typologie des structures arbustives
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typologie des structures arbustives
Institut National d’Horticulture et du Paysage 2, rue le Nôtre 49000 Angers Master 1 - Spécialité horticulture – Rapport de stage « Méthodologie – Recherche » Guillaume Morlans Proposition d’une typologie des structures arbustives rencontrées en milieu urbain Structure d’encadrement : Association Les Arbusticulteurs Arboretum de La Petite Loiterie - Le Sentier 37110 Monthodon Plante & Cité 2, rue le Nôtre 49000 Angers Personnes encadrantes : Caroline Brunel (Plante & Cité) Jac Boutaud (Les Arbusticulteurs) Bertrand Martin (SEV de la ville de Rennes) Pierre Raimbault (ENGREF) 1 Proposition d’une typologie des structures arbustives rencontrées en milieu urbain Résumé La gestion des massifs arbustifs représente une part importante du budget des services des espaces verts des villes françaises. Dans le contexte actuel d’augmentation des surfaces vertes en milieu urbain et la stagnation voire la diminution des ressources financières et humaines consacrées à ce poste, les services des espaces verts souhaitent améliorer leurs pratiques d’entretien et mieux maîtriser leurs temps de travaux. Dans ce but, il est nécessaire d’avoir une connaissance précise des différents types de massifs arbustifs que l’on peut rencontrer en ville. Après une phase d’observation dans les villes d’Angers, Brest, Laval, Nantes, Rennes et Tours, une typologie des structures arbustives a été élaborée. Elle est composée de 8 types principaux, facilement identifiables, et de 30 sous-types intégrants des critères de forme et de modalités d’entretien. Cette typologie permet aux gestionnaires des espaces verts d’identifier la totalité des ensembles arbustifs présents en milieu urbain et peut donc servir de base de travail pour définir des modalités d’entretien « standardisées » adaptées à chaque type de structure. Mais la structure d’un ensemble arbustif n’est pas le seul paramètre qui doit être pris en compte dans cette démarche, le code de gestion différenciée attribué au massif, les contraintes environnementales et urbanistiques auxquelles il est soumis devront aussi être pris en compte. Abstract The management of shrub clumps represents an important part of the budget for French cities's green space services. In the current context of increase of the green surfaces in urban area and stagnation, even more the decrease, of financial and human resources dedicated to this sector, the green spaces services wish to improve their practices of maintenance and to have a better mastering of their time of works. In this purpose, it is necessary to have knowledges to clarify various types of shrub clumps we can meet in city. After an observation time in Angers, Brest, Laval, Nantes, Rennes and Tours, a typology of shrub clump structures was elaborated. It consists of 8 main, easily recognizable, types and 30 subcategories based on criterias of shape and maintenance modalities. This typology allows green space administrators to identify the totality of the shrub clumps present in urban area and can serve as working base to define "standardized" maintenance modalities adapted to every type of clump. But the structure of a shrub clump is not the only parameter which must be taken into account in this step. The differentiated management code attributed to clumps, its environmental and urbanistic constraints also have to be taken into account. Introduction Portée par l’engouement des citadins pour le retour d’une certaine nature en ville, la place des espaces verts dans les villes françaises a significativement progressé depuis les 30 dernières années. Aujourd’hui les espaces verts n’ont plus une simple fonction d’agrément, mais ont aussi une mission sociale, environnementale, et politique. Pour les services des espaces verts (SEV) ces évolutions ont demandé un important travail de réflexion à la fois sur la nature des espaces verts en ville, mais aussi sur leur gestion. Concernant ce dernier point, les SEV ont du s’adapter à des contraintes nouvelles, d’ordre écologique (réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires…), économique (réduction des budgets), et humain (réduction des effectifs). C’est dans ce contexte qu’est apparu le concept de gestion différenciée, adopté par la majorité des SEV des villes françaises (AGGERI et DONADIEU, 2000). Ainsi les espaces verts ont été classifiés selon le niveau d’entretien qu’il leur a été attribué en fonction de leur situation géographique, leur degré de fréquentation et de leur vocation. Aujourd’hui ce concept a 2 encore évolué et chaque espace vert possède son « code maintenance » permettant aux gestionnaires une meilleure maîtrise de leurs temps de travaux et par conséquent de leurs ressources économiques et humaines (COLLECTIF, 1995), (C.N.F.P.T, 2000). Les arbustes représentent dans les villes une part importante du budget d’entretien des espaces verts (un quart du temps de travail global pour une ville comme Nantes) et sont à l'origine de plus d’un tiers de l'ensemble des déchets végétaux produits par les villes (BOUTAUD, 2005). Face à ce constat, les gestionnaires des espaces verts souhaitent s’intéresser plus précisément à l'entretien des massifs arbustifs dans le but d'améliorer les pratiques et donc de diminuer les coûts liés à leur gestion (BOUTAUD, 2005). Pour cela, il est indispensable de faire un état de l’art sur ces ensembles arbustifs afin d’évaluer leur diversité du point de vue de leurs formes, structures, compositions, fonctions, utilisations etc. Il s’agit donc dans un premier temps de déterminer les caractéristiques des ensembles arbustifs qui ont une incidence sur leur entretien et ensuite d’élaborer une classification de ces ensembles arbustifs à partir de critères facilement identifiables sur le terrain. Cette classification permettrait d’aider les gestionnaires des services des espaces verts à déterminer des modes de gestion (modalités d’entretien) adaptés à chaque type de massif et ainsi de mieux maîtriser leurs temps de travaux. Parmi les multiples entrées possibles à cette classification, la structure du massif nous a paru la plus pertinente (BOUTAUD, MORLANS et RAIMBAULT, com. pers. 2007); d’une part, la structure d’un massif est probablement le critère de description le plus évident, y compris pour un public non initié ; d’autre part, c’est une caractéristique qui aura une grande influence sur la nature et la fréquence des travaux d’entretien d’un massif. Mais précisons tout d’abord ce que l’on entend par « structure arbustive ». La structure d’un ensemble arbustif peut être définie comme « la répartition spatiale (dans les trois dimensions) des individus végétaux (les arbustes) de la station » (GODRON et al., 1968). Ce type de classification est fréquemment utilisé par les écologues qui s’intéressent à la phytosociologie (notamment au sein de groupement forestier), mais très rarement dans le domaine du paysage et des jardins. On peut à ce sujet déplorer le fossé qu’il existe encore aujourd’hui entre écologie et jardinage alors que la phytosociologie pourrai fournir aux gestionnaires des espaces verts des outils d’analyse et de proposition précieux (CHAUVEL et RUMELHARD, 1988). La classification des structures végétales développée par le SRETIE nous permet d’identifier une partie des structures arbustives présentent en milieu urbain. Cependant, elle correspond d’avantage à des structures que l’on retrouve dans des parcs et des jardins historiques et pas aux structures que l’on rencontre dans les nouveaux aménagements urbains (exemple : les massifs de couvre sol). Elle n’intègre pas non plus certains critères qui auront des répercutions directe sur l’entretien de ces structures. Enfin, elle n’est pas spécifique aux ensembles arbustifs. Avec une approche structurale, les massifs arbustifs sont appréhendés en tant que communauté d’individus regroupés en strates ayant des interactions entre elles. Pour construire cette typologie il était donc nécessaire de disposer d'une définition précise des différentes strates arbustives. Dans la majorité des ouvrages horticoles on retrouve une classification des arbustes en trois strates (de la plus grande à la plus petite) : arbrisseau (4-5 m), arbuste (1-2 m), sous-arbrisseau (< 1 m) (HAMM, 1969). Dans les ouvrages d’écologie de nombreux auteurs distinguent les strates végétales en les liant à des notions taxinomiques ce qui ne correspond pas à notre objectif. D’autre écologues définissent les strates à partir de limites fixes de hauteur des végétaux (RAUNKIER, 1905) (GODRON et al., 1968). Cette approche ne correspond pas non plus à nos attentes. Nous avons donc choisis de définir une nouvelle classification des strates arbustives basée sur la hauteur des végétaux, leur mode de développement et de ramification. Matériels et méthodes Cette étude s’est déroulée en deux phases, la première d’observation et de description des massifs in situ, la deuxième de classification de ces massifs à partir des critères structuraux retenus. 