Pays d`Art et d`Histoire

Transcription

Pays d`Art et d`Histoire
SYNDICAT
MIXTE DU
BÉARN DES GAVES
Dossier de candidature
au label
Pays d’Art et d’Histoire
— 2009 —
Dossier coordonné et réalisé par :
Stéphanie Lafont,
responsable du projet pour
le Syndicat mixte du Béarn des Gaves.
d’après un travail initié par
Raphaël Delebarre
chargé du Patrimoine à la Ville d’Orthez
de 2002 à 2006
Avec la collaboration de :
Christian Lamaison
documentaliste, toponymiste, préparateur d’édition,
pour l’association Orthez, Cité du Livre,
et le concept du patrimoine discret.
Cécile Tison
attachée à la conservation du musée Jeanne-d’Albret,
et pour Orthez Animations.
Jean-Paul Lafont
pour la collaboration historique
et l’édition.
René Descazeaux
adjoint au maire d’Orthez,
chargé de la culture, des fêtes,
de l’identité régionale et des jumelages,
en charge du dossier Pays d’Art et d’Histoire
pour le Syndicat Mixte du Béarn des Gaves.
Les élus et techniciens des collectivités
et de l’Office de tourisme du Béarn des Gaves
Les associations culturelles et patrimoniales
du Béarn des Gaves
« Tant que l’on n’a pas tout fait, »
pour l’éducation des enfants, »
on n’a rien fait. »
Félix Pécaut
Éditorial
I
BdG
existe une véritable cohérence culturelle au sein du Béarn des Gaves.
Dès 2002, les élus des villes de Navarrenx, d’Orthez, de Salies et de Sauveterre ont émis l’idée qu’il s’en dégageait la possibilité d’une ressource
pour le tourisme. Ce constat donna alors lieu à la création du Syndicat
mixte et de l’Office de Tourisme du Béarn des Gaves.
Parallèlement, sans que cela soit une nouveauté, nous avons pris
conscience de la variété considérable du patrimoine bâti de ce territoire,
offrant ainsi une palette étendue de points de vue culturels. Les collectivités territoriales et les associations essaient actuellement de les mettre en
valeur, tant par des mesures de protection et de sauvegarde, que par des
animations à caractère éducatif.
Ainsi, le projet de Ville d’Art et d’Histoire de la ville d’Orthez s’est rapidement transformé en un projet de Pays d’Art et d’Histoire pour l’ensemble du territoire du Béarn des Gaves.
Aussi, il est de notre responsabilité de développer la compréhension de
l’histoire et des idées qui ont contribué à construire l’originalité de notre
territoire. Notre premier souci, va vers l’éducation, tous les auteurs, les
scientifiques, les penseurs, les artistes qui ont marqué l’histoire du territoire font déjà l’objet d’études, de conférences, de colloques, de publications. Et nous sommes loin d’avoir parcouru tous les chemins de la
connaissance.
Enfin, nous essayons d’encourager toutes les initiatives liées à la valorisation du patrimoine discret, celui qui est pour le moment invisible. De ce
point de vue, la politique menée par la communauté de communes du canton d’Orthez en faveur de la défense de la langue et de la toponymie est
particulièrement novatrice. Au cours de la préparation de ce dossier, nous
avons appris que la langue et la toponymie sont en voie d’être considérées
comme patrimoine immatériel de l’humanité par une convention de
l’Unesco ; nous sommes heureux d’avoir déjà pris les devants dans nos
cantons.
Aujourd’hui, le territoire du Béarn des Gaves sollicite l’obtention du
label Pays d’Art et d’Histoire. Cette labellisation nous permettra de structurer les actions déjà entamées et l’inscription au sein du réseau des VPAH,
gage d’efficacité pour notre territoire.
L
Syndicat mixte
du Béarn des Gaves
Le gave d’Oloron à Navarrenx
Comme à Orthez ou à Sauveterre, les gaves rencontrent l’histoire,
ce pont médiéval signe notre présentation du Béarn des Gaves
comme étant un carrefour d’influences.
Introductif au dossier
Cette communication a été présentée à madame Pascale Corré
de la commission nationale des Pays d’Art et d’Histoire,
lors de sa réception à Orthez le 14 avril 2009.
Pourquoi sommes-nous candidats à l’obtention d’un
label Pays d’Art et d’Histoire ou, sous une autre forme :
un label, pour quoi faire ?
Le label nous permettrait assurément un affichage par
une reconnaissance publique mais il constituerait surtout une source de stimulation pour toutes les forces
vives de la population qui réside et travaille en Béarn des
Gaves. Nous avons donc la volonté de parvenir, avec
quelques chances de succès, au bout de cette dernière
ligne droite de l’étude du dossier. Pour réussir dans cette
entreprise, notre territoire nous semble disposer de cinq
atouts importants que la démarche de labellisation
paraît exiger :
»» Le souci de préservation de la qualité du cadre de vie.
»» Le fondement d’homogénéité et d’identité culturelle
du pays.
»» La polyculturalité de cet espace carrefour européen.
»» L’équilibre harmonieux de la structure pilote.
»» L’originalité et la complémentarité des activités qui s’y
déroulent.
Le souci de préservation
de la qualité du cadre de vie

Après avoir initialement pensé à déposer un projet
d’obtention du label Ville d’Art et d’Histoire pour
Orthez, nous avons fait le choix de faire reconnaître le
Béarn des Gaves comme Pays d’Art et d’Histoire.
Initialement, en recrutant en 2002 un animateur du
patrimoine, Orthez avait envisagé d’obtenir une reconnaissance de Ville d’Art et d’Histoire. Elle aurait pu y prétendre, disposant d’atouts au moins aussi déterminants
ou emblématiques qu’Oloron par exemple, qui a obtenu
il y a peu ce label.
Nous nous sommes finalement engagés dans une
autre démarche parce que la richesse patrimoniale,
architecturale et historique de nos espaces d’une part, la
cohérence géographique, la qualité des sites naturels de
ceux-ci d’autre part avait fait émerger depuis 2005, chez
les acteurs du terrain, une double préoccupation :
»» la volonté de protection de leur patrimoine, d’un
patrimoine historique riche reçu en héritage,
»» la volonté de protection des sites naturels et des
paysages qui constituent leur cadre de vie, un cadre
de vie exceptionnel.
Cette double préoccupation de protection du territoire,
cette volonté de préservation, rejoignait, nous semblaitil, les principes et objectifs définis par le législateur dans
la mise en place des dispositifs conduisant à l’attribution
de labels Pays d’Art et d’Histoire.
Ce souci permanent de préservation s’est traduit dans
les faits par la conception et l’établissement de conventions de développement patrimonial, de projets collectifs
de développement avec le Conseil général des PyrénéesAtlantiques et le Conseil régional d’Aquitaine. Les stratégies d’aménagement du territoire font toutes l’objet de
plans concertés entre les communautés de communes
du territoire parce que c’est désormais, de toute façon,
une exigence des schémas régionaux ou départementaux pour optimiser la délégation d’aides et de crédits.
Notre souci de préservation s’est aussi traduit par
l’adoption, entre 2003 et 2006, de ZPPAUP très strictes
dans chacune des communautés de communes constitutives. Cette volonté se décline aujourd’hui par de nouveaux affichages d’ambitions environnementales :
— La définition par les petites communes du Béarn des
Gaves de sites relevant d’un classement en zones Natura
2000.
— Le repérage des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et d’un bon état de conservation en
bord des gaves.
— La préservation et la restauration des zones humides
qui constituent dans nos pays des gaves un patrimoine
remarquable.
— Le lancement sur Orthez d’un programme de développement durable de type Agenda 21 (habitat fleuri,
recensement d’arbres remarquables, positionnement
d’un futur éco-quartier).
Le fondement d’homogénéité
et d’identité culturelle du pays
Le Béarn des Gaves présente une réelle et profonde
homogénéité, qu’on pourrait désigner comme une
homogénéité de mémoire et de destinée.
Unité, homogénéité de mémoire inscrite dans l’histoire
du Béarn des Gaves.
Il y a une histoire spécifique du Béarn, constitué en
principauté indépendante dès le début de la guerre de
Cent Ans. Le Béarn des Gaves offre la particularité de
compter deux des capitales historiques dans son
espace : Sauveterre-de-Béarn et Orthez.
De surcroît, nombre d’aspects historiques spécifiques
pourraient être recensés (importance ici de la Réforme,
forte présence de Jeanne d’Albret et rayonnement de
l’Université humaniste) qui donnent plus d’éclat encore
à cette homogénéité de mémoire.
Unité, homogénéité de destinée inscrite dans le milieu
naturel du Béarn des Gaves, sa géographie.
Les limites naturelles sont ici clairement tracées. Elles
sont constituées par les gaves de Pau et d’Oloron qui for-
ment et délimitent un angle, celui d’un territoire original
marqué par l’eau, les eaux vives des gaves pourrait-on
dire.
Ces gaves enserrent le pays du Béarn des Gaves, « le
pays vert » dont parle Paul-Jean Toulet, le pays des collines de l’entre-deux-gaves.
L’homogénéité de destinée pourrait même être symbolisée par les deux couleurs emblématiques de notre
pays, le bleu et le vert, le bleu de l’eau de ses gaves, le
vert des terres de ses collines.
Cette homogénéité se nourrit du terreau facilitateur de
l’identité culturelle forgée tout au long de notre histoire
commune, identité illustrée en Béarn des Gaves par le
relais fondamental d’une langue béarnaise encore active
et en tous cas enracinée dans une forte tradition rurale.
La polyculturalité de cet espace
carrefour européen
L’observation d’une carte d’Europe occidentale nous
permet de bien comprendre comment le positionnement de notre Pays des Gaves sur l’isthme européen
reliant le continent à la péninsule ibérique, a pu favoriser
tout au long de l’histoire la circulation des peuples et des
cultures.
C’est bien dans cet espace que les voies principales
des chemins de Compostelle viennent se rapprocher et
se rejoindre, constituant un maillage original qui explique la densité des éléments patrimoniaux présents ici et
liés à cette aventure collective des hommes.
Nous sommes bien au cœur d’un carrefour naturel où
la vieille province du Béarn vient se joindre à d’autres
vieilles provinces (la Gascogne, la Soule, la Navarre). Ce
n’est pas un hasard si trois royaumes entraient ici en
communication : l’Angleterre qui contrôla longtemps le
duché d’Aquitaine, l’Espagne qui assurait sa mainmise
sur la Navarre et la France. Ce n’est pas un hasard non
plus si à ce point de jointure les princes béarnais vinrent
forger pour plusieurs siècles leur souveraineté après les
temps troublés de la guerre de Cent Ans.
L’affirmation d’un royaume de France et de Navarre
que l’avènement d’Henri IV célébrera, prend sa source et
son sens d’abord en Béarn des Gaves.
L’équilibre harmonieux
de la structure pilote
L’homogénéité du pays des gaves se nourrit d’un
équilibre fondamental que nous devons respecter
scrupuleusement.
Le Béarn des Gaves hérite d’une histoire commune,
bâtie peu à peu sur un territoire partagé.
Quatre cantons, quatre communautés de communes,
quatre villes-villages qui s’équilibrent parfaitement. Le
Syndicat mixte dans son organisation est l’émanation
achevée de cet équilibre voulu et accepté. Les élus ont
maintenant une expérience et une pratique de l’action
concertée. Ils ont parfaitement compris, et cela apparaît
dans les stratégies qu’ils mettent en place, que tous les
projets culturels, urbanistiques ou paysagers doivent
impliquer les populations concernées. Regardons de
près cette structure qui fait sa place à chacun :
»» le siège central de l’office de tourisme du territoire
est à Salies (avec ses antennes dans chacune des communautés) ;
»» le président de cet office de tourisme est désigné
par la Communauté de Sauveterre ;
»» le siège du Syndicat mixte est à Orthez ;
»» le président du Syndicat mixte est issu de la
Communauté de Communes de Navarrenx.
Tout naturellement, le moment venu, la structuration
d’un service d’animation du patrimoine au sein du
Syndicat mixte (qui servira de référent administratif permanent à l’Animatrice du CIAP) impliquera le positionnement à Orthez du Centre d’Interprétation du Patrimoine
(avec des ateliers pédagogiques ou des locaux dans les
quatre cantons constituant le territoire).
La volonté des politiques publiques locales de s’ancrer
sur une dynamique participative des populations a pour
objectif l’appropriation du territoire par celles-ci. Cet
exercice de démocratie citoyenne est loin d’être acquis.
C’est pourquoi le Syndicat mixte a besoin d’un accompagnement de la puissance publique pour engager un processus d’économie et d’éducation culturelle sur le terrain.
L’originalité et la complémentarité
des activités du Béarn des gaves
Nous avons engagé un effort commun de démarche
citoyenne de valorisation.
Cet effort que nous faisons prend appui sur deux principes forts qui guident notre volonté d’être reconnus
Pays d’Art et d’Histoire :
»» la conviction de projeter une image territoriale
emblématique produite par une identité culturelle très
forte nous l’avons vu, la langue étant un des moteurs de
cette identité ;
»» un savoir-faire reconnu des hommes de ce pays,
avec dans l’ensemble un vrai souci respectueux de l’environnement, qui jette les bases d’une réelle aptitude à
conduire un développement durable local.
Ces deux principes sont illustrés par la constitution
étonnante sur le terrain, de spécificités qui se sont
conservées et figurent les fondements de ce qu’on pourrait appeler la tradition ou la diversité locale :
— Avec Sauveterre, partie du territoire où la langue
mère s’est le mieux conservée, qui s’illustre en magnifiant la production agro-alimentaire en petites unités et
l’élevage. C’est le terrain de la race bovine Blonde
d’Aquitaine qui engendre une fête de rayonnement
régional au cœur du mois d’août.
— Avec Orthez, qui se veut Cité du Livre (avec la riche
histoire éditoriale de son Université humaniste au 16e et
l’installation des premiers imprimeurs du sud aquitain).
Le Livre logiquement impulse des activités, avec sa
remarquable médiathèque, son salon du Livre automnal
et son village d’entreprises autour de l’Image et de l’Écrit
porté par la Communauté de Communes d’Orthez.
— Avec Salies, c’est la Cité du Sel, l’or blanc, reine des
eaux salées, Salies vit au rythme d’une activité thermale
et balnéaire de grande réputation. Sa fête du Sel à la fin
de l’été, draine des foules considérables.

