Les grands défis marocains
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Les grands défis marocains
ROUTES REPORTAGES Les grands défis marocains Le magazine d’information du groupe Colas numéro 11 / octobre 2001 Editorial 2 ALAIN DUPONT ROUTES numéro 11 EDITORIAL L’Amérique frappée au travers des symboles de sa puissance financière et militaire, la haine terroriste portée à un degré d’aveuglement extrême… Le monde est bouleversé : bouleversé par la violence de ce drame, bouleversé aussi parce que, aujourd’hui, chacun éprouve le sentiment que plus rien ne sera désormais comme avant. Face à l’horreur de ces attentats, et en prévision des conséquences multiples et durables que ce traumatisme engendrera, notre Groupe qui, au fil des trente dernières années, s’est implanté dans de nombreux Etats des EtatsUnis, tient à assurer ici les équipes de la zone américaine, et chacun de leurs membres personnellement, de sa solidarité profonde et amicale. A n’en pas douter, le 11 septembre 2001 marquera le début d’une ère nouvelle. D’aucuns la qualifient déjà de «nouveau désordre mondial». Les actes de guerre naissent La route Colas, une route solidaire de l’incompréhension totale entre les hommes, de leur incapacité absolue à communiquer. Un nouvel équilibre devra s’établir qui résultera des efforts de chacun. Notre métier de constructeur de routes nous installe au cœur de ce dessein : la route n’est-elle pas en effet un vecteur privilégié de la communication? En tant que Groupe à vocation internationale, nous avons aussi des devoirs vis-à-vis de la planète. Plus que jamais, nous devons être respectueux et à l’écoute des identités culturelles des pays dans lesquels nous travaillons. La route qui nous mène de continent en continent est une route solidaire, une route qui nous relie en toutes circonstances… ROUTES numéro 11 3 Sommaire 4 6 à 15 SOUS TOUTES LES LATITUDES 16 à 35 REPORTAGES De la Pologne aux Antilles, en passant par la Champagne…, un rapide tour du monde des projets, chantiers et réalisations. En images. 36 à 55 PILOTAGE Tendances • Management, organisation, structures, 16 opérations…, six mois de la vie du Groupe. France Un an après • Un chantier de compostyrène à Menton. Somaro : l’équipementier de la route Dossier • Le Bâtiment, un autre métier de Colas. ROUTES numéro 11 Marrakech Maroc 56 à 63 TRAJECTOIRES Dans l’ombre ou sous les projecteurs…, ils font l’actualité de Colas. Rencontres avec des hommes et des femmes du Groupe. 64 à 70 RENCONTRES • Louis Schweitzer : un patron qui voit loin. • Claude Martinand : «Nous construisons l’Europe des transports.» ROUTES numéro 11 Théâtre de Bratislava, Slovaquie SOMMAIRE Périphérique parisien, France 24 Maroc Les grands défis marocains 30 Slovaquie Cesty Nitra prépare l’avenir du pays Vallée du Dadès, Maroc ROUTES numéro 11 5 SOUS TOUTES LES LATITUDES 6 De la Pologne aux Antilles, en passant par la Champagne…, un rapide tour du monde des projets, chantiers et réalisations. En images. FRANCE McCain s’installe en Champagne C’est à Châlons-en-Champagne que McCain a choisi de construire une usine pour la fabrication de frites surgelées. Cette vaste chaîne de production, la plus importante du géant alimentaire canadien, s’étend sur 30 000 m2 de bâtiments et va bientôt permettre la production de 25 tonnes de frites surgelées à l’heure. D’avril 2000 à juillet 2001, une équipe de l’agence Screg Est de Châlons-en-Champagne a réalisé les travaux de terrassement généraux, soit 100000 m2 de plate-forme pour les bâtiments, le bassin de traitement des eaux usées, ainsi que les voiries, composées de 60 000 m2 de voies d’accès, et les parkings. L’équipe était chargée en outre de l’ensemble des réseaux extérieurs de canalisations, soit 7,5 km de conduites de 200 à 1 000 mm de diamètre dédiées à l’évacuation des eaux pluviales ou usées, et 6 km de tranchées pour les fourreaux des câblages électriques, téléphoniques, informatiques… Un vaste ouvrage, exécuté dans des délais très courts, qui a nécessité 10 000 tonnes de béton bitumineux et 50 000 m3 de déblai et remblai. Le site est conçu pour accueillir à terme une deuxième chaîne de production. ROUTES numéro 11 FRANCE Un tramway à Bordeaux Bordeaux inaugurera son tramway à l’été 2003 : 25 km de rails seront mis en service, avec à terme un réseau de 40 km sur trois lignes. Colas Sud-Ouest intervient sur un tronçon de 1,8 km pour la réalisation de l'infrastructure comprenant le terrassement et les aménagements extérieurs tels que l'assainissement, les bordures et les chaussées. Des canalisations sont mises en place pour les câbles des réseaux vidéo, téléphonie et fibre optique, assurant le fonctionnement du tramway. Le projet comporte également la réalisation d'un parking de 5500 m2, traité avec du Colétanche. Screg Sud-Ouest travaille, pour sa part, à la mise en œuvre des couches de roulement sur les carrefours, les passages piétons et les stations, avec un enrobé spécifique. Le Scintiflex, composé de 30% de miroirs concassés, différencie grâce à son scintillement, la zone tramway des chaussées de circulation, pour une plus grande sécurité. Un second procédé, le Metalflex, est employé pour pallier le risque d'orniérage dans les carrefours. SOUS TOUTES LES LATITUDES FRANCE Une piste de karting à Rivesaltes A u cœur des Pyrénées-Orientales, la ville de Rivesaltes, réputée pour son vin doux, pourrait bien devenir le rendez-vous incontournable des passionnés de karting. Depuis le 6 avril dernier, Puissance Kart s’enorgueillit de proposer aux amateurs de sensations fortes la plus grande piste de karting au monde – 9 m de largeur sur 1,5 km de longueur – avec la possibilité pour 36 véhicules de se mesurer simultanément. Pour l’agence de Colas Midi-Méditerranée basée à Thuir, ce projet aura nécessité trois ans d’études, engagées en collaboration avec la direction technique de la filiale d’Aix-en-Provence, mais à peine deux mois de travaux. Un chantier mené en un temps record par l’équipe de Thuir, qui a dû travailler dans les délais imposés en tenant compte des directives de la Fédération française de karting. 20 000 m2 de piste ont ainsi été réalisés, nécessitant 10 000 m3 de terrassement. Après le traitement de la plate-forme support au liant hydraulique afin d’améliorer la portance, 11 000 tonnes de graves ont été mises en œuvre. La finition de la piste a été réalisée en deux couches d’enrobé, la deuxième couche étant un enrobé à base de liant Colflex, un procédé spécifique mis au point par le laboratoire de la filiale. Cette piste, destinée à la location et à la compétition, permettra l’évolution de bolides roulant jusqu’à 180 km/h à seulement 2 cm du sol. De ce fait, Colas se devait de réaliser une piste irréprochable pour le confort et la sécurité de tous les participants. Objectif atteint avec l’homologation du circuit par la Fédération française de karting. ROUTES numéro 11 7 8 GUADELOUPE Aux Caraïbes, les enrobés coulés à froid ont le vent en poupe C olas Guadeloupe a décroché deux marchés spécifiques, l’un pour la réhabilitation des rues de la ville des Abymes, l’autre pour la rénovation des voies départementales de Grande-Terre et de Basse-Terre, dont la remise en valeur du site légendaire de la pointe des Châteaux. Ces deux chantiers ont été l’occasion d’introduire une technique nouvelle dans le département : les enrobés coulés à froid. Les équipes ont été spécialement dotées, en septembre 2000, d’une machine Breining, afin de mettre en œuvre ces 150 000 m2 d’enrobés coulés à froid. De par son caractère innovant et pour sa rapidité de mise en œuvre, le procédé a suscité beaucoup d’intérêt sur les chantiers. La rapide montée en cohésion du liant est une des originalités de ce procédé qui en font une technique particulièrement bien adaptée au réseau routier guadeloupéen. Deux granulométries de Colmat ont été utilisées, différentes selon le type de voie, la structure et la texture superficielle voulue. L’avenir se prépare déjà : les techniciens traROUTES numéro 11 vaillent à enrichir la panoplie des formulations dans le but de pouvoir répondre aux sollicitations de trafic les plus sévères et de proposer des solutions pour traiter la fissuration de fatigue. Enfin, Colclair Colmat offrira la possibilité de faire de la fantaisie avec le choix de la couleur. Gageons que ces innovations serviront de tremplin pour le développement de cette technique dans cette région des Caraïbes… SOUS TOUTES LES LATITUDES BURKINA FASO FRANCE Le chantier de l’année L’écrêtement de la bosse de Mulsanne «La piste d’envol de Mulsanne» : c’est ainsi que certains nomment la bosse qui se trouve au bout de la ligne droite des Hunaudières, sur le circuit des 24 Heures du Mans. Cette bosse était devenue source de polémique depuis plusieurs éditions de la course, en raison du danger qu’elle représente pour les véhicules lancés à grande vitesse. Souhaitant conserver l’homologation délivrée par la Fédération internationale automobile, les responsables du circuit ont dû procéder à l’écrêtement de cette bosse. Réalisés par Sacer Atlantique, les travaux ont eu lieu, en plein hiver, de décembre 2000 à mars 2001. La chaussée a été entièrement refaite sur un tronçon de 750 mètres. Les équipes ont rectifié le profil en long, avant et après la bosse, et celle-ci a perdu 1,50 mètre de hauteur. La chaussée a ainsi retrouvé un profil plus plat, et l’édition 2001 des 24 Heures du Mans s’est déroulée sans décollage intempestif… D’une longueur de 102 km, la route reliant Ouagadougou à Yako, au nord de la capitale, a été totalement réaménagée. Ce chantier, en voie d’achèvement, et le plus important au Burkina Faso pour Colas cette année, a débuté en novembre 2000. La route a été livrée avec deux mois d’avance, en septembre 2001. Les travaux concernent principalement l’élargissement de la chaussée, de 6 à 7 mètres, avec le renforcement des accotements par 50 000 m3 de graveleux latéritique sur 20 et 40 cm d’épaisseur. Sur la chaussée sont appliqués 800 000 m2 d’un enduit superficiel bicouche et sur les accotements, 220 000 m3 de monocouche. Ce chantier d’envergure a permis d’ouvrir une carrière à Yagma, un événement qui ne s’était pas produit depuis vingt ans. Recherche du site, modalités d’exploitation, études géotechniques et installation n’ont pas été une mince affaire… sans compter le transfert d’un concasseur depuis la forêt gabonaise, sur plusieurs milliers de kilomètres, par porte-char, train, barge et route. La Banque Mondiale a déjà désigné le site comme site pilote pour sensibiliser les autorités locales au respect de l’environnement. ROUTES numéro 11 9 10 FRANCE MALI De nouvelles rues pour Gao A 83 : un chantier aux multiples contraintes Après des années de trafic routier intensif, les voies de circulation lente de l’A 83 entre Montaigu et Les Essarts, en Vendée, accusaient un important orniérage ; ces voies, d’une largeur de 3,40 m, ont dû faire l’objet d’une restructuration sur un tronçon de 27 km. Les travaux menés en moins d’un mois au printemps dernier par Screg Ouest ont mobilisé 50 hommes dont 32 chauffeurs de semi-remorques, et un nombre important d’engins. Les travaux ont été réalisés par deux ateliers. Le premier, l’atelier de rabotage, comprenait deux fraiseuses pour raboter la voie sur 7 cm, suivies de quatre balayeuses aspiratrices pour la propreté du support. Le second atelier a mis en œuvre du béton bitumineux avec un finisseur à rampe intégrée précédé d’un alimentateur de type Franex garantissant un uni parfait. Ce chantier, d’accès difficile pour les semi-remorques, obligeait ceux-ci à évoluer en marche arrière sur trois kilomètres. A la clé, une innovation : 25% de fraisats ont été mélangés à l’enrobé. Une manière de devancer la nouvelle législation concernant la valorisation des déchets de chantiers. ROUTES numéro 11 Tous les inconditionnels du rallye Paris-Dakar connaissent cette escale. Gao, petite bourgade située sur le Niger, à 1 200 kilomètres de Bamako, n’avait pas vu d’entreprise routière depuis 1953 ! Inutile de décrire l’état des rues de la ville. L’ensemble de la voirie urbaine a été rénové : assainissement et revêtement. A Gao, il n’y a pas de concasseur, on ne trouve pas non plus de matériaux de qualité. Les gravillons finalement utilisés ont été découverts au fond d’un bras mort du fleuve. Une équipe de 80 ouvriers a donc tamisé à la main ces gravillons pour confectionner ensuite les 83 000 parpaings nécessaires à la construction des caniveaux, des bordures et autres éléments en béton armé. A Gao, impossible de travailler le jour, lorsque la température dépasse aisément les 45°C à l’ombre ! Les équipes se sont donc relayées de 15 heures à 9 heures du matin. La chaleur rend également difficile le mélange entre les agrégats et le bitume. Ce chantier, réalisé dans des conditions climatiques extrêmes, a été un bon entraînement pour l’équipe qui doit se rendre maintenant à l’autre bout du pays, pour