Raisons de venir à l`UTAN

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Raisons de venir à l`UTAN
1.
Raisons de venir à l’UTAN
06/09/2016
Nous fêtons, cette année, le 40ème anniversaire de l’UTAN. C’est en effet au printemps 1976 que, peu après la
constitution à Charleroi de la première Université du Troisième Age de Belgique, se crée à Namur un « Centre
Universitaire du Troisième Age ». Son premier président est Lucien Bragard, directeur des laboratoires de
Géodynamique et de Géophysique de l’Université de Liège. Dès le début, celui-ci attache une grande importance
au caractère pluraliste de ce centre qu’il veut ouvert à tous. Il décède prématurément en 1981, à l’âge de 58 ans
et c’est Paulin Duchesne, professeur à la Faculté de Droit de l’Unamur, qui prend le relais jusqu’en mai 2014 soit
durant 33 années. L ‘UTAN d’aujourd’hui est une très belle réalisation que nous lui devons ainsi qu’à son épouse
et tou(te)s celles et ceux qui les ont accompagnés puisque avec ses 8 antennes, il compte actuellement plus de
4.000 membres et propose plus d’une centaine d’activités.
Le groupe de bénévoles qui a préparé cette rentrée du 40ème anniversaire a souhaité que je vous
présente quelques motifs qui vous ont convaincus ou qui vous convaincront de participer aux activités
de l’UTAN.
Il me parait d’abord essentiel de vous faire une courte présentation de l’association, partant du
fait que l’on s’engage de préférence pour quelque chose que l’on connait.
Le mot université est pris ici dans son sens premier. Il évoque la « totalité ». En parlant d’université du
troisième âge ou, si vous n’aimez pas ce vocable, en parlant d’université des ainés ou encore
d’université tous-âges, celles et ceux qui l’ont créée y voyaient une porte d’accès à la culture au sens
large pour toute personne qui le souhaitait et ce, principalement mais pas uniquement, au terme d’une
vie professionnelle ou d’une vie consacrée à l’éducation des enfants. Cela reste vrai aujourd’hui et il me
parait essentiel d’ajouter que chacun y vient non seulement avec le bagage de sa formation mais aussi
avec son expérience de vie.
Les formations et activités que l’UTAN vous offre sont nées et continuent de naitre à l’initiative de
personnes qui désirent partager leurs connaissances, leurs aptitudes et viennent nous proposer un cours
ou une activité en relation avec celles-ci. Une fois leur projet approuvé, vous les retrouvez comme
aujourd’hui à l’Arsenal et c’est de votre échange avec eux que se constituera progressivement leur
« classe » pour la nouvelle année académique. Votre choix d’une activité se décide donc sur base de la
rencontre entre ce qu’ils proposent et vos intérêts, vos aptitudes à suivre cette proposition.
L’université des ainés ne répond pas à tous les besoins des ainés comme parfois certains gouvernants le
voudraient. Elle s’inscrit, avec sa spécificité propre, dans un ensemble d’initiatives publiques et privées
accessibles aux ainés.
Il y a ainsi au niveau de la plupart des communes de la région wallonne de la Belgique un CCCA (Conseil
Consultatif Communal des Ainés) qui a pour ambition une participation des séniors à la chose publique
en vue d’une prise en compte de leurs besoins spécifiques (transports adaptés, accès aisé aux services
publics et commerces, etc…). Nous travaillons en partenariat avec celui de Namur. Madame Scailquin,
échevin de la cohésion sociale a abordé ce sujet. A côté des initiatives publiques, il ne faut pas oublier
qu’il existe aussi de nombreuses initiatives privées citoyennes (écoles des devoirs, visites à domicile,
habitats intergénérationnels…). Beaucoup d’initiatives orientées vers les ainés existent donc et, sur base
de ma courte expérience, j’ai le sentiment qu’il ne faut pas en créer plus mais plutôt rechercher une
meilleure synergie entre celles-ci.
Enfin, dans la partie francophone de la Belgique, existent une dizaine d’universités des aînés avec des
tailles et statuts différents mais poursuivant chacune à leur façon le même objectif qui est d’offrir la
possibilité de continuer à se cultiver, à se former pour contribuer davantage à la vie de notre société.Il
s’agit de Tournai, Mons, Charleroi, Namur, Bruxelles, Huy, Liège, LLN, Barvaux, St Hubert, Arlon et
Virton. Ces universités sont regroupées au sein de l’AFUTAB (Association Francophone des Universités
du Troisième Age de Belgique) qui est une asbl bien vivante. Les présidents de chacune des universités
se retrouvent 6 fois par an pour partager leurs expériences et se faire connaitre à travers notamment
des projets communs auprès des instances de la Fédération Wallonie/Bruxelles.
Après cette brève présentation de ce qu’est l’UTAN, voici maintenant quelques faits, quelques
réflexions qui me paraissent justifier le choix que vous faites de participer aux activités qu’elle vous
propose.
Une enquête réalisée en 2015 montre que la motivation principale des étudiants que vous êtes est de
combler des lacunes dans leur formation. Viennent ensuite d’autres motifs qui sont, par ordre
d’importance, entretenir sa mémoire, rester au courant, éviter l’isolement.
