« Lettre d`information n°2 » Principauté de Monaco – Septembre 2011
Transcription
« Lettre d`information n°2 » Principauté de Monaco – Septembre 2011
« Lettre d’information n°2 » Principauté de Monaco – Septembre 2011 Introduction La lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la corruption s’est désormais imposée comme une préoccupation majeure dans les politiques de régulation financière menées par les différents Etats et la communauté internationale. Les dispositifs législatifs, éminemment complexes si l’on considère la libre part d’interprétation des professionnels assujettis, prouvent à eux-seuls qu’il n’existe pas de réponse simple à la problématique de ces crimes transfrontaliers. On ne saurait oublier une thématique essentielle du système de prévention et de lutte anti-blanchiment : celle-ci repose sur une logique de coopération entre les différents acteurs, et ce dans un intérêt commun. La vigilance exigée de la part des professionnels assujettis doit être avant tout perçue comme un dispositif protecteur leur permettant de participer personnellement à la défense de leur propre activité et non pas comme un frein à l’activité commerciale. Ces mêmes professionnels doivent impérativement faire preuve de capacité d’adaptation et apprendre à faire face aux sophistications et à la technicité des opérations de blanchiment. Une opération atypique, un montage complexe, un transfert sans cohérence économique… sont des signes à analyser afin de tirer une conclusion sur l’existence ou non d’une logique financière suspecte. L’étude approfondie d’un faisceau d’indices permettra d’enclencher, le cas échéant, la phase de coopération consistant en la déclaration de soupçon au SICCFIN. En conséquence, une approche pragmatique semble s’imposer logiquement. Dès lors, il convient de ne jamais baisser la garde, d’être en alerte et de ne rien négliger quel que soit le profil du client. Bonne lecture ! Sommaire Enjeux et difficultés liés à la notion de KYC La course à l’outillage automatisé de détection Focus sur les dangers liés à l’e-banking Rencontre : Commandant Fusari, Brigade financière de la Sûreté Publique News IntellEval IntellEval est une marque de Capital Outsourcing Sam et Capital Banking Solutions SAS IntellEval - © Copyright 2011 - All Rights Reserved Difficultés et enjeux liés à la notion de « Know Your Customer » Face aux écueils et aux sanctions disciplinaires et pénales encourues, les professionnels assujettis doivent, dans des délais brefs, améliorer leurs dispositifs et adapter leurs pratiques aux obligations imposées. Il est dès lors capital de comprendre clairement les moyens d’application et les enjeux de ces exigences légales en particulier concernant les PPE L’obligation d’identification du client s’inscrit dans le cadre de la règle générale du KYC : « Know Your Customer ». Cette obligation a été étendue, conformément à la Troisième Directive européenne anti blanchiment, au bénéficiaire effectif de la relation d’affaires. Ainsi, le professionnel doit non seulement identifier son client mais également le bénéficiaire effectif de la relation par la mise en œuvre de moyens adaptés. Les difficultés liées à l’obtention et à la vérification des informations En théorie, la tâche est relativement simple puisqu’il s’agit de rassembler le plus de renseignements possibles concernant les environnements économique, professionnel et familial du client. Or, il n’est pas toujours aisé d’obtenir ce type d’informations de certains clients peu enclins à divulguer des détails confidentiels. Dès lors, il faut absolument sensibiliser les managers du front office en leur faisant comprendre les enjeux de cette nécessité : ces derniers, en tant qu’interlocuteurs privilégiés de la clientèle, ne doivent pas hésiter à demander des explications à leurs clients et doivent impérativement étayer les éléments obtenus avec des données fiables. Cette sensibilisation doit être assurée en permanence de telle sorte que les collaborateurs ne négligent pas les enjeux de leur rôle et les conséquences de leur passivité. En revanche, une fois les informations obtenues, il faut privilégier l’étape de vérification, ce qui est loin d’être facile. Effectivement, reposant sur un système déclaratif, le rassemblement des