— Avec Navarrenx, c’est le gave, ses saumons, un aménagement réussi des berges et rives mais c’est aussi le
choix d’attirer des réseaux d’artisans d’art dans les rues
de la bastide (un Salon des métiers d’art à Pâques).
Ce raccourci éclaire une remarquable complémentarité
de fait des composantes du territoire qui allient plutôt de
bonne façon, diversité et unité dans cet espace.
Comment conclure
cette présentation sommaire ?
Il est évident que le label de Pays d’Art et d’Histoire
apportera beaucoup à notre Béarn des Gaves. Mais nous
avons aussi l’intime conviction que le Béarn des Gaves
apportera beaucoup au label.
Pourquoi ?
L’inscription dans le réseau des Pays d’Art et d’Histoire
de notre petit pays des gaves, pourrait n’apparaître que
comme l’adjonction d’une toute petite pierre ajoutée à
l’édifice commun. Mais cette petite pierre, verte et bleue,
ce petit espace est unique, il offre des particularités
remarquables comme le dossier s’efforce de le montrer.
Mais il est surtout représentatif et symbolique de la
construction de l’unité nationale elle-même ! Choisir
le Béarn des Gaves comme premier Pays d’Art et
d’Histoire reconnu en Aquitaine procéderait finalement quelque part d’une certaine logique.
Il est suffisamment à l’écart des grands rails touristiques des côtes atlantiques, à l’écart des circuits faits sur
le même moule des stations pyrénéistes bondées, il ne
recèle pas de sanctuaires ou de sites éternellement
médiatisés.
Il constitue simplement un de ces « nids d’espace »
plutôt rares que l’on ne trouve qu’en quelques lieux du
pays profond.
Choisir de labelliser ce nid d’espace aquitain serait
emblématique d’une volonté de mettre en exergue une
fusion plutôt aboutie du patrimoine naturel et du patrimoine historique. Cela aurait une résonance authentique
(dans le meilleur sens de ce terme bien galvaudé
aujourd’hui) et cela illustrerait très opportunément l’engagement de la puissance publique de donner un sens
au vocable de pays, un vrai sens.
Surtout qu’en bien des domaines, les capacités requises pour mériter le label, ont été largement expérimentées et bien des chantiers ont été mis en œuvre sans
attendre, comme on le verra plus loin. Le sentiment de
pays était déjà là.
Le Syndicat mixte du Béarn des Gaves
porteur du projet de label PAH
Le gave de Pau à Puyoô
Le gave de Pau dépose ici du gravier au pied des ruines
du château de Bellocq, par-derrière s’étend la bastide,
à l’horizon, un pylône de télécommunications domine l’autoroute.
C’est encore la rencontre du passé et du présent.

Sommaire
I.
Le Béarn des Gaves
1. Situation et origine de la démarche
1.1. Les atouts
15
15
Une situation géographique privilégiée
Comment venir en Béarn des Gaves
Une entité historique
17
L’héritage des vicomtes de Moncade
Le Béarn des Gaves à l’heure de la Réforme
2. Une volonté des quatre cantons de travailler
ensemble à l’organisation touristique
2.1. Le PCD du Pays des Gaves de 1998 à 2003
19
19
Actions engagées par le PCD du Pays des Gaves. — La structuration et l’organisation
touristique du territoire. — Actions de promotion. — Le développement d’équipements
touristiques. — Schéma directeur de signalisation. — Plans locaux de randonnées.
2.2. Le pôle touristique rural du Béarn des Gaves
depuis 2005
Le syndicat mixte
L’office de tourisme
21
22
22
Missions déléguées
Actions mises en œuvre par l’Office de Tourisme depuis 2006
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Création de la cohésion de l’équipe BdG et amélioration de l’accueil et de l’information.— Communication locale. — Positionnement, promotion et communication.
— Commercialisation. — Actions en cours.
3. La démographie et l’économie locale
3.1. La démographie : une terre d’accueil
3.2. Structure de l’économie et de l’emploi :
résistance et développement
3.3. Le tourisme, un poids significatif et un axe
majeur de développement
Le patrimoine naturel du Béarn des Gaves
Un carrefour millénaire
4. Un riche passé historique et patrimonial
4.1. Une histoire mouvementée
4.1.1. Orthez, Salies, Sauveterre, Navarrenx
des destins différents
4.1.2. Le Béarn des Gaves : une histoire commune
4.2.1. Les édifices religieux
ORTHEZ. L’église Saint-Pierre. — Le chœur. — La nef. — L’église du bourg Vieux et
les vestiges du couvent des Jacobins. — Le temple de l’Église Réformée.
SAUVETERRE. L’église Saint-André. — Le chœur roman. — Le clocher fortifié. — La
nef. — Le portail et ses sculptures. — Le décor intérieur. — Chapelle Saint-Martin
de Sunarthe. — Le couvent des Carmes. — Le temple de l’Église Réformée.
Autres édifices religieux dans le canton de Sauveterre :
MONTFORT. — SAINT-GLADIE. — L’HÔPITAL-D’ORION.
NAVARRENX. L’église Saint-Germain l’Auxerrois.
SALIES. L’église Saint-Vincent.
Les halles d’Orthez (théâtre Francis-Planté). — L’hôtel de ville d’Orthez. — L’hôtel de
ville de Navarrenx. — L’hôtel de ville de Sauveterre. — L’hôtel de ville de Salies.
72
72
L’occitan. — Le gascon ou le béarnais. — Les autres langues du BdG. — Le basque
ou euskara. — Le castillan ou espagnol. — Le français. — Le travail sur la langue.
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4.3.2 Les noms de lieux
24
Les toponymes. — Une volonté de protection déjà en œuvre. — Les projets. —
L’éducation.
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26
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28
28
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Le Béarn dans l’occident médiéval. — L’influence fébusienne. — Le Béarn des Gaves,
terre d’accueil de la Réforme.
4.2. Un patrimoine bâti remarquable
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4.2.4. Les édifices publics
4.3.1 Les langues
Terre d’histoire. — Terre de tradition.
Fréquentation et hébergements
51
ORTHEZ
Le bâti médiéval. — Les ouvertures. — La couverture et l’appareil. — Les maisons
fortifiées. — La maison Batcave ou maison des Prêtres Prébendiers. — L’Hôtel de la
Lune. — La maison Jeanne-d’Albret ou « Maison du Roy ». — La maison CoustetLarroque. — Le bâti de la période moderne. — Les maisons de négociants et d’artisans. — Les grands hôtels des 18e et 19e siècles. — La maison Lataste. — L’hôtel
de la Belle Hôtesse et sa légende. La légende. — Le château Lamaignière.
SAUVETERRE
Maison Darridole-Guinarthe dite château de Naÿs (hôtel de ville). — Hôpital SaintAntoine. — Pigeonnier de Coulomme. — Maison Jean-de-Vic. — La Maison Forte.
NAVARRENX
Maisons du Gouvernement. — Maison Jeanne-d’Albret. — Les maisons de Navarrenx.
SALIES. — La promenade sur les bords du Saleys canalisé. — Le château Saint-Pé. —
La maison Coustalé-Larroque. — Château et hôtel Gassion. — Le quartier thermal.
— L’établissement thermal. — Le kiosque. — Le grand hôtel du Parc. — Le café
cercle du Chalet. — Le casino. — La ville thermale. — Le hameau Bellevue l’hôtel
Bellevue et son pavillon.
La ville thermale. Une identité éclectique. — Les villas gothico-renaissance. — Villa
Hermine. — Villa Lou Castelet. — Les villas chalets. — Villa Jeanne. — Le style
vernaculaire. — Villa les Platanes. — Villa Gabrielle. — Le courant régionaliste. —
Villa du Garagiste Boissan.
4.3 Avec l’Unesco : le patrimoine immatériel de l’humanité
Terre d’eau. — Les activités et sites Nature.
Le patrimoine culturel du Béarn des Gaves
ORTHEZ. Le pont Vieux. — Le château Moncade. — Les remparts de ville et les tours
de défense.
SAUVETERRE. La tour Monréal. — Le pont de l’a Légende.
NAVARRENX. — Le pont. — Le tour des remparts. — La porte Saint-Antoine. —
Demi-bastion de la Cloche et la poudrière. — La poudrière. — Le bastion des contremines et le bastion des Échos. — Le bastion des Échos. — Le bastion des Noyers et
du Parapet. — La fontaine militaire. — L’arsenal. — Les casernes Saint-Antoine.
4.2.3. L’habitat privé
Une identité paysagère
1.2. De fortes personnalités
43
4.2.2. L’architecture défensive
74
II.
La politique patrimoniale et culturelle
du Béarn des Gaves
1. La politique de valorisation et de médiation
77
du patrimoine
1.1. La politique de valorisation du patrimoine urbain et
paysager
78
1.1.1. L’urbanisation originale du Béarn des Gaves
et son évolution
78
ORTHEZ. — SAUVETERRE. — SALIES-DE-BÉARN. — NAVARRENX.
L’escargot salisien. — 17e et 18e : une extension urbaine tardive. — L’ère du thermalisme et la naissance d’une ville nouvelle.
84
85
L’architecture rurale.
1.1.2. Des ZPPAUP
36
36
Les zones de protection du patrimoine architectural urbain et paysager
SALIES-DE-BÉARN. — SAUVETERRE. — NAVARRENX. — ORTHEZ.
1.1.3. Autres mesures de protection et d’aides
90
1.1.4. Une politique d’acquisitions
et de restaurations patrimoniales
91
ORTHEZ. L’Hôtel de la Lune. — La maison Jeanne-d’Albret. — La maison Lataste, ou
de la Visitation. — SALIES. — NAVARRENX. — SAUVETERRE.
93
1.1.5. La rénovation du centre ville d’Orthez
La rénovation des anciennes halles et de la salle Francis-Planté en un complexe culturel. — Le nouveau complexe culturel et commercial de la Moutète. — Le nouveau
pôle culturel du Foirail : cinéma, médiathèque et local jeune.

94
1.1.6. La mise en valeur des sites patrimoniaux
La mise en lumière et l’éclairage public. — L’enfouissement des réseaux aériens. —
La mise en place de signalisations spécifiques. — La valorisation des espaces publics
et des entrées de ville.
1.1.7. Des aménagements muséographiques
1.1.8. La protection des espaces naturels et des paysages
1.1.9. La valorisation des paysages
1.2. Les animations patrimoniales
1.2.1. À destination du grand public
1.2.2. Les associations patrimoniales du Béarn des Gaves
95
96
98
100
100
100
SAUVETERRE. — Association patrimoine Les Amis du Vieux Sauveterre. — Navarrenx.
— Le Cercle Historique de l’Arribère. — L’association Mémoire des Vallées — SALIES.
— Association des Amis du Vieux Salies. — ORTHEZ. — Le Vieil Orthez.
1.2.3. La médiation du patrimoine, les actions éducatives
102
Exemples d’actions menées
2. La politique culturelle
2.1. Les équipements culturels et scolaires
2.1.1. Trois grandes salles de spectacle
105
105
Le théâtre Francis-Planté. — La salle de la Moutète. — Le centre municipal des
congrès de Salies.
2.1.2. Quatre bibliothèques dont une médiathèque
105
La bibliothèque municipale d’Orthez. — La nouvelle médiathèque d’Orthez.
— La bibliothèque de Salies-de-Béarn. — Navarrenx et Sauveterre.
2.1.3. Trois écoles de musique
2.1.4. Deux cinémas
108
108
109
Le Musée Jeanne-d’Albret, Histoire du Protestantisme Béarnais à Orthez, Fonds. —
Musée Moncade à Orthez. — Musée Francis-Jammes, maison Chrestia à Orthez. — Le
musée du Sel et des Traditions béarnaises à Salies. — Le château de Laàs.
2.1.6. Autres salles pouvant accueillir du public
114
SALIES. — SAUVETERRE. — NAVARRENX. — ORTHEZ.
2.1.7. Plusieurs équipements scolaires et des enseignements
spécifiques sur le Béarn des Gaves
2.2.1. Les caractéristiques de la politique culturelle
2.2.2. Les principaux événements culturels
115
116
116
116
Sur Orthez. — Sur Sauveterre. — Sur Navarrenx. — Sur Salies.
2.2.3. Quelques précisions sur les événements culturels
les plus importants
117
Le festival Jazz Naturel : une expérience de délocalisation cantonale d’un événement
culturel. — Les Saisons d’Orthez. — Les journées et la semaine du Livre.
2.2.4. Une politique de soutien actif aux associations culturelles
Les principales associations culturelles du territoire
118
118
Le Centre Socioculturel à Orthez. — L’Amicale Laïque. — L’Association Sauveterre
Espace Culturel. — Le Comité d’Animation de Navarrenx. — L’association Bastides 64.
— Espace Culturel de Navarrenx. — Le Comité d’Animation de Salies. — Orthez
Animations. — Orthez, Cité du Livre. — Autres associations à ne pas oublier.
2.3. Une scène de pays sur le Béarn des Gaves
121
Sur Orthez. — Sur le canton d’Orthez. — Sur Navarrenx. — Sur Salies-de-Béarn.
— Sur Sauveterre-de-Béarn.
2.4. Un foyer intellectuel, culturel et spirituel
très ancien
123
L’éclosion du génie béarnais. — L’essor de la vie intellectuelle. — Les scientifiques.
— La littérature et la poésie.
La culture gasconne
Les deux grandes familles de scientifiques orthéziens
127
128
La famille des Reclus. — La famille des Planté.
De nos jours
L’avenir