J’ajouterais à ce qui précède deux éléments bien présents. Il y a la satisfaction, le plaisir que l’on ressent
à suivre une activité ; il y a également le fait que cela ne s’adresse pas qu’à l’esprit mais aussi au corps.
Les deux sont en effet indissociables. Une preuve en est que, sur les 4.000 membres, plus du quart
participe à des activités à caractère physique (marches, aquastretching, fitdanse, yoga…).
Un leitmotif de l’UTAN est la tolérance. Chacun y vient avec ce qui l’a façonné, sa personnalité propre,
ses choix philosophiques, politiques, professionnels, religieux et, ce qui est essentiel, il respecte les
choix de l’autre. Les rencontres faites au cours des activités offrent à chacun l’occasion de comparer sa
propre vision des choses avec celle de l’autre et ainsi de s’enrichir l’un et l’autre. Les mots de parti pris,
d’extrémisme ou de fanatisme n’ont pas de place chez nous.
On entend parfois parler de l’UTAN comme d’un monde à part, réservé aux personnes qui ont quitté la
vie professionnelle et cherchent à s’occuper de manière intéressante, agréable, intelligente. Je pense au
contraire que la vie est un continuum et que les personnes qui colportent l’idée de cette fracture se
trompent lourdement. Bien sûr, dans toutes les composantes d’une société humaine, il faut savoir à un
moment donné tirer sa révérence et permettre aux plus jeunes de prendre le relais avec leur créativité
propre mais je préfère parler d’un déplacement vers un espace nouveau qui complète les autres, un
espace dont la collectivité, et en ce compris les plus jeunes et les enfants, récoltent les fruits.
Une bonne part de la société actuelle, imprégnée par le mythe d’une croissance économique sans limite
imposant le rendement, accepte difficilement les temps non productifs économiquement parlant,
l’existence d’handicaps physiques ou mentaux et même tout simplement les retards résultant d’un
problème de santé ou d’un accident. Il suffit de porter un regard un peu critique ou tout simplement de
réagir avec du bon sens aux publicités qui envahissent notre univers visuel et auditif pour le
comprendre. L’image du bonheur se réduit souvent à la jeunesse, la santé et une bonne assise
financière. On oublie que, si ces éléments peuvent contribuer au bonheur, il en faut d’autres comme les
qualités de cœur. Sous des dehors attractifs, voire sympathiques, cette représentation de la vie porte
en elle un caractère déshumanisant. Le comportement d’ainés restant bien intégrés mentalement et
physiquement dans la vie sociale apporte une approche plus humaine parce que tenant compte non
seulement des forces mais aussi des fragilités de chacun. Une expression de cette approche humaine est
la manière dont se vit le temps : les ainés sont appréciés des plus jeunes parce qu’ils prennent le temps
de les écouter, de partager leurs joies, leurs soucis. Il y a là un échange où chacun apporte quelque
chose : l’ainé son expérience de vie et le plus jeune les nouveautés comme, par exemple, le numérique.
Cela fait le bonheur des deux.
Au terme de ce court plaidoyer, je voudrais vous partager quelques rêves avec le désir qu’ils se
réalisent ne fut-ce qu’en partie.
Je rêve d’aînés actifs, témoins d’humanité, dans un monde où le rendement matériel est trop souvent la
seule mesure du succès, un monde où la logique l’emporte parfois sur le sens. Je vous livre à ce propos
un vécu récent. L’UTAN essaye depuis bientôt deux ans d’obtenir l’exonération fiscale qui permet aux
donateurs d’un minimum de 40 euros de bénéficier d’un allègement partiel de leurs impôts. Suite à un
contrôle fiscal récent de notre comptabilité, qui s’est bien passé, est apparu un obstacle qui pourrait
empêcher l’obtention de ce droit: nous dépassons légèrement les 20% de frais par rapport aux recettes,
admis pour la gestion d’une association sans but lucratif.
Cette exigence a son sens puisqu’elle évite que ces frais administratifs ne mangent trop l’enveloppe
destinée à la réalisation des objectifs de l’association. Mais quand on connait la raison de ce
dépassement, on se retrouve dans une situation qui n’a plus de sens : nos revenus sont tellement faibles
(essentiellement la cotisation de 20 euros par an et un apport de moins de 10.000 euros de la
Fédération W/B) que, malgré une gestion prudente assurée entièrement par des bénévoles, nous
dépassons ces 20%. Nous espérons obtenir cette exonération parce qu’elle contribuerait, grâce à des
dons, à augmenter les rentrées indispensables pour maintenir les locaux et les équiper d’un matériel
opérationnel…mais nous risquons de nous la voir refusée précisément parce que nous avons trop peu de
rentrées …allez comprendre ! C’est un paradoxe difficile à avaler. Voilà un exemple de conflit entre la
logique financière et une attention à l’aspect humain des choses…
Je rêve aussi d’une transition progressive de la vie professionnelle à la vie de retraité. Plutôt que de voir
la pension comme une rupture brusque avec une vie professionnelle, il serait à la fois plus efficace et
plus humain d’alléger progressivement la charge professionnelle des aînés. Ils ont moins de résistance
physique et aussi moins de besoins financiers, une fois l’éducation de leurs enfants effectuée. De plus,
cela permettrait une transmission plus efficace du savoir-faire des uns à celles et ceux qui entament leur
vie professionnelle. Somme toutes, une transition plus humaine qui tienne compte à la fois de la santé
et de l’expérience des personnes.