informations s’avère parfois impossible à corroborer ; pourtant, là encore, les collaborateurs du front office sont chargés d’appuyer tout ce qu’ils recensent avec des documents fiables. Il convient de ne jamais accepter les informations divulguées par le client sans examen. Bien entendu, le rôle du professionnel assujetti n’est pas de flairer le faux ou le mensonge mais plutôt de tout mettre en œuvre pour qu’aucun doute ne naisse quant aux dires du client, et ce à l’aide de documents probants lui permettant de s’assurer de la véracité des informations collectées. Une des solutions qui s’imposent est donc de préciser au maximum l’information afin de IntellEval est une marque de Capital Outsourcing Sam et Capital Banking Solutions SAS montrer que l’on s’est renseigné auprès et sur le client. Cet amas d’informations ne peut être que favorable puisqu’il coïncidera totalement avec l’obligation légale de connaissance du client. A cet effet, il ne faut pas hésiter à recourir aux divers outils mis à disposition tels que World Check, Google, KYC160… mais également aux différents services, souvent méconnus, d’Intelligence économique. Les services d’Intelligence Economique procèdent très souvent à des investigations approfondies en vue d’identifier et d’anticiper l’ensemble des risques inhérents aux collaborations potentielles, qu’ils soient d’ordre financier, juridique ou de réputation. Parmi ces prestataires, citons les sociétés GEOS, BRAINSFEED, ACTULLIENCE, DIGIMIND, WORLD CHECK… qui œuvrent toutes en vue de fournir une assistance fiable aux professionnels, de leur assurer des rapports de recherches reconnus par les autorités et de préserver la confidentialité de toutes relations d’affaires. Ceux-ci offrent une trilogie de compétence ; en ce sens, ils assurent la veille (acquérir l’information stratégique pertinente), la protection (ne pas laisser l’information s’échapper) et l’influence (diffuser une information qui favorise la stratégie). En l’espèce, il s’agit de produire et collecter de la connaissance structurée en vue d’aider les entreprises IntellEval - © Copyright 2011 - All Rights Reserved à se prémunir du risque de blanchiment et, le cas échéant, à lutter contre. La mise en œuvre du dispositif de prévention de l’utilisation du système financier aux fins de blanchiment de capitaux présente des enjeux importants pour les professionnels assujettis, en termes d’image et d’organisation. Nul n’est à l’abri d’un montage complexe qui permettrait de blanchir de l’argent sale ou de financer le terrorisme. En conséquence, de plus en plus de professionnels assujettis décident de recourir à ces services spécialisés en due diligence de clients et des partenaires commerciaux ; ceux-ci sont non seulement en mesure de procéder à des recherches dans les sources ouvertes grâce à des outils très performants mais également de vérifier directement des informations en utilisant les réseaux internationaux. La course à l’outillage automatisé… Le législateur a été contraint d’intervenir afin de mettre en place de nouveaux dispositifs visant à protéger les sociétés, les actionnaires et les clients. Le SICCFIN insiste de plus en plus sur la nécessité de mettre en place des dispositifs automatisés de détection des opérations inhabituelles susceptibles de dissimuler des opérations de blanchiment ou de financement du terrorisme (outil de filtrage). Le recours aux nouvelles technologies est donc inévitable. Dans le cadre de leur obligation de vigilance, les faible peut être assimilé à professionnels assujettis un manquement vis-à-vis doivent adopter un des obligations légales, système de surveillance alors qu’un niveau trop permettant de détecter les élevé est susceptible de opérations atypiques ; générer un engorgement celui-ci doit être des services LAB en raison automatisé, sauf si le d’un nombre trop professionnel peut volumineux d’alertes. démontrer que la nature et Les meilleurs systèmes le volume des opérations à actuels sont dotés de surveiller ne le requièrent fonctionnalités avancées pas. conçues afin de traiter de Eu égard au nombre façon optimisée chaque important de transactions étape du processus, à opérées par les savoir l’étape de établissements de crédit, l’intégration de données et ceux-ci se sont leur