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© Services solutions copropriétés : une propreté plus transparente Touchées par la conjoncture économique et sous le coup de réglementations contraignantes, les copropriétés souhaitent mieux maîtriser leurs dépenses. Elles négocient davantage les contrats et exigent plus d’informations. C’ est en chefs d’orchestre que les administrateurs de biens, aussi appelés les « syndics », gèrent les copropriétés et pilotent les différents prestataires sous la houlette bienveillante des conseils syndicaux. Rares sont les immeubles qui fonctionnent encore en autogestion. Sur ce vaste marché, évoluent d’importants acteurs comme Foncia (1 million de lots), Urbania-Cytia, Immobilier de France, ou encore Loiselet & Daigremont. Ils doivent s’adapter à des clients de plus en plus regardants sur la maîtrise des charges et à des contraintes réglementaires plus fortes. « Notre métier est souvent réorganisé par de nouvelles lois qui nous obligent à nous adapter en permanence », explique Franck Morel, directeur de copropriété chez Foncia Brette (Chartres). La récente loi Duflot a pour objectif de prévoir et de faciliter la gestion et le financement les travaux de rénovation thermique. Des investissements très lourds pour les n n n ten dan ces Copropriétés : une propreté plus transparente .......................... 31 Fich e tech n ique Réaliser son bilan carbone ..................... 36 ................................................... 38 Pan el Les disques Produits Sélection de nouveautés ..................................... 40 s ervices # 233 // m ai- ju in 2 014 // 3 1 s oluti on s elle a dit © Eficium Les fiches de suivi de poste permettent de préciser au salarié les opérations prévues et de montrer au client les prestations réalisées. Valérie Brianne, Nettoyage 2001 n n n copropriétés, qui ont parfois du mal à faire face aux dépenses (certaines sont en situation d’impayés). Cette loi implique aussi de mieux informer les acheteurs potentiels d’un bien en copropriété (carnet d’entretien de l’immeuble, situation financières de la copropriété), ce dès la signature du compromis de vente. Dans ce contexte, la gestion des biens par les syndics doit être plus transparente. Foncia a par exemple mis en en place un extranet client pour tous les copropriétaires. Le conseil syndical peut y retrouver les ordres de services, les factures, les dossiers de sinistres… Cet environnement changeant impacte aussi les entreprises de propreté actives sur ce créneau. « Il faut noter que la gestion des copropriétés s’est nettement professionnalisée ces dernières années, observe Christophe Fréval, à la tête de Nettoyage 2001 (Chartres) depuis 2010. Les mentalités ont évolué dans la manière d’approcher les prestataires. » traçabilité des prestations elle a dit C’est une relation tripartite entre l’entreprise de propreté, le syndic et le conseil syndical. Claire Perrin, Eficium Il s’agit pour les professionnels de faire comprendre que la propreté participe au maintien du cadre de vie de l’immeuble et contribue à sa bonne conservation. Et ils doivent fournir davantage d’informations à leurs clients. C’est pourquoi Nettoyage 2001 a mis en place des outils de traçabilité des opérations réalisées sur chaque site : affiches dans les halls avec dates de passage de l’agent, carnet de bons d’exécution de travaux à placer dans la boîte aux lettres d’un responsable du conseil syndical. « Les fiches 32 / / m ai-juin 2014 // s e rv ice s # 233 © La Rationnelle © Services tenda nces de suivi de poste, mises en place à chaque démarrage de chantier, permettent de préciser au salarié les opérations prévues au cahier des charges, tout en montrant au client les prestations réalisées », précise Valérie Brianne, responsable d’agence. Dans certains immeubles, ABC Starnet a aussi instauré des bons de passages et un cahier de liaisons. Afin de renforcer la satisfaction des occupants des résidences, Eficium a mis en place un planning de passage pour les halls et les escaliers des immeubles qui ne sont pas entretenus tous les jours. Un point régulier est organisé entre le syndic, le conseil syndical et l’entreprise de propreté, en particulier sur le cahier des charges et les évolutions à y apporter. Il arrive aussi que l’inspecteur participe aux réunions annuelles, afin de répondre en direct aux questions des propriétaires ou de proposer de nouveaux services. « C’est une relation tripartite entre l’entreprise de propreté, le syndic et le conseil syndical », souligne Claire Perrin, directrice administration et communication d’Eficium. Des contrôles de qualité internes sont réalisés par les inspecteurs à des fréquences variables selon les cas. Les clients peuvent aussi effectuer des contrôles contradictoires, parfois même de façon