Je rêve encore d’une université des aînés intégrée dans la « formation continuée, type de formation qui
intervient de plus en plus au cours de la vie professionnelle. Dans la gestion politique actuelle, les
universités des aînés sont vues comme relevant du domaine social et de celui de la santé. En d’autres
mots, les aînés doivent être occupés et soignés. Cette vision est peu dynamisante pour nous. Je trouve
personnellement que ce serait plus cohérent avec ce que nous faisons de relever directement de la
formation continuée et donc du domaine de l’enseignement. Les universités des aînés auraient comme
tâche spécifique de proposer des formations/activités permettant d’assurer de manière optimale la
contribution des aînés au fonctionnement harmonieux de la société dont ils font partie.
La durée de notre vie s’allongeant de manière significative, les jeunes retraités doivent songer à leurs
aînés. L’UTAN accueille actuellement des personnes dont l’âge se situe entre environ 55 ans et plus de
90 ans soit une tranche de vie énorme, égale voire supérieure à celle d’une vie professionnelle. Sauf
erreur de ma part, dans le Grand Namur, il y a aujourd’hui plus de 9.000 personnes qui dépassent les 80
ans. Il est temps d’être davantage attentif à proposer des activités répondant aussi aux attentes des
plus âgés parmi nous.
Rêver, oui mais que se passe-t-il actuellement ?
De nouvelles activités sont proposées cette année : un cours d’Histoire de la Rome Antique – un cours d’
initiation à la paléontologie – un cours portant sur Astrologie, Méditation, Mythologie et Rêve – une
formation à l’Education du jeune chien – une formation au traitement de la photo. Pour ce qui en est
des voyages : un séjour à Cuba est organisé fin de ce mois – quelques jours à Barcelone le sont à
l’occasion de Noël – un séjour au Sénégal est proposé pour la fin janvier. Quant au cycle des conférences
il reprend le 4 octobre prochain. Des petites cartes (format carte de visite) reprenant ce programme
sont à votre disposition là où se font les inscriptions.
De nouveaux bénévoles sont les bienvenus pour gérer toute ces initiatives, ne fut-ce qu’une demijournée, par exemple pour l’accueil. Nous ne sommes pas très nombreux pour la gestion de l’université.
La mise sur pied d’une bibliothèque accessible à tous au 78, rue de Bruxelles progresse. Nous cherchons
des bénévoles pour réaliser la classification et l’encodage des livres et assurer à cette occasion une
présence régulière, aider au choix des livres. Une étagère avec des livres à emporter pour 1 euro ou
plus est prévue. Dans cette initiative nouvelle, nous prenons le risque de l’accès libre et vous remercions
de l’honorer !
Un travail de recherche sur des thèmes propres aux aînés se poursuit. Le petit groupe bien actif de
l’année académique dernière a produit un document sur : « La pédagogie à l’usage des aînés ». Vous
pouvez vous le procurer à l’arsenal aujourd’hui et à l’accueil de l’UTAN les jours qui viennent. Ce travail
sera affiné cette année par des interviews de groupes ciblés d’étudiants en collaboration avec l’Unamur
et, également, par une étude comparée des programmes proposés par les différentes universités des
aînés de la Fédération W/B.
La radio « l’air du temps », grâce à la révolution numérique, étendra sa couverture d’audience bien audelà de la corbeille dans un avenir proche. Chaque mercredi de 9h à 12h, elle vous propose des
informations sur l’UTAN mais aussi des programmes musicaux, des réflexions sur un fait de société, des
actualités dans des domaines comme le cinéma, les loisirs, les fêtes régionales…
Cette petite équipe souhaite du renfort. Des bénévoles intéressés sont les bienvenus.
Tout récemment, le lendemain du 15 août, dans le contexte de la « Grande Région » : Sarre, Lorraine,
Luxembourg, Région Wallonne et suite au premier congrès des ainés organisé à l’initiative de Europ’âge
et qui s’est tenu à la mi-mai à Otzenhausen (entre Luxembourg et Saarbrücken) sur le thème de
l’intergénérationnel, 8 sarrois et 4 lorrains sont venus passer deux journées bien sympathiques à
Namur et on s’est mis d’accord pour organiser le deuxième congrès de la Grande Région en 2018 à
Namur. Ce type de rencontres est important car il offre des occasions uniques de mieux se connaitre
entre régions limitrophes et de contribuer ainsi par des liens humains à l’existence d’une véritable
Europe.
Je termine cette intervention en vous remerciant de votre attention et en vous conviant à l’arsenal pour
partager le verre de l’amitié et découvrir les formations qui vous sont proposées cette année. Une
excellente année à l’UTAN !