enrichissement et/ou progressivement dotés de modification, l’étape de la logiciels qui ont la capacité génération des alertes, et de repérer des activités celle de l’investigation et potentiellement illicites à de la déclaration. un niveau de précision Les solutions de « profilage inégalé en vue d’optimiser » sont diverses. Chaque l’efficacité de l’ensemble entité doit évaluer ses du processus de besoins et les propriétés surveillance. Ils se sont de chaque outil afin d’opter tournés vers des outils pour celui qui lui spécifiques développés en correspond le mieux. La externe. On compte deux sélection n’est pas si catégories, à savoir les évidente, ne se fait pas de outils de filtrage de flux et manière aléatoire et doit les outils d’analyse tenir compte des comportementale. spécificités métier et des Toutefois, cette nouvelle nécessités de chaque tendance exige de faire établissement. Il est face à une difficulté Les outils Compliance ou solutions de majeure ; en effet, il profilage permettent l’analyse des faut à tout mouvements, la mise en évidence des prix réussir opérations ou, plus généralement, les à traiter les alertes comportements des clients présentant un automatisé risque particulier. es sans entraver les activités toutefois important de commerciales. vérifier que l’outil dispose Un des grands problèmes des fonctions suivantes : des systèmes traditionnels Etre paramétrable et de gestion des permettre de suivre, investigations en mode documenter, analyser et manuel auquel les éventuellement établissements financiers déclarer les opérations étaient confrontés suspectes des clients concerne la définition du Donner lieu à une niveau de filtrage de la analyse quotidienne et détection : un niveau trop IntellEval est une marque de Capital Outsourcing Sam et Capital Banking Solutions SAS IntellEval - © Copyright 2011 - All Rights Reserved approfondie des mouvements Mettre en évidence les opérations et/ou comportements atypiques, inhabituels des clients Générer des alertes (paramétrage des seuils de déclenchement par catégorie de clients, par période…) Intégrer la fonction KYC (paramétrable) Intégrer les informations externes (listes noires) avec possibilité de les enrichir Mise sous surveillance et reporting éventuel aux Autorités L’enjeu de l’automatisation repose sur la capacité des outils à assurer une surveillance plus efficace, à mieux cibler les opérations à analyser et à intégrer dans les dispositifs de prévention l’ensemble des acteurs qui auront un rôle dans l’analyse (du chargé de compte au SICCFIN). Certes, l’intégration de ces outils s’inscrit dans un projet coûteux qui implique au préalable un certain nombre de questionnements et bouleverse l’organisation quotidienne des établissements mais ces instruments s’avèrent de plus en plus indispensables au maintien de la sécurité financière. Nouvelle typologie de blanchiment d’argent… SOYEZ VIGILANTS ! L’e-banking au service des blanchisseurs ? Ces 20 dernières années ont été marquées par une nette expansion des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTCI) et leur prédominance dans le quotidien de tous. Ce développement a été facilité par les nombreux avantages procurés par l’une de ces technologies, à savoir la plus répandue : INTERNET. Ces avantages étant, entre autres, un accès rapide aux services offerts et une réduction marquée des coûts. On a ainsi assisté à l’émergence d’un processus de « virtualisation » des services financiers, les banques ayant opté pour la modernisation de leurs prestations via l’e-banking. Les processus intrinsèques à l’e-banking tels que la dématérialisation des informations ou encore la désubjectivisation, montrent aussi certaines failles. La principale menace étant la cybercriminalité… L’insouciance et la méconnaissance des risques sont les vrais éléments qui rendent possible le développement de la cybercriminalité. Les banques ne sont pas assez conscientes des dangers qui les menacent. Il est donc nécessaire de sensibiliser les clients utilisateurs des services en ligne mais également les collaborateurs, et plus précisément, les gestionnaires de IntellEval est une marque de Capital Outsourcing Sam et Capital Banking Solutions SAS portefeuille qui sont leurs interlocuteurs directs. Les gestionnaires