construire une autre route sous le soleil… SOUS TOUTES LES LATITUDES FRANCE La Spac au chevet du viaduc urplombant à plus de 40 mètres de hauteur la ville d’Hayange, le viaduc autoroutier de l’A 30 devenait un danger pour les riverains de cette ville de Moselle. En effet, le dessous du tablier S de l’ouvrage, d’une longueur de 425 mètres, construit il y a une trentaine d’années, avait subi des éclatements du béton, liés aux écarts thermiques importants endurés dans la région. La réfection du viaduc a été confiée à Spac Génie Civil. Les travaux comprenaient la reprise des ferraillages affleurant sous l’ouvrage avec la découpe et le traitement anticorrosion des fers ainsi que la reprise des éclats par projection de béton. Pour réaliser cette opération délicate, l’équipe de six compagnons de Spac a travaillé sur deux nacelles, positionnées sous le tablier au moyen de bras articulés reliés à un camion roulant sur le viaduc. Les nacelles étaient équipées de filets de protection destinés, tant à protéger les compagnons, qu’à éviter les chutes de béton sur les habitations en contrebas. Le chantier incluait également la dépose des protections latérales le long de l’ouvrage – des glissières métalliques et des grillages d’une hauteur de 2 mètres – et leur remplacement par des bar- rières BN4 aux normes actuelles. Pour effectuer ce travail en toute sécurité, l’équipe de Spac a conçu un dispositif d’accès latéral, constitué d’une cage mobile. Cet équipement avait reçu, avant utilisation, les agréments de la CRAM et de Socotec. ROUTES numéro 11 11 12 FRANCE Colas en avance sur l’environnement L a nouvelle unité de recyclage des matériaux de déconstruction d’Amiens connaît un démarrage prometteur. Colas Nord-Picardie devance ainsi d’un an la loi applicable au 1er juillet 2002, qui interdira la mise en décharge de déchets autres qu’ultimes. Le site picard regroupe sur 4 ha plusieurs installations, toutes dédiées au recyclage. La première, Valormat Industrie, peut ROUTES numéro 11 retraiter 100 000 tonnes par an de déchets de déconstruction inertes. Les déblais sont transformés en matériaux de remblai. Les autres déchets tels que les bétons et les croûtes d’enrobés y sont recyclés en matériaux routiers 0/6, 0/20 ou 0/40. Mobile, la deuxième installation d’Ecoballast, a retraité cet été, pour le compte de Réseau Ferré de France, du ballast usagé en provenance de la voie ferrée Paris-Lille, permettant ainsi d’en réutiliser 30% sur les voies. Le rebut a été acheminé vers la centrale de Saint-Sauveur, réinstallée définitivement sur le nouveau site, pour y être recyclé en graves. Le dépôt de déchets étant gratuit, la perspective est engageante tant pour Colas que pour les professionnels alentour. Une contrainte : seuls les éléments inertes sont acceptés ; les matériaux tels que le bois, le plâtre et le plastique sont refusés. Le groupe Colas est, pour sa part, fortement intéressé, car il est consommateur d’une bonne moitié des produits recyclés. Cette nouvelle source d’approvisionnement permettra de construire des réseaux à moindre frais et dans le respect de l’environnement. SOUS TOUTES LES LATITUDES ALLEMAGNE FRANCE Le chantier invisible A deux pas du siège du Groupe – avenue de l’Europe à BoulogneBillancourt – Surbeco réalise un forage dirigé. Cette nouvelle filiale de Spac, issue du groupe Desquenne et Giral et spécialisée dans la pose de canalisations souterraines, installe, sur 120 mètres sans tranchée, deux fourreaux de 250 mm de diamètre destinés à recevoir des câbles de fibres optiques. Ceci grâce à une foreuse américaine Vermeer, équipée de chenilles et d’un système de manutention à barres, qui fore sous la chaussée. Le système évite ainsi toute perturbation du trafic et toute dégradation des lieux tels que placettes ou massifs de fleurs. La pose de chaque fourreau ne demande que quatre à cinq jours de forage, alors que des travaux réalisés avec tranchée prendraient plus de trois semaines, remise en état du site comprise. Cette technique de forage peut être utilisée pour des chantiers de plusieurs centaines de mètres, à condition de faire varier la qualité des barres qui s’emboîtent les unes dans les autres, ainsi que la puissance de la machine. Devant le succès de l’opération, Surbeco envisage aujourd’hui l’achat d’une seconde machine plus performante. Neige éternelle Les habitants de la ville de Neuss en Allemagne peuvent maintenant pratiquer le ski toute l’année dans le plus grand bâtiment dédié à ce sport. Dans la gigantesque salle, la piste, longue de 300 mètres et large de 60 mètres, est alimentée par 10 canons à neige et équipée d’un télésiège. Cette piste devant être parfaitement étanche, ses 18 000 m2 ont été recouverts d’une membrane d’étanchéité à haute performance fournie par Axter, filiale industrielle de Smac Acieroïd. L’Axtertop Gold®, livré en rouleaux de 5 x 1 mètre et d’une épaisseur de 5,2 mm, est constitué d’un liant élastomère et d’une armature polyester avec une autoprotection de paillettes d’ardoise. La chape a été complétée par un isolant sur lequel est disposé un système de refroidissement, composé de 100 kilomètres de conduites pour maintenir à - 4°C la température au sol. Axter a également assuré le suivi et le conseil auprès du maître d’œuvre. En piste maintenant… ROUTES numéro 11 13 14 BELGIQUE BÉNIN Un nouvel axe de circulation vers le Burkina Faso 126 km de route neuve, à l’ouest du Bénin et à la frontière du Togo, relieront bientôt ce dernier au Burkina Faso. De mai 2000 à juillet 2002, ce chantier de 140 MF aura nécessité plus de deux ans de travaux. Après la réalisation des ouvrages de traversée (ponts, dalots et buses simples, doubles ou triples), les terrassements ont d’ores et déjà été exécutés sur une grande partie du tracé, et les chaussées sur la moitié du trajet. ROUTES numéro 11 Le revêtement, qui est un enduit tricouche, couvre à l’heure actuelle un tiers du tracé. On prévoit au total 1 300000 m3 de terrassements, 150 000 tonnes de matériaux concassés, 1 400000 m2 d’enduit, 12000 m3 de béton pour les ouvrages de traversée et d’assainissement, dont 30% sont préfabriqués. L’équipe est à la taille du chantier. Pas moins de 700 personnes s’activent autour des 170 engins et poidslourds qui constituent le parc matériel. Wegebo bétonne large L’A12, l’une des deux autoroutes qui relient Bruxelles à Anvers, avait besoin d’une cure de jouvence. Wegebo, filiale de Screg Belgium, a ainsi été chargée de la réfection d’un tronçon de 3200 mètres, sur une largeur totale de 2 x 13 mètres, soit une surface de plus de 80000 m2. Ce chantier comprend tout d’abord la démolition du revêtement en béton existant, la pose de 4 cm d’enrobés sur la fondation existante en béton maigre, la pose de 22 cm de béton armé continu dénudé, et enfin la pose de séparateurs «New Jersey». Pour réaliser la mise en œuvre du béton, Wegebo a utilisé sa toute nouvelle machine à coffrage glissant (Slipform Paver), pouvant couvrir jusqu’à 11 mètres de largeur simultanément. Chaque sens de circulation a été exécuté en deux bandes de 8,5 mètres et 4,5 mètres de largeur. L’approvisionnement en béton de la machine provenait d’une centrale mobile d’une capacité de 120 t/h. SOUS TOUTES LES LATITUDES POLOGNE Mise en œuvre de deux nouveaux procédés à Poznan A ncienne capitale de la Pologne, Poznan s’est développée autour de ses universités et de son artisanat. Avec 600 000 habi- tants et un centre de commerce international, la ville attire de nombreux investisseurs étrangers, justifiant l’ampleur des travaux entrepris pour faciliter la circulation auto- routière en périphérie de la cité. Financé en partie par la Direction générale des routes et la Banque européenne de développement, le projet concerne la réalisation d’une route à 2 x 2 voies de 13 km au sud de la ville et de treize ouvrages d’art. Strada, filiale du Groupe en Pologne, a pour mission de réaliser les travaux de voirie sur onze d’entre eux. La société met en œuvre la couche de fondation en sable traité au ciment, la couche de base en grave non traitée, les 30 000 tonnes d’enrobés ; la société pose également 8 000 mètres de bordures et réalise les trottoirs. Strada a proposé pour ce marché une technologie propre au groupe Colas basée sur deux procédés composés, l’un de Saflex, Bétoflex et Ruflex pour les ouvrages d’art, l’autre de Colbase et Ruflex pour les voiries d’approche. Ces procédés ont conquis non seulement l’investisseur, mais aussi les autres exploitants ainsi que le monde scientifique et routier polonais, grâce au gain de temps et aux économies réalisées. Une première expérience réussie qui pourrait permettre de gagner de nouveaux marchés. ROUTES numéro 11 15 REPORTAGES 16 REPORTAGES FRANCE Somaro : l’équipementier de la route France Imaginez une route sans marquage, ni panneaux indicateurs, ni glissières de sécurité, ou une ville sans feux tricolores… Pour éviter un tel cauchemar, Somaro et ses trois pôles, Industries, Entreprises, Maintenance et Services, jouent au sein de Colas le rôle d’équipementier de la route. De A à Z, et jusqu’au cœur des villes. ROUTES numéro 11 17 17 18 e pôle Industries de Somaro propose tous les types d’équipements de signalisation. Avec ses six filiales (SES, ADEM, SIAT, Boscher Gravure, Porte et l’américaine FDS), ce pôle, qui réunit 750 collaborateurs, conçoit, fabrique, commercialise et met en service une gamme étendue de produits de signalisation : panneaux directionnels, panneaux de police ou de chantier pour routes et autoroutes, panneaux d’animation touristique en camaïeu de marrons, ainsi que les «fameux» panneaux à message variable, tels ceux qui indiquent les conditions de trafic sur le périphérique parisien. En outre, avec SIAT, le pôle propose une offre complète pour la gestion du trafic : stations de recueil de données, systèmes de détection automatique d’incidents, de commande d’équipements de signalisation. «Pour ces dispositifs très complexes, caméras, stations de recueil de données, systèmes d’expertise et, bien sûr, panneaux à message variable, la France a toujours été précurseur, indique Lionel Couche, directeur de Somaro Industries. Dès qu’une grande ville, n’importe où dans le monde, se pose des questions sur la gestion du trafic, nous sommes consultés. Nous avons ainsi vendu des équipements clés en main en Malaisie, en Russie, en Australie ou en Chine et, surtout, aux EtatsUnis, par l’intermédiaire de notre filiale.» Des L ROUTES numéro 11 L’habillage des routes de France est réalisé en grande partie par Somaro. contrats qui représentent l’essentiel des 9% de chiffre d’affaires réalisés à l’export par Somaro Industries. En ce qui concerne la signalisation routière fixe, le groupe est numéro 1, grâce à SES et ADEM. Maîtrise de la chaîne de production Lorsque l’autoroute ou la route prend fin, Somaro Industries est encore là. Le pôle fabrique, pour les conseils généraux ou les mairies, des panneaux personnalisés qui s’intègrent parfaitement dans l’environnement urbain ou naturel. En ville, il installe des lignes de mobilier urbain (bancs, barrières, appuis pour vélos, abris voyageurs), des panneaux d’affichage électronique (indiquant par exemple la fréquence de passage des bus), des enseignes pour les magasins, les banques ou les assurances (le marché MMA a représenté, pour Porte, plus de 17 000 enseignes aux trois lettres de couleur !) ; quant aux signalétiques raffinées du musée du Louvre, de Christie’s ou d’Océanopolis, à Brest, on les doit à Boscher Gravure. Le pôle Entreprises (640 salariés) recouvre plusieurs activités. La sécurité de la route, tout d’abord. Somaro Entreprises, avec ses quatre agences de travaux présentes sur tout le territoire et une trentaine d’implantations décentralisées, est le leader REPORTAGES Les panneaux à message variable et à affichage électronique sont fabriqués à l’usine de Tours par les équipes du pôle Industries de Somaro. SYNERGIE Tous les métiers de l’équipement de la route e la conception d’équipements routiers à leur fabrication en usine, jusqu’aux travaux nécessaires pour les installer et assurer leur maintenance, les trois pôles de Somaro réunis maîtrisent la totalité de la chaîne nécessaire à l’équipement complet d’une route. L’entreprise utilise de plus en plus la complémentarité de ses métiers. Elle envisage à l’avenir de développer ses services et de collaborer plus étroitement D avec le groupe Colas, pour bénéficier de son savoirfaire en France et à l’étranger. «En faisant jouer à plein les synergies avec Colas, nous avons la capacité extraordinaire de répondre à une demande croissante, explique Thierry Caussemille. Demain, les clients viendront nous voir en disant : “Je veux une route qui va de tel à tel endroit, livrez-la complètement finie et entretenez-la pour qu’elle soit en bon état et toujours aux normes.”» L’offre complète en gestion de trafic du pôle Industries de Somaro séduit des clients toujours plus