoleillé. Le lieu est très couru le week-end, et les familles se bousculent sur la rive sud du fleuve Han, à la recherche d’un peu d’espace. Entre les petites tentes destinées à se protéger du z 22 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z soleil rivalisent vélos et cerfs-volants. Des milliers de bambins pataugent gaiement dans les cours d’eau menant au fleuve, sous l’œil attentif de leurs parents. Combien, parmi ces derniers, savent qu’à quelques kilomètres en aval, l’eau dans laquelle se dissolvent les crèmes solaires et autres lotions de leurs enfants, va se transformer en élément clé de l’industrie des nanotechnologies ? Une eau qui, une fois devenue ultrapure grâce à des procédés high-tech, sera utilisée pour nettoyer les substrats de silicium (semi-conducteurs) des barrettes de DRAM – Dynamic Random Access Memory, ou mémoire vive dynamique – indispensables à leurs iPhone, Galaxy et autres ordinateurs portables ? La fabrication des semi-conducteurs est très gourmande en eau, ce qui n’a pas échappé aux entreprises de la Silicon Valley coréenne venues s’installer sur les rives du fleuve. Manque de précipitations Fournisseur des géants Apple et Samsung, SK hynix est l’un des champions mondiaux de la DRAM. Une position qui l’a conduit à l’avant-garde de la réflexion sur la pénurie d’eau, problématique majeure en Corée. « L’eau est une ressource très précieuse ici », explique un jeune ingénieur de Veolia Corée, entreprise partenaire de SK hynix, en embrassant du regard les immenses cuves de captage d’eau fluviale de l’usine d’Icheon (voir p. 24), l’un des plus grands sites de fabrication de semi-conducteurs au monde. Avant d’évoquer le défi hydrique auquel doit faire face le pays : « Les précipitations moyennes par habitant sont très faibles en Corée, à peine un huitième de la moyenne mondiale. En outre, plus d’un millier de montagnes abruptes bordent le fleuve Han, ce qui aggrave le problème parce que les eaux de pluie sont évacuées zzzz L’EAU PURE, CONCEPT HIGH-TECH ? © Photothèque Veolia z Vous pensez que l’eau en bouteille achetée au supermarché est pure? Détrompez-vous. Elle est truffée de minéraux, d’ions et de particules qui, si elles sont bonnes ou neutres pour notre organisme, pourraient, à l’inverse, très facilement détruire les fragiles nanocircuits d’une barrette de silicium. D’où l’enjeu de produire de l’eau ultrapure. Pour cette opération délicate, il ne suffit pas de filtrer l’eau de plus en plus finement. Le process repose sur un système complexe d’osmose inverse, une technologie membranaire qui permet d’éliminer des particules inférieures à 0,03 μm. Par comparaison, ces minuscules grains que vous voyez flotter dans votre verre avoisinent les 40 μm, soit la taille du plus petit détail visible à l’œil nu. D’autres procédés sont également utilisés pour traquer bactéries, gaz dissous et autres ions de magnésium, de calcium et de silicium pouvant perturber les composants électroniques des barrettes de silicium: l’oxydation par UV, les résines échangeuses d’ions ou encore le charbon actif. Pour répondre à la demande quotidienne de l’usine de fabrication de semi-conducteurs – jusqu’à 100000 m3 d’eau –, le site d’Icheon fonctionne 24 h/24. Des systèmes complexes de gestion de la maintenance garantissent un approvisionnement permanent. « Une interruption de service générerait des pertes considérables pour notre client », explique Gustavo Migues, directeur général de Veolia Corée. Le produit final? L’eau la plus pure qu’il soit possible d’obtenir, sauf à brûler de l’hydrogène pur dans de l’oxygène pur, un procédé impossible à réaliser en dehors d’un laboratoire… z 23 SOLUTIONS SK HYNIX CORÉE Le site d’Icheon – presque une ville ! - est un des trois sites coréens de SK hynix. Il est autorisé à capter jusqu’à 110 000 m3 d’eau fluviale par jour, qu’il transforme en eau ultrapure réservée à la fabrication de semi-conducteurs, en eau industrielle destinée aux usines et à la centrale électrique, et en eau potable pour les quelque 12 500 personnes travaillant sur place. En 2011, environ 15 millions de m3 d’eau ont été utilisés, soit environ 40 % du volume autorisé. z très rapidement vers la mer Jaune. La configuration naturelle du bassin hydrographique offre peu de possibilités de stockage ou de retenue, et ce cycle rapide de l’eau se solde par de fréquentes inondations dans la région. Chez nous, la sécheresse est très fréquente. » DRAM = H2O Sous les yeux du jeune ingénieur, l’eau brute s’apprête à franchir les portes de l’usine de traitement pour entamer un processus en vingt étapes qui éliminera minéraux et ions. Ici, pas de compromis : l’eau ultrapure étant essentielle dans le processus de fabrication des barrettes de silicium, sa production est au centre de toutes les préoccupations. Engagé dans une démarche de développement durable, SK hynix s’est fixé des objectifs très stricts en matière de qualité des eaux usées et d’économie d’eau. « Nous voulons faire passer le taux de recyclage de l’eau de 33 % actuellement à plus de 70 % d’ici à 2015 », déclare un responsable environnemental de l’entreprise. SK hynix va également diminuer l’utilisation d’eau ultrapure. Comment ? D’une part en optimisant le temps de nettoyage des wafers (galettes) de semi-conducteurs et, d’autre part, en modernisant les installations de traitement des eaux usées de son usine de Cheongju, ce qui permettra d’utiliser des eaux grises pour le matériel de nettoyage et les sanitaires. « Nous allons ainsi réduire le volume total d’eau rejetée dans le fleuve Han et limiter notre consommation hydrique », conclut-il. Et pour atteindre ces objectifs, nous comptons sur Veolia, notre opérateur depuis 2001 », conclut-il (voir encadré p. 25). z 24 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z À LA VÔTRE ! z À l’extrémité de la ligne de production, un robinet à disposition permet de puiser de petites quantités d’eau ultrapure. L’eau ultrapure… Pas mal de rumeurs circulent à son sujet sur Internet: elle ne serait pas potable, elle constituerait un dangereux solvant ou serait amère. Info ou intox? Pour en avoir le cœur net, une dégustation de ce grand cru s’impose. Verdict: pas mauvais du tout! Sous un arôme affirmé de H2O se dévoilent des notes de… H2O. z ©Photothèque Veolia - Jean-Philippe Mesguen zzzz ©Photothèque Veolia COMME UN SEUL HOMME © Photothèque Veolia ©Photothèque Veolia - Jean-Philippe Mesguen z Un match de football XXL fait rage sur le terrain de l’usine SK hynix d’Icheon. Impossible de savoir qui gagne, ni même qui joue ! Dans leur tenue, ouvriers, fournisseurs, ingénieurs, cadres font davantage penser à un campus californien. Ils sont une centaine à se disputer allègrement la balle, sans réelle construction de jeu. Mais c’est sans importance, car c’est la pause et ça se passe en famille. Au coup de sifflet, ces professionnels vont reprendre le travail comme un seul homme. Chacun faisant “le job” à la perfection. Un civisme et une discrétion également de mise pour les collaborateurs de Veolia, dont les produits – eau ultrapure et eau potable – sont pourtant ô combien indispensables pour faire tourner le site. Un contrat exemplaire Sollicité en 2001 pour un contrat d’une durée de douze ans, Veolia a au fil des ans considérablement renforcé son partenariat avec SK hynix. Au point d’avoir fait de ce contrat, aux yeux du fabricant coréen, un modèle en matière d’externalisation. Prolongé de cinq ans en 2006 (2013-2018), il va ainsi courir sur dix-sept ans ! Les autres usines du groupe ne sont pas en reste. À Cheongju, un 8e contrat signé entre Veolia et SK hynix va permettre l’extension des installations de production d’eau ultrapure. Aujourd’hui, Veolia est impliqué, avec toutes les parties prenantes, dans les objectifs de développement durable du groupe. Parmi les performances enregistrées, des standards internes de traitement des eaux usées nettement supérieurs aux normes légales en vigueur. Un résultat dû en partie à la confiance et à la qualité du dialogue instauré entre les différents acteurs. « Pour ne citer que notre plan d’actions relatif à la gestion environnementale – EMAP, Environmental Management Action Plan –, il a été conçu par Veolia pour définir des objectifs et des priorités en matière de protection de l’environnement », analyse Gustavo Migues, directeur général de Veolia Corée. « Nous partageons régulièrement les résultats avec notre client, dans une approche plus globale du développement durable. » z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 25 ILLUSTRATION MARIETTE GUIGAL 26 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z ©Photothèque Veolia - Justin Sutcliffe/Interlinks Image horizons Southwark quartier so clean z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 27 horizons À southwark, le traitement des déchets au cœur de ville Southwark, la clean attitude z Le quartier londonien, véritable carrefour des cultures à quelques encablures de la City, a fait sa révolution en matière de gestion de déchets. La volonté politique a payé. Un centre de traitement particulièrement innovant est sorti de terre, au service exclusif de ses résidents. Visite des lieux. z Paul Sanderson P our les Britanniques, Old Kent Road est d’abord connue pour être une case au Monopoly – la première après le départ –, « british version, of course ». Elle doit sa notoriété avant tout à son riche passé. Autrefois modeste sentier de Bretagne, elle devient un tronçon de la Watling Street pour se transformer, en l’an 43, en voie romaine reliant Douvres à Wroxeter, dans le Shropshire. Elle conquiert alors le statut d’artère économique vitale entre le sud et le nord de l’Angleterre. Depuis, elle n’a cessé de participer à l’animation de la plus vaste ville d’Europe. Longue de plus de trois kilomètres, Old Kent Road est située à proximité de la Tamise et des gratte-ciel du quartier d’affaires de la City. Et son histoire s’enrichit sans cesse de nouvelles pages, dont celle récemment