doivent alors trouver le juste équilibre pour avertir au mieux les clients et c’est pourquoi eux-mêmes doivent en amont être formés préventivement par le service Compliance. La cybercriminalité désigne l’ensemble des infractions pénales qui se commettent sur le réseau Internet. Il s’agit d’un terme largement répandu pour décrire une activité dans laquelle Internet est un outil, une cible ou un lieu pour réaliser des actes illégaux, de manière toujours plus sophistiquée et technique. Plusieurs cas de délits peuvent être observés via l’outil e-banking que de plus en plus de banques proposent. En effet, il peut s’agir d’attaques du client utilisateur ou bien de tromperie en défaveur de la banque prestataire. La sécurisation passe non seulement par la communication mais aussi par une campagne de vigilance visant à sensibiliser les différents acteurs. L’e-banking peut être le territoire propice au holdup numérique. Il est, en effet, erroné de croire que le développement d’Internet n’a fait naître que des nouvelles formes de criminalité. Certes, sont apparus des délits jusquelà inconnus, tels que l’atteinte à un traitement informatisé de données (STAD) mais des infractions classiques, soit IntellEval - © Copyright 2011 - All Rights Reserved traditionnelles, ont su être adaptées au numérique. La captation des données personnelles et bancaires est notamment une infraction phare et constitue les prémices d’une autre infraction : l’escroquerie. Ces délits Un seul mot d’ordre : soyez cyber vigilants ! sont facilités par divers outils de piratage (ex. phishing, pharming, cheval de Troie…) et permettent de qualifier des délits numériques. Le délit d’usurpation d’identité numérique (récemment consacré légalement par la Loi française LOPPSI 2) permet de punir d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende « le fait de faire usage, de manière réitérée, sur un réseau de communication électronique, de l’identité d’un tiers ou de données qui lui sont personnelles, en vue de troubler la tranquillité de cette personne ou d’autrui ». L’e-banking est également prisé par les blanchisseurs d’argent qui vont détourner l’utilité légitime du service bancaire en ligne, en tant que client/internaute du système. L’objectif est de tromper la banque prestataire et parvenir à LAVER PLUS BLANC QUE BLANC ! Selon le GAFI, les risques liés aux opérations réalisées via l’e-banking ne semblent pas lui être intrinsèques en matière de blanchiment de capitaux. Ce sont plutôt certaines caractéristiques d’Internet qui se conjuguent pour aggraver les risques. Immatérialité, absence de contact physique, facilité d’accès aux prestations, rapidité des transactions électroniques, difficulté d’identification… sont des critères qui motivent les délinquants financiers à agir via l’e-banking et ainsi réintégrer l’argent sale dans le circuit économique légal. Globalement, c’est la phase d’empilement qui est favorisée par l’ebanking car les délinquants s’efforcent de brouiller les pistes en multipliant les opérations pour empêcher toute traçabilité jusqu’à la véritable source des fonds. Le canal de distribution Internet rend plus délicate la vérification de l’identité du client, de sa capacité financière et de la provenance des fonds. Si la banque en ligne est établie dans une zone réputée pour la rigueur du secret bancaire et qui n’exige peu ou pas de preuve d’identité pour l’ouverture d’un compte, il suffit au blanchisseur de transférer les capitaux depuis son ordinateur. Dès lors, il appartient aux banques de décider de leur politique concernant le développement des services proposés par l’ebanking : de la simple consultation des comptes à la passation d’ordres. Dans la deuxième hypothèse, la règle du KYC (identification, connaissance client) est à appliquer plus que rigoureusement tant le risque d’être trompé est accru… Afin d’autoriser de nouvelles relations par voie électronique, les banques sont entre autres censées de vérifier : IntellEval est une marque de Capital Outsourcing Sam et Capital Banking Solutions SAS L’identité : il peut s’agir de la transmission de la copie d’un document d’identité officiel du client par téléchargement ; La véracité de l’adresse du client : envoi d’un courrier en recommandé avec accusé de réception ; Le premier ordre de paiement (nature, objet, montant, destinataire…). Interview du Commandant de Police Frédéric FUSARI Section des Enquêtes Financières, Division de Police Judiciaire, Direction de la Sûreté Publique de Monaco Le Commandant FUSARI s’est volontiers prêté au jeu d’un question-réponse afin de nous éclairer sur le rôle essentiel de la Brigade financière monégasque dans le circuit de la lutte anti blanchiment. Vendredi 4 février 2011 1) Quelle est la composition du service ? « Le service comporte 7 officiers de police (personnes parmi lesquelles se trouvent 2 commandants, 3 capitaines et 2 lieutenants). Nous sommes tous issus d’une formation universitaire et avons bénéficié d’enseignements spécialisés dispensés par la Sous-Direction des Affaires Economiques et Financières française en matière de comptabilité et gestion. Ce qui nous permet aujourd’hui de mieux appréhender l’environnement financier IntellEval - © Copyright 2011 - All Rights Reserved de nos affaires et le jargon des professionnels de la finance. Très souvent nos dossiers sont en connexion avec le monde de l’entreprise, nous nous devons de le comprendre.» 2) En France, la brigade financière fait partie de la Sous-Direction des Affaires Economiques et Financières qui la dissocie de la brigade de répression de délinquance astucieuse, de la brigade de répression de la délinquance économique… A Monaco, comment est-ce organisé ? Y-a-t-il des divisions au sein du service ? « La Section Economique et Financière monégasque ne comporte pas de sous sections ; elle traite de toutes les affaires financières faisant apparaître un certain degré de complexité laissant les infractions financières plus simples à la section des enquêtes de voie publique. Il n’y a pas d’attribution spécifique de mission aux enquêteurs du service en fonction de leurs compétences même si parfois l’expérience et l’ancienneté sont déterminantes pour pouvoir traiter un dossier. » 3) A quel moment vous charge-t-on d’une enquête ? Quel est l’élément déclencheur le plus fréquent ? « Une grande partie de notre activité est bien entendu représentée par des saisines locales, qu’elles soient directes (plaintes de victimes) ou d‘origine judiciaire comme les instructions du Parquet général ou les commissions rogatoires. L’autre grand volet est représenté par les demandes d’assistance internationales dans le cadre d’affaires financières, c’est à dire par des Commissions Rogatoires Internationales (c’est-à-dire une mission donnée par un juge à toute autorité judiciaire relevant d'un autre Etat, de procéder, en son nom, à des mesures d'instruction ou à d'autres actes judiciaires). Dans ce cas-là nous avons pour impératif d’effectuer la mission au regard du droit monégasque, mais nous devons également veiller à satisfaire du mieux possible les demandes de l’Etat requérant qui obéit lui-même à un système juridique souvent différent du nôtre. Les règles de preuve n’obéissent pas au même régime. Nous devons trouver un équilibre. » 4) Quelles sont les principales difficultés rencontrées lors de vos enquêtes ? « Ces difficultés sont diverses. Soit elles tiennent à la technicité des faits permettant de qualifier l’infraction, tel que les délits d’initiés ou les fraudes commises dans des salles de marché. L’affaire HOBBS MELVILLE, par exemple, a été notre dossier le plus important en termes de préjudice et de nombres de victimes. L’identification et le nombre des victimes ont été une difficulté. Soit elles relèvent de l’effectivité de la coopération des services étrangers ; je pense notamment aux affaires de IntellEval est une marque de Capital Outsourcing Sam et Capital Banking Solutions SAS blanchiment. Nous devons rechercher l’infraction d’origine qui est commise à l’étranger. Et là nous sommes totalement dépendants du niveau et de la qualité des renseignements donnés. Nous devons nous assurer que les fonds déposés à Monaco proviennent d’une infraction et que cette infraction a été commise au cours d’une période qui correspond à l’activité du compte se trouvant en Principauté. Si nous ne pouvons pas déterminer et prouver cette infraction notre enquête s’arrête. Et malgré ce qui peut être dit, la traçabilité des fonds n’est pas une difficulté bien que cela puisse prendre