nombreux dans le monde entier. ROUTES numéro 11 19 20 ÉTRANGER SES s’exporte en Grande-Bretagne a synergie au sein du Groupe est un facteur de réussite à l’export pour Somaro. La preuve ? Le succès de Colas UK et SES (filiale de Somaro), qui ont remporté, en février 2001, l’appel d’offres lancé par la Highways Agency, société autoroutière anglaise, pour la fourniture et la pose de 83 panneaux à message variable (PMV) destinés à l’autoroute M 25. Le projet, d’une valeur totale de 26 millions de francs, est dirigé par Colas UK, qui assurera la pose, SES agissant en qualité de sous-traitant pour la fourniture des 83 panneaux à message variable (affichage de limitation de vitesse). «L’objectif recherché par la Highways Agency, en installant ce type de panneaux, est d’augmenter le débit des véhicules en modulant L ROUTES numéro 11 leur vitesse, sur l’une des sections autoroutières les plus denses d’Europe, explique Aly Adham, directeur commercial de SES. Le système contribue également à améliorer la sécurité des usagers en adaptant les limitations de vitesse à la densité du trafic.» La durée totale du projet est de quarante-trois semaines, et les premiers panneaux ont été installés sur site dès septembre 2001. «Ce projet revêt une importance particulière pour Colas UK et SES, poursuit Aly Adham. Son succès pourrait amener la Highways Agency à mettre en place ce type de panneaux sur d’autres autoroutes ; le gouvernement anglais a, en effet, débloqué 1,2 milliard de livres sterling sur les dix prochaines années pour optimiser l’utilisation du réseau routier.» en France de la pose des dispositifs de glissières de sécurité métalliques, en bois ou en béton extrudé. Des équipements originaux Si le pôle ne fabrique pas lui-même les glissières, en revanche, il conçoit et réalise avec sa filiale Euro-Equipement des pièces spéciales. «Récemment, nous avons mis au point un interrupteur de terre-plein central pivotant, très utile sur des routes à chaussées séparées. Facilement manipulable, cet interrupteur permet en effet d’ouvrir très rapidement un passage sur un terre-plein central, ce qui faci- REPORTAGES lite l’accès des véhicules d’urgence en cas d’accident, précise Thierry Caussemille, directeur du pôle Entreprises. Notre contact direct avec les clients nous permet d’être à l’écoute de leurs besoins et de réfléchir à de nouveaux équipements, tout en intégrant en amont les composantes de la pose.» Autre innovation commercialisée par Somaro Entreprises : la «Somex», fabriquée aussi par Euro-Equipement ; c’est un atténuateur de choc frontal que l’on place en extrémité de file de glissières métalliques. Retour au ras de la route encore nue et vierge de toute bande blanche. Vialis, une nouvelle filiale qui réunit les Glissières métalliques, en bois ou en béton, la sécurité sur les routes est le cheval de bataille de Somaro Entreprises. activités de marquage des agences Somaro Entreprises, réalise dans toute la France des travaux de signalisation horizontale (peintures, enduits à froid ou à chaud). Pour cela, elle se fournit principalement chez Indasco, autre filiale du pôle, qui produit aussi des revêtements de sol urbains décoratifs pour trottoirs colorés, places publiques, aires de jeux… et des complexes résine-gravillons préfabriqués innovants, imitant des pavés, que l’on colle directement sur l’enrobé. «Nous souhaitons développer la recherche dans le domaine du marquage, reprend Thierry Caussemille. Les années ROUTES numéro 11 21 22 L’esthétique et la protection de l’environnement font partie intégrante du savoir-faire de Somaro. ment performante grâce, notamment, au procédé Somaphone, qui associe écrans acoustiques et glissières de sécurité en béton. Citons, encore, deux autres entités du pôle Entreprises : Saba, qui intervient dans le domaine du béton extrudé (glissières, chaussées, ouvrages d’assainissement), et Sobes, spécialisée dans la location et la pose de séparateurs pour la protection de chantiers. Pour la sécurité des automobilistes à venir vont voir se développer les peintures sans solvant pour répondre aux préoccupations écologiques. Nous avons donc mis en place une équipe de recherche au sein du laboratoire central de Colas afin de profiter de tout le potentiel de matière grise du Groupe.» PANORAMA PÔLE INDUSTRIES 750 collaborateurs PÔLE ENTREPRISES 640 collaborateurs PÔLE MAINTENANCE ET SERVICES 160 collaborateurs Indasco fabrique, en outre, des produits d’étanchéité à base de bitume, achetés notamment par la Smac. Via ses agences et ses secteurs, Somaro Entreprises intervient également pour réparer et entretenir des ouvrages d’art. Enfin, dans une logique de synergie avec le pôle Industries, le département réalise des travaux de pose de signalisation verticale. BRS, une autre filiale du pôle Entreprises, spécialisée dans les travaux du béton, est présente également dans la réparation d’ouvrages d’art et, plus généralement, dans le génie civil, où elle a acquis une expérience éprouvée de chantiers complexes (confortement de falaises, de ponts…). Elle possède aussi un savoir-faire reconnu en béton extrudé, avec des références comme les chaussées en béton de l’aéroport de Nice, de nombreux caniveaux à fente, et des ouvrages complexes d’assainissement installés au bord des autoroutes ou sous des tunnels comme celui du MontBlanc. BRS, enfin, s’est fait une spécialité des murs antibruit (A 10, RN 10 à Angoulême), un marché en plein développement sur lequel la filiale est particulière- Une offre commerciale élargie ROUTES numéro 11 Les collectivités locales, les sociétés d’autoroutes ainsi que le groupe Colas peuvent compter en permanence sur les 160 collaborateurs du pôle Maintenance et Services de Somaro pour répondre à leurs besoins. Avec EL-SI et Sopac, ses deux filiales à vocation électronique et électrotechnique, le pôle veille en effet à la sécurité en fournissant du balisage (flèches lumineuses de rabattement, panneaux à message variable embarqués, triangles lumineux…). EL-SI fabrique également des feux tricolores permanents pour les villes. Les automobilistes des communautés urbaines de Strasbourg, Bordeaux ou Dunkerque doivent ainsi leur tranquillité 24 heures sur 24 à EL-SI. «Notre entreprise est bicéphale, explique Philippe Royer, directeur du pôle Maintenance et Services. Elle est à 50% industrielle et à 50% prestataire de services. Elle fabrique les feux, les installe et assure leur maintenance, sous astreinte, jour et nuit. Avec Sopac, nous gérons ainsi 4 000 carrefours, dont 2 500 en région parisienne et 600 dans la région lyonnaise.» Il ne s’agit bien sûr pas seulement de changer une ampoule de temps à autre. Un carrefour, ce sont des feux, mais aussi une armoire informatique de contrôle et des capteurs qui permettent de réguler les feux selon le trafic. Joignables en permanence, les équipes d’EL-SI et de Sopac interviennent en urgence. En vingt ans, par exemple, le délai d’intervention sur l’un des 1 000 carrefours de la communauté urbaine de Bordeaux n’a jamais dépassé une heure, conformément aux engagements contractuels. Enfin, EL-SI est installateur de 5 000 «boucles» (câbles déroulés dans la chaussée) par an, ainsi que des stations de recueil de données de trafic qui les REPORTAGES EL-SI et Sopac assurent la pose et l’entretien des feux tricolores, ainsi que la signalisation temporaire sur les lieux d’accidents ou de chantiers. SERVICES Une culture d’entreprise à part entière our les vœux de l’an 2001, les clients de l’agence IDFNord-Picardie de Somaro Entreprises ont eu la surprise, présentée au sein d’une brochure «explosive», de se voir offrir un nouveau service baptisé «ligne S» – S comme synergie, sécurité, services, signalisation, Somaro… Cette «ligne S» s’inscrit pleinement dans la culture de services de la filiale. Depuis septembre 1999, dans le cadre des marchés avec conditions d’astreinte, les clients de cette agence P complètent. La filiale réalise également de nombreux chantiers de génie civil incluant des équipements électrotechniques, entre autres pour SES (panneaux à message variable, panneaux d’alerte). Ainsi équipée, habillée, balisée et entretenue en permanence par l’ensemble du groupe Somaro, la route signée Colas peut dès lors être sillonnée par des milliers d’automobilistes en toute tranquillité et en toute sécurité. ■ peuvent en effet appeler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, un numéro Indigo pour faire réparer en urgence une glissière de sécurité endommagée par un accident. Au bout du fil, un opérateur répartit les appels vers les équipes d’astreinte de Somaro afin d’organiser au plus vite l’intervention. Cet outil, apprécié des clients car synonyme de réactivité et de proximité, va être prochainement généralisé aux trois autres agences régionales de Somaro Entreprises. ROUTES numéro 11 23 24 ROUTES numéro 11 REPORTAGES MAROC Les grands défis marocains Les filiales marocaines du Groupe, Les Grands Travaux Routiers (GTR) et La Route Marocaine (LRM), relèvent deux défis d’importance en réalisant les deux plus gros chantiers actuels du pays : l’autoroute de Casablanca et l’avant-dernière section de l’autoroute du Nord, Sidi El Yamani-Asilah. L e destin a voulu que les deux appels d’offres se déroulent à deux mois d’intervalle. Le premier concernait l’autoroute de contournement de Casablanca : 27,4 km en section courante, et 13,8 km de bretelles et boucles d’accès reliant Mohammedia à l’autoroute CasablancaSettat. Il faut reconnaître que le groupement GTRLRM-SGTM ne manquait pas d’atouts pour obtenir le marché. En effet, propriétaire de trois carrières (Oued Cherrat, Bouskoura et Ben Abid) situées aux abords directs du chantier, le groupement n’était pas confronté au problème d’approvisionnement en matériaux. Par ailleurs, les conditions climatiques favorables de cette région permettaient d’envisager une exécution des travaux dans de bonnes conditions. UNE PREMIÈRE EN AFRIQUE Le projet de GTR est ambitieux et audacieux, puisque l’informatique arrive en force avec du matériel équipé des dernières innovations techniques. Ainsi, l’autograde est asservi par le système DPS, la niveleuse et le bull par GPS. Ces procédés, jamais utilisés jusque-là sur le continent africain, seront également mis en place pour toutes les couches de chaussée. Pour les conducteurs, ne plus toucher aux manettes se révélait dans ROUTES numéro 11 25 26 un premier temps quelque peu déroutant, mais, très rapidement, l’adaptation aux nouvelles technologies l’emportait. UN EXEMPLE EN MATIÈRE DE SYNERGIE Deux mois plus tard, l’appel d’offres de l’autoroute du Nord est remporté par le groupement GTR et Colas. Pour GTR, il s’agit d’un véritable challenge. En effet, deux chantiers aussi importants à mener en même temps nécessitent une organisation minutieuse, tant au niveau des hommes qu’au niveau des machines. Trois impératifs : doubler les effectifs d’encadrement, acheter du matériel (pelles et dumpers) et, surtout, organiser une synergie totale entre les deux chantiers. Régulièrement, hommes et machines transitent du nord au sud, et inversement. Les équipements informatiques sont utilisés sur les deux chantiers. Pour JeanClaude Rialland, responsable de l’autoroute ROUTES numéro 11 Une organisation sans faille a été mise en place pour coordonner les mouvements des hommes et du matériel entre les deux chantiers. du Nord : «On jongle entre les deux chantiers. C’est un travail colossal, un véritable pari sur l’avenir. Nous souhaitons de bons résultats pour obtenir d’autres marchés au Maroc, où il y a d’importants besoins en matière d’infrastructures routières.» AU NORD, UN GIGANTESQUE CHANTIER DE TERRASSEMENT Le chantier du Nord s’annonce plus complexe qu’il n’y paraît en raison des mauvaises conditions climatiques qui sévissent en hiver dans cette région et en raison aussi de l’ampleur des travaux à réaliser. Les premières difficultés sont apparues au moment de la libération de l’emprise. En effet, à la signature du chantier, en juillet 2000, les terrains n’étaient pas encore libérés… Le début des travaux, prévu pour novembre 2000, a dû être repoussé au mois de mars 2001. Zoltan Janos, directeur du chantier, s’emploie à écarter tous les obstacles qu’il rencontre. Son expérience de REPORTAGES PORTRAIT Mustapha Mouhssine, conducteur de travaux sur l’autoroute du Nord epuis 1979, Mustapha travaille sur les chantiers marocains de GTR. Installé à Agadir, il occupe successivement les postes de mécanicien, conducteur d’engin, chef d’équipe, chef de chantier, puis chef de chantier principal, avant de devenir conducteur de travaux. Sa famille, il ne la voit pas beaucoup, car les chantiers sont souvent éloignés de son foyer. «Heureusement, il y a le téléphone. Je suis à 860 km de ma maison, alors les notes sont lourdes… Mais j’aime l’ambiance et la vie de chantier… Je connais tous mes gars depuis si longtemps : lorsque le bruit est trop important, nous