Les grands défis marocains

Transcription

Les grands défis marocains
ROUTES
REPORTAGES
Les grands défis
marocains
Le magazine d’information du groupe Colas
numéro 11 / octobre 2001
Editorial
2
ALAIN
DUPONT
ROUTES numéro 11
EDITORIAL
L’Amérique frappée au travers
des symboles de sa puissance
financière et militaire, la haine
terroriste portée à un degré
d’aveuglement extrême…
Le monde est bouleversé :
bouleversé par la violence
de ce drame, bouleversé aussi parce
que, aujourd’hui, chacun éprouve
le sentiment que plus rien
ne sera désormais comme avant.
Face à l’horreur de ces attentats,
et en prévision des conséquences
multiples et durables que ce
traumatisme engendrera, notre
Groupe qui, au fil des trente
dernières années, s’est implanté
dans de nombreux Etats des EtatsUnis, tient à assurer ici les équipes
de la zone américaine, et chacun
de leurs membres personnellement,
de sa solidarité profonde et amicale.
A n’en pas douter, le 11 septembre
2001 marquera le début d’une ère
nouvelle. D’aucuns la qualifient déjà
de «nouveau désordre mondial».
Les actes de guerre naissent
La route Colas,
une route
solidaire
de l’incompréhension totale entre
les hommes, de leur incapacité
absolue à communiquer. Un nouvel
équilibre devra s’établir qui résultera
des efforts de chacun.
Notre métier de constructeur
de routes nous installe au cœur
de ce dessein : la route n’est-elle
pas en effet un vecteur privilégié
de la communication? En tant que
Groupe à vocation internationale,
nous avons aussi des devoirs
vis-à-vis de la planète. Plus que
jamais, nous devons être respectueux
et à l’écoute des identités culturelles
des pays dans lesquels nous
travaillons.
La route qui nous mène de
continent en continent est une route
solidaire, une route qui nous relie
en toutes circonstances…
ROUTES numéro 11
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Sommaire
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6 à 15
SOUS TOUTES LES LATITUDES
16 à 35
REPORTAGES
De la Pologne aux Antilles, en passant par
la Champagne…, un rapide tour du monde
des projets, chantiers et réalisations. En images.
36 à 55
PILOTAGE
Tendances
• Management, organisation, structures,
16
opérations…, six mois de la vie du Groupe.
France
Un an après
• Un chantier de compostyrène à Menton.
Somaro :
l’équipementier
de la route
Dossier
• Le Bâtiment, un autre métier de Colas.
ROUTES
numéro 11
Marrakech
Maroc
56 à 63
TRAJECTOIRES
Dans l’ombre ou sous les projecteurs…,
ils font l’actualité de Colas. Rencontres avec
des hommes et des femmes du Groupe.
64 à 70
RENCONTRES
• Louis Schweitzer : un patron qui voit loin.
• Claude Martinand : «Nous construisons
l’Europe des transports.»
ROUTES numéro 11
Théâtre de Bratislava, Slovaquie
SOMMAIRE
Périphérique parisien, France
24
Maroc
Les grands défis marocains
30
Slovaquie
Cesty Nitra
prépare l’avenir
du pays
Vallée du Dadès, Maroc
ROUTES numéro 11
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SOUS TOUTES LES LATITUDES
6
De la Pologne aux
Antilles, en passant
par la Champagne…,
un rapide tour
du monde des projets,
chantiers et réalisations.
En images.
FRANCE
McCain s’installe en Champagne
C’est à Châlons-en-Champagne que McCain
a choisi de construire une usine pour
la fabrication de frites surgelées. Cette vaste
chaîne de production, la plus importante
du géant alimentaire canadien, s’étend
sur 30 000 m2 de bâtiments et va bientôt
permettre la production de 25 tonnes
de frites surgelées à l’heure. D’avril 2000
à juillet 2001, une équipe de l’agence Screg
Est de Châlons-en-Champagne a réalisé
les travaux de terrassement généraux, soit
100000 m2 de plate-forme pour les bâtiments,
le bassin de traitement des eaux usées, ainsi
que les voiries, composées de 60 000 m2
de voies d’accès, et les parkings. L’équipe
était chargée en outre de l’ensemble
des réseaux extérieurs de canalisations, soit
7,5 km de conduites de 200 à 1 000 mm
de diamètre dédiées à l’évacuation des eaux
pluviales ou usées, et 6 km de tranchées
pour les fourreaux des câblages électriques,
téléphoniques, informatiques…
Un vaste ouvrage, exécuté dans des délais
très courts, qui a nécessité 10 000 tonnes
de béton bitumineux et 50 000 m3 de déblai
et remblai. Le site est conçu pour accueillir
à terme une deuxième chaîne de production.
ROUTES numéro 11
FRANCE
Un tramway à Bordeaux
Bordeaux inaugurera son tramway à l’été
2003 : 25 km de rails seront mis en service,
avec à terme un réseau de 40 km sur trois
lignes. Colas Sud-Ouest intervient sur
un tronçon de 1,8 km pour la réalisation
de l'infrastructure comprenant le terrassement
et les aménagements extérieurs tels que
l'assainissement, les bordures et les
chaussées. Des canalisations sont mises
en place pour les câbles des réseaux vidéo,
téléphonie et fibre optique, assurant
le fonctionnement du tramway. Le projet
comporte également la réalisation
d'un parking de 5500 m2, traité avec
du Colétanche. Screg Sud-Ouest travaille,
pour sa part, à la mise en œuvre des
couches de roulement sur les carrefours,
les passages piétons et les stations, avec un
enrobé spécifique. Le Scintiflex, composé
de 30% de miroirs concassés, différencie
grâce à son scintillement, la zone tramway
des chaussées de circulation, pour une
plus grande sécurité. Un second procédé,
le Metalflex, est employé pour pallier
le risque d'orniérage dans les carrefours.
SOUS TOUTES LES LATITUDES
FRANCE
Une piste de karting à Rivesaltes
A
u cœur des Pyrénées-Orientales,
la ville de Rivesaltes, réputée
pour son vin doux, pourrait bien
devenir le rendez-vous incontournable des passionnés de karting. Depuis
le 6 avril dernier, Puissance Kart s’enorgueillit
de proposer aux amateurs de sensations fortes
la plus grande piste de karting au monde –
9 m de largeur sur 1,5 km de longueur – avec
la possibilité pour 36 véhicules de se mesurer
simultanément.
Pour l’agence de Colas Midi-Méditerranée
basée à Thuir, ce projet aura nécessité trois ans
d’études, engagées en collaboration avec la
direction technique de la filiale d’Aix-en-Provence, mais à peine deux mois de travaux. Un
chantier mené en un temps record par
l’équipe de Thuir, qui a dû travailler dans les
délais imposés en tenant compte des directives de la Fédération française de karting.
20 000 m2 de piste ont ainsi été réalisés, nécessitant 10 000 m3 de terrassement.
Après le traitement de la plate-forme support au liant hydraulique afin d’améliorer la
portance, 11 000 tonnes de graves ont été mises
en œuvre. La finition de la piste a été réalisée
en deux couches d’enrobé, la deuxième couche
étant un enrobé à base de liant Colflex, un
procédé spécifique mis au point par le laboratoire de la filiale.
Cette piste, destinée à la location et à la
compétition, permettra l’évolution de bolides
roulant jusqu’à 180 km/h à seulement 2 cm
du sol. De ce fait, Colas se devait de réaliser
une piste irréprochable pour le confort et la
sécurité de tous les participants. Objectif
atteint avec l’homologation du circuit par la
Fédération française de karting.
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GUADELOUPE
Aux Caraïbes, les enrobés coulés
à froid ont le vent en poupe
C
olas Guadeloupe a décroché
deux marchés spécifiques, l’un
pour la réhabilitation des rues de
la ville des Abymes, l’autre pour
la rénovation des voies départementales de
Grande-Terre et de Basse-Terre, dont la remise
en valeur du site légendaire de la pointe des
Châteaux. Ces deux chantiers ont été l’occasion d’introduire une technique nouvelle dans
le département : les enrobés coulés à froid. Les
équipes ont été spécialement dotées, en septembre 2000, d’une machine Breining, afin
de mettre en œuvre ces 150 000 m2 d’enrobés
coulés à froid.
De par son caractère innovant et pour sa
rapidité de mise en œuvre, le procédé a suscité
beaucoup d’intérêt sur les chantiers. La rapide
montée en cohésion du liant est une des originalités de ce procédé qui en font une technique
particulièrement bien adaptée au réseau routier
guadeloupéen. Deux granulométries de Colmat
ont été utilisées, différentes selon le type de
voie, la structure et la texture superficielle voulue. L’avenir se prépare déjà : les techniciens traROUTES numéro 11
vaillent à enrichir la panoplie des formulations
dans le but de pouvoir répondre aux sollicitations de trafic les plus sévères et de proposer
des solutions pour traiter la fissuration de
fatigue. Enfin, Colclair Colmat offrira la possibilité de faire de la fantaisie avec le choix de la
couleur. Gageons que ces innovations serviront
de tremplin pour le développement de cette
technique dans cette région des Caraïbes…
SOUS TOUTES LES LATITUDES
BURKINA FASO
FRANCE
Le chantier de l’année
L’écrêtement de la
bosse de Mulsanne
«La piste d’envol de
Mulsanne» : c’est ainsi
que certains nomment
la bosse qui se trouve
au bout de la ligne droite
des Hunaudières, sur
le circuit des 24 Heures
du Mans. Cette bosse
était devenue source
de polémique depuis
plusieurs éditions
de la course, en raison
du danger qu’elle représente pour les véhicules
lancés à grande vitesse.
Souhaitant conserver
l’homologation délivrée
par la Fédération
internationale automobile,
les responsables du circuit
ont dû procéder à
l’écrêtement de cette
bosse. Réalisés par Sacer
Atlantique, les travaux
ont eu lieu, en plein hiver,
de décembre 2000 à
mars 2001. La chaussée a
été entièrement refaite sur
un tronçon de 750 mètres.
Les équipes ont rectifié
le profil en long,
avant et après la bosse,
et celle-ci a perdu
1,50 mètre de hauteur.
La chaussée a ainsi
retrouvé un profil plus
plat, et l’édition 2001
des 24 Heures du Mans
s’est déroulée sans
décollage intempestif…
D’une longueur de 102 km,
la route reliant Ouagadougou
à Yako, au nord de la capitale,
a été totalement réaménagée.
Ce chantier, en voie d’achèvement,
et le plus important au Burkina
Faso pour Colas cette année,
a débuté en novembre 2000.
La route a été livrée avec deux mois
d’avance, en septembre 2001. Les
travaux concernent principalement
l’élargissement de la chaussée, de
6 à 7 mètres, avec le renforcement
des accotements par 50 000 m3
de graveleux latéritique
sur 20 et 40 cm d’épaisseur.
Sur la chaussée sont appliqués
800 000 m2 d’un enduit superficiel
bicouche et sur les accotements,
220 000 m3 de monocouche.
Ce chantier d’envergure a permis
d’ouvrir une carrière à Yagma,
un événement qui ne s’était pas
produit depuis vingt ans. Recherche
du site, modalités d’exploitation,
études géotechniques et installation
n’ont pas été une mince affaire…
sans compter le transfert
d’un concasseur depuis la forêt
gabonaise, sur plusieurs milliers
de kilomètres, par porte-char, train,
barge et route. La Banque Mondiale
a déjà désigné le site comme site
pilote pour sensibiliser les autorités
locales au respect de l’environnement.
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FRANCE
MALI
De nouvelles rues
pour Gao
A 83 : un chantier
aux multiples contraintes
Après des années de trafic routier
intensif, les voies de circulation
lente de l’A 83 entre Montaigu et
Les Essarts, en Vendée, accusaient
un important orniérage ;
ces voies, d’une largeur
de 3,40 m, ont dû faire l’objet
d’une restructuration sur un
tronçon de 27 km. Les travaux
menés en moins d’un mois au
printemps dernier par Screg Ouest
ont mobilisé 50 hommes dont
32 chauffeurs de semi-remorques,
et un nombre important d’engins.
Les travaux ont été réalisés par
deux ateliers. Le premier, l’atelier
de rabotage, comprenait deux
fraiseuses pour raboter la voie sur
7 cm, suivies de quatre balayeuses
aspiratrices pour la propreté du
support. Le second atelier a mis
en œuvre du béton bitumineux
avec un finisseur à rampe intégrée
précédé d’un alimentateur de type
Franex garantissant un uni parfait.
Ce chantier, d’accès difficile pour
les semi-remorques, obligeait
ceux-ci à évoluer en marche arrière
sur trois kilomètres. A la clé,
une innovation : 25% de fraisats
ont été mélangés à l’enrobé. Une
manière de devancer la nouvelle
législation concernant la valorisation
des déchets de chantiers.
ROUTES numéro 11
Tous les inconditionnels
du rallye Paris-Dakar
connaissent cette escale.
Gao, petite bourgade
située sur le Niger,
à 1 200 kilomètres
de Bamako, n’avait pas
vu d’entreprise routière
depuis 1953 ! Inutile
de décrire l’état des rues
de la ville. L’ensemble
de la voirie urbaine a été
rénové : assainissement
et revêtement. A Gao,
il n’y a pas de concasseur,
on ne trouve pas non plus
de matériaux de qualité.
Les gravillons finalement
utilisés ont été découverts
au fond d’un bras mort
du fleuve. Une équipe
de 80 ouvriers a
donc tamisé à la main
ces gravillons pour
confectionner ensuite
les 83 000 parpaings
nécessaires à la construction
des caniveaux, des bordures
et autres éléments
en béton armé. A Gao,
impossible de travailler
le jour, lorsque
la température dépasse
aisément les 45°C
à l’ombre ! Les équipes
se sont donc relayées
de 15 heures à 9 heures
du matin. La chaleur
rend également difficile
le mélange entre
les agrégats et le bitume.
Ce chantier, réalisé
dans des conditions
climatiques extrêmes, a
été un bon entraînement
pour l’équipe qui doit
se rendre maintenant
à l’autre bout du pays,
pour construire une autre
route sous le soleil…
SOUS TOUTES LES LATITUDES
FRANCE
La Spac au chevet du viaduc
urplombant à plus de 40 mètres de
hauteur la ville d’Hayange, le viaduc
autoroutier de l’A 30 devenait un
danger pour les riverains de cette
ville de Moselle. En effet, le dessous du tablier
S
de l’ouvrage, d’une longueur de 425 mètres,
construit il y a une trentaine d’années, avait
subi des éclatements du béton, liés aux écarts
thermiques importants endurés dans la région.
La réfection du viaduc a été confiée à Spac
Génie Civil.
Les travaux comprenaient la reprise des ferraillages affleurant sous l’ouvrage avec la
découpe et le traitement anticorrosion des fers
ainsi que la reprise des éclats par projection de
béton. Pour réaliser cette opération délicate,
l’équipe de six compagnons de Spac a travaillé
sur deux nacelles, positionnées sous le tablier au
moyen de bras articulés reliés à un camion roulant sur le viaduc. Les nacelles étaient équipées
de filets de protection destinés, tant à protéger
les compagnons, qu’à éviter les chutes de béton
sur les habitations en contrebas. Le chantier
incluait également la dépose des protections
latérales le long de l’ouvrage – des glissières
métalliques et des grillages d’une hauteur de 2
mètres – et leur remplacement par des bar-
rières BN4 aux normes actuelles. Pour effectuer ce travail en toute sécurité, l’équipe de
Spac a conçu un dispositif d’accès latéral,
constitué d’une cage mobile. Cet équipement
avait reçu, avant utilisation, les agréments de
la CRAM et de Socotec.
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FRANCE
Colas en avance sur l’environnement
L
a nouvelle unité de recyclage des
matériaux de déconstruction d’Amiens
connaît un démarrage prometteur.
Colas Nord-Picardie devance ainsi
d’un an la loi applicable au 1er juillet 2002,
qui interdira la mise en décharge de déchets
autres qu’ultimes. Le site picard regroupe sur
4 ha plusieurs installations, toutes dédiées au
recyclage. La première, Valormat Industrie, peut
ROUTES numéro 11
retraiter 100 000 tonnes par an de déchets de
déconstruction inertes. Les déblais sont transformés en matériaux de remblai. Les autres déchets
tels que les bétons et les croûtes d’enrobés y sont
recyclés en matériaux routiers 0/6, 0/20 ou 0/40.
Mobile, la deuxième installation d’Ecoballast, a
retraité cet été, pour le compte de Réseau Ferré
de France, du ballast usagé en provenance de la
voie ferrée Paris-Lille, permettant ainsi d’en
réutiliser 30% sur les voies. Le rebut a été acheminé vers la centrale de Saint-Sauveur, réinstallée définitivement sur le nouveau site, pour y
être recyclé en graves. Le dépôt de déchets étant
gratuit, la perspective est engageante tant pour
Colas que pour les professionnels alentour. Une
contrainte : seuls les éléments inertes sont acceptés ; les matériaux tels que le bois, le plâtre et le
plastique sont refusés. Le groupe Colas est, pour
sa part, fortement intéressé, car il est consommateur d’une bonne moitié des produits recyclés. Cette nouvelle source d’approvisionnement
permettra de construire des réseaux à moindre
frais et dans le respect de l’environnement.
SOUS TOUTES LES LATITUDES
ALLEMAGNE
FRANCE
Le chantier invisible
A deux pas du siège
du Groupe – avenue
de l’Europe à BoulogneBillancourt – Surbeco
réalise un forage dirigé.
Cette nouvelle filiale
de Spac, issue du groupe
Desquenne et Giral
et spécialisée dans
la pose de canalisations
souterraines, installe,
sur 120 mètres sans
tranchée, deux fourreaux
de 250 mm de diamètre
destinés à recevoir des
câbles de fibres optiques.
Ceci grâce à une foreuse
américaine Vermeer,
équipée de chenilles
et d’un système de
manutention à barres,
qui fore sous la chaussée.
Le système évite ainsi
toute perturbation du
trafic et toute dégradation
des lieux tels que
placettes ou massifs
de fleurs. La pose
de chaque fourreau
ne demande que quatre
à cinq jours de forage,
alors que des travaux
réalisés avec tranchée
prendraient plus de trois
semaines, remise
en état du site comprise.