1. Echantillonnage Les ensembles étudiés sont toutes les structures arbustives situées en zone urbaine ou périurbaines et entretenues par les services des espaces verts (SEV) des villes d'Angers, Brest, Laval, Nantes, Rennes et 3 Tours. L'échantillonnage s'est fait de façon semi empirique en concertation avec les gestionnaires des SEV de chaque ville. Le but était d'observer le maximum de structures différentes, pour ensuite cibler celles qui présentaient un intérêt particulier à être décrites ou qui n'avaient pas encore été observées au moment de l’enquête. Le nombre d'échantillons sélectionnés par ville est environ de 20 et dépend des disponibilités de chaque service et du temps passé dans chacune d'elles. Les villes sont considérées comme des répétitions et ne sont en aucun cas comparées entre elles. Chaque échantillon sélectionné a été décrit à l'aide d'une fiche de terrain selon des critères définis au préalable (voir annexe 1). par le Secrétariat d’Etat à l’Environnement (SRETIE) (CHAUVEL et RUMELHARD, 1988) (annexe 2), nous avons retenu, dans un premier temps, uniquement des critères structuraux. La forme d’un massif (structure horizontale), le nombre et la nature des strates qui le composent ainsi que leur organisation (structure verticale) sont les quatre éléments les plus facilement identifiables d’un massif et ont donc été retenu en premier. Ensuite, nous avons choisi d’intégrer la composition spécifique du massif ainsi que le mode de conduite des éléments de la structure qui vont avoir une influence sur la gestion générale du massif. Les modalités observées de chacun de ces critères sont présentées dans le tableau 1. 2. Description des échantillons Tableau 1 : Tableau récapitulatif des critères retenus pour élaborer cette typologie et leurs modalités. Avant de débuter la phase d'observation sur le terrain, une fiche de description des structures arbustives a été élaborée. Une première version de cette fiche, contenant 12 critères (purement descriptifs), a été construite puis testée sur une vingtaine de massifs de la ville d'Angers. Elle a permis d'élaborer une première ébauche de la typologie des structures arbustives. Une seconde version de cette fiche a ensuite été réalisée mais cette fois avec 33 critères (descriptifs et relatifs à l’entretien). Ces critères sont présentés dans le tableau 1. Cette dernière version a permis d'affiner la typologie et de décrire les modalités d'entretien de chaque échantillon. 3. Choix des critères discriminants Une vingtaine de massifs ont été décrit grâce à la fiche de description (annexe 1) dans chacune des 6 villes enquêtées. Pour classifier ces massifs il a fallu déterminer quels étaient les critères les plus à même de les différencier entre eux. En se basant sur la typologie des catégories contemporaines d’utilisation des ligneux, dans les jardins et les aménagements paysagers, développée Critères Modalités Nombre de strate Monostrate Multistrate Nature des strates Strate Couvre-sol Strates arbustives Symboles 1 >1 S1 S2/S3/S4/S5 Organisation des strates Superposées Juxtaposées = // Forme du massif Bande linéaire Massif / O Mode de gestion Architecturé Taillé Non taillé ∆ T ~ Composition spécifique Monospécifique Plurispécifique Mono Pluri Afin de pouvoir décrire précisément la nature des strates arbustives présentes dans un massif, nous avons établi une nouvelle classification des arbustes. Celle-ci se base sur la capacité potentielle de développement des arbustes, en terme de hauteur, mais aussi sur le mode de développement et de ramification dans des conditions « standards » (moyennes) de