La Gruyère du 12 juillet 2016
Transcription
La Gruyère du 12 juillet 2016
Sports La Gruyère No 80 / Mardi 12 juillet 2016 / www.lagruyere.ch 11 Chacun cherche sa marque Le Meeting du Moléson, samedi à Bouleyres, a permis à des jeunes de prendre ou de reprendre confiance, à des routiniers de se dégourdir les jambes et à des noms de l’athlétisme suisse de se rassurer. Rencontres. KARINE ALLEMANN ATHLÉTISME. La piste de Bouleyres a bonne réputation et même si le rendez-vous estival a été reclassé Meeting C du Moléson (au lieu de B), même si ce week-end-là les meilleurs Suisses ont décroché des médailles aux championnats d’Europe d’Amsterdam, le stade a vu débarquer à Bulle quelques noms en quête de chrono ou de marque référence. La compétition – organisée conjointement par le CA Gibloux Farvagny, le CARC Romont et le CA Marly – a aussi permis à de jeunes régionaux de reprendre confiance ou de confirmer leur excellente forme. Petite balade au gré des disciplines et des rencontres, d’un coin d’ombre à l’autre, en ce samedi très ensoleillé. ● UNE RÉFÉRENCE EN SAUT EN LONGUEUR Sa présence a étonné les dames de la chambre d’appel quand elles en ont pris connaissance: neuf fois championne de Suisse (et détentrice du record national à 6,84 m), qualifiée pour des Mondiaux, des championnats d’Europe et des jeux Olympiques par le passé, la Tessinoise Irène Pusterla a remporté le saut en longueur, avec un bond de 6,26 m (vent 2.3). A 28 ans, l’étudiante en psychologie à l’Université de Lausanne revient en forme après une longue blessure. «Je ne peux pas être contente de ce 6,26 m, souffle-t-elle après son sixième passage. J’ai réalisé de meilleurs sauts, dont un à 6,50 m, qui n’a toutefois pas été valable. Mon but, en venant ici, était de réussir de bonnes distances. Car je sais qu’il y a toujours du vent favorable dans ce stade. Si mon objectif n’est pas totalement atteint, j’ai pu constater que j’avais cette distance dans les jambes.» La semaine prochaine aux championnats de Suisse élites, Irène Pusterla tentera de décrocher un dixième titre national, avec comme objectif un saut de 6,50 m. Ce retour au premier plan suivrait une longue période de rééducation: «J’ai déchiré les ligaments de mon pied d’appui et cela m’a pris des mois pour revenir. J’ai participé à quelques compétitions l’année dernière, mais j’avais toujours mal. Il m’a fallu tout reconstruire, notamment au niveau de la confiance. Cela n’a vraiment pas été facile. Aujourd’hui, ça va.» ● UNE PÉPITE CANTONALE À GRANDE VITESSE Veronica Vancardo est l’un des grands talents du canton de Fribourg. A 16 ans, l’athlète du TSV Guin participera en fin de semaine à ses premiers championnats d’Europe U18. «Elle avait déjà réussi les minima l’année dernière, mais elle était encore trop jeune pour y aller», rappelle son entraîneure Sylvia Aeby. Samedi à Bouleyres, Veronica Vancardo a battu son record sur 200 m (24’’88), à sa grande surprise. «Je suis vraiment contente, car j’étais très sceptique de mon départ», rigole la jeune fille de GrangesPaccot. La coureuse a amélioré sa marque de deux centièmes. De quoi faire le plein de confiance avant de partir pour la Géorgie. «Veronica vient de terminer son école secondaire et un petit relâchement pouvait arriver, explique Sylvia Aeby. C’est pourquoi nous avons remplacé un entraînement par ce meeting. Histoire de maintenir une tension encore dix jours, jusqu’aux championnats d’Europe.» A Tbilissi, celle qui détient le record suisse sur 600 m s’ali- Irène Pusterla (à g.) et Flavien Antille (en bas) ont remporté la longueur. Coralie Ambrosini a réalisé un chrono «bon pour la tête». PHOTOS CLAUDE HAYMOZ gnera sur le 400 m. «J’ai beaucoup progressé au