Le tableau de bord prospectif, outil d`alignement des mesures de
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Le tableau de bord prospectif, outil d`alignement des mesures de
Logistique & Management Le tableau de bord prospectif, outil d’alignement des mesures de performance de la chaîne logistique : l’exemple de Dell Peter C. BREWER, Ph.D., CPA Professeur, Département de Comptabilité – Miami University, Oxford, Ohio Email: [email protected] Les mérites des démarches collaboratives ont suscité une litérature importante ces dernières années. Cependant cet article soutient que les entreprises auront du mal à récolter les fruits de la collaboration avec leurs partenaires si elles ne redéfinissent pas la façon d’évaluer et de récompenser la performance de leurs collaborateurs. Le tableau de bord prospectif est un outil de mesure de la performance qui peut être utilisé pour aligner les critères et les mesures de performance des employés tout au long de la chaîne logistique. Un lien est fait entre le SCM et le tableau de bord prospectif. L’exemple de Dell Computer Corporation illustre comment le tableau de bord peut motiver une démarche collaborative. De nombreux articles, ces dernières années, ont vanté les bienfaits des partenariats de logistique collaborative. Cependant, malgré toute cette rhétorique, la plupart des organisations ont du mal à acquérir l’authentique mentalité de coopération indispensable à une démarche de supply chain management (SCM). Certes, les dirigeants sont parfaitement au courant des avantages potentiels d’une coordination de leurs efforts le long de la chaîne logistique, mais ils sont aussi infiniment conscients des obstacles qui entravent le processus d’élaboration de partenariats de chaîne logistique. Et ceci n’a rien de surprenant étant donné que les organisations s’évertuent depuis plusieurs décennies à coordonner les activités inter-fonctionnelles, alors pour ce qui est d’une coordination inter-organisationnelle… gèrent-elles encore leurs activités dans le cadre restreint de la fonction et des frontières de l’entreprise ? La réponse tourne essentiellement autour des mesures de performance. Pour dire les choses simplement, les employés axent leurs efforts sur ce qui est mesuré et relié à leurs évaluations de performance. Aussi longtemps donc que les mesures utilisées pour déterminer les augmentations de salaire et les promotions seront de nature fonctionnelle, financière et interne à l’entreprise, les employés concentreront leurs efforts en conséquence. L’attrait de la démarche SCM est nul à moins que les organisations ne repensent les processus de mesure et de récompense des performances de leurs employés. Cet article pose la question suivante : pourquoi les organisations, malgré l’attrait théorique des pratiques de gestion inter-fonctionnelle et de management logistique, Le tableau de bord prospectif (TBP) a une incidence considérable sur la manière dont les organisations mesurent la performance intra-entreprise. Une étude de Bain & Co. fait Vol. 9 – N°2, 2001 Le tableau de bord prospectif 55 Logistique & Management apparaître que 50 % des grandes entreprises américaines et 40-45 % des grandes entreprises européennes ont mis en œuvre ou envisagent de mettre en œuvre un TBP. L’attrait du TBP repose sur trois principes. Premièrement, il intègre les mesures de la performance non financière, contribuant ainsi à réduire le poids des résultats financiers à court terme. Deuxièmement, le TBP intègre les mesures orientées processus, atténuant ainsi l’importance de la performance fonctionnelle. Troisièmement, le TBP s’appuie sur quatre catégories de mesures de performance pour établir les indicateurs de performance avancés et a posteriori d’une organisation. Plus précisément, le TBP définit trois indicateurs avancés - apprentissage et croissance, processus internes et clients - qui induisent des résultats sur l’indicateur a posteriori de la performance financière. (Voir le tableau 1 pour une représentation graphique du TBP). L’établissement de ces indicateurs avancés/a posteriori permet à une entreprise de décomposer des thèmes d’un haut degré stratégique en hypothèses de cause à effet qui spécifient les interrelations entre des mesures de performance jugées propices à la réalisation