écrite par le district de Southwark et Veolia. Depuis l’ouverture, en janvier 2012, d’une usine de gestion des déchets au service de cet arrondissement de 28 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z 29 kilomètres carrés comptant 288 700 habitants, les résidents du quartier ne voient plus leurs propres déchets de la même façon. Volonté politique « Dès 2003, nous avons élaboré une stratégie de gestion des déchets à long terme, afin de les traiter au sein du district et de façon durable », explique Deborah Collins, directrice stratégique de l’environnement et des loisirs pour le district de Southwark. Comme ses homologues londoniens, le conseil de district de Southwark a pris conscience il y a une dizaine d’années de l’urgence de traiter sur place ses déchets, le besoin de solutions de remplacement à l’enfouissement se faisant de plus en plus sentir (lire encadré Législation et réglementation) ! Ils étaient alors collectés puis expédiés par camions vers des décharges situées dans des municipalités semi-urbaines et rurales à la périphérie de Londres. Principales motivations du conseil pour changer la donne : un taux de recyclage trop faible, une forte hausse des volumes, des espaces limités et des coûts d’enfouissement croissants. D’où l’idée qu’en simplifiant le recyclage pour les habitants et en investissant dans les techniques de tri, le taux de zzzz Les rues de Southwark sont réputées pour leur grande variété de commerces : stands à perte de vue au marché de North Cross Road, boutique d’antiquités et d’objets rétro sur Fellbrigg Road, The Palmerston Bar à East Dulwith… Et pour faire une pause, le parc de la Tate Modern n’est pas loin. z REPORTAGE PHOTO : JUSTIN SUTCLIFFE/INTERLINKS IMAGE POUR PHOTOTHÈQUE VEOLIA z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 29 HORIZONS À SOUTHWARK, LE TRAITEMENT DES DÉCHETS AU CŒUR DE VILLE zzzz valorisation augmenterait et la quantité de déchets produits diminuerait. C’est dans cette optique que le Conseil a souhaité construire une nouvelle usine dédiée au traitement des déchets de Southwark, avec à la clé une baisse de l’impact sur l’environnement et un nouveau souffle pour l’économie locale et ses communautés. Recyclage à tous les étages Annie Baker est respon- sable de la gestion des déchets et des transports pour le conseil du district de Southwark. Avant l’ouverture de l’usine, elle travaillait sur le site de Manor Place, propriété du Conseil. « Le Conseil de district occupait les lieux depuis un siècle, peut-être plus, explique-t-elle. Trop petit, traversé par une ligne de chemin de fer, il n’était plus adapté. N’oublions pas qu’il avait été édifié pour les chevaux et les charrettes qui permettaient, à l’époque, d’entasser les déchets sous les arches du chemin de fer avant de les transporter. Mais le site ne convenait pas au recyclage. Le transfert de notre activité dans l’usine de gestion globale des déchets a été un grand changement et un net progrès. » Annie travaille désormais sur le site d’Old Kent Road aux côtés des collaborateurs Veolia. Son rôle : veiller au bon déroulement du partenariat entre le Conseil de district et l’industriel, sur des problématiques comme la collecte. Veolia doit notamment relever un défi de taille : améliorer le taux de recyclage de Southwark en simplifiant le tri pour les habitants. « Les résidents accordent une grande importance à l’environnement et au recyclage », confie Barrie Hargrove, conseiller et membre du cabinet du district en charge des transports, de l’environnement et du recyclage. « La collecte des déchets et le nettoyage des rues sont des besoins fondamentaux dans un quartier où la mixité ethnique fait écho à celle d’autres districts du centre de Londres, où des personnes issues du monde entier côtoient des Londoniens de souche. Par ailleurs, Southwark abrite le plus grand nombre de logements à Londres et arrive en troisième place au niveau Législation et réglementation Depuis 2001, les pays de l’Union européenne sont tenus de mettre en application la directive sur la mise en décharge des déchets. D’ici à 2020, le Royaume-Uni doit ainsi réduire la quantité de déchets biodégradables municipaux envoyés en décharge de 35 % par rapport aux volumes de 1995. Introduite en 1996 par John Gummer, alors ministre de l’Environnement, la taxe de mise en décharge a été la principale mesure mise en œuvre dans le pays pour limiter l’utilisation des décharges et rendre les autres solutions de gestion des déchets financièrement plus intéressantes. Fixée à l’origine à 8 £/tonne, cette taxe n’a cessé d’augmenter pour atteindre aujourd’hui 72 £/tonne. Il est d’ores et déjà établi qu’elle passera à 80 £ 30 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z en 2014-2015, mais continuera-t-elle de grimper ou se stabilisera-t-elle ? « La taxe de mise en décharge a eu un impact indéniable ces dernières années », explique Ray Parmenter, directeur de la réglementation chez Veolia au Royaume-Uni. « Les volumes enfouis sont désormais en déclin. Actuellement, les entreprises ralentissent ou interrompent l’activité des décharges et se tournent davantage vers le recyclage ou la revalorisation énergétique des déchets. Le point de basculement a probablement été enregistré en 2011-2012, lorsque la taxe a atteint 56 £/tonne, car à ce moment-là, les tarifs de prise en charge pour la valorisation énergétique des déchets étaient équivalents. Dans la foulée de l’introduction de la taxe de mise en décharge, de la directive sur la mise en décharge des déchets, de la directive cadre sur les déchets… le taux de recyclage, quasi nul en 2001, est passé à plus de 40 %. » Selon Ray Parmenter, une réévaluation des objectifs interviendra dans le cadre des études menées par la Commission européenne pour la « Feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources ». L’enfouissement de certains matériaux pourrait bientôt être interdit et des mesures supplémentaires adoptées pour accroître le recyclage et l’utilisation des matériaux recyclés dans les produits neufs et pour sécuriser les ressources. z national pour le nombre de propriétaires immobiliers. Au vu des contraintes liées au manque d’espace et à la façon dont celui-ci est géré, simplifier le recyclage pour tous n’est pas une tâche aisée. » Le poids des mots, le choc des photos Pour expliquer le fonctionne- ment de la collecte à une population à forte diversité ethnique et économique, la simplicité des termes et des images est de mise. Avec plus de 300 langues parlées à Londres, le recours à des supports de communication facilement compréhensibles est vital pour faire passer un message. En outre, comme dans nombre de districts londoniens, la population de Southwark présente des écarts de niveau de vie considérables. Sans compter un habitat disparate où de vastes demeures côtoient des immeubles, de petites maisons mitoyennes et des pavillons convertis en appartements. Veolia a donc travaillé main dans la main avec le Conseil pour proposer différents systèmes de collecte adaptés à ces multiples configurations. Les occupants de maisons sur rue se sont vu distribuer trois poubelles à roulettes – une bleue pour les déchets recyclables, une verte pour les résiduels et une marron pour les déchets ménagers et verts –, mais il existe d’autres solutions, comme les sacs poubelles et les conteneurs, en fonction de l’espace disponible sur le terrain. En appartement, on utilise soit un sac à usage unique pour le recyclage et un second sac pour tous les autres déchets, soit dans les grands immeubles, des bacs municipaux de 1 100 litres accueillant déchets à recycler ou ménagers. Un long chemin Depuis l’entrée en scène de Veolia en 2008, d’énormes progrès ont été accomplis dans le district de Southwark en matière de gestion des déchets et de mise en place d’un système de collecte adapté à tous les cas de figure. « Le nouveau Conseil de district élu en 2010 a décidé de doubler le taux de recyclage pour atteindre les 40 % en 2014, explique Deborah Collins. C’est un objectif très ambitieux, car il correspond aux taux enregistrés dans les districts de la grande banlieue de Londres, où les problèmes d’espace sont moins prononcés. Par ailleurs, de nombreux districts ont du mal à trouver un juste milieu entre un taux de recyclage élevé et le volume de matériaux de qualité à collecter. Alors qu’à Southwark, l’usine de gestion globale des déchets nous permet d’obtenir à la fois un taux élevé de recyclage et des matériaux de bonne qualité. Ces bons résultats sont directement liés au contrat signé avec Veolia et aux investissements réalisés par le gouvernement et par le Groupe. Sur un contrat à très long terme, la seule façon de réussir un projet est de mettre en place un véritable partenariat, et c’est ce que nous avons fait avec Veolia. Grâce à cette approche, nous sommes en passe d’atteindre nos objectifs et pouvons traiter les déchets de Southwark au sein même du district. » z z Population de Londres : 8,2 millions d’habitants z z Population du district de Southwark : 288 700 HABITANTS z z Volume d’ordures ménagères collectées dans le district de Southwark (2011/2012) : 106 121 TONNES z z Taux de recyclage dans le district de Southwark (2011/2012) : 27,43 % z z Pourcentage de déchets du district de Southwark non envoyés en décharge (2011/2012) : 79,65 % z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 31 horizons À southwark, le traitement des déchets au cœur de ville entretien La gestion globale est notre credo ©Justin Grainge Estelle Brachlianoff, Directeur Royaume-Uni et Europe du Nord, Veolia En 2008, Veolia a remporté un contrat global d’une durée de vingt-cinq ans portant sur l’ensemble des opérations de collecte, recyclage, traitement et élimination des déchets du district londonien de Southwark. z En quoi l’usine de Southwark z Le mode contractuel de financement est-elle exemplaire ? – le PFI – semble remis en cause. Qu’en Ce site est technologiquement à la pointe de