Pays d`Art et d`Histoire
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Pays d`Art et d`Histoire
SYNDICAT MIXTE DU BÉARN DES GAVES Dossier de candidature au label Pays d’Art et d’Histoire — 2009 — Dossier coordonné et réalisé par : Stéphanie Lafont, responsable du projet pour le Syndicat mixte du Béarn des Gaves. d’après un travail initié par Raphaël Delebarre chargé du Patrimoine à la Ville d’Orthez de 2002 à 2006 Avec la collaboration de : Christian Lamaison documentaliste, toponymiste, préparateur d’édition, pour l’association Orthez, Cité du Livre, et le concept du patrimoine discret. Cécile Tison attachée à la conservation du musée Jeanne-d’Albret, et pour Orthez Animations. Jean-Paul Lafont pour la collaboration historique et l’édition. René Descazeaux adjoint au maire d’Orthez, chargé de la culture, des fêtes, de l’identité régionale et des jumelages, en charge du dossier Pays d’Art et d’Histoire pour le Syndicat Mixte du Béarn des Gaves. Les élus et techniciens des collectivités et de l’Office de tourisme du Béarn des Gaves Les associations culturelles et patrimoniales du Béarn des Gaves « Tant que l’on n’a pas tout fait, » pour l’éducation des enfants, » on n’a rien fait. » Félix Pécaut Éditorial I BdG existe une véritable cohérence culturelle au sein du Béarn des Gaves. Dès 2002, les élus des villes de Navarrenx, d’Orthez, de Salies et de Sauveterre ont émis l’idée qu’il s’en dégageait la possibilité d’une ressource pour le tourisme. Ce constat donna alors lieu à la création du Syndicat mixte et de l’Office de Tourisme du Béarn des Gaves. Parallèlement, sans que cela soit une nouveauté, nous avons pris conscience de la variété considérable du patrimoine bâti de ce territoire, offrant ainsi une palette étendue de points de vue culturels. Les collectivités territoriales et les associations essaient actuellement de les mettre en valeur, tant par des mesures de protection et de sauvegarde, que par des animations à caractère éducatif. Ainsi, le projet de Ville d’Art et d’Histoire de la ville d’Orthez s’est rapidement transformé en un projet de Pays d’Art et d’Histoire pour l’ensemble du territoire du Béarn des Gaves. Aussi, il est de notre responsabilité de développer la compréhension de l’histoire et des idées qui ont contribué à construire l’originalité de notre territoire. Notre premier souci, va vers l’éducation, tous les auteurs, les scientifiques, les penseurs, les artistes qui ont marqué l’histoire du territoire font déjà l’objet d’études, de conférences, de colloques, de publications. Et nous sommes loin d’avoir parcouru tous les chemins de la connaissance. Enfin, nous essayons d’encourager toutes les initiatives liées à la valorisation du patrimoine discret, celui qui est pour le moment invisible. De ce point de vue, la politique menée par la communauté de communes du canton d’Orthez en faveur de la défense de la langue et de la toponymie est particulièrement novatrice. Au cours de la préparation de ce dossier, nous avons appris que la langue et la toponymie sont en voie d’être considérées comme patrimoine immatériel de l’humanité par une convention de l’Unesco ; nous sommes heureux d’avoir déjà pris les devants dans nos cantons. Aujourd’hui, le territoire du Béarn des Gaves sollicite l’obtention du label Pays d’Art et d’Histoire. Cette labellisation nous permettra de structurer les actions déjà entamées et l’inscription au sein du réseau des VPAH, gage d’efficacité pour notre territoire. L Syndicat mixte du Béarn des Gaves Le gave d’Oloron à Navarrenx Comme à Orthez ou à Sauveterre, les gaves rencontrent l’histoire, ce pont médiéval signe notre présentation du Béarn des Gaves comme étant un carrefour d’influences. Introductif au dossier Cette communication a été présentée à madame Pascale Corré de la commission nationale des Pays d’Art et d’Histoire, lors de sa réception à Orthez le 14 avril 2009. Pourquoi sommes-nous candidats à l’obtention d’un label Pays d’Art et d’Histoire ou, sous une autre forme : un label, pour quoi faire ? Le label nous permettrait assurément un affichage par une reconnaissance publique mais il constituerait surtout une source de stimulation pour toutes les forces vives de la population qui réside et travaille en Béarn des Gaves. Nous avons donc la volonté de parvenir, avec quelques chances de succès, au bout de cette dernière ligne droite de l’étude du dossier. Pour réussir dans cette entreprise, notre territoire nous semble disposer de cinq atouts importants que la démarche de labellisation paraît exiger : »» Le souci de préservation de la qualité du cadre de vie. »» Le fondement d’homogénéité et d’identité culturelle du pays. »» La polyculturalité de cet espace carrefour européen. »» L’équilibre harmonieux de la structure pilote. »» L’originalité et la complémentarité des activités qui s’y déroulent. Le souci de préservation de la qualité du cadre de vie Après avoir initialement pensé à déposer un projet d’obtention du label Ville d’Art et d’Histoire pour Orthez, nous avons fait le choix de faire reconnaître le Béarn des Gaves comme Pays d’Art et d’Histoire. Initialement, en recrutant en 2002 un animateur du patrimoine, Orthez avait envisagé d’obtenir une reconnaissance de Ville d’Art et d’Histoire. Elle aurait pu y prétendre, disposant d’atouts au moins aussi déterminants ou emblématiques qu’Oloron par exemple, qui a obtenu il y a peu ce label. Nous nous sommes finalement engagés dans une autre démarche parce que la richesse patrimoniale, architecturale et historique de nos espaces d’une part, la cohérence géographique, la qualité des sites naturels de ceux-ci d’autre part avait fait émerger depuis 2005, chez les acteurs du terrain, une double préoccupation : »» la volonté de protection de leur patrimoine, d’un patrimoine historique riche reçu en héritage, »» la volonté de protection des sites naturels et des paysages qui constituent leur cadre de vie, un cadre de vie exceptionnel. Cette double préoccupation de protection du territoire, cette volonté de préservation, rejoignait, nous semblaitil, les principes et objectifs définis par le législateur dans la mise en place des dispositifs conduisant à l’attribution de labels Pays d’Art et d’Histoire. Ce souci permanent de préservation s’est traduit dans les faits par la conception et l’établissement de conventions de développement patrimonial, de projets collectifs de développement avec le Conseil général des PyrénéesAtlantiques et le Conseil régional d’Aquitaine. Les stratégies d’aménagement du territoire font toutes l’objet de plans concertés entre les communautés de communes du territoire parce que c’est désormais, de toute façon, une exigence des schémas régionaux ou départementaux pour optimiser la délégation d’aides et de crédits. Notre souci de préservation s’est aussi traduit par l’adoption, entre 2003 et 2006, de ZPPAUP très strictes dans chacune des communautés de communes constitutives. Cette volonté se décline aujourd’hui par de nouveaux affichages d’ambitions environnementales : — La définition par les petites communes du Béarn des Gaves de sites relevant d’un classement en zones Natura 2000. — Le repérage des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et d’un bon état de conservation en bord des gaves. — La préservation et la restauration des zones humides qui constituent dans nos pays des gaves un patrimoine remarquable. — Le lancement sur Orthez d’un programme de développement durable de type Agenda 21 (habitat fleuri, recensement d’arbres remarquables, positionnement d’un futur éco-quartier). Le fondement d’homogénéité et d’identité culturelle du pays Le Béarn des Gaves présente une réelle et profonde homogénéité, qu’on pourrait désigner comme une homogénéité de mémoire et de destinée. Unité, homogénéité de mémoire inscrite dans l’histoire du Béarn des Gaves. Il y a une histoire spécifique du Béarn, constitué en principauté indépendante dès le début de la guerre de Cent Ans. Le Béarn des Gaves offre la particularité de compter deux des capitales historiques dans son espace : Sauveterre-de-Béarn et Orthez. De surcroît, nombre d’aspects historiques spécifiques pourraient être recensés (importance ici de la Réforme, forte présence de Jeanne d’Albret et rayonnement de l’Université humaniste) qui donnent plus d’éclat encore à cette homogénéité de mémoire. Unité, homogénéité de destinée inscrite dans le milieu naturel du Béarn des Gaves, sa géographie. Les limites naturelles sont ici clairement tracées. Elles sont constituées par les gaves de Pau et d’Oloron qui for- ment et délimitent un angle, celui d’un territoire original marqué par l’eau, les eaux vives des gaves pourrait-on dire. Ces gaves enserrent le pays du Béarn des Gaves, « le pays vert » dont parle Paul-Jean Toulet, le pays des collines de l’entre-deux-gaves. L’homogénéité de destinée pourrait même être symbolisée par les deux couleurs emblématiques de notre pays, le bleu et le vert, le bleu de l’eau de ses gaves, le vert des terres de ses collines. Cette homogénéité se nourrit du terreau facilitateur de l’identité culturelle forgée tout au long de notre histoire commune, identité illustrée en Béarn des Gaves par le relais fondamental d’une langue béarnaise encore active et en tous cas enracinée dans une forte tradition rurale. La polyculturalité de cet espace carrefour européen L’observation d’une carte d’Europe occidentale nous permet de bien comprendre comment le positionnement de notre Pays des Gaves sur l’isthme européen reliant le continent à la péninsule ibérique, a pu favoriser tout au long de l’histoire la circulation des peuples et des cultures. C’est bien dans cet espace que les voies principales des chemins de Compostelle viennent se rapprocher et se rejoindre, constituant un maillage original qui explique la densité des éléments patrimoniaux présents ici et liés à cette aventure collective des hommes. Nous sommes bien au cœur d’un carrefour naturel où la vieille province du Béarn vient se joindre à d’autres vieilles provinces (la Gascogne, la Soule, la Navarre). Ce n’est pas un hasard si trois royaumes entraient ici en communication : l’Angleterre qui contrôla longtemps le duché d’Aquitaine, l’Espagne qui assurait sa mainmise sur la Navarre et la France. Ce n’est pas un hasard non plus si à ce point de jointure les princes béarnais vinrent forger pour plusieurs siècles leur souveraineté après les temps troublés de la guerre de Cent Ans. L’affirmation d’un royaume de France et de Navarre que l’avènement d’Henri IV célébrera, prend sa source et son sens d’abord en Béarn des Gaves. L’équilibre harmonieux de la structure pilote L’homogénéité du pays des gaves se nourrit d’un équilibre fondamental que nous devons respecter scrupuleusement. Le Béarn des Gaves hérite d’une histoire commune, bâtie peu à peu sur un territoire partagé. Quatre cantons, quatre communautés de communes, quatre villes-villages qui s’équilibrent parfaitement. Le Syndicat mixte dans son organisation est l’émanation achevée de cet équilibre voulu et accepté. Les élus ont maintenant une expérience et une pratique de l’action concertée. Ils ont parfaitement compris, et cela apparaît dans les stratégies qu’ils mettent en place, que tous les projets culturels, urbanistiques ou paysagers doivent impliquer les populations concernées. Regardons de près cette structure qui fait sa place à chacun : »» le siège central de l’office de tourisme du territoire est à Salies (avec ses antennes dans chacune des communautés) ; »» le président de cet office de tourisme est désigné par la Communauté de Sauveterre ; »» le siège du Syndicat mixte est à Orthez ; »» le président du Syndicat mixte est issu de la Communauté de Communes de Navarrenx. Tout naturellement, le moment venu, la structuration d’un service d’animation du patrimoine au sein du Syndicat mixte (qui servira de référent administratif permanent à l’Animatrice du CIAP) impliquera le positionnement à Orthez du Centre d’Interprétation du Patrimoine (avec des ateliers pédagogiques ou des locaux dans les quatre cantons constituant le territoire). La volonté des politiques publiques locales de s’ancrer sur une dynamique participative des populations a pour objectif l’appropriation du territoire par celles-ci. Cet exercice de démocratie citoyenne est loin d’être acquis. C’est pourquoi le Syndicat mixte a besoin d’un accompagnement de la puissance publique pour engager un processus d’économie et d’éducation culturelle sur le terrain. L’originalité et la complémentarité des activités du Béarn des gaves Nous avons engagé un effort commun de démarche citoyenne de valorisation. Cet effort que nous faisons prend appui sur deux principes forts qui guident notre volonté d’être reconnus Pays d’Art et d’Histoire : »» la conviction de projeter une image territoriale emblématique produite