« La gestion de flotte est toujours en mouvement »
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« La gestion de flotte est toujours en mouvement »
FLEET-OWNER ETIENNE VERHELST, BELGACOM « La gestion de flotte est toujours en mouvement » Fin octobre 2010, Etienne Verhelst de Belgacom a été couronné Fleet-owner of the Year 2010. La politique de Belgacom est la preuve concrète que la gestion d’une grande flotte n’est pas forcément une tâche pesante. En l’occurrence, elle porte sur des milliers de voitures et d’utilitaires. Et contrairement à son service qui se contracte, la flotte grossit. Avec l’arrivée d’un certain nombre de filiales il y a quelques années, le nombre de véhicules de société a doublé. Ceci n’empêche pas Belgacom de développer une politique de flotte moderne qui tient totalement compte des dernières nouveautés. Histoire d’un vainqueur. Etienne Verhelst : « L’automatisation est cruciale dans notre approche. » LA FLOTTE EN BREF I ntégration, mais alors dans les limites du réalisable. En bref, voilà le défi auquel Etienne Verhelst a été confronté au fil des années. « On ne peut pas dissocier la manière dont nous avons appliqué notre gestion de flotte de l’évolution de notre entreprise », remarque-t-il, philosophe. « Certaines entités juridiques séparées n’existent plus aujourd’hui. Elles ont été intégrées dans Belgacom, et il en va de même pour leur personnel et leur flotte. Pensez à Proximus, Telindus ou encore Skynet. Doucement, cette intégration s’achève. Nous avons toujours essayé d’harmoniser les car policies existantes, ce qui n’a pas toujours été facile. Vous avez évidemment les droits acquis des collaborateurs auxquels on ne peut pas toucher. Mais le déroulement pratique, qui va de pair avec de nombreuses négociations entre les syndicats et notre division RH, est aussi, par définition, un travail de longue haleine. Après cette vague d’intégration, il reste encore quelques entités séparées, Scarlet et BICS par exemple pour ne citer que celles-là. Dans ces cas, nous essayons, autant que possible, d’adapter la car policy en fonction de la norme Belgacom. » Budget « Compte tenu de l’ampleur de notre parc et de notre car policy, la flotte est assez hétérogène. En ce qui concerne les voitures de société, on y trouve principalement des Volvo V50, Ford Focus, Citroën C4 Grand Picasso, Audi A6 et A4, Mercedes Classe C et E, BMW séries 3 et 5. Egalement des Opel Insignia, Ford Galaxy, S-Max, C-Max et Mondeo, ainsi que différents modèles Peugeot et Renault. Et pour vous donner une idée du segment des utilitaires : La Citroën C3 est la dernière acquisition pour quelque 300 petites voitures. Notons aussi 1.750 petites camionnettes Citroën Berlingo, un millier de camionnettes moyennes et grandes Peugeot Boxer, Ford Transit et Mercedes Sprinter, une centaine de poids lourds Renault, Mercedes et Scania ainsi que des remorques, mini-pelleteuses, et générateurs mobiles. » 30 Etienne Verhelst peut exploiter le titre de Fleet-owner of the Year pendant un an. Il reste personnellement très serein par rapport à cela. « Un bon gestionnaire de flotte doit être convaincu que la fleet policy est par définition quelque chose d’évolutif », explique-t-il avec sagesse. « Vous opérez des choix, travaillez ensuite dans ce sens et modifiez le cap si nécessaire. Il est important que notre car policy, dont les principes sont déterminés par CAPITAINE DE L’ÉQUIPE notre service RH, soit orientée budget. La possibilité existe aussi de dépasser le budget avec une contribution personnelle. Par ailleurs, on peut effectuer un choix dans une liste préétablie de quelque 80 véhicules. Cette liste comprend des modèles de toutes les marques populaires et il est possible, par catégorie de budget, de choisir entre une berline, un break ou un monovolume. Il est aussi possible de choisir en dehors de cette liste. Les SUV, véhicules de sport, cabriolets et les couleurs extravagantes sont toutefois exclus. Les véhicules doivent posséder 4 ou 5 portes et quelques équipements sont obligatoires, comme un car kit Bluetooth. Le nombre de key dealers est limité. Les émissions de CO2 maximales sont plafonnées à 170 g/km. On ne roule qu’avec des voitures au diesel ou hybrides. En cas d’accident ou de faute, la franchise est comptée. Celle-ci augmente lorsque plusieurs accidents interviennent dans une période de 12 mois. En cas de comportement répréhensible (e.a. conduite en état d’ivresse et/ou non respect du principe du bon père de famille), il est possible de répercuter les coûts. » L’homme a visiblement le sens de la synthèse… Utilitaire et voiture de société « La