notre savoir-faire. Mais il est aussi un lieu de vie et une source d’emplois. Ainsi, dans notre espace pédagogique, nous accueillons les enfants pour leur expliquer comment recycler et comptons sur le recrutement local pour faire tourner le centre. pensez-vous ? z Ce modèle de gestion globale semble bien apprécié au Royaume-Uni… Cette notion de globalité comme de gestion intégrée des infrastructures est clé puisque nous maîtrisons ces deux aspects depuis longtemps au Royaume-Uni. Pour résumer, nous traitons 120 000 tonnes de déchets et disposons d’options pour optimiser leur exploitation. Outre la production de deux types de combustibles – biogaz et combustible solide de récupération (CSR) –, nous assurons le chauffage du quartier, trions les déchets pour leur recyclage et fabriquons du compost hors site. L’usine enregistre déjà un très bon taux de recyclage et sera capable d’atteindre un taux de valorisation des déchets de 90 %. J’imagine que vous faites allusion aux nouveaux contrats de financement PF2*. La transition ne se fera pas sans peine ! Le rapport bénéfice/risque de ces contrats n’est pas toujours bien équilibré et il nous arrive de renoncer à certains projets en raison de risques trop élevés. Quant à l’obtention des autorisations nécessaires, elle peut se révéler un véritable parcours du combattant ! Fort heureusement, le gouvernement partage nos objectifs : l’augmentation du recyclage et la réduction des volumes envoyés en décharge. z Quelles sont les opportunités pour Veolia sur le marché municipal ? Selon moi, les opportunités liées aux PFI diminueront à l’avenir. D’autres apparaissent, comme les contrats d’organisation de services directs*, qui sont en phase de privatisation. La tendance devrait s’accélérer. Des contrats PFI remportés par des concurrents pourraient également revenir sur le marché si leur mise en œuvre n’aboutissait pas. z z Quelles sont vos perspectives d’investis- sement au Royaume-Uni ? Veolia est devenu un acteur majeur de l’économie verte et emploie aujourd’hui plus de 14 000 personnes au RoyaumeUni. Nous comptons y investir près d’un milliard de livres sterling dans les six prochaines années. 32 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z * Le PF2 est une évolution du PFI qui ambitionne un rééquilibrage entre les deux parties (État/industriel). ** Dans le cadre desquels une autorité locale dispose d’une entité proposant des services. Installé en retrait d’Old Kent Road, l’immense complexe ultramoderne de Southwark inauguré en janvier 2012 se fond dans un environnement de tours d’habitation, de pavillons, de commerces et de bâtiments industriels. À l’intérieur du complexe, trois unités sont installées : un centre de tri, un autre de recyclage ainsi qu’une unité de traitement mécano-biologique des déchets organiques. Le centre de tri, équipé notamment de dispositifs optiques, compte parmi les plus perfectionnés d’Europe. De là sortent des matériaux de haute qualité pour le recyclage. Au centre de recyclage des ordures ménagères, les habitants peuvent apporter des objets tels que des meubles et d’autres déchets trop imposants pour les bennes à ordures. L’unité de traitement mécanobiologique – la première de Veolia au Royaume-Uni – traite les déchets résiduels collectés et sépare ce qui peut être recyclé des éléments biodégradables, transformés en combustible. Ce combustible est acheminé vers l’usine de cogénération SELCHP du district voisin de Lewisham, où il entre dans un processus de production d’électricité. z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 33 VIEWS Stéphane Lavoué est arrivé un beau jour sur le site d’Al Wathba 2, à une quarantaine de kilomètres au sud d’Abu Dhabi, par une route ensevelie sous le sable. On ne distingue rien à cinq mètres quand, tout à coup, le photographe découvre un chantier gigantesque d’où émergent une vingtaine de grues… un paysage irréel sur fond de décor à la Mad Max, un chantier digne des pyramides… 34 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z Des hommes et des dunes REPORTAGE STÉPHANE LAVOUÉ. 36 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z DES HOMMES ET DES DUNES VIEWS AU FOND DU PUITS z À quelque 20 mètres sous le niveau de la mer, les ouvriers évoluent dans un puits creusé dans le désert et bétonné de noir. Là arrivent les eaux usées en provenance d’Abu Dhabi, à 40 km de là. La lumière entre péniblement. Une fois que la station sera opérationnelle, plus personne n’y accèdera. Tout sera inondé. z TEMPÊTE DU DÉSERT z Au pied du site, les équipes s’activent, à peine gênées par les caprices du désert et ses fréquentes tempêtes de sable. z VIEWS DES HOMMES ET DES DUNES 38 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z AUTOUR DES BASSINS z Le vélo, en mode tricycle, est l’un des moyens le plus pratique pour transporter des petits colis d’un point à l’autre du site. Comme dans une ville, on trouve des rues qui contournent les bassins et même des panneaux de signalisations. z VIEWS DES HOMMES ET DES DUNES LE BOUT DU TUYAU z Les tuyaux mesurent près de 2 mètres de diamètre. C’est très impressionnant. Sans doute l’indicateur le plus visuel pour marquer la taille de l’installation, l’importance du débit de la station… z 40 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z Stéphane Lavoué Boîtier Leica en main, Stéphane Lavoué a sillonné pendant trois ans le Maghreb et la péninsule arabique. Le photographe garde un souvenir marquant de ses deux visites de l’usine d’assainissement Al Wathba 2. z GUILLAUME FROLET D e l’homme qui l’accueille à son arrivée sur le chantier, Stéphane Lavoué ne voit pas le moindre bout de peau. Et pour cause, la tempête de sable qui s’abat ce jour-là sur le site de l’usine contraint les ouvriers à se protéger le visage avec les moyens du bord. Lunettes, mouchoirs, t-shirts… Un comble pour le portraitiste, chargé de saisir le regard et les gestes des bâtisseurs, dans cet impressionnant ensemble industriel sortant des sables ! « Je suis arrivé par une route ensevelie sous le sable. On n’y voyait pas à cinq mètres et tout à coup, je découvre un chantier gigantesque d’où émergent une vingtaine de grues… Un paysage irréel sur fond de décor à la “Mad Max”, un chantier digne des pyramides », se souvient Stéphane. Fin 2010, à 40 kilomètres environ de la capitale de l’Émirat d’Abu Dhabi : le chantier d’Al Wathba 2, dont le premier coup de pioche a été donné début 2009, est bien avancé. Durant deux jours, Stéphane parcourt le site pour suivre le déroulement des travaux, tout en échangeant avec ses occupants pour recomposer, avec le cadre et la lumière appropriés, le quotidien des constructeurs. Au pied des installations, les équipes s’activent, à peine gênées par les caprices du désert. Ce sont ces mêmes ouvriers qui vont servir de modèles à Stéphane. « L’enjeu photographique consistait à accorder l’échelle humaine à la démesure industrielle. Il y avait un travail de mise en scène qui correspondait bien à ma démarche de portraitiste », explique le photographe. Mais l’endroit se révèle immédiatement inspirant et propice à quelques balades inoubliables. Comme cette descente à plus de vingt mètres sous terre « dans le ventre de l’usine, au fond des cuves de réception des eaux usées, où on se sent déconnecté de tout ». En 2012, Stéphane Lavoué retourne sur le site, le temps d’une journée, pour rendre compte en images du formidable effort accompli. « Lors de ma première visite, je bénéficiais d’une totale liberté de mouvement, avoue le photographe. Cette fois-ci, l’usine était achevée et, naturellement, l’accès aux installations plus restreint. » En effet, la station de traitement des eaux usées fonctionne depuis environ un mois. Mais le visage qu’elle présente aux visiteurs est tout aussi surprenant. « Aux alentours, le désert avait repris ses droits, on voyait même des élevages de dromadaires, confie Stéphane. Malgré cela, les étendues d’eau des bassins de clarification, gigantesques piscines au milieu des dunes, créaient un contraste violent avec le sable à perte de vue. » Dans le plus grand des Émirats, la démesure est un élément du paysage… Stéphane, qui a vu les golfs en plein désert et la végétation arrosée en permanence le long des autoroutes, en témoigne : « Dans ce pays où un litre d’eau est plus précieux qu’un litre de pétrole, le prélèvement de la ressource demande à être rationalisé », d’où la création d’importantes infrastructures d’assainissement capables de fournir de deux à trois cycles d’utilisation de l’eau. C’est la vocation de l’usine Al Wathba 2, exploitée par Veolia, qui produit aujourd’hui 300 000 m3 d’eau purifiée par jour pour l’irrigation agricole, l’élevage et l’arrosage des jardins et des espaces verts de la capitale. Un exemple saisissant de la détermination d’Abu Dhabi à consommer l’eau avec la plus grande modération. z z Bio express • Né en 1976 à Mulhouse, il grandit en Allemagne puis en Afrique. Il s’initie à la photo pendant ses études d’ingénieur à l’École supérieure du bois (France). En 1999, il part en Amazonie acheter du bois pour un groupe français. En 2001, de retour à Paris, il s’investit dans la photo et réalise des portraits pour le quotidien français « Libération » pendant la campagne présidentielle de 2002. Sa carrière est lancée, il multiplie les commandes pour plusieurs journaux et magazines français et étrangers. 