130
L’organigramme du Syndicat mixte du BdG
1. Des actions déjà structurées
2. Le maître d’ouvrage du PAH du BdG
le syndicat sixte
131
131
Fonctionnement du Pays d’Art et d’Histoire. — Investissements engendrés
par le label Pays d’Art et d’Histoire.
3. Le CIAP Centre d’interprétation et d’animation du patrimoine
4. La création du service d’animation
du patrimoine
4.1. Un personnel qualifié et compétent
4.2. Les missions du service d’animation
5. Service éducatif du patrimoine
6. Les actions à développer pour une véritable
animation-médiation du patrimoine
133
134
134
134
136
137
7. L’apport du Béarn des Gaves au réseau des VPAH
7.1. Sur l’histoire du protestantisme
139
139
Le Béarn des Gaves, berceau de la Réforme protestante. — La diaspora protestante
béarnaise dans le monde. — L’évangélisation protestante et la scolarisation. — Le
protestantisme transpyrénéen franco-espagnol. — Le colloque international des
musées protestants.
7.2. Le Béarn des Gaves, et quelques grands tenants
141
de la laïcité
Félix Pécaut apôtre de la laïcité. — Élisée Reclus.
Des chiffres. — Établissements d’enseignement. — Enseignements spécifiques.
2.2. Le Béarn des Gaves mène une politique
de programmation culturelle ambitieuse
Organisation du territoire du BdG (tableau)
Plusieurs thèmes ont d’ores et déjà été évoqués. — Des journées découverte.
— Des ateliers pédagogiques.
Le Studio Cinéma. — Le cinéma de Salies-de-Béarn.
2.1.5. Les musées
III.
Un projet de Pays d’Art et d’Histoire
sur le Béarn des Gaves
128
128
7.3. Des liens très forts avec le reste du monde
142
L’émigration béarnaise en Amérique du sud. — L’émigration en Amérique du nord et
au Canada. — La bataille du 27 février 1814. — Des écrivains qui ont fait le prestige du Béarn des Gaves à travers le monde. — Le Béarn des Gaves, traversé par deux
voies de Compostelle. — Un jumelage européen avec des bastides espagnoles. —
Tarazona, la ville jumelée avec Orthez. — Les Pantomimes. — Les tauromachies
espagnole et landaise. — La notion de tolérance en Béarn des Gaves.
7.4. Les hommes et les idées hier, et sans doute demain
Deux exemples de recherche
144
Les abbayes laïques
144
Un exemple pratique d’observation
145
Le patrimoine discret
146
Les itinéraires anciens ou hodographie. — Les sites de castramétation ou de fortification antiques et anciennes. — La toponymie ou onomastique. — La géologie, la
géographie et les paysages.
Conclusion
149
Un label à mériter
Annexes
Tableau récapitulatif de l’activité économique
Tableau présentant la variété des artisans d’art
Les monuments inscrits et classés
Monuments Historiques
Le point de vue de Laqueyre
Exemple de fiche pédagogique en deux langues
Lexique
Sources bibliographiques
152
153
154
156
160
162
164
I.
Le
Béarn des Gaves
Bassin intérieur de l’Adour
Bayonne
Orthez
Arthez
Salies
Bidache
Sauveterre
Arzacq
Lagor
Saint-Palais
Navarrenx
Monein
Pau
Mauléon
OloronSainte-Marie
Les quatre cantons des Pyrénées-Atlantiques concernés par le Béarn des Gaves
Ci-dessus, le tracé des cantons est purement administratif, il est basé sur les unités administratives selon le
découpage électoral.
On remarquera la position centrale du Béarn des
Gaves par rapport au bassin intérieur de l’Adour.
L’IGN place le barycentre topographique des PyrénéesAtlantiques près de Navarrenx. En mars 1790, Navarrenx fut d’abord choisie comme chef-lieu des BassesPyrénées, Pau lui succédera huit mois après ; puis
Saint-Palais en 1795 et retour à Pau l’année suivante.
Considérant l’espace culturel, il est bien entendu qu’on
peut étendre la résonance des actions en aval dans les
Landes jusqu’au confluent, incluant Sorde-l’Abbaye, et
en amont dans l’interfluve de Lagor avec, notablement
l’abbaye de Sauvelade, historiquement liée à Orthez.
1.
Situation et origine de la démarche
Le Béarn de Gaves s’est constitué sur les cantons de Navarrenx, Orthez, Salies-de-Béarn et Sauveterre-de-Béarn, dont
les quatre chefs-lieux, représentent les deux tiers de la population du territoire (33 000 habitants pour 67 communes).
Ces quatre villes, distantes d’environ 20 kilomètres chacune, et dotées d’une forte identité historique et culturelle, ont
décidé de poser leur candidature à un label Pays d’Art et d’Histoire.
1.1.
Les atouts
Une situation géographique
privilégiée
Ce territoire d’élection est centré sur la convergence
des vallées des gaves de Pau et d’Oloron, contenant le
massif de l’interfluve. L’ensemble est placé dans le piémont pyrénéen, donc, non loin de l’Espagne. Il représente le Béarn à la charnière du Pays Basque et au
contact du bas Adour landais et de la Chalosse au sud
des Landes. Le Béarn des Gaves est un espace choisi
à mi-chemin entre la limite Béarn/Bigorre et la côte de
l’Atlantique.
Par sa position, il bénéficie d’un atout géographique
privilégié, à proximité de la mer et de la montagne. Son
climat est qualifié d’océanique tempéré, c’est-à-dire
rarement sujet à des conditions climatiques extrêmes.
Il s’articule autour des cités de Navarrenx, d’Orthez,
de Salies-de-Béarn et de Sauveterre-de-Béarn. Les
capitales régionales ainsi que de grandes métropoles
culturelles, de part et d’autre de la frontière, sont à des
distances raisonnables.
Comment venir en Béarn des Gaves
Le Béarn des Gaves se trouve sur l’axe Toulouse–Bayonne (autoroute A64 La Pyrénéenne), à l’est
de l’axe Bordeaux–Bayonne (autoroute A63).
Il possède deux gares SNCF situées sur le canton
d’Orthez : Orthez (TGV) et Puyoô.
Les aéroports de Pau et de Biarritz se trouvent à
proximité, à moins d’une heure du centre du territoire.
La possibilité d’utiliser les aéroports de Tarbes-Ossun
ou Saint-Sébastien ne sont pas à négliger, ni les liaisons ferry de Pasajes en Espagne.

Une identité paysagère
Cités historiques et villages ponctuent les terres cultivées, les plaines riches, les collines boisées et les paysages verdoyants des coteaux du piémont pyrénéen
traversés par les gaves de Pau et d’Oloron. Toute la
zone des coteaux offre de multiples vues imprenables
sur la chaîne des Pyrénées. Un autre patrimoine à valoriser [voir page 98]. Les altitudes sont modestes, avec
un point culminant à 263 m sur la randonnée GR 65
(route de Compostelle, voie du Puy).
Chacun de ces quatre cantons présente une relative
spécificité et apporte au territoire sa diversité :
— Navarrenx, la bastionnée, ville fortifiée entourée
de solides remparts est aussi le haut lieu de la pêche
au saumon (Championnat du monde de pêche au
saumon), se tourne résolument vers le tourisme vert
et le gave.
— Orthez, ancienne capitale du Béarn, ville étape
des pèlerins de Compostelle depuis le 11e siècle, s’enorgueillit de son prestigieux passé historique et d’être
aujourd’hui un carrefour important.
— Salies-de-Béarn, cité du sel, station thermale et de
remise en forme est à la fois un lieu de calme et de
détente. Elle dispose d’un golf de douze trous très
apprécié.
— La cité médiévale de Sauveterre-de-Béarn doit sa
renommée à ses remarquables vestiges épargnés par
le temps mais aussi à un riche passé culturel.
Une entité historique
Pour être juste, on note une absence quasi totale de
sites archéologiques antiques sur les quatre cantons,
mis à part des traces de castramétation ancienne montrant que cet espace était très peuplé du temps des
Tarbelles, peuple aquitanien. Les premiers témoins se
situent en marge, à Sorde-l’Abbaye, avec des mosaïques et la villa aquitano-romaine de Barat de Vin, puis,
bien plus loin, à Dax. Quelques traces antiques et aquitano-romaines du travail du sel ont été mises au jour à
Salies, les traces d’une villa relevées à Sault-de-Navailles n’ont pas révélé grand-chose.
L’histoire de ce territoire commence vraiment au
Moyen Âge. L’architecture des ponts, de Navarrenx, de
Sauveterre et d’Orthez, montrent que la convergence
de routes, principalement de Compostelle, mais aussi
celles du sel de Salies, a joué un rôle prépondérant
dans le développement économique mais aussi intellectuel de la région.
Le Béarn des Gaves se trouve sur une région tampon entre le Béarn primitif et la Chalosse. Il a connu les
enjeux des guerres béarno-dacquoises qui reposaient
sur : l’économie du sel à Salies, les voies de communication (Orthez, avec son pont permettant un des
rares franchissements sur le gave).
Le territoire était aussi au cœur des enjeux religieux :
traversée des voies du Puy et de Vézelay des chemins
de Compostelle. Le Moyen Âge a été marqué par une
lutte d’influence qui s’exerçait entre l’abbaye Saint
Sigismond à Orthez et les abbayes, extérieures à la
zone (Sauvelade était présente au sud d’Orthez et
Sorde au nord et à l’ouest). Enfin, le Béarn des Gaves
était situé entre les influences des évêchés de Dax,
Lescar et Oloron.
Cette région économiquement dynamique et riche,
a été béarnisée totalement par le transfert de la capitale du Béarn à Orthez en 1242 et jusqu’à la fin du
17e. Orthez a été pendant plusieurs siècles la première
ville du Béarn et une capitale intellectuelle avec la présence de l’université protestante.
Le territoire du Béarn des Gaves possède une identité particulière en Béarn par son patrimoine architectural. L’architecture dans le territoire du Béarn des Gaves se décline
autour de quelques grands thèmes : l’architecture défensive médiévale, l’architecture civile du 18e siècle, l’architecture éclectique, l’architecture rurale et l’architecture
religieuse (transition art roman et gothique, impact de la
Réforme).
L’importance stratégique
des passages peut être
illustrée par la bastide de
Navarrenx qui deviendra,
au début du 16e, la première cité bastionnée.
(voir ci-après).
Le concept « d’Isthme européen »
La péninsule ibérique est rattachée à l’Europe par un
espace plus étroit, qu’on peut appeler un isthme (littér. :
« passage étroit ») occupé par la chaîne des Pyrénées qui
limitent encore les possibilités de passage. Le territoire du
Béarn des Gaves occupe un des principaux débouchés
historiques de ces passages, le port de Cize ou Ibañeta
(Roncevaux), et le Somport d’où provient le gave d’Oloron. Ceci est confirmé par la permanence des itinéraires,
Hannibal, Charlemagne ou Compostelle. Orthez est exactement au droit du col de la Pierre-Saint-Martin.
La position du Béarn des Gaves est donc centrale
depuis longtemps sur les communications de cet espace,
ce qui explique largement son passé et détermine son
avenir.