Cette technique de forage
peut être utilisée pour
des chantiers de plusieurs
centaines de mètres,
à condition de faire varier
la qualité des barres
qui s’emboîtent les unes
dans les autres, ainsi
que la puissance
de la machine. Devant
le succès de l’opération,
Surbeco envisage
aujourd’hui l’achat
d’une seconde machine
plus performante.
Neige éternelle
Les habitants de la ville de Neuss
en Allemagne peuvent maintenant
pratiquer le ski toute l’année
dans le plus grand bâtiment dédié
à ce sport. Dans la gigantesque
salle, la piste, longue de 300 mètres
et large de 60 mètres, est alimentée
par 10 canons à neige et équipée
d’un télésiège.
Cette piste devant être parfaitement
étanche, ses 18 000 m2 ont
été recouverts d’une membrane
d’étanchéité à haute performance
fournie par Axter, filiale industrielle
de Smac Acieroïd. L’Axtertop Gold®,
livré en rouleaux de 5 x 1 mètre
et d’une épaisseur de 5,2 mm,
est constitué d’un liant élastomère
et d’une armature polyester avec
une autoprotection de paillettes
d’ardoise. La chape a été complétée
par un isolant sur lequel est disposé
un système de refroidissement,
composé de 100 kilomètres de
conduites pour maintenir à - 4°C
la température au sol.
Axter a également assuré le suivi
et le conseil auprès du maître
d’œuvre. En piste maintenant…
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BELGIQUE
BÉNIN
Un nouvel axe
de circulation vers
le Burkina Faso
126 km de route neuve,
à l’ouest du Bénin
et à la frontière du
Togo, relieront bientôt
ce dernier au Burkina
Faso. De mai 2000
à juillet 2002, ce
chantier de 140 MF
aura nécessité plus
de deux ans de travaux.
Après la réalisation des
ouvrages de traversée
(ponts, dalots et buses
simples, doubles
ou triples), les terrassements ont d’ores
et déjà été exécutés sur
une grande partie du
tracé, et les chaussées
sur la moitié du trajet.
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Le revêtement, qui est
un enduit tricouche,
couvre à l’heure
actuelle un tiers
du tracé. On prévoit
au total 1 300000 m3
de terrassements,
150 000 tonnes
de matériaux concassés,
1 400000 m2 d’enduit,
12000 m3 de béton
pour les ouvrages
de traversée et
d’assainissement,
dont 30% sont
préfabriqués.
L’équipe est à la taille
du chantier. Pas moins
de 700 personnes
s’activent autour des
170 engins et poidslourds qui constituent
le parc matériel.
Wegebo bétonne large
L’A12, l’une des deux autoroutes qui relient
Bruxelles à Anvers, avait besoin d’une
cure de jouvence. Wegebo, filiale de Screg
Belgium, a ainsi été chargée de la réfection
d’un tronçon de 3200 mètres, sur
une largeur totale de 2 x 13 mètres,
soit une surface de plus de 80000 m2.
Ce chantier comprend tout d’abord
la démolition du revêtement en béton
existant, la pose de 4 cm d’enrobés sur
la fondation existante en béton maigre,
la pose de 22 cm de béton armé continu
dénudé, et enfin la pose de séparateurs
«New Jersey». Pour réaliser la mise
en œuvre du béton, Wegebo a utilisé
sa toute nouvelle machine à coffrage
glissant (Slipform Paver), pouvant couvrir
jusqu’à 11 mètres de largeur simultanément.
Chaque sens de circulation a été exécuté
en deux bandes de 8,5 mètres et 4,5 mètres
de largeur. L’approvisionnement en béton
de la machine provenait d’une centrale
mobile d’une capacité de 120 t/h.
SOUS TOUTES LES LATITUDES
POLOGNE
Mise en œuvre de deux nouveaux
procédés à Poznan
A
ncienne capitale de la Pologne,
Poznan s’est développée
autour de ses universités et de
son artisanat. Avec 600 000 habi-
tants et un centre de commerce international,
la ville attire de nombreux investisseurs
étrangers, justifiant l’ampleur des travaux
entrepris pour faciliter la circulation auto-
routière en périphérie de la cité. Financé en
partie par la Direction générale des routes et
la Banque européenne de développement, le
projet concerne la réalisation d’une route à
2 x 2 voies de 13 km au sud de la ville et de
treize ouvrages d’art. Strada, filiale du Groupe
en Pologne, a pour mission de réaliser les travaux de voirie sur onze d’entre eux. La société
met en œuvre la couche de fondation en sable
traité au ciment, la couche de base en grave non
traitée, les 30 000 tonnes d’enrobés ; la société
pose également 8 000 mètres de bordures et
réalise les trottoirs. Strada a proposé pour ce
marché une technologie propre au groupe
Colas basée sur deux procédés composés, l’un
de Saflex, Bétoflex et Ruflex pour les ouvrages
d’art, l’autre de Colbase et Ruflex pour les voiries d’approche. Ces procédés ont conquis non
seulement l’investisseur, mais aussi les autres
exploitants ainsi que le monde scientifique et
routier polonais, grâce au gain de temps et aux
économies réalisées. Une première expérience
réussie qui pourrait permettre de gagner de
nouveaux marchés.
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REPORTAGES
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REPORTAGES
FRANCE
Somaro :
l’équipementier
de la route
France
Imaginez une route sans
marquage, ni panneaux
indicateurs, ni glissières
de sécurité, ou une ville
sans feux tricolores…
Pour éviter un tel cauchemar,
Somaro et ses trois pôles,
Industries, Entreprises,
Maintenance et Services,
jouent au sein de Colas
le rôle d’équipementier
de la route. De A à Z,
et jusqu’au cœur des villes.
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e pôle Industries de Somaro propose tous les types d’équipements de
signalisation. Avec ses six filiales
(SES, ADEM, SIAT, Boscher
Gravure, Porte et l’américaine FDS), ce pôle,
qui réunit 750 collaborateurs, conçoit,
fabrique, commercialise et met en service
une gamme étendue de produits de signalisation : panneaux directionnels, panneaux
de police ou de chantier pour routes et
autoroutes, panneaux d’animation touristique en camaïeu de marrons, ainsi que les
«fameux» panneaux à message variable, tels
ceux qui indiquent les conditions de trafic
sur le périphérique parisien. En outre, avec
SIAT, le pôle propose une offre complète
pour la gestion du trafic : stations de recueil
de données, systèmes de détection automatique d’incidents, de commande d’équipements de signalisation. «Pour ces dispositifs
très complexes, caméras, stations de recueil de
données, systèmes d’expertise et, bien sûr, panneaux à message variable, la France a toujours
été précurseur, indique Lionel Couche, directeur de Somaro Industries. Dès qu’une grande ville, n’importe où dans le monde, se pose des
questions sur la gestion du trafic, nous sommes
consultés. Nous avons ainsi vendu des équipements clés en main en Malaisie, en Russie, en
Australie ou en Chine et, surtout, aux EtatsUnis, par l’intermédiaire de notre filiale.» Des
L
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L’habillage
des routes
de France
est réalisé en
grande partie
par Somaro.
contrats qui représentent l’essentiel des 9%
de chiffre d’affaires réalisés à l’export par
Somaro Industries. En ce qui concerne la
signalisation routière fixe, le groupe est
numéro 1, grâce à SES et ADEM.
Maîtrise de la chaîne de production
Lorsque l’autoroute ou la route prend
fin, Somaro Industries est encore là. Le pôle
fabrique, pour les conseils généraux ou les
mairies, des panneaux personnalisés qui
s’intègrent parfaitement dans l’environnement urbain ou naturel. En ville, il installe
des lignes de mobilier urbain (bancs, barrières, appuis pour vélos, abris voyageurs),
des panneaux d’affichage électronique
(indiquant par exemple la fréquence de
passage des bus), des enseignes pour les
magasins, les banques ou les assurances (le
marché MMA a représenté, pour Porte, plus
de 17 000 enseignes aux trois lettres de
couleur !) ; quant aux signalétiques raffinées du musée du Louvre, de Christie’s ou
d’Océanopolis, à Brest, on les doit à
Boscher Gravure.
Le pôle Entreprises (640 salariés)
recouvre plusieurs activités. La sécurité de la
route, tout d’abord. Somaro Entreprises,
avec ses quatre agences de travaux présentes
sur tout le territoire et une trentaine d’implantations décentralisées, est le leader REPORTAGES
Les panneaux à message variable et à affichage
électronique sont fabriqués à l’usine de Tours
par les équipes du pôle Industries de Somaro.
SYNERGIE
Tous les métiers
de l’équipement de la route
e la conception d’équipements
routiers à leur fabrication en usine,
jusqu’aux travaux
nécessaires
pour les installer
et assurer
leur maintenance,
les trois pôles
de Somaro réunis
maîtrisent la totalité
de la chaîne nécessaire à l’équipement
complet d’une
route. L’entreprise
utilise de plus en
plus la complémentarité de ses métiers.
Elle envisage à
l’avenir de développer ses services
et de collaborer
plus étroitement
D
avec le groupe
Colas, pour bénéficier de son savoirfaire en France
et à l’étranger.
«En faisant jouer
à plein les synergies
avec Colas, nous
avons la capacité
extraordinaire
de répondre
à une demande
croissante, explique
Thierry Caussemille.
Demain, les clients
viendront nous voir
en disant : “Je veux
une route qui va
de tel à tel endroit,
livrez-la complètement finie et
entretenez-la pour
qu’elle soit en
bon état et toujours
aux normes.”»
L’offre complète en gestion de trafic du pôle Industries de Somaro
séduit des clients toujours plus nombreux dans le monde entier.
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ÉTRANGER
SES s’exporte en Grande-Bretagne
a synergie au sein
du Groupe est un
facteur de réussite
à l’export pour Somaro.
La preuve ? Le succès
de Colas UK et SES
(filiale de Somaro), qui ont
remporté, en février 2001,
l’appel d’offres lancé
par la Highways Agency,
société autoroutière anglaise, pour la fourniture et
la pose de 83 panneaux
à message variable (PMV)
destinés à l’autoroute
M 25. Le projet, d’une
valeur totale de 26 millions de francs, est dirigé
par Colas UK, qui assurera
la pose, SES agissant en
qualité de sous-traitant
pour la fourniture des
83 panneaux à message
variable (affichage
de limitation de vitesse).
«L’objectif recherché
par la Highways Agency,
en installant ce type
de panneaux, est d’augmenter le débit des
véhicules en modulant
L
ROUTES numéro 11
leur vitesse, sur l’une
des sections autoroutières
les plus denses d’Europe,
explique Aly Adham,
directeur commercial
de SES. Le système
contribue également
à améliorer la sécurité
des usagers en adaptant
les limitations de vitesse
à la densité du trafic.»
La durée totale du projet
est de quarante-trois
semaines, et les premiers
panneaux ont été installés
sur site dès septembre
2001. «Ce projet revêt
une importance particulière pour Colas UK et SES,
poursuit Aly Adham.
Son succès pourrait amener la Highways Agency
à mettre en place ce type
de panneaux sur d’autres
autoroutes ; le gouvernement anglais a, en effet,
débloqué 1,2 milliard
de livres sterling sur
les dix prochaines années
pour optimiser l’utilisation
du réseau routier.»
en France de la pose des dispositifs de
glissières de sécurité métalliques, en bois ou
en béton extrudé.
Des équipements originaux
Si le pôle ne fabrique pas lui-même les
glissières, en revanche, il conçoit et réalise
avec sa filiale Euro-Equipement des pièces
spéciales. «Récemment, nous avons mis au
point un interrupteur de terre-plein central
pivotant, très utile sur des routes à chaussées
séparées. Facilement manipulable, cet interrupteur permet en effet d’ouvrir très rapidement un
passage sur un terre-plein central, ce qui faci-
REPORTAGES
lite l’accès des véhicules d’urgence en cas d’accident, précise Thierry Caussemille, directeur du pôle Entreprises. Notre contact direct
avec les clients nous permet d’être à l’écoute de
leurs besoins et de réfléchir à de nouveaux équipements, tout en intégrant en amont les composantes de la pose.» Autre innovation commercialisée par Somaro Entreprises : la «Somex»,
fabriquée aussi par Euro-Equipement ; c’est
un atténuateur de choc frontal que l’on
place en extrémité de file de glissières
métalliques. Retour au ras de la route encore nue et vierge de toute bande blanche.
Vialis, une nouvelle filiale qui réunit les
Glissières
métalliques,
en bois ou
en béton,
la sécurité
sur les routes
est le cheval
de bataille
de Somaro
Entreprises.
activités de marquage des agences Somaro
Entreprises, réalise dans toute la France des
travaux de signalisation horizontale (peintures, enduits à froid ou à chaud). Pour
cela, elle se fournit principalement chez
Indasco, autre filiale du pôle, qui produit
aussi des revêtements de sol urbains décoratifs pour trottoirs colorés, places
publiques, aires de jeux… et des complexes
résine-gravillons préfabriqués innovants,
imitant des pavés, que l’on colle directement sur l’enrobé. «Nous souhaitons développer la recherche dans le domaine du marquage,
reprend Thierry Caussemille. Les années ROUTES numéro 11
21
22
L’esthétique et
la protection
de l’environnement
font partie
intégrante du
savoir-faire
de Somaro.
ment performante grâce, notamment, au
procédé Somaphone, qui associe écrans
acoustiques et glissières de sécurité en
béton. Citons, encore, deux autres entités
du pôle Entreprises : Saba, qui intervient
dans le domaine du béton extrudé (glissières, chaussées, ouvrages d’assainissement), et Sobes, spécialisée dans la location
et la pose de séparateurs pour la protection
de chantiers.
Pour la sécurité des automobilistes
à venir vont voir se développer les peintures
sans solvant pour répondre aux préoccupations
écologiques. Nous avons donc mis en place une
équipe de recherche au sein du laboratoire central de Colas afin de profiter de tout le potentiel
de matière grise du Groupe.»
PANORAMA
PÔLE
INDUSTRIES
750
collaborateurs
PÔLE
ENTREPRISES
640
collaborateurs
PÔLE
MAINTENANCE
ET SERVICES
160
collaborateurs
Indasco fabrique, en outre, des produits
d’étanchéité à base de bitume, achetés
notamment par la Smac. Via ses agences et
ses secteurs, Somaro Entreprises intervient
également pour réparer et entretenir des
ouvrages d’art. Enfin, dans une logique de
synergie avec le pôle Industries, le département réalise des travaux de pose de signalisation verticale.
BRS, une autre filiale du pôle
Entreprises, spécialisée dans les travaux du
béton, est présente également dans la réparation d’ouvrages d’art et, plus généralement, dans le génie civil, où elle a acquis
une expérience éprouvée de chantiers complexes (confortement de falaises, de
ponts…). Elle possède aussi un savoir-faire
reconnu en béton extrudé, avec des références comme les chaussées en béton de
l’aéroport de Nice, de nombreux caniveaux
à fente, et des ouvrages complexes d’assainissement installés au bord des autoroutes
ou sous des tunnels comme celui du MontBlanc. BRS, enfin, s’est fait une spécialité
des murs antibruit (A 10, RN 10 à
Angoulême), un marché en plein développement sur lequel la filiale est particulière-
Une offre commerciale élargie
ROUTES numéro 11
Les collectivités locales, les sociétés d’autoroutes ainsi que le groupe Colas peuvent
compter en permanence sur les 160 collaborateurs du pôle Maintenance et Services
de Somaro pour répondre à leurs besoins.
Avec EL-SI et Sopac, ses deux filiales à vocation électronique et électrotechnique, le
pôle veille en effet à la sécurité en fournissant du balisage (flèches lumineuses de
rabattement, panneaux à message variable
embarqués, triangles lumineux…). EL-SI
fabrique également des feux tricolores permanents pour les villes. Les automobilistes
des communautés urbaines de Strasbourg,
Bordeaux ou Dunkerque doivent ainsi leur
tranquillité 24 heures sur 24 à EL-SI. «Notre
entreprise est bicéphale, explique Philippe
Royer, directeur du pôle Maintenance et
Services. Elle est à 50% industrielle et à 50%
prestataire de services. Elle fabrique les feux, les
installe et assure leur maintenance, sous
astreinte, jour et nuit. Avec Sopac, nous gérons
ainsi 4 000 carrefours, dont 2 500 en région
parisienne et 600 dans la région lyonnaise.» Il
ne s’agit bien sûr pas seulement de changer
une ampoule de temps à autre. Un carrefour, ce sont des feux, mais aussi une armoire informatique de contrôle et des capteurs
qui permettent de réguler les feux selon le
trafic. Joignables en permanence, les équipes
d’EL-SI et de Sopac interviennent en urgence.
En vingt ans, par exemple, le délai d’intervention sur l’un des 1 000 carrefours de la communauté urbaine de Bordeaux n’a jamais
dépassé une heure, conformément aux engagements contractuels. Enfin, EL-SI est installateur de 5 000 «boucles» (câbles déroulés
dans la chaussée) par an, ainsi que des stations de recueil de données de trafic qui les
REPORTAGES
EL-SI et Sopac assurent la pose et l’entretien
des feux tricolores, ainsi que la signalisation
temporaire sur les lieux d’accidents ou de chantiers.
SERVICES
Une culture d’entreprise à part entière
our les vœux de l’an
2001, les clients
de l’agence IDFNord-Picardie de Somaro
Entreprises ont eu la surprise, présentée au sein d’une
brochure «explosive», de se
voir offrir un nouveau service
baptisé «ligne S» – S comme
synergie, sécurité, services,
signalisation, Somaro…
Cette «ligne S» s’inscrit
pleinement dans
la culture de services
de la filiale. Depuis
septembre 1999, dans
le cadre des marchés avec
conditions d’astreinte,
les clients de cette agence
P
complètent. La filiale réalise également de
nombreux chantiers de génie civil incluant
des équipements électrotechniques, entre
autres pour SES (panneaux à message
variable, panneaux d’alerte). Ainsi équipée,
habillée, balisée et entretenue en permanence
par l’ensemble du groupe Somaro, la route
signée Colas peut dès lors être sillonnée par
des milliers d’automobilistes en toute tranquillité et en toute sécurité. ■
peuvent en effet appeler
7 jours sur 7, 24 heures sur
24, un numéro Indigo pour
faire réparer en urgence
une glissière de sécurité
endommagée par
un accident. Au bout du fil,
un opérateur répartit
les appels vers les équipes
d’astreinte de Somaro
afin d’organiser
au plus vite l’intervention.