2010 : il entame des collaborations avec des groupes industriels français comme Veolia Environnement. z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 41 VIEWS CATHERINE BARBAROUX z Animée dès l’enfance par les valeurs de justice sociale et d’équité économique que prône la République, Catherine Barbaroux a longtemps œuvré au service des plus humbles désireux d’entreprendre. Aujourd’hui à la tête de l’Adie, association solidaire, elle poursuit cette mission d’intérêt général. Portrait d’une femme qui sait convaincre. z Catherine Barbaroux La citoyenne PATRICIA COIGNARD. PHOTO : CHRISTOPHE MAJANI D’INGUIMBERT POUR PHOTOTHÈQUE VEOLIA “A s-tu fait quelque chose d’utile aujourd’hui ? ». Pendant toute son enfance, tel un rituel, le père de Catherine Barbaroux – ancien mineur des Asturies immigré en France pendant la guerre d’Espagne de 1936 – s’enquerait chaque soir des initiatives menées par sa fille au service d’autrui. Façonnée par ce sens familial aigu du collectif, élevée dans le culte de l’école et de l’éducation populaire, Catherine Barbaroux a « par une succession de hasards professionnels » mené une brillante et audacieuse carrière au service de l’intérêt général et de l’emploi. Pas étonnant, donc, qu’à l’aube de prendre sa retraite en 2010, elle accepte de siéger bénévolement au conseil d’administration de l’Adie – l’association pour le droit à l’initiative économique –, principale structure française d’octroi de microcrédits pour les personnes exclues du système bancaire et du marché du travail désireuses de créer leur entreprise. « Une façon de rendre à la République ce que j’ai reçu. » L’année suivante, Maria Nowak, l’emblématique fondatrice et présidente de l’Adie, lui propose de prendre sa succession. Combattre les préjugés Ces deux femmes de caractère et de convictions se connaissent depuis 1999. 42 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z À cette époque, la blonde Maria Nowak interpelle « assez frontalement » la brune Catherine Barbaroux, qui œuvre aux côtés de Martine Aubry au ministère de l’Emploi, du Travail et de la Solidarité. « Elle déplorait la vénération que nous avions pour le statut de salarié comme seul dispositif de retour sur le marché du travail. Elle soutenait que la création d’activité demeurait un outil sous-estimé au sein des politiques publiques », se remémore Catherine Barbaroux. « Ses propos ont agi sur moi comme un révélateur : je venais d’un univers où l’on croyait à l’État-providence, au progrès social et à la transformation collective de la société. Au fond, Maria m’a dérangée dans mes convictions. À ce moment-là l’Adie a ouvert chez moi un autre champ des possibles. » Pourtant, jamais elle n’aurait imaginé en prendre la présidence treize ans plus tard : « Je n’avais jamais côtoyé le secteur bancaire avant ! » La passation de pouvoir au sein de l’association reconnue d’utilité publique s’opère naturellement, les deux femmes partageant des valeurs communes qui ont guidé leurs actions depuis trois décennies : « Combattre les préjugés et une vision étriquée de la société, en aidant les exclus du système à renouer avec leur capacité à rebondir et à affronter un destin contraire ». Dont acte. zzzz z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 43 VIEWS CATHERINE BARBAROUX zzzz Ancrer l’Adie dans le monde d’aujourd’hui Après deux ans de présidence de l’Adie, Catherine Barbaroux, même si elle s’en défend, peut s’enorgueillir d’un bilan d’étape réussi. Le plan stratégique destiné à doubler l’accompagnement de créateurs d’entreprises à l’horizon 2015 porte ses fruits. l’Adie, « en légère perte de vitesse il y a trois ans, a renoué avec une croissance moyenne de 8 à 10 % par an », constate Catherine Barbaroux. Réorganisation interne, renforcement des partenariats publics et privés (avec la Fondation Veolia Environnement, notamment), ouverture de nouvelles antennes, rapprochement avec les relais prescripteurs de microcrédits au sein des territoires (Pôle emploi, centres d’action sociale des mairies, missions locales) et des grandes associations caritatives (ATD Quart Monde, Secours populaire…), « l’Adie s’est bâti une notoriété de proximité pour toucher directement ses clients cœur de cible ». Dans le même temps, elle a troqué son image trop peu lisible de pionnier français du microcrédit pour celle d’une marque de référence dynamique. Nouvelle identité visuelle, nouvelle signature (« Le microcrédit pour créer sa boîte »), nouvelle campagne de publicité : l’Adie a réussi sa mue. Double culture Pour y parvenir en à peine deux ans, il a fallu toute la force tranquille et l’expérience assez inédite en France de celle qui, depuis 1975, alterne par séquences de cinq ans les responsabilités dans les secteurs public et privé. Entre 1986 et 1993, son incursion dans le monde de l’entreprise, à la DRH de Prisunic puis du groupe PPR*, a été un réel défi. « Femme, de gauche, issue des cabinets ministériels, sans aucune expérience dans le privé, je cumulais les handicaps face à des managers qui m’attendaient au tournant. » Chaque fois, elle a su convaincre, rallier à sa cause, faire bouger les lignes. À ce niveau de responsabilités, son parcours demeure singulier. Il a nourri ses envies de « transformation de la société », tout en BIO EXPRESS z 1970 : diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris z 1975 : intègre l’Assemblée nationale en tant que secrétaire générale adjointe du groupe parlementaire PS-MRG (Parti socialiste-Mouvement des radicaux de gauche) z 1983 : directrice de cabinet de Michel Crépeau au ministère du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme z 1986 et 1993 : directrice des ressources humaines de Prisunic, 44 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z lui procurant une compréhension profonde des ressorts de la performance des entreprises et des arcanes des politiques publiques, matrices de toutes les dynamiques de croissance. « Je regrette que cette double culture soit si peu répandue en France : elle invite à une remise en question salutaire et profitable. L’homogénéité sociale est dramatique, elle cloisonne les compétences et les synergies. » Jamais tentée par l’aventure individuelle de la création d’entreprise (« j’ai trop besoin du collectif pour m’épanouir »), elle donne à la présidence de l’Adie le « meilleur des deux mondes ». « Adie addict », comme elle aime à le préciser, elle sillonne la France et quelques pays d’Europe pour « faire tourner la machine » et puiser dans chaque porteur de projet rencontré « un optimisme extrêmement régénérant ». C’est aussi d’emblée l’impression qu’elle laisse à tous ceux qui croisent son chemin. z * devenu Kering en juin 2013 z L’Adie Créée en 1989 sur le modèle de la Grameen Bank de Muhammad Yunus au Bangladesh, l’association pour le droit à l’initiative économique (Adie) est un sas d’intégration sociale et professionnelle pour les micro-entrepreneurs n’ayant pas accès au crédit bancaire, et plus particulièrement les chômeurs et les allocataires des minima sociaux. Elle accompagne dans la durée ces porteurs de projet de création d’entreprise. L’Adie dispose non seulement d’un réseau en France mais opère également en Belgique, au Kosovo et en Tunisie. z z La Fondation Veolia aide l’Adie En six ans, une vingtaine d’Espaces Adie ont pu voir le jour sur l’ensemble du territoire grâce à la Fondation. Cette dernière a contribué récemment au développement d’un site d’octroi de microcrédits et d’un programme de microfranchise solidaire. Prochainement, elle soutiendra Créajeunes, un parcours de formation et de coaching destinés aux moins de 30 ans exclus du marché du travail et du système bancaire classique. z puis des ressources humaines et de la communication du groupe Printemps Redoute (devenu PPR puis Kering en 2013) z Fin 1999 : nommée déléguée générale à l’Emploi et à la Formation professionnelle au ministère de l’Emploi, du Travail et de la Solidarité par Martine Aubry, ministre en fonction z 2005-juillet 2010 : rejoint le conseil régional d’Île-de-France en tant que directrice générale des services CHIFFRES CLÉS 2012 13 000 personnes financées, 450 salariés et plus de 1 300 bénévoles, 9 492 emplois créés et 5 559 emplois maintenus. Depuis 1989 120 000 microcrédits accordés, + de + de 89 000 entreprises créées. ©WANG Xiaoyi, ©Cezary Chojnowski visions z Instrument de sensibilisation aux bonnes pratiques de gestion de l’eau et base de données fiable, le site Internet GrowingBlue.com décortique les impacts socio-économiques du risque de pénurie pour nos sociétés. z Regard d’expert sur la prise de conscience environnementale en Chine après trente ans de forte croissance économique, avec le professeur Yu Gang, de l’université de Tsinghua, à Beijing. z Dernier-né d’un réseau d’excellence dédié à l’amélioration de l’efficacité des systèmes énergétiques, le Heat-Tech Center de Varsovie joue un rôle-clé dans le choix des technologies d’avenir. z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 45 ©OEM Images VISIONS GrowingBlue 46 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z LE SITE z L’eau fait l’objet de nombreuses projections et évaluations. Et pour cause. Elle est considérée comme l’un des facteurs les plus critiques pour déterminer comment et à quel rythme la planète est en mesure de supporter la croissance continue de l’humanité. Le site Internet GrowingBlue.com a été conçu pour aider les consommateurs – collectivités, industriels, particuliers – à mieux comprendre les défis de l’eau et à adopter les meilleures pratiques. z Planète bleue WILLIAM MENGEBIER Votre ville va-t-elle manquer d’eau? Ce titre accrocheur fait écho à une carte des États-Unis constellée de points. À chaque tache de couleur correspond une zone exposée au risque de sécheresse. Parmi elles, New York, Washington, une grande partie de la Californie et, plus inquiétant, sept des principales régions agricoles du pays. Bienvenue dans l’univers de Growing Blue. Cet outil de recherche en ligne sur les ressources en eau a été lancé en 2011 par Veolia, en collaboration avec des sommités dans leur domaine (ONG, universitaires, professionnels de l’environnement). Son interface, animée et colorée, donne accès à de nombreux faits et chiffres sur l’état actuel des ressources hydriques. À la fois instrument de sensibilisation et base de données, le site souligne les impacts socio-économiques de cette épée de Damoclès qu’est le risque de pénurie d’eau pour nos sociétés. Vous êtes-vous jamais demandé quel pays détenait le triste record du gaspillage de l’eau, en raison