parlons par signes.» Mustapha a en charge la partie terrassement la plus difficile, entre le remblai 7 et le remblai 8 : 1,5 km, avec 1500000 m3 de déblai, dont une bonne partie partira en dépôt définitif, car non conforme pour être utilisée D sportif de haut niveau (course de fond) l’aide dans sa tâche : «J’ai l’impression d’être toujours en compétition. Ici, je suis gâté, il y a un vrai défi à relever. C’est formidable, car il n’y a pas beaucoup de chantiers de cette envergure à l’heure actuelle.» La complexité du projet s’explique par le volume du terrassement : 3 669 000 m3 de déblai, 2 212 000 m3 de remblai. Océan Atlantique Tanger Larache Rabat Casablanca El-Jadida Fès Oujda Meknès Settat Marrakech Agadir 200 km Tétouan Autoroute en service Autoroute en construction ou en projet en remblai. Les difficultés qu’engendrent les mauvaises conditions climatiques ne sont pas suffisantes pour affaiblir le moral de Mustapha : «Ce chantier est exceptionnel, le nombre d’engins, impressionnant ; c’est tellement spectaculaire… La seule chose qui m’attriste, c’est de ne pas pouvoir réutiliser le déblai, de mauvaise qualité.» La fierté de Mustapha, ce sont ses cinq enfants, qu’il conduit, lorsqu’il est en vacances, sur toutes les routes qu’il a construites au Maroc : «Ils savent reconnaître tous les engins, même le plus petit fait la différence entre un scraper et un dumper.» ROUTES numéro 11 27 28 20 000 m3 de terre seront ainsi déplacés chaque jour en tenant compte des 36 ouvrages d’art qui jalonnent le tracé. D’autre part, l’emprise, très étroite pour travailler, rend la circulation délicate sur le chantier. Enfin, les différences de qualité des matériaux compliquent leur utilisation. Ainsi, 1 500 000 m3 de matériaux de classe R3, non conformes, seront stockés en décharge. AU SUD, UNE NÉCESSITÉ : L’APPROVISIONNEMENT EN EAU La qualité des L’entretien des matériels équipes est ferroviaire indispensable et de travaux pour le publics bon déroulement est effectué danschantiers des les ateliers.L’entretien où les contacts des humains matérielssont ferroviaire primordiaux. et de trava PORTRAIT Khalid Serghat, responsable qualité du chantier de contournement de Casablanca our Khalid, 27 ans, le contrôle de la qualité, sur un chantier de cette ampleur, est primordial. «Le contrôle qualité ne bloque pas la production. Au contraire, il permet d’anticiper les problèmes techniques, d’éviter les reprises de travaux et donc, de minimiser les coûts.» Ingénieur civil routes et ouvrages d’art, P ROUTES numéro 11 Khalid est entré, il y a un an, chez GTR, pour prendre en mains ce chantier où sa responsabilité est pleinement engagée : il a la charge de vérifier la conformité de la production aux spécifications du marché et la validation des travaux réalisés auprès du maître d’œuvre. Il supervise la qualité, entouré de douze personnes S’il peut paraître moins contraignant, le chantier de l’autoroute de Casablanca n’en est pas moins complexe. Situé en zone plus urbanisée, le terrassement reste important (2 800 000 m3 de déblai, 2 100 000 m3 de remblai), mais 100% des matériaux sont réutilisables. Une des principales préoccupations de l’équipe GTR se situe dans l’approvisionnement en eau. «Nous forons tous les 3 km pour trouver la nappe phréatique et arroser les remblais afin qu’ils soient aux normes M ou S», explique Claude Duperron, chef du service chaussées et assainissement. De plus, la longueur du tracé complique les échanges entre les hommes et le déplacement des engins. C’est pourquoi tous les chefs de chantier et les chauffeurs de camion sont équipés de VHF. Ces désagréments n’ont pourtant pas perturbé, loin de là, le déroulement des travaux. En effet, les terrassements de l’autoroute et du laboratoire. L’équipe qualité assure la traçabilité du chantier, ce qui représente un gros travail d’archivage, de gestion des demandes et de suivi des travaux. Pour le terrassement, les interventions concernent la teneur en eau des couches ; il faut effectuer plusieurs prélèvements par jour. «Ce qui me plaît, c’est de participer à un projet de construction d’infrastructures nationales», explique Khalid. «Prochainement, j’aimerais bien passer à la produc- tion, car je serai plus rentable ; mon expérience au service qualité me facilitera la tâche.» Le dimanche, sa passion pour le pilotage l’entraîne à survoler le chantier, dont il contrôle alors les qualités esthétiques. REPORTAGES DES HOMMES DE QUALITÉ CHIFFRES CLÉS HOMMES Asilah 270 Casablanca 380 LONGUEUR Asilah 15 km Le chantier de l’autoroute du Nord constitue un véritable défi en raison de la quantité de terrassement à réaliser en un délai très court. Casablanca 27,4 km (en section courante) 13,8 km (en bretelles et boucles) La qualité du travail des compagnons sur ces deux chantiers autoroutiers est, bien sûr, une des conditions de leur réussite. Jean-François Bodennec, chef de chantier principal sur l’autoroute Sidi El Yamani-Asilah, expatrié depuis 1980, exprime son admiration : «Nous travaillons beaucoup sur ces chantiers; c’est dur, mais nous sommes entourés d’un personnel courageux. Nous formons une équipe où les contacts humains sont primordiaux.» Même son de cloche au sud où Claude Duperron constate : «Nous avons, ici, des hommes de qualité et des conducteurs d’engin exceptionnels.» Des bases-vie sont installées sur chaque entité; 60 compagnons de GTR vivent à Asilah et 120 à Casablanca. En matière de sécurité, les chantiers sont strictement encadrés par des responsables, présents sur toutes les activités. Chaque base est dotée d’une infirmerie équipée en personnel et en matériel de première urgence, fort heureusement peu utilisée jusqu’à présent, grâce à la vigilance de tous. La réussite de ces chantiers d’envergure, véritables défis pour GTR, repose sur la capacité de chacun à travailler pour les deux chantiers, en anticipant les réalisations pour faciliter les échanges d’informations entre le nord et le sud. Le déroulement des travaux évolue bien, puisque les délais sont respectés sur l’autoroute Asilah-Sidi El Yamani et que douze kilomètres de l’autoroute de Casablanca devraient être livrés avec huit mois d’avance. ■ de Casablanca sont effectués avec huit mois d’avance, et les couches de forme sont déjà bien engagées. ROUTES numéro 11 29 30 REPORTAGES SLOVAQUIE Cesty Nitra: une société prête à relever les défis de l’avenir Entrée dans le groupe Colas en 2000, Cesty Nitra, filiale slovaque, nourrit de vastes ambitions. Autoroutes, ponts, voiries urbaines : toutes les routes de Slovaquie vont être reconstruites dans les prochaines années. Ou comment se doter des meilleurs atouts pour relever ce défi. ROUTES numéro 11 31 32 L e soleil de juillet est sans pitié : chaleur accablante, pas un souffle Pologne d’air. Les engins font vibrer la terre. On s’entend à peine. Rép. tchèque Nous sommes à Nitra, la troiSlovaquie Ukraine sième ville de Slovaquie, où l’entreprise Bratislava Cesty Nitra SA reconstruit une rue tout Autriche Hongrie près du centre. Les températures sont extrêmes cet été : heureux celui qui peut se Roumanie Slovénie réfugier à l’ombre, mais les métiers des traCroatie La société anonyme Cesty vaux publics ne le permettent pas. «La chaBosnieNitra est l’une des benjaleur ne nous dérange guère, sourit le chef de Yougoslavie Herzég. mines du groupe Colas, qu’elle chantier, Ján Pánik, ce sont plutôt les pluies de ces a rejoint en juin 2000. Cesty Nitra derniers jours qui nous ont un peu retardés.» Le comporte trois agences, une à Trnava, une délai, cependant, sera respecté : la reconstrucautre à Trencin et la dernière à Nitra, où siège tion du tronçon de 450 m, commencée le la direction générale. Aujourd’hui, l’entreprise 18 avril, sera terminée fin août. emploie 500 personnes, mais, en été, plusieurs dizaines de saisonniers viennent s’ajouter à cet Rigueur et méthode sont de mise «La rue en reconstruction était en très mauvais effectif. La société exerce son activité dans la état, la chaussée s’effondrait. Lors des travaux d’exconstruction de routes, d’autoroutes, de surcavation, nous avons trouvé un terrain argileux et, faces traitées, de ponts, ainsi que l’exécution de au fond, des bassins perméables. Nous consolidons travaux de fondation. Elle réalise également le aujourd’hui le sol sur une profondeur de 45 cm. déplacement des conduites d’eau et de gaz, des Après avoir retiré les restes de revêtement, nous égouts, de l’éclairage, des lignes électriques avons commencé à construire deux canalisations Routes, basse tension… d’égouts d’une longueur de 200 m. Il a fallu ensui- ouvrages d’art, L’histoire de la société commence en 1953 te enlever environ 1 200 m3 de terre. Les tranchées canalisations, avec la fondation à Nitra d’une entreprise ainsi que les raccords des bouches d’égout ont été recyclage : nationale de construction routière. La comblés de graviers. Nous exécutons tous les tra- l’expertise de Slovaquie avait alors besoin de routes. C’est vaux, sauf le déplacement d’une ligne à haute ten- Cesty Nitra surtout dans les années 1985-1989, dans le sion», précise le chef de chantier à Nitra. est complète. cadre du programme gouvernemental de revêtement des routes, que l’entreprise prend son essor. Elle réalise alors 700 000 tonnes d’enrobés, et le nombre d’employés dépasse 2 000. Après la chute du régime socialiste, en novembre 1989, la Slovaquie s’engage sur la voie de la transformation économique. Les entreprises nationales sont progressivement privatisées. Cestné Stavby Nitra se transforme en société anonyme nationale en 1995 et prend le nom de Cesty Nitra. En octobre 1996, la firme slovaque Ropspol devient son actionnaire majoritaire. Enfin, en mai 2000, Cesty Nitra est achetée par Colas. Le retour de la planification Le changement de propriétaire a-t-il entraîné des bouleversements ? «En ce qui concerne nos activités principales, rien n’a changé. Colas ne nous a rien imposé, même en matière de gestion des hommes, explique Stefan Kiss, directeur général. ROUTES numéro 11 REPORTAGES En revanche, une certaine forme de “planification” a été établie, ce qui est une très bonne chose. Sous le régime socialiste, nous avions une planification centrale qui ne reflétait pas la réalité et qui était considérée par la population comme tout à fait formelle. L’expression “plan” était donc discréditée, à tel point qu’il ne fallait plus l’utiliser encore dix ans après la chute du régime ; c’était l’héritage du socialisme. Et pourtant, sans une planification sérieuse, les choses n’avancent pas. Avec le groupe Colas, nous avons retrouvé une nouvelle forme de planification pour les quatre années à venir. Nous avons, entre autres, adopté la charte des principes de gestion élaborée par Colas.» Recherche de la qualité L’un des objectifs actuels de Cesty Nitra est d’obtenir l’accréditation par l’Etat slovaque de son laboratoire central, déjà certifié ISO 9002. Le manuel de qualité, élaboré dès la fin 2000, a été remis au Service national d’accréditation en avril 2001 en attente du premier audit des experts. Dans le laboratoire de Nitra travaillent des spécialistes ainsi qu’un métrologue qui réalise également des essais sur le terrain. Les agences de Trnava et Trencin disposent de leurs propres laboratoires qui assurent aussi les contrôles sur le terrain auprès des postes d’enrobage, lors des mélanges. «Nous nous occupons aussi du recyclage, explique le chef du PORTRAIT Juraj Druga, chef du laboratoire central haque chantier est un défi. «J’ai commencé à travailler dans le laboratoire de Cesty Nitra juste après avoir terminé mes études de géologie appliquée en 1969, et, comme vous le constatez, j’y suis toujours, sourit Juraj Druga. Le domaine C Les conditions de travail sont parfois difficiles en raison du gel ou de la pluie. du contrôle en laboratoire est assez vaste, il me fallait donc sans cesse compléter mes connaissances, dans le cadre d’études post-universitaires ou lors de stages de formation.» Dans ce métier, chaque chantier est différent, chacun exige un procédé technologique spécifique, conçu sur mesure. Il n’y a donc aucune place pour la routine et, chaque fois, il faut rechercher les meilleures solutions pour répondre aux techniques imposées. «Grâce à notre exigence en matière d’optimisation des solutions, nous sommes en concurrence avec d’autres entreprises beaucoup plus grandes, surtout sur les marchés autoroutiers. Chaque commande est un nouveau défi et constitue pour nous une opportunité nouvelle de développer nos propres idées», explique le célibataire, trop pris par son travail pour trouver la femme de sa vie ! Mais il n’est jamais trop tard… ROUTES numéro 11 33 34 Sol argileux, bassin perméable : ce chantier en milieu urbain a nécessité toute la compétence du chef de chantier et de ses équipes. HISTOIRE La Slovaquie en bref vec une superficie de 49 000 km2 et une population de 5 400 000 habitants, la Slovaquie est un petit