par une identité culturelle très forte nous l’avons vu, la langue étant un des moteurs de cette identité ; »» un savoir-faire reconnu des hommes de ce pays, avec dans l’ensemble un vrai souci respectueux de l’environnement, qui jette les bases d’une réelle aptitude à conduire un développement durable local. Ces deux principes sont illustrés par la constitution étonnante sur le terrain, de spécificités qui se sont conservées et figurent les fondements de ce qu’on pourrait appeler la tradition ou la diversité locale : — Avec Sauveterre, partie du territoire où la langue mère s’est le mieux conservée, qui s’illustre en magnifiant la production agro-alimentaire en petites unités et l’élevage. C’est le terrain de la race bovine Blonde d’Aquitaine qui engendre une fête de rayonnement régional au cœur du mois d’août. — Avec Orthez, qui se veut Cité du Livre (avec la riche histoire éditoriale de son Université humaniste au 16e et l’installation des premiers imprimeurs du sud aquitain). Le Livre logiquement impulse des activités, avec sa remarquable médiathèque, son salon du Livre automnal et son village d’entreprises autour de l’Image et de l’Écrit porté par la Communauté de Communes d’Orthez. — Avec Salies, c’est la Cité du Sel, l’or blanc, reine des eaux salées, Salies vit au rythme d’une activité thermale et balnéaire de grande réputation. Sa fête du Sel à la fin de l’été, draine des foules considérables. — Avec Navarrenx, c’est le gave, ses saumons, un aménagement réussi des berges et rives mais c’est aussi le choix d’attirer des réseaux d’artisans d’art dans les rues de la bastide (un Salon des métiers d’art à Pâques). Ce raccourci éclaire une remarquable complémentarité de fait des composantes du territoire qui allient plutôt de bonne façon, diversité et unité dans cet espace. Comment conclure cette présentation sommaire ? Il est évident que le label de Pays d’Art et d’Histoire apportera beaucoup à notre Béarn des Gaves. Mais nous avons aussi l’intime conviction que le Béarn des Gaves apportera beaucoup au label. Pourquoi ? L’inscription dans le réseau des Pays d’Art et d’Histoire de notre petit pays des gaves, pourrait n’apparaître que comme l’adjonction d’une toute petite pierre ajoutée à l’édifice commun. Mais cette petite pierre, verte et bleue, ce petit espace est unique, il offre des particularités remarquables comme le dossier s’efforce de le montrer. Mais il est surtout représentatif et symbolique de la construction de l’unité nationale elle-même ! Choisir le Béarn des Gaves comme premier Pays d’Art et d’Histoire reconnu en Aquitaine procéderait finalement quelque part d’une certaine logique. Il est suffisamment à l’écart des grands rails touristiques des côtes atlantiques, à l’écart des circuits faits sur le même moule des stations pyrénéistes bondées, il ne recèle pas de sanctuaires ou de sites éternellement médiatisés. Il constitue simplement un de ces « nids d’espace » plutôt rares que l’on ne trouve qu’en quelques lieux du pays profond. Choisir de labelliser ce nid d’espace aquitain serait emblématique d’une volonté de mettre en exergue une fusion plutôt aboutie du patrimoine naturel et du patrimoine historique. Cela aurait une résonance authentique (dans le meilleur sens de ce terme bien galvaudé aujourd’hui) et cela illustrerait très opportunément l’engagement de la puissance publique de donner un sens au vocable de pays, un vrai sens. Surtout qu’en bien des domaines, les capacités requises pour mériter le label, ont été largement expérimentées et bien des chantiers ont été mis en œuvre sans attendre, comme on le verra plus loin. Le sentiment de pays était déjà là. Le Syndicat mixte du Béarn des Gaves porteur du projet de label PAH Le gave de Pau à Puyoô Le gave de Pau dépose ici du gravier au pied des ruines du château de Bellocq, par-derrière s’étend la bastide, à l’horizon, un pylône de télécommunications domine l’autoroute. C’est encore la rencontre du passé et du présent. Sommaire I. Le Béarn des Gaves 1. Situation et origine de la démarche 1.1. Les atouts 15 15 Une situation géographique privilégiée Comment venir en Béarn des Gaves Une entité historique 17 L’héritage des vicomtes de Moncade Le Béarn des Gaves à l’heure de la Réforme 2. Une volonté des quatre cantons de travailler ensemble à l’organisation touristique 2.1. Le PCD du Pays des Gaves de 1998 à 2003 19 19 Actions engagées par le PCD du Pays des Gaves. — La structuration et l’organisation touristique du territoire. — Actions de promotion. — Le développement d’équipements touristiques. — Schéma directeur de signalisation. — Plans locaux de randonnées. 2.2. Le pôle touristique rural du Béarn des Gaves depuis 2005 Le syndicat mixte L’office de tourisme 21 22 22 Missions déléguées Actions mises en œuvre par l’Office de Tourisme depuis 2006 23 Création de la cohésion de l’équipe BdG et amélioration de l’accueil et de l’information.— Communication locale. — Positionnement, promotion et communication. — Commercialisation. — Actions en cours. 3. La démographie et l’économie locale 3.1. La démographie : une terre d’accueil 3.2. Structure de l’économie et de l’emploi : résistance et développement 3.3. Le tourisme, un poids significatif et un axe majeur de développement Le patrimoine naturel du Béarn des Gaves Un carrefour millénaire 4. Un riche passé historique et patrimonial 4.1. Une histoire mouvementée 4.1.1. Orthez, Salies, Sauveterre, Navarrenx des destins différents 4.1.2. Le Béarn des Gaves : une histoire commune 4.2.1. Les édifices religieux ORTHEZ. L’église Saint-Pierre. — Le chœur. — La nef. — L’église du bourg Vieux et les vestiges du couvent des Jacobins. — Le temple de l’Église Réformée. SAUVETERRE. L’église Saint-André. — Le chœur roman. — Le clocher fortifié. — La nef. — Le portail et ses sculptures. — Le décor intérieur. — Chapelle Saint-Martin de Sunarthe. — Le couvent des Carmes. — Le temple de l’Église Réformée. Autres édifices religieux dans le canton de Sauveterre : MONTFORT. — SAINT-GLADIE. — L’HÔPITAL-D’ORION. NAVARRENX. L’église Saint-Germain l’Auxerrois. SALIES. L’église Saint-Vincent. Les halles d’Orthez (théâtre Francis-Planté). — L’hôtel de ville d’Orthez. — L’hôtel de ville de Navarrenx. — L’hôtel de ville de Sauveterre. — L’hôtel de ville de Salies. 72 72 L’occitan. — Le gascon ou le béarnais. — Les autres langues du BdG. — Le basque ou euskara. — Le castillan ou espagnol. — Le français. — Le travail sur la langue. 24 4.3.2 Les noms de lieux 24 Les toponymes. — Une volonté de protection déjà en œuvre. — Les projets. — L’éducation. 25 26 26 26 27 28 28 34 Le Béarn dans l’occident médiéval. — L’influence fébusienne. — Le Béarn des Gaves, terre d’accueil de la Réforme. 4.2. Un patrimoine bâti remarquable 70 4.2.4. Les édifices publics 4.3.1 Les langues Terre d’histoire. — Terre de tradition. Fréquentation et hébergements 51 ORTHEZ Le bâti médiéval. — Les ouvertures. — La couverture et l’appareil. — Les maisons fortifiées. — La maison Batcave ou maison des Prêtres Prébendiers. — L’Hôtel de la Lune. — La maison Jeanne-d’Albret ou « Maison du Roy ». — La maison CoustetLarroque. — Le bâti de la période moderne. — Les maisons de négociants et d’artisans. — Les grands hôtels des 18e et 19e siècles. — La maison Lataste. — L’hôtel de la Belle Hôtesse et sa légende. La légende. — Le château Lamaignière. SAUVETERRE Maison Darridole-Guinarthe dite château de Naÿs (hôtel de ville). — Hôpital SaintAntoine. — Pigeonnier de Coulomme. — Maison Jean-de-Vic. — La Maison Forte. NAVARRENX Maisons du Gouvernement. — Maison Jeanne-d’Albret. — Les maisons de Navarrenx. SALIES. — La promenade sur les bords du Saleys canalisé. — Le château Saint-Pé. — La maison Coustalé-Larroque. — Château et hôtel Gassion. — Le quartier thermal. — L’établissement thermal. — Le kiosque. — Le grand hôtel du Parc. — Le café cercle du Chalet. — Le casino. — La ville thermale. — Le hameau Bellevue l’hôtel Bellevue et son pavillon. La ville thermale. Une identité éclectique. — Les villas gothico-renaissance. — Villa Hermine. — Villa Lou Castelet. — Les villas chalets. — Villa Jeanne. — Le style vernaculaire. — Villa les Platanes. — Villa Gabrielle. — Le courant régionaliste. — Villa du Garagiste Boissan. 4.3 Avec l’Unesco : le patrimoine immatériel de l’humanité Terre d’eau. — Les activités et sites Nature. Le patrimoine culturel du Béarn des Gaves ORTHEZ. Le pont Vieux. — Le château Moncade. — Les remparts de ville et les tours de défense. SAUVETERRE. La tour Monréal. — Le pont de l’a Légende. NAVARRENX. — Le pont. — Le tour des remparts. — La porte Saint-Antoine. — Demi-bastion de la Cloche et la poudrière. — La poudrière. — Le bastion des contremines et le bastion des Échos. — Le bastion des Échos. — Le bastion des Noyers et du Parapet. — La fontaine militaire. — L’arsenal. — Les casernes Saint-Antoine. 4.2.3. L’habitat privé Une identité paysagère 1.2. De fortes personnalités 43 4.2.2. L’architecture défensive 74 II. La politique patrimoniale et culturelle du Béarn des Gaves 1. La politique de valorisation et de médiation 77 du patrimoine 1.1. La politique de valorisation du patrimoine urbain et paysager 78 1.1.1. L’urbanisation originale du Béarn des Gaves et son évolution 78 ORTHEZ. — SAUVETERRE. — SALIES-DE-BÉARN. — NAVARRENX. L’escargot salisien. — 17e et 18e : une extension urbaine tardive. — L’ère du thermalisme et la naissance d’une ville nouvelle. 84 85 L’architecture rurale. 1.1.2. Des ZPPAUP 36 36 Les zones de protection du patrimoine architectural urbain et paysager SALIES-DE-BÉARN. — SAUVETERRE. — NAVARRENX. — ORTHEZ. 1.1.3. Autres mesures de protection et d’aides 90 1.1.4. Une politique d’acquisitions et de restaurations patrimoniales 91 ORTHEZ. L’Hôtel de la Lune. — La maison Jeanne-d’Albret. — La maison Lataste, ou de la Visitation. — SALIES. — NAVARRENX. — SAUVETERRE. 93 1.1.5. La rénovation du centre ville d’Orthez La rénovation des anciennes halles et de la salle Francis-Planté en un complexe culturel. — Le nouveau complexe culturel et commercial de la Moutète. — Le nouveau pôle culturel du Foirail : cinéma, médiathèque et local jeune. 94 1.1.6. La mise en valeur des sites patrimoniaux La mise en lumière et l’éclairage public. — L’enfouissement des réseaux aériens. — La mise en place de signalisations spécifiques. — La valorisation des espaces publics et des entrées de ville. 1.1.7. Des aménagements muséographiques 1.1.8. La protection des espaces naturels et des paysages 1.1.9. La valorisation des paysages 1.2. Les animations patrimoniales 1.2.1. À destination du grand public 1.2.2. Les associations patrimoniales du Béarn des Gaves 95 96 98 100 100 100 SAUVETERRE. — Association patrimoine Les Amis du Vieux Sauveterre. — Navarrenx. — Le Cercle Historique de l’Arribère. — L’association Mémoire des Vallées — SALIES. — Association des Amis du Vieux Salies. — ORTHEZ. — Le Vieil Orthez. 1.2.3. La médiation du patrimoine, les actions éducatives 102 Exemples d’actions menées 2. La politique culturelle 2.1. Les équipements culturels et scolaires 2.1.1. Trois grandes salles de spectacle 105 105 Le théâtre Francis-Planté. — La salle de la Moutète. — Le centre municipal des congrès de Salies. 2.1.2. Quatre bibliothèques dont une médiathèque 105 La bibliothèque municipale d’Orthez. — La nouvelle médiathèque d’Orthez. — La bibliothèque de Salies-de-Béarn. — Navarrenx et Sauveterre. 2.1.3. Trois écoles de musique 2.1.4. Deux cinémas 108 108 109 Le Musée Jeanne-d’Albret, Histoire du Protestantisme Béarnais à Orthez, Fonds. — Musée Moncade à Orthez. — Musée Francis-Jammes, maison Chrestia à Orthez. — Le musée du Sel et des Traditions béarnaises à Salies. — Le château de Laàs. 2.1.6. Autres salles pouvant accueillir du public 114 SALIES. — SAUVETERRE. — NAVARRENX. — ORTHEZ. 2.1.7. Plusieurs équipements scolaires et des enseignements spécifiques sur le Béarn des Gaves 2.2.1. Les caractéristiques de la politique culturelle 2.2.2. Les principaux événements culturels 115 116 116 116 Sur Orthez. — Sur Sauveterre. — Sur Navarrenx. — Sur Salies. 2.2.3. Quelques précisions sur les événements culturels les plus importants 117 Le festival Jazz Naturel : une expérience de délocalisation cantonale d’un événement culturel. — Les Saisons d’Orthez. — Les journées et la semaine du Livre. 2.2.4. Une politique de soutien actif aux associations culturelles Les principales associations culturelles du territoire 118 118 Le Centre Socioculturel à Orthez. — L’Amicale Laïque. — L’Association Sauveterre Espace Culturel. — Le Comité d’Animation de Navarrenx. — L’association Bastides 64. — Espace Culturel de Navarrenx. — Le Comité d’Animation de Salies. — Orthez Animations. — Orthez, Cité du Livre. — Autres associations à ne pas oublier. 2.3. Une scène de pays sur le Béarn des Gaves 121 Sur Orthez. — Sur le canton d’Orthez. — Sur Navarrenx. — Sur Salies-de-Béarn. — Sur Sauveterre-de-Béarn. 