du temps. » 5) Quelle est la durée moyenne d’une enquête ? « Cela peut varier d’une affaire à l’autre. Par exemple, pour une affaire de fraude à la TVA, il faut compter au moins deux ans. Les demandes de renseignements (CRI) aux homologues étrangers peuvent prendre plus ou moins de temps selon les pays ou le type d’affaires. » 6) Comment se passe la coopération avec vos homologues étrangers ? Ya-t-il des pays plus réfractaires ou plus lents lors de l’échange d’informations ? Des exemples ? Etes-vous amenés à vous déplacer ? « Nos rapports avec les brigades financières étrangères sont bons. Nous sommes conscients de la nécessité de cette collaboration et ne voulons en aucun cas entraver au bon fonctionnement de IntellEval - © Copyright 2011 - All Rights Reserved cette indispensable. » entraide 7) Quels sont vos rapports avec les établissements bancaires de la Place ? Est-il déjà arrivé qu’une banque vous cache la détention de fonds d’une personne sous enquête suite à une demande de renseignements émise par votre service ? « Globalement, nos rapports sont excellents. Nous disposons dans chaque banque d’un correspondant privilégié qui est le compliance officer pour ce qui est des demandes ciblées. Et nous saisissons l’Association Monégasque des Activités Financières pour ce qui est des demandes générales. Nous entretenons une relation de confiance mutuelle avec les établissements bancaires et les sociétés de gestion de portefeuille, qui est la base de la réussite d’une enquête. Aucune banque ne nous a jusque-là caché la présence d’une relation dans leurs livres. La seule fois où un incident est survenu, il s’agissait d’un dysfonctionnement du système informatique de l’établissement bancaire ; la rectification a eu lieu immédiatement, la bonne foi des personnes travaillant dans la banque n’a pas été mise en cause. Cette confiance est essentielle car la Principauté ne dispose pas de fichier centralisé comme la France qui dispose du FICOBA. Donc seuls les établissements bancaires peuvent nous renseigner sur l’ouverture ou non d’un compte en leur livre. Nous pourrions pour chaque demande nous transporter dans les établissements pour procéder par voie de perquisition pour procéder aux recherches. Mais compte tenu de la qualité de traitement de nos demandes par la place bancaire cette option n’est absolument pas envisagée. » 8) Travaillez-vous directement avec le SICCFIN ? « Bien sûr. Très souvent, il arrive que la cellule financière émette des demandes de renseignements sur une personne précise. Un dossier nous est alors transmis avec les recherches internet faites sur cette personne pour éviter toute erreur sur la personne. En revanche, aucune information concernant le motif de la demande ou la nature des soupçons qui pèsent sur l’individu ne figure au dossier. Notre rôle est donc de vérifier si cette personne est connue de nos services et de renvoyer les renseignements (antécédents éventuels) susceptibles de renseigner le SICCFIN. » 9) Y-a-t-il une typologie de fraude récurrente ? Quels sont les types de fraudes les plus fréquents ? « La majorité des affaires consiste à commettre une fraude à la TVA. Les carrousels sont très fréquents et impliquent toujours de l’import-export de produits de détail, tels que les téléphones portables. Aussi, on assiste à un boom de la fraude à la taxe carbone. » IntellEval est une marque de Capital Outsourcing Sam et Capital Banking Solutions SAS 10) Dans une édition récente de Monaco Hebdo, Monsieur Philippe NARMINO, Directeur des Services Judiciaires, mentionne 4 affaires de blanchiment à venir. Etesvous intervenus sur les 4 ? Globalement, les enquêtes se sont-elles bien déroulées ? S’agit-il d’affaires à échelle internationale ? Pouvez-vous nous éclairer quant aux montages frauduleux décelés ? « Ces affaires n’ont pas encore été jugées donc je ne peux m’exprimer. » 11) Combien d’affaires de blanchiment d’argent a connu la Principauté ? « 3 affaires de blanchiment de fonds ont véritablement marqué Monaco. Il s’agit de blanchiment de fonds provenant du trafic de stupéfiants. La première affaire de blanchiment à avoir été jugée est l’affaire BINYAMIN Moshe. Il s’agissait d’un ressortissant israélien qui souhaitait déposer plus de 5 M USD en espèces sur un compte