d’objectifs stratégiques. Ces trois principes justifient l’utilisation du terme “balanced” en anglais, “ équilibré” en ce sens où le TBP instaure un équilibre entre les mesures de la performance financière et non financière, fonctionnelle et non fonctionnelle et avancée et a posteriori. Alors que le TBP a connu un large succès à l’échelle d’une entreprise, il n’a pas été appliqué à grande échelle pour mesurer la performance inter-entreprises le long de la chaîne logistique. La différence majeure entre un TBP de chaîne logistique et l’approche plus traditionnelle du TBP intra-entreprise tient au fait que les mesures, dans une application inter-entreprises, doivent couvrir toute la chaîne. Par exemple, une entreprise peut s’appuyer sur une mesure financière telle que la rentabilité de l’actif. Dans un environnement SCM, cette mesure deviendrait la rentabilité de l’actif de la chaîne logistique. Les bénéfices collectifs réalisés par les partenaires de la chaîne logistique seraient présentés sous forme de pourcentage de l’actif déployé pour dégager cette rentabilité. Un exemple de mesure de la chaîne logistique liée aux processus internes serait le temps de cycle de la chaîne logistique. Cette mesure est distincte de la mesure du temps de cycle de chaque entreprise au sens où elle met l’accent sur l’interdépendance entre les partenaires de la chaîne logistique en termes de capacité à livrer les produits aux consommateurs finaux dans les délais. Ces catégories de mesures de la chaîne logistique semblent étrangères à la plupart des dirigeants qui évoluent depuis plusieurs années dans des environnements de chaîne logistique basés sur des rapports de force. Ce sont pourtant ces catégories de mesures, aussi inconfortables soient-elles, qui sont nécessaires pour stimuler un comportement coopératif dans une chaîne logistique. Les chaînes logistiques capables de stimuler un comportement coopératif via des mesures de TBP couvrant toute la chaîne logistique possèdent un avantage sur les chaînes logistiques dominées par des rapports de force et empêtrées dans des relations purement commerciales et sous-optimales avec leurs fournisseurs et clients. Tableau 1 – Les axes du tableau de bord prospectif Le SCM et le TBP Adapté de Kaplan, R., and D. Norton, “Linking the Balanced Scorecard to Strategy,” California Management Review, January 1997. 56 Le tableau 2 illustre la manière dont le TBP s’intègre dans un environnement SCM. Nous allons nous pencher tout d’abord sur le modèle de SCM préconisé dans cet article en expliquant le flux de flèches descendant dans la colonne intitulée SCM. La dimension « Objectifs du SCM » de ce modèle part du principe que toutes les chaînes logistiques s’emploient à s’améliorer dans un ou plusieurs des domaines suivants : réduction des gaspillages, contraction des délais, réactivité et réduction des coûts unitaires. La réalisation de ces objectifs de chaîne logistique crée des « Avantages clients » au sens où les clients bénéficient des améliorations de la chaîne logistique en termes de qualité de produit/ser- Vol. 9 – N°2, 2001 Logistique & Management vice, temps de réponse, capacité de réponse flexible ou personnalisée, et valeur ajoutée. Tableau 2 – Lien entre le Supply Chain Management et le tableau de bord prospectif Les flèches dans la colonne SCM poursuivent leur flux descendant car une chaîne logistique qui réussit à satisfaire ses clients devrait réaliser des « Bénéfices financiers » sous forme de marges bénéficiaires accrues, de cash flows améliorés, d’augmentation du chiffre d’affaires et de rentabilité accrue de l’actif. Pour que le modèle de SCM soit dynamique, et non statique, il doit intégrer une dimension appelée « Amélioration du SCM ». Cette dimension part du principe qu’une chaîne logistique, pour rester compétitive, doit continuellement s’améliorer dans les domaines de l’innovation de produit/processus, du partage des connaissances avec les employés (gestion de partenariat) et de la gestion des flux d’information. La compétitivité continue d’une chaîne logistique repose également sur l’évaluation de sa performance par rapport aux menaces et/ou alternatives potentielles sur le marché. A noter que la dimension « Amélioration du SCM » alimente en retour la dimension “Objectifs