1.2.
De fortes personnalités
Quelques personnages et événements historiques ont fortement marqué l’histoire dans l’espace du Béarn des Gaves. Ils
constituent pour les habitants des repères identitaires vivaces.
L’héritage des vicomtes de Moncade
La vicomté du Béarn fut créée par Louis le Pieux à la
fin du neuvième siècle, lors de l’éclatement du duché
de Gascogne.
Au cours du dernier tiers du 11e siècle, la vicomté
passe sous l’autorité de la famille d’origine catalane
des Moncade. Durant le 13e siècle, le vicomte Gaston VII de Moncade, qui était vassal du duc d’Aquitaine
et roi d’Angleterre (1229-1290), cherche à acquérir
une situation hégémonique au sud de la Gascogne aux
dépens de son suzerain. Il met alors en œuvre une
politique cohérente de renforcement de sa seigneurie
béarnaise par l’implantation d’un ensemble de forteresses et de noyaux d’habitat planifiés. Cette politique
a eu pour effet de marquer durablement l’urbanisme
et plus généralement la géographie humaine du Béarn
et, par conséquent, du Béarn des Gaves.
C’est à la famille des vicomtes de Moncade que les
villes qui composent actuellement le Béarn des Gaves
doivent leurs chartes de coutumes, les Fors. Au nombre des personnalités marquant fortement l’identité
historique de ce territoire, on compte le vicomte Gaston III de Foix-Béarn appelé Gaston Fébus qui régnera
de 1343 à 1391. Prince moderne, il a fait du Béarn un
état souverain (il le demeurera jusque sous Louis XIII,
fils d’Henri IV, en 1620) dont il défend les limites en
pleine guerre de Cent Ans contre les Français, les
Anglais et les Espagnols.
Il a essayé de créer un état pyrénéen allant du Béarn
au comté de Foix.
Les fors de Béarn
La première page des Fors promulgués en 1552 par Henri II
d’Albret, roi de Navarre et prince
souverain de Béarn ; la genèse
des Fors se situe entre le 11e et
le 13e siècle. Le texte ci-contre
reprend, en le modernisant et en
le complétant, le texte des
anciens fors médiévaux dont il
conserve la graphie traditionnelle.

Le Béarn des Gaves à l’heure de la
Réforme
Durant la première moitié du 16e siècle, Henri d’Albret et son épouse Marguerite de Navarre (sœur de
François 1er) sont souverains de la vicomté indépendante de Béarn. Tous deux, acquis à la Réforme, en
favorisent la diffusion dans leur vicomté et créent à
Lescar un collège protestant. À leur mort, ils laissent le
Béarn en héritage à leur fille Jeanne d’Albret qui épousera en seconde noces Antoine de Bourbon et continuera à propager la Réforme dans sa vicomté souveraine.
En 1564, Jeanne d’Albret, souhaitant faire d’Orthez
une « Genève béarnaise » y fonde une université protestante. Une des premières imprimeries s’installe à
Orthez et permet la diffusion des travaux des penseurs
du calvinisme.
En 1569, le roi de France Charles IX et le pape Pie V,
désireux pour l’un d’annexer le Béarn souverain à la
couronne et pour l’autre de mettre à la tête de cette
vicomté un prince catholique, envoient leurs troupes à
l’assaut du Béarn. La vicomté est alors plongée dans le
tumulte des guerres de religion. Jeanne d’Albret,
cependant, ne désarme pas. Victorieuse des troupes
de Charles IX, elle promulgue une ordonnance proscrivant le culte romain et faisant du calvinisme la religion
officielle de l’État souverain de Béarn. Henri IV, son fils
garantira pour quelques années encore la souveraineté
de cette vicomté qui ne sera rattachée à la couronne
qu’en 1620 par Louis XIII.
10
0
20 km
Orthez
Salies
Sauveterre
Surface des 4 cantons : environ 647 km2
On observe une disparité de découpage
entre les deux cantons du nord et ceux du
sud qui sont bien plus morcelés.
Navarrenx
Répartition des
communes
des quatre cantons
du Béarn des Gaves
Navarrenx
Orthez
Salies-de-Béarn
Sauveterre-de-Béarn
23 communes
13 communes
12 communes
20 communes
Angous
Araujuzon
Araux
Audaux
Bastanès
Bugnein
Castetnau-Camblong
Charre
Dognen
Gurs
Jasses
Lay-Lamidou
Lichos
Méritein
Nabas
Navarrenx
Ogenne-Camptort
Préchacq-Josbaig
Préchacq-Navarrenx
Rivehaute
Sus
Susmiou
Viellenave-de-Navarrenx
Baigts-de-Béarn
Balansun
Bonnut
Castétis
Lanneplaà
Orthez-Sainte-Suzanne
Puyoô
Ramous
Saint-Boès
Saint-Girons-en-Béarn
Salles-Mongiscard
Sallespisse
Sault-de-Navailles.
Auterrive
Bellocq
Bérenx
Carresse-Cassaber
Castagnède
Escos
Labastide-Villefranche
Lahontan
Léren
Saint-Dos
Saint-Pé-de-Léren
Salies-de-Béarn.
La liste des communes ci-jointe correspond au découpage administratif de la carte. Actuellement, les communautés de communes ne sont pas toujours identiques à
leur canton. De plus, certaines communes adhèrent au
projet de façon individuelle. La commune de Gestas,
incluse entre les cantons de Sauveterre et de Navarrenx
adhère à la communauté de communes de Sauveterre.
Abitain
Andrein
Athos-Aspis
Autevielle-Saint-Martin-Bideren
Barraute-Camu
Burgaronne
Castetbon
Espiute
Guinarthe-Parenties
L’Hôpital-d’Orion
Laàs
Montfort
Narp
Oraàs
Orion
Orriule
Ossenx
Saint-Gladie-Arrive-Munein
Sauveterre-de-Béarn
Tabaille-Usquain

Une volonté des quatre cantons
de travailler ensemble à l’organisation touristique
2.
2.1.
Le PCD du Pays des Gaves de 1998 à 2003
À l’origine, dès 1998, les communautés de communes de Navarrenx, Salies-de-Béarn et Sauveterre-deBéarn étaient regroupées au sein du Syndicat mixte du
Pays des Gaves qui portait une procédure de Projet
Collectif de Développement. La commission tourisme
de ce PCD avait pour mission de proposer et mettre en
œuvre un programme d’action de développement touristique sur le territoire du Pays des Gaves. Ayant
acquis la compétence tourisme en 2002, la communauté de communes d’Orthez a intégré cette commission. Ce nouveau territoire a ainsi été dénommé le
Béarn des Gaves.
Chacun des quatre cantons possédait un office de
tourisme intercommunal auquel chaque communauté
de communes déléguait sa compétence tourisme
(accueil, information et promotion). Les quatre offices
de tourisme étaient associatifs et administrés par un
conseil d’administration.

Afin de palier l’absence d’agence privée de commercialisation touristique sur le territoire, un secteur production et commercialisation, Destination Salies-deBéarn, a été créé en 1996 à l’initiative de la commune
de Salies, dans le cadre de son plan thermal. En 2000,
Destination Salies-de-Béarn est devenu Destination
Béarn des Gaves et s’est élargi en 2002 au territoire
d’Orthez, avec compétence sur l’ensemble des quatre
cantons, de par la délégation des quatre communautés de communes. Destination Béarn des Gaves était
administré par le conseil d’administration de l’Office de
Tourisme de Salies-de-Béarn et géré par un comité de
pilotage composé d’élus des collectivités locales du
Béarn des Gaves et des élus et techniciens des quatre
offices de tourisme. Ses missions étaient :
• Le montage de produits.
• La promotion.
• La commercialisation.
Actions engagées
par le PCD du Pays des Gaves
ou
par le Syndicat mixte du Pays des Gaves
Les objectifs affichés étaient de mieux valoriser par le tourisme les ressources du territoire, d’encourager l’échange et
le rapprochement des différents acteurs du tourisme, de bâtir une politique touristique cohérente. La commission tourisme du PCD du Pays des Gaves, a tenté de proposer un programme de développement touristique cohérent, découlant d’une stratégie touristique définie en deux points :
La structuration et l’organisation
touristique du territoire
• Mise en réseau des offices et des acteurs du tou risme (hôteliers, restaurateurs, hébergeurs, agriculteurs, élus, associations culturelles et d’animation…).
• Actions de promotion
— Édition de documents de promotion communs.
Les documents individuels propres à chaque canton
ont été remplacés par des documents Béarn des
Gaves permettant de regrouper tous les atouts touristiques des quatre cantons dans un esprit de complémentarité et non plus de concurrence.
— Création de l’association Accueil en Béarn des
Gaves par des hôteliers restaurateurs et des hébergeurs ruraux (objectifs de qualité de l’accueil et du service)
— Création du portail web du Béarn des Gaves.
L’association du site Internet du Béarn des Gaves,
basée à Sauveterre-de-Béarn, a été créée le 26 avril
2000. Cette association a pour double objet de promouvoir l’accès aux nouvelles technologies de l’information pour les habitants du Béarn des Gaves et de
développer la communication interne et externe aux
cantons du Béarn des Gaves par la création, l’actualisation, la validation et la cohérence des informations, la
mise en ligne d’un site web commun aux cantons du
Béarn des Gaves.
— Définition d’une identification fédératrice au tra vers d’un logo Béarn des Gaves.
— Actions de formation, développement.
Elles ont permis de renforcer chez les personnes
ressources du territoire la capacité d’intervenir en qualité d’acteurs de leur propre développement. Ont participé à l’action de formation des élus, des hôteliers
restaurateurs, des hébergeurs, des agriculteurs, des
associations, des professeurs, des techniciens d’office
de tourisme, des habitants.
Le développement
d’équipements touristiques
Schéma directeur de signalisation
— Mise en place d’un programme de micro-signali sation touristique (ensemble bi-mâts avec réglettes
directionnelles de signalisation des activités, services,
et équipements de Relais Informations Services) afin
de promouvoir le tourisme et l’économie locale,
d’améliorer l’accessibilité aux sites, de gérer les flux de
circulation pour permettre une meilleure diffusion et
un renvoi d’un site à l’autre (mise en réseau). La Communauté de communes du canton d’Orthez a mis en
place son programme de micro-signalisation sur les
années 2005 et 2007.
— Mise en place de panneaux d’entrée de territoire
avec pour objectif de travailler sur l’image et l’identification du territoire.
— Enfin, mise en place de panneaux images dans
les quatre villes centres.
Plans locaux de randonnées
Le Plan Local de Randonnée du Pays des Gaves se
réalise par un travail collectif des trois intercommunalités (Salies, Sauveterre et Navarrenx). Chacune a réalisé
les travaux d’ouverture des sentiers, de balisage et de
signalisation en concertation ; le topoguide a été porté
par la communauté de communes de Sauveterre-deBéarn mais travaillé au sein de la commission. La Communauté de communes du canton d’Orthez a mis en
place de son côté son plan local de randonnée dès
1999 accompagné de son topoguide particulier. Elle a
procédé à une refonte complète en 2006-2007,
incluant les randonnées ouvertes aux cyclistes VTT. En
2008, les quatre intercommunalités ont réalisé en
commun un topoguide pour une offre de randonnées
commune.

Ce territoire fédère ses acteurs autour d’un projet commun : le développement de l’économie touristique.
2.2.
Le pôle touristique rural du Béarn des Gaves
depuis 2005
Suite à cette démarche touristique collective menée,
le Béarn des Gaves a décidé fin 2002 de poser sa candidature à une procédure de pôle touristique rural.
C’est une procédure mise en œuvre par la région dans
le cadre du contrat de plan État-Région 2000-2006 et
soutenue par le Département. Elle a pour principe de
soutenir la mise en œuvre d’une organisation touristique des territoires ruraux (soutien aux actions collectives, aux équipements, à l’organisation et à la promotion commerciale, à l’accompagnement et l’élaboration
de produits…). Le Béarn des Gaves souhaite ainsi
développer une micro-destination en Béarn.
Le Béarn des Gaves répondait aux critères d’éligibilité aux pôles touristiques ruraux : une identité touristique de la zone, un potentiel touristique d’au moins
3 000 lits commercialisables, une volonté locale de
développement touristique, une organisation des
acteurs et une capacité des acteurs à poursuivre le projet touristique sur le long terme.
La candidature au pôle touristique rural a au préalable été conditionnée par la réalisation d’un audit marketing par un cabinet spécialisé : le cabinet Protourisme. Cet audit a eu lieu durant l’année 2003 et a été
rendu en février 2004.
Le visuel du Béarn des Gaves à sa création
jusqu’à aujourd’hui