bancaire. L’enquête de la Sûreté Publique a permis de déterminer, avec le concours précieux de la DEA (Drug Enforcement Administration - USA), que ces espèces provenaient d’une transaction de 800 kg de cocaïne qui venait d’avoir lieu aux Pays Bas. BINYAMIN a été interpellé et condamné le 16/11/1998 par la Cour d’Appel de Monaco à 12 ans d’emprisonnement pour détention de fonds provenant du trafic de stupéfiants, les fonds ont été confisqués. La deuxième affaire concernait PEDICONE IntellEval - © Copyright 2011 - All Rights Reserved Agatino, résident, s’agissant d’un expertcomptable italien qui déposait d’importants montants en espèces sur ces comptes avant de les transférer sur des comptes en Suisse. Notre enquête a identifié l’origine de ces espèces qui provenaient d’un colombien résidant en Sicile et lié à la Cosa Nostra et aux réseaux colombiens de production de cocaïne. La collaboration avec la Suisse et l’Italie a été remarquable et d’une grande efficacité. Les services italiens ont pu avec le concours de la DEA identifier le réseau qui avait une tête de pont à Miami. Nous l’avons interpellé et il a été condamné par le Tribunal Correctionnel de Monaco le 10/10/2000 à 7 ans d’emprisonnement. Enfin, la troisième affaire concernait DORE Pascal, résident luxembourgeois, lequel a été condamné le 04/12/2006 par la Cour d’Appel de Monaco à 12 ans d’emprisonnement pour détention de fonds provenant du trafic de stupéfiants. Il n’a pas pu être arrêté à Monaco. Il est en train de purger une peine aux USA pour des faits de blanchiment également. Pour ces trois affaires il faut noter que nos enquêtes pour blanchiment sont intervenues alors que l’infraction d’origine était en train de se commettre ou venait d’être commise. La concomitance dans le temps de l’infraction et de l’acte de blanchiment a grandement facilité notre action. Pour ce qui est de votre domaine d’activité, Il est intéressant de noter que ces affaires de blanchiment présentent un risque sérieux pour l’établissement bancaire. En effet dans le dossier PEDICONE le dirigeant de la banque monégasque où les fonds avaient été déposés a également été condamné définitivement par la Cour d’Appel de Monaco en 2002 à une peine d’amende dans une procédure distincte pour infraction aux dispositions légales relatives à la participation des organismes financiers à la lutte contre le blanchiment des capitaux, par omission de déclaration de soupçons. 12) La France vient de créer l’AGRASC, l’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués. Cette dernière tend à faciliter la saisie et la confiscation des avoirs criminels, c’est-à-dire des biens illicitement acquis par les personnes poursuivies en justice. L’objectif étant de faire en sorte que le crime ne paie plus. L’agence pourra assister les magistrats et pourra vendre les biens saisis avant qu’ils ne se déprécient. Pensezvous qu’une telle structure sera créée en Principauté, sur le modèle français ? « Non, une telle mesure n’est pas prévue. En revanche, c’est une disposition très intéressante puisque dissuasive. Il faut distinguer la gestion de la confiscation. Les mesures de confiscations sont prévues par la loi monégasque en matière de blanchiment de fonds. Elles sont prises au moment du prononcé de la condamnation. Par contre il n’existe pas de disposition IntellEval est une marque de Capital Outsourcing Sam et Capital Banking Solutions SAS prévoyant la gestion des biens ou avoirs saisis. La dépréciation de ces biens est une réalité et elle porte préjudice à toutes les parties au procès. En cas de condamnation les mesures de confiscation seront d’un effet moindre et en cas de non-lieu ou relaxe la personne innocentée retrouvera un bien déprécié. Le cas est flagrant pour les véhicules. Les Italiens sont très avancés dans ce domaine, leur loi anti mafia permet au service répressif de saisir tout le patrimoine d’une personne sous enquête, à charge pour lui de prouver qu’il a acquis ce patrimoine avec des fonds « propres ». In fine, même si sa qualité d’appartenance à une organisation criminelle mafieuse n’a pu être prouvée, les mesures patrimoniales sont maintenues. Si la preuve de l’origine légale des fonds n’est pas rapportée, le patrimoine est confisqué. Entre le moment de la saisie et de la