Original - Brussels Canine ASBL

REPORTAGE | MÉTIERS
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Mon chien Magazine
JUILLET- AOÛT 2010 | n°19
Tous
au parc!
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On l’appelle “ l’homme au
chapeau ”. Ici, tout le monde connaît
Eric. Chaque samedi, dans le parc de
Woluwé, c’est lui qui coordonne les
cours. Il est l’administrateur de “ Brussels Canine ”, une école d’éducation canine pas comme les autres.
Le jour de notre visite, la pluie menace.
Mais pas de quoi décourager nos éducateurs et encore moins leurs élèves! Comme chaque samedi, ils sont une bonne
centaine à se retrouver au cœur du parc
verdoyant de Woluwe-Saint-Pierre
pour suivre les cours d’Eric et de son
équipe.
Le rituel est toujours le même. Maîtres,
chiens et éducateurs se rassemblent à
un endroit précis du parc. “ Les cours
commencent à 10 h 15 mais nous demandons à nos élèves de venir avant
10 heures De cette manière, les chiens
peuvent courir et se défouler pendant
près de vingt minutes avant de démarrer les exercices ”, explique Eric Libau.
Les badauds s’arrêtent. Il faut dire que
le spectacle est extraordinaire. Une gi-
gantesque meute de chiens de toutes
races et de tout âge joue, court, saute,
renifle, sous les yeux amusés de leurs
maîtres. Et tout ça dans un poumon de
verdure, en plein cœur de la ville.
Vers 10 h 10, Eric empoigne son mégaphone pour rassembler les troupes. “ À
cette heure-ci, nous avons deux types
d’élèves: les classes chiots et les chiens
adultes débutants. On répartit les maîtres et leurs chiens dans des petits groupes de dix qui se dispersent ensuite
dans certaines zones du parc. ” Plus
tard, à 11 h 30, on lance les cours des
classes B et C, c’est-à-dire les confirmés
et les semi-confirmés. Des dizaines de
chiens et de chiots se succèdent ainsi
sur les pelouses du parc durant toute la
matinée.
LA ROLLS ROYCE DES
TERRAINS
C’est grâce à une étroite collaboration
avec “ Bruxelles-Environnement ”, que
le projet d’Eric a pu voir le jour il y a
deux ans déjà. “ Les clubs canins stan-
dards disposent de terrains dont ils ne
peuvent s’échapper. Nous avons l’immense chance que “ Bruxelles-Environnement ” ait accepté de mettre à notre
disposition un espace ouvert. Les zones
sur lesquelles nous pouvons travailler
sont évidemment délimitées mais le
cadre est idyllique. Nous avons la Rolls
Royce des terrains! En plus, nous avons
l’accord de la commune pour laisser
gambader les chiens en liberté durant
les moments de récré, avant et après les
cours”, raconte Eric. L’environnement
n’est pasla seule différence entre “ Brussels Canine ” et les autres clubs canins.
Ici, la philosophie est complètement
différente. “ L’idée de base du projet
était d’inciter les maîtres à éduquer
leur chien en milieu urbain. Notre école ne prétend pas former des champions de concours, nous voulons simplement faciliter la complicité entre
maître et chien. Notre public, ce sont
des chiens de famille. D’ailleurs ici, on
ne parle pas de club mais d’école ou de
centre d’éducation ”. 2
REPORTAGE | MÉTIERS
Ortega est
passé par là...
Mon chien Magazine
JUILLET-AOÛT 2010 | n°19
Avant de lancer sa propre école
d’éducation canine, Eric Libau a
été éducateur dans différents
clubs canins. Cela fait plus de 20
ans que notre homme est dans le
milieu canin!
Des ses expériences passées, il n’a
gardé que le meilleur. Et puis il
s’est inspiré des méthodes de
grands spécialistes du comportement canin comme Joël Dehasse
ou Joseph Ortega.
La méthode Ortega, dite “ méthode
naturelle ” part de l’observation
des loups sauvages dans leur milieu naturel et transpose les réac-
tions des loups sur les chiens.
Ses grands principes résident dans:
- Le respect de l’animal: on ne le contraint pas mais on le récompense
- L’individualité: chaque chien est un
individu unique avec son propre
caractère et ses particularités physiques et psychiques
- L’empathie: le maître se met à la
place du chien, tente de penser comme lui, essaye de comprendre ses
réactions, devance ses désirs, anticipe ses réticences.
- L’utilisation des instincts primaires
de l’animal pour le faire obéir. Le
chien va instinctivement chercher à
satisfaire son chef de meute (son
maître) et va se soumettre à lui.
- La motivation par la récompense:
plus la motivation du chien est forte, plus l’apprentissage est rapide.
Une croquette est une récompense
mais une simple caresse aussi...