du SCM », créant ainsi une boucle infinie d’amélioration continue. La colonne SCM de ce tableau se rattache intuitivement aux quatre catégories du TBP illustrées dans la colonne TBP. Comme l’indiquent les flèches horizontales, les quatre dimensions du modèle de SCM renvoient aux quatre classifications de mesures du TBP. En d’autres termes, la dimension « Objectifs du SCM » renvoie à l’axe « processus internes » du TBP. De même, les dimensions « Avantages clients », « Bénéfices financiers » et « Amélioration du SCM » du modèle de SCM renvoient aux axes « clients », « financier » et « apprentissage et croissance » du TBP. Comme le montre ce tableau, le TBP offre un cadre très intuitif pour organiser le processus de mesure de la performance du SCM. Dans quel contexte utiliser le TBP ? Les partenaires de la chaîne logistique devraient envisager la mise en œuvre d’un TBP lorsque leur chaîne logistique présente les deux conditions suivantes. • Première condition, les partenaires de la chaîne logistique doivent être dépendants les uns des autres. Autrement dit, il doit exister une alliance ou un partenariat véritable entre les entreprises composant la chaîne. C’est généralement le cas lorsque les partenaires d’une chaîne logistique se Vol. 9 – N°2, 2001 considèrent mutuellement comme des partenaires stratégiquement importants et donc difficiles à remplacer. A l’inverse, un TBP de chaîne logistique risque d’être moins efficace s’il est utilisé avec des fournisseurs de biens et services non stratégiques facilement remplaçables. En outre, un TBP de chaîne logistique aura vraisemblablement moins de valeur si une entreprise détient un pouvoir excessif au sein de la chaîne logistique et a, par le passé, fait usage de ce pouvoir à son profit. Ce déséquilibre de pouvoir risque en effet de réduire à néant l’esprit coopératif indispensable à la réussite d’un TBP de chaîne logistique. • Deuxième condition, la chaîne logistique doit avoir des objectifs non alignés. Il y a non-alignement lorsque des partenaires de la chaîne logistique s’appuient sur des mesures logistiques traditionnelles intra-entreprise qui n’accordent pas le même degré d’importance aux Objectifs SCM indiqués 57 Logistique & Management à le tableau 2. Par exemple, un partenaire de la chaîne logistique met l’accent sur les expéditions par camions complets parce qu’il utilise des mesures logistiques basées sur les coûts pour récompenser ses employés lorsque l’objectif de réduction des coûts unitaires est atteint. Le partenaire en aval, quant à lui, se focalise sur les livraisons clients juste à temps parce qu’il utilise des mesures logistiques à caractère temporel pour récompenser ses employés lorsque l’objectif de réduction du temps de production et de synchronisation de la production avec les commandes clients est atteint. Dans cet exemple, la mise en œuvre d’un TBP de chaîne logistique permettrait aux partenaires d’engager un dialogue pour éliminer ce défaut d’alignement et définir d’un commun accord une stratégie de chaîne logistique. Des mesures de TBP seraient ensuite sélectionnées pour récompenser les partenaires de la chaîne logistique atteignant les objectifs stratégiques convenus. Il est important de souligner que chaque partenaire de la chaîne logistique et ses employés doivent tirer des avantages financiers de la stratégie de chaîne logistique choisie et des mesures de TBP sélectionnées. Pour reprendre l’exemple ci-dessus, si un partenaire de la chaîne accepte de faire des expéditions par camions à chargement incomplet afin de soutenir la stratégie SC, les employés du service d’expédition de cette entreprise devraient être récompensés pour la livraison juste à temps d’expéditions par camions à chargement incomplet, au lieu d’être récompensés pour la réduction des coûts unitaires basée sur des expéditions par camions complets. Le TBP devrait également comporter des mesures financières qui quantifient le bénéfice net pour l’entreprise expéditrice assurant les expéditions par camions à chargement incomplet. Par exemple, des mesures de l’augmentation du chiffre d’affaires quantifieraient l’augmentation des ventes aux clients finaux découlant de la stratégie de chaîne logistique coordonnée. Ce type de mesures permettrait à l’entreprise expéditrice de