pays, situé au cœur de l’Europe, entre la Pologne, la République tchèque, l’Autriche, la Hongrie et l’Ukraine. Son territoire fut marqué par diverses civilisations, dont celles des Celtes et des Romains. La présence des Slaves y est attestée depuis le VIe siècle. Au IXe siècle, les Slaves connaissent une période d’important essor économique et culturel au sein de l’empire de la Grande Moravie. Le pape reconnaît le vieux slave comme quatrième langage liturgique. Après l’effondrement A ROUTES numéro 11 de la Grande Moravie, dû à l’invasion magyare, au Xe siècle, la Slovaquie devient partie du royaume naissant de Hongrie, lui-même incorporé plus tard dans l’Empire autrichien sous le règne des Habsbourg. Après la fin de la Première Guerre mondiale, Slovaques et Tchèques forment un Etat commun, la République tchécoslovaque. En 1992, la Tchécoslovaquie se divise par la voie constitutionnelle en deux Etats indépendants : la Slovaquie et la République tchèque voient le jour le 1er janvier 1993. > Capitale : Bratislava (Presbourg), 450000 habitants > Régime politique : démocratie parlementaire > Monnaie : couronne slovaque > Routes : 17880 km, dont 3077 km de routes, 200 km d’autoroutes laboratoire central à Nitra, Juraj Druga. Par exemple, nous avons collaboré avec une entreprise qui recyclait les vieux pneus, en les réincorporant sous forme de granules dans la couche de roulement pour stabiliser le mélange et diminuer le bruit. En collaboration avec l’Institut de recherche de Nitra, nous avons aussi élaboré une technologie de traitement des déchets, à base de sacs en PVC usagés, pour les utiliser au lieu d’ingrédients stabilisateurs importés. A l’heure actuelle, je vois une possibilité très intéressante de collaboration avec les entreprises du Groupe dans le domaine des mélanges bitumineux. Sur les petits chantiers, on a en effet souvent besoin d’une quantité réduite de bitume modifié, ce que nous ne sommes pas en mesure d’obtenir de notre fournisseur, qui ne propose que des livraisons en grosses quantités. Importer le bitume et l’homogénéiser chez nous constituerait une bonne solution.» Une multitude de chantiers Cesty Nitra réalise 60% à 75% de sa production annuelle sur commande de l’Etat. Les grands chantiers étant rares pour l’instant, l’entreprise se concentre sur l’entretien et le revêtement. L’achèvement de l’autoroute SopornaBab, avec le prolongement prévu vers Trnava, Nitra et Banska Bystrica, représente 51 petits chantiers. «Outre la construction des chaussées sur une longueur de 9,5 km, nous avons réalisé six ponts, environ 500 000 m3 de remblais, des bassins REPORTAGES de rétention et un mur antibruit. Il y avait également 9 km de déviation à réaliser, précise le conducteur des travaux, Ján Hreha. Cette autoroute devant devenir payante, l’entreprise construit en parallèle une route secondaire sur une longueur de 6 km. L’achèvement de ce tronçon autoroutier commencé en 1997 est prévu pour la fin de l’été 2001.» Investissements et vastes ambitions Quelques dizaines de kilomètres plus loin, la reconstruction du carrefour de Hlohovec a débuté le 15 avril 2001 et se terminera à l’automne. «Un chantier mené tambour battant sous circulation alternée, explique Peter Kovac, chef de chantier. Les tronçons situés au-dessus de caves nous ont pris plus de temps, car nous avons retrouvé de magnifiques voûtes anciennes.» «Nous sommes intransigeants sur la qualité. Depuis des années, nous nous situons parmi les dix premières entreprises slovaques de construction, résume le directeur général, Stefan Kiss. Outre les investissements dans le parc matériel, nous envisageons l’achat d’une carrière et d’une ballastière avant la fin de l’année. Dans un proche avenir, l’ensemble du réseau routier slovaque sera à reconstruire, et nous souhaitons être prêts à relever ce défi. Notre intégration dans le groupe Colas devrait nous aider dans cette voie.» ■ PORTRAIT Ján Hreha, conducteur travaux e que je voulais faire depuis toujours…» Ján Hreha travaille à Cesty Nitra depuis la fin de ses études. «J’ai toujours été attiré par la construction ; c’est sur ce critère que j’ai choisi mon école secondaire. J’ai poursuivi mes études à la faculté de génie civil, dans la section des constructions routières.» Puis Ján est C « Investissements matériels, acquisition d’une carrière et d’une ballastière : tout est mis en œuvre pour être en mesure de relever les défis de demain. entré chez Cesty Nitra en qualité de chef de chantier. Il a commencé sur un chantier pour le grossiste Metro avec la réalisation des voiries, du parking et des canalisations. «L’année dernière, on m’a envoyé étudier pendant trois semestres les tunnels routiers. Je vais achever cette nouvelle formation à l’automne.» Le sujet de la thèse de Ján a été choisi par l’entreprise et portera sur la problématique des chaussées en béton ou en bitume dans les tunnels. Ján voudrait poursuivre cette formation complémentaire pendant encore deux semestres, car elle lui apporte un réel «plus». «Cette année, nous avons fait une excursion à Semmering, où l’on réalise le percement simultané de trois doubles tunnels, nous avons également visité de nouvelles stations de métro à Vienne. D’autres excursions devraient être consacrées aux tunnels déjà achevés et aux problèmes de sécurité.» Comment voit-il son avenir dans l’entreprise ? «J’aime ce travail, et l’entreprise devance aujourd’hui mes souhaits. Je suis content. Pourvu qu’il y ait toujours de quoi construire», ajoute-t-il en souriant. ROUTES numéro 11 35 colas_0511_36a39_baf_colas_0511_36a39_baf.qxd 24/10/11 19:24 Page36 36 ® SÉCURITÉ Une véritable priorité sur le terrain L a sécurité est l’un des thèmes récurrents et prioritaires au sein du Groupe ; nous y consacrons beaucoup de temps et d’énergie», rappelle Denis Pagot, directeur hygiène, sécurité et environnement (HSE) au sein de la direction des ressources humaines du Groupe. Des rencontres ont lieu, chaque année, sur ce thème. Elles illustrent parfaitement cette politique volontariste de même que la prise de conscience générale observée dans l’ensemble des filiales. Une politique et une prise de conscience qui ont permis une baisse sensible du nombre d’accidents et de leur taux de gravité. Neuf pays – contre cinq l’an dernier – et trois continents étaient représentés à Lewes les 19 et 20 juin, pour les Rencontres Sécurité du Groupe. «Les échanges s’internationalisent de plus en plus», observe Denis Pagot. Six jeunes figuraient parmi les trente-deux animateurs sécurité qui avaient fait le déplacement, des jeunes soucieux de s’enrichir du savoir-faire et de l’expérience de leurs aînés. D’une « filiale à l’autre, d’agence en agence, concours internes, journées et quarts d’heure sécurité, formations et campagnes en tous genres constituent une véritable panoplie de moyens contre les accidents pour améliorer toujours plus la sécurité. Des initiatives appuyées, entretenues par une série d’actions de communication et d’information depuis le siège, à BoulogneBillancourt. Dans ce dispositif, le site intranet HSE occupera prochainement une place de choix. Chacun pourra consulter en ligne des conseils d’ordre juridique et réglementaire, des nouvelles en provenance des filiales ou encore une série de livres, d’articles de presse et de produits relatifs à la prévention… On pourra bientôt y trouver également l’intégralité du manuel HSE actuellement en version papier, dont l’élaboration a demandé deux ans de travail. «Il ne faut jamais s’arrêter, il y a toujours quelque chose à faire, ajoute Denis Pagot. Dans les années 1950, on estimait que l’accident était une fatalité, un tribut à payer. De nos jours, la sécurité est une exigence morale, juridique et économique. Il faut faire prendre conscience à tous que la sécurité rapporte plus qu’elle ne coûte. Il ne faut pas oublier qu’un seul accident du travail peut coûter la marge annuelle d’une filiale…» 135 Taux de fréquence groupe Colas (filiales routières) 120 Taux de fréquence USIRF (Industrie routière) 105 Nombre centres sans accident dans le groupe Colas 90 75 60 45 30 15 0 91 92 93 94 95 96 97 98 99 2000 La sécurité s’améliore dans le Groupe par rapport au secteur. Le taux de fréquence mesure le nombre d’accidents par million d’heures travaillées. ROUTES numéro 11 PILOTAGE Tendances L’animateur sécurité de filiale : un conseiller privilégié Il participe à l’élaboration de la politique sécurité définie par la direction, et à sa mise en œuvre. Cette politique s’intègre dans une orientation générale Groupe (tels la lutte accrue et généralisée contre l’insécurité routière, l’accroissement des mesures d’hygiène sur les chantiers…). Ses missions sont multiples : conseil et animation (diffusion de textes réglementaires, analyse des accidents du travail graves, animation de réunions sécurité, organisation de concours…), gestion des taux de cotisation, statistiques, relations avec les organismes extérieurs (CPAM, OPPBTP…). Il n’existe pas de profil spécifique de l’animateur sécurité. Il peut être issu de l’exploitation comme d’une formation universitaire. Seuls importent son sens des relations humaines, sa préoccupation permanente pour améliorer la prévention et sa connaissance du métier. Smac Acieroïd passe la vitesse supérieure Chez Smac Acieroïd, on met les bouchées doubles. En effet, les activités étanchéité et bâtiment engendrent des risques spécifiques d’incendies et de chutes. «Nous avons mis l’accent sur la prévention et la sécurité, explique Patrick Fourier, directeur des ressources humaines. Il y a une implication volontariste de Robert Lefevre, président de la filiale, et des chefs d’établissement, premiers responsables de la sécurité.» Chaque établissement a son animateur sécurité, relayé par un «super» animateur sécurité par région. Outre un double challenge – l’un national, mettant en compétition les trois régions de Smac, l’autre régional, mobilisant les agences – un concours national d’affiches dessinées par les collaborateurs et leur famille a été organisé. «Les thèmes sont arrêtés par la direction générale, et les dessins sont laissés à la libre imagination des participants», explique Patrick Fourier. Puis l’affiche retenue «fleurit» dans tous les établissements. D’autres actions spécifiques sont menées. Par exemple, un CHSCT national établit une synthèse des travaux réalisés par les comités des différents établissements; la politique de prévention sera définie à partir de cette synthèse. «Cette initiative va au-delà des textes,» explique Patrick Fourier. On notera encore, en plus des réunions trimestrielles et de la formation des jeunes, la sensibilisation à la prévention dès l’embauche. Tout nouvel embauché reçoit en effet un kit sécurité contenant les consignes et des brochures d’information. Objectif : que la sécurité devienne un réflexe. Ce réflexe est d’ailleurs en amont de toute analyse des risques potentiels au démarrage d’un chantier. Enfin, en cas d’accident, un compte rendu est adressé au président, qui organise une réunion pour l’ensemble du personnel. But : analyser les raisons de l’accident et tout mettre en œuvre pour qu’il ne se reproduise pas. Parce qu’en matière de sécurité on n’en fait jamais trop… TROPHÉE SÉCURITÉ Remise du Pivert à Sully-Miller Le Pivert de cristal s’est envolé pour la Californie, où il a été remis à Randy Franklin, responsable sécurité de Sully-Miller, par Alain Dupont, le 9 juin dernier. Ce trophée international de la sécurité décerné par le Groupe récompense la filiale américaine pour une année 2000 sans un seul accident du travail avec arrêt. «Nous poursuivons toujours nos efforts en matière de sécurité, explique Randy Franklin. Notre objectif est d’effectuer 2 millions d’heures travaillées sans un seul accident avec arrêt. Cela contribue à créer une culture d’entreprise “zéro accident” pour des conditions de travail optimales.» ROUTES numéro 11 37 38 SÉCURITÉ ROUTIÈRE Bilan très positif et reconduction de la charte interministérielle L e 23 avril dernier, le Groupe a reconduit la charte Sécurité routière signée avec l’Etat en 1997. L’objectif initial, la réduction de 25%, en trois ans, des accidents liés à la circulation, a été largement atteint, puisque le nombre des sinistres a diminué de plus de 30%. Ce résultat très positif récompense les efforts consentis par toutes les filiales de France métropolitaine. Sensibilisation de tous à la Sécurité routière, création d’un Challenge, multiplication des formations sur le terrain animées par plus de 300 relais Sécurité routière, implication de tous les niveaux hiérarchiques, suivis statistiques : le vaste programme lancé par le Groupe a, d’ores et déjà, porté ses fruits. Cependant, des différences notables demeurent encore entre les filiales, avec un ratio nombre de sinistres/nombre de véhicules de 0,09 pour la meilleure filiale et de 0,28 pour la dernière. L’objectif pour les trois années à venir, une baisse