Ensuite, il a permis d’établir un programme plurian nuel sur 4 ans décliné en plusieurs axes :
— structurer l’organisation touristique par le biais
d’un interlocuteur unique territorial : création du Syndicat mixte du Béarn des Gaves en 2004, création d’un
office de tourisme communautaire en 2005 et d’un
poste de directeur d’office, structure de commercialisation transférée à l’office de tourisme communautaire et
élaboration d’un nouveau plan marketing ;
— labelliser le territoire en Pays d’Art et d’Histoire ;
— mettre en scène le Béarn des Gaves et théâtraliser les quatre cités du Béarn des Gaves : circuits thématiques, signalisation touristique (programme de
micro-signalisation du canton d’Orthez en 20052007), politique événementielle, politique muséographique (muséographie au château Moncade à Orthez,
à la tour Monréal et sa maquette à Sauveterre) ;
— améliorer le parc d’hébergement par un plan qualité ;
— décliner et dynamiser la thématique de l’eau sous
toutes ses formes : points baignade (étude pour un
projet de développement de la base de loisirs d’Orthez), destination eaux vives (gaves de Pau et d’Oloron) ;
— affirmer le Béarn des Gaves comme haut lieu de
pratique des activités de pleine nature : valorisation
des paysages, aménagement des espaces naturels, île
de la Glère à Sauveterre, filière randonnée (nouveau
PLR pour le canton d’Orthez en 2006-2007), l’halieutique (sur le gave d’Oloron).
Le syndicat mixte
Le syndicat mixte, qui porte la procédure de PTR, a
été créé le 14 avril 2004. Il est composé des Communautés de communes de Navarrenx, Orthez, Sauveterre-de-Béarn, des communes de la Communauté de
communes de Salies-de-Béarn et des communes de
Laàs, Bugnein et Araujuzon du SIVU Gave-et-Lausset.
Son rôle est de fédérer les actions touristiques des
quatre cantons. Il définit la politique touristique du territoire et participe aux conditions de sa mise en œuvre.
Son siège est fixé à Orthez. Son président est Gaston
Faurie, président de la Communauté de communes de
Navarrenx.
L’office de tourisme
L’Office de Tourisme du Béarn des Gaves a juridiquement la forme d’une association régie par la loi
1901. L’Assemblée générale constitutive a eu lieu le 19
septembre 2005. Son siège est à Salies-de-Béarn. Il
est chargé de mettre en œuvre la politique touristique
du territoire, d’élaborer, de promouvoir et commercialiser des produits touristiques sous le contrôle direct du
Syndicat mixte du Béarn des Gaves et en collaboration
avec l’État, les collectivités territoriales, les organismes
régionaux, départementaux et locaux du tourisme.
Missions déléguées
— étudier, élaborer, proposer et mettre en œuvre
toutes actions en relation avec les acteurs économiques ;
— conseiller les collectivités dans leurs projets de
développement, d’aménagement et d’équipement ;
— organiser et coordonner les différentes missions
d’accueil, d’information ;
— définir la stratégie de communication et de promotion en liaison avec le Comité départemental du
tourisme ;
— poursuivre le travail de production et de commercialisation ;
— organiser, si besoin, une animation ou manifestation fédératrice du territoire ;
— analyser et observer la fréquentation touristique ;
— assurer la promotion du label Pays d’Art et d’Histoire ;
— fédérer les partenaires publics et privés autour de
projets touristiques ;
— centraliser administrativement et financièrement
les moyens et actions des quatre offices de tourisme
existants sur le Béarn des Gaves devenus des antennes touristiques décentralisées.
Le Syndicat mixte attribue annuellement à l’Office de
tourisme du Béarn des Gaves une subvention destinée
à financer : le fonctionnement de l’Office de tourisme
du Béarn des Gaves, les actions définies dans les programmes des contrats d’objectifs, les actions de promotion et de commercialisation et la réalisation des
missions déléguées.
Les quatre anciens offices de tourisme sont devenus
des antennes touristiques décentralisées. Chaque
commune met à disposition de son antenne locale,
par convention, les locaux suivants : à Orthez, la maison Jeanne-d’Albret, rue Bourg-Vieux (partie restaurée
du rez-de-chaussée), à Salies, rue des Bains (partie
sud du bâtiment qui abrite le pavillon Saleys, sur deux
étages), à Sauveterre, place Royale (locaux situé maison Rospide au rez-de-chaussée) et à Navarrenx, rue
Saint-Germain (rez-de-chaussée de l’Arsenal).

Actions mises en œuvre
par l’Office de Tourisme
depuis 2006
Création de la cohésion de l’équipe BdG
et amélioration de l’accueil
et de l’information
— Plusieurs formations ont permis de répondre aux
besoins de qualifications complémentaires nécessaires
pour accompagner l’évolution des techniques et des
méthodes de travail.
— Harmonisation des pratiques (tableaux de bord,
mise en réseau téléphonique, informatique).
— Polyvalence des personnels, connaissance du territoire, mobilité géographique.
Communication locale
Réalisation d’un bulletin d’information en 2 000
exemplaires envoyé avec l’appel à cotisations contenant la présentation des services rendus par l’OT et les
actions projetées. Réalisation d’un totem « Béarn des
Gaves » en accueil dans chaque antenne avec informations associées. Réalisation d’une affiche avec les quatre sites majeurs.
Positionnement, promotion
et communication
— Refonte de toutes les éditions : anciens documents relookés (guide des hébergements et des
séjours, guide d’accueil), nouveaux documents (carte
touristique, calendrier des animations du Béarn des
Gaves, dépliant d’appel en espagnol et en anglais).
— Édition d’itinéraires thématiques pour la déambulation des clientèles : eau (vives, baignade, remise en
forme, thermalisme, pêche), itinéraire gourmand (bonnes tables, bons produits), activités nature (rando,
cyclo, VTT, golf), carte avec lieux d’intérêt, plans.
— Marchés hollandais et anglais : 20 000 promoflyers.
— Marché français : participation aux salons de Paris
et de Rennes.
— Sur proposition du Comité départemental du tourisme l’Office de tourisme a accepté d’être territoire
pilote et de s’associer à une démarche de communication commune. Cette opération test tente une mise
en cohérence de la communication du territoire avec
celle du département.
Les groupes : édition d’une nouvelle plaquette groupes et mailing.
— Les individuels : conquête de nouvelles clientèles.
— Site Internet : www.tourisme-bearn-gaves.com est
en ligne depuis la mi-mars 2007.
Commercialisation
— Création de l’outil de réservation en ligne res@net
online qui offre aux clients la possibilité de consulter
les disponibilités en ligne et de réserver.
— Distribution par le réseau des TO et agences de
voyages : nouvelles collaborations avec Visit France
(3 412 points de vente), Kilya Tourisme, Tour Adventure Travels, contrat signé avec Weekendesk pour un
2e coffret sur un produit « Week-end sportif » exclusivement distribué par Go Sport après le succès du
« Week-end nature ».
— Partenariat avec les Gîtes de France sur la distribution des activités eaux vives et remise en forme.
— Le service réservation de l’OT rassemble 67 partenaires : 42 hébergeurs (8 hôtels, 11 maisons d’hôtes,
23 meublés), 25 prestataires (activités et restauration).
Observation économique : analyse quantitative et
de satisfaction de la clientèle.
Actions en cours
Développement de la filière randonnée : sélection
de boucles ou de circuits dans l’esprit des « sentiers de
pays » permettant de randonner, à pied ou à vélo, d’un
canton à un autre, pendant un week-end, un court
séjour, une semaine, avec des hébergements situés
sur les itinéraires ou à proximité, pour une ou plusieurs
nuitées.

Élaboration d’un plan de formation pour la période
2008 à 2010.
Formation en interne à la vente de dernière minute.
Harmonisation de la taxe de séjour sur l’ensemble
du territoire.
Activités proposées à l’accueil des OT : la balade au
bord du gave avec guide de pêche, les visites de ville
3.
3.1.
La démographie et l’économie locale
La démographie : une terre d’accueil
Le Béarn des Gaves représente 33 000 habitants
environ pour 67 communes. Sur une superficie d’environ 60 000 ha, la densité de population est de 54
hab./km2. Le canton le plus peuplé est celui d’Orthez,
viennent ensuite ceux de Salies-de-Béarn, Sauveterrede-Béarn et Navarrenx. La commune la plus importante est Orthez-Sainte-Suzanne (chef de file du projet
Pays d’Art et d’Histoire) avec 11 000 habitants, vient
ensuite Salies avec 4 852 habitants, Sauveterre avec
1 215 habitants, Navarrenx avec 1 140 habitants et
Puyoô (canton d’Orthez) avec 1 107 habitants. 5 communes du canton d’Orthez ont plus de 500 habitants
(Baigts-de-Béarn, Bonnut, Castétis, Sallespisse et Saultde-Navailles) et une du canton de Salies (CarresseCassaber). Les 57 autres communes sont des petites
communes rurales qui ont moins de 500 habitants.
Dans les années 50, le Béarn des Gaves a considérablement profité de l’impact de la découverte du gisement de gaz de Lacq avec l’arrivée de nouvelles popu-
3.2.
lations à loger. Ensuite, le territoire a vu décliner sa
population avec les mutations économiques et la disparition de nombreuses industries traditionnelles.
Cependant, depuis quelques années, la démographie
connaît un grand renouveau. Le Béarn des Gaves
devient une vraie terre d’accueil pour des populations
travaillant sur les deux grands pôles environnants que
sont la côte basque et l’agglomération paloise. Ce phénomène est essentiellement dû à l’immobilier de plus
en plus inaccessible en milieu urbain et à l’éclatement
de la cellule familiale qui créé de nombreuses familles
monoparentales. Le Béarn des Gaves est perçu
comme une terre d’accueil où il fait bon vivre.
La structure de la population par âge est à peu près
proportionnée : on compte environ 25 % de moins de
20 ans, 45 % de population active et 30 % de personnes de plus de 60 ans. On note toutefois un vieillissement de la population sur les cantons de Salies et Sauveterre.
Structure de l’économie et de l’emploi :
résistance et développement
Le tissu économique est surtout constitué de commerces (alimentaires, santé et hygiène, hôtels, cafés,
restaurants, équipements de la maison et de la personne) et de services (aux entreprises, aux personnes). On note un réel équilibre entre les secteurs d’activité commerciaux et de services, leur représentativité
sur le territoire est cohérente. L’activité artisanale est
très bien représentée notamment dans le secteur de la
construction et du bâtiment. L’industrie, essaye de se
maintenir mais elle est frappée par les mutations économiques pour ne représenter aujourd’hui que moins
de 15 % de l’activité économique générale. L’agriculture enfin, surtout l’élevage, l’agroalimentaire et la culture du maïs, reste un secteur actif et porteur d’activités traditionnelles.
La communauté de communes du canton d’Orthez
conserve, pour les activités de commerce et de services, un poids tout à fait remarquable avec une densité
d’activités supérieure à la moyenne des activités enregistrées en Béarn. Le secteur industriel, bien en difficulté dans toute la région, est porteur de promesses
sur Orthez et Puyoô avec 7 zones d’activités (5 sur
Orthez, 1 sur Puyoô, 1 sur Baigts). Une série d’entreprises innovantes ou de pointe, font la fierté du pays
des gaves : GFI, Lépine, Otech.
Depuis 2000, le solde d’établissements (différentiel
entre les établissements qui se créent et ceux qui disparaissent) est très largement positif : + 98.
Les grandes et moyennes surfaces (34 pour 38
916 m2) sont en net accroissement dans un ensemble de secteurs d’activités variées : animaux, bricolage,
jardinage, alimentaire, sports et loisirs, équipement de
la personne.
On notera le choix effectué par cette communauté
de communes de renforcer le volet économique du
pôle d’excellence rurale « Technologies de l’Image et
de l’Écrit ». Le 6 février 2009, elle a signé avec le
Conseil général des Pyrénées-Atlantiques une convention de partenariat pour réaliser dans les mois qui viennent, un village d’entreprises dédié aux technologies
de l’image et de l’écrit.
Dans la communauté de communes du canton de
Navarrenx, territoire à la fois agricole et industriel, le
poids des petites entreprises commerciales (moins de
10 salariés d’essence purement locale) est considérable. On relèvera une originalité : la présence du
Comptoir du Tabac des Gaves (unique fabrique de
cigares français). Le solde d’établissements est nettement positif : + 35 (93 établissements crées depuis
2000 pour 58 fermetures). Les commerces et services

de proximité ont dans cette communauté de communes, un poids relativement important.
Centre de la pêche, étape de Compostelle active,
Navarrenx présente plus d’hébergements classés
qu’Orthez.
Le tissu économique de la communauté de communes du canton de Salies-de-Béarn est composé
essentiellement de petites entreprises avec un solde
positif de créations d’établissements de + 21 depuis
2000. L’activité d’exploitation du sel (Compagnie Fermière) et surtout l’activité touristique liée à la vie d’une
cité thermale plutôt recherchée, restent les caractéristiques dominantes de l’économie salisienne. Les
accueils de curistes ne faiblissent pas : environ 2 500
à 2 800 curistes médicaux et 2 000 à 2 400 curistes
« remise en forme » chaque année. Quelques entreprises comme Frontère, Maritxu ou Wetherford viennent
compléter le tableau de l’activité économique de cette
cité qui se dit avec orgueil, « Reine des eaux salées » et
« Cité du sel ».
Enfin, la communauté de communes du canton de
Sauveterre-de-Béarn, avec ses entreprises artisanales
agroalimentaires et ses conserveries, salaisons de jambon de Bayonne Delpeyrat, conserveries Gratien, reste
aussi sur un solde positif d’établissements (+ 13). La
communauté de communes a encouragé les initiatives
3.3.
en matière d’implantation d’hôtels et de chambres
d’hôtes ou de meublés en s’efforçant de valoriser les
efforts initiés par les professionnels dans le secteur des
activités sportives (pêche, canoë-kayak, rafting, tennis,
cyclotourisme).
Il est clair que le tissu économique du Béarn des
Gaves est essentiellement composé de petites entreprises et que la plus grande concentration de l’activité
économique se situe dans les quatre chefs-lieux de
canton qui composent le territoire.
On relèvera la présence de deux offices de commerce : celui du Béarn des Gaves qui regroupe Salies,
Sauveterre et Navarrenx, et celui d’Orthez. Ils ont pour
objectif de fédérer les associations de commerçants et
d’assurer la mise en commun des animations et de la
communication.
Le tableau joint en annexe [p. 152] présente en chiffres l’organisation économique du territoire, il fait apparaître, malgré la conjoncture difficile, un solde positif
des créations d’établissements et de l’emploi salarié.
Ce dynamisme des très petites entreprises est une des
caractéristiques de l’activité en Béarn des Gaves. On
relèvera aussi avec intérêt [p. 153], la variété des boutiques d’artisans d’art qui constituent une véritable
route de la création dans le pays des gaves.
Le tourisme, un poids significatif et un axe majeur de développement
Fort d’un certain nombre de richesses, le Béarn des Gaves se décline par thèmes, regroupés principalement autour de
son patrimoine naturel et culturel.