croissance. Résultats Nous avons donc établi au préalable une classification des strates arbustives qui nous permette de d’identifier différent types de structures. Celle-ci est présentée dans le tableau 2. Pour définir à quelle strate appartient un arbuste, on considèrera d’abord sa taille qui peut être relié à une fonction paysagère (couvre-sol, volume bas …) puis son port. Ce dernier élément nous permettra de lever les ambiguïtés qu’il pourrait exister pour un arbuste à la limite de deux strates. Les principaux facteurs à observer dans cette situation sont : l’orientation des rameaux par rapport au sol (rameaux horizontaux = S1), 4 l’intensité de la basitonie (port compact et buissonnant = S2), la présence de rameaux dans la partie basale (pas de rameaux bas = S5). La pertinence des critères de différenciation peut cependant être discutée (exemple Viburnum tinus). Tableau 2 : Classification des strates arbustives utilisée pour la description des massifs. Code S1 S2 S3 S4 S5 Intitulé Strate Couvre-sol Couvre-sol / Volume bas Volume haut 1 Volume haut 2 Grands arbustes Hauteur * < 50 cm 50 - 150 cm 150 - 250 cm 250 - 500 cm >5m * hauteur naturelle de la plante sans aucune taille La typologie permet d'identifier 30 types de massifs sur les 100 décrits. Il est possible d’isoler 8 types « principaux » (numérotés de I à VIII) ; nommés ainsi pour leur caractère facilement identifiable ; correspondant à la combinaison des critères de structure verticale (nature des strates, nombre de strates et organisation des strates). Les sous- types (numérotés de a à h) correspondent à la combinaison des critères de forme (structure horizontale), de composition spécifique et de conduite du massif. La fréquence d’apparition des différents types ainsi que les modalités qui les caractérisent sont présentées dans le tableau 3. Tableau 3 : Tableau récapitulatif des caractéristiques des différent types de massifs arbustifs identifiés dans les villes enquêtées. Type de structures arbustives Type I Type II Type III Type IV Type V Type VI Type VII Type VIII a b c d e f g h a b c d a b c d a b a b a b a b c d a b c d Critères Fréquence (en %) Forme Nombre de strates Strates 6 2 4 2 3 2 1 2 8 6 5 4 2 3 4 6 3 2 1 2 3 3 3 4 1 2 6 2 5 3 / / / / O O O O / / / / O O O O * * / / O O / / O O / / O O 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 >1 >1 >1 >1 >1 >1 >1 >1 >1 >1 >1 >1 S1 S1 S1 S1 S1 S1 S1 S1 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S2/S3/S4/S5 S1/S2/S3/S4/S5 S1/S2/S3/S4/S5 S1/S2/S3/S4/S5 S1/S2/S3/S4/S5 S1/S2/S3/S4/S5 S1/S2/S3/S4/S5 S1/S2/S3/S4/S5 S1/S2/S3/S4/S5 S1/S2/S3/S4/S5 S1/S2/S3/S4/S5 Organisatio Compositio n des n spécifique strates Mono Mono Pluri Pluri Mono Mono Pluri Pluri Mono Mono Pluri Pluri Mono Mono Pluri Pluri Mono Mono = Pluri = Pluri = Pluri = Pluri // Pluri // Pluri // Pluri // Pluri // Pluri // Pluri // Pluri // Pluri Conduite Taillé Libre Taillé Libre Taillé Libre Taillé Libre Architecturé Libre Architecturé Libre Taillé Libre Taillé Libre Architecturé Libre Taillé Libre Taillé Libre Taillé Libre Taillé Libre Taillé Libre Taillé Libre Note : La correspondance des symboles utilisés dans ce tableau est présentée dans le tableau 2. Les grands types de massifs arbustifs identifiés sont codés en chiffre Romain. Les sous types sont codés en lettre minuscule. La structure d’un massif peut donc être définie en combinant ces deux codes. Exemple : une haie monospécifique taillée correspond à un Type IIa. 5 Pour permettre une compréhension et une utilisation simplifiée de cette typologie nous l’avons présenté en figure 1 sous la forme d'une clef de détermination. Cette forme permet de visualiser la nature et l'ordonnancement des différents critères qui caractérisent chaque type. Ainsi pour classer un massif donné dans cette typologie, on distinguera dans un premier temps des éléments de la macro-structure puisque se sont les plus remarquables : le nombre de strates présentes (monostrate / multistrate), leur nature (couvre-sol / strates arbustives) Monostrate Strate couvre-sol Type I : Le couvre sol ou leur organisation (strates superposée / strates juxtaposées). Ensuite interviennent des éléments de description plus fin : la forme du massif (bande linéaire / massif / sur talus), la nature de sa composition spécifique (monospécifique / plurispécifique), et enfin son mode de conduite (forme architecturée / taillée / forme libre). Selon la branche sur laquelle on se situe dans l'arborescence, la nature et l'organisation des critères d'identification peuvent varier. Ceci est dû aux particularités et au degré de complexité de chaque structure. Bande linéaire Monospécifique Plurispécifique Sur talus Monospécifique Plurispécifique Strates arbustives Bande linéaire Type II : La haie Monospécifique Plurispécifique Massif Type III : Le massif Monospécifique Plurispécifique Multistrates Superposées Juxtaposées taillé forme libre taillé forme libre taillé forme libre taillé forme libre Type I Type I Type I Type I Type I Type I Type I Type I a b c d e f g h forme architecturée forme libre forme architecturée forme libre Type II Type II Type II Type II a b c d taillé forme libre taillé forme libre Type III Type III Type III Type III a b c d Isolé Type IV : L'arbuste isolé forme architecturée forme libre Type IV Type IV a b Bande linéaire Type V : La haie champêtre Taillée Libre Type V Type V a b Massif Type VI : Le bosquet Taillée Libre Type VI Type VI a b Avec gradient de hauteur Type VII : La lisière Taillée Libre Taillée Libre Type VII Type VII Type VII Type VII a b c d Taillée Libre Taillée Libre Type VIII Type VIII Type VIII Type VIII a b c d Bande linéaire Massif Sans gradient de hauteur Type VIII : La composition irrégulière Bande linéaire Massif Figure 1 : Clef de détermination des structures arbustives rencontrées dans les villes de l'Ouest. Les massifs monostratifiés sont les plus facilement identifiables : haies (figure 2), massif d’arbustes et de couvre-sol (figure 3). Les massifs multistratifiés : haies champêtres, bosquets (figure 4), lisières (figure 5) et compositions irrégulières (figure 6) sont plus difficiles à appréhender et méritent d’être explicités. La haie champêtre (type V) est composé d’au moins deux strates (S2, S3, S4 ou S5) se superposant et créant ainsi une barrière physique et la plupart du temps un écran visuel opaque. Selon son mode de conduite, elle prendra la forme d’une haie régulière (rectangle) ou bien celle d’une marquise (lorsque seule la partie inférieure est taillée). On la retrouve beaucoup en accompagnement de voirie des zones rurales et plus rarement en zone pavillonnaire et en centre ville. Le bosquet (Type VI) correspond à une structure non linéaire, difficilement pénétrable et qui ne présente pas des caractères de lisière forestière. On retrouve principalement cette structure dans des jardins et parcs urbains. La lisière (type VII) est composée de 3 strates ou plus, peu ou pas superposées1 et organisées selon un gradient de hauteur à la manière d’un escalier. La composition irrégulière (type VIII) est composée de plusieurs strates peu ou pas superposées1 et 6 sans logique d’organisation particulière. On le retrouve principalement en accompagnement de routes, pistes cyclables et chemins piétons (sous-type a) où leur impact paysager est généralement fort. 1 Moins de 50% de chevauchement des strates Type II a Forme : Bande linéaire Nombre de strates : 1 Strate(s) présente(s) : S2/S3/S4/S5 Organisation des strates : Composition spécifique : Monospécifique Conduite : Architecturé Figure 2 : Une haie architecturée (Type IIa) au cœur de Nantes. Type I e Forme : Massif Nombre de strates : 1 Strate(s) présente(s) : S1 Organisation des strates : Composition spécifique : Monospécifique Conduite : Taillé Figure 3 : Un couvre sol sur talus (Type Ie) à Brest. Type VI a Forme : Massif Nombre de strates : >1 Strate(s) présente(s) : S1/S2/S3/S4/S5 Organisation des strates : Superposées Composition spécifique : Plurispécifique Conduite : Taillé Figure 4 : Un bosquet (Type VIa) au parc du Tabor à Rennes. 