Cet outil, apprécié
des clients car synonyme
de réactivité et de proximité,
va être prochainement
généralisé aux trois autres
agences régionales
de Somaro Entreprises.
ROUTES numéro 11
23
24
ROUTES numéro 11
REPORTAGES
MAROC
Les grands
défis marocains
Les filiales marocaines du Groupe,
Les Grands Travaux Routiers (GTR)
et La Route Marocaine (LRM),
relèvent deux défis d’importance
en réalisant les deux plus gros chantiers
actuels du pays : l’autoroute de Casablanca
et l’avant-dernière section de l’autoroute
du Nord, Sidi El Yamani-Asilah.
L
e destin a voulu que les
deux appels d’offres se
déroulent à deux mois
d’intervalle. Le premier
concernait l’autoroute de
contournement de Casablanca :
27,4 km en section courante,
et 13,8 km de bretelles et boucles
d’accès reliant
Mohammedia
à l’autoroute
CasablancaSettat. Il faut
reconnaître que le
groupement
GTRLRM-SGTM ne manquait pas
d’atouts pour obtenir le marché. En effet, propriétaire de
trois carrières (Oued Cherrat,
Bouskoura et Ben Abid) situées
aux abords directs du chantier, le
groupement n’était pas confronté
au problème d’approvisionnement
en matériaux. Par ailleurs, les conditions climatiques favorables de cette
région permettaient d’envisager une
exécution des travaux dans de bonnes
conditions.
UNE PREMIÈRE EN AFRIQUE
Le projet de GTR est ambitieux et
audacieux, puisque l’informatique arrive en force avec du
matériel équipé des dernières innovations techniques. Ainsi, l’autograde est asservi
par le système DPS,
la niveleuse et le bull
par GPS. Ces procédés,
jamais utilisés jusque-là
sur le continent africain,
seront également mis en
place pour toutes les
couches de chaussée. Pour les
conducteurs, ne plus toucher
aux manettes se révélait dans ROUTES numéro 11
25
26
un premier temps quelque peu déroutant, mais, très rapidement, l’adaptation aux
nouvelles technologies l’emportait.
UN EXEMPLE EN MATIÈRE
DE SYNERGIE
Deux mois plus tard, l’appel d’offres de
l’autoroute du Nord est remporté par le
groupement GTR et Colas. Pour GTR, il s’agit
d’un véritable challenge. En effet, deux chantiers aussi importants à mener en même
temps nécessitent une organisation minutieuse, tant au niveau des hommes qu’au
niveau des machines. Trois impératifs : doubler les effectifs d’encadrement, acheter du
matériel (pelles et dumpers) et, surtout,
organiser une synergie totale entre les deux
chantiers. Régulièrement, hommes et
machines transitent du nord au sud, et inversement. Les équipements informatiques sont
utilisés sur les deux chantiers. Pour JeanClaude Rialland, responsable de l’autoroute
ROUTES numéro 11
Une organisation sans
faille a été
mise en place
pour coordonner les mouvements des
hommes
et du matériel
entre les deux
chantiers.
du Nord : «On jongle entre les deux chantiers.
C’est un travail colossal, un véritable pari sur
l’avenir. Nous souhaitons de bons résultats pour
obtenir d’autres marchés au Maroc, où il y a
d’importants besoins en matière d’infrastructures routières.»
AU NORD, UN GIGANTESQUE
CHANTIER DE TERRASSEMENT
Le chantier du Nord s’annonce plus complexe qu’il n’y paraît en raison des mauvaises
conditions climatiques qui sévissent en hiver
dans cette région et en raison aussi de l’ampleur des travaux à réaliser. Les premières difficultés sont apparues au moment de la libération de l’emprise. En effet, à la signature du
chantier, en juillet 2000, les terrains n’étaient
pas encore libérés… Le début des travaux,
prévu pour novembre 2000, a dû être repoussé au mois de mars 2001. Zoltan Janos, directeur du chantier, s’emploie à écarter tous les
obstacles qu’il rencontre. Son expérience de
REPORTAGES
PORTRAIT
Mustapha Mouhssine, conducteur
de travaux sur l’autoroute du Nord
epuis 1979, Mustapha
travaille sur les
chantiers marocains
de GTR. Installé à Agadir,
il occupe successivement
les postes de mécanicien,
conducteur d’engin, chef
d’équipe, chef de chantier,
puis chef de chantier principal, avant de devenir conducteur de travaux. Sa famille,
il ne la voit pas beaucoup,
car les chantiers sont souvent
éloignés de son foyer.
«Heureusement, il y a le téléphone. Je suis à 860 km
de ma maison, alors les notes
sont lourdes… Mais j’aime
l’ambiance et la vie de chantier… Je connais tous mes
gars depuis si longtemps :
lorsque le bruit est trop
important, nous parlons par
signes.» Mustapha a en charge
la partie terrassement la plus
difficile, entre le remblai 7
et le remblai 8 : 1,5 km,
avec 1500000 m3 de déblai,
dont une bonne partie partira
en dépôt définitif, car non
conforme pour être utilisée
D
sportif de haut niveau (course de fond) l’aide
dans sa tâche : «J’ai l’impression d’être toujours
en compétition. Ici, je suis gâté, il y a un vrai défi
à relever. C’est formidable, car il n’y a pas beaucoup de chantiers de cette envergure à l’heure
actuelle.» La complexité du projet s’explique
par le volume du terrassement : 3 669 000 m3
de déblai, 2 212 000 m3 de remblai. Océan
Atlantique
Tanger
Larache
Rabat
Casablanca
El-Jadida
Fès
Oujda
Meknès
Settat
Marrakech
Agadir
200 km
Tétouan
Autoroute
en service
Autoroute
en construction
ou en projet
en remblai. Les difficultés
qu’engendrent les mauvaises
conditions climatiques
ne sont pas suffisantes
pour affaiblir le moral
de Mustapha : «Ce chantier
est exceptionnel, le nombre
d’engins, impressionnant ;
c’est tellement spectaculaire… La seule chose qui
m’attriste, c’est de ne pas
pouvoir réutiliser le déblai,
de mauvaise qualité.» La
fierté de Mustapha, ce sont
ses cinq enfants, qu’il conduit,
lorsqu’il est en vacances,
sur toutes les routes qu’il
a construites au Maroc :
«Ils savent reconnaître tous
les engins, même le plus
petit fait la différence entre
un scraper et un dumper.»
ROUTES numéro 11
27
28
20 000 m3 de terre seront ainsi déplacés
chaque jour en tenant compte des 36
ouvrages d’art qui jalonnent le tracé. D’autre
part, l’emprise, très étroite pour travailler, rend
la circulation délicate sur le chantier. Enfin, les
différences de qualité des matériaux compliquent leur utilisation. Ainsi, 1 500 000 m3 de
matériaux de classe R3, non conformes,
seront stockés en décharge.
AU SUD, UNE NÉCESSITÉ :
L’APPROVISIONNEMENT EN EAU
La qualité des
L’entretien
des matériels
équipes est
ferroviaire
indispensable
et de travaux
pour le
publics
bon déroulement
est effectué
danschantiers
des
les ateliers.L’entretien
où les contacts
des humains
matérielssont
ferroviaire
primordiaux.
et de trava
PORTRAIT
Khalid Serghat,
responsable qualité du chantier
de contournement de Casablanca
our Khalid, 27 ans,
le contrôle de la
qualité, sur un
chantier de cette ampleur,
est primordial. «Le contrôle
qualité ne bloque pas la
production. Au contraire, il
permet d’anticiper les problèmes techniques, d’éviter
les reprises de travaux et
donc, de minimiser les
coûts.» Ingénieur civil
routes et ouvrages d’art,
P
ROUTES numéro 11
Khalid est entré, il y a
un an, chez GTR, pour
prendre en mains ce chantier où sa responsabilité
est pleinement engagée :
il a la charge de vérifier
la conformité de la production aux spécifications
du marché et la validation
des travaux réalisés
auprès du maître d’œuvre.
Il supervise la qualité,
entouré de douze personnes
S’il peut paraître moins contraignant, le
chantier de l’autoroute de Casablanca n’en
est pas moins complexe. Situé en zone plus
urbanisée, le terrassement reste important
(2 800 000 m3 de déblai, 2 100 000 m3 de
remblai), mais 100% des matériaux sont
réutilisables. Une des principales préoccupations de l’équipe GTR se situe dans l’approvisionnement en eau. «Nous forons tous les 3 km
pour trouver la nappe phréatique et arroser les
remblais afin qu’ils soient aux normes M ou S»,
explique Claude Duperron, chef du service
chaussées et assainissement. De plus, la longueur du tracé complique les échanges entre
les hommes et le déplacement des engins.
C’est pourquoi tous les chefs de chantier et
les chauffeurs de camion sont équipés de
VHF. Ces désagréments n’ont pourtant pas
perturbé, loin de là, le déroulement des travaux. En effet, les terrassements de l’autoroute
et du laboratoire. L’équipe
qualité assure la traçabilité
du chantier, ce qui représente un gros travail
d’archivage, de gestion
des demandes et de suivi
des travaux. Pour le terrassement, les interventions
concernent la teneur
en eau des couches ;
il faut effectuer plusieurs
prélèvements par jour.
«Ce qui me plaît, c’est
de participer à un projet
de construction d’infrastructures nationales»,
explique Khalid.
«Prochainement, j’aimerais
bien passer à la produc-
tion, car je serai plus
rentable ; mon expérience
au service qualité
me facilitera la tâche.»
Le dimanche, sa passion
pour le pilotage l’entraîne
à survoler le chantier,
dont il contrôle alors
les qualités esthétiques.
REPORTAGES
DES HOMMES DE QUALITÉ
CHIFFRES
CLÉS
HOMMES
Asilah
270
Casablanca
380
LONGUEUR
Asilah
15 km
Le chantier de l’autoroute du Nord constitue
un véritable défi en raison de la quantité
de terrassement à réaliser en un délai très court.
Casablanca
27,4 km
(en section
courante)
13,8 km
(en bretelles
et boucles)
La qualité du travail des compagnons sur ces
deux chantiers autoroutiers est, bien sûr, une des
conditions de leur réussite. Jean-François
Bodennec, chef de chantier principal sur l’autoroute Sidi El Yamani-Asilah, expatrié depuis
1980, exprime son admiration : «Nous travaillons
beaucoup sur ces chantiers; c’est dur, mais nous
sommes entourés d’un personnel courageux. Nous
formons une équipe où les contacts humains sont primordiaux.» Même son de cloche au sud où
Claude Duperron constate : «Nous avons, ici, des
hommes de qualité et des conducteurs d’engin exceptionnels.» Des bases-vie sont installées sur chaque
entité; 60 compagnons de GTR vivent à Asilah et
120 à Casablanca. En matière de sécurité, les
chantiers sont strictement encadrés par des responsables, présents sur toutes les activités.
Chaque base est dotée d’une infirmerie équipée
en personnel et en matériel de première urgence,
fort heureusement peu utilisée jusqu’à présent,
grâce à la vigilance de tous. La réussite de ces
chantiers d’envergure, véritables défis pour GTR,
repose sur la capacité de chacun à travailler pour
les deux chantiers, en anticipant les réalisations
pour faciliter les échanges d’informations entre
le nord et le sud. Le déroulement des travaux
évolue bien, puisque les délais sont respectés sur
l’autoroute Asilah-Sidi El Yamani et que douze
kilomètres de l’autoroute de Casablanca
devraient être livrés avec huit mois d’avance. ■
de Casablanca sont effectués avec huit mois
d’avance, et les couches de forme sont déjà
bien engagées.
ROUTES numéro 11
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30
REPORTAGES
SLOVAQUIE
Cesty Nitra: une
société prête à relever
les défis de l’avenir
Entrée dans le groupe Colas en 2000, Cesty Nitra,
filiale slovaque, nourrit de vastes ambitions.
Autoroutes, ponts, voiries urbaines : toutes les routes de
Slovaquie vont être reconstruites dans les prochaines années.
Ou comment se doter des meilleurs atouts pour relever ce défi.
ROUTES numéro 11
31
32
L
e soleil de juillet est sans pitié : chaleur accablante, pas un souffle
Pologne
d’air. Les engins font vibrer la
terre. On s’entend à peine.
Rép. tchèque
Nous sommes à Nitra, la troiSlovaquie Ukraine
sième ville de Slovaquie, où l’entreprise
Bratislava
Cesty Nitra SA reconstruit une rue tout
Autriche Hongrie
près du centre. Les températures sont
extrêmes cet été : heureux celui qui peut se
Roumanie
Slovénie
réfugier à l’ombre, mais les métiers des traCroatie
La société anonyme Cesty
vaux publics ne le permettent pas. «La chaBosnieNitra
est l’une des benjaleur ne nous dérange guère, sourit le chef de
Yougoslavie
Herzég.
mines du groupe Colas, qu’elle
chantier, Ján Pánik, ce sont plutôt les pluies de ces
a rejoint en juin 2000. Cesty Nitra
derniers jours qui nous ont un peu retardés.» Le
comporte trois agences, une à Trnava, une
délai, cependant, sera respecté : la reconstrucautre à Trencin et la dernière à Nitra, où siège
tion du tronçon de 450 m, commencée le
la direction générale. Aujourd’hui, l’entreprise
18 avril, sera terminée fin août.
emploie 500 personnes, mais, en été, plusieurs
dizaines de saisonniers viennent s’ajouter à cet
Rigueur et méthode sont de mise
«La rue en reconstruction était en très mauvais
effectif. La société exerce son activité dans la
état, la chaussée s’effondrait. Lors des travaux d’exconstruction de routes, d’autoroutes, de surcavation, nous avons trouvé un terrain argileux et,
faces traitées, de ponts, ainsi que l’exécution de
au fond, des bassins perméables. Nous consolidons
travaux de fondation. Elle réalise également le
aujourd’hui le sol sur une profondeur de 45 cm.
déplacement des conduites d’eau et de gaz, des
Après avoir retiré les restes de revêtement, nous
égouts, de l’éclairage, des lignes électriques
avons commencé à construire deux canalisations Routes,
basse tension…
d’égouts d’une longueur de 200 m. Il a fallu ensui- ouvrages d’art,
L’histoire de la société commence en 1953
te enlever environ 1 200 m3 de terre. Les tranchées canalisations,
avec la fondation à Nitra d’une entreprise
ainsi que les raccords des bouches d’égout ont été recyclage :
nationale de construction routière. La
comblés de graviers. Nous exécutons tous les tra- l’expertise de
Slovaquie avait alors besoin de routes. C’est
vaux, sauf le déplacement d’une ligne à haute ten- Cesty Nitra
surtout dans les années 1985-1989, dans le
sion», précise le chef de chantier à Nitra.
est complète.
cadre du programme gouvernemental de revêtement des routes, que l’entreprise prend son
essor. Elle réalise alors 700 000 tonnes d’enrobés, et le nombre d’employés dépasse 2 000.
Après la chute du régime socialiste, en
novembre 1989, la Slovaquie s’engage sur la
voie de la transformation économique. Les
entreprises nationales sont progressivement
privatisées. Cestné Stavby Nitra se transforme
en société anonyme nationale en 1995 et
prend le nom de Cesty Nitra. En octobre 1996,
la firme slovaque Ropspol devient son actionnaire majoritaire. Enfin, en mai 2000, Cesty
Nitra est achetée par Colas.
Le retour de la planification
Le changement de propriétaire a-t-il entraîné
des bouleversements ? «En ce qui concerne nos
activités principales, rien n’a changé. Colas ne nous
a rien imposé, même en matière de gestion des
hommes, explique Stefan Kiss, directeur général.
ROUTES numéro 11
REPORTAGES
En revanche, une certaine forme de “planification”
a été établie, ce qui est une très bonne chose. Sous
le régime socialiste, nous avions une planification
centrale qui ne reflétait pas la réalité et qui était
considérée par la population comme tout à fait formelle. L’expression “plan” était donc discréditée, à
tel point qu’il ne fallait plus l’utiliser encore dix
ans après la chute du régime ; c’était l’héritage du
socialisme. Et pourtant, sans une planification
sérieuse, les choses n’avancent pas. Avec le groupe
Colas, nous avons retrouvé une nouvelle forme de
planification pour les quatre années à venir. Nous
avons, entre autres, adopté la charte des principes
de gestion élaborée par Colas.»
Recherche de la qualité
L’un des objectifs actuels de Cesty Nitra est
d’obtenir l’accréditation par l’Etat slovaque de
son laboratoire central, déjà certifié ISO 9002.
Le manuel de qualité, élaboré dès la fin 2000,
a été remis au Service national d’accréditation
en avril 2001 en attente du premier audit des
experts. Dans le laboratoire de Nitra travaillent
des spécialistes ainsi qu’un métrologue qui
réalise également des essais sur le terrain. Les
agences de Trnava et Trencin disposent de leurs
propres laboratoires qui assurent aussi les
contrôles sur le terrain auprès des postes d’enrobage, lors des mélanges. «Nous nous occupons
aussi du recyclage, explique le chef du PORTRAIT
Juraj Druga,
chef du laboratoire
central
haque chantier est un
défi. «J’ai commencé
à travailler dans
le laboratoire de Cesty Nitra
juste après avoir terminé
mes études de géologie
appliquée en 1969, et,
comme vous le constatez,
j’y suis toujours, sourit
Juraj Druga. Le domaine
C
Les conditions de travail sont parfois
difficiles en raison du gel ou de la pluie.
du contrôle en laboratoire
est assez vaste, il me fallait
donc sans cesse compléter
mes connaissances, dans le
cadre d’études post-universitaires ou lors de stages de
formation.» Dans ce métier,
chaque chantier est différent,
chacun exige un procédé
technologique spécifique,
conçu sur mesure. Il n’y a
donc aucune place pour la
routine et, chaque fois, il
faut rechercher les meilleures
solutions pour répondre aux
techniques imposées. «Grâce
à notre exigence en matière
d’optimisation des solutions,
nous sommes en concurrence
avec d’autres entreprises
beaucoup plus grandes, surtout sur les marchés autoroutiers. Chaque commande est
un nouveau défi et constitue
pour nous une opportunité
nouvelle de développer nos
propres idées», explique
le célibataire, trop pris
par son travail pour trouver
la femme de sa vie ! Mais
il n’est jamais trop tard…
ROUTES numéro 11
33
34
Sol argileux, bassin perméable : ce chantier en milieu urbain a nécessité toute la compétence du chef de chantier et de ses équipes.