2.4. Un foyer intellectuel, culturel et spirituel très ancien 123 L’éclosion du génie béarnais. — L’essor de la vie intellectuelle. — Les scientifiques. — La littérature et la poésie. La culture gasconne Les deux grandes familles de scientifiques orthéziens 127 128 La famille des Reclus. — La famille des Planté. De nos jours L’avenir 130 L’organigramme du Syndicat mixte du BdG 1. Des actions déjà structurées 2. Le maître d’ouvrage du PAH du BdG le syndicat sixte 131 131 Fonctionnement du Pays d’Art et d’Histoire. — Investissements engendrés par le label Pays d’Art et d’Histoire. 3. Le CIAP Centre d’interprétation et d’animation du patrimoine 4. La création du service d’animation du patrimoine 4.1. Un personnel qualifié et compétent 4.2. Les missions du service d’animation 5. Service éducatif du patrimoine 6. Les actions à développer pour une véritable animation-médiation du patrimoine 133 134 134 134 136 137 7. L’apport du Béarn des Gaves au réseau des VPAH 7.1. Sur l’histoire du protestantisme 139 139 Le Béarn des Gaves, berceau de la Réforme protestante. — La diaspora protestante béarnaise dans le monde. — L’évangélisation protestante et la scolarisation. — Le protestantisme transpyrénéen franco-espagnol. — Le colloque international des musées protestants. 7.2. Le Béarn des Gaves, et quelques grands tenants 141 de la laïcité Félix Pécaut apôtre de la laïcité. — Élisée Reclus. Des chiffres. — Établissements d’enseignement. — Enseignements spécifiques. 2.2. Le Béarn des Gaves mène une politique de programmation culturelle ambitieuse Organisation du territoire du BdG (tableau) Plusieurs thèmes ont d’ores et déjà été évoqués. — Des journées découverte. — Des ateliers pédagogiques. Le Studio Cinéma. — Le cinéma de Salies-de-Béarn. 2.1.5. Les musées III. Un projet de Pays d’Art et d’Histoire sur le Béarn des Gaves 128 128 7.3. Des liens très forts avec le reste du monde 142 L’émigration béarnaise en Amérique du sud. — L’émigration en Amérique du nord et au Canada. — La bataille du 27 février 1814. — Des écrivains qui ont fait le prestige du Béarn des Gaves à travers le monde. — Le Béarn des Gaves, traversé par deux voies de Compostelle. — Un jumelage européen avec des bastides espagnoles. — Tarazona, la ville jumelée avec Orthez. — Les Pantomimes. — Les tauromachies espagnole et landaise. — La notion de tolérance en Béarn des Gaves. 7.4. Les hommes et les idées hier, et sans doute demain Deux exemples de recherche 144 Les abbayes laïques 144 Un exemple pratique d’observation 145 Le patrimoine discret 146 Les itinéraires anciens ou hodographie. — Les sites de castramétation ou de fortification antiques et anciennes. — La toponymie ou onomastique. — La géologie, la géographie et les paysages. Conclusion 149 Un label à mériter Annexes Tableau récapitulatif de l’activité économique Tableau présentant la variété des artisans d’art Les monuments inscrits et classés Monuments Historiques Le point de vue de Laqueyre Exemple de fiche pédagogique en deux langues Lexique Sources bibliographiques 152 153 154 156 160 162 164 I. Le Béarn des Gaves Bassin intérieur de l’Adour Bayonne Orthez Arthez Salies Bidache Sauveterre Arzacq Lagor Saint-Palais Navarrenx Monein Pau Mauléon OloronSainte-Marie Les quatre cantons des Pyrénées-Atlantiques concernés par le Béarn des Gaves Ci-dessus, le tracé des cantons est purement administratif, il est basé sur les unités administratives selon le découpage électoral. On remarquera la position centrale du Béarn des Gaves par rapport au bassin intérieur de l’Adour. L’IGN place le barycentre topographique des PyrénéesAtlantiques près de Navarrenx. En mars 1790, Navarrenx fut d’abord choisie comme chef-lieu des BassesPyrénées, Pau lui succédera huit mois après ; puis Saint-Palais en 1795 et retour à Pau l’année suivante. Considérant l’espace culturel, il est bien entendu qu’on peut étendre la résonance des actions en aval dans les Landes jusqu’au confluent, incluant Sorde-l’Abbaye, et en amont dans l’interfluve de Lagor avec, notablement l’abbaye de Sauvelade, historiquement liée à Orthez. 1. Situation et origine de la démarche Le Béarn de Gaves s’est constitué sur les cantons de Navarrenx, Orthez, Salies-de-Béarn et Sauveterre-de-Béarn, dont les quatre chefs-lieux, représentent les deux tiers de la population du territoire (33 000 habitants pour 67 communes). Ces quatre villes, distantes d’environ 20 kilomètres chacune, et dotées d’une forte identité historique et culturelle, ont décidé de poser leur candidature à un label Pays d’Art et d’Histoire. 1.1. Les atouts Une situation géographique privilégiée Ce territoire d’élection est centré sur la convergence des vallées des gaves de Pau et d’Oloron, contenant le massif de l’interfluve. L’ensemble est placé dans le piémont pyrénéen, donc, non loin de l’Espagne. Il représente le Béarn à la charnière du Pays Basque et au contact du bas Adour landais et de la Chalosse au sud des Landes. Le Béarn des Gaves est un espace choisi à mi-chemin entre la limite Béarn/Bigorre et la côte de l’Atlantique. Par sa position, il bénéficie d’un atout géographique privilégié, à proximité de la mer et de la montagne. Son climat est qualifié d’océanique tempéré, c’est-à-dire rarement sujet à des conditions climatiques extrêmes. Il s’articule autour des cités de Navarrenx, d’Orthez, de Salies-de-Béarn et de Sauveterre-de-Béarn. Les capitales régionales ainsi que de grandes métropoles culturelles, de part et d’autre de la frontière, sont à des distances raisonnables. Comment venir en Béarn des Gaves Le Béarn des Gaves se trouve sur l’axe Toulouse–Bayonne (autoroute A64 La Pyrénéenne), à l’est de l’axe Bordeaux–Bayonne (autoroute A63). Il possède deux gares SNCF situées sur le canton d’Orthez : Orthez (TGV) et Puyoô. Les aéroports de Pau et de Biarritz se trouvent à proximité, à moins d’une heure du centre du territoire. La possibilité d’utiliser les aéroports de Tarbes-Ossun ou Saint-Sébastien ne sont pas à négliger, ni les liaisons ferry de Pasajes en Espagne. Une identité paysagère Cités historiques et villages ponctuent les terres cultivées, les plaines riches, les collines boisées et les paysages verdoyants des coteaux du piémont pyrénéen traversés par les gaves de Pau et d’Oloron. Toute la zone des coteaux offre de multiples vues imprenables sur la chaîne des Pyrénées. Un autre patrimoine à valoriser [voir page 98]. Les altitudes sont modestes, avec un point culminant à 263 m sur la randonnée GR 65 (route de Compostelle, voie du Puy). Chacun de ces quatre cantons présente une relative spécificité et apporte au territoire sa diversité : — Navarrenx, la bastionnée, ville fortifiée entourée de solides remparts est aussi le haut lieu de la pêche au saumon (Championnat du monde de pêche au saumon), se tourne résolument vers le tourisme vert et le gave. — Orthez, ancienne capitale du Béarn, ville étape des pèlerins de Compostelle depuis le 11e siècle, s’enorgueillit de son prestigieux passé historique et d’être aujourd’hui un carrefour important. — Salies-de-Béarn, cité du sel, station thermale et de remise en forme est à la fois un lieu de calme et de détente. Elle dispose d’un golf de douze trous très apprécié. — La cité médiévale de Sauveterre-de-Béarn doit sa renommée à ses remarquables vestiges épargnés par le temps mais aussi à un riche passé culturel. Une entité historique Pour être juste, on note une absence quasi totale de sites archéologiques antiques sur les quatre cantons, mis à part des traces de castramétation ancienne montrant que cet espace était très peuplé du temps des Tarbelles, peuple aquitanien. Les premiers témoins se situent en marge, à Sorde-l’Abbaye, avec des mosaïques et la villa aquitano-romaine de Barat de Vin, puis, bien plus loin, à Dax. Quelques traces antiques et aquitano-romaines du travail du sel ont été mises au jour à Salies, les traces d’une villa relevées à Sault-de-Navailles n’ont pas révélé grand-chose. L’histoire de ce territoire commence vraiment au Moyen Âge. L’architecture des ponts, de Navarrenx, de Sauveterre et d’Orthez, montrent que la convergence de routes, principalement de Compostelle, mais aussi celles du sel de Salies, a joué un rôle prépondérant dans le développement économique mais aussi intellectuel de la région. Le Béarn des Gaves se trouve sur une région tampon entre le Béarn primitif et la Chalosse. Il a connu les enjeux des guerres béarno-dacquoises qui reposaient sur : l’économie du sel à Salies, les voies de communication (Orthez, avec son pont permettant un des rares franchissements sur le gave). Le territoire était aussi au cœur des enjeux religieux : traversée des voies du Puy et de Vézelay des chemins de Compostelle. Le Moyen Âge a été marqué par une lutte d’influence qui s’exerçait entre l’abbaye Saint Sigismond à Orthez et les abbayes, extérieures à la zone (Sauvelade était présente au sud d’Orthez et Sorde au nord et à l’ouest). Enfin, le Béarn des Gaves était situé entre les influences des évêchés de Dax, Lescar et Oloron. Cette région économiquement dynamique et riche, a été béarnisée totalement par le transfert de la capitale du Béarn à Orthez en 1242 et jusqu’à la fin du 17e. Orthez a été pendant plusieurs siècles la première ville du Béarn et une capitale intellectuelle avec la présence de l’université protestante. Le territoire du Béarn des Gaves possède une identité particulière en Béarn par son patrimoine architectural. L’architecture dans le territoire du Béarn des Gaves se décline autour de quelques grands thèmes : l’architecture défensive médiévale, l’architecture civile du 18e siècle, l’architecture éclectique, l’architecture rurale et l’architecture religieuse (transition art roman et gothique, impact de la Réforme). L’importance stratégique des passages peut être illustrée par la bastide de Navarrenx qui deviendra, au début du 16e, la première cité bastionnée. (voir ci-après). Le concept « d’Isthme européen » La péninsule ibérique est rattachée à l’Europe par un espace plus étroit, qu’on peut appeler un isthme (littér. : « passage étroit ») occupé par la chaîne des Pyrénées qui limitent encore les possibilités de passage. Le territoire du Béarn des Gaves occupe un des principaux débouchés historiques de ces passages, le port de Cize ou Ibañeta (Roncevaux), et le Somport d’où provient le gave d’Oloron. Ceci est confirmé par la permanence des itinéraires, Hannibal, Charlemagne ou Compostelle. Orthez est exactement au droit du col de la Pierre-Saint-Martin. La position du Béarn des Gaves est donc centrale depuis longtemps sur les communications de cet espace, ce qui explique largement son passé et détermine son avenir. 1.2. De fortes personnalités Quelques personnages et événements historiques ont fortement marqué l’histoire dans l’espace du Béarn des Gaves. Ils constituent pour les habitants des repères identitaires vivaces. L’héritage des vicomtes de Moncade La vicomté du Béarn fut créée par Louis le Pieux à la fin du neuvième siècle, lors de l’éclatement du duché de Gascogne. Au cours du dernier tiers du 11e siècle, la vicomté passe sous l’autorité de la famille d’origine catalane des Moncade. Durant le 13e siècle, le vicomte Gaston VII de Moncade, qui était vassal du duc d’Aquitaine et roi d’Angleterre (1229-1290), cherche à acquérir une situation hégémonique au sud de la Gascogne aux dépens de son suzerain. Il met alors en œuvre une politique cohérente de renforcement de sa seigneurie béarnaise par l’implantation d’un ensemble de forteresses et de noyaux d’habitat planifiés. Cette politique a eu pour effet de marquer durablement l’urbanisme et plus généralement la géographie humaine du Béarn et, par conséquent, du Béarn des Gaves. C’est à la famille des vicomtes de Moncade que les villes qui composent actuellement le Béarn des Gaves doivent leurs chartes de coutumes, les Fors. Au nombre des personnalités marquant fortement l’identité historique de ce territoire, on compte le vicomte Gaston III de Foix-Béarn appelé Gaston Fébus qui régnera de 1343 à 1391. Prince moderne, il a fait du Béarn un état souverain (il le demeurera jusque sous Louis XIII, fils d’Henri IV, en 1620) dont il défend les limites en pleine guerre de Cent Ans contre les Français, les Anglais et les Espagnols. Il a essayé de créer un état pyrénéen allant du Béarn au comté de Foix. Les fors de Béarn La première page des Fors promulgués en 1552 par Henri II d’Albret, roi de Navarre et prince souverain de Béarn ; la genèse des Fors se situe entre le 11e et le 13e siècle. Le texte ci-contre reprend, en le modernisant et en le complétant, le texte des anciens fors médiévaux dont il conserve la graphie traditionnelle. Le Béarn des Gaves à l’heure de la Réforme Durant la première moitié du 16e siècle, Henri d’Albret et son épouse Marguerite