quantifier la hausse de ses bénéfices provenant de l’augmentation des ventes, nets des frais de transport additionnels. Dell Computer Corporation : illustration Dell Computer Corporation (ci-après désigné Dell) connaît une fabuleuse réussite due en 58 grande partie à son modèle de vente directe qui a révolutionné l’industrie informatique. En reconfigurant la chaîne logistique pour contourner les distributeurs, Dell a construit une entreprise de plusieurs milliards de dollars fondée sur la vente directe aux clients finaux. En amont, Dell a noué des partenariats avec un nombre restreint de fournisseurs de qualité pour créer ce que Michael Dell appelle l’intégration virtuelle. L’intégration virtuelle s’appuie sur une chaîne logistique étroitement coordonnée pour générer l’intégration des efforts et des connaissances traditionnellement obtenue à travers une intégration verticale. Cependant, dans le même temps, les organisations virtuellement intégrées atteignent un degré de spécialisation et de savoir-faire impossible à atteindre dans les grandes organisations verticalement intégrées. La chaîne logistique virtuellement intégrée de Dell permet d’illustrer de manière simple une application de TBP dans un environnement SCM. Pour faciliter la discussion, la stratégie de Dell est décomposée en deux propositions de valeur, l’intimité client et l’efficience opérationnelle. La proposition de valeur « intimité client » Pour Dell, le concept de customer intimacy ou intimité client signifie faire entrer la voix du client au plus profond de l’entreprise pour concevoir des innovations et solutions technologiques adaptées aux besoins du client. En effet, Michael Dell a déclaré que sa plus grande responsabilité en tant que dirigeant est d’identifier les « changements de valeur » des clients de son entreprise. Dell s’appuie en outre sur une structure organisationnelle segmentée pour permettre à ses managers de nouer des relations intimes avec des segments de clients. Cependant, la réalisation de cette proposition de valeur « intimité client » ne se limite pas à Dell et à ses clients. Les fournisseurs de Dell jouent un rôle crucial dans la production rapide de solutions orientées client. En fait, les ingénieurs employés par les fournisseurs de Dell travaillent en coopération avec les ingénieurs de Dell pour créer de nouveaux produits qui répondent à la voix du client. Dell fait confiance à ses fournisseurs pour traduire efficacement la voix du client en un produit manufacturé. En résumé, la proposition de valeur « intimité client » de Dell est fondée sur une vision de la chaîne logistique qui définit le client comme le déclencheur d’innovation et qui s’appuie fortement sur Vol. 9 – N°2, 2001 Logistique & Management l’expertise d’ingénierie et de fabrication des fournisseurs. Tableau 3 – Tableau de bord prospectif de la chaîne logistique de Dell Proposition de valeur “intimité client” Le tableau 3 comporte des exemples de mesures de TBP que Dell et ses partenaires de la chaîne logistique pourraient utiliser pour stimuler la réalisation de la proposition de valeur « intimité client ». Pour l’axe « apprentissage et croissance », les deux premières mesures sont le « nombre d’équipes mixtes Dell/client dédiées aux solutions client» et le « pourcentage d’augmentation du temps de contact avec les clients ». Ces mesures encouragent Dell à construire des points de contact avec les clients et à consacrer du temps à la collaboration avec son réseau de contacts. Les autres mesures de l’axe « apprentissage et croissance » sont le «nombre d’équipes mixtes Dell/fournisseur dédiées aux solutions produit » et le « pourcentage d’augmentation du temps de contact avec les fournisseurs ». Ces mesures encouragent Dell à coopérer avec ses fournisseurs pour fabriquer avec efficience et efficacité des produits innovants répondant aux besoins des clients. L’axe « processus interne » comporte trois mesures. La première mesure, « nombre de solutions personnalisées offertes par la chaîne logistique », encourage la chaîne logistique à concrétiser les idées du client. A noter d’après les flèches à le tableau 3 que les deux premières mesures de l’axe « apprentissage et croissance » visent à induire une amélioration de la première mesure de l’axe « processus