complexité de la gestion de flotte se manifeste aussi sur un autre plan », pour- suit-il. « Une voiture n’est pas un utilitaire. Dans la pratique, on constate que ces véhicules utilitaires possèdent souvent un équipement très complexe. Exprimé en chiffres, cet équipement avoisine souvent la valeur du véhicule luimême. Etre fleet-owner dans ce segment de flotte est tout à fait différent qu’être chargé du segment des voitures (rires). Le groupe Belgacom n’était plus propriétaire des véhicules depuis des années. Depuis une importante opération de sale and lease back il y a une dizaine d’années, telle fut la nouvelle réalité de l’entreprise, mais depuis peu nous procédons à nouveau, pour les utilitaires, à l’achat avec buy back si ceci s’avère plus avantageux financièrement. La manière dont nous concoctons les contrats de leasing dépend du type de véhicule. Pour les voitures, nous collaborons aujourd’hui avec 3 sociétés de leasing. A chaque offre, nous leur donnons la possibilité de participer. Celui qui propose les meilleures conditions empoche le contrat. Il faut dire que nos contrats de leasing sont en fait assez limités. Ils ne comprennent que le financement, l’entretien et les réparations sur le plan mécanique. Pour tout le reste – carrosserie, assurance, pneus, etc. – nous appliquons des règles distinctes. Un élément important à ce niveau, c’est que Belgacom est son propre assureur. Pour les utilitaires, l’approche est un peu plus complexe. En fonction des besoins précis, nous contactons un constructeur qui sélectionne alors lui-même le partenaire leasing qui convient le mieux. La pratique nous a appris que ce partenaire est souvent le captif du constructeur lui-même. Ce qui n’est pas étonnant en soi. Avec de telles commandes, vous vous écartez en effet de ce qui est courant. Souvent, il s’agit de véhicules qui ont besoin d’un aménagement très spécifique. » Automatisation « L’automatisation occupe une place centrale dans notre approche », poursuit Etienne Verhelst. « Nous disposons d’une solution propre pour mener à bien notre politique de flotte. Elle est couplée au système SAP du service RH, notamment pour le Payroll et les contributions CO2, mais aussi aux services de la DIV et du fournisseur de carburant. Ce package est également relié à un outil de reporting et nous utilisons en outre un système d’archivage. Le paquet d’informations que nous tirons d’une telle intégration a dès lors une valeur inestimable. » Boni / pénalty « Nous sommes – et c’est une fierté – une des premières entreprises belges à avoir introduit il y a 3 ans un système de boni/pénalty pour véhicules de société sur base des émissions de CO2 », Fleet&business I 182 I DÉCEMBRE 2010 - JANVIER 2011 I Etienne Verhelst ne redoute pas un certain travail de pionnier. Comme le prouvent le budget mobilité et le système boni/pénalty sur base des émissions de CO2. Gérer une flotte - Etienne Verhelst ne manque pas de le souligner - ne se fait pas seul. C’est le travail d’une équipe. Et comme toute équipe, celle de Belgacom a un capitaine qui répond au titre de ‘Director Fleet & Business Services’. Ce fleet-owner roule lui-même en Mercedes classe E et est très intéressé par les véhicules hybrides et électriques. Ses hobbies ? Les voyages et l’aviation. Juste après son élection en tant que Fleet-owner of the Year, il est d’ailleurs parti pour une semaine de vacances aux USA. Même si, comme il l’a dit voici deux ans, les pays plus nordiques comme l’Islande sont tout à fait captivants. Ses boissons favorites ? La Leffe ou un verre de vin. Tout cela est amusant à savoir, mais la question qui nous titille est la suivante : comment ce capitaine donne-t-il corps à la stratégie de son équipe. « Les grandes règles relatives à la car policy, notamment les budgets et les attributions de budget selon la fonction, sont établies par les RH. Les détails, comme les processus, sont du ressort de la division Fleet. Les directives générales en lien avec le respect de l’environnement sont établies par le département CSR, mais les éléments concrets sur le plan de la politique de véhicules sont réglés par la division Fleet. Fleet est aussi à la source d’initiatives dans le domaine des carburants alternatifs. En ce qui concerne la sécurité, nous suivons les directives des collègues du CPP (Corporate Prevention and Protection). Les budgets sont établis par Fleet en fonction des besoins et programmes de remplacement. Ils sont validés et attribués par le département Finance et suivis en étroite collaboration. Négocier les contrats et l’attribution aux fournisseurs s’effectuent en étroite