de Navarre (sœur de François 1er) sont souverains de la vicomté indépendante de Béarn. Tous deux, acquis à la Réforme, en favorisent la diffusion dans leur vicomté et créent à Lescar un collège protestant. À leur mort, ils laissent le Béarn en héritage à leur fille Jeanne d’Albret qui épousera en seconde noces Antoine de Bourbon et continuera à propager la Réforme dans sa vicomté souveraine. En 1564, Jeanne d’Albret, souhaitant faire d’Orthez une « Genève béarnaise » y fonde une université protestante. Une des premières imprimeries s’installe à Orthez et permet la diffusion des travaux des penseurs du calvinisme. En 1569, le roi de France Charles IX et le pape Pie V, désireux pour l’un d’annexer le Béarn souverain à la couronne et pour l’autre de mettre à la tête de cette vicomté un prince catholique, envoient leurs troupes à l’assaut du Béarn. La vicomté est alors plongée dans le tumulte des guerres de religion. Jeanne d’Albret, cependant, ne désarme pas. Victorieuse des troupes de Charles IX, elle promulgue une ordonnance proscrivant le culte romain et faisant du calvinisme la religion officielle de l’État souverain de Béarn. Henri IV, son fils garantira pour quelques années encore la souveraineté de cette vicomté qui ne sera rattachée à la couronne qu’en 1620 par Louis XIII. 10 0 20 km Orthez Salies Sauveterre Surface des 4 cantons : environ 647 km2 On observe une disparité de découpage entre les deux cantons du nord et ceux du sud qui sont bien plus morcelés. Navarrenx Répartition des communes des quatre cantons du Béarn des Gaves Navarrenx Orthez Salies-de-Béarn Sauveterre-de-Béarn 23 communes 13 communes 12 communes 20 communes Angous Araujuzon Araux Audaux Bastanès Bugnein Castetnau-Camblong Charre Dognen Gurs Jasses Lay-Lamidou Lichos Méritein Nabas Navarrenx Ogenne-Camptort Préchacq-Josbaig Préchacq-Navarrenx Rivehaute Sus Susmiou Viellenave-de-Navarrenx Baigts-de-Béarn Balansun Bonnut Castétis Lanneplaà Orthez-Sainte-Suzanne Puyoô Ramous Saint-Boès Saint-Girons-en-Béarn Salles-Mongiscard Sallespisse Sault-de-Navailles. Auterrive Bellocq Bérenx Carresse-Cassaber Castagnède Escos Labastide-Villefranche Lahontan Léren Saint-Dos Saint-Pé-de-Léren Salies-de-Béarn. La liste des communes ci-jointe correspond au découpage administratif de la carte. Actuellement, les communautés de communes ne sont pas toujours identiques à leur canton. De plus, certaines communes adhèrent au projet de façon individuelle. La commune de Gestas, incluse entre les cantons de Sauveterre et de Navarrenx adhère à la communauté de communes de Sauveterre. Abitain Andrein Athos-Aspis Autevielle-Saint-Martin-Bideren Barraute-Camu Burgaronne Castetbon Espiute Guinarthe-Parenties L’Hôpital-d’Orion Laàs Montfort Narp Oraàs Orion Orriule Ossenx Saint-Gladie-Arrive-Munein Sauveterre-de-Béarn Tabaille-Usquain Une volonté des quatre cantons de travailler ensemble à l’organisation touristique 2. 2.1. Le PCD du Pays des Gaves de 1998 à 2003 À l’origine, dès 1998, les communautés de communes de Navarrenx, Salies-de-Béarn et Sauveterre-deBéarn étaient regroupées au sein du Syndicat mixte du Pays des Gaves qui portait une procédure de Projet Collectif de Développement. La commission tourisme de ce PCD avait pour mission de proposer et mettre en œuvre un programme d’action de développement touristique sur le territoire du Pays des Gaves. Ayant acquis la compétence tourisme en 2002, la communauté de communes d’Orthez a intégré cette commission. Ce nouveau territoire a ainsi été dénommé le Béarn des Gaves. Chacun des quatre cantons possédait un office de tourisme intercommunal auquel chaque communauté de communes déléguait sa compétence tourisme (accueil, information et promotion). Les quatre offices de tourisme étaient associatifs et administrés par un conseil d’administration. Afin de palier l’absence d’agence privée de commercialisation touristique sur le territoire, un secteur production et commercialisation, Destination Salies-deBéarn, a été créé en 1996 à l’initiative de la commune de Salies, dans le cadre de son plan thermal. En 2000, Destination Salies-de-Béarn est devenu Destination Béarn des Gaves et s’est élargi en 2002 au territoire d’Orthez, avec compétence sur l’ensemble des quatre cantons, de par la délégation des quatre communautés de communes. Destination Béarn des Gaves était administré par le conseil d’administration de l’Office de Tourisme de Salies-de-Béarn et géré par un comité de pilotage composé d’élus des collectivités locales du Béarn des Gaves et des élus et techniciens des quatre offices de tourisme. Ses missions étaient : • Le montage de produits. • La promotion. • La commercialisation. Actions engagées par le PCD du Pays des Gaves ou par le Syndicat mixte du Pays des Gaves Les objectifs affichés étaient de mieux valoriser par le tourisme les ressources du territoire, d’encourager l’échange et le rapprochement des différents acteurs du tourisme, de bâtir une politique touristique cohérente. La commission tourisme du PCD du Pays des Gaves, a tenté de proposer un programme de développement touristique cohérent, découlant d’une stratégie touristique définie en deux points : La structuration et l’organisation touristique du territoire • Mise en réseau des offices et des acteurs du tou risme (hôteliers, restaurateurs, hébergeurs, agriculteurs, élus, associations culturelles et d’animation…). • Actions de promotion — Édition de documents de promotion communs. Les documents individuels propres à chaque canton ont été remplacés par des documents Béarn des Gaves permettant de regrouper tous les atouts touristiques des quatre cantons dans un esprit de complémentarité et non plus de concurrence. — Création de l’association Accueil en Béarn des Gaves par des hôteliers restaurateurs et des hébergeurs ruraux (objectifs de qualité de l’accueil et du service) — Création du portail web du Béarn des Gaves. L’association du site Internet du Béarn des Gaves, basée à Sauveterre-de-Béarn, a été créée le 26 avril 2000. Cette association a pour double objet de promouvoir l’accès aux nouvelles technologies de l’information pour les habitants du Béarn des Gaves et de développer la communication interne et externe aux cantons du Béarn des Gaves par la création, l’actualisation, la validation et la cohérence des informations, la mise en ligne d’un site web commun aux cantons du Béarn des Gaves. — Définition d’une identification fédératrice au tra vers d’un logo Béarn des Gaves. — Actions de formation, développement. Elles ont permis de renforcer chez les personnes ressources du territoire la capacité d’intervenir en qualité d’acteurs de leur propre développement. Ont participé à l’action de formation des élus, des hôteliers restaurateurs, des hébergeurs, des agriculteurs, des associations, des professeurs, des techniciens d’office de tourisme, des habitants. Le développement d’équipements touristiques Schéma directeur de signalisation — Mise en place d’un programme de micro-signali sation touristique (ensemble bi-mâts avec réglettes directionnelles de signalisation des activités, services, et équipements de Relais Informations Services) afin de promouvoir le tourisme et l’économie locale, d’améliorer l’accessibilité aux sites, de gérer les flux de circulation pour permettre une meilleure diffusion et un renvoi d’un site à l’autre (mise en réseau). La Communauté de communes du canton d’Orthez a mis en place son programme de micro-signalisation sur les années 2005 et 2007. — Mise en place de panneaux d’entrée de territoire avec pour objectif de travailler sur l’image et l’identification du territoire. — Enfin, mise en place de panneaux images dans les quatre villes centres. Plans locaux de randonnées Le Plan Local de Randonnée du Pays des Gaves se réalise par un travail collectif des trois intercommunalités (Salies, Sauveterre et Navarrenx). Chacune a réalisé les travaux d’ouverture des sentiers, de balisage et de signalisation en concertation ; le topoguide a été porté par la communauté de communes de Sauveterre-deBéarn mais travaillé au sein de la commission. La Communauté de communes du canton d’Orthez a mis en place de son côté son plan local de randonnée dès 1999 accompagné de son topoguide particulier. Elle a procédé à une refonte complète en 2006-2007, incluant les randonnées ouvertes aux cyclistes VTT. En 2008, les quatre intercommunalités ont réalisé en commun un topoguide pour une offre de randonnées commune. Ce territoire fédère ses acteurs autour d’un projet commun : le développement de l’économie touristique. 2.2. Le pôle touristique rural du Béarn des Gaves depuis 2005 Suite à cette démarche touristique collective menée, le Béarn des Gaves a décidé fin 2002 de poser sa candidature à une procédure de pôle touristique rural. C’est une procédure mise en œuvre par la région dans le cadre du contrat de plan État-Région 2000-2006 et soutenue par le Département. Elle a pour principe de soutenir la mise en œuvre d’une organisation touristique des territoires ruraux (soutien aux actions collectives, aux équipements, à l’organisation et à la promotion commerciale, à l’accompagnement et l’élaboration de produits…). Le Béarn des Gaves souhaite ainsi développer une micro-destination en Béarn. Le Béarn des Gaves répondait aux critères d’éligibilité aux pôles touristiques ruraux : une identité touristique de la zone, un potentiel touristique d’au moins 3 000 lits commercialisables, une volonté locale de développement touristique, une organisation des acteurs et une capacité des acteurs à poursuivre le projet touristique sur le long terme. La candidature au pôle touristique rural a au préalable été conditionnée par la réalisation d’un audit marketing par un cabinet spécialisé : le cabinet Protourisme. Cet audit a eu lieu durant l’année 2003 et a été rendu en février 2004. Le visuel du Béarn des Gaves à sa création jusqu’à aujourd’hui Ensuite, il a permis d’établir un programme plurian nuel sur 4 ans décliné en plusieurs axes : — structurer l’organisation touristique par le biais d’un interlocuteur unique territorial : création du Syndicat mixte du Béarn des Gaves en 2004, création d’un office de tourisme communautaire en 2005 et d’un poste de directeur d’office, structure de commercialisation transférée à l’office de tourisme communautaire et élaboration d’un nouveau plan marketing ; — labelliser le territoire en Pays d’Art et d’Histoire ; — mettre en scène le Béarn des Gaves et théâtraliser les quatre cités du Béarn des Gaves : circuits thématiques, signalisation touristique (programme de micro-signalisation du canton d’Orthez en 20052007), politique événementielle, politique muséographique (muséographie au château Moncade à Orthez, à la tour Monréal et sa maquette à Sauveterre) ; — améliorer le parc d’hébergement par un plan qualité ; — décliner et dynamiser la thématique de l’eau sous toutes ses formes : points baignade (étude pour un projet de développement de la base de loisirs d’Orthez), destination eaux vives (gaves de Pau et d’Oloron) ; — affirmer le Béarn des Gaves comme haut lieu de pratique des activités de pleine nature : valorisation des paysages, aménagement des espaces naturels, île de la Glère à Sauveterre, filière randonnée (nouveau PLR pour le canton d’Orthez en 2006-2007), l’halieutique (sur le gave d’Oloron). Le syndicat mixte Le syndicat mixte, qui porte la procédure de PTR, a été créé le 14 avril 2004. Il est composé des Communautés de communes de Navarrenx, Orthez, Sauveterre-de-Béarn, des communes de la Communauté de communes de Salies-de-Béarn et des communes de Laàs, Bugnein et Araujuzon du SIVU Gave-et-Lausset. Son rôle est de fédérer les actions touristiques des quatre cantons. Il définit la politique touristique du territoire et participe aux conditions de sa mise en œuvre. Son siège est fixé à Orthez. Son président est Gaston Faurie, président de la Communauté de communes de Navarrenx. L’office de tourisme L’Office de Tourisme du Béarn des Gaves a juridiquement la forme d’une association régie par la loi 1901. L’Assemblée générale constitutive a eu lieu le 19 septembre 2005. Son siège est à Salies-de-Béarn. Il est chargé de mettre en œuvre la politique touristique du territoire, d’élaborer, de promouvoir et commercialiser des produits touristiques sous le contrôle direct du Syndicat mixte du Béarn des Gaves et en collaboration avec l’État, les collectivités territoriales, les organismes régionaux, départementaux et locaux du tourisme. Missions déléguées — étudier, élaborer, proposer et mettre en œuvre toutes actions en relation avec les acteurs économiques ; — conseiller les collectivités dans leurs projets de développement, d’aménagement et d’équipement ; — organiser et coordonner les différentes missions d’accueil, d’information ; — définir la stratégie de communication et de