inopinée. Toujours dans une logique de transparence, Nettoyage 2001 déploiera, d’ici fin 2014, le logiciel Quadra Propreté, qui permettra à chaque inspecteur d’effectuer en temps réel le contrôle qualité sur tablette. Le client y aura accès via un portail web. Spécialisée dans les activités 3D et ventilation, Avipur s’est organisée pour mieux expliquer ses interventions et conseiller ses clients. Début 2015, elle équipera chacun de ses techniciens d’une tablette numérique qui permettra de fournir des fiches d’intervention dématérialisées. Cet investissement implique plus de traçabilité des prestations et accentue le professionnalisme de l’entreprise, qui détient, par ailleurs, la norme Iso 9001. « Une réelle relation de confiance doit être établie avec le syndicat de copropriété. Si les prestations ne sont pas correctement réalisées, c’est son image qui est touchée », estime Bertrand Ponsonnet, gérant d’Avipur Dauphiné. créneau en développement « C’est une activité que nous voulons développer, explique Claire Perrin. Plusieurs de nos inspecteurs ont déjà un portefeuille de clients syndics et connaissent donc très bien ce secteur. Et nous souhaitons entretenir de bonnes relations avec les gestionnaires de copropriétés en instaurant de réels partenariats. » « Actifs dans le tertiaire depuis 1993, nous avons choisi de nous spécialiser sur le créneau des copropriétés en 2000 car la demande était forte, indique Karim Bentala, gérant d’ABC Starnet à Paris. Aujourd’hui, cette activité se développe bien et nous comptons 50 salariés. » Avec une quarantaine de salariés et 1 million d’euros de chiffre d’affaires, Nettoyage 2001 intervient sur Chartres, l’Eure-et-Loir, Tours et Châteaudun. « Après la reprise de l’entreprise en 2010, l’enjeu a été de conserver la clientèle historique, souligne Christophe Fréval. Un travail important de proximité a été réalisé. » Pour les copropriétés, ses prestations vont des parties communes (escaliers, halls, boîtes aux lettres, gardecorps, gestion des ordures ménagères) à la cristallisation des sols en marbre, en passant par l’entretien des espaces verts (tonte et taille des petits arbustes). « Il arrive aussi que nous remplacions les gardiens pendant leurs vacances », ajoute Valérie Brianne. C’est un service que propose aussi Eficium. Le remplaçant assure tous les types de prestations pour un immeuble, y compris la distribution du courrier. Ces prestations viennent en complément du contrat de nettoyage. Comme ABC Starnet, les entreprises peuvent aussi effectuer, en plus des opérations standards, le tri et la distribution du courrier ou la petite maintenance. « L’activité, assez constante habituellement, est plutôt en hausse ces derniers mois », indique Laurent Brulé, responsable du pôle copropriétés au sein de La Rationnelle. Présent sur la région Ile-deFrance, le groupe La Rationnelle compte 1 200 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros, dont 19,5 M€ pour La Rationnelle et 2,5 M€� pour Accueil Services. Son pôle n n n trois QuEstioNs À FraNcK morEl, FoNcia BrEttE Vous êtes directeur de copropriété chez Foncia Brette à Chartres, quelle est l’activité exacte de l’entreprise ? Nous sommes spécialisés dans l’administration de biens et les transactions. Foncia Brette fait partie du réseau Foncia (250 agences), mais reste avant tout une entreprise familiale installée à Chartres depuis 40 ans. Avec 42 personnes, elle gère 217 immeubles en copropriété (6 500 lots) et 2 800 logements en location. Notre réelle plus-value est d’apporter notre savoir-faire dans le choix des services et la sélection des prestataires : trouver les bons partenaires, à la fois réactifs et à notre écoute. Comment Foncia Brette gère-t-il les prestations de propreté ? Il n’existe pas de contrats nationaux mais plutôt un référencement de certains prestataires. Je rappelle que nous avons un contrat de mandat avec chaque immeuble. Nous ne pouvons donc pas imposer un prestataire mais simplement le recommander. Nos clients exigent une mise en concurrence et demandent souvent trois devis avant de prendre une décision. Un bilan annuel des dépenses est réalisé par chaque conseil syndical dans le but de maîtriser les charges. Foncia Brette travaille principalement avec cinq prestataires, qui assurent l’entretien de 80 % des immeubles. Il peut s’agir d’entreprises locales ou régionales, parmi lesquelles Nettoyage 2001 est un partenaire historique depuis 40 ans. Quelles sont vos exigences dans ce domaine ? J’attends surtout que la qualité des prestations soit maintenue dans le temps. Nous exigeons du prestataire qu’il exécute correctement son cahier des charges. Des contrôles internes doivent être mis en place. Quand la qualité dérive, les clients nous alertent systématiquement. Sur les immeubles importants, des visites annuelles sont