confiscation, ce patrimoine est géré par un service spécialisé, que ce soit des véhicules, des immeubles ou même des sociétés. » 13) Quel est le constat en matière de lutte contre le financement du terrorisme en Principauté ? « A ce jour, à ma connaissance aucun cas n’a été recensé. Cette lutte s’est renforcée suite aux évènements du 11 septembre 2001 aux EtatsUnis et a touché l’Europe progressivement. Des listes sont émises régulièrement par le Trésor Américain et l’Union IntellEval - © Copyright 2011 - All Rights Reserved Européenne. Mais il est évident que les vérifications faires à partir de ces listes s’avèrent très difficiles notamment à cause de l’orthographe des noms arabiques. Il faut également savoir que les constats qui ont été faits après les attentats de New York ou de Madrid sont que les couts de tels attentats sont faibles. Et que ces couts ont été financés par des infractions telles que des fraudes avec des cartes clonées. » de crédit 14) Pour terminer, avezvous une anecdote à nous faire partager ? « Sans entrer dans le détail d’une enquête en particulier et pour revenir sur les dossiers de blanchiment de fonds, le fait marquant est la violence qui est en arrièreplan. Ceux qui sont appelés communément les blanchisseurs et qui ont été IntellEval est une marque de Capital Outsourcing Sam et Capital Banking Solutions SAS arrêtés à Monaco se sont rapidement rendus compte des risques sérieux et avérés qui pesaient sur leur vie et celles de leurs proches… » Propos recueillis par Cécile GAUTIER, Consultant IntellEval – Capital Banking Solutions IntellEval - © Copyright 2011 - All Rights Reserved News IntellEval Au fil du temps, le rôle d’IntellEval croit et s’exporte par-delà les frontières de la principauté. L’expertise du pôle est de plus en plus reconnue et sollicitée, c’est pourquoi nous tenons à remercier tous les professionnels qui nous font confiance. Le projet de formations mutualisées réalisé au printemps dernier en partenariat avec l’AMAF nous a permis de renforcer encore notre expertise et notre positionnement en Principauté. Ce projet démontre de l’implication des associations professionnelles et des professionnels euxmêmes. Merci à l’ensemble des participants ! Nous espérons renouveler l’expérience prochainement. Par ailleurs, la complémentarité des logiciels Compliance de Capital Banking Solutions et de l’expertise d’IntellEval porte ses fruits et nous permet d’élargir nos compétences. Comme vous le savez, IntellEval a rejoint en 2010 l’éditeur de solutions bancaires devenant alors un département de CBS. En conséquence, IntellEval régulièrement amené à prendre part différents projets de déploiement solutions de profilage clients proposées CBS. est aux des par Afin de faciliter la surveillance de leurs clients et de leurs opérations, BSI Asset Managers a choisi de déployer l’outil Capital Compliance et a confié à IntellEval l’adaptation des matrices de scoring et d’alertes ainsi que la refonte des procédures internes LAB. Dans le cadre d’une riche collaboration avec les équipes Compliance de la Banque AUDI Monaco, nous avons participé au déploiement opérationnel de Capital Compliance. Ce projet a notamment inclus la refonte des méthodes de scoring des clients relative à la mise en place de l’approche par les risques ainsi que la définition des matrices de contrôles et d’alerte. A propos de Capital Banking Solutions : CBS est un éditeur de solutions Front et Back Office bancaires. Présent sur quatre continents et plus de 30 pays, CBS a réalisé en 2010 un CA de plus de 16 millions d’euros (+20% en un an). CBS est ainsi devenu un acteur incontournable du marché des banques, sociétés de gestion, family offices et compagnies d’assurances. Pour plus d’informations : www.capital-banking.com L’objectif d’IntellEval reste inchangé depuis sa création : assister au mieux les professionnels assujettis dans le renforcement de leur dispositif LAB/CFT afin de préserver l’image des établissements et surtout de la Principauté de Monaco. Contact : Cécile GAUTIER – Juriste Consultant IntellEval Tel : + 377 99 99 69 99 Tel : +33 1 44 43 44 66 Cell: 06 60 97 57 14 IntellEval est une marque de Capital Outsourcing Sam et Capital Banking Solutions SAS IntellEval - © Copyright 2011 - All Rights Reserved