promotion en liaison avec le Comité départemental du tourisme ; — poursuivre le travail de production et de commercialisation ; — organiser, si besoin, une animation ou manifestation fédératrice du territoire ; — analyser et observer la fréquentation touristique ; — assurer la promotion du label Pays d’Art et d’Histoire ; — fédérer les partenaires publics et privés autour de projets touristiques ; — centraliser administrativement et financièrement les moyens et actions des quatre offices de tourisme existants sur le Béarn des Gaves devenus des antennes touristiques décentralisées. Le Syndicat mixte attribue annuellement à l’Office de tourisme du Béarn des Gaves une subvention destinée à financer : le fonctionnement de l’Office de tourisme du Béarn des Gaves, les actions définies dans les programmes des contrats d’objectifs, les actions de promotion et de commercialisation et la réalisation des missions déléguées. Les quatre anciens offices de tourisme sont devenus des antennes touristiques décentralisées. Chaque commune met à disposition de son antenne locale, par convention, les locaux suivants : à Orthez, la maison Jeanne-d’Albret, rue Bourg-Vieux (partie restaurée du rez-de-chaussée), à Salies, rue des Bains (partie sud du bâtiment qui abrite le pavillon Saleys, sur deux étages), à Sauveterre, place Royale (locaux situé maison Rospide au rez-de-chaussée) et à Navarrenx, rue Saint-Germain (rez-de-chaussée de l’Arsenal). Actions mises en œuvre par l’Office de Tourisme depuis 2006 Création de la cohésion de l’équipe BdG et amélioration de l’accueil et de l’information — Plusieurs formations ont permis de répondre aux besoins de qualifications complémentaires nécessaires pour accompagner l’évolution des techniques et des méthodes de travail. — Harmonisation des pratiques (tableaux de bord, mise en réseau téléphonique, informatique). — Polyvalence des personnels, connaissance du territoire, mobilité géographique. Communication locale Réalisation d’un bulletin d’information en 2 000 exemplaires envoyé avec l’appel à cotisations contenant la présentation des services rendus par l’OT et les actions projetées. Réalisation d’un totem « Béarn des Gaves » en accueil dans chaque antenne avec informations associées. Réalisation d’une affiche avec les quatre sites majeurs. Positionnement, promotion et communication — Refonte de toutes les éditions : anciens documents relookés (guide des hébergements et des séjours, guide d’accueil), nouveaux documents (carte touristique, calendrier des animations du Béarn des Gaves, dépliant d’appel en espagnol et en anglais). — Édition d’itinéraires thématiques pour la déambulation des clientèles : eau (vives, baignade, remise en forme, thermalisme, pêche), itinéraire gourmand (bonnes tables, bons produits), activités nature (rando, cyclo, VTT, golf), carte avec lieux d’intérêt, plans. — Marchés hollandais et anglais : 20 000 promoflyers. — Marché français : participation aux salons de Paris et de Rennes. — Sur proposition du Comité départemental du tourisme l’Office de tourisme a accepté d’être territoire pilote et de s’associer à une démarche de communication commune. Cette opération test tente une mise en cohérence de la communication du territoire avec celle du département. Les groupes : édition d’une nouvelle plaquette groupes et mailing. — Les individuels : conquête de nouvelles clientèles. — Site Internet : www.tourisme-bearn-gaves.com est en ligne depuis la mi-mars 2007. Commercialisation — Création de l’outil de réservation en ligne res@net online qui offre aux clients la possibilité de consulter les disponibilités en ligne et de réserver. — Distribution par le réseau des TO et agences de voyages : nouvelles collaborations avec Visit France (3 412 points de vente), Kilya Tourisme, Tour Adventure Travels, contrat signé avec Weekendesk pour un 2e coffret sur un produit « Week-end sportif » exclusivement distribué par Go Sport après le succès du « Week-end nature ». — Partenariat avec les Gîtes de France sur la distribution des activités eaux vives et remise en forme. — Le service réservation de l’OT rassemble 67 partenaires : 42 hébergeurs (8 hôtels, 11 maisons d’hôtes, 23 meublés), 25 prestataires (activités et restauration). Observation économique : analyse quantitative et de satisfaction de la clientèle. Actions en cours Développement de la filière randonnée : sélection de boucles ou de circuits dans l’esprit des « sentiers de pays » permettant de randonner, à pied ou à vélo, d’un canton à un autre, pendant un week-end, un court séjour, une semaine, avec des hébergements situés sur les itinéraires ou à proximité, pour une ou plusieurs nuitées. Élaboration d’un plan de formation pour la période 2008 à 2010. Formation en interne à la vente de dernière minute. Harmonisation de la taxe de séjour sur l’ensemble du territoire. Activités proposées à l’accueil des OT : la balade au bord du gave avec guide de pêche, les visites de ville 3. 3.1. La démographie et l’économie locale La démographie : une terre d’accueil Le Béarn des Gaves représente 33 000 habitants environ pour 67 communes. Sur une superficie d’environ 60 000 ha, la densité de population est de 54 hab./km2. Le canton le plus peuplé est celui d’Orthez, viennent ensuite ceux de Salies-de-Béarn, Sauveterrede-Béarn et Navarrenx. La commune la plus importante est Orthez-Sainte-Suzanne (chef de file du projet Pays d’Art et d’Histoire) avec 11 000 habitants, vient ensuite Salies avec 4 852 habitants, Sauveterre avec 1 215 habitants, Navarrenx avec 1 140 habitants et Puyoô (canton d’Orthez) avec 1 107 habitants. 5 communes du canton d’Orthez ont plus de 500 habitants (Baigts-de-Béarn, Bonnut, Castétis, Sallespisse et Saultde-Navailles) et une du canton de Salies (CarresseCassaber). Les 57 autres communes sont des petites communes rurales qui ont moins de 500 habitants. Dans les années 50, le Béarn des Gaves a considérablement profité de l’impact de la découverte du gisement de gaz de Lacq avec l’arrivée de nouvelles popu- 3.2. lations à loger. Ensuite, le territoire a vu décliner sa population avec les mutations économiques et la disparition de nombreuses industries traditionnelles. Cependant, depuis quelques années, la démographie connaît un grand renouveau. Le Béarn des Gaves devient une vraie terre d’accueil pour des populations travaillant sur les deux grands pôles environnants que sont la côte basque et l’agglomération paloise. Ce phénomène est essentiellement dû à l’immobilier de plus en plus inaccessible en milieu urbain et à l’éclatement de la cellule familiale qui créé de nombreuses familles monoparentales. Le Béarn des Gaves est perçu comme une terre d’accueil où il fait bon vivre. La structure de la population par âge est à peu près proportionnée : on compte environ 25 % de moins de 20 ans, 45 % de population active et 30 % de personnes de plus de 60 ans. On note toutefois un vieillissement de la population sur les cantons de Salies et Sauveterre. Structure de l’économie et de l’emploi : résistance et développement Le tissu économique est surtout constitué de commerces (alimentaires, santé et hygiène, hôtels, cafés, restaurants, équipements de la maison et de la personne) et de services (aux entreprises, aux personnes). On note un réel équilibre entre les secteurs d’activité commerciaux et de services, leur représentativité sur le territoire est cohérente. L’activité artisanale est très bien représentée notamment dans le secteur de la construction et du bâtiment. L’industrie, essaye de se maintenir mais elle est frappée par les mutations économiques pour ne représenter aujourd’hui que moins de 15 % de l’activité économique générale. L’agriculture enfin, surtout l’élevage, l’agroalimentaire et la culture du maïs, reste un secteur actif et porteur d’activités traditionnelles. La communauté de communes du canton d’Orthez conserve, pour les activités de commerce et de services, un poids tout à fait remarquable avec une densité d’activités supérieure à la moyenne des activités enregistrées en Béarn. Le secteur industriel, bien en difficulté dans toute la région, est porteur de promesses sur Orthez et Puyoô avec 7 zones d’activités (5 sur Orthez, 1 sur Puyoô, 1 sur Baigts). Une série d’entreprises innovantes ou de pointe, font la fierté du pays des gaves : GFI, Lépine, Otech. Depuis 2000, le solde d’établissements (différentiel entre les établissements qui se créent et ceux qui disparaissent) est très largement positif : + 98. Les grandes et moyennes surfaces (34 pour 38 916 m2) sont en net accroissement dans un ensemble de secteurs d’activités variées : animaux, bricolage, jardinage, alimentaire, sports et loisirs, équipement de la personne. On notera le choix effectué par cette communauté de communes de renforcer le volet économique du pôle d’excellence rurale « Technologies de l’Image et de l’Écrit ». Le 6 février 2009, elle a signé avec le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques une convention de partenariat pour réaliser dans les mois qui viennent, un village d’entreprises dédié aux technologies de l’image et de l’écrit. Dans la communauté de communes du canton de Navarrenx, territoire à la fois agricole et industriel, le poids des petites entreprises commerciales (moins de 10 salariés d’essence purement locale) est considérable. On relèvera une originalité : la présence du Comptoir du Tabac des Gaves (unique fabrique de cigares français). Le solde d’établissements est nettement positif : + 35 (93 établissements crées depuis 2000 pour 58 fermetures). Les commerces et services de proximité ont dans cette communauté de communes, un poids relativement important. Centre de la pêche, étape de Compostelle active, Navarrenx présente plus d’hébergements classés qu’Orthez. Le tissu économique de la communauté de communes du canton de Salies-de-Béarn est composé essentiellement de petites entreprises avec un solde positif de créations d’établissements de + 21 depuis 2000. L’activité d’exploitation du sel (Compagnie Fermière) et surtout l’activité touristique liée à la vie d’une cité thermale plutôt recherchée, restent les caractéristiques dominantes de l’économie salisienne. Les accueils de curistes ne faiblissent pas : environ 2 500 à 2 800 curistes médicaux et 2 000 à 2 400 curistes « remise en forme » chaque année. Quelques entreprises comme Frontère, Maritxu ou Wetherford viennent compléter le tableau de l’activité économique de cette cité qui se dit avec orgueil, « Reine des eaux salées » et « Cité du sel ». Enfin, la communauté de communes du canton de Sauveterre-de-Béarn, avec ses entreprises artisanales agroalimentaires et ses conserveries, salaisons de jambon de Bayonne Delpeyrat, conserveries Gratien, reste aussi sur un solde positif d’établissements (+ 13). La communauté de communes a encouragé les initiatives 3.3. en matière d’implantation d’hôtels et de chambres d’hôtes ou de meublés en s’efforçant de valoriser les efforts initiés par les professionnels dans le secteur des activités sportives (pêche, canoë-kayak, rafting, tennis, cyclotourisme). Il est clair que le tissu économique du Béarn des Gaves est essentiellement composé de petites entreprises et que la plus grande concentration de l’activité économique se situe dans les quatre chefs-lieux de canton qui composent le territoire. On relèvera la présence de deux offices de commerce : celui du Béarn des Gaves qui regroupe Salies, Sauveterre et Navarrenx, et celui d’Orthez. Ils ont pour objectif de fédérer les associations de commerçants et d’assurer la mise en commun des animations et de la communication. Le tableau joint en annexe [p. 152] présente en chiffres l’organisation économique du territoire, il fait apparaître, malgré la conjoncture difficile, un solde positif des créations d’établissements et de l’emploi salarié. Ce dynamisme des très petites entreprises est une des caractéristiques de l’activité en Béarn des Gaves. On relèvera aussi avec intérêt [p. 153], la variété des boutiques d’artisans d’art qui constituent une véritable route de la création dans le pays des gaves. Le tourisme, un poids significatif et un axe majeur de développement Fort d’un certain nombre de richesses, le Béarn des Gaves se décline par thèmes, regroupés principalement autour de son patrimoine naturel et culturel. Promenade du Pain de Sucre Les Salisiens sont depuis longtemps habitués à valoriser leur patrimoine pour le tourisme. Ici, le sentier escalade la face nord de la colline de la Sègue, modeste hauteur mais bénéficiant d’un beau point de vue avec un accès pratiquement en ville. Le nom de « Pain de Sucre » est évidemment une appellation imagée touristique récente. Le patrimoine naturel du Béarn des Gaves Terre d’eau — Les activités en eaux vives (raft, kayak, canyoning…) avec des prestataires : Rafting Eaux Vives à