organisées avec le conseil syndical pour faire le point sur l’entretien général. Une note et, le cas échéant, un ordre de service sont rédigés pour réclamer les actions correctives. Environ 80% de nos clients demandent un cahier des charges standard concernant la propreté. Et les autres choisissent, pour des raisons de coûts, un niveau de prestations allégé. Deux passages par semaine pour entretenir le hall, le rez-dechaussée et les ascenseurs peuvent être demandés. Souvent dans les petits immeubles, un passage hebdomadaire, voire bimensuel est prévu. s ervices # 233 // m a i- ju in 2 014 // 33 s oluti on s © Services tenda nces il a dit En remplaçant le gardien par des prestataires extérieurs, les copropriétés ont divisé leur budget par trois. Karim Bentala, ABC Starnet n n n copropriétés représente à lui seul un volume d’affaires de 6 millions d’euros. « Nous intervenons dans environ 400 copropriétés, allant de 10 à 1 500 logements. Nous adaptons notre organisation à la taille de chaque immeuble et à son budget », souligne Laurent Brulé. L’entreprise travaille avec la plupart des acteurs du marché, pour lesquels elle assure : entretien des parties communes, tri sélectif, gestion des ordures ménagères, shampoing-moquette, cristallisation des sols en marbre... « À l’avenir nous souhaitons proposer aux copropriétés des services complémentaires afin d’élargir notre offre », affirme Laurent Brulé. opérations en journée Généralement, les opérations sont réalisées en journée entre 8h et 17-18h pour ne pas importuner les occupants. En fonction des cahiers des charges établis, l’agent de propreté passe une ou plusieurs fois par semaine. « Les fréquences sont variables selon la taille et la configuration de l’immeuble et le cahier des charges », précise Claire Perrin. Et Valérie Brianne d’ajouter : « Parfois, notre intervention hebdomadaire peut même être allégée. Il est prévu de faire le bâtiment complet une fois sur deux. » ABC Starnet effectue une visite personnalisée de l’immeuble, avant chaque offre réalisée à un client potentiel, pour adapter au mieux la proposition. « En plus des prestations, nous avons un rôle de conseil pour l’élaboration du cahier des charges », estime Laurent Brulé. Il arrive aussi que des travaux exceptionnels soient demandés en urgence. « La réactivité et la proximité sont les aspects les plus importants dans ce domaine », Zoom sur l’activité 3D « La plupart des copropriétés font appel à un prestataire spécialisé pour la désinsectisation, la dératisation et la désinfection », affirme Bertrand Ponsonnet, gérant d’Avipur Dauphiné. Car, en raison d’un net durcissement de la réglementation (« certibiocide » pour chaque technicien), les métiers de la 3D ne s’improvisent pas. Avipur intervient pour des problèmes de blattes orientales et de cafards noirs, et de nuisibles rongeurs (type surmulots), dans les égouts et les soubassements. « Le manque de nettoyage dans les caves peut parfois aggraver les infestations », souligne Bertrand Ponsonnet. Pour les copropriétés qui ont déjà connu des problèmes, Avipur propose des contrats de maintenance préventive, avec un ou deux passages par an. « Nous utilisons des postes d’appâtage sécurisés qui comportent une serrure pour éviter que les enfants ne touchent aux produits qui permettent d’éliminer les rats, explique Bertrand Ponsonnet. Nous associons les traitements mécanisés et chimiques. » Pour lutter contre les blattes, des produits sont pulvérisés dans les placards et gaines techniques, et les caves. Avipur informe toujours en amont les occupants en affichant un avis de passage. Les produits utilisés ont beaucoup évolué et sont moins nocifs pour la santé humaine. Le groupe Avipur compte 30 filiales en France qu’il détient à 51 %. Chacune d’entre elles est dirigée par un gérant salarié, associé à 49 % dans le capital. Avec 20 salariés, Avipur Dauphiné (Drôme, Isère) travaille pour le secteur de l’immobilier et en tant que sous-traitant pour des groupes de facility management. 34 / / m ai-juin 2014 // s ervi ces #233 note Claire Perrin. « En cas de problème entre deux nettoyages, un client peut nous appeler pour intervenir ponctuellement », atteste Valérie Brianne. C’est pour cette raison que la proximité est primordiale. Ainsi, de nombreuses PME sont présentes sur ce marché, qui intéresse moins les groupes du secteur… « Les opérations étant réalisées de jour, nous pouvons plus facilement proposer des temps pleins à nos salariés », souligne Karim Bentala. Le dirigeant fait en sorte que ses agents soient dédiés toujours aux mêmes immeubles. C’est pourquoi il embauche au maximum des personnes habitant à proximité des sites clients. « Les copropriétaires préfèrent qu’il n’y ait pas trop de turnover, ce qui permet d’entretenir de meilleures relations », précise-t-il. Au