de fuites ou d’autres problèmes, avant même qu’elle ne parvienne à l’utilisateur final ? C’est le Kenya avec 82,9 % de perte sur ses réseaux, contre 4,4 % à Singapour, l’un des États les plus économes du monde. Et selon vous, est-ce un jean ou une galette de semi-conducteur de 300 mm qui réclame le plus d’eau pour sa fabrication ? Le jean, avec 11 000 litres d’eau… suivi de près par le semi-conducteur et ses 7 500 litres. L’influence de Growing Blue grandit. Et la grande diversité de son comité directeur y est pour beaucoup. Quoi de mieux en effet pour asseoir sa crédibilité de source impartiale d’informations sur l’eau que de réunir le Pacte mondial des Nations unies, d’importantes ONG telles que The Nature Conservancy ou des groupes comme IBM ? Ainsi, la fameuse carte ponctuée de taches de couleurs provient d’un récent rapport sur la pénurie d’eau aux États-Unis publié par Growing Blue et l’Université de Columbia, autre membre du comité directeur, et dont la presse s’est largement fait l’écho. Une rapide visite sur le site confirme la clarté et le sérieux des explications sur les enjeux économiques liés à l’eau. Surprises en eaux profondes Un premier clic sur l’une des trois grandes rubriques du site, le Growing BlueTM Tool, et une carte interactive du monde apparaît. Le visiteur peut zoomer sur la zone qui l’intéresse et visualiser les chiffres recueillis pour 180 pays (et pour chaque État des ÉtatsUnis), chaque couleur correspondant à un niveau de « stress hydrique ». Si ces données sont parfois prévisibles, certaines peuvent aller à l’encontre d’idées reçues. En Inde, pays à indice de stress hydrique élevé (code couleur rouge), un drapeau indique que 741 millions de personnes sont exposées au manque d’eau. En cliquant sur le pays, nous découvrons aussi que 935 millions d’habitants ne possèdent pas de ré- zzzz z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 47 VISIONS GrowingBlue zzzz LE SITE seau d’assainissement et que 817 millions n’ont pas accès à une source d’eau potable. Des chiffres inquiétants qui n’ont pourtant rien d’étonnant. Mais en déplaçant le curseur vers l’ouest, un autre drapeau nous indique que 59 millions d’Américains vivent eux aussi dans des régions à indice de stress hydrique élevé*. De fait, le rapport publié par l’Université de Columbia et Veolia révèle les zones menacées par les pénuries d’eau dues aux sécheresses : certaines mégapoles abritant 40 % de la population américaine mais aussi les régions agricoles considérées comme le grenier des États-Unis, qui produisent près de 40 % du maïs cultivé dans le pays. Les données chiffrées pour les États-Unis montrent que les ressources totales renouvelables en eau douce s’élèvent à 7 950,82 m3 par an et par personne, soit plus de cinq fois celles de l’Inde. Pourtant, avec un indice de stress hydrique de 0,499, la situation est loin d’être confortable. Pour approfondir les recherches, étudions la rubrique Water Use. En cliquant sur « Municipal » puis « water withdrawal for municipal purposes » (consommation d’eau pour les besoins des municipalités), tous les États à l’ouest du Mississippi virent à l’orange. Sur « Agricultural », ces mêmes États passent à l’orange foncé et au rouge. 48 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z Enfin, sur « Industrial », le rouge se déplace vers le Middle West et l’est, une liste déroulante indiquant que les États-Unis sont le plus grand consommateur d’eau à des fins industrielles avec 220 milliards de m3/jour, suivis de loin par la Chine (128,6 milliards de m3) et la Russie (39,6 milliards de m3). Sans surprise, le pays arrive aussi au premier rang en matière d’empreinte hydrique par habitant, qui correspond à l’eau utilisée pour produire les biens et services destinés à la population du pays. Y aurait-il corrélation avec la puissance économique nationale ? Pas sûr. Les trois pays suivants sur la liste sont la Grèce, la Malaisie et l’Italie… Mais poursuivons la visite. Anticiper le courant Si le Growing BlueTM Tool est la rubrique phare, le site fournit aussi quantité d’autres informations. La rubrique Water in 2050 étudie les répercussions de la pénurie sur la population et la croissance économique d’ici à 2050, si les pratiques actuelles de gestion de l’eau ne changent pas. Diagrammes à l’appui, le scénario d’un refus d’adopter les politiques de gestion durable des ressources hydriques se fait jour : en 2050, le nombre de personnes touchées par le manque d’eau passerait de INTERVIEW Ed Pinero* * Stress hydrique: rapport entre le prélèvement d’eau et la disponibilité hydrologique, pondéré d’un coefficient de variation exprimant la variabilité des précipitations; un résultat supérieur à 0,40 indique que le pays est sujet au manque d’eau. « GROWING BLUE CONTRIBUE À UNE PRISE DE CONSCIENCE COLLECTIVE » ©Photothèque Veolia - René Tanguy 2,4 milliards à 4,8 milliards, et environ la moitié de la production céréalière mondiale ainsi que 63 trillions de dollars du PIB total seraient exposés au risque de pénurie d’eau. Focus sur Implications of Growth et les impacts économique, environnemental et sociétal de l’eau. Au menu, des exemples réels de coûts, de compromis et de solutions envisageables. Plusieurs études de cas révèlent les innombrables problèmes auxquels le monde est aujourd’hui confronté. En Chine, l’irrégularité des précipitations accentue le stress hydrique dans les plaines du Nord, où vit un tiers de la population du pays. À Bali, la consommation d’eau douce par les touristes, 16 fois supérieure à celle de la population locale, aggrave les pénuries et contribue à la propagation de maladies comme le choléra. Plus inattendu, les pénuries dans la région des Grands Lacs, dans le Middle West américain, pourtant riche en eau, ou encore l’initiative de l’Afrique du Sud de déraciner les plantes trop gourmandes en eau : un seul eucalyptus peut en absorber 150 000 litres par an ! Growing Blue propose également des outils pour calculer son empreinte hydrique, ainsi qu’une liste de liens, véritable « Who’s Who » des sites d’information sur l’eau. Une nouvelle calculatrice de l’indice d’impact sur l’eau (Water Impact Index – WIIX) permet aux municipalités et aux entreprises d’entrer leurs données et de tester des scénarios de réduction de leur impact sur les ressources hydriques locales. Les données chiffrées sont omniprésentes sur le site – une feuille de papier quadrillée sert d’image de fond pour les pages – et sont toutes téléchargeables en PDF dans leur format d’origine (feuille de calcul). La section News and Education répertorie les communiqués de presse, blogs et tweets de Growing Blue, ainsi que des articles de nature plus économique, tels cet entretien avec Gretchen McClain, PDG de Xylem Inc., et le rapport « Watching Water – A Guide to Evaluating Corporate Risks in a Thirsty World », publié par JP Morgan Global Equity Research. z vice-président exécutif et responsable du développement durable chez Veolia North America z Quel rôle joue exactement z Quelles relations entretenez- Growing Blue ? vous avec l’enseignement ? Si je me fie à l’augmentation du nombre de nos membres, nous assistons à une prise de conscience accrue du lien entre eau et croissance économique. Et à une sensibilisation plus forte aussi. Chez les industriels, l’eau est un sujet crucial qui représente un risque commercial et financier tout aussi important, si ce n’est plus, que l’énergie et le changement climatique. En 2012, le Forum économique mondial de Davos a identifié les risques relatifs à l’eau comme étant le risque n° 1 si l’on croise ses conséquences potentielles avec sa probabilité. Growing Blue contribue à cette prise de conscience collective de l’urgence de changer les choses. Parce qu’il est un outil d’information sur les problèmes d’eau et une ressource fiable pour les décideurs, parce qu’il promeut les échanges, comme notre récent séminaire à Washington, et parce qu’il attire l’attention sur de nouvelles études, comme celle de Columbia sur le risque hydrique aux États-Unis. Nous intéressons de nombreuses universités, notamment cinquante des meilleures grandes écoles du monde à qui nous avons présenté Growing Blue lors du Veolia University Club organisé en mai dernier à Lyon, en France. Grâce à notre approche, nos informations peuvent également servir de matériau pédagogique pour les étudiants. z Comment Growing Blue va-t-il évoluer ? Il est important de continuer à développer son contenu, comme nous l’avons fait en intégrant le blog et les outils de calcul de l’empreinte hydrique. Cependant, nous devons conserver l’angle qui fait la spécificité de Growing Blue : l’importance économique de l’eau. Nous devons aussi continuer à ouvrir notre plateforme au dialogue, à rassembler les parties prenantes intéressées autour de la problématique spécifique de l’eau et à servir de catalyseur. *Ed Pinero a travaillé tout au long de sa carrière sur les problématiques de la durabilité, de l’environnement et de l’énergie au sein des secteurs privé et public, notamment pour la Maison Blanche et le gouvernement de l’État de Pennsylvanie. Il est titulaire d’une licence et d’un master de géologie. z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 49 VISIONS GrowingBlue le site Le dessous des cartes En un seul clic, l’internaute repère les zones d’intensité des stress hydriques dans le monde. 2 Un zoom sur les États-Unis, et il découvre un enjeu crucial pour le pays : le lien entre développement économique et gestion de la rareté de la ressource, notamment en Californie. 3 Enfin, il peut étancher sa curiosité en explorant quelques scénarii à l’horizon 2050. 