sprint alors que je ne m’y attendais pas. J’aime bien cette distance, mais j’ai aussi suffisamment de résistance pour le 800 m. Donc je ne sais pas encore vers quoi je vais me spécialiser.» La Fribourgeoise a réussi les minima pour les championnats d’Europe il y a plusieurs mois. «Mais la fédération n’a droit qu’à deux places par discipline. Alors, cette qualification n’est devenue réelle que lundi dernier, quand j’ai vu mon nom sur la liste officielle. Je commence à réaliser que j’ai une chance énorme de me retrouver avec les meilleurs jeunes athlètes européens.» Et son entraîneur d’ajouter: «Son classement n’est pas très important, car il dépendra forcément des athlètes au départ. Veronica a déjà couru le 400 m en 55’’75. On espère qu’elle pourra descendre en dessous des 55’’55, ce qui lui permettrait d’accéder à la finale.» ● UN DÉCATHLONIEN QUI SE DÉGOURDIT LES JAMBES Le décathlonien valaisan Flavien Antille a manqué la qualification pour les championnats d’Europe d’Amsterdam de 500 points. En congé forcé ce week-end, il est venu se «dégourdir les jambes» à Bouleyres, où il a remporté le saut en longueur avec une marque de 7,28 m. «La semaine prochaine, aux championnats de Suisse, je vais m’aligner à la longueur, à la perche et au 110 m haies. Les deux premières sont mes disciplines phares. D’ailleurs, à un moment je pensais m’orienter vers la longueur. Mais je ne suis pas assez rapide Fort en gueule Un Euro bizarre du début à la fin CLAP DE FIN. Cet Euro aura été étrange, carrément bizarre, dès son commencement. Vingtquatre équipes, l’Irlande du Nord et la Hongrie en huitièmes, des Vikings en quarts, le Pays de Galles en demis, une bonne grosse bastonnade entre hooligans comme à l’époque, des pelouses dignes de chez nous, des maillots suisses qui déchirent, un gardien en training gris, la course d’élan de Zaza avant son penalty, Shaqiri qui marque une bicyclette des seize mètres, etc. Oui, cet Euro a bien été étrange, mais alors vraiment bizarre, quand on pense où le coach allemand mettait ses mains. Et son épilogue a même été surréaliste. Avec un but pour le Portugal, sans Ronaldo, à la 109e minute, au bout du bout, par un joueur souvent moqué pour son manque d’aisance technique et sa lenteur (y compris au Portugal): Ederzito Antonio Macedo Lopes, dit Eder. Ou plutôt The beast, à en croire la peine éprouvée par la dou- blette Koscielny-Umtiti à le maîtriser. Un joueur qui n’avait évolué que douze minutes dans la compétition, avant d’entrer dimanche en fin de match, puis d’envoyer tout un pays au paradis et accessoirement, aussi, d’assurer un quatrième ballon d’or à Ronaldo. Siii! Grâce à Eder donc, le Portugal a battu sa bête noire, la France, chez elle qui plus est: 5 victoires, un match nul et 18 défaites jusqu’ici, dont l’une des plus mortifiantes, la demi-finale de 2000 avec les Figo et Rui Costa aux pieds d’or, mais aussi Abel Xavier aux mains tout court. La malédiction est brisée. Comme tant d’autres durant cet Euro, qu’on vous disait étrange, carrément bizarre. L’Italie ne gagnait plus contre l’Espagne depuis 1994. L’Allemagne ne battait jamais l’Italie dans des tournois majeurs. La France ne criait plus victoire contre l’Allemagne depuis 1954. Eh bien, tout ça, c’est terminé. Fini aussi, le Portugal éternel beau perdant. La Selecção passe désormais du bon côté de l’histoire du ballon rond. Celle des campeões. FRANÇOIS PHARISA comme bonhomme. Si je saute loin, c’est grâce à ma technique, pas à ma vitesse.» Cet hiver, le membre du CABV Martigny vise une qualification à l’heptathlon des championnats d’Europe et un résultat à la Coupe d’Europe de décathlon. Depuis qu’il a terminé l’Ecole d’ingénieurs à Fribourg, en 