globale de 5% des accidents, vise, bien entendu, à maintenir le cap, mais a, aussi et surtout, pour ambition ROUTES numéro 11 de réduire les écarts entre les différentes filiales, en particulier celles qui ont rejoint récemment le groupe Colas. Au-delà des chiffres, comme l’a rappelé Alain Dupont lors de la signature entérinant la reconduction de la charte, en présence d’Isabelle Massin, déléguée interministérielle à la Sécurité routière, «la Sécurité routière est une valeur fondamentale et un enjeu incontournable pour Colas. Il s’agit de préserver la vie humaine et d’optimiser la qualité du travail». L’expérience acquise, en France, dans ce domaine, va progressivement s’étendre aux filiales étrangères en tenant compte des contraintes locales : en tête de ces filiales, Colas UK, qui commence déjà son programme de sensibilisation. Le challenge Sécurité routière Le 9 mars dernier, Screg Ouest a été déclaré vainqueur du challenge Sécurité routière 2000, suivi par Somaro et Colas Rhône-Alpes. Il s’agit d’un brillant témoignage de la qualité du travail fourni par les hommes du terrain, dans tous les établissements, pour diminuer le nombre d’accidents. En effet, la prévention est un domaine où chacun a un rôle actif à jouer, du directeur de filiale au relais Sécurité routière, en passant par le chef d’agence. «L’essentiel est d’intégrer les réflexes de la Sécurité routière dans les comportements quotidiens ; 80% des accidents sont encore dus à l’inattention des conducteurs», souligne Bruno Chambon, directeur de Screg SudEst. Pour Alain Paviet, chef d’agence à Annecy, «la prise de conscience des risques de la circulation routière est maintenant bien ancrée. Veiller au bon état du matériel roulant, désigner des chauffeurs attitrés pour chaque véhicule, former tout le personnel…, les résultats sont déjà là, le nombre d’accidents diminue régulièrement. PILOTAGE Tendances L’élément fondamental, c’est le respect des règles de base de la conduite». Et dans ce domaine, les relais Sécurité routière, comme Claude Ferrier à Grenoble, ont un rôle déterminant puisqu’ils dispensent en une demi-journée tout le savoirfaire indispensable pour «conduire encore mieux». «Par petits groupes, nous analysons d’abord les statistiques des accidents pour en cerner les causes, avant d’aborder en détail les onze règles de la conduite sûre (vision, espace, maîtrise du véhicule, état physique, respect du code de la route…). Enfin, nous étudions des cas pratiques et terminons Qui sont les relais Sécurité routière ? Pivots sur le terrain du programme Sécurité routière du Groupe, plus de 300 collaborateurs ont été choisis pour dispenser aux personnels des établissements des formations à la conduite sûre. Sélectionnés pour leur sensibilité au thème de la Sécurité la formation par l’apprentissage de la rédaction des constats amiables. Les chauffeurs apprécient énormément cette demi-journée car ils découvrent ou approfondissent leurs connaissances dans une ambiance agréable.» Par ailleurs, les hommes-relais font également des points post-accident et – la seconde partie du programme – procèdent à des audits de conduite en situation réelle qui concernent tous les collaborateurs susceptibles de conduire au sein des filiales. L’amélioration de la Sécurité routière passe par la sensibilisation, la formation et l’action de tous. routière et pour leur sens de la pédagogie, les relais Sécurité routière ont des profils très diversifiés. Ayant bénéficié de la formation Scope élaborée par AXA, ils enseignent à tous leurs collègues les onze règles de la conduite et sont fortement soutenus dans leur action par les chefs d’établissement. Plus de 7 000 conducteurs ont été formés à ce jour. Informés par une lettre trimestrielle créée à leur intention, les relais Sécurité jouent un rôle décisif dans l’amélioration des performances en matière de Sécurité routière ; ils seront, pour la première fois, réunis l’an prochain lors d’une convention organisée à Paris. PRIX DE L’INNOVATION Colas récompensé au grand prix Siemens de l’Innovation C olas a remporté le prix spécial du Jury au grand prix Siemens de l’Innovation avec le Colasmac blanc, la nouvelle génération de béton bitumineux. En présence des représentants du magazine Le Nouvel Economiste et du secrétariat d’Etat à l’Industrie, Michel Robin, le président de Siemens France, a remis le 3 juillet dernier le trophée à Michel Chappat, directeur de la recherche et du développement du Groupe. Le Colasmac, mis au point par le Laboratoire central de recherche, est le nom générique d’une nouvelle famille d’enrobés à froid, fabri- qués à température ambiante et appliqués sur une épaisseur variant de 2 à 7 cm. La couleur blanche est obtenue par addition de colorant blanc. Ce nouveau produit a été récompensé pour ses nombreux avantages technico-économiques : économies d’énergie, sécurité du travail, sécurité et confort de l’usager… Le Colasmac blanc est le nouvel allié de l’environnement et de la sécurité. ROUTES numéro 11 39 40 ACTIVITÉ Tracer les nouvelles routes de la soie En nouant, entre 1993 et 2000, des liens toujours plus étroits avec Tasco – Tipco Asphalt Company –, le numéro 1 du bitume et de l’émulsion en Extrême-Orient, le Groupe Colas s’impose, peu à peu, comme un acteur clé dans cette partie du monde. u jus de fruit au bitume et à l’enrobé, en passant par les ananas en boîte, le lait en brique, le transport routier et maritime, l’hôtellerie, sans oublier le conseil environnemental auprès des industriels, Tipco Group est omniprésent en Thaïlande et en Chine. Normal : D ce conglomérat d’activités est le fruit d’un travail patient, celui d’un self-made man, Prasit Supsakorn, transporteur routier puis fondateur d’un conglomérat. Au début des années 90, en visite à Paris, il ROUTES numéro 11 rencontre les dirigeants de Colas, présent depuis le début de la décennie 80 dans le consortium qui construit alors l’aéroport de Djakarta, en Indonésie. C’est également à ce moment que la direction générale décide de développer Colas en Asie, et établit les règles de cette croissance : activités industrielles et investissements en partenariat. Ce sera le début d’une collaboration longue et fructueuse entre les deux groupes. En janvier 1993, un premier joint-venture, Raycol Asphalt, est noué entre Colas et la PILOTAGE Tendances famille Supsakorn, en Thaïlande, pour le montage d’une usine d’émulsion dans le sud de Bangkok. «Fin 1992, j’ai été affecté à Bangkok pour mettre en place cette politique de développement et m’assurer du démarrage harmonieux de Raycol. Après cette première expérience réussie, nous nous sommes associés, en 1995, dans Thai Slurry Seal, pour la production d’enrobés et la réalisation de travaux d’entretien, puis en 1997, nous avons acquis 50% de Thai Crushing Plant, qui exploite aujourd’hui deux carrières situées dans le sud de la Thaïlande et sur le golfe de Siam», retrace Jacques Pastor, directeur Colas Asia. Avec la crise économique asiatique de 1997, Tasco a dû faire face à une situation financière difficile et a souhaité que Colas entre dans son capital à hauteur de 22,7% ; l’accord a été signé au cours de l’été 2000. Cette entrée dans son capital s’accompagne de nouveaux accords avec Tipco en Chine. Un échange de bons procédés : en 1995, Colas lui avait ouvert les portes du marché indien. Aujourd’hui, Colas poursuit son expansion dans cette région du monde : la Chine et la Thaïlande sont en quête de bitume de bonne qualité pour étendre leurs réseaux routiers et autoroutiers. «Mais nous sommes très loin des ratios de consommation européens, rappelle Jacques Pastor. La France utilise 3,5 millions de tonnes d’émulsion par an alors que la Thaïlande en est à 700 000 tonnes, la Chine à 5 millions, et l’Inde à 2,8 millions seulement, alors qu’il s’agit de pays autrement plus vastes et plus peuplés.» Au regard du nombre d’habitants de Le potentiel de consommation de bitume est considérable dans les régions est-asiatiques. cette zone en pleine expansion économique et qui concentre plus de la moitié de l’humanité, on imagine aisément le marché potentiel. En renforçant sa présence en Asie dans ses métiers de base (bitume, émulsion, bitume modifié), Colas profite des synergies apportées par Tipco, comme sa flotte de camions et de bateaux (bitumes transportés vers la Chine, l’Indonésie, le Vietnam et le Cambodge) ou ses dépôts. Autant d’atouts pour reconquérir les parts de marché d’antan : en 2000, Tasco détenait environ 70% du marché de l’émulsion en Thaïlande, contre 90% avant la crise, et environ 40% de celui du bitume, contre 70% hier. Le projet de construction d’une petite raffinerie (25 000 barils jour), par Thai Bitumen, pour sécuriser la fourniture de bitumes de qualité pour le groupe Tipco, pourrait bien s’avérer à l’avenir être un pari gagnant. Projet à suivre… ROUTES numéro 11 41 42 CONGRÈS MONDIAL DE LA ROUTE Colas en pole position au Congrès mondial de la route Toute la route s’est donné rendez-vous au palais des Congrès, à Paris, du 11 au 15 juin dernier. Ce lieu prestigieux a accueilli le Congrès mondial de la route, organisé par l’IRF (International Road Federation), association présidée par Alain Le Coroller, directeur commercial de Colas. evenu le carrefour de l’industrie routière, l’amphithéâtre du palais des Congrès de Paris a réuni 2 300 congressistes, venus du monde entier. Les D séances de travail, réparties entre sessions plénières et ateliers, invitaient les participants à réfléchir sur les problématiques actuelles et futures de la route. Thèmes socio-économiques, thèmes techniques, de nombreux sujets furent aborROUTES numéro 11 dés, tels que : la justification économique des investissements routiers, la fin de la pollution automobile, l’opinion publique et la route, ainsi que le rôle de l’automobile en milieu urbain et périurbain. D’autre part, pour la première fois, deux thèmes devaient être traités en liaison avec d’autres associations : la sécurité routière, avec l’AIPCR (association mondiale de la route), et les tunnels routiers urbains, avec l’AIPCR et l’Association PILOTAGE Tendances internationale des travaux en souterrain. Entre deux séances, les congressistes pouvaient déambuler parmi les nombreux stands de l’espace d’exposition, propice aux rencontres et à l’établissement de contacts professionnels. Toutes les grandes sociétés routières étaient présentes sur cet espace, attachées à promouvoir leurs produits et leurs technologies. En qualité d’acteur principal du secteur routier mondial, le groupe Colas se devait de participer en bonne place au Congrès IRF. Pour marquer sa présence, un emplacement de choix avait été retenu sur l’espace d’exposition, à proximité du grand amphithéâtre : une position centrale et incontournable. Les trois stands du Groupe ont été le fruit d’un an de travail d’une équipe de collaborateurs, chargée de définir leur contenu et leur aspect esthétique. Trois stands, avec trois personnalités et des finalités propres à chacun d’entre eux. Le stand du Groupe, stand institutionnel, imposant et sobre, avait été conçu comme un espace salon, chaleureux et propice à la détente. Des bornes interactives à écran plat, connectées en permanence, offraient aux visiteurs un panorama complet des sites du Groupe. Un mur d’images, illustrant la présence de Colas dans le monde Le stand «produits» de Colas a été aménagé comme un laboratoire d’essai. entier, appuyait la communication sur le stand. Celui-ci, particulièrement remarqué, a d’ailleurs servi à plusieurs reprises de décor pour des interviews filmées de congressistes. Le deuxième stand était consacré à Somaro, l’équipementier du Groupe. Des panneaux lumineux, produits phares de Somaro, agrémentaient ce lieu conçu comme un pôle industriel et de technologie de pointe. Enfin, le stand «produits», aménagé comme un laboratoire d’essai, avec des expérimentations effectuées en direct, très appréciées du public : sur ce stand, deux planches de démonstration d’enrobés rugueux, un tunnel présentant un enrobé clair et un enrobé scintillant, ainsi qu’une expérience d’émulsion propre. Des bornes bilingues, organisées autour des trois thèmes phares – environnement, sécurité, entretien – présentaient les produits du Groupe, toutes marques confondues. Pour la première fois en effet, les trois marques routières françaises (Colas, Sacer et Screg) étaient réunies sur un stand unique. Ce stand à caractère interactif a été plébiscité pour ses prestations techniques et ses animations originales, signe que le «consommateur» d’aujourd’hui est avide d’expériences venant illustrer les spécifications techniques d’un produit ou d’un procédé. ROUTES numéro 11 43 44 INTERNET Découvrez deux sites Internet du Groupe Surfez avec Colas UK Sur un panneau routier, des hommes ramassent des agrégats. En fond d’écran, la route s’élance vers l’infini, à l’image du logo. Le décor est planté : bienvenue sur le site