Promenade du Pain de Sucre
Les Salisiens sont depuis longtemps habitués à valoriser leur patrimoine pour le tourisme.
Ici, le sentier escalade la face nord de la colline de la Sègue, modeste hauteur mais bénéficiant d’un beau point de vue
avec un accès pratiquement en ville. Le nom de « Pain de Sucre » est évidemment une appellation imagée touristique récente.
Le patrimoine naturel du Béarn des Gaves
Terre d’eau
— Les activités en eaux vives (raft, kayak, canyoning…) avec des prestataires : Rafting Eaux Vives à
Navarrenx, A Boste à Sauveterre-de-Béarn, les Canoës
du Pont-Vieux à Orthez par l’association Orthez Animations.
— La pêche sur les gaves ou sur plan d’eau : truites
de mer, truites farios, saumons, aloses…
— Le thermalisme, la remise en forme aux thermes
de Salies-de-Béarn.
— Les activités nautiques : ski nautique à la base de
loisirs à Orthez.
— Les berges des gaves aménagées (Audaux, Bastanès, Carresse, Castagnède, Dognen, Escos, Navarrenx,
Susmiou, Orthez, Sauveterre), les lacs collinaires (lac
du Grèc, lac de la Pounte).
Les activités et sites Nature
Les randonnées pédestres, équestres et VTT, (avec
deux plans locaux de randonnée composés de 68
boucles sur près de 600 km de chemins balisés) ; la
vigne de Moncade et le sentier botanique de la Coudane, le Pain de Sucre, la Pène de Mû, l’île de la
Glère, le golf…
Les chemins de Compostelle traversent le territoire
par le biais de deux voies principales, celle du Vézelay
et celle du Puy-en-Velay, elles drainent sur le territoire
des pèlerins toujours plus nombreux sur des chemins
restitués dans leur cadre naturel.
Le patrimoine culturel du Béarn des Gaves
Terre d’histoire
Terre de tradition
Visites des cités historiques, visites des châteaux
(Làas, Bellocq, Moncade), les musées (du Sel et des
traditions béarnaises, maison Chrestia, musée Jeanned’Albret), les églises classées (église fortifiée du 12e de
Saint-Gladie, église gothique du 13e de Montfort,
église romano-gothique du 13e de l’Hôpital-d’Orion,
Saint-André de Sauveterre, la chapelle de Sunarthe…),
le patrimoine bâti (maisons béarnaises typiques) et les
circuits de mémoire (le camp de Gurs).
Terre de gastronomie (produits du terroir, marchés,
vins d’appellation Béarn, restaurants), artisanat
(menuisiers, tapissiers et tisserands, dinandiers, céramistes et potiers, décorateurs, savonniers), loisirs
(casino, salles de spectacles, centres d’exposition,
bibliothèques, golf miniature, cinémas), animations
(fête du saumon à la mi-juillet, Feria d’Orthez à la fin
juillet, Fête du Sel à la mi-septembre, Foire de la
Blonde d’Aquitaine à la mi-août).
Fréquentation et hébergements
Ville étape sur la voie de Vézelay du chemin de
Compostelle, Orthez dispose d’une halte jacquaire saisonnière à l’Hôtel de la Lune. Sauveterre propose un
hébergement privé. Navarrenx, ville étape sur la voie
du Puy, possède un gîte communal et un gîte privé
(Charbel).
La fréquentation de l’Office de tourisme du Béarn
des Gaves est d’environ 40 000 visiteurs par an dont
la moitié sur Salies et le quart sur Orthez. La fréquentation étrangère représente en moyenne 10 %, avec
un maximum sur Navarrenx. Plus de la majorité des
touristes étrangers du Béarn des Gaves sont des Britanniques, puis des Espagnols ou des Italiens. Il est à
noter une très nette progression des pèlerins de Compostelle dans la fréquentation des antennes de Navarrenx, d’Orthez et le passage par Sauveterre.
Les sites touristiques les plus fréquentés sont le château de Laàs, Salies et Orthez. Des sites « secondaires » connaissent une augmentation significative de
leur activité : tour Moncade, maquette de Sauveterre,
visite guidée de Navarrenx. Il est également à noter
une nette progression dans la fréquentation des thermes de Salies pour les cures : + 3 %, et principalement pour la remise en forme : + 31 %.
En saison d’été, l’Office de tourisme assure des visites guidées des quatre cités : à Salies le mardi à
15:30 h, à Sauveterre le mercredi à 16 h, à Orthez le
jeudi à 10 h et à Navarrenx le vendredi à 10 h. Il organise aussi une visite spéciale de la faune et de la flore
des bords du gave à Navarrenx le jeudi à 15 h.
Le Béarn des Gaves compte plus de 3 000 lits touristiques marchands. Le canton, et plus particulièrement la ville de Salies concentre 32 % du nombre
d’hébergements touristiques du Béarn des Gaves. Les
hébergements du Béarn des Gaves sont relativement
diversifiés car tous les types d’hébergements y sont
représentés. La qualité de ces structures est d’un
niveau majoritairement deux étoiles. Les meublés sai-

sonniers représentent le type d’hébergement le plus
répandu sur le territoire (43 % se situent sur le canton
de Salies). Les hébergements ruraux labellisés Gîtes de
France se situent principalement sur le canton de
Navarrenx et sur celui de Sauveterre (50 % possèdent
trois épis et plus).Les hébergements labellisés Clévacances se situent sur le canton d’Orthez pour plus du
tiers. Un tiers des chambres d’hôtes se situe sur les
cantons de Navarrenx, d’Orthez ou Sauveterre. Ensuite,
on trouve une vingtaine d’hôtels, dont 45 % sur le
canton d’Orthez. On trouve des HLL sur les campings
de Navarrenx (8 chalets), Orthez (5 chalets) et Sauveterre (5 mobil home). Quelques 160 hébergements
touristiques du Béarn des Gaves adhérent à l’Office de
tourisme.
Un carrefour millénaire
Carte schématique des principales routes de Compostelle

Cette carte simplifiée montre que toutes les routes européennes vers Compostelle convergent sur le territoire du Béarn
des Gaves ou très près pour le Somport.
Dans les années 50 on a fixé, avec la stèle de Gibraltar, le
point de rencontre conventionnel sur la commune de SaintPalais, cependant il est certain que le point de convergence
est plutôt sur le territoire aux trois vieux ponts romans. Orthez
pouvait en plus offrir jusqu’à sept établissements qui recevaient des pèlerins.
4.
Un riche passé historique et patrimonial
4.1.
Une histoire mouvementée
4.1.1.
Orthez, Salies, Sauveterre, Navarrenx
des destins différents
Du fait de la situation géographique, des ressources naturelles, mais aussi grâce à la détermination des hommes qui les
ont peuplés, chaque bourg centre du Béarn des Gaves a connu un destin différent. Si le Béarn des Gaves forme un
ensemble historique cohérent, chaque commune s’est forgée sa propre identité.
Orthez
L’origine ancienne d’Orthez est incertaine. On peut
toutefois noter le rôle clé du passage sur le gave de
Pau. Même si le développement de la ville s’est fait sur
plusieurs axes, il est évident que l’hypothétique pont
primitif, ou bien un gué sont à l’origine d’Orthez.
Orthez apparaît dans l’histoire du Béarn au détour
de l’an 1000. Les deux vestiges les plus anciens
connus à ce jour sont deux églises du 11e siècle
situées à cent mètres l’une de l’autre. Un double
noyau urbain (le bourg Vieux et le bourg Saint-Pierre)
s’est développé autour de chacune d’elles. Le bourg
Vieux et le premier château, auprès du gué sur la
rivière (gave de Pau) contrôlaient le carrefour de routes menant de l’Atlantique à la Méditerranée et de
l’Aquitaine à l’Espagne. Il avait une vocation militaire et
sera rapidement protégé d’un rempart. Le bourg SaintPierre accueillait un marché où s’écoulait, entre autres,
le sel de Salies.
Dépendant de l’évêché de Dax, elle est arrachée aux
vicomtes de Dax en 1194 par Gaston VI de Moncade,
prince aragonais qui, soucieux d’étendre et de renforcer ses positions au nord des Pyrénées, y installe un
bourg castral contrôlant le franchissement du gave et
se juxtaposant à un bourg ecclésial préexistant. Vers
1250, ils la font fortifier par la construction d’un rempart maçonné, d’un château en pierre et d’un pont fortifié, aux frais de ses habitants. En échange de cette
participation financière, le vicomte de Béarn, seigneur
de la ville, les autorise à choisir leurs autorités municipales et se voient accorder une relative autonomie.
Gaston VII de Moncade en fait la capitale de la
vicomté de Béarn à partir de 1242 et planifie son urbanisme. Les vicomtes de Béarn installent leur résidence
à Orthez où ils sont plus à même de contrôler les agissements de la Gascogne anglaise qui ne se trouve qu’à
quelques kilomètres. L’afflux de nouveaux habitants
entraîne de nombreuses constructions d’églises, de
monastères, et d’habitations. C’est donc entre 1250 et
1300 qu’Orthez passe du stade de village à celui de
ville. Le pont fortifié et d’importants vestiges du châ-
teau et des remparts témoignent encore de cette époque.
Demeurée capitale jusqu’en 1466, la ville a construit
son identité autour de la personnalité de Gaston III de
Foix-Béarn, dit Fébus. La devise de la « Cité de Fébus »
est Tòca-i si gausas (« Touches-y si tu l’oses » en gascon).
Fébus fut non seulement un chef de guerre redoutable et un fin politique imposant l’indépendance du
Béarn, mais il fut également un homme de lettres et
un protecteur des arts. Auteur du fameux Livre de
chasse et du Livre des oraisons, il accueillit le chroniqueur Jean Froissart à sa cour.
En 1460, les institutions judiciaires et administratives
sont transférées à Pau qui est plus centrale. Orthez
perd ainsi son statut de capitale du Béarn. Elle restera
cependant encore longtemps la plus grande ville de la
vicomté.
Lors des guerres de religion, les vicomtes de Béarn
sont dans le camp des protestants. Une université est
fondée à Orthez et des imprimeurs sont incités à s’y
installer. Orthez devient un important foyer culturel
protestant. Une armée catholique ravage la région et la
ville. Puis une armée protestante fait de même à titre
de vengeance. Lorsque le vicomte de Béarn devient roi
de France sous le nom d’Henri IV, il emmène avec lui
à Paris de nombreux fidèles dont quelques Orthéziens.
Les envois financiers de ces expatriés permet la
construction d’un certain nombre de belles demeures
au pays. Encore de nos jours il reste une très forte
communauté protestante qui représente environ 15 %
des habitants de la ville, avec quelques habitations
ouvragées dans le style de l’époque, mais surtout de
douloureux souvenirs.
En 1730 la France et l’Angleterre signent la paix. Les
bateaux vont enfin pouvoir naviguer sans craindre les
corsaires ; rapidement un important commerce maritime se développe sur l’Atlantique. De nombreux produits sont échangés entre les métropoles européennes et leurs colonies aux Amériques ou aux Indes. Tous
les ports de la façade atlantique, de l’Espagne à l’Angle-

terre, s’enrichissent. Les arrière-pays de ces ports récupèrent et transforment les produits arrivés des colonies
et vendent leur production locale aux armateurs. Chaque région se spécialise dans un type d’aliments ou de
produits pour la marine. Orthez et sa région vont produire diverses salaisons et conserves de viande de
canard et de porc (foie gras, confits, jambon salé…)
qui seront vendues aux bateaux du port de Bayonne.
En échange, Orthez se spécialisera dans le traitement
des peaux venues d’Amérique. Les Orthéziens se sont
formidablement enrichis par ce commerce qui, rappelons-le hélas, n’excluait pas le commerce des esclaves.
De très nombreuses maisons jusqu’alors bâties en torchis ont été reconstruites en pierre. Les toits de
chaume ont été remplacés par des tuiles plates, la
fameuse tuile picon. Devenues bien plus solides, ces
maisons ont donc pu durer jusqu’à nos jours. Ce sont
elles qui donnent ce style si caractéristique au centre
ville orthézien. De plus une partie de l’économie orthézienne repose sur des conserveries produisant du jambon dit « de Bayonne », du foie gras et des confits. La
proximité du sel igné de Salies y a beaucoup contribué.
La ville d’Orthez vit donc encore aujourd’hui très largement sur l’héritage de cette époque.
La bataille du 27 février 1814 entre les troupes françaises de Soult en déroute et la coalition anglo-hispano-portugaise menée par Wellington est un événe-