sein de La Rationnelle, des inspecteurs spécialisés encadrent les agents de service pour veiller au respect du cahier des charges. Ils s’assurent aussi du bon approvisionnement en matériels et en produits. « Nos agents dédiés à la copropriété sont spécialisés et formés aux exigences de cet environnement. Et nous faisons en sorte qu’ils restent le plus longtemps possible sur le même site. Souvent, ils habitent à proximité », précise Laurent Brulé. Les horaires sont très variables en fonction des prestations réalisées (gestion ou non des ordures ménagères) et selon les exigences du client. Les entreprises de propreté vont devoir se mettre en conformité avec la durée minimale de 16 heures des contrats à temps partiel. « Il s’agit d’optimiser au mieux l’organisation du temps de travail de nos agents, explique Claire Perrin. Lorsque les immeubles sont proches, nous nous arrangeons pour que le même salarié intervienne. C’est très avantageux d’avoir en charge plusieurs résidences dans le même secteur. Mais les agents ne sont pas tous dédiés à cette activité. » Dans la plupart des cas, le matériel de nettoyage est laissé sur place, en particulier dans les zones urbaines. C’est moins le cas en province, où il est stocké dans le véhicule de l’agent de service. Maîtrise des charges Avec la flambée des prix de l’immobilier, les copropriétaires sont plus vigilants quant à leurs dépenses communes. Résultat : ils demandent plus souvent une renégociation des contrats de propreté. Les négociations durent plus longtemps et davantage d’entreprises sont consultées. D’une durée d’un an et renouvelable tacitement, le contrat est souvent remis en question au moment de l’assemblée générale annuelle. « Les donneurs d’ordres ont des exigences fortes de maîtrise des coûts et nous devons y participer, tout en maintenant nos marges pour pouvoir continuer à investir », affirme Claire Perrin. « Depuis deux ou trois ans, sous l’effet de la conjoncture économique, nous sommes davantage sollicités pour revoir le contrat à la baisse, confirme Karim Bentala. Et comme sur d’autres créneaux, la concurrence fait rage. » « Certains clients ont testé d’autres prestataires et nous ont ensuite rappelés, témoigne pour sa part Laurent Brulé. D’une manière générale, ils sont beaucoup plus regardants. » Mais globalement, La Rationnelle n’observe pas de changement brutal de prestataire. « Notre objectif est de maintenir un niveau de qualité de prestation constant et optimum afin de fidéliser nos clients », poursuit le responsable. La conjoncture économique associée à la hausse de l’immobilier a entraîné une disparition progressive des gardiens. « En région parisienne, les prix ont tellement grimpé que, souvent, les copropriétaires préfèrent louer la surface occupée pour la loge, observe Karim Bentala. Les copropriétaires ont voulu se passer d’un gardien pour des raisons économiques et faire appel à des prestataires extérieurs. Ils ont ainsi divisé par trois leur budget. Mais ils ont oublié que nous ne pouvons pas assurer le même niveau de services. » remplacement de gardiens Cette tendance a permis à des professionnels des services de se développer sur ce créneau. À l’image de l’entreprise Planète Gardiens, spécialisée dans la propreté et le remplacement de gardiens d’immeubles, qui a mis en place l’an dernier un réseau de franchisés. Cinq ouvertures sont prévues cette année. Au sein du groupe La Rationnelle, l’activité d’Accueil Services a connu une belle progression depuis 2007. L’entreprise compte aujourd’hui 140 personnes et réalise un chiffre d’affaires annuel de 2,5 millions d’euros dont 1 M€ pour les copropriétés. « Nous offrons aux résidents un panel de prestations adaptées à leurs besoins telles que : le traitement et distribution des colis et courriers, les menus travaux réparations, la veille au maintien du bon fonctionnement des différents éléments techniques des parties communes comme ascenseurs, porte de parking, éclairage..., mais aussi le nettoyage, le petit jardinage… L’entretien des parties communes est parfois assuré par les agents de La Rationnelle, en complément », explique Mehdi Bourimech, président. Accueil Services intervient notamment pendant les congés ou absences du gardien, mais aussi de manière permanente avec des contrats de 35 heures par semaine. « Certaines copropriétés choisissent en effet d’externaliser complètement les prestations de gardiennage. Leurs charges sont ainsi nettement réduites, explique Mehdi Bourimech. C’est une activité en pleine expansion. Il arrive souvent que les copropriétés profitent du départ à la retraite de leur employé pour faire appel à nous. » n S. W. Laurent Brulé, responsable pôle copropriétés de La Rationnelle, et Mehdi Bourimech, président d’Accueil Services. s ervices # 233 // m a i- ju in 2 014 // 3 5