HISTOIRE
La Slovaquie
en bref
vec une superficie
de 49 000 km2
et une population
de 5 400 000 habitants,
la Slovaquie est un petit
pays, situé au cœur
de l’Europe, entre
la Pologne, la République
tchèque, l’Autriche,
la Hongrie et l’Ukraine.
Son territoire fut marqué
par diverses civilisations,
dont celles des Celtes et
des Romains. La présence
des Slaves y est attestée
depuis le VIe siècle.
Au IXe siècle, les Slaves
connaissent une période
d’important essor économique et culturel au sein
de l’empire de la Grande
Moravie. Le pape reconnaît
le vieux slave comme
quatrième langage liturgique.
Après l’effondrement
A
ROUTES numéro 11
de la Grande Moravie,
dû à l’invasion magyare,
au Xe siècle, la Slovaquie
devient partie du royaume
naissant de Hongrie,
lui-même incorporé plus tard
dans l’Empire autrichien
sous le règne des Habsbourg.
Après la fin de la Première
Guerre mondiale, Slovaques
et Tchèques forment un Etat
commun, la République
tchécoslovaque. En 1992,
la Tchécoslovaquie se divise
par la voie constitutionnelle
en deux Etats indépendants :
la Slovaquie et la République
tchèque voient le jour
le 1er janvier 1993.
> Capitale :
Bratislava (Presbourg),
450000 habitants
> Régime politique :
démocratie parlementaire
> Monnaie :
couronne slovaque
> Routes : 17880 km,
dont 3077 km de routes,
200 km d’autoroutes
laboratoire central à Nitra, Juraj Druga. Par
exemple, nous avons collaboré avec une entreprise
qui recyclait les vieux pneus, en les réincorporant
sous forme de granules dans la couche de roulement pour stabiliser le mélange et diminuer le
bruit. En collaboration avec l’Institut de recherche
de Nitra, nous avons aussi élaboré une technologie
de traitement des déchets, à base de sacs en PVC
usagés, pour les utiliser au lieu d’ingrédients stabilisateurs importés. A l’heure actuelle, je vois une
possibilité très intéressante de collaboration avec
les entreprises du Groupe dans le domaine des
mélanges bitumineux. Sur les petits chantiers, on
a en effet souvent besoin d’une quantité réduite
de bitume modifié, ce que nous ne sommes pas en
mesure d’obtenir de notre fournisseur, qui ne propose que des livraisons en grosses quantités.
Importer le bitume et l’homogénéiser chez nous
constituerait une bonne solution.»
Une multitude de chantiers
Cesty Nitra réalise 60% à 75% de sa production annuelle sur commande de l’Etat. Les
grands chantiers étant rares pour l’instant, l’entreprise se concentre sur l’entretien et le revêtement. L’achèvement de l’autoroute SopornaBab, avec le prolongement prévu vers Trnava,
Nitra et Banska Bystrica, représente 51 petits
chantiers. «Outre la construction des chaussées sur
une longueur de 9,5 km, nous avons réalisé six
ponts, environ 500 000 m3 de remblais, des bassins
REPORTAGES
de rétention et un mur antibruit. Il y avait également 9 km de déviation à réaliser, précise le
conducteur des travaux, Ján Hreha. Cette autoroute devant devenir payante, l’entreprise construit
en parallèle une route secondaire sur une longueur
de 6 km. L’achèvement de ce tronçon autoroutier
commencé en 1997 est prévu pour la fin de l’été
2001.»
Investissements et vastes ambitions
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, la
reconstruction du carrefour de Hlohovec a
débuté le 15 avril 2001 et se terminera à l’automne. «Un chantier mené tambour battant sous
circulation alternée, explique Peter Kovac, chef
de chantier. Les tronçons situés au-dessus de caves
nous ont pris plus de temps, car nous avons retrouvé de magnifiques voûtes anciennes.»
«Nous sommes intransigeants sur la qualité.
Depuis des années, nous nous situons parmi les dix
premières entreprises slovaques de construction,
résume le directeur général, Stefan Kiss. Outre
les investissements dans le parc matériel, nous
envisageons l’achat d’une carrière et d’une ballastière avant la fin de l’année. Dans un proche avenir, l’ensemble du réseau routier slovaque sera à
reconstruire, et nous souhaitons être prêts à relever
ce défi. Notre intégration dans le groupe Colas
devrait nous aider dans cette voie.» ■
PORTRAIT
Ján Hreha,
conducteur travaux
e que je voulais
faire depuis
toujours…» Ján
Hreha travaille à Cesty
Nitra depuis la fin de ses
études. «J’ai toujours été
attiré par la construction ;
c’est sur ce critère
que j’ai choisi mon école
secondaire. J’ai poursuivi
mes études à la faculté
de génie civil, dans la
section des constructions
routières.» Puis Ján est
C
«
Investissements matériels, acquisition d’une carrière et d’une ballastière :
tout est mis en œuvre pour être en mesure de relever les défis de demain.
entré chez Cesty Nitra
en qualité de chef de
chantier. Il a commencé
sur un chantier pour
le grossiste Metro avec
la réalisation des voiries,
du parking et des canalisations. «L’année
dernière, on m’a envoyé
étudier pendant trois
semestres les tunnels
routiers. Je vais achever
cette nouvelle formation
à l’automne.» Le sujet
de la thèse de Ján a été
choisi par l’entreprise et
portera sur la problématique des chaussées en
béton ou en bitume dans
les tunnels. Ján voudrait
poursuivre cette formation
complémentaire pendant
encore deux semestres,
car elle lui apporte un
réel «plus». «Cette année,
nous avons fait une
excursion à Semmering,
où l’on réalise le percement simultané de trois
doubles tunnels, nous
avons également visité
de nouvelles stations de
métro à Vienne. D’autres
excursions devraient
être consacrées aux tunnels déjà achevés et aux
problèmes de sécurité.»
Comment voit-il son
avenir dans l’entreprise ?
«J’aime ce travail,
et l’entreprise devance
aujourd’hui mes souhaits.
Je suis content. Pourvu
qu’il y ait toujours
de quoi construire»,
ajoute-t-il en souriant.
ROUTES numéro 11
35
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36
® SÉCURITÉ
Une véritable priorité sur le terrain
L
a sécurité est l’un des thèmes
récurrents et prioritaires au sein
du Groupe ; nous y consacrons
beaucoup de temps et d’énergie»,
rappelle Denis Pagot, directeur hygiène,
sécurité et environnement (HSE) au sein
de la direction des ressources humaines du
Groupe. Des rencontres ont lieu, chaque
année, sur ce thème. Elles illustrent parfaitement cette politique volontariste de
même que la prise de conscience générale
observée dans l’ensemble des filiales. Une
politique et une prise de conscience qui
ont permis une baisse sensible du nombre
d’accidents et de leur taux de gravité.
Neuf pays – contre cinq l’an dernier – et
trois continents étaient représentés à Lewes
les 19 et 20 juin, pour les Rencontres
Sécurité du Groupe. «Les échanges s’internationalisent de plus en plus», observe
Denis Pagot. Six jeunes figuraient
parmi les trente-deux
animateurs
sécurité qui
avaient fait le
déplacement,
des jeunes soucieux de s’enrichir
du savoir-faire et
de l’expérience de
leurs aînés. D’une
«
filiale à l’autre, d’agence en agence,
concours internes, journées et quarts
d’heure sécurité, formations et campagnes
en tous genres constituent une véritable
panoplie de moyens contre les accidents
pour améliorer toujours plus la sécurité.
Des initiatives appuyées, entretenues par
une série d’actions de communication et
d’information depuis le siège, à BoulogneBillancourt. Dans ce dispositif, le site
intranet HSE occupera prochainement
une place de choix. Chacun pourra
consulter en ligne des conseils d’ordre
juridique et réglementaire, des nouvelles
en provenance des filiales ou encore une
série de livres, d’articles de presse et de
produits relatifs à la prévention… On
pourra bientôt y trouver également l’intégralité du manuel HSE actuellement en
version papier, dont l’élaboration a
demandé deux ans de travail. «Il ne faut
jamais s’arrêter, il y a toujours quelque chose
à faire, ajoute Denis Pagot. Dans les
années 1950, on estimait que l’accident
était une fatalité, un tribut à payer. De nos
jours, la sécurité est une exigence morale,
juridique et économique. Il faut faire prendre
conscience à tous que la sécurité rapporte
plus qu’elle ne coûte. Il ne faut pas oublier
qu’un seul accident du travail peut coûter la
marge annuelle d’une filiale…»
135
Taux de fréquence groupe Colas (filiales routières)
120
Taux de fréquence USIRF (Industrie routière)
105
Nombre centres sans accident dans le groupe Colas
90
75
60
45
30
15
0
91
92
93
94
95
96
97
98
99
2000
La sécurité s’améliore dans le Groupe par rapport au secteur. Le taux de fréquence mesure le nombre d’accidents
par million d’heures travaillées.
ROUTES numéro 11
PILOTAGE
Tendances
L’animateur sécurité
de filiale : un conseiller
privilégié
Il participe à l’élaboration
de la politique sécurité
définie par la direction,
et à sa mise en œuvre.
Cette politique s’intègre
dans une orientation
générale Groupe (tels
la lutte accrue et généralisée
contre l’insécurité routière,
l’accroissement des mesures
d’hygiène sur les chantiers…).
Ses missions sont multiples :
conseil et animation
(diffusion de textes
réglementaires, analyse
des accidents du travail graves,
animation de réunions
sécurité, organisation
de concours…), gestion
des taux de cotisation,
statistiques, relations avec
les organismes extérieurs
(CPAM, OPPBTP…).
Il n’existe pas de profil
spécifique de l’animateur
sécurité. Il peut être issu
de l’exploitation comme
d’une formation universitaire.
Seuls importent son sens
des relations humaines,
sa préoccupation permanente
pour améliorer la prévention
et sa connaissance du métier.
Smac Acieroïd passe
la vitesse supérieure
Chez Smac Acieroïd, on
met les bouchées doubles. En
effet, les activités étanchéité
et bâtiment engendrent des
risques spécifiques d’incendies
et de chutes. «Nous avons
mis l’accent sur la prévention
et la sécurité, explique
Patrick Fourier, directeur
des ressources humaines.
Il y a une implication volontariste
de Robert Lefevre, président
de la filiale, et des chefs
d’établissement, premiers responsables de la sécurité.» Chaque
établissement a son animateur
sécurité, relayé par un «super»
animateur sécurité par région.
Outre un double challenge –
l’un national, mettant en
compétition les trois régions
de Smac, l’autre régional,
mobilisant les agences – un
concours national d’affiches
dessinées par les collaborateurs
et leur famille a été organisé.
«Les thèmes sont arrêtés par la
direction générale, et les dessins
sont laissés à la libre imagination
des participants», explique
Patrick Fourier. Puis l’affiche
retenue «fleurit» dans tous les
établissements. D’autres actions
spécifiques sont menées. Par
exemple, un CHSCT national
établit une synthèse des
travaux réalisés par les comités
des différents établissements;
la politique de prévention
sera définie à partir de cette
synthèse. «Cette initiative
va au-delà des textes,»
explique Patrick Fourier.
On notera encore, en plus
des réunions trimestrielles et
de la formation des jeunes, la
sensibilisation à la prévention
dès l’embauche. Tout nouvel
embauché reçoit en effet
un kit sécurité contenant
les consignes et des brochures
d’information. Objectif : que
la sécurité devienne un réflexe.
Ce réflexe est d’ailleurs
en amont de toute analyse
des risques potentiels au
démarrage d’un chantier.
Enfin, en cas d’accident,
un compte rendu est adressé
au président, qui organise
une réunion pour l’ensemble
du personnel. But : analyser
les raisons de l’accident
et tout mettre en œuvre pour
qu’il ne se reproduise pas.
Parce qu’en matière de sécurité
on n’en fait jamais trop…
TROPHÉE SÉCURITÉ
Remise du Pivert à Sully-Miller
Le Pivert de cristal s’est envolé
pour la Californie, où il a été
remis à Randy Franklin, responsable
sécurité de Sully-Miller, par
Alain Dupont, le 9 juin dernier.
Ce trophée international
de la sécurité décerné par le Groupe
récompense la filiale américaine
pour une année 2000 sans un seul
accident du travail avec arrêt.
«Nous poursuivons toujours nos efforts
en matière de sécurité, explique Randy
Franklin. Notre objectif
est d’effectuer 2 millions
d’heures travaillées sans
un seul accident avec arrêt.
Cela contribue à créer
une culture d’entreprise
“zéro accident” pour
des conditions de travail
optimales.»
ROUTES numéro 11
37
38
SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Bilan très positif et reconduction
de la charte interministérielle
L
e 23 avril dernier, le Groupe a
reconduit la charte Sécurité routière signée avec l’Etat en 1997.
L’objectif initial, la réduction de
25%, en trois ans, des accidents liés à
la circulation, a été largement atteint,
puisque le nombre des sinistres a diminué de plus de 30%. Ce résultat très
positif récompense les efforts consentis
par toutes les filiales de France métropolitaine. Sensibilisation de tous à la
Sécurité routière, création d’un
Challenge, multiplication des formations sur le terrain animées par plus de
300 relais Sécurité routière, implication
de tous les niveaux hiérarchiques, suivis
statistiques : le vaste programme lancé par
le Groupe a, d’ores et déjà, porté ses fruits.
Cependant, des différences notables
demeurent encore entre les filiales, avec
un ratio nombre de sinistres/nombre de
véhicules de 0,09 pour la meilleure filiale
et de 0,28 pour la dernière.
L’objectif pour les trois années à venir,
une baisse globale de 5% des accidents,
vise, bien entendu, à maintenir le cap,
mais a, aussi et surtout, pour ambition
ROUTES numéro 11
de réduire les écarts entre les différentes
filiales, en particulier celles qui ont
rejoint récemment le groupe Colas.
Au-delà des chiffres, comme l’a rappelé
Alain Dupont lors de la signature entérinant la reconduction de la charte, en
présence d’Isabelle Massin, déléguée
interministérielle à la Sécurité routière,
«la Sécurité routière est une valeur fondamentale et un enjeu incontournable pour
Colas. Il s’agit de préserver la vie humaine
et d’optimiser la qualité du travail».
L’expérience acquise, en France, dans ce
domaine, va progressivement s’étendre
aux filiales étrangères en tenant compte
des contraintes locales : en tête de ces
filiales, Colas UK, qui commence déjà
son programme de sensibilisation.
Le challenge Sécurité routière
Le 9 mars dernier, Screg Ouest a été déclaré vainqueur du challenge Sécurité routière 2000, suivi par Somaro et Colas
Rhône-Alpes. Il s’agit d’un brillant témoignage de la qualité du travail fourni par
les hommes du terrain, dans tous les établissements, pour diminuer le nombre
d’accidents. En effet, la prévention est un
domaine où chacun a un rôle actif à jouer,
du directeur de filiale au relais Sécurité
routière, en passant par le chef d’agence.
«L’essentiel est d’intégrer les réflexes de la
Sécurité routière dans les comportements quotidiens ; 80% des accidents sont encore dus
à l’inattention des conducteurs», souligne
Bruno Chambon, directeur de Screg SudEst. Pour Alain Paviet, chef d’agence à
Annecy, «la prise de conscience des risques
de la circulation routière est maintenant
bien ancrée. Veiller au bon état du matériel
roulant, désigner des chauffeurs attitrés
pour chaque véhicule, former tout le personnel…, les résultats sont déjà là, le
nombre d’accidents diminue régulièrement.
PILOTAGE
Tendances
L’élément fondamental, c’est le respect des
règles de base de la conduite». Et dans ce
domaine, les relais Sécurité routière,
comme Claude Ferrier à Grenoble, ont
un rôle déterminant puisqu’ils dispensent en une demi-journée tout le savoirfaire indispensable pour «conduire encore mieux». «Par petits groupes, nous analysons d’abord les statistiques des accidents
pour en cerner les causes, avant d’aborder en
détail les onze règles de la conduite sûre
(vision, espace, maîtrise du véhicule, état physique, respect du code de la route…). Enfin,
nous étudions des cas pratiques et terminons
Qui sont les relais
Sécurité routière ?
Pivots sur le terrain du programme Sécurité routière du Groupe,
plus de 300 collaborateurs ont
été choisis pour dispenser aux
personnels des établissements
des formations à la conduite
sûre. Sélectionnés pour leur sensibilité au thème de la Sécurité
la formation par l’apprentissage de la rédaction des constats amiables. Les chauffeurs
apprécient énormément cette demi-journée
car ils découvrent ou approfondissent leurs
connaissances dans une ambiance agréable.»
Par ailleurs, les hommes-relais font également des points post-accident et – la
seconde partie du programme – procèdent à des audits de conduite en situation
réelle qui concernent tous les collaborateurs susceptibles de conduire au sein
des filiales. L’amélioration de la Sécurité
routière passe par la sensibilisation, la
formation et l’action de tous.
routière et pour leur sens de
la pédagogie, les relais Sécurité
routière ont des profils très
diversifiés. Ayant bénéficié de
la formation Scope élaborée
par AXA, ils enseignent à tous
leurs collègues les onze règles
de la conduite et sont fortement
soutenus dans leur action
par les chefs d’établissement.
Plus de 7 000 conducteurs ont
été formés à ce jour. Informés
par une lettre trimestrielle créée à
leur intention, les relais Sécurité
jouent un rôle décisif dans
l’amélioration des performances
en matière de Sécurité routière ;
ils seront, pour la première fois,
réunis l’an prochain lors d’une
convention organisée à Paris.