ment important pour la ville. Les pertes sont considérables. Il s’agit de la première défaite napoléonienne
sur le sol français, on peut donc considérer que cet
épisode a joué un rôle dans la chute de l’empire. En
contrepartie, le nom d’Orthez se trouve gravé dans les
mémoriaux britanniques et un certain tourisme du
souvenir est toujours présent.
À l’image du reste du Béarn, le 19e n’est pas une
période particulièrement dynamique sur le plan économique. Même si un certain nombre d’industries voit
le jour, c’est sur le plan des idées qu’Orthez s’illustre le
plus. Nous verrons plus loin la quantité frappante et
inhabituelle de penseurs, d’artistes et de scientifiques
nés ou ayant vécu à Orthez et ses environs.
En 1954, un important gisement de gaz est découvert à Lacq, à une quinzaine de kilomètres d’Orthez
seulement. Une ville nouvelle, Mourenx neuf, est
construite près de l’usine qui va traiter ce gaz. Dans ces
grands ensembles d’immeubles champignons seront
logés les ouvriers. Les personnels d’encadrement, qui
disposent de voitures, préféreront s’installer à Orthez
où ils peuvent trouver magasins, lycées, maternités et
bibliothèque municipale. La ville passera en quelques
années de 7 000 à 12 000 habitants. De nouveaux
quartiers constitués exclusivement de pavillons habités
par les cadres des usines de Lacq seront construits tout
autour de la vieille ville.
Salies
L’occupation humaine de la basse vallée du Saleys,
ruisseau qui irrigue la ville, est attestée dès le 5e millénaire avant notre ère par un abondant mobilier lithique. L’exploitation très précoce du sel qui sourd naturellement sur ce site débutera quant à elle à partir de
l’âge du Bronze.
Dès l’âge du Fer, Salies s’affirmera comme un carrefour commercial important mettant en relation l’Aquitaine avec la péninsule Ibérique. Au cours de la
période aquitano-romaine, du 1er au 4e siècle, les ateliers de traitement du sel par cuisson et évaporation de
l’eau saline, se développeront sur les terrasses alluviales qui longent le Saleys et ses affluents.
Au 11e siècle, la première mention écrite évoquant
la naissance de Salies, atteste que la ville était déjà
équipée d’une poêle à fabriquer le sel (la poêle, ou
padèra est un dispositif permettant de récupérer le sel
par évaporation de l’eau saline).
La ville de Salies a construit son identité autour de
l’exploitation saunière de ses eaux ainsi que sur le thermalisme qui s’est développé au 19e siècle et constitue
aujourd’hui encore un pan important de sa vie économique et touristique.
Le sel est à ce point important dans l’histoire de la
ville que son origine s’en trouve mythifiée. Ainsi, une
très ancienne légende rapportée au 17e siècle raconte
qu’un sanglier blessé et poursuivi s’échappa à travers
un marais bourbeux ; les chasseurs le trouvèrent enfin,
mort, le corps couvert de « cristaux blancs qui étincelaient au soleil » ; du sel que l’évaporation de l’eau du
marais avait laissé sur lui. Cette découverte serait à
l’origine de la ville comme le proclame le sanglier luimême sur la fontaine qui porte son nom « Si jo non i
èri mort, arrés n’i viveré », (« Si je n’y étais pas mort,
personne n’y vivrait »).
Salies à l’instar d’Orthez, Sauveterre et Navarrenx se
verra concéder le privilège du Fors de Morlaàs à partir
de 1331 par Gaston II de Foix-Béarn. Grâce à l’exploitation intensive de son sel, la ville connaît au Moyen
Âge une situation économique prospère. Le traitement
et la commercialisation du sel par les habitants de
Salies sont alors étroitement contrôlés et taxés par le
pouvoir vicomtal. Un sénéchal veille à l’entretien de la
source et organise la distribution du sel à la foule des
Salisiens deux jours par semaine.
À la fin du 16e siècle, une réorganisation de la répartition de l’eau salée sur la base d’une codification précisant les droits sur le sel de chaque habitant de Salies,
devient indispensable pour éviter les abus, les injustices, les litiges, les désordres et parfois même les violences qui requièrent de plus en plus fréquemment
l’intervention du pouvoir vicomtal. Cette codification
établie en 1587 régit également les modalités d’attribution et de transmission héréditaire du droit des Salisiens à jouir de cette ressource. Ce règlement, est toujours en application de nos jours concernant la perception d’un revenu tiré de l’exploitation de l’eau salée de
même que les règles de transmission de la qualité de
« part-prenant » réservée aux descendants des vesins
(« voisins », autochtones). La communauté des habitants de Salies, los vesins, bénéficiait du droit de puiser
l’eau salée dont elle extrayait le sel. Les jours de distri-

bution de l’eau, à la source salée du centre de la ville,
le Bayaà, los tiradors (puiseurs) remplissaient les
samaus, grands récipients en bois d’une contenance
de 92 litres. Chaque famille dont le tour était venu de
recevoir sa part de sel, percevait son « compte de
sauce » (la saussa, la saumure). Chaque famille pouvait bénéficier de 26 samaus. La saumure était versée
au domicile du bénéficiaire dans le coulédé (lo colader), l’auge accolée sur la façade des maisons qui
communiquait par un canal de bois avec l’atelier où se
cuisait le sel.
Depuis le Moyen Âge, le sel de Salies bénéficiait
d’un certain nombre de privilèges. Exempt de gabelle,
il détenait en outre le quasi-monopole de la vente sur
une aire couvrant le Béarn, la Basse-Navarre, la Soule,
la Bigorre et le Nébouzan. Les Salisiens perdirent leurs
avantages lorsqu’à la Révolution la gabelle et les privilèges furent abolis.
La création d’un impôt uniforme sur le sel en 1806
expose la production salisienne à la concurrence du sel
de mer produit sur la côte atlantique ou à l’étranger et
importé par le port de Bayonne. La loi et les ordonnances royales de 1840 qui ont pour objectif la « perception intégrale » de l’impôt sonneront le glas de la production artisanale du sel à Salies. Elles énumèrent un
certain nombre d’obligations relatives à la fabrication
du sel en terme de taille minimum d’exploitations auxquelles les artisans et les particuliers ne peuvent
répondre. Tandis que les ateliers artisanaux de façonneurs de sel ferment peu à peu, mettant fin à une tradition millénaire, l’exploitation du sel est centralisée par
une saline communale à la porte de laquelle veillent
des agents des contributions indirectes.
Le marasme économique qui frappe l’industrie du
sel poussera les Salisiens à explorer de nouvelles voies
pour valoriser l’exploitation de leurs eaux. Les fontaines
salées qui constituaient l’une des plus grandes richesses locales ont permis à Salies d’accéder au rang de
cité thermale.
Au milieu du 19e siècle, alors que le thermalisme
connaît un succès croissant, en particulier lié au che-

min de fer, et que naissent partout des villes d’eau, la
corporation des Parts-prenants obtient l’autorisation
d’exploiter de façon médicale l’eau de la source salée
qui avait la réputation d’avoir des propriétés fortifiantes
et diurétiques.
Quelques médecins se lancent alors dans l’aventure
de la création d’un petit établissement thermal qui voit
bientôt affluer une clientèle parisienne. À partir de
1863, la compagnie des Chemins de Fer dessert
Puyoô à huit kilomètres de Salies, et Salies elle-même
dès 1884. Les curistes affluent de plus en plus nombreux tandis que le champ des applications thérapeutiques de l’eau de Salies s’élargit. Le sommaire établissement thermal constitué de quelques cabines en bois
fera place dès 1887 à une vaste construction développant une large capacité d’accueil et faisant appel à un
projet architectural ambitieux.
De famille salisienne, le docteur Coustallé de Larroque, médecin de Napoléon III, contribue largement au
succès et au développement de la station en envoyant
à Salies de riches et célèbres curistes parisiens.
Dans le même temps apparaissent à Salies tous les
équipements qui font l’identité des stations balnéaires
et thermales à la mode de la « Belle époque » : assainissement de la ville, casino, grands hôtels, kiosque à
musique, jardin public, golf et parcs plantés d’essences
exotiques…
Pendant la saison, la ville vit au rythme endiablé des
fêtes, concerts, bals et spectacles où une riche clientèle de curistes côtoie les grands d’Espagne et leur
suite, les personnalités politiques, les élégantes ainsi
que les écrivains et artistes les plus en vue.
Aujourd’hui, la commercialisation plutôt régionale du
sel de Salies sert essentiellement aux salaisons (jambon de Bayonne) du bassin de l’Adour. Les eaux mères
extraites de la nappe à Oraàs, près de Salies, sont
envoyées vers l’établissement thermal pour être utilisées dans les bains de cure. Les parts-prenants, descendants héréditaires des « voisins », groupés en une
corporation de la Fontaine Salée, perçoivent toujours
un revenu issu de l’exploitation de l’eau de Salies.
Sauveterre
Déjà mentionnée dans les textes en 1080, sous le
règne de Centulle V. La ville acquiert le titre de « bourg
de Béarn » sous le règne de Gaston VII Moncade et,
dès lors, bénéficie du fors de Béarn.
Le contrôle du point stratégique en zone frontière
entre la Navarre, le Béarn et la Soule que représente le
site de Sauveterre a dû revêtir très tôt une importance
capitale. La ville s’est implantée sur un site dominant
une île sur le gave d’Oloron (l’île de la Glère) permettant ainsi de faciliter ou d’empêcher la traversée de la
rivière. Le coteau qui domine le gave constitue une
défense naturelle qu’il suffisait de renforcer.
Son toponyme est très révélateur d’une période de
peuplement médiéval. À la fin du 11e et au début du
12e siècle, les nombreuses sauvetés, salvetats, sauveterres — espaces délimités, bornés par des croix, où les
populations pouvaient se regrouper sous la protection
du clergé — se multiplient. Ce phénomène correspond
au premier grand mouvement de peuplement du
Moyen Âge suivi par celui des castelnaus (au 12e s.),
puis des bastides (13e, 14e s.) [cf. p. 150].
Au 12e siècle, Sauveterre édifie son église, construit
son château, ses tours, son pont et ses murailles.
On connaît plus précisément l’histoire de Sauveterre
à partir du gouvernement de Gaston VII Moncade
(1229 à 1290). Avec Oloron, Morlaàs et Orthez, Sauveterre bénéficie du titre de « bourg de Béarn » La ville
s’affirme alors comme l’un des principaux centres d’activité du pays dont elle est le quatrième pôle urbain.
Sauveterre bénéficie de la protection des fors. Gaston VII Moncade fait réaménager les points fortifiés
que comportait la ville et fait remplacer les diverses
passerelles en bois qui franchissaient le Gave par un
véritable pont fortifié maçonné qui est semblable dans
sa structure à celui d’Orthez. En surplomb du gave, il
fait également édifier une imposante tour fortifiée
(tour Monréal), et un château vicomtal. Une enceinte
ferme la ville qui a alors l’aspect d’un long rectangle
orienté d’est en ouest prolongé par un appendice au
sud descendant vers le pont. Une longue rue traverse
la cité d’est en ouest comme une épine dorsale. Tout
comme à Orthez, capitale de la vicomté de Béarn, Gaston VII donna à Sauveterre son cadre urbain.
Au 14e siècle, Fébus reprit et compléta l’ensemble
fortifié légué par Gaston VII. Le pont sur le gave prit
son allure définitive (de même qu’à Orthez) et le château vicomtal fut réaménagé.
Au tout début du 15e siècle, l’implantation d’un établissement religieux hors les murs, à l’est de la ville, va
susciter l’apparition d’un faubourg. Le faubourg Pannecau fut fortifié suivant la prescription du Fors de Morlaàs, avec des palissades et des fossés.
Située à la rencontre de la Navarre, de la Soule et de
la Gascogne, Sauveterre occupe une situation stratégique qui prend toute sa valeur lorsqu’à la fin du 15e siècle, les vicomtes de Béarn, par jeu de succession,
deviennent rois de Navarre. Cette accession au trône
déplaît à une partie de la noblesse navarraise qui se
tourne vers les rois catholiques alors en pleine entreprise de reconquête et d’unification de l’Espagne.
En 1520, Henri II d’Albret héritier de la vicomté de
Béarn décide de reconquérir la Navarre face à Charles
Quint. À titre de représailles, les armées impériales
entament une expédition punitive au nord des Pyrénées. Sauveterre voit alors son château partiellement
détruit et son enceinte très endommagée. Les guerres
de religion achèveront la ruine du système défensif
quand en 1569 les troupes catholiques du roi de
France Charles IX investiront Sauveterre.
Lorsque Henri III de Navarre, devenu Henri IV de
France rassemble le Béarn, la basse Navarre, la Soule
et la Gascogne, Sauveterre perd son statut de ville frontière et les avantages économiques qui en découlaient.
Suite à la destruction des ponts par une crue en
1732, les échanges commerciaux se sont détournés
de Sauveterre, empruntant de nouvelles routes. Il faut
attendre soixante ans pour qu’un nouveau pont soit
construit. La ville connaît alors une éclipse dont elle ne
se relèvera qu’à la fin de la période moderne.
Au début du 19e siècle, l’histoire urbaine de Sauveterre fait écho aux grandes préoccupations de cette
époque : obsession des voies de communication,
sécurité, salubrité. En 1801-1806, les fossés sont comblés, les murailles arasées au nord et à l’ouest. Des
espaces publics sont aménagés (place Royale) et
ouvrent sur de nouveaux axes de circulation (route de
Salies). Le cimetière qui entourait l’église est transféré
extra-muros et un nouveau pont sur le gave est
construit (1789-1795). C’est aussi à cette époque que
la ville se reconstruit tout en respectant l’implantation
du Moyen Âge. Aujourd’hui Sauveterre a la physionomie d’une ville béarnaise typique du 18e siècle implantée sur un parcellaire médiéval et ponctuée de vestiges
remarquables.
Au 19e siècle la ville de Sauveterre se replie sur son
terroir pour subvenir à ses besoins et affirme son identité rurale. Le vieux Sauveterre doit son salut à l’engouement du 19e siècle pour le pittoresque des ruines
« romantiques ». Tandis que les Basses-Pyrénées devenaient une destination touristique à la mode, les mesures de protection des monuments et les campagnes
de restauration sont intervenues de façon suffisamment précoce (classements dès 1886) pour que ce
patrimoine nous parvienne dans un remarquable état
de conservation et dans toute sa cohérence urbaine.
L’extension urbaine contemporaine s’est faite en ceinture de l’enceinte médiévale et le vieux Sauveterre
aujourd’hui apparaît comme un atout que l’on s’emploie à valoriser. La structure médiévale de la ville, bien
préservée, permet une lecture aisée de l’évolution
urbaine et se prête tout particulièrement aux visites
découverte et à la médiation du patrimoine.