7 Type VII c Forme : Massif Nombre de strates : >1 Strate(s) présente(s) : S1/S2/S3/S4/S5 Organisation des strates : Juxtaposées Composition spécifique : Plurispécifique Conduite : Taillé Figure 5 : Un massif de type lisière (Type VIIc) dans les environs de la Technopôle d’Angers. Type VIII c Forme : Massif Nombre de strates : >1 Strate(s) présente(s) : S1/S2/S3/S4/S5 Organisation des strates : Juxtaposées Composition spécifique : Plurispécifique Conduite : Taillé Figure 6 : Une composition irrégulière (Type VIIIc) à Nantes. Discussion La typologie élaborée dans cette étude permet de classifier la grande majorité des ensembles arbustifs présents dans les villes enquêtées et pourrait sans doute être utilisée dans de nombreuses villes françaises (sa zone de validité pourrait être évaluée par de simples tests de reconnaissance de massifs arbustifs dans différentes villes). La combinaison des critères de structure, de forme et de conduite des massifs sur laquelle elle se base, permet une identification rapide des massifs sur le terrain. L’une des principales critiques à apporter à cette typologie serait principalement l’ambiguïté qui persiste dans la classification des strates arbustives. Si l’on considère un massif de type Ia (couvre-sol monospécifique taillé) et un massif de type IIa (haie monospécifique taillée) il manque un critère précisant la limite entre un grand couvre sol et une petite haie. Il aurait été intéressant d’intégrer dans la définition des strates ou dans la typologie, le mode de ramification des arbustes. Une plante dite couvre-sol devrait avoir un mode de ramification basitone permanent, tandis que la plante dite de haie serait capable de perdre cette basitonie avec l’âge. On peut aussi déplorer l’absence de prise en compte de la hauteur des structures identifiées dont l’influence sur le temps d’entretien est indiscutable (surface de la haie, installation d’échafaudages…). Si l’on compare cette nouvelle typologie à celle déjà établie sur les structures végétales ligneuses par le SRETIE (CHAUVEL et RUMELHARD 1988), on retrouve des similitudes. D’une part, 7 des 8 grands types de structures arbustives présents dans notre typologie le sont aussi dans celle du SRETIE. D’autre part, les modes de conduite des éléments de la structure interviennent après la définition des grands types. Il existe néanmoins des différences de lexique entre les deux typologies et notamment au niveau de la définition du type haie (Type II). Dans la typologie du SRETIE, le type haie est subdivisé en quatre types : haie naine 8 (bordure), haie basse (buissonnante), haie moyenne (haie arbustive) et haie haute (arborée) alors que dans cette nouvelle typologie, la haie naine n’est pas dissociée de la haie arbustive, la haie basse est considérée comme un couvre-sol (à cause de son caractère buissonnant) et la haie haute (lorsqu ‘elle contient des arbustes) se divise en haie classique (Type II), quand elle est monostratifiée, et en haie champêtre (Type V) lorsqu’elle est pluristratifiée. Grâce à cet outil de description des massifs arbustifs, les gestionnaires des espaces verts seront capables de définir des modalités d’entretien « standardisées » adaptées à chaque structure en fonction des objectifs paysagers (fonctions paysagères et utilitaires) et du code de gestion différenciée du secteur dans lequel il se trouve. Mais, pour être réellement performant, cet outil à besoin d’être intégré à une approche plus large de la gestion des espaces verts (G. MORLANS, 2007). Cette typologie permettra aussi de mette en place des expérimentations sur les temps d’entretien consacrés à chaque type de massif. En croisant les modalités de structures (types de massif) et les modalités de gestion différenciée, il sera possible de mesurer le temps d’entretien nécessaire pour un massif donné. Ces informations permettraient aussi aux concepteurs de créer des massifs arbustifs mieux adaptés à la ville (volume, fréquentation) et aux contraintes des SEV. Cependant, les apports de cette typologie par rapport à la maîtrise des temps de travaux sont à nuancer. Premièrement, la composition spécifique du massif est un facteur important dans l’estimation du temps d’entretien d’un massif. Certaines espèces demanderont plus de temps pour le même type d’entretien. Deuxièmement, la localisation du massif et son accessibilité (pour des aménagement d’accompagnement de voirie par exemple) vont conditionner la fréquence des interventions et les techniques utilisées. Il est donc indispensable de prendre en compte ces éléments dans l’estimation des temps d’entretien. Troisièmement, les modalités de