anglophone de Colas UK : www.colas.co.uk. Il s’agit là d’un site à entrées multiples. La page d’accueil affiche les rubriques du site pour un cheminement simple et clair. Principales rubriques : activités et métiers de la société, ses produits et ses réalisations, après une brève présentation de Colas. L’expertise de la route, des ports et des aéroports, l’éclairage et la signalisation, les actions pour l’environnement ; toutes ces activités sont illustrées par des exemples et des photos des dernières réalisations. Un tableau synthétique des produits et des services proposés par Colas UK vient compléter le tout, avec des liens vers des fiches techniques détaillant l’utilisation et les spécificités du Ralumac 2000, du Fibredec, ou du Spraygrip… Bienvenue chez Smac Acieroïd Esthétique et convivial, le site de Smac Acieroïd accueille les internautes à l’adresse : www.smac-acieroid.fr. L’accent est mis dès la page d’accueil sur les innovations de l’entreprise, ses hommes et ses activités. La rubrique «innovations», vitrine du site, dresse le portrait de chacun des produits ROUTES numéro 11 Une astuce très utile à noter : un moteur de recherche au sein même du site, ainsi qu’un index facilitent les démarches de l’internaute en lui apportant des réponses immédiates. Ces outils sont particulièrement adaptés aux professionnels qui cherchent des solutions pour un chantier en préparation. Ce principe d’entrées multiples permet de trouver immédiatement la bonne information. A retenir ! novateurs de Smac Acieroïd. Le Néophalte® Pont, le Streetprint® ou l’Isophalt® sont exposés avec textes et photos. Les métiers de l’asphalte et de l’enveloppe du bâtiment sont présentés de façon exhaustive et pédagogique avec des exemples de réalisations, des photos du produit fini sur site et des textes explicatifs très complets sur les utilisations possibles et les techniques de pose. Une multitude de liens permet de naviguer entre les métiers et les innovations associées. Deux rubriques annexes permettent de visualiser les implantations de Smac Acieroïd sur une carte de France et de connaître les hommes et leurs métiers pour rejoindre les équipes en place. Signe particulier de ce site : son graphisme attrayant et ses photos de qualité pour une navigation haut de gamme. PILOTAGE Tendances INTRANET Sésame, le nouvel Intranet e portail Intranet du groupe Colas a ouvert ses «portes» cet été au siège et devrait être ouvert aux filiales de France Métropolitaine en octobre. Son nom? Sésame. La page d’accueil du site se présente en trois parties. Deux sont communes à l’ensemble du Groupe, la troisième est dédiée à chaque filiale en particulier. Un bandeau d’informations clignotant, «A la Une», anime cette page et sera remis à jour en fonction de l’actualité. Dans le bandeau du haut, Sésame propose des informations générales, destinées à tous : l’actualité (flash d’infos, revue de presse…), le PEE, les principes de gestion, les principes de conduite, des liens vers les sites du Groupe, de l’information sur l’euro, le dictionnaire Colas de la route… La partie gauche, également accessible à tous les collaborateurs, est consacrée aux «filières» : ressources humaines, communication, comptabilité/gestion, financier, juridique, technique et recherche, informatique, matériel, international. Ces rubriques mettent à la disposition des collaborateurs tous les docu- L ments utiles au quotidien : actualité, comptes rendus, fiches techniques, calendriers, publications… Dans chaque domaine sont proposés des liens vers des sites spécifiques. Enfin, la troisième partie est un espace consacré aux filiales : une page d’accueil, dont le graphisme sera individualisé en fonction de chaque filiale (logo, photo…), leur est réservée, avec des liens vers leurs propres sites. L’accès à cette partie sera destiné aux seuls collaborateurs de la filiale. Sésame a été conçu pour être un outil vivant et évolutif : ses rubriques seront mises à jour et enrichies régulièrement. COMMUNICATION Une nouvelle plaquette pour le Groupe ditée en français et en anglais, la nouvelle plaquette de présentation de Colas vient de sortir. 1 000 établissements dans plus de 50 pays, 100 000 chantiers dans le monde, 53000 collaborateurs sur les cinq continents, 568 centrales d’enrobage, 488 carrières et gravières, 169 usines d’émulsion, 6,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2000… La plaquette livre tous ces chiffres et bien d’autres. Un document qui permet de rappeler que le marché de Colas, c’est le monde entier, et que la route s’inscrit au cœur des métiers du Groupe E (travaux routiers, terrassement, étanchéité, bâtiment, environnement et recyclage…). Graphiques et pyramides illustrent l’évolution et la répartition du chiffre d’affaires par activité et par zone géographique. Un document incontournable pour faire le tour du groupe Colas, un document de base pour toutes les équipes commerciales… ROUTES numéro 11 45 45 46 OLYMPIADES DES MÉTIERS Le groupe Colas bien représenté u 13 au 16 septembre prochain se dérouleront à Séoul, en Corée, les XXXVIes Olympiades des métiers. Cette grande compétition mondiale, au cours de laquelle s’affrontent plus de 600 jeunes représentant différents corps de métiers, a le vent en poupe. Si, au début, en 1954, seuls quelques professions et quelques pays étaient en lice, on recense aujourd’hui 40 secteurs professionnels, de la coiffure à la pâtisserie, en passant par l’électronique, et autant de pays ! Hélas, cette fois encore, à Séoul, les métiers de la route ne seront pas représentés. En effet, pour qu’un métier le soit, il faut qu’au moins huit pays organisent des sélections dans cette discipline ; or ce chiffre n’est pas atteint. Mais la Fédération des travaux publics ne désespère pas. «Nous devons continuer à organiser des sélections nationales et tout faire pour que d’autres pays en organisent également afin D qu’en 2003, à Dubaï, il y ait une épreuve “constructeur de routes”», souligne Denis Pagot, à la direction des ressources humaines Colas. En attendant, Colas s’est illustré au concours national des métiers organisé, en vue des Olympiades, par la Fédération des TP. Huit régions organisaient leur sélection et, sur les huit lauréats qui se sont retrouvés en PoitouCharentes en mai dernier pour la finale, quatre font partie du Groupe. Chacun a donné le meilleur de lui-même. Parmi eux, Emmanuel Pupier, chef d’équipe chez Perrier TP, s’est illustré pour la «construction de routes-VRD», discipline représentée pour la première fois. Emmanuel aura l’honneur d’être invité à Séoul. Toujours est-il que, pour Colas, ces résultats constituent une réussite et suscitent une vive satisfaction. Lauréats ou non, les participants, qui ont entre 19 et 22 ans, contribuent à honorer l’image de la profession. PORTRAIT Emmanuel Pupier : «Rajeunir le métier» «Qualité et rigueur des arrondis, angles droits, découpes…» Le jury n’a pas lésiné sur l’appréciation en sélectionnant Emmanuel Pupier en catégorie ROUTES numéro 11 «construction de routesVRD». Pose de pavés et de bordures, mise en place de dalles… Emmanuel s’est appliqué avec le talent et l’enthousiasme qui le caractérisent depuis son entrée chez Perrier TP en 1997. Embauché définitivement en septembre dernier, il a concouru pour les Olympiades. Bonne idée puisqu’il a décroché un 18 ou 19 – il ne s’en souvient plus ! – à la sélection régionale, devançant les neuf autres candidats, et remporté la première place devant les sept autres lauréats lors de la finale. Emmanuel a de quoi être fier, et ces lauriers ne peuvent que le faire avancer un peu plus dans sa carrière routière. Première récompense : à presque 20 ans, le voici chef d’équipe en travaux urbains chez Perrier, le début prometteur d’une carrière qu’on lui souhaite… béton ! «J’aime ce métier depuis toujours, confie Emmanuel. Les Olympiades permettent de le faire connaître auprès des jeunes, ce qui est important car il a besoin d’être rajeuni…» PILOTAGE Tendances VOILE Un équipage 100% féminin au Challenge Screg Cinq collaboratrices de Screg Est se sont engagées sur un neuf-mètres dans le 18e Challenge de la voile Screg, du 5 au 8 mai 2001, dans le cadre prestigieux de La Trinité-sur-Mer ; un lieu magique pour ces cinq jeunes femmes nouvellement admises dans l’univers des marins, sous l’œil attentif de Marie-Albane, leur skipper confirmée. Une courte préparation de deux jours avant d’affronter les 63 autres bateaux. «C’est notre dynamisme, l’esprit sportif et l’attrait de la nouveauté qui nous réunissent», raconte Isabelle Chanas qui, depuis quatre mois, s’active pour convaincre les sponsors et former l’équipe. Durant le challenge, les cinq jeunes femmes se font vite connaître et seront considérées en mer comme de véritables marins. «Ce qui n’empêche pas de faire la fête, cela fait aussi partie du challenge», ajoutent-elles en souriant. Elles se sont alignées sur la ligne de départ pour six manches en trois jours avec un temps idéal, du vent et du soleil. Lors de la dernière manche, faux départ de l’équipage : «Nous sommes rentrées au port dans un silence impressionnant», confie Valérie Cussemane. Cependant, le pari est relevé, l’équipage féminin arrive 40e au classement général. «Nous avons démontré qu’avec de la volonté, beaucoup de dynamisme et des moyens modestes, nous pouvions participer à une régate». Isabelle confirme : «Le challenge, c’était aussi vivre une aventure à six, dans un milieu confiné, sans se connaître, et faire de nos différences un atout.» Fortes de leur expérience, elles ont fêté l’événement avec supporters et amis lors du buffet de clôture. Isabelle dresse le bilan : «Je suis satisfaite, autant comme équipière que comme organisatrice. La mer est un milieu difficile, le tempo est imposé par la météo, et le sentiment d’être petit devant l’immensité fait avancer !» Le virus de la mer a fait des ravages, elles sont déjà prêtes à remettre les voiles. ROUTES numéro 11 47 48 Un chantier de Compostyrène à Menton AVANT Une route détruite par les intempéries APRÈS Un procédé de remblai choisi pour sa légèreté Le procédé du remblai allégé en Compostyrène PSE a été retenu : en effet, sur cette route sinueuse et escarpée, il n’est pas possible d’acheminer des blocs de béton. Pour stabiliser le glissement de terrain, on a choisi, comme matériau, du polystyrène expansé (PSE), produit par moulage de blocs parallélépiL’effondrement de la route des Ciappes sur les hauteurs de Menton, dans les Alpes-Maritimes, est dû aux intempéries de cet hiver. La pluie, tombée en abondance, n’a pu s’évacuer. Elle est restée bloquée derrière le mur en béton qui soutenait auparavant la chaussée. Sous la pression ROUTES numéro 11 de l’eau, celui-ci a lâché. La ville de Menton, soucieuse de rétablir au plus vite la circulation, a sollicité la Snaf (Screg Sud-Est). La seule contrainte de la consultation résidait dans les gabarits de chaussées à respecter (6 mètres). Les travaux doivent durer deux mois. pédiques. La dimension des blocs, 5,08 x 1,23 x 0,515 m, pour un poids unitaire de 70 kg, permet de limiter considérablement la masse. Un mètre cube de Compostyrène pèse en effet 19 kg alors qu’un mètre cube de terre s’évalue à deux tonnes environ. Les qualités du Compostyrène sont multiples : outre 49 PILOTAGE 45 Un an après sa grande légèreté, c’est un matériau très résistant, imputrescible. L’agression du feu est rendue impossible grâce à la couverture en terre. La technique est cependant très précise : «Ce qui est important, c’est la base ; une fois qu’elle est bien préparée, en asymétrie, on suit un calepinage très précis… C’est un jeu de cubes», explique Archange Barlet, chef du chantier, un des spécialistes du Compostyrène chez Screg Sud-Est, venu prêter main-forte à l’équipe de la Snaf. Ce que confirme José Campion, compagnon du Ruban Vert : «C’est comme un jeu de Meccano, il ne faut pas se tromper au départ : on monte les rangées de polystyrène, puis elles sont collées et clouées.» Pour ces chantiers très spécifiques, la préparation est capitale : étude des sols et de l’hydrologie du site pour examiner le cheminement des eaux pluviales, examen des contraintes de service du remblai (trafic routier, poussées latérales…), vérification des conditions de pression limites et, bien sûr, prise en compte des contraintes esthétiques et environnementales pour permettre une bonne intégration du remblai dans le paysage. L’équipe de la Snaf, composée de six personnes, a ainsi disposé 500 blocs de Compostyrène. Sur la route des Ciappes, des règles de mise en œuvre très strictes ont été élaborées. Plusieurs étapes furent nécessaires. Dans un premier temps, la conformité aux normes de fabrication du PSE était vérifiée et la couche de forme soigneusement réglée, puis une fois le plan de calepinage établi, les blocs furent montés en couches croisées solidarisées. Enfin, les travaux de chaussées et de voiries ont pu commencer, avant la