Navarrenx, A Boste à Sauveterre-de-Béarn, les Canoës du Pont-Vieux à Orthez par l’association Orthez Animations. — La pêche sur les gaves ou sur plan d’eau : truites de mer, truites farios, saumons, aloses… — Le thermalisme, la remise en forme aux thermes de Salies-de-Béarn. — Les activités nautiques : ski nautique à la base de loisirs à Orthez. — Les berges des gaves aménagées (Audaux, Bastanès, Carresse, Castagnède, Dognen, Escos, Navarrenx, Susmiou, Orthez, Sauveterre), les lacs collinaires (lac du Grèc, lac de la Pounte). Les activités et sites Nature Les randonnées pédestres, équestres et VTT, (avec deux plans locaux de randonnée composés de 68 boucles sur près de 600 km de chemins balisés) ; la vigne de Moncade et le sentier botanique de la Coudane, le Pain de Sucre, la Pène de Mû, l’île de la Glère, le golf… Les chemins de Compostelle traversent le territoire par le biais de deux voies principales, celle du Vézelay et celle du Puy-en-Velay, elles drainent sur le territoire des pèlerins toujours plus nombreux sur des chemins restitués dans leur cadre naturel. Le patrimoine culturel du Béarn des Gaves Terre d’histoire Terre de tradition Visites des cités historiques, visites des châteaux (Làas, Bellocq, Moncade), les musées (du Sel et des traditions béarnaises, maison Chrestia, musée Jeanned’Albret), les églises classées (église fortifiée du 12e de Saint-Gladie, église gothique du 13e de Montfort, église romano-gothique du 13e de l’Hôpital-d’Orion, Saint-André de Sauveterre, la chapelle de Sunarthe…), le patrimoine bâti (maisons béarnaises typiques) et les circuits de mémoire (le camp de Gurs). Terre de gastronomie (produits du terroir, marchés, vins d’appellation Béarn, restaurants), artisanat (menuisiers, tapissiers et tisserands, dinandiers, céramistes et potiers, décorateurs, savonniers), loisirs (casino, salles de spectacles, centres d’exposition, bibliothèques, golf miniature, cinémas), animations (fête du saumon à la mi-juillet, Feria d’Orthez à la fin juillet, Fête du Sel à la mi-septembre, Foire de la Blonde d’Aquitaine à la mi-août). Fréquentation et hébergements Ville étape sur la voie de Vézelay du chemin de Compostelle, Orthez dispose d’une halte jacquaire saisonnière à l’Hôtel de la Lune. Sauveterre propose un hébergement privé. Navarrenx, ville étape sur la voie du Puy, possède un gîte communal et un gîte privé (Charbel). La fréquentation de l’Office de tourisme du Béarn des Gaves est d’environ 40 000 visiteurs par an dont la moitié sur Salies et le quart sur Orthez. La fréquentation étrangère représente en moyenne 10 %, avec un maximum sur Navarrenx. Plus de la majorité des touristes étrangers du Béarn des Gaves sont des Britanniques, puis des Espagnols ou des Italiens. Il est à noter une très nette progression des pèlerins de Compostelle dans la fréquentation des antennes de Navarrenx, d’Orthez et le passage par Sauveterre. Les sites touristiques les plus fréquentés sont le château de Laàs, Salies et Orthez. Des sites « secondaires » connaissent une augmentation significative de leur activité : tour Moncade, maquette de Sauveterre, visite guidée de Navarrenx. Il est également à noter une nette progression dans la fréquentation des thermes de Salies pour les cures : + 3 %, et principalement pour la remise en forme : + 31 %. En saison d’été, l’Office de tourisme assure des visites guidées des quatre cités : à Salies le mardi à 15:30 h, à Sauveterre le mercredi à 16 h, à Orthez le jeudi à 10 h et à Navarrenx le vendredi à 10 h. Il organise aussi une visite spéciale de la faune et de la flore des bords du gave à Navarrenx le jeudi à 15 h. Le Béarn des Gaves compte plus de 3 000 lits touristiques marchands. Le canton, et plus particulièrement la ville de Salies concentre 32 % du nombre d’hébergements touristiques du Béarn des Gaves. Les hébergements du Béarn des Gaves sont relativement diversifiés car tous les types d’hébergements y sont représentés. La qualité de ces structures est d’un niveau majoritairement deux étoiles. Les meublés sai- sonniers représentent le type d’hébergement le plus répandu sur le territoire (43 % se situent sur le canton de Salies). Les hébergements ruraux labellisés Gîtes de France se situent principalement sur le canton de Navarrenx et sur celui de Sauveterre (50 % possèdent trois épis et plus).Les hébergements labellisés Clévacances se situent sur le canton d’Orthez pour plus du tiers. Un tiers des chambres d’hôtes se situe sur les cantons de Navarrenx, d’Orthez ou Sauveterre. Ensuite, on trouve une vingtaine d’hôtels, dont 45 % sur le canton d’Orthez. On trouve des HLL sur les campings de Navarrenx (8 chalets), Orthez (5 chalets) et Sauveterre (5 mobil home). Quelques 160 hébergements touristiques du Béarn des Gaves adhérent à l’Office de tourisme. Un carrefour millénaire Carte schématique des principales routes de Compostelle Cette carte simplifiée montre que toutes les routes européennes vers Compostelle convergent sur le territoire du Béarn des Gaves ou très près pour le Somport. Dans les années 50 on a fixé, avec la stèle de Gibraltar, le point de rencontre conventionnel sur la commune de SaintPalais, cependant il est certain que le point de convergence est plutôt sur le territoire aux trois vieux ponts romans. Orthez pouvait en plus offrir jusqu’à sept établissements qui recevaient des pèlerins. 4. Un riche passé historique et patrimonial 4.1. Une histoire mouvementée 4.1.1. Orthez, Salies, Sauveterre, Navarrenx des destins différents Du fait de la situation géographique, des ressources naturelles, mais aussi grâce à la détermination des hommes qui les ont peuplés, chaque bourg centre du Béarn des Gaves a connu un destin différent. Si le Béarn des Gaves forme un ensemble historique cohérent, chaque commune s’est forgée sa propre identité. Orthez L’origine ancienne d’Orthez est incertaine. On peut toutefois noter le rôle clé du passage sur le gave de Pau. Même si le développement de la ville s’est fait sur plusieurs axes, il est évident que l’hypothétique pont primitif, ou bien un gué sont à l’origine d’Orthez. Orthez apparaît dans l’histoire du Béarn au détour de l’an 1000. Les deux vestiges les plus anciens connus à ce jour sont deux églises du 11e siècle situées à cent mètres l’une de l’autre. Un double noyau urbain (le bourg Vieux et le bourg Saint-Pierre) s’est développé autour de chacune d’elles. Le bourg Vieux et le premier château, auprès du gué sur la rivière (gave de Pau) contrôlaient le carrefour de routes menant de l’Atlantique à la Méditerranée et de l’Aquitaine à l’Espagne. Il avait une vocation militaire et sera rapidement protégé d’un rempart. Le bourg SaintPierre accueillait un marché où s’écoulait, entre autres, le sel de Salies. Dépendant de l’évêché de Dax, elle est arrachée aux vicomtes de Dax en 1194 par Gaston VI de Moncade, prince aragonais qui, soucieux d’étendre et de renforcer ses positions au nord des Pyrénées, y installe un bourg castral contrôlant le franchissement du gave et se juxtaposant à un bourg ecclésial préexistant. Vers 1250, ils la font fortifier par la construction d’un rempart maçonné, d’un château en pierre et d’un pont fortifié, aux frais de ses habitants. En échange de cette participation financière, le vicomte de Béarn, seigneur de la ville, les autorise à choisir leurs autorités municipales et se voient accorder une relative autonomie. Gaston VII de Moncade en fait la capitale de la vicomté de Béarn à partir de 1242 et planifie son urbanisme. Les vicomtes de Béarn installent leur résidence à Orthez où ils sont plus à même de contrôler les agissements de la Gascogne anglaise qui ne se trouve qu’à quelques kilomètres. L’afflux de nouveaux habitants entraîne de nombreuses constructions d’églises, de monastères, et d’habitations. C’est donc entre 1250 et 1300 qu’Orthez passe du stade de village à celui de ville. Le pont fortifié et d’importants vestiges du châ- teau et des remparts témoignent encore de cette époque. Demeurée capitale jusqu’en 1466, la ville a construit son identité autour de la personnalité de Gaston III de Foix-Béarn, dit Fébus. La devise de la « Cité de Fébus » est Tòca-i si gausas (« Touches-y si tu l’oses » en gascon). Fébus fut non seulement un chef de guerre redoutable et un fin politique imposant l’indépendance du Béarn, mais il fut également un homme de lettres et un protecteur des arts. Auteur du fameux Livre de chasse et du Livre des oraisons, il accueillit le chroniqueur Jean Froissart à sa cour. En 1460, les institutions judiciaires et administratives sont transférées à Pau qui est plus centrale. Orthez perd ainsi son statut de capitale du Béarn. Elle restera cependant encore longtemps la plus grande ville de la vicomté. Lors des guerres de religion, les vicomtes de Béarn sont dans le camp des protestants. Une université est fondée à Orthez et des imprimeurs sont incités à s’y installer. Orthez devient un important foyer culturel protestant. Une armée catholique ravage la région et la ville. Puis une armée protestante fait de même à titre de vengeance. Lorsque le vicomte de Béarn devient roi de France sous le nom d’Henri IV, il emmène avec lui à Paris de nombreux fidèles dont quelques Orthéziens. Les envois financiers de ces expatriés permet la construction d’un certain nombre de belles demeures au pays. Encore de nos jours il reste une très forte communauté protestante qui représente environ 15 % des habitants de la ville, avec quelques habitations ouvragées dans le style de l’époque, mais surtout de douloureux souvenirs. En 1730 la France et l’Angleterre signent la paix. Les bateaux vont enfin pouvoir naviguer sans craindre les corsaires ; rapidement un important commerce maritime se développe sur l’Atlantique. De nombreux produits sont échangés entre les métropoles européennes et leurs colonies aux Amériques ou aux Indes. Tous les ports de la façade atlantique, de l’Espagne à l’Angle- terre, s’enrichissent. Les arrière-pays de ces ports récupèrent et transforment les produits arrivés des colonies et vendent leur production locale aux armateurs. Chaque région se spécialise dans un type d’aliments ou de produits pour la marine. Orthez et sa région vont produire diverses salaisons et conserves de viande de canard et de porc (foie gras, confits, jambon salé…) qui seront vendues aux bateaux du port de Bayonne. En échange, Orthez se spécialisera dans le traitement des peaux venues d’Amérique. Les Orthéziens se sont formidablement enrichis par ce commerce qui, rappelons-le hélas, n’excluait pas le commerce des esclaves. De très nombreuses maisons jusqu’alors bâties en torchis ont été reconstruites en pierre. Les toits de chaume ont été remplacés par des tuiles plates, la fameuse tuile picon. Devenues bien plus solides, ces maisons ont donc pu durer jusqu’à nos jours. Ce sont elles qui donnent ce style si caractéristique au centre ville orthézien. De plus une partie de l’économie orthézienne repose sur des conserveries produisant du jambon dit « de Bayonne », du foie gras et des confits. La proximité du sel igné de Salies y a beaucoup contribué. La ville d’Orthez vit donc encore aujourd’hui très largement sur l’héritage de cette époque. La bataille du 27 février 1814 entre les troupes françaises de Soult en déroute et la coalition anglo-hispano-portugaise menée par Wellington est un événe- ment important pour la ville. Les pertes sont considérables. Il s’agit de la première défaite napoléonienne sur le sol français, on peut donc considérer que cet épisode a joué un rôle dans la chute de l’empire. En contrepartie, le nom d’Orthez se trouve gravé dans les mémoriaux britanniques et un certain tourisme du souvenir est toujours présent. À l’image du reste du Béarn, le 19e n’est pas une période particulièrement dynamique sur le plan économique. Même si un certain nombre d’industries voit le jour, c’est sur le plan des idées qu’Orthez s’illustre le plus. Nous verrons plus loin la quantité frappante et inhabituelle de penseurs, d’artistes et de scientifiques nés ou ayant vécu à Orthez et ses environs. En 1954, un important gisement de gaz est découvert à Lacq, à une quinzaine de kilomètres d’Orthez seulement. Une ville nouvelle, Mourenx neuf, est construite près de l’usine qui va traiter ce gaz. Dans ces grands ensembles d’immeubles champignons seront logés les ouvriers. Les personnels d’encadrement, qui disposent de voitures, préféreront s’installer à Orthez où ils peuvent trouver magasins, lycées, maternités et bibliothèque municipale. La ville passera en quelques années de 7 000 à 12 000 habitants. De nouveaux quartiers constitués exclusivement de pavillons habités par les cadres des usines de Lacq seront construits tout autour de la vieille ville. Salies L’occupation humaine de la basse vallée du Saleys, ruisseau qui irrigue la ville, est attestée dès le 5e