interne ». La deuxième mesure, « temps de lancement moyen des idées du client dans la chaîne logistique », encourage la chaîne logistique à convertir en produit livrable les innovations dictées par le client, et ce avec une efficacité optimale. Après tout, le client n’appréciera l’innovation que si elle peut être livrée rapidement. Cette mesure conduit à une amélioration du « nombre de solutions personnalisées». Elle vise à assurer une concrétisation rapide des idées générées par les équipes mixtes Dell/client. La troisième mesure « taux de défauts initiaux de la chaîne logistique » encourage la chaîne logistique à lancer rapidement sur le marché les innovations dictées par le client, mais avec un haut niveau de qualité. A noter que les deux dernières mesures de l’axe « processus internes » sont induites par les mesures orientées fournisseur de l’axe « apprentissage et croissance ». L’axe « client » comporte trois mesures. La première mesure « perception du client par rapport à la capacité de réaction de la chaîne Vol. 9 – N°2, 2001 logistique » évalue la perception qu’a le client de la capacité de la chaîne logistique à traduire ses idées en innovations de produit. Cette mesure porte sur deux composantes : la réponse flexible et la livraison dans les délais. La mesure intitulée « perception du client par rapport à la valeur créée par la chaîne logistique » évalue la manière dont le client perçoit la réponse flexible et la livraison dans les délais en termes de qualité et de prix. A noter que la première mesure de l’axe « processus internes », « nombre de solutions personnalisées livrées par la chaîne logistique », induit une amélioration de la première mesure de l’axe « clients ». La troisième mesure de l’axe « processus internes », « taux de défauts initiaux de la chaîne logistique », induit une amélioration de la « perception du client par rapport à la valeur créée par la chaîne logistique ». La deuxième mesure de l’axe « processus internes », « temps de lancement 59 Logistique & Management Tableau 4 – Tableau de bord prospectif de la chaîne logistique de Dell Proposition de valeur “efficience opérationnelle” res de l’axe «clients» ne couvrent pas toute la chaîne logistique au sens où elles incorporent uniquement le retour d’informations du consommateur final, cependant le retour d’informations du client peut être communiqué à tous les partenaires de la chaîne logistique pour identifier les causes premières d’une performance exceptionnelle ou insatisfaisante. La première mesure de l’axe « financier » évalue la « marge brute par partenaire de la chaîne logistique ». Elle est induite par les mesures de l’axe «clients». Si la chaîne logistique réussit à répondre à la voix du client en livrant rapidement des solutions personnalisées de haute qualité, elle devrait être récompensée par des marges brutes élevées. La marge brute est mesurée pour chaque partenaire de la chaîne logistique afin de déterminer l’existence d’une relation de coopération gagnant-gagnant. Si une entreprise utilise son influence pour dégager des bénéfices disproportionnellement élevés, cela laisse supposer un manque de partenariat. Parmi les conséquences potentielles à long terme de l’approche basée sur les rapports de force, on peut citer une baisse du chiffre d’affaires des fournisseurs, un produit de qualité inférieure et une capacité d’innovation moindre. moyen des idées du client dans la chaîne logistique », induit une amélioration dans les deux mesures de l’axe « clients » commentées plus haut. Le lien à la composante « livraison dans les délais » de la première mesure de l’axe «clients» est bien entendu la dimension temporelle. Le lien à la composante « valeur créée » de l’autre mesure de l’axe «clients» est l’impact du prix sur la perception de la valeur. Si la chaîne logistique réussit à réduire le temps et les ressources humaines engagés pour générer efficacement des innovations dictées par le client, elle abaisse ses coûts. La réduction des coûts augmente les chances d’établir un prix perçu comme une bonne valeur par le client, mais néanmoins rentable pour la chaîne logistique. La dernière mesure de l’axe « clients », « fidélisation des clients », est influencée par les autres mesures de l’axe « clients » du TBP. En d’autres