PRIX DE L’INNOVATION
Colas récompensé au grand prix
Siemens de l’Innovation
C
olas a remporté le prix spécial
du Jury au grand prix Siemens
de l’Innovation avec le
Colasmac blanc, la nouvelle
génération de béton bitumineux. En présence des représentants du magazine Le
Nouvel Economiste et du secrétariat d’Etat
à l’Industrie, Michel Robin, le président
de Siemens France, a remis le 3 juillet
dernier le trophée à Michel Chappat,
directeur de la recherche et du développement du Groupe. Le Colasmac, mis
au point par le Laboratoire central de
recherche, est le nom générique d’une
nouvelle famille d’enrobés à froid, fabri-
qués à température ambiante et
appliqués sur une
épaisseur variant
de 2 à 7 cm. La
couleur blanche
est obtenue par
addition de colorant blanc. Ce
nouveau produit a été récompensé pour
ses nombreux avantages technico-économiques : économies d’énergie, sécurité
du travail, sécurité et confort de l’usager… Le Colasmac blanc est le nouvel
allié de l’environnement et de la sécurité.
ROUTES numéro 11
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40
ACTIVITÉ
Tracer les nouvelles routes de la soie
En nouant, entre 1993 et 2000, des liens toujours plus étroits
avec Tasco – Tipco Asphalt Company –, le numéro 1 du bitume
et de l’émulsion en Extrême-Orient, le Groupe Colas s’impose,
peu à peu, comme un acteur clé dans cette partie du monde.
u jus de fruit au bitume et à
l’enrobé, en passant par les
ananas en boîte, le lait en
brique, le transport routier et
maritime, l’hôtellerie, sans oublier le
conseil environnemental auprès des
industriels, Tipco Group est omniprésent en Thaïlande et en Chine. Normal :
D
ce conglomérat d’activités est le fruit d’un
travail patient, celui d’un self-made man,
Prasit Supsakorn, transporteur routier
puis fondateur d’un conglomérat. Au
début des années 90, en visite à Paris, il
ROUTES numéro 11
rencontre les dirigeants de Colas, présent
depuis le début de la décennie 80 dans le
consortium qui construit alors l’aéroport
de Djakarta, en Indonésie.
C’est également à ce moment que la
direction générale décide de développer
Colas en Asie, et établit les règles de
cette croissance : activités industrielles et
investissements en partenariat.
Ce sera le début d’une collaboration longue
et fructueuse entre les deux groupes. En
janvier 1993, un premier joint-venture,
Raycol Asphalt, est noué entre Colas et la
PILOTAGE
Tendances
famille Supsakorn, en Thaïlande, pour le
montage d’une usine d’émulsion dans le
sud de Bangkok.
«Fin 1992, j’ai été affecté à Bangkok pour
mettre en place cette politique de développement et m’assurer du démarrage harmonieux
de Raycol. Après cette première expérience
réussie, nous nous sommes associés, en 1995,
dans Thai Slurry Seal, pour la production
d’enrobés et la réalisation de travaux d’entretien, puis en 1997, nous avons acquis 50% de
Thai Crushing Plant, qui exploite aujourd’hui
deux carrières situées dans le sud de la
Thaïlande et sur le golfe de Siam», retrace
Jacques Pastor, directeur Colas Asia.
Avec la crise économique asiatique de
1997, Tasco a dû faire face à une situation
financière difficile et a souhaité que Colas
entre dans son capital à hauteur de 22,7% ;
l’accord a été signé au cours de l’été 2000.
Cette entrée dans son capital s’accompagne
de nouveaux accords avec Tipco en Chine.
Un échange de bons procédés : en 1995,
Colas lui avait ouvert les portes du marché
indien. Aujourd’hui, Colas poursuit son
expansion dans cette région du monde : la
Chine et la Thaïlande sont en quête de
bitume de bonne qualité pour étendre
leurs réseaux routiers et autoroutiers. «Mais
nous sommes très loin des ratios de consommation européens, rappelle Jacques Pastor. La
France utilise 3,5 millions de tonnes d’émulsion
par an alors que la Thaïlande en est à 700 000
tonnes, la Chine à 5 millions, et l’Inde à
2,8 millions seulement, alors qu’il s’agit de
pays autrement plus vastes et plus peuplés.»
Au regard du nombre d’habitants de
Le potentiel de consommation de bitume est
considérable dans les régions est-asiatiques.
cette zone en pleine expansion économique et qui concentre plus de la moitié
de l’humanité, on imagine aisément le
marché potentiel. En renforçant sa présence en Asie dans ses métiers de base
(bitume, émulsion, bitume modifié),
Colas profite des synergies apportées par
Tipco, comme sa flotte de camions et de
bateaux (bitumes transportés vers la
Chine, l’Indonésie, le Vietnam et le
Cambodge) ou ses dépôts.
Autant d’atouts pour reconquérir les
parts de marché d’antan : en 2000, Tasco
détenait environ 70% du marché de
l’émulsion en Thaïlande, contre 90%
avant la crise, et environ 40% de celui du
bitume, contre 70% hier. Le projet de
construction d’une petite raffinerie
(25 000 barils jour), par Thai Bitumen,
pour sécuriser la fourniture de bitumes
de qualité pour le groupe Tipco, pourrait
bien s’avérer à l’avenir être un pari
gagnant. Projet à suivre…
ROUTES numéro 11
41
42
CONGRÈS MONDIAL DE LA ROUTE
Colas en pole position
au Congrès mondial de la route
Toute la route s’est donné rendez-vous au palais des
Congrès, à Paris, du 11 au 15 juin dernier. Ce lieu prestigieux a accueilli le Congrès mondial de la route, organisé
par l’IRF (International Road Federation), association présidée par Alain Le Coroller, directeur commercial de Colas.
evenu le carrefour de l’industrie routière, l’amphithéâtre
du palais des Congrès de
Paris a réuni 2 300 congressistes, venus du monde entier. Les
D
séances de travail, réparties entre sessions plénières et ateliers, invitaient les
participants à réfléchir sur les problématiques actuelles et futures de la route.
Thèmes socio-économiques, thèmes techniques, de nombreux sujets furent aborROUTES numéro 11
dés, tels que : la justification économique
des investissements routiers, la fin de la
pollution
automobile,
l’opinion
publique et la route, ainsi que le rôle de
l’automobile en milieu urbain et périurbain. D’autre part, pour la première
fois, deux thèmes devaient être traités en
liaison avec d’autres associations : la sécurité routière, avec l’AIPCR (association
mondiale de la route), et les tunnels routiers urbains, avec l’AIPCR et l’Association
PILOTAGE
Tendances
internationale des travaux en souterrain.
Entre deux séances, les congressistes pouvaient déambuler parmi les nombreux
stands de l’espace d’exposition, propice
aux rencontres et à l’établissement de
contacts professionnels. Toutes les
grandes sociétés routières étaient présentes sur cet espace, attachées à promouvoir leurs produits et leurs technologies.
En qualité d’acteur principal du secteur
routier mondial, le groupe Colas se devait
de participer en bonne place au Congrès
IRF. Pour marquer sa présence, un emplacement de choix avait été retenu sur l’espace d’exposition, à proximité du grand
amphithéâtre : une position centrale et
incontournable. Les trois stands du
Groupe ont été le fruit d’un an de travail
d’une équipe de collaborateurs, chargée
de définir leur contenu et leur aspect
esthétique. Trois stands, avec trois personnalités et des finalités propres à chacun d’entre eux.
Le stand du Groupe, stand institutionnel,
imposant et sobre, avait été conçu comme
un espace salon, chaleureux et propice à
la détente. Des bornes interactives à écran
plat, connectées en permanence, offraient
aux visiteurs un panorama complet des
sites du Groupe. Un mur d’images, illustrant la présence de Colas dans le monde
Le stand «produits» de Colas a été aménagé
comme un laboratoire d’essai.
entier, appuyait la communication sur le
stand. Celui-ci, particulièrement remarqué, a d’ailleurs servi à plusieurs reprises
de décor pour des interviews filmées de
congressistes.
Le deuxième stand était consacré à
Somaro, l’équipementier du Groupe. Des
panneaux lumineux, produits phares de
Somaro, agrémentaient ce lieu conçu
comme un pôle industriel et de technologie de pointe.
Enfin, le stand «produits», aménagé
comme un laboratoire d’essai, avec des
expérimentations effectuées en direct, très
appréciées du public : sur ce stand, deux
planches de démonstration d’enrobés
rugueux, un tunnel présentant un enrobé
clair et un enrobé scintillant, ainsi qu’une
expérience d’émulsion propre. Des
bornes bilingues, organisées autour des
trois thèmes phares – environnement,
sécurité, entretien – présentaient les produits du Groupe, toutes marques confondues. Pour la première fois en effet, les
trois marques routières françaises (Colas,
Sacer et Screg) étaient réunies sur un
stand unique. Ce stand à caractère interactif a été plébiscité pour ses prestations
techniques et ses animations originales,
signe que le «consommateur» d’aujourd’hui est avide d’expériences venant illustrer les spécifications techniques d’un
produit ou d’un procédé.
ROUTES numéro 11
43
44
INTERNET
Découvrez deux sites Internet du Groupe
Surfez avec Colas UK
Sur un panneau routier, des hommes
ramassent des agrégats. En fond d’écran,
la route s’élance vers l’infini, à l’image
du logo. Le décor est planté : bienvenue
sur le site anglophone de Colas UK :
www.colas.co.uk. Il s’agit là d’un site à
entrées multiples. La page d’accueil affiche
les rubriques du site pour un cheminement
simple et clair. Principales rubriques :
activités et métiers de la société, ses
produits et ses réalisations, après une brève
présentation de Colas. L’expertise
de la route, des ports et des aéroports,
l’éclairage et la signalisation, les actions
pour l’environnement ; toutes ces activités
sont illustrées par des exemples et
des photos des dernières réalisations.
Un tableau synthétique des produits
et des services proposés par Colas UK
vient compléter le tout, avec des liens
vers des fiches techniques détaillant
l’utilisation et les spécificités du Ralumac
2000, du Fibredec, ou du Spraygrip…
Bienvenue chez Smac Acieroïd
Esthétique et convivial, le site de Smac
Acieroïd accueille les internautes à l’adresse :
www.smac-acieroid.fr. L’accent est mis
dès la page d’accueil sur les innovations
de l’entreprise, ses hommes et ses activités.
La rubrique «innovations», vitrine du site,
dresse le portrait de chacun des produits
ROUTES numéro 11
Une astuce très utile à noter : un moteur
de recherche au sein même du site, ainsi
qu’un index facilitent les démarches de
l’internaute en lui apportant des réponses
immédiates. Ces outils sont particulièrement adaptés aux professionnels qui
cherchent des solutions pour un chantier
en préparation. Ce principe d’entrées
multiples permet de trouver immédiatement la bonne information. A retenir !
novateurs de Smac Acieroïd. Le Néophalte®
Pont, le Streetprint® ou l’Isophalt® sont
exposés avec textes et photos. Les métiers
de l’asphalte et de l’enveloppe du bâtiment
sont présentés de façon exhaustive
et pédagogique avec des exemples
de réalisations, des photos du produit
fini sur site et des textes explicatifs
très complets sur les utilisations possibles
et les techniques de pose. Une multitude
de liens permet de naviguer entre
les métiers et les innovations associées.
Deux rubriques annexes permettent
de visualiser les implantations de Smac
Acieroïd sur une carte de France et
de connaître les hommes et leurs métiers
pour rejoindre les équipes en place.
Signe particulier de ce site : son graphisme
attrayant et ses photos de qualité
pour une navigation haut de gamme.
PILOTAGE
Tendances
INTRANET
Sésame, le nouvel Intranet
e portail Intranet du groupe Colas a
ouvert ses «portes» cet été au siège
et devrait être ouvert aux filiales de
France Métropolitaine en octobre.
Son nom? Sésame. La page d’accueil du site
se présente en trois parties. Deux sont communes à l’ensemble du Groupe, la troisième
est dédiée à chaque filiale en particulier.
Un bandeau d’informations clignotant, «A la
Une», anime cette page et sera remis à jour
en fonction de l’actualité. Dans le bandeau du
haut, Sésame propose des informations générales, destinées à tous : l’actualité (flash d’infos, revue de presse…), le PEE, les principes
de gestion, les principes de conduite, des liens
vers les sites du Groupe, de l’information
sur l’euro, le dictionnaire Colas de la route…
La partie gauche, également accessible à tous
les collaborateurs, est consacrée aux «filières» :
ressources humaines, communication,
comptabilité/gestion, financier, juridique,
technique et recherche, informatique, matériel,
international. Ces rubriques mettent à la
disposition des collaborateurs tous les docu-
L
ments utiles au quotidien : actualité, comptes
rendus, fiches techniques, calendriers, publications… Dans chaque domaine sont proposés des liens vers des sites spécifiques. Enfin,
la troisième partie est un espace consacré aux
filiales : une page d’accueil, dont le graphisme
sera individualisé en fonction de chaque
filiale (logo, photo…), leur est réservée, avec
des liens vers leurs propres sites. L’accès à cette
partie sera destiné aux seuls collaborateurs
de la filiale. Sésame a été conçu pour être
un outil vivant et évolutif : ses rubriques
seront mises à jour et enrichies régulièrement.
COMMUNICATION
Une nouvelle plaquette pour le Groupe
ditée en français et en anglais, la
nouvelle plaquette de présentation
de Colas vient de sortir.
1 000 établissements dans plus de
50 pays, 100 000 chantiers dans le monde,
53000 collaborateurs sur les cinq continents,
568 centrales d’enrobage, 488 carrières
et gravières, 169 usines d’émulsion,
6,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en
2000… La plaquette livre tous ces chiffres
et bien d’autres. Un document qui permet
de rappeler que le marché de Colas,
c’est le monde entier, et que la route
s’inscrit au cœur des métiers du Groupe
E
(travaux routiers, terrassement, étanchéité, bâtiment,
environnement et recyclage…). Graphiques et
pyramides illustrent l’évolution et la répartition du
chiffre d’affaires par activité
et par zone géographique.
Un document incontournable pour faire le tour
du groupe Colas,
un document de base
pour toutes les équipes
commerciales…
ROUTES numéro 11
45
45
46
OLYMPIADES DES MÉTIERS
Le groupe Colas bien représenté
u 13 au 16 septembre prochain se dérouleront à
Séoul, en Corée, les XXXVIes
Olympiades des métiers.
Cette grande compétition mondiale, au
cours de laquelle s’affrontent plus de 600
jeunes représentant différents corps de
métiers, a le vent en poupe. Si, au début,
en 1954, seuls quelques professions et
quelques pays étaient en lice, on recense
aujourd’hui 40 secteurs professionnels,
de la coiffure à la pâtisserie, en passant
par l’électronique, et autant de pays !
Hélas, cette fois encore, à Séoul, les
métiers de la route ne seront pas représentés. En effet, pour qu’un métier le soit,
il faut qu’au moins huit pays organisent
des sélections dans cette discipline ; or
ce chiffre n’est pas atteint. Mais la Fédération des travaux publics ne désespère
pas. «Nous devons continuer à organiser des
sélections nationales et tout faire pour que
d’autres pays en organisent également afin
D
qu’en 2003, à Dubaï, il y ait une épreuve
“constructeur de routes”», souligne Denis
Pagot, à la direction des ressources
humaines Colas. En attendant, Colas
s’est illustré au concours national des
métiers organisé, en vue des Olympiades,
par la Fédération des TP. Huit régions
organisaient leur sélection et, sur les huit
lauréats qui se sont retrouvés en PoitouCharentes en mai dernier pour la finale,
quatre font partie du Groupe. Chacun a
donné le meilleur de lui-même. Parmi
eux, Emmanuel Pupier, chef d’équipe
chez Perrier TP, s’est illustré pour la
«construction de routes-VRD», discipline
représentée pour la première fois.
Emmanuel aura l’honneur d’être invité à
Séoul. Toujours est-il que, pour Colas,
ces résultats constituent une réussite et
suscitent une vive satisfaction. Lauréats
ou non, les participants, qui ont entre 19
et 22 ans, contribuent à honorer l’image
de la profession.
PORTRAIT
Emmanuel Pupier :
«Rajeunir le métier»
«Qualité et rigueur des
arrondis, angles droits,
découpes…»
Le jury n’a pas lésiné
sur l’appréciation en
sélectionnant Emmanuel
Pupier en catégorie
ROUTES numéro 11
«construction de routesVRD». Pose de pavés
et de bordures, mise
en place de dalles…
Emmanuel s’est appliqué
avec le talent et
l’enthousiasme qui
le caractérisent depuis
son entrée chez Perrier TP
en 1997. Embauché
définitivement en
septembre dernier,
il a concouru pour les
Olympiades. Bonne idée
puisqu’il a décroché
un 18 ou 19 – il ne
s’en souvient plus ! –
à la sélection régionale,
devançant les neuf autres
candidats, et remporté
la première place devant
les sept autres lauréats
lors de la finale.
Emmanuel a de quoi être
fier, et ces lauriers ne
peuvent que le faire
avancer un peu plus dans
sa carrière routière.
Première récompense :
à presque 20 ans, le voici
chef d’équipe en travaux
urbains chez Perrier,
le début prometteur
d’une carrière qu’on
lui souhaite… béton !
«J’aime ce métier depuis
toujours, confie Emmanuel.
Les Olympiades permettent
de le faire connaître auprès
des jeunes, ce qui est
important car il a besoin
d’être rajeuni…»
PILOTAGE
Tendances
VOILE
Un équipage 100% féminin
au Challenge Screg
Cinq collaboratrices de Screg Est se sont
engagées sur un neuf-mètres dans le
18e Challenge de la voile Screg, du 5 au
8 mai 2001, dans le cadre prestigieux de
La Trinité-sur-Mer ; un lieu magique pour
ces cinq jeunes femmes nouvellement
admises dans l’univers des marins, sous
l’œil attentif de Marie-Albane, leur
skipper confirmée. Une courte préparation de deux jours avant d’affronter les
63 autres bateaux. «C’est notre dynamisme,
l’esprit sportif et l’attrait de la nouveauté qui
nous réunissent», raconte Isabelle Chanas
qui, depuis quatre mois, s’active pour
convaincre les sponsors et former
l’équipe. Durant le challenge, les cinq
jeunes femmes se font vite connaître et
seront considérées en mer comme de
véritables marins. «Ce qui n’empêche pas
de faire la fête, cela fait aussi partie du
challenge», ajoutent-elles en souriant.