millénaire avant notre ère par un abondant mobilier lithique. L’exploitation très précoce du sel qui sourd naturellement sur ce site débutera quant à elle à partir de l’âge du Bronze. Dès l’âge du Fer, Salies s’affirmera comme un carrefour commercial important mettant en relation l’Aquitaine avec la péninsule Ibérique. Au cours de la période aquitano-romaine, du 1er au 4e siècle, les ateliers de traitement du sel par cuisson et évaporation de l’eau saline, se développeront sur les terrasses alluviales qui longent le Saleys et ses affluents. Au 11e siècle, la première mention écrite évoquant la naissance de Salies, atteste que la ville était déjà équipée d’une poêle à fabriquer le sel (la poêle, ou padèra est un dispositif permettant de récupérer le sel par évaporation de l’eau saline). La ville de Salies a construit son identité autour de l’exploitation saunière de ses eaux ainsi que sur le thermalisme qui s’est développé au 19e siècle et constitue aujourd’hui encore un pan important de sa vie économique et touristique. Le sel est à ce point important dans l’histoire de la ville que son origine s’en trouve mythifiée. Ainsi, une très ancienne légende rapportée au 17e siècle raconte qu’un sanglier blessé et poursuivi s’échappa à travers un marais bourbeux ; les chasseurs le trouvèrent enfin, mort, le corps couvert de « cristaux blancs qui étincelaient au soleil » ; du sel que l’évaporation de l’eau du marais avait laissé sur lui. Cette découverte serait à l’origine de la ville comme le proclame le sanglier luimême sur la fontaine qui porte son nom « Si jo non i èri mort, arrés n’i viveré », (« Si je n’y étais pas mort, personne n’y vivrait »). Salies à l’instar d’Orthez, Sauveterre et Navarrenx se verra concéder le privilège du Fors de Morlaàs à partir de 1331 par Gaston II de Foix-Béarn. Grâce à l’exploitation intensive de son sel, la ville connaît au Moyen Âge une situation économique prospère. Le traitement et la commercialisation du sel par les habitants de Salies sont alors étroitement contrôlés et taxés par le pouvoir vicomtal. Un sénéchal veille à l’entretien de la source et organise la distribution du sel à la foule des Salisiens deux jours par semaine. À la fin du 16e siècle, une réorganisation de la répartition de l’eau salée sur la base d’une codification précisant les droits sur le sel de chaque habitant de Salies, devient indispensable pour éviter les abus, les injustices, les litiges, les désordres et parfois même les violences qui requièrent de plus en plus fréquemment l’intervention du pouvoir vicomtal. Cette codification établie en 1587 régit également les modalités d’attribution et de transmission héréditaire du droit des Salisiens à jouir de cette ressource. Ce règlement, est toujours en application de nos jours concernant la perception d’un revenu tiré de l’exploitation de l’eau salée de même que les règles de transmission de la qualité de « part-prenant » réservée aux descendants des vesins (« voisins », autochtones). La communauté des habitants de Salies, los vesins, bénéficiait du droit de puiser l’eau salée dont elle extrayait le sel. Les jours de distri- bution de l’eau, à la source salée du centre de la ville, le Bayaà, los tiradors (puiseurs) remplissaient les samaus, grands récipients en bois d’une contenance de 92 litres. Chaque famille dont le tour était venu de recevoir sa part de sel, percevait son « compte de sauce » (la saussa, la saumure). Chaque famille pouvait bénéficier de 26 samaus. La saumure était versée au domicile du bénéficiaire dans le coulédé (lo colader), l’auge accolée sur la façade des maisons qui communiquait par un canal de bois avec l’atelier où se cuisait le sel. Depuis le Moyen Âge, le sel de Salies bénéficiait d’un certain nombre de privilèges. Exempt de gabelle, il détenait en outre le quasi-monopole de la vente sur une aire couvrant le Béarn, la Basse-Navarre, la Soule, la Bigorre et le Nébouzan. Les Salisiens perdirent leurs avantages lorsqu’à la Révolution la gabelle et les privilèges furent abolis. La création d’un impôt uniforme sur le sel en 1806 expose la production salisienne à la concurrence du sel de mer produit sur la côte atlantique ou à l’étranger et importé par le port de Bayonne. La loi et les ordonnances royales de 1840 qui ont pour objectif la « perception intégrale » de l’impôt sonneront le glas de la production artisanale du sel à Salies. Elles énumèrent un certain nombre d’obligations relatives à la fabrication du sel en terme de taille minimum d’exploitations auxquelles les artisans et les particuliers ne peuvent répondre. Tandis que les ateliers artisanaux de façonneurs de sel ferment peu à peu, mettant fin à une tradition millénaire, l’exploitation du sel est centralisée par une saline communale à la porte de laquelle veillent des agents des contributions indirectes. Le marasme économique qui frappe l’industrie du sel poussera les Salisiens à explorer de nouvelles voies pour valoriser l’exploitation de leurs eaux. Les fontaines salées qui constituaient l’une des plus grandes richesses locales ont permis à Salies d’accéder au rang de cité thermale. Au milieu du 19e siècle, alors que le thermalisme connaît un succès croissant, en particulier lié au che- min de fer, et que naissent partout des villes d’eau, la corporation des Parts-prenants obtient l’autorisation d’exploiter de façon médicale l’eau de la source salée qui avait la réputation d’avoir des propriétés fortifiantes et diurétiques. Quelques médecins se lancent alors dans l’aventure de la création d’un petit établissement thermal qui voit bientôt affluer une clientèle parisienne. À partir de 1863, la compagnie des Chemins de Fer dessert Puyoô à huit kilomètres de Salies, et Salies elle-même dès 1884. Les curistes affluent de plus en plus nombreux tandis que le champ des applications thérapeutiques de l’eau de Salies s’élargit. Le sommaire établissement thermal constitué de quelques cabines en bois fera place dès 1887 à une vaste construction développant une large capacité d’accueil et faisant appel à un projet architectural ambitieux. De famille salisienne, le docteur Coustallé de Larroque, médecin de Napoléon III, contribue largement au succès et au développement de la station en envoyant à Salies de riches et célèbres curistes parisiens. Dans le même temps apparaissent à Salies tous les équipements qui font l’identité des stations balnéaires et thermales à la mode de la « Belle époque » : assainissement de la ville, casino, grands hôtels, kiosque à musique, jardin public, golf et parcs plantés d’essences exotiques… Pendant la saison, la ville vit au rythme endiablé des fêtes, concerts, bals et spectacles où une riche clientèle de curistes côtoie les grands d’Espagne et leur suite, les personnalités politiques, les élégantes ainsi que les écrivains et artistes les plus en vue. Aujourd’hui, la commercialisation plutôt régionale du sel de Salies sert essentiellement aux salaisons (jambon de Bayonne) du bassin de l’Adour. Les eaux mères extraites de la nappe à Oraàs, près de Salies, sont envoyées vers l’établissement thermal pour être utilisées dans les bains de cure. Les parts-prenants, descendants héréditaires des « voisins », groupés en une corporation de la Fontaine Salée, perçoivent toujours un revenu issu de l’exploitation de l’eau de Salies. Sauveterre Déjà mentionnée dans les textes en 1080, sous le règne de Centulle V. La ville acquiert le titre de « bourg de Béarn » sous le règne de Gaston VII Moncade et, dès lors, bénéficie du fors de Béarn. Le contrôle du point stratégique en zone frontière entre la Navarre, le Béarn et la Soule que représente le site de Sauveterre a dû revêtir très tôt une importance capitale. La ville s’est implantée sur un site dominant une île sur le gave d’Oloron (l’île de la Glère) permettant ainsi de faciliter ou d’empêcher la traversée de la rivière. Le coteau qui domine le gave constitue une défense naturelle qu’il suffisait de renforcer. Son toponyme est très révélateur d’une période de peuplement médiéval. À la fin du 11e et au début du 12e siècle, les nombreuses sauvetés, salvetats, sauveterres — espaces délimités, bornés par des croix, où les populations pouvaient se regrouper sous la protection du clergé — se multiplient. Ce phénomène correspond au premier grand mouvement de peuplement du Moyen Âge suivi par celui des castelnaus (au 12e s.), puis des bastides (13e, 14e s.) [cf. p. 150]. Au 12e siècle, Sauveterre édifie son église, construit son château, ses tours, son pont et ses murailles. On connaît plus précisément l’histoire de Sauveterre à partir du gouvernement de Gaston VII Moncade (1229 à 1290). Avec Oloron, Morlaàs et Orthez, Sauveterre bénéficie du titre de « bourg de Béarn » La ville s’affirme alors comme l’un des principaux centres d’activité du pays dont elle est le quatrième pôle urbain. Sauveterre bénéficie de la protection des fors. Gaston VII Moncade fait réaménager les points fortifiés que comportait la ville et fait remplacer les diverses passerelles en bois qui franchissaient le Gave par un véritable pont fortifié maçonné qui est semblable dans sa structure à celui d’Orthez. En surplomb du gave, il fait également édifier une imposante tour fortifiée (tour Monréal), et un château vicomtal. Une enceinte ferme la ville qui a alors l’aspect d’un long rectangle orienté d’est en ouest prolongé par un appendice au sud descendant vers le pont. Une longue rue traverse la cité d’est en ouest comme une épine dorsale. Tout comme à Orthez, capitale de la vicomté de Béarn, Gaston VII donna à Sauveterre son cadre urbain. Au 14e siècle, Fébus reprit et compléta l’ensemble fortifié légué par Gaston VII. Le pont sur le gave prit son allure définitive (de même qu’à Orthez) et le château vicomtal fut réaménagé. Au tout début du 15e siècle, l’implantation d’un établissement religieux hors les murs, à l’est de la ville, va susciter l’apparition d’un faubourg. Le faubourg Pannecau fut fortifié suivant la prescription du Fors de Morlaàs, avec des palissades et des fossés. Située à la rencontre de la Navarre, de la Soule et de la Gascogne, Sauveterre occupe une situation stratégique qui prend toute sa valeur lorsqu’à la fin du 15e siècle, les vicomtes de Béarn, par jeu de succession, deviennent rois de Navarre. Cette accession au trône déplaît à une partie de la noblesse navarraise qui se tourne vers les rois catholiques alors en pleine entreprise de reconquête et d’unification de l’Espagne. En 1520, Henri II d’Albret héritier de la vicomté de Béarn décide de reconquérir la Navarre face à Charles Quint. À titre de représailles, les armées impériales entament une expédition punitive au nord des Pyrénées. Sauveterre voit alors son château partiellement détruit et son enceinte très endommagée. Les guerres de religion achèveront la ruine du système défensif quand en 1569 les troupes catholiques du roi de France Charles IX investiront Sauveterre. Lorsque Henri III de Navarre, devenu Henri IV de France rassemble le Béarn, la basse Navarre, la Soule et la Gascogne, Sauveterre perd son statut de ville frontière et les avantages économiques qui en découlaient. Suite à la destruction des ponts par une crue en 1732, les échanges commerciaux se sont détournés de Sauveterre, empruntant de nouvelles routes. Il faut attendre soixante ans pour qu’un nouveau pont soit construit. La ville connaît alors une éclipse dont elle ne se relèvera qu’à la fin de la période moderne. Au début du 19e siècle, l’histoire urbaine de Sauveterre fait écho aux grandes préoccupations de cette époque : obsession des voies de communication, sécurité, salubrité. En 1801-1806, les fossés sont comblés, les murailles arasées au nord et à l’ouest. Des espaces publics sont aménagés (place Royale) et ouvrent sur de nouveaux axes de circulation (route de Salies). Le cimetière qui entourait l’église est transféré extra-muros et un nouveau pont sur le gave est construit (1789-1795). C’est aussi à cette époque que la ville se reconstruit tout en respectant l’implantation du Moyen Âge. Aujourd’hui Sauveterre a la physionomie d’une ville béarnaise typique du 18e siècle implantée sur un parcellaire médiéval et ponctuée de vestiges remarquables. Au 19e siècle la ville de Sauveterre se replie sur son terroir pour subvenir à ses besoins et affirme son identité rurale. Le vieux Sauveterre doit son salut à l’engouement du 19e siècle pour le pittoresque des ruines « romantiques ». Tandis que les Basses-Pyrénées devenaient une destination touristique à la mode, les mesures de protection des monuments et les campagnes de restauration sont intervenues de façon suffisamment précoce (classements dès 1886) pour que ce patrimoine nous parvienne dans un remarquable état de conservation et dans toute sa cohérence urbaine. L’extension urbaine contemporaine s’est faite en