1 1 Plus d’un milliard de personnes n’ont aujourd’hui pas accès à l’eau potable et seuls 10 pays se partagent 60 % des ressources mondiales en eau. Protéger l’approvisionnement en eau de façon durable est devenu une urgence. Les zones en rouge sur la carte sont déjà en situation critique. En orange et jaune, celles sur le point de basculer. Les scenarii à l’horizon 2050 1 3 Growing Blue propose 3 scenarii d’actions entreprises dans les pays « Grey » : très peu d’actions entreprises. « BAU » : on continue comme avant. « Blue » : de gros efforts entrepris croisés avec 3 visions de la croissance, low, medium et high. 50 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z Selon les deux scénariis extrêmes, « Grey » (1) pour le très peu d’actions à envisager et « Smart Blue » (2) pour celles requérant de vrais efforts à entreprendre, la pénurie d’eau (pays en rouge) diminuent légèrement… Scénario « Grey » croissance importante 2 Stress modéré Prélèvements sans impact environnemental. Stress élevé La demande ne peut être satisfaite sans transport d’eau. Stress moyen Le stress apparaît dans les périodes de sécheresse. Pénurie d’eau Les prélèvements sont supérieurs aux ressources. L’impact environnemental est important. California Dreamin’ Collectivités Plus la région est aride, plus les usagers sollicitent le réseau d’eau au quotidien. Ainsi, la distribution de l’eau varie sévèrement d’un État à l’autre, allant d’environ 193 litres par jour et par personne dans le Maine à quelque 720 litres dans le Nevada. Pour les États-Unis, Growing BlueTM Tool est un zoom sur les caractéristiques d’une région ou d’un État. Sa force : démontrer que la seule proximité avec un point d’eau ne suffit pas à protéger la ressource contre le stress. Alors que l’Alaska et Hawaï affichent un beau vert indiquant un indice de stress hydrique bas (respectivement 0,024 et 0,012), la Californie, qui possède le 2e plus long littoral du pays, est dans le rouge en raison d’un indice de stress hydrique de 0,974, le plus élevé du pays. En cause, une surconsommation municipale et agricole, alors même que 691 étendues d’eau sont « dégradées » et que 941 301 Californiens ont été touchés en 2009 par un problème d’eau ne répondant pas aux critères de qualité. Mais tout n’est pas perdu. Dans un coin de la carte de la Californie, une icône renvoie à un article sur le « Water Reuse in Orange County ». Ce système de récupération des eaux usées rejette l’eau purifiée dans le bassin hydrogéologique où elle vient grossir les réserves d’eau potable. Un lien vers la page d’accueil du GWRS (Groundwater Replenishment System) ouvre un compteur qui affiche 112 164 531 200 gallons (près de 425 milliards de litres) « d’eau propre sur laquelle vous pouvez compter ». Une demi-heure plus tard, près de 5 millions de litres* s’y sont ajoutés ! Pléthore d’informations supplémentaires sont disponibles sur le site en anglais, espagnol, coréen, mandarin et vietnamien. z Agriculture L’agriculture est très dépendante de l’eau. Or, l’absence d’un approvisionnement fiable peut avoir des conséquences financières lourdes et pénaliser l’économie. Par exemple, à Washington, les dégâts générés par la sécheresse de 2001 ont coûté entre 207 à 307 M€ et provoqué entre 4 600 et 7 500 pertes d’emploi. Industrie À l’Est, l’Industrial Belt - Nouvelle-Angleterre, mégalopole atlantique, région des Grands Lacs et vallées sidérurgiques ou charbonnières des Appalaches – est le berceau des industries lourdes, textiles, de montage, des transports ferroviaires… À l’Ouest, le Sun Belt - façade Pacifique - accueille de nouvelles générations d’industries globalement moins consommatrices en eau : high tech ou encore industries légères à forte valeur ajoutée. (Source : www.smeno.com) *Le GWRS utilise un système de traitement des eaux avancé en trois étapes : microfiltration, osmose inversée et lumière ultraviolette avec peroxyde d’hydrogène. Sa capacité de production journalière s’élève à 265 millions de litres d’eau. … Il y donc urgence à prendre dès aujourd’hui les mesures qui s’imposent. Scénario « Smart blue » croissance moyenne ©Mariette Guigal 2 Pour en savoir plus http://growingblue.com/ the-growing-blue-tool/ z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 51 VISIONS Parole de l’expert Professeur Yu Gang Après trente années de forte croissance économique, l’heure est aujourd’hui en Chine à la prise de conscience environnementale. Pour le professeur Yu Gang, doyen de l’école de l’Environnement de l’université de Tsinghua, à Beijing, directeur du Centre commun de recherche sur les technologies environnementales de pointe co-fondé par l’université de Tsinghua et Veolia il est temps de trouver les meilleures solutions en matière de développement durable. L’accord passé entre son université et Veolia devrait y contribuer. z Chine Le temps presse pour l’environnement Hubert Kernéis z Une croissance à deux chiffres est-elle encore compatible avec la préservation de l’environnement ? Les principaux défis auxquels est confrontée la Chine sont la pollution de l’air, les contaminations de l’eau et du sol, la destruction des écosystèmes et de la biodiversité… Durant les trente dernières années, nous nous sommes focalisés sur la croissance économique. Nous devons à présent, avec une croissance du PIB à venir proche de 7 % en moyenne, nous diriger vers une forme de croissance plus durable, véritable opportunité pour le développement des industries de l’environnement : nouvelles technologies propres, gestion des déchets, management environnemental… z N’y a-t-il pas urgence, sachant que la Banque mondiale estime à 750 000 le nombre de décès annuels en Chine dus à la pollution atmosphérique ? Je ne connais pas cette étude. Si les chiffres sont corrects, c’est un message alarmant. Mais voyons le 52 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z côté positif des choses : la prise de conscience environnementale prend corps à tous les niveaux, du gouvernement central aux acteurs sur le terrain. Reste à passer à une vitesse supérieure pour promouvoir des modes de production préservant les ressources et respectueux du cadre de vie et de la santé de nos compatriotes. z La demande de plus de transparence peut-elle obliger le gouvernement à agir ? La participation de la population est un élément clé pour la protection de l’environnement. Nous devons établir un cadre légal capable de garantir ses droits à intervenir dans les débats publics, par le biais de mécanismes de contribution ou de supervision. Il est par ailleurs urgent de nous doter d’un dispositif efficace et transparent d’information sur les questions environnementales. Concernant le cadre légal de protection de l’environnement, la législation chinoise n’est actuellement pas assez développée, comparée à celle des pays occidentaux. Un exemple : le Congrès national du peuple vient juste de commencer la rédaction de la première loi destinée à contrôler la pollution des sols. z En matière de pollution, quelles sont les trois mesures les plus urgentes à prendre ? Sans hésiter, le renforcement et l’application de la législation, afin de combattre les émissions illégales et de fermer les usines les plus polluantes. C’est uniquement avec les garanties d’un cadre légal clair et de politiques publiques efficientes que les technologies propres, la gestion appropriée des déchets ou l’efficacité énergétique pourront pleinement donner leur mesure. Je citerai ensuite la rénovation des infrastructures, grâce à l’innovation technologique, pour réduire les émissions. Enfin, l’amélioration de la qualité de l’essence utilisée en Chine, dont les normes sont trop basses, afin de réduire les émissions des véhicules motorisés. De l’école de Tsinghua… Créée en 1928, l’école de l’Environnement (School of Environment - SOE) de l’université de Tsinghua n’a jamais cessé de jouer un rôle de premier plan en Chine dans la diffusion des connaissances environnementales. Ses trois départements et douze divisions lui permettent de couvrir des domaines aussi variés que le traitement de l’eau et des eaux usées, le contrôle de la pollution de l’air, le management des déchets, la microbiologie, la gestion durable de l’énergie… Au total, en 2012, la SOE comptait 80 enseignants, 90 étudiants en post-doctorat, 260 chercheurs et 347 étudiants. (http://www.env.tsinghua.edu.cn) ©SHI Jiaodng …à la coopération avec Veolia z 90 % des eaux souterraines seraient contaminées en zones urbaines… Selon un rapport officiel du ministère de l’Environnement sorti en 2012, l’étude de 4 930 stations de contrôle dans 200 villes montre que 57 % des eaux souterraines sont impropres à la consommation humaine. Dans la Grande Plaine de Chine du Nord, où les problèmes de pollution des eaux souterraines sont sérieux, un rapport récent de l’Académie chinoise des sciences géologiques a constaté que seulement 20 % des eaux souterraines de faible profondeur pouvaient être consommées sans danger. z Et la réduction des gaz à effet de serre ? La Chine affiche un objectif de réduction des consommations d’énergie de 16 % par unité de PIB, entre 2010 et 2015, ainsi qu’une baisse des émissions de CO2 de 8 % et des principaux polluants de 10 %. Pour y parvenir, un effort sera bien sûr demandé aux industries polluantes. Mais il faudra aussi ajuster la production de charbon et accélérer celle de gaz naturel tout en développant, d’ici à 2015, d’autres formes d’énergie : nucléaire, éolien, hydro-électricité, solaire, biomasse. z Comment développer l’innovation environnementale ? Dans bien des domaines, des innovations technologiques mais aussi de management, d’ingénierie et de planification seront bien sûr nécessaires. Cela ouvre de vastes perspectives aux industries liées à l’environnement. Et là, nous avons beaucoup à apprendre des politiques mises en place dans les pays européens. C’est aussi pourquoi le partenariat entre notre université et une entreprise comme Veolia Environnement est important. z « Nous voulons améliorer nos compétences via des coopérations avec des entreprises étrangères telles que Veolia Environnement, afin de contribuer à la protection de l’environnement en Chine », confie sans détour le professeur Yu Gang. Depuis sa mise en place en 2004, le partenariat entre l’industriel et l’université a permis de créer