termes, les clients restent fidèles s’ils estiment que la chaîne logistique répond à leurs besoins selon des critères de rapidité, de haute qualité et de rentabilité. Chaque mesure de l’axe «clients» est focalisée sur la perception du consommateur final. Certes, les mesu- 60 La deuxième mesure de l’axe « financier » évalue « l’augmentation du bénéfice brut d’une solution personnalisée par rapport à l’augmentation des frais R&D et de vente de la chaîne logistique ». Elle encourage la chaîne logistique à creuser l’écart entre des marges brutes en hausse et une utilisation prudente et efficiente des ressources humaines R&D et de vente déployées pour soutenir la nouvelle activité. Cette mesure est induite par les trois mesures de l’axe «clients». La dernière mesure de l’axe « financier » est « revenus provenant de l’acquisition de nouveaux clients ». Son intégration dans le TBP part du principe que des résultats positifs dans les deux premières mesures de l’axe «clients» devraient se traduire par des acquisitions de nouveaux clients selon un processus de bouche à oreille. La proposition de valeur « efficience opérationnelle » L’efficience opérationnelle consiste à mettre sur le marché un produit de haute qualité selon des critères de rapidité et de rentabilité. Les deux piliers de l’efficience opérationnelle pour Dell sont l’information et la vitesse de rotation des stocks. Les clients et les fournisseurs jouent un rôle crucial dans ce processus. Vol. 9 – N°2, 2001 Logistique & Management Le client est le point de déclenchement de commande qui détient les informations relatives à ses exigences d’achat. Dell doit transférer ces informations aussi vite que possible à ses fournisseurs pour permettre une livraison rapide au client. Comme pour la proposition de valeur « intimité client », la réussite de Dell en termes d’efficience opérationnelle repose sur ses partenaires de la chaîne logistique, à savoir le client et les fournisseurs. Le tableau 4 comporte des exemples de mesures de TBP que Dell et ses partenaires de la chaîne logistique pourraient utiliser pour stimuler la réalisation de la proposition de valeur « efficience opérationnelle ». Pour l’axe « apprentissage et croissance », la mesure « investissement de la chaîne logistique dans la technologie de partage de l’information » encourage Dell et ses fournisseurs à investir dans la technologie qui permettra une amélioration continue du temps de réponse aux commandes clients. La mesure « nombre d’ensembles de données partagées avec les fournisseurs » encourage Dell à partager des informations, telles que les prévisions de la demande, avec les fournisseurs pour permettre une réponse rapide et des coûts de stockage et de démarque minimaux. La mesure « nombre d’équipes d’amélioration de processus de la chaîne logistique » encourage Dell à coopérer avec ses fournisseurs pour éliminer les activités sans valeur ajoutée de la chaîne logistique et réaliser des activités à valeur ajoutée avec une efficience accrue. La mesure « nombre d’équipes mixtes Dell/fournisseur dédiées aux solutions produit » de l’axe « apprentissage et croissance » dans le volet « intimité client » du TBP diffère de cette mesure au sens où le volet « efficience opérationnelle » met l’accent sur l’amélioration des processus et non sur l’innovation des produits. Les mesures de l’axe « processus internes » portent sur l’information et la vitesse de rotation des stocks. Les deux premières mesures sont en effet « pourcentage d’amélioration du temps de cycle d’information entre le client et le fournisseur » et « vitesse de rotation des stocks de la chaîne logistique ». Communiquer plus rapidement les informations de commandes clients aux fournisseurs permet de synchroniser la production avec la demande, et d’accélérer ainsi la vitesse de rotation des stocks dans la chaîne logistique. La troisième mesure de l’axe « processus internes », « temps de cycle de résolution des défauts qualité de la chaîne logistique », Vol. 9 – N°2, 2001 évalue la rapidité avec laquelle Dell et ses fournisseurs sont capables de reconcevoir des composants pour rectifier des défauts identifiés par les clients. A noter que chaque mesure de l’axe « apprentissage et croissance » induit une amélioration des mesures de l’axe « processus