Interprété par James Cagney

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Interprété par James Cagney
100 icônes badass du cinéma
Les années 40/50
• Gilles Da Costa •
CODY JARRETT
Interprété par James Cagney
J
• Le film: L’enfer est à lui (White Heat, 1949). Réalisé par Raoul Walsh •
ames Cagney, cet immense acteur, a
interprété de nombreux rôles de
malfrats durant sa longue carrière,
notamment dans L’ennemi public en
1931, Les anges aux figures sales en
1938 ou encore dans Les fantastiques
années 20 en 1939 – mais le héros de
L’enfer est à lui de Raoul Walsh est
certainement le plus radical de tous. Car Arthur
“ Cody ” Jarrett, gros bonnet de la côte Ouest, n’a
jamais eu une enfance miséreuse comme Tom
Powers dans L’ennemi public et n’est pas non plus
un vétéran de la guerre exposé à une Amérique en
dépression comme Eddie Bartlett dans Les fantastiques années 20. Non, Cody est simplement
un pur psychopathe d’une cruauté insondable
souffrant d’un complexe d’Œdipe si prononcé qu’il
ferait passer Norman Bates pour un être équilibré.
Il n’hésite pas à dessouder aussi bien ennemis
qu’alliés avec la même nonchalance, affichant un
rictus de satisfaction soulignant encore sa nature
maléfique profonde. Rien à sauver chez ce caïd-là.
Il parle aussi vite que sa mitraillette débite des
balles, utilise ouvertement ses associés comme de
simples pions pour arriver à ses fins et menace de
mort quiconque ose remettre en cause son autorité (ou celle de sa mère, bien évidemment).
Magnétique et intense, Cagney en fait un personnage pourtant séduisant et parfois pathétique
lorsqu’il est poussé à mettre un genou à terre, pilonné par de fortes migraines. Une idée de Cagney
afin d’humaniser ce personnage qu’il pensait trop
antipathique et bidimensionnel sur le papier pour
remporter l’adhésion du public.
Cody Jarrett peut être perçu comme l’enfant
cinglé, né d’une révolte de cinéastes contre le code
Hays, ayant édulcoré toutes les productions hollywoodiennes depuis 1934. Un feu d’artifice de
violence et de rage célébrant en fanfare le retour
à une approche plus crue du film de gangsters. Un
rôle sur mesure pour Cagney qui, après l’échec de
sa propre société Cagney Productions, signait un
juteux contrat avec la Warner et revenait sur le
devant de la scène après six ans de vaches maigres.
Pinacle de l’odyssée destructrice de ce personnage flamboyant, cette sublime scène durant laquelle (attention, ça va spoiler) Jarrett, alors en
prison apprend la mort de sa mère. Cagney y fait
preuve d’une bestialité incroyable, hurlant, pleurant, allongeant les matons d’un crochet du droit
les uns après les autres. Une interprétation si physique et tendue que certains figurants donnèrent
leur démission le jour même, craignant certainement que Cody, ce lion de la jungle urbaine des
fifties, prenne le pas sur l’acteur et mette en danger
leur intégrité physique.
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