un programme de formation spécialisé, dédié à la gestion des services urbains dans les domaines de l’environnement et du développement durable. Appelée EUMAP (Environment and Urban Management Advanced Program), cette formation a pour objectif de sensibiliser des cadres chinois à une approche pluridisciplinaire et à l’intégrer dans leur processus de décision. Entre 2009 et 2013, EUMAP a accompagné 260 cadres exerçant des responsabilités de haut niveau au sein des administrations locales, régionales et nationales, mais aussi d’institutions de recherche, de média ou d’ONG. Depuis juin 2013, EUMAP accueille une nouvelle promotion de 23 participants venant de toute la Chine. Dans le prolongement du succès de l’EUMAP, l’université de Tsinghua et Veolia Environnement ont fondé en 2010 le Centre commun de recherche sur les technologies environnementales de pointe. Ce centre d’excellence s’est fixé plusieurs missions : mise en œuvre et réalisation de projets de recherche répondant aux besoins spécifiques de la Chine ; coordination d’un réseau asiatique d’experts en ingénierie environnementale ; organisation et animation de congrès et ateliers internationaux.z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 53 VISIONS OPEN INNOVATION 54 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z HEAT-TECH CENTER Toujours open ! ©Cezary Chojnowski ANNE BÉCHIRI Les entreprises gagnent en efficacité dans la R&D ! Ouverture des laboratoires, partage des données, collaboration dans la recherche, l’open innovation apporte une bouffée d’oxygène à des groupes en quête de solutions leur permettant de se concentrer sur la mise sur le marché. Plus collaborative, elle s’appuie sur un réseau de partenaires, en interne comme à l’extérieur : universités, instituts publics, PME, start-up… Orientée vers l’action, elle a comme idées directrices synergie et coopération. C’est d’ailleurs le mot d’ordre des cinq centres techniques internationaux créés par Veolia Environnement et dédiés à l’amélioration de l’efficacité des systèmes énergétiques, municipaux et industriels. En 2012, le Heat-Tech Center (HTC), en rejoignant le giron de Dalkia lors du rachat de la société polonaise de gestion de réseau de chauffage de Varsovie, est devenu le dernier-né de ce réseau d’excellence. En lien étroit avec la recherche et l’innovation de Veolia Environnement et les chercheurs de l’université Technique de Varsovie, il travaille notamment sur le développement d’un des plus grands réseaux européens de chaleur et joue un rôle clé dans la diffusion des bonnes pratiques et le choix des technologies. À son programme 2013, deux nouveaux projets : « Reliable Distric Heating » ambitionne de mieux maîtriser la fiabilité du réseau de chauffage urbain et « SmartSub-stations (3ST) » veut rendre encore plus intelligente la gestion quotidienne du réseau. Avec le HTC, « nous cultivons le lien entre les scientifiques et les opérationnels », ponctue Damien Ménard, directeur adjoint et représentant de la recherche et l’innovation de Veolia à Varsovie. z z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 55 VISIONS VEILLE zzzz EN CHIFFRES 1 200 LES COOPÉRATIVES ÉNERGÉTIQUES Solutions de persuasion massive ? z Amorcée à travers l’Europe, la transition énergétique encourage le développement des Énergies Nouvelles et Renouvelables (ENR) à l’échelle des territoires, non sans créer des conflits locaux. Les projets réalisés montrent que le modèle de l’investissement coopératif peut convaincre d’adhérer au changement, en conciliant profit individuel et intérêt collectif. c’est le nombre de coopératives énergétiques en Europe, selon REScoop.eu (fédération des groupes et coopératives citoyennes d’énergie renouvelables). 70 À 80 %, des 6 000 éoliennes du territoire danois sont détenues par des coopératives. zzzz zzzz zzzz « Le meilleur moyen de faire accepter les fermes éoliennes est de persuader les riverains de leurs bénéfices potentiels », souligne The Economist. En effet, si 82 % des Anglais sont favorables aux ENR, seuls 50 % acceptent la présence d’un parc éolien dans leur voisinage… Ils sont cependant 68 % à dire « oui » si le projet est la propriété de leur communauté ! Levier d’implication et de concertation, les coopératives énergétiques sont ainsi amenées à jouer un rôle croissant dans l’acceptation sociale des énergies renouvelables. Profiter plutôt que subir Entre placement solidaire, retour sur investissement et création d’emplois, les projets locaux de production d’énergie verte ont en effet de quoi séduire. D’autant que le « mouvement coopératif » encourage la déconcentration du secteur. Profiter plutôt que subir, dans une démarche de compromis économique, sociétal et environnemental : le modèle participatif a donc de sérieux atouts pour convaincre les partisans du phénomène NIMBY (« Not In My BackYard », « pas dans mon jardin »), soucieux de préserver leur cadre de vie, parfois au détriment du bien commun. 3 « co-op » par semaine Aussi, à la faveur de la directive européenne sur les énergies renouvelables et de l’ouverture des marchés de l’électricité, les initiatives se multiplient. En Allemagne, l’adoption d’une loi sur l’énergie renouvelable a permis aux petits porteurs de financer plus de la moitié des investissements dans ce domaine. Si bien que, chaque semaine, il se monterait jusqu’à trois coopératives d’habitants. En Angleterre, estime le Guardian, 7 000 investisseurs individuels ont placé plus de 16 M£ depuis 1997 dans des projets coopératifs. La coopérative énergétique espagnole Som Energia propose à ses adhérents d’accéder à une énergie 100 % renouvelable, mais aussi de financer des projets avec une rentabilité de 3 à 5 % par an. Tandis qu’en France, Énergie Partagée accompagne les projets de production locale d’ENR en investissant fonds propres et prises de participation dans le photovoltaïque, la biomasse ou le micro-hydraulique (lesechos.fr). ON EN PARLE Selon le ministre gallois de l’Environnement, les 4 MW produits par le parc éolien de Mynydd y Gwrhyd vont permettre d’éviter 9 000 tonnes de CO2 par an et de fournir de l’énergie verte à 2 000 foyers, tout en créant des revenus supplémentaires qui seront investis dans l’aide aux familles en difficultés. (resource.uk.com) Moyennant une participation minimum de 500 €, les citoyens allemands pourront investir dans la construction de lignes électriques. Le ministre fédéral de l’environnement estime que ce plan facilitera l’acceptation des infrastructures dont le pays a besoin pour acheminer une énergie d’origine 100 % renouvelable en provenance, notamment, des parcs éoliens de Mer du Nord. (thelocal.de) L’Energy Bill doit être amendé pour protéger les coopératives énergétiques, titre le site du Guardian. En effet, la loi anglaise sur l’énergie a été dimensionnée pour les gros producteurs d’énergie et pénalise les projets coopératifs dès lors qu’ils dépassent le seuil – modeste - des 5 MW, en imposant des exigences techniques et administratives que les communautés n’ont pas les moyens de satisfaire. (guardian.co.uk) z Guardian.co.uk, 30 octobre 2012, 5 novembre 2012, 1er mai 2013 z lesechos.fr, 24 avril 2013 z Energy transition, the german energiewende, Heinrich Böll Foundation, novembre 2012 z economist.com, 25 mai 2013 z renewableenergyworld.com, 12 mars 2013 z businessgreen.com, 13 mars 2013 z rescoop.eu 56 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z EN CHIFFRES ENSEIGNER LE CHANGEMENT CLIMATIQUE Demandez le programme ! z En mai dernier, la température est montée d’un cran dans les rangs des élèves et diplômés de l’université d’Oxford. En cause, le financement d’un laboratoire de géologie par un groupe pétrolier. Une nouvelle tension dans la sphère éducative alors que le changement climatique, réalité pourtant consensuelle, reste délicat à enseigner et réclame d’être abordé avec mesure. zzzz zzzz zzzz Le changement climatique, tout le monde en parle, mais comment le sujet est-il évoqué en classe ? Parent pauvre des sciences de la terre, la climatologie souffrirait d’un manque de reconnaissance des enseignants, souligne lemonde.fr. Si bien qu’en France, l’enseignement du réchauffement climatique « ne constitue pas un thème en soi » et reste morcelé, poursuit le quotidien français. Dans les pays anglo-saxons, où les climato-sceptiques sont très actifs, le sujet reste « politiquement et idéologiquement controversé », avertit un expert du National Center for Science Education. Au Royaume-Uni, le ministre de l’Éducation a proposé de supprimer son enseignement aux moins de 14 ans, avant d’y renoncer devant la levée de bouclier des scientifiques et des associations. Auprès des classes américaines, le think tank Heartland Institute s’emploie à gommer les causes anthropiques d’un réchauffement planétaire présenté comme « incertain ». Les nouveaux standards éducatifs fédéraux doivent cependant inciter les États à considérer le sujet non plus comme tabou ou optionnel, mais comme une notion pluridisciplinaire dépassant le cadre des cours de sciences. Dans les pays où la pression écologiste est forte, comme en Allemagne, la pédagogie peut aussi tourner à l’excès. Dans certaines écoles, selon un climato-sceptique modéré, l’éveil à la conscience environnementale mêle « junk science » et discours alarmiste… avec le concours d’un leader mondial des produits d’éclairage, fabricant d’ampoules basse consommation. La pédagogie environnementale prend une tout autre dimension en Asie : là où les dérèglements climatiques affectent directement les populations et les ressources, la sensibilisation au sujet est incorporée à la gestion des catastrophes. L’Unesco veille donc à y déployer de vastes programmes éducatifs, quitte à innover pour accroître ses moyens d’action. Le géant coréen Samsung vient en effet d’investir 1 M$ pour élaborer et diffuser, auprès des enseignants vietnamiens, des matériels multimédias d’éducation au changement climatique. z lemonde.fr, 04 octobre 2012, 10 mai 2013 z bigbrowser.blog.lemonde.fr, 15 février 2012 z terraeco.net, 21 février 2012 z telegraph.co.uk, 4 octobre 2012 z guardian.co.uk, 18 mars 2013 z rue89.com, 21 mars 2011 z neurope.eu, 19 janvier 2013 z Promoting partnership through Environmental Education, Naomi Inoue, 2012 z notrickszone.com, 1er novembre 2010 z journaldelenvironnement, 8 mars 2013eco-ecole.org z wvgazette.com, 30 mars 2013 58 % seulement des Américains reconnaissent la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique, contre 93 % des Indonésiens et 87 % des Allemands (sondage Ipsos 2012 pour Axa). 