Elles se sont alignées sur la ligne de
départ pour six manches en trois jours
avec un temps idéal, du vent et du soleil.
Lors de la dernière manche, faux départ
de l’équipage : «Nous sommes rentrées au
port dans un silence impressionnant», confie
Valérie Cussemane. Cependant, le pari est
relevé, l’équipage féminin arrive 40e au
classement général. «Nous avons démontré
qu’avec de la volonté, beaucoup de dynamisme et des moyens modestes, nous pouvions
participer à une régate». Isabelle confirme :
«Le challenge, c’était aussi vivre une aventure
à six, dans un milieu confiné, sans se connaître, et faire de nos différences un atout.»
Fortes de leur expérience, elles ont fêté
l’événement avec supporters et amis lors
du buffet de clôture. Isabelle dresse le
bilan : «Je suis satisfaite, autant comme
équipière que comme organisatrice. La mer
est un milieu difficile, le tempo est imposé par
la météo, et le sentiment d’être petit devant
l’immensité fait avancer !» Le virus de la
mer a fait des ravages, elles sont déjà
prêtes à remettre les voiles.
ROUTES numéro 11
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48
Un chantier de
Compostyrène à Menton
AVANT
Une route détruite
par les intempéries
APRÈS
Un procédé
de remblai choisi
pour sa légèreté
Le procédé du remblai allégé en
Compostyrène PSE
a été retenu : en
effet, sur cette route
sinueuse et escarpée,
il n’est pas possible
d’acheminer des
blocs de béton.
Pour stabiliser le glissement de terrain,
on a choisi, comme
matériau, du polystyrène expansé (PSE),
produit par moulage
de blocs parallélépiL’effondrement de la route
des Ciappes sur les hauteurs
de Menton, dans
les Alpes-Maritimes,
est dû aux intempéries de
cet hiver. La pluie, tombée
en abondance, n’a pu s’évacuer. Elle est restée bloquée
derrière le mur en béton
qui soutenait auparavant
la chaussée. Sous la pression
ROUTES numéro 11
de l’eau, celui-ci a lâché.
La ville de Menton, soucieuse
de rétablir au plus vite
la circulation, a sollicité
la Snaf (Screg Sud-Est).
La seule contrainte
de la consultation résidait
dans les gabarits
de chaussées à respecter
(6 mètres). Les travaux
doivent durer deux mois.
pédiques. La dimension des blocs, 5,08 x
1,23 x 0,515 m, pour
un poids unitaire
de 70 kg, permet de
limiter considérablement la masse.
Un mètre cube de
Compostyrène pèse
en effet 19 kg alors
qu’un mètre cube
de terre s’évalue à
deux tonnes environ.
Les qualités du
Compostyrène sont
multiples : outre
49
PILOTAGE 45
Un an après
sa grande légèreté, c’est un
matériau très résistant, imputrescible. L’agression du feu
est rendue impossible grâce
à la couverture en terre.
La technique est cependant
très précise : «Ce qui est
important, c’est la base ;
une fois qu’elle est bien
préparée, en asymétrie,
on suit un calepinage très
précis… C’est un jeu de cubes»,
explique Archange Barlet,
chef du chantier, un des
spécialistes du Compostyrène
chez Screg Sud-Est, venu
prêter main-forte à l’équipe
de la Snaf. Ce que confirme
José Campion, compagnon
du Ruban Vert : «C’est comme
un jeu de Meccano, il ne faut
pas se tromper au départ :
on monte les rangées de
polystyrène, puis elles sont
collées et clouées.»
Pour ces chantiers très
spécifiques, la préparation
est capitale : étude des sols
et de l’hydrologie du site
pour examiner le cheminement des eaux pluviales,
examen des contraintes
de service du remblai (trafic
routier, poussées latérales…),
vérification des conditions
de pression limites et, bien
sûr, prise en compte
des contraintes esthétiques
et environnementales
pour permettre une bonne
intégration du remblai
dans le paysage. L’équipe
de la Snaf, composée de
six personnes, a ainsi disposé
500 blocs
de Compostyrène.
Sur la route des
Ciappes, des règles
de mise en œuvre très
strictes ont été élaborées.
Plusieurs étapes furent
nécessaires. Dans un premier
temps, la conformité
aux normes de fabrication
du PSE était vérifiée et
la couche de forme soigneusement réglée, puis une fois
le plan de calepinage établi,
les blocs furent montés
en couches croisées
solidarisées. Enfin,
les travaux de chaussées
et de voiries ont pu commencer, avant la réalisation
de l’habillage de l’ouvrage.
ROUTES numéro 11
50
Le Bâtiment,
un autre métier de Colas
Une préparation commerciale de longue haleine, des chantiers
qui durent, une large palette d’interventions : au sein de Colas,
l’activité Bâtiment est un métier un peu à part, exercé
par des équipes séparées par plusieurs dizaines de milliers
de kilomètres, celles de GTOI et des filiales de l’Océan
Indien, et celles de l’agence Bâtiment, en Ile-de-France.
ROUTES numéro 11
PILOTAGE
Dossier
A
u sein de Colas,
l’activité
Bâtiment
est représentée
par quelques
entités : l’agence Bâtiment
Colas, implantée à Chatou,
qui travaille principalement
en Ile-de-France; GTOI,
installée à La Réunion,
qui réalise 50% de son
activité en Bâtiment; et trois
agences Colas, installées
à Mayotte, Djibouti et
Madagascar. «Notre activité
Réhabilitation et Travaux neufs
est en pleine expansion»,
souligne François Alborghetti,
qui dirige à Chatou l’agence
Bâtiment. GTOI, filiale à
100% de Colas, réalise, quant
à elle, l’essentiel de son
chiffre d’affaires Bâtiment
en travaux neufs. «Ces quinze
dernières années, La Réunion
a largement bénéficié de l’effet
de la loi Pons, loi de défiscalisation qui a dopé la construction
de logements sur l’île, note
Marcel Daizé, directeur
général adjoint du Groupe,
en charge de la zone Océan
Indien et Afrique australe.
Aujourd’hui, l’activité
logements est moins importante,
mais le secteur du bâtiment
reste très actif.»
Travaux neufs :
des réalisations
très diverses
Si la moitié de l’activité des
équipes franciliennes porte
sur des travaux neufs, cette
proportion est beaucoup
plus élevée chez GTOI.
«Ils représentent 90% à 95% de
notre activité», estime Marcel
Daizé. En Ile-de-France
comme à La Réunion,
les chantiers de construction
neuve sont très divers :
logements, équipements,
bâtiments administratifs…
GTOI a ainsi réalisé, pour
le compte du Conseil général
de La Réunion, le bâtiment
des Archives départementales,
d’une surface de 10000 m2,
ce qui a nécessité dix-huit
mois de travaux.
Colas a réalisé à Madagascar
le nouveau lycée français
de Tananarive, destiné
à accueillir 1200 élèves
et, à Mayotte, une maternité
de 70 lits. En Ile-de-France,
l’agence Bâtiment vient
de démarrer l’extension de
la sous-préfecture du Raincy;
par ailleurs, elle termine
le Conservatoire de
➤
ROUTES numéro 11
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52
TÉMOIGNAGE
«Le plus important, c’est la préparation»
Jean-Claude Viollet,
conducteur
de travaux
«Mon métier ? Gérer
les chantiers, au plan
financier, mais aussi
au plan relationnel.
Actuellement, je termine un
chantier de logements
à Montrouge dont
la livraison est prévue
pour la mi-décembre.
Il s’agit d’un programme de
67 logements, d’un montant de 31 millions
de francs. Pendant
la phase de gros œuvre,
25 compagnons de l’agence
Bâtiment y ont travaillé.
Pour moi, la phase la plus
importante est la préparation.» Pour avoir l’esprit
le plus libre possible
quand le chantier
démarre, il faut une
bonne préparation
d’au moins un mois.
«Si l’analyse du dossier est
bien faite, on a le chantier
dans l’œil dès la première
lecture ; ensuite, on fait
du travail de qualité.
Mais nous ne sommes
pas seulement des gestionnaires. Il nous faut aussi
animer les équipes.»
Pendant la phase
de gros œuvre, avec
des collaborateurs
Colas, c’est relativement
simple. Les choses
se compliquent lorsque
les différents corps d’état
commencent à intervenir.
«Chacun a tendance
à travailler dans son coin.
C’est à moi d’assurer
la coordination de
l’ensemble des entreprises.
En définitive, c’est
le facteur humain qui
est le plus difficile à gérer.»
La Réunion
s’est construite
il y a 30 ans.
Aujourd’hui
commence
la phase de
réhabilitation.
➤ musique de L’Isle-Adam,
ainsi qu’un gymnase à
Châtillon. L’agence travaille
également pour le Groupe :
après avoir réalisé les laboratoires de recherche de Magnyles-Hameaux, elle s’est vu
confier l’extension du siège
social à Boulogne.
«Aujourd’hui, nous ciblons des
opérations de 20 à 100 millions
de francs», explique François
Alborghetti. «Nous travaillons
à 40% pour le public et à 60%
pour le privé, ajoute Bernard
Bondy, responsable de l’activité Travaux neufs à l’agence
Bâtiment.
Les logements représentent 40%
de notre chiffre d’affaires, mais
notre objectif, à terme, est
d’en faire moins. En effet, même
si ces chantiers restent une
très bonne école et constituent
toujours pour nous une sorte
de fonds de commerce, ils sont
moins rentables.»
La réhabilitation,
une vraie spécialité
A La Réunion, GTOI traite
encore assez peu de réhabilitation. «La Réunion s’est
ROUTES numéro 11
PILOTAGE
Dossier
construite il y a trente ans.
La rénovation de tout ce qui a
été bâti commence aujourd’hui
à être d’actualité, explique
Marcel Daizé. Mais nous
entrons à peine sur ce marché,
qui représente une part très
faible de notre activité.» En
revanche, à l’agence Bâtiment
de Colas Ile-de-France, cette
activité, peu importante
jusqu’à la fin des années 80,
s’est développée avec
le regroupement, dans une
structure unique, de trois
entités : Colas Réhabilitation,
Cayette et Dony, et Sylvain
Joyeux Bâtiment. Aujourd’hui, cette structure réalise
aussi près de 6% de son
chiffre d’affaires dans
le secteur du désamiantage.
Pour le reste, la moyenne
des opérations se situe autour
de 7 à 8 millions de francs,
avec des chantiers pouvant
atteindre 40 millions
de francs. «Les chantiers que
nous traitons sont extrêmement
variés, explique Marco
Formichella, responsable
de cette activité. Ils vont
des logements en milieu
occupé aux réaménagements
de bureaux, en passant par des
équipements tels que les crèches,
piscines, hôpitaux ou maisons
de retraite.» Parmi ses réalisations récentes, on peut citer
la réhabilitation d’une
tranche de logements
de la cité Pierre et Marie
Curie d’Ivry, la réhabilitation
du bâtiment des services
sociaux de la gare d’Austerlitz,
ou encore la restructuration
d’un bâtiment HLM
à Arcueil, pour un montant
de 28 millions de francs. Les
interventions sont également
très variées. Dans le cas
de bureaux, par exemple, la
réhabilitation peut concerner
aussi bien des immeubles
complets, libres de tout occupant, qui seront réhabi- ➤
Les chantiers
de réhabilitation
de bâtiments
sont très
différents les
uns des autres.
TÉMOIGNAGE
«Je préfère travailler sur un chantier de réhabilitation»
Philippe Jeandat,
conducteur
de travaux
«Je travaille en ce
moment sur deux chantiers. Le premier, qui
se termine, concerne
un marché couvert à
Bezons. Nous sommes
intervenus sur une
surface de 4 000 m2,
en rez-de-chaussée
d’un bâtiment qui date
des années 60 et dans
lequel nous avons tout
cassé et tout refait.
Afin que le marché reste
ouvert pendant les huit
mois qu’a duré le chantier, nous l’avons divisé
en deux zones et nous
avons regroupé tous les
marchands dans une
seule zone. Ce qui est
difficile dans ce métier,
c’est de gérer la relation
avec usagers et occupants.
L’autre spécificité,
c’est que nous travaillons
sur des bâtiments qui
réservent des surprises.
On travaille sur les plans
d’origine, quand ils existent, mais ceux-ci sont
souvent inexploitables.
L’autre chantier que
je gère en ce moment,
un bâtiment de l’Ecole
supérieure de physique
et de chimie, dans
le 5e arrondissement de
Paris, est un bon exemple.
C’est une construction
des années 20 ou 30,
et nous n’avons aucun
plan. Même si le bureau
d’études a prévu 80%
à 90% des problèmes,
nous aurons sans doute
des surprises avec les
structures et les fondations. Cela dit, je préfère
travailler en réhabilitation. C’est moins
“industriel” que le neuf,
on intervient dans des
bâtiments très différents,
avec davantage
d’initiative et de marge
de manœuvre que sur
un chantier classique.»
ROUTES numéro 11
53
54
➤
Le discours de la méthode
Dans l’Océan Indien,
le service Méthodes, basé
chez GTOI à La Réunion,
travaille sur toutes
les affaires traitées
dans la zone. Dès qu’un
appel d’offres est lancé,
les ingénieurs structures
de chaque entité
«décortiquent» le cahier
des charges pour valider
le dimensionnement
du futur projet. Si l’affaire
est remportée, le chantier
ne démarrera pas tant
que le service Méthodes
n’aura pas défini, dans
ses moindres détails,
la méthodologie
d’exécution du chantier,
y compris de chaque
voile de béton à couler,
ROUTES numéro 11
ou de chaque plancher.
«Aujourd’hui, nous pouvons nous attaquer
à n’importe quel ouvrage
et proposer des solutions
à la fois intelligentes et
économiques à nos clients»,
explique Marcel Daizé.
En métropole, à l’agence
Bâtiment Ile-de-France,
ce service n’existe pas.
Ce sont les conducteurs
de travaux qui prennent
directement le relais du
bureau d’études pour
définir la méthodologie
d’exécution des
chantiers dont ils ont
la charge. L’échange
d’expériences et d’expertises sur ce sujet est
donc à l’ordre du jour.
Les chantiers
de construction
durent jusqu’à
deux ans,
avec un an
de préparation
en amont
du chantier.
lités plateau par plateau,
que des immeubles occupés,
où il faudra alors réaliser une
opération «en tiroirs», avec
déménagement successif
des différents plateaux.
Très délicates également,
les opérations affectant des
immeubles de logements.
«Nous avons presque un rôle
social, estime Marco Formichella. L’opération est réussie
quand le conducteur de travaux
parvient à faire partie de la vie
du quartier ou de la ville.» Les
conditions de travail peuvent
être parfois vraiment difficiles,
comme sur ce chantier de
réhabilitation et d’extension
d’un centre de loisirs au
Blanc-Mesnil. «Le projet
de réhabilitation prévoyait
l’installation d’une antenne de
police; cela a suscité l’hostilité
d’une partie des habitants,
explique Marco Formichella.
Le chantier a fait l’objet d’actes
de malveillance et a subi des
dégradations; il a dû être mis
sous surveillance permanente.»
«Notre métier présente quelques
similitudes avec celui de
la route, mais aussi un certain
nombre de différences, conclut
Bernard Bondy. Comme dans
les métiers de la route,
l’approche commerciale repose
largement sur le relationnel et,
PILOTAGE
Dossier
pendant les chantiers, la gestion
des hommes est essentielle. Mais
nous, dans le Bâtiment, nous
travaillons sur un rythme différent, avec des cycles plus longs.
La préparation commerciale
d’une affaire peut prendre un
an, et quand nous nous installons sur un chantier, c’est pour
longtemps. Les projets les plus
courts durent douze mois environ, les plus longs peuvent
aller jusqu’à vingt-quatre mois.»
Même s’ils pratiquent un
métier à part, les hommes
du Bâtiment ressentent
pleinement leur appartenance au Groupe. «Le nom
de Colas et le soutien
d’une entreprise puissante
restent des arguments forts
face à la concurrence»,
rappelle François Alborghetti.
Les équipes
ont un rôle
social sur les
chantiers de
réhabilitation
de logements.
SYNERGIES
Dialogue entre la France et La Réunion
Entre les équipes franciliennes et celles de
La Réunion, les échanges,
rares jusqu’ici, ont
commencé à s’intensifier
à la fin de l’année 2000.
François Alborghetti
s’est rendu à La Réunion,
et Philippe Raffin, directeur technique Bâtiment
Génie civil de la zone
Océan Indien, est venu
à Chatou. «Je connaissais
peu GTOI, indique
Bernard Bondy. En dialoguant, je me suis rendu
compte que nous faisions
exactement le même
métier.» Les deux entités
ont donc commencé
à dialoguer autour
de synergies possibles.
«Nous avons mis en place
chez nous un logiciel
d’études de prix
que nous ont conseillé
les équipes de GTOI»,
explique Bernard Bondy.
ROUTES numéro 11
55
TRAJECTOIRES
56
Elle est secrétaire
de direction,
il est chef de
carrière, il est
animateur sécurité,
elle est assistante
ressources humaines,
il est directeur
de travaux,
il est coordinateur
prévention
santé-sécurité…
Tous réinventent
chaque jour leur
métier et emmènent
Colas au bout de
ses projets. Portraits.
ROUTES numéro 5
TRAJECTOIRES
Un ancien géomètre excelle
sur les chantiers
Bernard Thirionnet,
conducteur de travaux,
France
52 ans, Bernard
Thirionnet
ne compte
pas moins de vingthuit ans d’expérience
chez Screg. Il débute
en tant que géomètre
et travaille alors
à la construction
du quartier résidentiel
Chevry II de Gifsur-Yvette, en région
parisienne.
«J’appréciais d’être
en extérieur, cela me
changeait du travail
en cabinet», explique
Bernard.
Au bout de dix ans,
il a la possibilité
de devenir conducteur
de travaux sur des
chantiers d’enrobés.
Il saisit cette occasion
pour acquérir d’autres
compétences sur
le terrain.