2013, Flavien Antille est semi-professionnel grâce à un emploi à temps partiel dans la construction. «Cela me permet d’aménager mes entraînements comme je l’entends avec deux séances par jour.» Il faut bien ça pour avoir comme références 7,41 m à la longueur, 2,07 m à la hauteur, 4,85 m à la perche, 58,98 m au javelot, 39,92 m au disque, 13,68 m au poids, 11’’33 sur 100 m, 51’’20 sur 400 m, 14’’02 au 110 m haies et 4’40’’11 sur 1500 m. ajoutant de nouveaux exercices. Et, de mon côté, j’ai dû faire en sorte de me booster pour retrouver mon niveau.» En fin d’après-midi, Coralie Ambrosini a encore signé un bon chrono de 25’’23 sur 200 m. Son grand rendez-vous de la saison, ce sera les championnats de Suisse U20, début septembre. «Vu l’année que je viens de vivre, mon objectif sera juste d’y arriver en forme et bien dans ma tête.» ● UNE SPRINTEUSE À LA CONFIANCE RETROUVÉE Meeting C du Moléson Messieurs 100 m. Finale: 1. Jonas Werner (LC Zurich) 10’’80; 2. Pascal Müller (TV Wohlen) 10’’81. Puis: Adrien Bosson (Gibloux Farvagny) 11’’49; Christopher Rayroud (Athletica Veveyse) 11’’60; Romain Frossard (SA Bulle) 12’’10. 200 m: 1. Jonas Werner 21’’24; 2. Pascal Müller 21’’35; puis: Christopher Rayroud 23’’29; Romain Frossard 24’’26; Julien Rudolf (CA Gibloux Farvagny) 25’’58; Guillaume Kapeller (CA Gibloux Farvagny) 26’’01. 400 m: 1. Arnaud Dupré (Fribourg) 49’’34. 800 m: 1. Sium Zerehannes (Olten) 1’58’’56. 1500 m: 1. Yan Volery (SA Bulle) 4’12’’53; 2. Melvin Frossard (SA Bulle) 4’18’’58; 3. Thibault Curty (CARC Romont) 4’22’’17. Hauteur: 1. Vivien Streit (COVA Nyon) 2,03 m. Longueur (sans limite): 1. Cédric Bloch (LC Therwil) 6,72 m; 2. Romain Frossard (SA Bulle) 5,89 m. Longueur (minima 5,90 m): 1. Flavien Antille (CABV Martigny) 7,28 m. Après avoir fait grise mine toute l’année 2015 ou presque, Coralie Ambrosini était tout sourire samedi. En tout début d’après-midi, la sprinteuse du SA Bulle avait couru un 100 m en 12’’40, ce qui ne lui était plus arrivé depuis longtemps. «Il s’agit de mon meilleur temps de l’année. Ça fait du bien à la tête!» savoure la Bulloise de 19 ans. En effet, c’est quasiment une saison blanche qu’a vécue la collégienne. Une explication? «J’ai été embêtée par des blessures. Il a fallu travailler, surtout mentalement, pour reprendre confiance. Le jeu, c’était de continuer d’y croire et de m’entraîner.» Comment la jeune femme a-t-elle travaillé cet aspect mental? «Nous n’avons pas fait la saison en salle cet hiver, pour éviter d’aggraver la situation. Puis mon entraîneur Gérald Rumo m’a obligée à sortir de ma zone de confort. Par exemple, il me déstabilisait en me chronométrant à l’entraînement, ce que je déteste, ou en ● ET AUSSI... A noter, chez les jeunes athlètes également, le triplé régional sur 1500 m messieurs. Yan Volery (SA Bulle, 18 ans) s’est adjugé la victoire en 4’12’’53, devant Melvin Frossard (SA Bulle, 17 ans, 4’18’’58) et Thibault Curty (CARC Romont, 17 ans, 4’22’’17). ■ Résultats Dames 100 m. Finale: 1. Samathan Dagry (LausanneSport Athlétisme) 11’’74; 2. Amandine Evard (CA Courtelary) 12’’21; 3. Carlina Schartz (CA Fribourg) 12’’31. Puis: Coralie Ambrosini (SA Bulle) 12’’40; Alizée Rusca (SA Bulle) 12’’85. 200 m: 1. Fanette Humair (FSG Bassecourt) 23’’95; puis: Veronica Vancardo (TSG Guin) 24’’88; Coralie Ambrosini 25’’23. 400 m: 1. Lore Hoffemann (CA Sierre) 54’’57. 800 m: 1. Priska auf der Maur (Erstfeld) 2’12’’22. 1500 m: 1. Alina Pochon (CS Neirivue) 5’00’’84. Hauteur: 1. Giovanna Demo (Ligornetto) 1,80 m; puis: 5. Christèle Rayroud (Athletica Veveyse) 1,53 m. Longueur (sans limite): 1. Géraldine Stieger (FSG Bassecourt) 5,38 m. Longueur (minima 4,90 m): 1. Irène Pusterla (Ligornetto) 6,26 m.