12 MILLIONS d’élèves de 54 pays suivent le programme Eco-Schools, conçu par l’ONG internationale Foundation for Environmental Education. ON EN PARLE Après Fukushima, le gouvernement japonais a amendé sa loi sur l’éducation à l’environnement pour renforcer les moyens pédagogiques à disposition des enseignants. Ce qui n’empêche pas la diffusion, hors des bancs de l’école, de spots animés vantant le faible impact de l’atome sur les émissions de CO2. (rue89.com) Aborder le thème du réchauffement planétaire dans un État qui s’est bâti sur l’extraction du charbon demande de la diplomatie, recommande une enseignante de Virginie Occidentale. « Le sujet est sensible car beaucoup d’élèves ont des parents travaillant dans ce secteur, explique-t-elle. Il faut les amener à peser les bénéfices-risques de cette industrie et à trouver par eux-mêmes le meilleur compromis entre écologie et économie, tout en veillant à rester dans une démarche scientifique ». (wvgazette.com) GUILLAUME FROLET z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 57 Visions l’Agenda Forums, Congrès et sommets conférences internationales Octobre 2013 z Salon Future Cities (Dubai) z Du 08/10 au 10/10 z Ce salon met à l’honneur les solutions apportées dès à présent aux grands défis de l’urbanisation : sécurité, eau et assainissement, logement et tourisme, éco-construction, transports, gestion de l’énergie, gestion des catastrophes. z http://www.cityscapeglobal.com/ en/futurecitiesevent/ z 11e Conférence Cities Alive (États-Unis) z Du 23/10 au 26/10 z Ce rendez-vous développe le concept de résilience urbaine en s’interrogeant sur l’habitat et l’architecture urbains. Comment peuvent être exploitées ces compétences afin de répondre aux grandes problématiques sociales, environnementales et économiques, tel est l’enjeu de ces journées. z http://www.citiesalive.org/ Novembre 2013 z 11e Conférence internationale Euro-Riob 2013 (Bulgarie) z Du 13/11 au 16/11 z Organisée par le groupe des organismes de bassins européens pour l’application actuelle et future de la directive-cadre européenne sur l’eau, la conférence s’inscrit dans un contexte de préparation des seconds plans de gestion, qui incluent une révision des programmes et réseaux de surveillance. Sont prévus, outre 5 tables rondes, un atelier dédié aux programmes de surveillance, pour comparer et échanger les pratiques et les expériences dans les différents Étatsmembres et bassins (pays membres et candidats de l’Union européenne ainsi que tous les autres pays d’Europe orientale, des Balkans, du Caucase, d’Asie centrale et du bassin méditerranéen). z http://www.riob.org/riob/ agenda-des-evenements/article/ euro-riob-2013 z Édition asiatique de la conférence sur la pollution environnementale urbaine (Chine) z Du 17/11 au 20/11 z L’exode rural massif en Asie provoque des déséquilibres territoriaux, non sans effets délétères sur les populations. Le thème, « créer des villes saines et vivables », analyse l’ensemble des problématiques sanitaires et environnementales engendrées par ce phénomène. z http://www.uepconference.com/ z Conférence Behavior, Energy and Climate Change - BEC 2013 (États-Unis) z Du 18/11 au 20/11 z Ce rendez-vous est le premier événement du genre à se concentrer sur la compréhension et la prise de décision concernant l’utilisation de l’énergie, la limitation des émissions de gaz à effet de serre, les réponses au changement climatique et la mise en œuvre de la durabilité. Chaque année, quelque 700 participants viennent partager leurs travaux de recherche, discuter des politiques les plus innovantes et fixer des stratégies, enrichir leurs réseaux et trouver des partenaires potentiels. z http://aceee.org/ conferences/2013/becc décembre 2013 z Salon Pollutec Horizons (France) z Du 3/12 au 6/12 z Le salon des éco-technologies et du développement durable fait toujours la part belle à la ville et à l’industrie durable, tout en mettant à l’honneur une nouvelle thématique : hôpital et développement durable. Au programme, plus de 300 conférences dans des espaces thématiques, une trentaine d’émissions sur un plateau TV et 8 Prix et Trophées remis à des entreprises éco-innovantes. Enfin, deux événements de haut niveau sont entièrement dédiés aux rencontres d’affaires : Le Cleantech et les Green Business Meetings. z http://www.pollutec.com Expositions et événements Octobre 2013 z Salon de l’efficacité énergétique Smart Energy Expo (Italie) z Le nouveau rendez-vous de l’efficacité énergétique présente l’ensemble des technologies innovantes en matière de production et d’économie d’énergie, tous secteurs confondus : industrie et transport, administrations, villes, services, habitat. z Du 09/10 au 11/10 http://www.smartenergyexpo.net/en novembre 2013 z Forum “Le coût social de carbone : Implications pour moderniser notre système d’électricité” (États-Unis) z Ce forum s’attache à mieux évaluer le coût social du 58 zzzz Planet #03 z octobre 2013 z carbone, par une ingénierie financière complexe, pour mieux estimer ensuite l’investissement nécessaire dans des technologies innovantes plus propres. z Le 5/11 http://events.jhu.edu/event/ the_social_cost_of_carbon_ implications_for_modernizing_ our_electricity_system#. UkmxA4Zmim4 Octobre 2013 z 22e Congrès mondial de l’énergie z « Comment sécuriser aujourd’hui l’énergie de demain ? » Cette nouvelle édition du congrès mondial de l’énergie invite représentants de gouvernements, industriels, analystes et chercheurs à se pencher sur les défis du « trilemme énergétique » : sécurité énergétique, équité sociale et réduction de l’impact environnemental. z Du 13/10 au 17/10 à Daegu (Corée du Sud) http://www.daegu2013.kr/eng/index.do z 7e Forum mondial de l’économie responsable z « La conduite du changement au cœur des débats » est le thème de cette édition qui sera ponctuée, le 25 octobre, par une journée spéciale « Transition d’un territoire autour du projet de Troisième Révolution Industrielle en Nord-Pas de Calais », en présence de Jeremy Rifkin. z Du 23/10 au 25/10 à Lille (France) http://www.worldforum-lille.org z 6e Forum latino-américain des Smart Grids z « Comment la modernisation technologique accélère la transformation du secteur électrique » : à travers ce thème, le forum ambitionne de synthétiser les avancées des technologies des smart grids et leur influence sur le développement de technologies connexes. z Du 26/11 au 28/11 à Sao Paulo (Brésil) http://www.smartgrid.com.br novembre 2013 z Sommet International sur le Climat (Pologne) z Cette grande rencontre sera placée sous le signe de la transition, après la quinzième Conférence des Parties (COP 15) de Copenhague. Sur les bases de Cancun, Durban et Doha, la conférence préparera les négociations sur le Climat en vue du premier accord contraignant que signeront l’ensemble des pays membres de la Convention Cadre, à la COP 21, à Paris, en 2015. Le programme de Varsovie devrait mobiliser les fonds « verts » en faveur des pays en développement, instaurer un mécanisme international sur les « pertes et préjudices ». z Du 11/11 au 22/11 - http://unfccc.int/ meetings/warsaw_nov_2013/meeting/7649.php Kiosque En librairie Comprendre pour l’avenir de Louis Albert de Broglie Pour découvrir l’une des plus belles compilations de planches pédagogiques issues de la collection Deyrolle. Le seigneur des réseaux de Louis Guinde À travers le portrait de Guy Dejouany, président de 1976 à 1996, ce livre éclaire la généalogie du groupe Veolia qui fête ses 160 ans en 2013. En ligne à retrouver sur www.veolia.com/fr/medias/veolia-tv/ La diversité et l’égalité des chances Emaillé de témoignages de collaborateurs, ce film apporte un éclairage sur les engagements de Veolia et son modèle social dans le monde. Prix de l’environnement 2013 http://fondation.veolia.com/fr/ La douceur de l’ombre d’Alain Corbin À la rencontre de l’arbre et des émotions qu’il procure, de l’Antiquité à nos jours. Mention Jeunesse 2013 Le Prince des nuages (tome II) « le matin des trois soleils » de Christophe Galfard Regard poétique sur notre environnement menacé, mêlant aventure et documentation scientifique. z 2013 octobre z Planet #03 zzzz 59 Pla et UNE PUBLICATION DE VEOLIA ENVIRONNEMENT (38, avenue Kléber – 75116 Paris – France) z Directeur de la publication: Laurent Obadia. Directeur de la rédaction: Christophe Valès. Directeur éditorial: Christian Dexemple. Rédacteur en chef: Françoise de Voronine. z Direction iconographique: Laure Duquesne, Gilles Hureau. z Ont participé à ce numéro: Benoît Bardon, Arnaud Jean, Sandra Vedel. Dominique Boizeau, Samantha Bowles, Claire Billon-Galland, Pascale Ceccaldi, Mi-Young Choi, Martin Courtois, Delphine Cuny, Scott Edwards, Maria Frändfors, Kirstin Hinchcliff, Kevin Hurst, Zoë Johnston, Eva Kucerova, Sylvaine Leriquier, Clément Leveaux, Yan Meng, Justine Mora, Carole Ribardière, Justine Shui, François Dewerdt, Aurélia Vincent. z Conseil fabrication: Jean-Claude Le Dunc. z Dépôt légal: octobre 2013. Numéro ISSN: 1761-4996. z Photos couverture: Jung Yeon-Je/AFP; Photothèque Veolia: Adam Ihse/Interlinks Image; Stéphane Lavoué; Christophe Majani d’Inguimbert; Justin Sutcliffe/ Interlinks Image. RÉALISATION BORDS DE LOIR z Conseil éditorial: Étienne Collomb. Animation éditoriale : Anne Béchiri. Direction artistique: Jean-Jacques Farré. Coordination: Sylvie Roussel. 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