Ce nouveau métier
A
«Même si le
matériel et les
techniques ont
beaucoup changé,
nous sommes
toujours autant
tributaires
de la météo.»
nécessite d’excellentes
qualités techniques,
ainsi que de la rigueur
dans la gestion
économique et la tenue
des délais. Selon
Bernard, «le relationnel
et la proximité sont
très importants,
que ce soit avec
les chefs de chantiers,
les compagnons,
ou les clients».
Il se souvient :
«Mon premier chantier,
25 km sur la RN 6 entre
Joigny et Auxerre, m’a fait
passer quelques nuits
blanches car, le travail
s’effectuant de nuit,
j’assurais également
la responsabilité
de la signalisation
du chantier. La sécurité
est une priorité sur
un chantier !»
Actuellement, Bernard
termine le gros chantier
de renforcement
de l’autoroute A6
entre Evry et ChillyMazarin. «Même si
la technique et
le matériel ont changé,
nous permettant d’aller
plus vite, nous sommes
toujours autant tributaires
de la météo.»
Les différents aspects
de la gestion du matériel
à grande échelle
l’attirent. Il pourrait,
pourquoi pas, développer
cette compétence
dans l’avenir.
France
ROUTES numéro 11
57
58
L’homme sécurité des chantiers
Lionel Auneau,
animateur sécurité,
France
ssistant du
responsable
régional des
ressources humaines,
Lionel Auneau, diplômé
d’hygiène sécurité, assure
l’animation sécurité
pour la région Ouest/
Sud-Ouest chez Smac
Acieroïd.
Entré dans l’entreprise
en 1991 pour préparer
un diplôme en
management des risques
technologiques, Lionel est
embauché pour prendre
en charge la prévention
A
France
santé. De Brest à Nîmes,
ses missions vont du
conseil à la formation
et des visites de chantier
aux réunions d’information
et de sensibilisation.
En effet, qu’il s’agisse
d’un chantier d’étanchéité,
de couverture ou
de bardage industriel,
les risques ne manquent
pas, mais ils ne sont pas
de même nature. Depuis
un an et demi, Lionel
coordonne 27 animateurs
sécurité d’établissements.
Déléguant son savoirfaire, il se contente
désormais d’un «lien
fonctionnel et non
hiérarchique. Mon rôle est
de conseiller et d’optimiser
la prévention». Notes,
procédures, e-mails,
bulletins mensuels,
tous les moyens sont bons
pour améliorer la sécurité.
«S’il y a moins d’accidents,
c’est bien grâce à
l’implication des équipes
sur le terrain, relève-t-il,
modeste. Nous servons
juste à catalyser, prévenir
et former.» Des projets ?
A 31 ans, ce Charentais
d’origine souhaite
renforcer son efficacité
en matière de sécurité
et développer
ses connaissances
en matière de RH.
Au service des expatriés et de leur
Françoise Cattanéo,
assistante ressources
humaines, direction
internationale, France
es ressources
humaines, Françoise
Cattanéo connaît
bien. Tombée dedans
L
France
ROUTES numéro 11
en 1976, elle n’a jamais
quitté son secteur
de prédilection depuis.
«Je suis entrée chez Colas
en tant que secrétaire
au service gestion
et relations sociales
de la DRH. C’est
en 1989 que j’ai accédé
au poste d’assistante
ressources humaines
pour l’international
que j’occupe encore
aujourd’hui…» Un poste
très complet, qui allie
les tâches administratives
et les contacts humains.
Françoise s’occupe des
collaborateurs expatriés
du Groupe, ainsi
que de leur famille :
formalités, voyages,
rédaction des contrats,
suivi de la paie,
prévoyance, assistance
téléphonique aux
familles. Il faut tout
prévoir ! «Ces activités
forment un tout
et restent indissociables,
TRAJECTOIRES
59
Vivre l’époque des grands changements
Janis Austrins,
directeur, Lettonie
n beau jour
de 1963, Janis
Austrins quitte
l’école. Pour lui, pas
question de travailler
toute sa vie derrière
un bureau. Sans hésiter,
il décide qu’il construira
des routes et, pour ce
faire, entame ses études
à l’université. Son
premier emploi le conduit
loin de la capitale et
de ses plaisirs. «La liberté
avant tout !», affirme
Janis. Après sept ans
de terrain, il évolue vers
le métier de responsable
U
Lettonie
du planning et de
la qualité. Il aborde alors
l’aspect économique
du métier, ce qui se révèle
aujourd’hui très utile.
En effet, depuis 1991,
son pays a bien changé.
De nouvelles opportunités se présentent, et
l’économie se développe
fortement. Pendant six
ans, il travaille dans une
société publique rachetée
par des fonds privés.
C’est le temps des grands
changements. «Nous
avons découvert que
nos anciennes façons
de travailler et de conduire
les affaires étaient dépassées.
Nous avons dû tout
réapprendre et inventer de
nouvelles voies.» Il rejoint
alors SIA Union Asphalt
Technik, filiale du Groupe
en Lettonie. «Un vrai pari :
nous devons nous imposer
sur un marché très concur-
rentiel. Mais notre force,
c’est de constituer une très
bonne équipe : des gens
jeunes, motivés, loin
de la routine et des
traditions.» Dans une
économie jeune de dix
ans, tout reste à construire : de nouvelles règles
se forgent, une nouvelle
culture s’impose.
«Dans ce renouveau, chacun
peut poser sa pierre.»
Bonne chance, Janis…
famille à l’autre bout du monde
pour que les expatriés
soient toujours bien suivis,
même au bout du monde.
Et tout cela, sans bouger
de mon bureau ! expliquet-elle. Et c’est ce qui
me plaît, cette variété
et cette complémentarité.»
Le métier de Françoise
requiert des qualités
indispensables :
discrétion, rigueur,
sens du service
et de l’organisation
et, surtout, écoute…
«Gérer des dossiers
d’expatriation, c’est aussi
accompagner des familles
dans un moment important
de leur vie. Et, de retour
en métropole, certaines
gardent le contact avec
moi, c’est très gratifiant !»
«Gérer des dossiers d’expatriation,
c’est accompagner des familles dans
un moment important de leur vie.»
ROUTES numéro 11
60
Sécurité et santé sont ses mots-clés
Michel Cloutier,
coordinateur
prévention santésécurité, Canada
‘était il y a un an.
«Après avoir passé
vingt-neuf ans dans
les services administratifs du
Groupe, j’ai saisi l’occasion
qui se présentait de changer
complètement de fonction.
La direction venait, en effet,
de créer le poste de coordinateur prévention. Objectif :
développer l’aspect santé
et sécurité dans l’entreprise.
Tout est à bâtir et à
structurer. Ce sont des
préoccupations vraiment
importantes.» Michel
effectue des visites de
chantier pour vérifier
que les collaborateurs
travaillent dans de bonnes
conditions de sécurité.
Il les conseille aussi.
En quelques mois,
C
«Je me définis
un peu
comme un
missionnaire,
en matière de
prévention.»
Canada
plusieurs projets ont
été mis en place.
Ainsi, Michel a contribué
à la création d’un livret
pour les employés
et les superviseurs, qui
rappelle les règles de
sécurité et la philosophie
de l’entreprise sur ce sujet.
Par ailleurs, au printemps
dernier, la «Semaine
sécurité» a été lancée
afin de sensibiliser
encore davantage
les collaborateurs.
«Mon travail sur le terrain
me plaît beaucoup,
affirme Michel Cloutier.
Je me définis un peu
comme un missionnaire!»
Quand il n’est pas
sur les chantiers, Michel
se trouve dans son jardin.
«J’ai un grand terrain qui
me permet d’évacuer mon
stress et un environnement
qui invite à la réflexion.»
La vie à la Colas selon Marcelle
Marcelle Drepoba,
secrétaire de direction,
Côte d’Ivoire
arcelle a
commencé
sa vie Colas
en 1979 par un stage
à la Société Routière Colas
M
Côte d’Ivoire
ROUTES numéro 11
de la Côte d’Ivoire,
après deux ans d’études
à l’école de secrétariat
d’Abidjan. Elle travaille
depuis auprès
du directeur régional
de l’Afrique de l’Ouest.
Marcelle est la mémoire
vivante de la Colas ;
elle voit tout et sait tout.
Elle reçoit et distribue
le courrier de tous, ce qui
lui donne une autorité
sans partage qu’elle
exerce fraternellement.
Serviable, dynamique,
elle rend service à tous et
materne les plus jeunes.
Elle prend également en
charge l’organisation des
déplacements des uns et
des autres… Il lui arrive
même de négocier avec
la police pour obtenir
la libération d’un
collaborateur arrêté lors
d’un contrôle routier !
Depuis plus de vingt
ans, Marcelle a connu
les joies, les difficultés
mais aussi les drames
de l’entreprise : «Je suis
TRAJECTOIRES
La maîtrise du rail
Alain Borios,
directeur de travaux,
France
l a la voix rocailleuse
caractéristique de
l’Aude, son pays natal,
une terre balayée par
les vents où l’on a les
pieds sur terre. A 54 ans,
viticulteur à ses heures
et diplômé de la faculté
des sciences de Toulouse,
Alain Borios a derrière
lui plus de trente ans de
carrière chez Seco-Rail.
Entré en 1970 comme
comptable de chantier,
il en est aujourd’hui directeur de travaux. «Le poste
I
France
vraiment très attachée
à mon travail. J’ai connu
trois directeurs, des
moments de crise en 1983,
et une peine immense
il y a deux ans, lors
de la disparition brutale
de Stefan Pancrazi. Mais
je suis très fière de faire
partie de la grande famille
Colas.» Rien ne prédestinait
Marcelle à devenir
secrétaire de direction
d’une entreprise
étrangère. Née à Bahouan,
au centre-ouest de la
de comptable m’a donné une
ouverture sur le métier. J’ai
appris à gérer les hommes et
j’ai découvert les aspects techniques du métier. Ensuite,
chaque étape de ma vie professionnelle, aide-conducteur
de travaux puis conducteur
de travaux avant de devenir
directeur, a été un enseignement : grimper des échelons
permet de connaître,
d’apprendre toutes les facettes
du métier et d’avoir une
crédibilité certaine, vis-à-vis
tant de mes clients que de
mes collaborateurs et agents.»
De fait, Alain pilote
260 personnes. Une équipe
mobile qui se déplace
sans cesse à travers toute
la France pour entretenir,
section par section, ballasts
et voies ferrées. Le travail,
de jour ou de nuit, s’effectue dans des conditions
difficiles et suppose une
logistique lourde et une
organisation minutieuse.
Sa mission : programmer
les chantiers dix-huit mois
à l’avance, organiser leur
logistique, en contrôler
les différentes étapes.
Un métier de passion
qui exige une grande
disponibilité, un sacré
professionnalisme et un
sens des responsabilités
de chaque instant.
La sécurité des hommes
en dépend autant que la
bonne marche des chantiers.
Côte d’Ivoire, elle a
la lourde responsabilité
d’aider sa famille,
composée de 36 frères et
sœurs, restés au village :
«Je suis la seule à travailler,
je dois donc représenter
ma famille ; c’est important
pour nous en Afrique.»
Son avenir, Marcelle le
voit toujours chez Colas,
mais elle s’imagine bien,
dans très longtemps,
tenir un petit commerce,
«pour faire mes petites
affaires, tranquillement…».
ROUTES numéro 11
61
62
Toute une vie dans la pierre
Pierre Le Lorec,
chef de carrière,
France
llier sa vie
professionnelle
et sa passion
personnelle pour
l’univers des minéraux,
c’est tout le talent
de Pierre Le Lorec,
chef de la carrière Seca
(Sacer Atlantique). Entré
il y a plus de trente-trois
ans comme soudeur
sur le site de Saint-Avé,
près de Vannes,
ce pur Breton de 55 ans
est devenu responsable
matériel, avant
de prendre en 1983
la responsabilité de
l’ensemble de la carrière,
qui regroupe une
trentaine de personnes,
en incluant les 19 carriers
chargés d’extraire
la mylonite, une roche
granitique transformée
en granulats utilisés
A
France
ROUTES numéro 11
dans le BTP. «Nous
extrayons 5 000 tonnes
par jour. Minage, forage,
concassage…, c’est
un métier de terrain
où la maîtrise
de l’environnement est
fondamentale. Une usine
de traitement intégrée
au site permet ensuite
la fabrication des sables,
gravillons et pierres
cassées, dont la qualité
est en permanence
contrôlée par un laborantin.»
Gestionnaire de tous
les aspects techniques,
matériels et humains,
Pierre est un homme
comblé, heureux
d’exercer, dans sa région
d’origine, une activité
de plein air, au sein
d’une équipe soudée.
D’autant plus qu’il est,
depuis toujours,
collectionneur passionné
de minéraux et a
rassemblé plusieurs
milliers de pierres en
provenance des quatre
coins du monde.
Cristaux, roses des
sables, géodes, zéolites
des Indes, azurites…,
les pierres n’ont plus
de secret pour lui
et sa collection fait
l’admiration de tous,
ne cessant de s’enrichir
de pièces rares au fil
des voyages et des
rencontres. Ayant acquis
en autodidacte quelques
connaissances en
géologie, Pierre est bel
et bien devenu un expert
ès minéraux, un professionnel de la pierre
sous toutes ses facettes.
TRAJECTOIRES
«Mon credo : aider les autres»
Alain Raux,
compagnon,
tuteur, France
a pâtisserie, ça
n’était pas pour
moi. Le bâtiment
m’attirait davantage, je
voulais travailler dehors
et au sein d’une équipe»,
confie Alain Raux. Qu’à
cela ne tienne : en 1990,
Alain oublie son CAP
de pâtissier et apprend
la maçonnerie pendant
un an. Puis il entre chez
Demay où, épaulé par
son supérieur hiérarchique,
il apprend et évolue…
En 2000, il entre même
dans l’ordre des
compagnons du Ruban
vert. L’ouvrier qualifié
qu’il est alors devenu
s’initie au travail de chef
d’équipe. Il finira par
être à la tête d’un groupe
de quatre personnes.
Aujourd’hui, à trente-six
ans, il intègre les
«enrobés» au sein
de Screg Ile-de-FranceNormandie, avec pour
objectif d’être nommé
chef d’équipe. «Le travail
me plaît, je suis heureux»,
reconnaît modestement
Alain qui sait, pour avoir
connu, enfant, l’Assistance
publique, que le bonheur
est précieux et fragile.
L
«
«J’espère bien pouvoir
poursuivre ma carrière,
et évoluer, pourquoi
pas en Guadeloupe,
d’ici cinq ou six ans.»
Pour l’heure, lui, qui
a reçu aide et compréhension, rend la pareille
aux jeunes recrues, qui
trouvent en lui un tuteur
attentionné. «J’aime
donner un coup de main
aux jeunes, leur apprendre
les bases du métier et
les aider à s’intégrer dans
une équipe», se passionne
Alain. Il faut dire que
les jeunes, il les connaît.
A Meaux, où il travaille
et vit avec sa femme
et ses deux enfants
(bientôt trois !), ce «gars
du bâtiment» dynamique
en diable encadre
une équipe de football.
Sur le terrain, la règle
est la même : «Il faut
savoir accueillir les uns
et les autres, les écouter,
comprendre ce qu’ils
veulent. Et puis, il faut
voir les choses de manière
positive. Si on est négatif,
on n’avance pas.»
Etre constructif,
quand on travaille
dans la construction,
cela s’impose, non ?
«J’aime donner un coup de main
aux jeunes, leur apprendre
le métier et les aider à s’intégrer
dans une équipe.»
France
ROUTES numéro 11
63
RENCONTRES
64
Louis Schweitzer,
un patron qui voit loin
Protection de l’environnement, recyclage des véhicules,
innovations technologiques : Louis Schweitzer, P-dg
de Renault, dévoile ce que sera la voiture de demain.
La voiture, symbole de liberté, et
à travers elle, la route, font l’objet
d’attaques parfois virulentes. Comment
expliquez-vous cet acharnement ?
Je ne pense pas qu’il faille parler d’acharnement.
Mais vous avez raison, certains posent la question
du «politiquement correct» de l’automobile. La
voiture est, certes, un outil de déplacement indiROUTES numéro 11
viduel, mais, au-delà, c’est aussi un objet de liberté. Et la liberté est l’un des fondements de nos
sociétés démocratiques. L’automobile, instrument de liberté, doit faire l’objet d’évolutions
constantes afin de réduire les nuisances qu’elle
occasionne. Je veux évoquer les émissions polluantes, le bruit, les problèmes de circulation, les
infrastructures parfois inadaptées, et, évidem-
RENCONTRES
ment, les comportements au volant qui engendrent une insécurité routière que nous déplorons
tous. En tant que constructeur automobile,
Renault travaille à réduire ces nuisances, en particulier dans le domaine de la sécurité active et passive. La responsabilité de la gestion des nuisances
doit être partagée entre tous les acteurs : constructeurs, pouvoirs publics et consommateurs.
Comment la voiture de demain préserverat-elle l’environnement ? Où en est
la recherche au niveau du recyclage
des véhicules ?
Ce n’est pas seulement la voiture de demain qui
préservera l’environnement, mais celle que nous
proposons déjà aujourd’hui à nos clients. Le développement de systèmes sophistiqués de
dépollution et de nouvelles technologies pour
les moteurs thermiques a permis de réduire très
fortement les émissions polluantes. Les progrès
effectués dans le domaine de la consommation
favorisent la diminution des émissions de CO2.
Les voitures respectent également des normes de
bruit extérieur toujours plus sévères. Sur nos derniers modèles, par exemple, on observe une diminution de moitié des niveaux exigés par la
norme actuelle, elle-même déjà réduite.
J’ajouterai que le recyclage est, lui aussi, une réalité. Nos voitures sont recyclables à hauteur de
90% de leur masse, avec des filières de revalorisation mises en place depuis plusieurs années
maintenant. Demain, pour la période 20052010, nous nous attaquerons aux défis de l’allégement, pour toujours moins consommer, et du
développement économiquement viable des
énergies nouvelles, comme l’hybridation ou la
pile à combustible.
L’Internet embarqué dans les véhicules :
est-ce un gadget ?