ceinture de l’enceinte médiévale et le vieux Sauveterre aujourd’hui apparaît comme un atout que l’on s’emploie à valoriser. La structure médiévale de la ville, bien préservée, permet une lecture aisée de l’évolution urbaine et se prête tout particulièrement aux visites découverte et à la médiation du patrimoine. Navarrenx Si son existence est attestée depuis le 1er siècle de l’ère chrétienne, l’histoire de la ville commence avec le règne du vicomte Centule IV (1022-1058). Elle prendra de l’importance sous les règnes des vicomtes Gaston VI et Gaston VII Moncade qui la doteront de ses équipements les plus importants. Navarrenx se verra concéder le statut de bastide en 1316, par la vicomtesse Marguerite Mathilde. Implantée à proximité d’un gué du gave d’Oloron, en zone frontière entre le Béarn et la Soule, la ville occupe une position stratégique forte et contrôle un axe de circulation qui deviendra au 11e siècle la voie majeure du Puy pour les pèlerins de Compostelle. Passée sous le contrôle des vicomtes de Moncade, Gaston VI en 1180 y prescrit la construction d’un pont (certainement une passerelle), d’une commanderie d’Hospitaliers, d’un hôpital pour l’accueil des jacquets et d’une chapelle Saint-Antoine. En 1316, le bourg médiéval reçut le statut de bastide et par conséquent le bénéfice du Fors de Morlaàs, la charte de la capitale de Béarn des 11-12e siècles, conférant à ses habitants la liberté et divers privilèges, ainsi que d’avoir un marché le mercredi par quinzaine. Situé sur une des routes conduisant vers les cols pyrénéens et le grand pèlerinage médiéval de Santiago de Compostela, Navarrenx avait un hôpital pour accueillir ces voyageurs et permettait de franchir le gave, d’abord par une passerelle, puis par un pont dont Gaston VII Moncade (au milieu du 13e siècle) jeta les bases comme pour ceux de Sauveterre et d’Orthez. Ce statut de bastide permit une organisation municipale avec des jurats, des gardes, (chargés de la sécurité publique) et des clavers (trésoriers ou garde-clés) choisis par les habitants. Navarrenx s’entoure alors de fortifications et son urbanisme est planifié : la bastide est constituée. Gaston VII est probablement à l’origine de la création de la Castérasse, structure fortifiée protégeant le pont et entourée d’une enceinte — lo clauson — fermé de murs et flanqué de tours dans lequel la population pouvait se réfugier en cas d’insécurité. Dès 1510, le roi de France avait entrepris de rénover ses forteresses en Aquitaine. C’est à cette époque que les villes de Bayonne, Dax et Bordeaux furent réaménagées. Tous ces travaux étaient inspirés et parfois même dirigés par des architectes venus d’Italie, à l’instar d’Anchise de Bologne notamment. Toute une génération d’experts transalpins, peu nombreux mais influents, remodela ainsi entre 1535 et 1540 les places fortes françaises. L’un d’entre eux, Fabricio Siciliano, fut choisi par Henri II d’Albret, roi de Navarre et souverain de Béarn en 1538, pour reprendre la fortification de la ville de Navarrenx dont il voulait faire la place forte du Béarn, face à la Navarre espagnole et la proche Soule française.. Aux hautes tours médiévales, vulnérables à l’artillerie, les ingénieurs italiens préféraient les « boulevards » ou bastions. Les formes rondes cédèrent la place aux angles et les masses de terre entrèrent en concurrence avec la pierre et la brique, préfigurant Vauban, plus d’un siècle auparavant. Achevée dès 1549, Navarrenx, avec son dispositif de remparts dits « élastiques », appuyés sur de forts talus et son système d’angles saillants protégés par des bastions, et demi-bastion à simple face ou à orillons, sans être révolutionnaire, représentait un exemple d’architecture militaire à peu près unique en France au début du 16e siècle. Le capitaine Terride placé en 1569 à la tête de troupes catholiques par le roi de France désireux d’annexer l’État souverain protestant de Béarn alors gouverné par Jeanne d’Albret, éprouva lorsqu’il assiégea Navarrenx, la qualité défensive de la citadelle qu’il ne put soumettre en dépit des mille huit cents charges d’artillerie qui en battirent les remparts. Il dut battre en retraite, chassé par les troupes protestantes de Montgomery, qui vinrent au secours de l’armée du baron d’Arros, lieutenant-général de la reine Jeanne d’Albret. En 1814 le blocus de la cité par une division espagnole de l’armée de Wellington poursuivant celle du maréchal Soult dans sa retraite d’Espagne ont révélé la faiblesse de la cité bastionnée par rapport à l’évolution des techniques de siège et d’artillerie. Son rôle dans la défense de la frontière espagnole était devenu négligeable car elle en était trop éloignée. C’est ainsi que le déclassement militaire de la ville fut prononcé en 1868 par ordre impérial et que la ville se vida de ses garnisons. Navarrenx. — Schéma de l’organisation urbaine d’une place forte. Le Béarn des Gaves : une histoire commune 4.1.2. Le territoire du Béarn des Gaves n’a jamais été au long de son histoire une entité administrative propre, en revanche il forme un ensemble cohérent, en échange permanent qui a tenu un rôle important dans l’histoire du Béarn. L’histoire du Béarn des Gaves se confond avec celle du Béarn en général. C’est même un concentré de l’histoire de cette principauté un temps indépendante, que représentent les histoires cumulées des bourgs centres du territoire. Le Béarn dans l’occident médiéval Le rôle particulier du Béarn s’explique par sa situation géographique (entre Navarre, Aragon et Gascogne) autant que par les diverses alliances nouées par les différentes dynasties des seigneurs de Béarn. Dès lors le Béarn fut au cœur de tous les événements marquants du Moyen Âge occidental. Jusqu’au 14e siècle, le Béarn va vivre au gré d’alliances et d’obligations contradictoires avant de connaître une période de neutralité et de souveraineté. Cette position particulière a permis de conclure des accords différents et de tisser des liens avec la France capétienne, la Gascogne anglaise ou encore le royaume d’Aragon. Plus encore que la marque d’une certaine versatilité politique des Béarnais, ou en tout cas d’un solide sens de l’opportunisme, la place occupée par le Béarn médiéval dans le jeu diplomatique démontre son importance. De plus, sa situation géographique place le Béarn au carrefour de plusieurs royaumes influents. On peut par ailleurs noter qu’Orthez sera la capitale d’où émergea le sentiment d’indépendance du Béarn. À l’intérieur de cet ensemble, les villes d’Orthez, Navarrenx et Sauveterre jouent un rôle important en contrôlant trois accès fluviaux. Orthez et Sauveterre sont deux des quatre communautés qui reçurent le titre de bourg de Béarn dès le 13e siècle. La faiblesse du peuplement fait de la vallée des gaves le foyer le plus important. L’influence fébusienne L’histoire médiévale du territoire porte incontestablement la marque de Gaston Fébus (1331-1391). C’est la période la plus organisée en terme d’administration et d’institution. Même si le pouvoir du prince n’a jamais été aussi fort, Fébus développe un système administratif reposant sur la compétence tout en développant une véritable organisation territoriale. On peut citer notamment une armée mobilisable en quarante-huit heures de six mille hommes, ce qui est considérable pour un État de cette taille ou bien l’organisation du grand recensement du Béarn, c’est le dénombrement de 1385. Sur le plan des relations extérieures, jouant des statuts ambigus de ses différentes possessions, Fébus profitera de la situation pour imposer le caractère souverain du Béarn. Cette période marque à la fois l’apogée de cette indépendance tout en annonçant le retour progressif à une relation vassalique à l’égard du royaume de France. Du point de vue militaire, Fébus impose également son pays. Ses succès lui vaudront le prestige de ses contemporains mais également une véritable fortune constituée grâce aux rançons exigées à une nombreuse noblesse vaincue. Enfin, grâce notamment aux chroniques de Jean Froissart, venu à la cour d’Orthez durant l’hiver 1388, Fébus est connu de ses contemporains mais aussi tout au long de l’histoire comme un souverain prestigieux et également comme un homme lettré. Auteur du Livre des oraisons, son Livre de chasse est encore aujourd’hui réédité. Si la mémoire a conservé de Fébus le souvenir du meurtre de son fils, sa personnalité demeure l’une des plus brillantes de son temps. Son attachement à Orthez, qu’il garde comme capitale ainsi que les travaux de modification des défenses d’Orthez, Sauveterre et Bellocq indiquent le rôle essentiel du territoire au sein de l’organisation fébusienne du Béarn. Le Béarn des Gaves, terre d’accueil de la Réforme Le Béarn est la seule région de la France actuelle où le calvinisme a été la religion officielle. C’était au XVIe siècle. Comment cette Réforme est parvenue jusqu’en Béarn, petit territoire bloqué entre deux puissances catholiques ? Par le fait du prince, celui de son souverain : Jeanne d’Albret. Jeanne d’Albret, fille unique d’Henri II d’Albret et de Marguerite d’Angoulême, gouverna le Béarn de 1555 à 1572. L’ouverture religieuse de sa mère Marguerite et un contexte favorable à la Réforme expliquent sa conversion au calvinisme en 1560 dans l’église SaintMartin de Pau. Selon la coutume cujus regio ejus religio les Béarnais devaient alors devenir protestants. Toute la politique de Jeanne sera tournée dans ce sens. L’évangélisation protestante trouvera un terrain favorable surtout en Béarn des Gaves. Pour preuve, sur les 6 414 familles protestantes du Béarn recensées en 1650, 4 743 proviennent des colloques d’Orthez et de Sauveterre, qui à eux deux couvrent l’essentiel de l’entre-deux-gaves. Pour confirmer cet état de fait, si Pau demeure la capitale politique, Orthez devient rapidement la capitale religieuse du pays. Ce constat est renforcé par la création d’une académie protestante en 1564 dans l’ancien monastère des Jacobins. Elle prend pour modèle l’université de Genève et c’est pourquoi, en 1566, elle fait appel à Pierre Viret, ami et disciple de Calvin. Chargé d’organiser l’institution, il y enseigne notamment la théologie jusqu’à sa mort à Pau en 1571. On y enseigne le latin, le grec, l’hébreu, les auteurs antiques, la théologie… Certains étudiants peuvent être boursiers, ils sont alors logés, nourris, pourvus en livres et soignés gratuitement. La création de cette « petite Genève » permet le développement des structures éducatives à Orthez et dans ses environs. Une véritable politique de scolarisation alors est mise en œuvre, unique dans la France d’alors. Même si les Béarnais n’ont pas connu les affres des guerres civiles qui secouèrent la France pendant presque un demi-siècle, ils ont subit l’invasion française de 1569. Le conflit a été marqué par le siège de deux mois de Navarrenx, cité fortifiée et dernier rempart contre les invasions, et les affrontements sanglants d’Orthez. La troisième guerre de religion s’est essentiellement déroulée dans la région du Béarn des Gaves preuve s’il en est de l’enjeu que représente ce territoire. Elle est aussi à l’origine des Grandes Ordonnances Ecclésiastiques de 1570 interdisant totalement l’exercice du culte catholique. Le patrimoine actuel témoigne encore aujourd’hui de cette politique puisque pendant près de cinquante ans les églises catholiques seront consacrées au culte protestant. Mais cette parenthèse s’achève en 1620 lorsque Louis XIII impose l’union du Béarn et de la France. Dès lors, le sort des Français et des Béarnais est lié. Il en ira de même pour celui des protestants. Louis XIV mène une politique de rigueur et de persécutions contre les protestants qui aboutit à la révocation de l’Édit de Nantes en octobre 1685. Le Béarn sera ainsi l’une des toutes premières provinces à subir les dragonnades. Le protestantisme devient illégal, ses fidèles des hors-laloi. Les « assemblées au désert », plus spécifiquement « au bois » pour le Béarn, vont permettre la reconstruction de cette communauté. Salies, comme Bellocq et Orthez, devient dès 1750, un centre important de l’église clandestine du Désert. En 1789, la Révolution française d’abord puis la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen donnent la liberté religieuse pour tous les Français. On assiste alors à la reconstruction, à la renaissance d’une minorité jusqu’alors persécutée et exclue. Des familles protestantes béarnaises ont marqué de leur nom l’histoire française : Reclus (Orthez), Pécaut (Salies), Casalis (Orthez)… Ils se sont illustrés dans domaines aussi variés que l’éducation, la médecine, les œuvres sociales ou caritatives… Ainsi les choix religieux de Jeanne d’Albret ont eu une portée dépassant largement la durée de son règne ; ils ont profondément marqué la mémoire, la culture, l’identité voire la sociologie béarnaise.