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> Eric Libau, une partie de son équipe d’éducateurs, et quelques élèves assidus
2 En deux ans, la sauce semble avoir
bienpris puisque depuis l’installation de
“ Brussels Canine ” au sein de la capitale,
Eric a reçu près de 300 demandes d’adhésion.
Chaque membre de l’école paie une cotisation annuelle de 90€ et s’acquitte de
2,50E supplémentaires à chaque leçon. Selon Eric, payer une cotisation permet surtout une implication des élèves.
“ Par principe, je suis contre la gratuité
des cours. Les gens doivent se montrer
impliqués. Ils doivent comprendre que
l’éducation du chien ne se prend pas à la
légère. Sans cette cotisation, je pense que
beaucoup d’inscrits resteraientsous leur
couette le samedi matin ”, affirme le responsable.
ve beaucoup de petits chiens! Chose trop
rare dans les autres clubs...
HUIT ÉDUCATEURS
Chaque cours dure trois quarts d’heure
environ. “ Sauf pour les chiots de moins
de 7 mois. Pour eux, c’est 30 minutes, car
ils se fatiguent plus vite ”, explique Fabiana, l’éducatrice responsable de la classe
chiots. Depuis le début de l’aventure, Fabiana est aux côtés d’Eric. “ Avant de fon-
der l’école, Eric donnait déjà des cours
d’éducation canine. J’étais son élève.
Quand il me l’a proposé, je l’ai suivi avec
plaisir dans ce challenge. Avec les autres
éducateurs, nous formons une équipe
super-soudée. Nous avons tous été scrupuleusement formés par Eric ”. Sur le terrain, difficile de ne pas remarquer Fabiana. Avec ses longs cheveux blonds et sa
voix qui porte, la jeune femme captive
ses élèves. Pas de doute, elle aime ça!
UNE PHILOSOPHIE À PART
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JUILLET- AOÛT 2010 | n°19
En bordure de parc, nous croisons Elodie. Elle vient suivre les cours avec son
Cocker anglais depuis trois mois.
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“ Quand Gipsy était chiot, je nous ai inscrits dans un club de dressage. Au bout
de quelques séances, j’ai abandonné. Même si je suis consciente qu’il faut imposer des règles à son animal, je ne vois pas
l’intérêtd’utiliserdesméthodes aussidures. Chez Brussels Canine, la philosophie
est toute différente. On nous apprend à
gérer notre chien au quotidien, et ce par
des méthodes douces. Gipsy m’obéit parfaitementmais ilestavanttoutmoncomplice ”. Autre détail qu’Elodie a apprécié
endécouvrant Brussels Canine: ony trou-
> Les éducateurs proposent des exercices ludiques, faciles à réaliser dans un parc
REPORTAGE | MÉTIERS
2Pour donner cours dans un parc,
l’équipe d’Eric a du ruser... “ Comme on
se trouve sur un terrain public, nous ne
pouvons pas placer des passerelles, de
pneus, de jeux ni même tout autre obstacle pour effectuer nos exercices.
Nous avons donc recours à des instruments portables! ” Exemple: les chiens
doivent réaliser des positions sur une
bâche tenue par les élèves.
EDUQUER LES MAÎTRES
Les instructeurs, tous bénévoles signalons-le, sont unanimes sur la question:
la relation chien-maître est primordiale pour le bien-être de tous. “ C’est une
complicité qui se construit au fil du
temps. En fait c’est davantage le maître
qui a besoin d’être éduqué que son animal ”, confie Eric Libau. Voilà pourquoi
chez “ Brussels Canine ”, on travaille essentiellement la socialisation des
chiens et on explique aux maîtres comment réagir et quels gestes adopter
dans des situations précises de la vie
quotidienne. En fin de cours, ils sont
d’ailleurs nombreux à poser encore des
questions aux instructeurs.
“ On explique aux maîtres
comment réagir et quels gestes
adopter au quotidien ”
Brussels Canine - Eric Libau
Tél. : 0478/61.82.55
0477/34.25.94
Parc de Woluwé-Saint-Pierre
Chaque samedi dès 10h15
www.brusselscanine.be
“ Mon but, avec cette école, est de faire
en sorte que chaque propriétaire de
chien parvienne à capter l’attention de
son animal en toutes circonstances: en
famille, au parc, en vacances, au restaurant, en rue, etc. Nous travaillons dans
le respect du chien, avec des récompenses, des caresses et des félicitations ”,
affirme le responsable, fier de son école.
Et si un chien montredes signes d’agressivité, on ne l’exclut pas: on lui apprend
à modifier son comportement.
En deux ans, il n’y a jamais eu de bagarre dans le parc, jamais de chien égaré
non plus. Parce que l’encadrement est
parfait, et les maîtres responsables.
Une belle réussite donc pour ce rêveur
passionné qu’est Eric Libau.
Son rêve ultime: reproduire l’ expérience dans d’autres parcs bruxellois.
[ Lise Vandenbossche
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