Renault a été dans les années 90, en Europe, un
acteur majeur de développement des systèmes de
navigation GPS embarqués, maintenant complétés d’informations sur le trafic. Ce que nous appelons la télématique embarquée est donc un domaine que nous connaissons bien. Aujourd’hui,
les possibilités de communication de la voiture
avec l’extérieur sont décuplées avec les nouvelles
technologies comme Internet et les futurs protocoles de communication comme l’UMTS. Je reste
néanmoins persuadé que ce n’est pas le premier
arrivé sur le marché qui l’emportera. Il faut rechercher à mon sens un développement intelligent et réaliste de tous ces systèmes : proposer les
services dont le client a réellement besoin et au
PARCOURS
Licencié
en droit,
diplômé de l’IEP
Paris, élève de
l’ENA
1981-1983
Directeur
du cabinet
du ministre
du Budget
1983-1984
Directeur
du cabinet
du ministre
de l’Industrie
et de la
Recherche, puis
à Matignon
(1986)
1986
Entré à la régie
Renault
1992
Présidentdirecteur
général de
Renault SA
meilleur coût, développer des interfaces
d’usage simple et rapide, identifier les standards, les technologies pérennes et les bons
partenaires sur les différents marchés automobiles internationaux, et, surtout, rendre
tout cela compatible avec la conduite d’une
voiture. En particulier, tant que la commande
vocale ne sera pas au point, la question de
l’ergonomie pour le conducteur restera un
sujet critique. Il reste de nombreuses difficultés et, aujourd’hui, aucun constructeur n’a encore trouvé la recette. Mais nous y travaillons.
Comment s’élabore la politique de
renouvellement de la gamme Renault ?
Le marché automobile est relativement segmenté et nous étudions en permanence l’évolution des attentes des clients sur les différents
marchés et les différents segments. Le cycle de
vie d’un modèle est, en Europe par exemple,
de six à sept ans. Ce sont ces deux données
de base qui permettent de déterminer une politique de développement produits en introduisant, naturellement, la souplesse nécessaire pour s’adapter à des univers concurrentiels
ou des demandes clients qui évoluent. Ainsi,
même sur des segments de marché établis,
nous cherchons à apporter des réponses nouvelles, inédites et innovantes. Twingo en fut
une sur le segment des petites voitures économiques que l’on disait moribond et non rentable. Vel Satis et Avantime en sont deux
autres sur le segment haut de gamme, pourtant réputé très conformiste et traditionnel.
Renault est Renault car il a défriché de nouveaux segments automobiles, à l’exemple de
celui des monospaces avec Espace et Scénic.
Renault a un avantage concurrentiel majeur
dans sa capacité à anticiper et à innover.
En Formule 1, qu’attendez-vous
du retour d’une écurie 100% Renault ?
L’engagement de Renault en Formule 1 accompagne le déploiement international de
l’entreprise, en termes de notoriété et d’image.
Les grands prix de Formule 1 drainent
quelque 30 milliards de téléspectateurs en audience cumulée sur l’ensemble d’une saison.
Cette discipline phare des sports mécaniques
est porteuse d’une image d’excellence technologique dans les pays où Renault est déjà présent. Elle devrait aussi contribuer dans le futur
à accroître la notoriété de la marque sur les
marchés internationaux où Renault a l’intention de se développer.
ROUTES numéro 11
65
66
INTERVIEW
Claude Martinand : nous voulons
construire l’Europe des transports
Avec l’inauguration de la ligne du TGV Méditerranée
en juin, Réseau Ferré de France construit l’avenir
du réseau ferroviaire français. Claude Martinand,
président de Réseau Ferré de France, présente
les projets en cours où développement économique
et équité territoriale trouvent leur place.
ROUTES numéro 11
RENCONTRES
L
a nouvelle ligne à grande
vitesse Méditerranée (ValenceMarseille) a été inaugurée
le 7 juin dernier. Quel a été
le rôle de Réseau Ferré de France (RFF)
dans la construction de cette ligne ?
RFF en a exercé la maîtrise d’ouvrage, en maintenant le dispositif qui avait été mis en place
avant sa création, puisqu’il n’a été opérationnel
qu’en 1997, alors que la construction des ouvrages d’art battait déjà son plein. Mais si le
projet n’a pas été sensiblement modifié, le niveau d’exigence a sans doute été renforcé, dans
la mesure où RFF a mis en place un dispositif
de reporting plus fin.
Serez-vous également maître d’ouvrage
des futures LGV ?
Pour ces nouvelles lignes, nous assumerons
une maîtrise d’ouvrage directe, contrairement à
la LGV méditerranéenne, où nous avons délégué cette fonction à la SNCF. C’est déjà le cas
pour la LGV est-européenne, où par ailleurs
nous avons mis en compétition la maîtrise
d’œuvre pour le génie civil. Nous avons quatre
maîtres d’œuvre, dont la SNCF. Pour l’équipement ferroviaire, en l’état actuel des compétences, l’offre de la SNCF reste de loin la
meilleure.
Cela sera-t-il toujours le cas à l’avenir ?
Ce n’est pas sûr. D’autres opérateurs européens
construisent des lignes de chemin de fer à grande vitesse et peuvent devenir compétitifs.
Quelle sera votre valeur ajoutée lorsque
vous assurerez la maîtrise d’ouvrage ?
Je pense que la séparation maîtrise d’ouvrage/
maîtrise d’œuvre est essentielle car elle oblige à
dissocier les responsabilités, à les clarifier, à
préciser le rôle de chacun, à être beaucoup plus
rigoureux dans la rédaction des cahiers des
charges et à engager la responsabilité du maître
d’ouvrage dans les décisions. Ensuite, l’apport
de différentes expertises est un gage de pluralisme. La démarche suivie est donc une garantie
de qualité. Enfin, l’inversion du mode de financement implique de rendre des comptes à
des cofinanceurs qui seront extrêmement exigeants sur les décisions prises, sur le reporting
et l’information qui leur sera donnée.
Sur les autres projets de développement du
réseau, quelles sont les priorités de RFF?
Nous avons essayé de mettre fin à la politique
du tout-TGV. Pour nous, la priorité absolue réside dans le maintien des performances du patrimoine existant. Si nous ne le faisons pas, cela
peut se retourner contre nous dans les années à
venir. C’est ce qui se passe actuellement en
Grande-Bretagne. Ensuite, nous souhaitons
désaturer les tronçons qui sont des goulets
d’étranglement du réseau classique, pour favoriser un développement harmonieux du fret,
des grandes lignes et des TER. Ces opérations
sont largement inscrites dans les contrats de
plan. RFF n’est donc plus le seul à se fixer des
objectifs, dans la mesure où l’Etat et les Régions
sont des cofinanceurs importants. La contribution financière de RFF est minoritaire. C’est
donc avant tout par notre dynamisme, nos propositions et de bons dossiers que nous arrivons
à progresser.
Le rapport Rouvillois, en 1996, a tiré des conclusions alarmantes quant à la poursuite de la réalisation du réseau de lignes nouvelles en soulignant l’impasse financière. Mais dans l’attente
de la réforme, il n’a pas fait de propositions. De
notre côté, nous avons proposé la poursuite du
schéma directeur à un rythme plus modéré,
tout en débloquant le dossier de la LGV est-européenne. Nous voulons le meilleur projet
pour le meilleur coût, ce qui signifie que nous
recherchons toutes les économies possibles à
partir du moment où les grandes fonctionnalités du projet sont sauvegardées.
Quels sont les projets qui sont à l’ordre
du jour pour RFF ?
Actuellement, au-delà de la LGV est-européenne, nous étudions cinq projets de lignes nouvelles en parallèle : Rhin-Rhône, branches est
et sud ; Lyon-Chambéry et le début de la partie
française du Lyon-Turin ; Nîmes-Montpellier et
Perpignan-Figueras, et les prolongements des
LGV Aquitaine et Bretagne-Pays de Loire. Les
seules priorités que nous devons prendre en
compte concernent les engagements internationaux du réseau transeuropéen.
D’autres lignes étaient prévues, que nous avons
abandonnées. Il s’agissait de Paris-OrléansROUTES numéro 11
67
68
Limoges, Paris-Clermont-Ferrand, Paris-Rouen
et Bordeaux-Toulouse-Narbonne. Nous avons
proposé à la place des projets adaptés, parfois
avec du matériel roulant pendulaire. C’est le cas
de Paris-Orléans-Limoges-Toulouse ou ParisClermont-Ferrand.
Par ailleurs, nous avons envisagé des solutions
audacieuses, comme pour la liaison NormandieVal de Seine, où nous suggérons des liaisons
pouvant à la fois servir pour les grandes lignes
et rentrer dans Eole. Ces trains déboucheraient
vers le projet Charles-de-Gaulle Express, une
ligne dédiée à la desserte de Roissy en une
moyenne de vingt minutes et avec un enregistrement des bagages à la gare de l’Est.
Pensez-vous que ces projets risquent
de rencontrer des oppositions
locales, comme en son temps la LGV
Méditerranée ?
Nous ne sommes pas dans la même situation
que la SNCF. Auparavant, tous les décideurs locaux pouvaient soutenir les contestataires des
projets ferroviaires. Aujourd’hui, c’est fini, à
cause du cofinancement. En outre, nous ne
sommes plus dans la position de vouloir mettre
en œuvre un projet à tout prix. Nous sommes
le maître d’ouvrage et réalisons l’ouvrage avec
le financement d’autres acteurs. Cela marque
plus clairement l’utilité du projet. Les contestataires auront donc plus de mal à agir. Le jeu est
complètement différent d’avant. Le problème
n’est plus celui du financement par l’endette-
LE RECYCLAGE
DU BALLAST
DES VOIES FERRÉES
Depuis quelques années,
RFF s’oriente de plus
en plus vers une politique
de rénovation des voies
de chemin de fer
par le renouvellement
du ballast. RFF voulant
anticiper les obligations
législatives exprimées
en matière de retraitement
ROUTES numéro 11
ment des opérateurs. En outre, l’Etat augmente
sa contribution de manière considérable. C’est
donc lui qui peine le plus à suivre le rythme
d’avancement des dossiers.
Parallèlement, nous organisons des débats publics sur les projets, suivant la procédure de la
loi Barnier. A l’automne, nous en organisons
un à Lyon, conjointement avec le ministère de
l’Equipement, sur le projet de contournement
routier et ferroviaire de Lyon. Ainsi, nous aurons l’occasion de discuter de la complémentarité rail-route. C’est le seul moyen de montrer
que les deux projets sont nécessaires.
Sur quelles bases déterminez-vous
les projets prioritaires ?
Nous n’avons pas de préférence a priori. Nous
effectuons des calculs socio-économiques et de
rentabilité en fonction de méthodes classiques
résultant de directives gouvernementales.
Ensuite, nous ne finançons que la part des
projets ne dégradant pas nos comptes. Pour le
reste, ce sont les pouvoirs publics qui décident.
Nous prenons néanmoins en considération la
question de l’équité territoriale et de l’aménagement du territoire. Nous sommes également
en train de construire l’Europe des transports.
D’ailleurs, on peut noter que le trajet ParisFrancfort est kilométriquement plus court que
le Paris-Marseille alors que le temps de trajet est
de plus de cinq heures. Ainsi, même si elle n’est
pas la plus rentable, la LGV est-européenne a
été privilégiée pour des raisons d’aménagement
des déchets de chantiers
de travaux publics et
de bâtiments, les matériaux
constituant le ballast
sont retraités.
Ecoballast, filiale du groupe
Colas créée en 1997,
est la seule société agréée
par la SNCF pour retraiter
le ballast usagé en France.
Les matériaux proviennent
essentiellement des cinq
régions SNCF limitrophes
de Paris, mais également
des travaux de régénération
de la ligne LGV
Paris-Lyon. Ce retraitement
se déroule en deux phases :
en premier lieu,
le dégarnissage des voies,
puis le retraitement,
qui consiste à cribler
et à reconcasser le vieux
ballast. Au final,
30% à 40% de celui-ci
sont réutilisés.
RENCONTRES
du territoire, incluant la desserte des pays situés à
l’Est de la France. La combinaison entre les deux
critères de rentabilité économique et d’équité territoriale aboutit à faire des choix qui évidemment
n’apparaissent pas rationnels aux yeux de ceux ne
retenant que le critère de rentabilité.
Avec quatre ans d’existence, RFF est
encore relativement jeune. Avez-vous
les idées parfaitement claires sur votre
rôle, vos missions et votre métier ?
Nous avons une certaine vision de nos mis-
SECO-RAIL, BÂTISSEUR
DE CHEMINS DE FER
RFF, en qualité de maître
d’ouvrage, définit les travaux
à réaliser pour l’extension
ou la rénovation du
patrimoine ferré français.
Le groupe Colas est présent
sur ce marché par l’intermédiaire de sa filiale nouvellement acquise, Seco-Rail.
sions et les assumons progressivement avec la
prudence qui s’impose pour que les idées mûrissent. Mais d’autres acteurs n’ont pas nécessairement la même lecture des textes que nous.
En outre, après avoir travaillé à partir des directives de 1991, 1995 et de la loi de 1997, c’est
maintenant le «paquet» ferroviaire 2001 qui
doit être transposé pour 2003. C’est un sujet
difficile. Nous devons être conformes aux textes
européens, mais à la française. Nous inventons
un nouveau métier !
Cette société, spécialisée
dans tous les métiers
de construction ou de
renouvellement des voies,
intervient notamment
chaque année sur plus
de 200 km de voies
pour leur rénovation en
gros entretien (renouvellement total des rails,
des traverses et du ballast).
Le calendrier est défini alors
dix-huit mois à l’avance.
Seco-Rail possède également
une forte expertise pour
la construction de nouvelles
voies, et notamment les
lignes TGV, comme la partie
nord de la nouvelle ligne
Paris-Marseille, ou la future
LGV Est à partir de 2004. Un
vaste chantier en perspective.
ROUTES numéro 11
69
70
EXPOSITION
La Fondation Colas s’expose à l’IRF
A événement exceptionnel, exposition exceptionnelle.
La Fondation Colas a choisi le Congrès mondial de la route
pour exposer les œuvres qu’elle a acquises depuis 1991.
P
our la première fois, la Fondation
Colas a exposé l’intégralité de sa
collection : environ 120 peintures
et quelques sculptures.
Pour organiser cet événement, toute
une logistique a été mise en œuvre.
Il fallait d’abord rassembler les tableaux dispersés aux quatre coins du monde. Ainsi, 27 toiles
ont été rapatriées, en provenance, notamment,
de filiales françaises et américaines. Il a fallu
également répertorier l’ensemble des œuvres
et, pour certaines d’entre elles, les photographier
à nouveau. En effet, à l’occasion de cette
exposition qui célébrait les dix ans de
la Fondation, un catalogue, dans lequel figurent
toutes les peintures de la collection, a été édité
spécialement avec, en couverture, une œuvre
d’Isabelle Champion-Métadier datant
des débuts de la Fondation. Pour constituer
ce catalogue et actualiser les biographies
des artistes lauréats, ces derniers ont tous été
contactés. Enfin, la Fondation avait confié
la conception de la scénarisation de l’exposition
à un artiste peintre, qui devait relever le défi
ROUTES numéro 11
de la mise en valeur et en lumière de toutes
les toiles de la collection. Une collection
consacrée au thème exclusif de la route, et
reflétant les différents styles et mouvements
de l’art contemporain : art figuratif, art
abstrait, surréalisme, simili-impressionnisme…
C’est une création de Speedy Graphito
qui avait été choisie comme visuel du carton
d’invitation au vernissage de l’exposition :
un hommage à la peinture «tendance».
Le jour du vernissage, près de 600 personnes,
dont une trentaine de peintres, se pressèrent
pour admirer la collection. Les jours
suivants, ce sont des congressistes anonymes
qui découvraient ces lieux de contemplation
rendus au silence et dédiés à la peinture,
un havre de paix au milieu de l’effervescence
du Congrès. Comme en témoigne le livre d’or
de l’exposition, qui rassemble nombre de
commentaires enthousiastes, les visiteurs ont été
particulièrement surpris et séduits par l’ampleur
de la collection ainsi que par sa diversité…
Une belle démonstration de complicité
entre l’art et la route !
Remerciements
ALAIN BINDA, DENIS PAGOT,
DOMINIQUE BIRRAUX,
PHILIPPE DURAND, JÉRÔME LAGABE,
MARTINE DURIEZ, BERNARD HILLON,
MICHEL THOMAS, JACQUES MŒGLEN,
SÉGOLENE CALAIS, NORBERT MOUSSARD,
DIDIER CALBRY, ANDRÉE DE RIDDER,
FRANÇOIS CHAIGNON,
MARIE-PAULE GEOFFROY, PATRICK FOURIER,
JACQUES PASTOR, CENDRINE DIONISI,
ANNE LECLÈRE, BÉRENGÈRE GENOUX,
MÉLISA RUHLMANN,
FRANÇOISE COUEGNAS, SOPHIE GENG,
MICHEL LAUDE, MARIE-PIERRE GIVAUDIN,
TRACEY HOFHEINZ.
ROUTES Magazine du groupe Colas, 7, place René-Clair, 92653 Boulogne. Tél. : 01 47 61 75 00.
www.colas.com. ISSN : 0988-6907. Directeur de la publication : Alain Dupont. Directeur de la rédaction :
Hervé Garnier. Rédacteur en chef : Pascale Dubois. Rédaction : Colas, Angie. Crédits photos : Colas, Vloo,
H. Aga/Cosmos, F. Pitchal Corbis/Sygma/Renault, Sunset, idé, RFF, D.R. Traduction : Nouvel Angle, Par
l’Eclair. Conception et réalisation :
01 55 34 46 00.
Anne Vignal
LA ROUTE AUTOUR DU MONDE
Anne Vignal
a exposé dans
les galeries suivantes:
La montagne, l’oiseau, la barque
et le nuage… un peu du mystère
de l’enfance dans ce tracé hésitant
et ces couleurs vives.
Faire l’économie de l’inutile,
montrer et nommer, dessiner et dire,
ou comment tendre vers l’impossible,
tranquillement, naturellement.
2000 :
Galerie Blom,
Dordrecht, Pays-Bas
2000 :
Centre d’art
contemporain,
Macau, Chine
1999 :
Fondation Daniel
et Florence Guerlain,
France
1998 :
Galerie Berthet
Aittouares, France

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