plantation (densité, qualité des végétaux, paillage) et de réalisation des aménagements (qualité du sol, climat) détermineront l’évolution du massif et par conséquent la nature et la fréquence des intervention à réaliser. Finalement, La structure d’un massif est un des éléments à prendre en compte pour raisonner la gestion des massifs arbustifs, mais c’est loin d’être le seul ; il est donc à présent nécessaire de continuer les travaux de recherche et d’expérimentations sur les massifs arbustifs pour parvenir à maîtriser leur entretien. Remerciements Pour leur participation à cette étude, je tiens à remercier tout le personnel des services des espaces verts des ville d’Angers, Brest, Laval, Nantes, Rennes et Tours et particulièrement Christine Chasseget, Bertrand Martin, Christian Aubree, Christian Griffon, Isabelle Riou et Joseph Tanguy, Jean Luc Wisler et Marc Mansui, Jaques Soignon, Joseph Barret, ainsi que Caroline Brunel, Marc Rumelhart, Pierre Rimbault et enfin Jac Boutaud pour leur aide et leurs conseils avisés. 9 Références bibliographiques G. AGGERI et P. DONADIEU, 2000. La gestion différenciée des parcs publics, une nouvelle orientation des politiques des villes européennes. Actes du séminaire « Etapes de recherche en paysage » n°2, Ecole Nationale Supérieure du Paysage, Versaille. J. BOUTAUD, 2005. Arbuste à la bonne taille. Lien horticole n°36/485, 6 octobre. C.N.F.P.T, 2000. Actes du colloque Jardins 21, de la gestion différenciée au développement durable, Strasbourg, juin. G. CHAUVEL et M. RUMELHART, 1988. Phytosociologie et jardin : vers une « éthologie » végétale ? Pour l’intégration, dans les relevés phytosociologiques, des tactiques d’occupation et de conquête de l’espace par les végétaux (cas des phytocénoses horticoles). Coll. Phytosoc. XVII : phytosociologie et paysage. Versailles. COLLECTIF, 1995. Vers la gestion différenciée des espaces verts : actes du colloque européen - Strasbourg 24-25-26 Octobre 1994. Centre National de la Fonction Territoriale. Godron M., Daget P., Long G., Sauvage C., Le Foch E., Emberger L., Poissonet J., Wacquant P-P., 1968. Code pour le relevé méthodologique de la végétation et du milieu, principe et transposition sur cartes perforées. Centre d’études phytosociologiques et écologiques. Montpellier. Hamm J., 1968. Arbres et arbustes d’ornement de pleine terre. Bibliothèque d’horticulture pratique. G. MORLANS, 2007. Etude préliminaire sur la gestion des massifs arbustifs dans les villes de l’Ouest. Rapport d’enquête. Les Arbusticulteurs et Plante & Cité. 15 mai – 3 aout. M. RUMELHART, 1997. Pour un jardinage public écologique. Reportage dans le quotidien végétal des villes et des banlieues. Colloque : La plante dans la ville, Angers 5-7 nov. 1996. Ed. INRA, Paris (Les Colloques, n°84). 10 Annexe 1 : Fiche de description sur le terrain des massifs arbustifs rencontrés dans les villes étudiées (recto et verso). Fiche terrain : description des massifs arbustifs N° : Date : Ville : Code qualité : Localisation : Environnement : Famille d'EV : Fréquentation : Description Forme du massif : Superficie : Contraintes : Fonction initiale : Fonction réelle : Structure Type de massifs : Strates S1 S2 S3 S4 S5 S. arborée Recouvement (%) Le sol Nature du sol : Interface int./ext. Synthétique Sol nu Organique Minérale Nature % de recouvrement Etat ou épaisseur Présence adventices oui non Recouvrement (%) Irrigation : oui non Etat du système : Création Concepteur : Réalisation : Date plantation : Origine du sol : Entretien Période de taille Automne Hivers Printemps/Eté Type de taille Fréquence (/an) Temps (min/m²/an)* Type de désherbage Béchage Sarclage Manuel Antigerminatif Foliaire Fréquence (/an) Temps (min/m²/an)* Aspect général : Entretenu Négligé Naturel * avec ramassage Composition Strate Nom Hauteur Diamètre Nombre Forme Densité Motif plantation H. ramification 1 2 3 4 5 6 11 Annexe 2 : Extrait de l’article : Phytosociologie et jardin : vers une « éthologie » végétale ? Pour l’intégration, dans les relevés phytosociologiques, des tactiques d’occupation et de conquête de l’espace par les végétaux (cas des phytocénoses horticoles). Coll. Phytosoc. XVII : phytosociologie et paysage. Versailles de G. CHAUVEL et M. RUMELHART. 12