collaboration et avec le soutien du service Achat. Les décisions buy/lease sont prises par l’Achat et Fleet sur conseil des spécialistes de la trésorerie du département Finance. » 31 FLEET-OWNER ETIENNE VERHELST, BELGACOM explique Etienne Verhelst. Ce système B/P porte en lui un avantage énorme. Au cours des années passées, les budgets voitures ont à peine changé. Pourtant, les coûts ont augmenté sans discontinuer. Grâce à cette approche, nous avons réussi à continuer à proposer des véhicules de grande qualité. » « Dans ces circonstances, notre service RH a également élaboré un plan de mobi- lité », poursuit Etienne Verhelst. « Le point de départ est que le Total Cost of Ownership d’une voiture de société soit identifié. Le terme TCO est clair. Tout y est repris, y compris les places de parking exigées et qui représente vite 900 euros par an. Si les employés optent pour le transport public, nous calculons l’épargne réalisée ainsi en carburant tout comme le montant de la place de parking économi- « Il est important que notre car policy pour voitures de société, dont les principes sont déterminés par notre service RH, soit orientée budget », explique Etienne Verhelst. PARTNERS OM OP TE REKENEN • « Nous concluons des accords avec les importateurs sur les prix, les remises et les délais de livraison. » • « Les key dealers sont importants pour la diffusion d’informations, la livraison et la prise en mains des véhicules, tout comme le service d’entretien. Il est important qu’ils suivent strictement nos procédures. » • « Nous confions au fournisseur de pneus le processus total de la gestion des pneumatiques. » • « Le domaine du fournisseur de carburant, c’est la fourniture de cartes carburant, la gestion des ravitaillements, ainsi que la diffusion d’information. » • « L’assistance en cas de panne. C’est clair, ils se chargent de l’assistance dans le pays et à l’étranger. Il y a aussi toujours un lien avec l’assistance de la marque. » • « Nous attendons de notre assureur un traitement administratif, une expertise et la vente des épaves. » • « Nous attendons de la société de leasing un prix attractif, une bonne valeur résiduelle, de la flexibilité et un excellent service pour le processus de commande. » • « Des réparations de bonne qualité, un bon service, des délais d’attente brefs et le respect de nos procédures, voilà ce que nous demandons aux carrossiers. » • « Et la même chose vaut pour le réparateur de vitres. » sée. On peut aussi opter pour une voiture plus modeste, ce qui génère à nouveau une épargne qui peut être consacrée à un abonnement au transport public. » Perspectives d’avenir Etienne Verhelst l’a déjà dit, la politique de flotte est constamment en mouvement. Une ultime question s’impose dès lors : que trouve-t-on sur sa liste to do ? « Un tas de choses », répond-il promptement. « La poursuite de l’optimalisation et de l’automatisation en fonction d’un effectif en baisse. Un grand nombre de nouveautés arrivent, c’est sûr. Sur le site Fleet tout juste renouvelé, la possibilité est donnée au conducteur de suivre en ligne le statut d’une commande. Il permet aussi de poser des questions de manière plus structurée à notre helpdesk et d’en assurer le suivi. Mais je voudrais aussi utiliser un car configurator en ligne qui soit assez flexible pour appuyer totalement nos règles de car policy et notre méthode de travail. La sous-traitance des activités de car handling est aussi à l’agenda. Une autre question se pose parallèlement à l’évolution de l’entreprise. Avec l’intégration de diverses entités, la car policy plus uniforme du groupe Belgacom a pris de plus en plus d’importance. Globalement, il est essentiel de continuer à prendre le pouls. Les nouveautés peuvent être profitables mais ce qui est sur les rails doit aussi être régulièrement revu. Il est d’ores et déjà établi que les paramètres de notre calcul CO2 boni/pénalty seront revus en fonction des évolutions sur le marché. Les véhicules électriques feront leur apparition en 2011 et demanderont une approche spécifique. Le processus pour les pneus hiver et la réutilisation des pneus disponibles seront optimalisés. Avec en outre : une attention et un reporting plus précis de la consommation, une analyse individuelle et un suivi de l’effet des formations ecodriving. » Une fois qu’il commence à lancer de nouvelles idées, il est difficile d’arrêter Etienne Verhelst. Peut-être est-ce là la principale preuve du fait qu’il - comprenez, le fleetowner qui se trouve sur la plus haute marche du podium - est bel et bien la bonne personne à la bonne place. Michaël VANDAMME Avec le soutien de : 32