internes ». Plus spécifiquement, investir dans la technologie de transfert d’information, créer des équipes mixtes d’amélioration de processus et partager des ensembles de données avec les fournisseurs permet d’améliorer l’information, la vitesse de rotation des stocks et la qualité dans la chaîne logistique. L’axe «clients» comporte au total trois mesures. Les deux premières s’intitulent “perception du client par rapport au temps de cycle commande-livraison” et “perception du client par rapport au délai de résolution”. Ces mesures sont influencées par les mesures à caractère temporel de l’axe “processus internes”. Elles représentent trois composantes de la performance en matière de réactivité. Premièrement, elles mesurent le temps nécessaire pour communiquer le retour d’information du client aux fournisseurs. Deuxièmement, elles mesurent le temps nécessaire pour fabriquer le produit ou créer une solution à un problème de qualité. Troisièmement, elles mesurent le temps nécessaire pour livrer au client un produit ou une solution d’amélioration de qualité. Ces mesures permettent de s’assurer que Dell et ses fournisseurs améliorent leur réactivité tout en répondant précisément aux attentes des clients. La dernière mesure de l’axe «clients» s’intitule ”perception du client par rapport à la valeur créée“. Elle vise à évaluer la manière dont le client perçoit la qualité et la livraison dans les délais par rapport au prix de vente. Semblable à la mesure de l’axe “clients” basée sur la valeur dans le volet “intimité client” du TBP, cette mesure reconnaît que la proposition de valeur “efficience opérationnelle” doit également être évaluée par rapport au prix. A noter que “la perception du client par rapport à la valeur créée” est induite par deux autres mesures de l’axe “clients”. Les mesures de l’axe “financier” sont au nombre de trois : “cycle cash-cash de la chaîne logistique”, “marge bénéficiaire de la chaîne logistique” et “revenus provenant de l’acquisition de nouveaux clients”. Pour mesurer le cycle cash-cashde la chaîne logistique, il faut ajouter le nombre de jours restants jusqu’au règlement des comptes clients de Dell au nombre de jours de stockage dans la 61 Logistique & Management chaîne logistique, puis soustraire le nombre de jours restants jusqu’au règlement des comptes fournisseurs de Dell. Pour convertir cette mesure en dollars, il faut multiplier le nombre de jours dans le cycle cash-cash par la valeur moyenne en dollars d’une journée de stock. Cette mesure est influencée par la perception qu’a le client du délai de livraison d’une commande, laquelle perception est influencée par les mesures à caractère temporel de l’axe “processus internes”. “La marge bénéficiaire de la chaîne logistique” devrait être mesurée pour la chaîne logistique entière et pour chaque partenaire. Si la chaîne logistique répond aux attentes des clients, comme indiqué et mesuré dans l’axe “clients”, cela devrait conduire à des marges bénéficiaires saines. Enfin, si la chaîne logistique opérationnellement efficace de Dell offre un avantage concurrentiel sur le marché, cela devrait attirer de nouveaux clients, comme mesuré par l’indicateur “revenus provenant de l’acquisition de nouveaux clients”. Conclusion Face à un environnement turbulent en mutation constante, il est difficile pour les entreprises d’établir une source durable d’avantage concurrentiel. Le SCM constitue un outil prometteur pour venir à bout de ce problème. Les entreprises capables de coopérer pour établir des systèmes collaboratifs sur mesure auront vraisemblablement un avantage durable sur leurs concurrents qui éparpillent les ressources et gaspillent du temps à cause d’une mauvaise communication et d’un manque de coopération. Calabro (2001) “On Balance,” CFO Magazine, February 1, 2001. Cooper, M., D. Lambert, and J. Pagh (1997) “Supply Chain Management: More Than a New Name for Logistics,” International Journal of Logistics Management, vol. 8, no.1, pp. 1-14. Davis, T. (1992) “Effective Supply Chain Management,” Sloan Management Review, vol. 34, no. 3, pp. 35-46. Dell, M., and C. Fredman (1999) Direct from Dell: Strategies that Revolutionized an Industry, Harper Collins Pulishers, Inc., New York, NY. 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