Navarrenx

Si son existence est attestée depuis le 1er siècle de
l’ère chrétienne, l’histoire de la ville commence avec le
règne du vicomte Centule IV (1022-1058). Elle prendra de l’importance sous les règnes des vicomtes Gaston VI et Gaston VII Moncade qui la doteront de ses
équipements les plus importants. Navarrenx se verra
concéder le statut de bastide en 1316, par la vicomtesse Marguerite Mathilde.
Implantée à proximité d’un gué du gave d’Oloron,
en zone frontière entre le Béarn et la Soule, la ville
occupe une position stratégique forte et contrôle un
axe de circulation qui deviendra au 11e siècle la voie
majeure du Puy pour les pèlerins de Compostelle.
Passée sous le contrôle des vicomtes de Moncade,
Gaston VI en 1180 y prescrit la construction d’un pont
(certainement une passerelle), d’une commanderie
d’Hospitaliers, d’un hôpital pour l’accueil des jacquets
et d’une chapelle Saint-Antoine.
En 1316, le bourg médiéval reçut le statut de bastide et par conséquent le bénéfice du Fors de Morlaàs,
la charte de la capitale de Béarn des 11-12e siècles,
conférant à ses habitants la liberté et divers privilèges,
ainsi que d’avoir un marché le mercredi par quinzaine.
Situé sur une des routes conduisant vers les cols
pyrénéens et le grand pèlerinage médiéval de Santiago
de Compostela, Navarrenx avait un hôpital pour
accueillir ces voyageurs et permettait de franchir le
gave, d’abord par une passerelle, puis par un pont dont
Gaston VII Moncade (au milieu du 13e siècle) jeta les
bases comme pour ceux de Sauveterre et d’Orthez. Ce
statut de bastide permit une organisation municipale
avec des jurats, des gardes, (chargés de la sécurité
publique) et des clavers (trésoriers ou garde-clés)
choisis par les habitants. Navarrenx s’entoure alors de
fortifications et son urbanisme est planifié : la bastide
est constituée. Gaston VII est probablement à l’origine
de la création de la Castérasse, structure fortifiée protégeant le pont et entourée d’une enceinte — lo clauson — fermé de murs et flanqué de tours dans lequel
la population pouvait se réfugier en cas d’insécurité.
Dès 1510, le roi de France avait entrepris de rénover ses forteresses en Aquitaine. C’est à cette époque
que les villes de Bayonne, Dax et Bordeaux furent
réaménagées. Tous ces travaux étaient inspirés et parfois même dirigés par des architectes venus d’Italie, à
l’instar d’Anchise de Bologne notamment. Toute une
génération d’experts transalpins, peu nombreux mais
influents, remodela ainsi entre 1535 et 1540 les places fortes françaises. L’un d’entre eux, Fabricio Siciliano,
fut choisi par Henri II d’Albret, roi de Navarre et souverain de Béarn en 1538, pour reprendre la fortification
de la ville de Navarrenx dont il voulait faire la place
forte du Béarn, face à la Navarre espagnole et la proche Soule française.. Aux hautes tours médiévales, vulnérables à l’artillerie, les ingénieurs italiens préféraient
les « boulevards » ou bastions. Les formes rondes
cédèrent la place aux angles et les masses de terre
entrèrent en concurrence avec la pierre et la brique,
préfigurant Vauban, plus d’un siècle auparavant.
Achevée dès 1549, Navarrenx, avec son dispositif de
remparts dits « élastiques », appuyés sur de forts talus
et son système d’angles saillants protégés par des bastions, et demi-bastion à simple face ou à orillons, sans
être révolutionnaire, représentait un exemple d’architecture militaire à peu près unique en France au début
du 16e siècle.
Le capitaine Terride placé en 1569 à la tête de troupes catholiques par le roi de France désireux d’annexer
l’État souverain protestant de Béarn alors gouverné par
Jeanne d’Albret, éprouva lorsqu’il assiégea Navarrenx,
la qualité défensive de la citadelle qu’il ne put soumettre en dépit des mille huit cents charges d’artillerie qui
en battirent les remparts. Il dut battre en retraite,
chassé par les troupes protestantes de Montgomery,
qui vinrent au secours de l’armée du baron d’Arros,
lieutenant-général de la reine Jeanne d’Albret.
En 1814 le blocus de la cité par une division espagnole de l’armée de Wellington poursuivant celle du
maréchal Soult dans sa retraite d’Espagne ont révélé la
faiblesse de la cité bastionnée par rapport à l’évolution
des techniques de siège et d’artillerie. Son rôle dans la
défense de la frontière espagnole était devenu négligeable car elle en était trop éloignée. C’est ainsi que le
déclassement militaire de la ville fut prononcé en
1868 par ordre impérial et que la ville se vida de ses
garnisons.
Navarrenx. — Schéma de l’organisation urbaine d’une place forte.
Le Béarn des Gaves :
une histoire commune
4.1.2.
Le territoire du Béarn des Gaves n’a jamais été au long de son histoire une entité administrative propre, en revanche il
forme un ensemble cohérent, en échange permanent qui a tenu un rôle important dans l’histoire du Béarn. L’histoire
du Béarn des Gaves se confond avec celle du Béarn en général. C’est même un concentré de l’histoire de cette principauté un temps indépendante, que représentent les histoires cumulées des bourgs centres du territoire.
Le Béarn dans l’occident médiéval
Le rôle particulier du Béarn s’explique par sa situation géographique (entre Navarre, Aragon et Gascogne) autant que par les diverses alliances nouées par
les différentes dynasties des seigneurs de Béarn. Dès
lors le Béarn fut au cœur de tous les événements marquants du Moyen Âge occidental.
Jusqu’au 14e siècle, le Béarn va vivre au gré d’alliances et d’obligations contradictoires avant de connaître
une période de neutralité et de souveraineté. Cette
position particulière a permis de conclure des accords
différents et de tisser des liens avec la France capétienne, la Gascogne anglaise ou encore le royaume
d’Aragon.
Plus encore que la marque d’une certaine versatilité
politique des Béarnais, ou en tout cas d’un solide sens
de l’opportunisme, la place occupée par le Béarn
médiéval dans le jeu diplomatique démontre son
importance.
De plus, sa situation géographique place le Béarn au
carrefour de plusieurs royaumes influents.
On peut par ailleurs noter qu’Orthez sera la capitale
d’où émergea le sentiment d’indépendance du Béarn.
À l’intérieur de cet ensemble, les villes d’Orthez,
Navarrenx et Sauveterre jouent un rôle important en
contrôlant trois accès fluviaux. Orthez et Sauveterre
sont deux des quatre communautés qui reçurent le
titre de bourg de Béarn dès le 13e siècle. La faiblesse
du peuplement fait de la vallée des gaves le foyer le
plus important.
L’influence fébusienne
L’histoire médiévale du territoire porte incontestablement la marque de Gaston Fébus (1331-1391). C’est
la période la plus organisée en terme d’administration
et d’institution.
Même si le pouvoir du prince n’a jamais été aussi
fort, Fébus développe un système administratif reposant sur la compétence tout en développant une véritable organisation territoriale. On peut citer notamment
une armée mobilisable en quarante-huit heures de six
mille hommes, ce qui est considérable pour un État de
cette taille ou bien l’organisation du grand recensement du Béarn, c’est le dénombrement de 1385.
Sur le plan des relations extérieures, jouant des statuts ambigus de ses différentes possessions, Fébus
profitera de la situation pour imposer le caractère souverain du Béarn. Cette période marque à la fois l’apogée de cette indépendance tout en annonçant le
retour progressif à une relation vassalique à l’égard du
royaume de France.
Du point de vue militaire, Fébus impose également
son pays. Ses succès lui vaudront le prestige de ses
contemporains mais également une véritable fortune
constituée grâce aux rançons exigées à une nombreuse noblesse vaincue.
Enfin, grâce notamment aux chroniques de Jean
Froissart, venu à la cour d’Orthez durant l’hiver 1388,
Fébus est connu de ses contemporains mais aussi tout
au long de l’histoire comme un souverain prestigieux
et également comme un homme lettré. Auteur du
Livre des oraisons, son Livre de chasse est encore
aujourd’hui réédité.
Si la mémoire a conservé de Fébus le souvenir du
meurtre de son fils, sa personnalité demeure l’une des
plus brillantes de son temps.
Son attachement à Orthez, qu’il garde comme capitale ainsi que les travaux de modification des défenses
d’Orthez, Sauveterre et Bellocq indiquent le rôle essentiel du territoire au sein de l’organisation fébusienne du
Béarn.
Le Béarn des Gaves, terre d’accueil de
la Réforme
Le Béarn est la seule région de la France actuelle où
le calvinisme a été la religion officielle. C’était au XVIe
siècle. Comment cette Réforme est parvenue jusqu’en
Béarn, petit territoire bloqué entre deux puissances
catholiques ? Par le fait du prince, celui de son souverain : Jeanne d’Albret.
Jeanne d’Albret, fille unique d’Henri II d’Albret et de
Marguerite d’Angoulême, gouverna le Béarn de 1555 à
1572. L’ouverture religieuse de sa mère Marguerite et
un contexte favorable à la Réforme expliquent sa
conversion au calvinisme en 1560 dans l’église SaintMartin de Pau. Selon la coutume cujus regio ejus religio les Béarnais devaient alors devenir protestants.
Toute la politique de Jeanne sera tournée dans ce
sens.

L’évangélisation protestante trouvera un terrain favorable surtout en Béarn des Gaves. Pour preuve, sur les
6 414 familles protestantes du Béarn recensées en
1650, 4 743 proviennent des colloques d’Orthez et de
Sauveterre, qui à eux deux couvrent l’essentiel de l’entre-deux-gaves. Pour confirmer cet état de fait, si Pau
demeure la capitale politique, Orthez devient rapidement la capitale religieuse du pays. Ce constat est renforcé par la création d’une académie protestante en
1564 dans l’ancien monastère des Jacobins. Elle prend
pour modèle l’université de Genève et c’est pourquoi,
en 1566, elle fait appel à Pierre Viret, ami et disciple
de Calvin. Chargé d’organiser l’institution, il y enseigne
notamment la théologie jusqu’à sa mort à Pau en
1571. On y enseigne le latin, le grec, l’hébreu, les
auteurs antiques, la théologie… Certains étudiants
peuvent être boursiers, ils sont alors logés, nourris,
pourvus en livres et soignés gratuitement. La création
de cette « petite Genève » permet le développement
des structures éducatives à Orthez et dans ses environs. Une véritable politique de scolarisation alors est
mise en œuvre, unique dans la France d’alors.
Même si les Béarnais n’ont pas connu les affres des
guerres civiles qui secouèrent la France pendant presque un demi-siècle, ils ont subit l’invasion française de
1569. Le conflit a été marqué par le siège de deux
mois de Navarrenx, cité fortifiée et dernier rempart
contre les invasions, et les affrontements sanglants
d’Orthez. La troisième guerre de religion s’est essentiellement déroulée dans la région du Béarn des Gaves
preuve s’il en est de l’enjeu que représente ce territoire. Elle est aussi à l’origine des Grandes Ordonnances Ecclésiastiques de 1570 interdisant totalement

l’exercice du culte catholique. Le patrimoine actuel
témoigne encore aujourd’hui de cette politique puisque pendant près de cinquante ans les églises catholiques seront consacrées au culte protestant.
Mais cette parenthèse s’achève en 1620 lorsque
Louis XIII impose l’union du Béarn et de la France. Dès
lors, le sort des Français et des Béarnais est lié. Il en ira
de même pour celui des protestants. Louis XIV mène
une politique de rigueur et de persécutions contre les
protestants qui aboutit à la révocation de l’Édit de Nantes en octobre 1685. Le Béarn sera ainsi l’une des toutes premières provinces à subir les dragonnades. Le
protestantisme devient illégal, ses fidèles des hors-laloi. Les « assemblées au désert », plus spécifiquement
« au bois » pour le Béarn, vont permettre la reconstruction de cette communauté. Salies, comme Bellocq et
Orthez, devient dès 1750, un centre important de
l’église clandestine du Désert.
En 1789, la Révolution française d’abord puis la
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen donnent la liberté religieuse pour tous les Français. On
assiste alors à la reconstruction, à la renaissance d’une
minorité jusqu’alors persécutée et exclue. Des familles
protestantes béarnaises ont marqué de leur nom l’histoire française : Reclus (Orthez), Pécaut (Salies),
Casalis (Orthez)… Ils se sont illustrés dans domaines
aussi variés que l’éducation, la médecine, les œuvres
sociales ou caritatives…
Ainsi les choix religieux de Jeanne d’Albret ont eu
une portée dépassant largement la durée de son
règne ; ils ont profondément marqué la mémoire, la
culture, l’identité voire la sociologie béarnaise.

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