réalisation de l’habillage de l’ouvrage. ROUTES numéro 11 50 Le Bâtiment, un autre métier de Colas Une préparation commerciale de longue haleine, des chantiers qui durent, une large palette d’interventions : au sein de Colas, l’activité Bâtiment est un métier un peu à part, exercé par des équipes séparées par plusieurs dizaines de milliers de kilomètres, celles de GTOI et des filiales de l’Océan Indien, et celles de l’agence Bâtiment, en Ile-de-France. ROUTES numéro 11 PILOTAGE Dossier A u sein de Colas, l’activité Bâtiment est représentée par quelques entités : l’agence Bâtiment Colas, implantée à Chatou, qui travaille principalement en Ile-de-France; GTOI, installée à La Réunion, qui réalise 50% de son activité en Bâtiment; et trois agences Colas, installées à Mayotte, Djibouti et Madagascar. «Notre activité Réhabilitation et Travaux neufs est en pleine expansion», souligne François Alborghetti, qui dirige à Chatou l’agence Bâtiment. GTOI, filiale à 100% de Colas, réalise, quant à elle, l’essentiel de son chiffre d’affaires Bâtiment en travaux neufs. «Ces quinze dernières années, La Réunion a largement bénéficié de l’effet de la loi Pons, loi de défiscalisation qui a dopé la construction de logements sur l’île, note Marcel Daizé, directeur général adjoint du Groupe, en charge de la zone Océan Indien et Afrique australe. Aujourd’hui, l’activité logements est moins importante, mais le secteur du bâtiment reste très actif.» Travaux neufs : des réalisations très diverses Si la moitié de l’activité des équipes franciliennes porte sur des travaux neufs, cette proportion est beaucoup plus élevée chez GTOI. «Ils représentent 90% à 95% de notre activité», estime Marcel Daizé. En Ile-de-France comme à La Réunion, les chantiers de construction neuve sont très divers : logements, équipements, bâtiments administratifs… GTOI a ainsi réalisé, pour le compte du Conseil général de La Réunion, le bâtiment des Archives départementales, d’une surface de 10000 m2, ce qui a nécessité dix-huit mois de travaux. Colas a réalisé à Madagascar le nouveau lycée français de Tananarive, destiné à accueillir 1200 élèves et, à Mayotte, une maternité de 70 lits. En Ile-de-France, l’agence Bâtiment vient de démarrer l’extension de la sous-préfecture du Raincy; par ailleurs, elle termine le Conservatoire de ➤ ROUTES numéro 11 51 52 TÉMOIGNAGE «Le plus important, c’est la préparation» Jean-Claude Viollet, conducteur de travaux «Mon métier ? Gérer les chantiers, au plan financier, mais aussi au plan relationnel. Actuellement, je termine un chantier de logements à Montrouge dont la livraison est prévue pour la mi-décembre. Il s’agit d’un programme de 67 logements, d’un montant de 31 millions de francs. Pendant la phase de gros œuvre, 25 compagnons de l’agence Bâtiment y ont travaillé. Pour moi, la phase la plus importante est la préparation.» Pour avoir l’esprit le plus libre possible quand le chantier démarre, il faut une bonne préparation d’au moins un mois. «Si l’analyse du dossier est bien faite, on a le chantier dans l’œil dès la première lecture ; ensuite, on fait du travail de qualité. Mais nous ne sommes pas seulement des gestionnaires. Il nous faut aussi animer les équipes.» Pendant la phase de gros œuvre, avec des collaborateurs Colas, c’est relativement simple. Les choses se compliquent lorsque les différents corps d’état commencent à intervenir. «Chacun a tendance à travailler dans son coin. C’est à moi d’assurer la coordination de l’ensemble des entreprises. En définitive, c’est le facteur humain qui est le plus difficile à gérer.» La Réunion s’est construite il y a 30 ans. Aujourd’hui commence la phase de réhabilitation. ➤ musique de L’Isle-Adam, ainsi qu’un gymnase à Châtillon. L’agence travaille également pour le Groupe : après avoir réalisé les laboratoires de recherche de Magnyles-Hameaux, elle s’est vu confier l’extension du siège social à Boulogne. «Aujourd’hui, nous ciblons des opérations de 20 à 100 millions de francs», explique François Alborghetti. «Nous travaillons à 40% pour le public et à 60% pour le privé, ajoute Bernard Bondy, responsable de l’activité Travaux neufs à l’agence Bâtiment. Les logements représentent 40% de notre chiffre d’affaires, mais notre objectif, à terme, est d’en faire moins. En effet, même si ces chantiers restent une très bonne école et constituent toujours pour nous une sorte de fonds de commerce, ils sont moins rentables.» La réhabilitation, une vraie spécialité A La Réunion, GTOI traite encore assez peu de réhabilitation. «La Réunion s’est ROUTES numéro 11 PILOTAGE Dossier construite il y a trente ans. La rénovation de tout ce qui a été bâti commence aujourd’hui à être d’actualité, explique Marcel Daizé. Mais nous entrons à peine sur ce marché, qui représente une part très faible de notre activité.» En revanche, à l’agence Bâtiment de Colas Ile-de-France, cette activité, peu importante jusqu’à la fin des années 80, s’est développée avec le regroupement, dans une structure unique, de trois entités : Colas Réhabilitation, Cayette et Dony, et Sylvain Joyeux Bâtiment. Aujourd’hui, cette structure réalise aussi près de 6% de son chiffre d’affaires dans le secteur du désamiantage. Pour le reste, la moyenne des opérations se situe autour de 7 à 8 millions de francs, avec des chantiers pouvant atteindre 40 millions de francs. «Les chantiers que nous traitons sont extrêmement variés, explique Marco Formichella, responsable de cette activité. Ils vont des logements en milieu occupé aux réaménagements de bureaux, en passant par des équipements tels que les crèches, piscines, hôpitaux ou maisons de retraite.» Parmi ses réalisations récentes, on peut citer la réhabilitation d’une tranche de logements de la cité Pierre et Marie Curie d’Ivry, la réhabilitation du bâtiment des services sociaux de la gare d’Austerlitz, ou encore la restructuration d’un bâtiment HLM à Arcueil, pour un montant de 28 millions de francs. Les interventions sont également très variées. Dans le cas de bureaux, par exemple, la réhabilitation peut concerner aussi bien des immeubles complets, libres de tout occupant, qui seront réhabi- ➤ Les chantiers de réhabilitation de bâtiments sont très différents les uns des autres. TÉMOIGNAGE «Je préfère travailler sur un chantier de réhabilitation» Philippe Jeandat, conducteur de travaux «Je travaille en ce moment sur deux chantiers. Le premier, qui se termine, concerne un marché couvert à Bezons. Nous sommes intervenus sur une surface de 4 000 m2, en rez-de-chaussée d’un bâtiment qui date des années 60 et dans lequel nous avons tout cassé et tout refait. Afin que le marché reste ouvert pendant les huit mois qu’a duré le chantier, nous l’avons divisé en deux zones et nous avons regroupé tous les marchands dans une seule zone. Ce qui est difficile dans ce métier, c’est de gérer la relation avec usagers et occupants. L’autre spécificité, c’est que nous travaillons sur des bâtiments qui réservent des surprises. On travaille sur les plans d’origine, quand ils existent, mais ceux-ci sont souvent inexploitables. L’autre chantier que je gère en ce moment, un bâtiment de l’Ecole supérieure de physique et de chimie, dans le 5e arrondissement de Paris, est un bon exemple. C’est une construction des années 20 ou 30, et nous n’avons aucun plan. Même si le bureau d’études a prévu 80% à 90% des problèmes, nous aurons sans doute des surprises avec les structures et les fondations. Cela dit, je préfère travailler en réhabilitation. C’est moins “industriel” que le neuf, on intervient dans des bâtiments très différents, avec davantage d’initiative et de marge de manœuvre que sur un chantier classique.» ROUTES numéro 11 53 54 ➤ Le discours de la méthode Dans l’Océan Indien, le service Méthodes, basé chez GTOI à La Réunion, travaille sur toutes les affaires traitées dans la zone. Dès qu’un appel d’offres est lancé, les ingénieurs structures de chaque entité «décortiquent» le cahier des charges pour valider le dimensionnement du futur projet. Si l’affaire est remportée, le chantier ne démarrera pas tant que le service Méthodes n’aura pas défini, dans ses moindres détails, la méthodologie d’exécution du chantier, y compris de chaque voile de béton à couler, ROUTES numéro 11 ou de chaque plancher. «Aujourd’hui, nous pouvons nous attaquer à n’importe quel ouvrage et proposer des solutions à la fois intelligentes et économiques à nos clients», explique Marcel Daizé. En métropole, à l’agence Bâtiment Ile-de-France, ce service n’existe pas. Ce sont les conducteurs de travaux qui prennent directement le relais du bureau d’études pour définir la méthodologie d’exécution des chantiers dont ils ont la charge. L’échange d’expériences et d’expertises sur ce sujet est donc à l’ordre du jour. Les chantiers de construction durent jusqu’à deux ans, avec un an de préparation en amont du chantier. lités plateau par plateau, que des immeubles occupés, où il faudra alors réaliser une opération «en tiroirs», avec déménagement successif des différents plateaux. Très délicates également, les opérations affectant des immeubles de logements. «Nous avons presque un rôle social, estime Marco Formichella. L’opération est réussie quand le conducteur de travaux parvient à faire partie de la vie du quartier ou de la ville.» Les conditions de travail peuvent être parfois vraiment difficiles, comme sur ce chantier de réhabilitation et d’extension d’un centre de loisirs au Blanc-Mesnil. «Le projet de réhabilitation prévoyait l’installation d’une antenne de police; cela a suscité l’hostilité d’une partie des habitants, explique Marco Formichella. Le chantier a fait l’objet d’actes de malveillance et a subi des dégradations; il a dû être mis sous surveillance permanente.» «Notre métier présente quelques similitudes avec celui de la route, mais aussi un certain nombre de différences, conclut Bernard Bondy. Comme dans les métiers de la route, l’approche commerciale repose largement sur le relationnel et, PILOTAGE Dossier pendant les chantiers, la gestion des hommes est essentielle. Mais nous, dans le Bâtiment, nous travaillons sur un rythme différent, avec des cycles plus longs. La préparation commerciale d’une affaire peut prendre un an, et quand nous nous installons sur un chantier, c’est pour longtemps. Les projets les plus courts durent douze mois environ, les plus longs peuvent aller jusqu’à vingt-quatre mois.» Même s’ils pratiquent un métier à part, les hommes du Bâtiment ressentent pleinement leur appartenance au Groupe. «Le nom de Colas et le soutien d’une entreprise puissante restent des arguments forts face à la concurrence», rappelle François Alborghetti. Les équipes ont un rôle social sur les chantiers de réhabilitation de logements. SYNERGIES Dialogue entre la France et La Réunion Entre les équipes franciliennes et celles de La Réunion, les échanges, rares jusqu’ici, ont commencé à s’intensifier à la fin de l’année 2000. François Alborghetti s’est rendu à La Réunion, et Philippe Raffin, directeur technique Bâtiment Génie civil de la zone Océan Indien, est venu à Chatou. «Je connaissais peu GTOI, indique Bernard Bondy. En dialoguant, je me suis rendu compte que nous faisions exactement le même métier.» Les deux entités ont donc commencé à dialoguer autour de synergies possibles. «Nous avons mis en place chez nous un logiciel d’études de prix que nous ont conseillé les équipes de GTOI», explique Bernard Bondy. ROUTES numéro 11 55 TRAJECTOIRES 56 Elle est secrétaire de direction, il est chef de carrière, il est animateur sécurité, elle est assistante ressources humaines, il est directeur de travaux, il est coordinateur prévention santé-sécurité… Tous réinventent chaque jour leur métier et emmènent Colas au bout de ses projets. Portraits. ROUTES numéro 5 TRAJECTOIRES Un ancien géomètre excelle sur les chantiers Bernard Thirionnet, conducteur de travaux, France 52 ans, Bernard Thirionnet ne compte pas moins de vingthuit ans d’expérience chez Screg. Il débute en tant que géomètre et travaille alors à la construction du quartier résidentiel Chevry II de Gifsur-Yvette, en région parisienne. «J’appréciais d’être en extérieur, cela me changeait du travail en cabinet», explique Bernard. Au bout de dix ans, il a la possibilité de devenir conducteur de travaux sur des chantiers d’enrobés. Il saisit cette occasion pour acquérir d’autres compétences sur le terrain. Ce nouveau métier A «Même si le matériel et les techniques ont beaucoup changé, nous sommes toujours autant tributaires de la météo.» nécessite d’excellentes qualités techniques, ainsi que de la rigueur dans la gestion économique et la tenue des délais. Selon Bernard, «le relationnel et la proximité sont très importants, que ce soit avec les chefs de chantiers, les compagnons, ou les clients». Il se souvient : «Mon premier chantier, 25 km sur la RN 6 entre Joigny et Auxerre, m’a fait passer quelques nuits blanches car, le travail s’effectuant de nuit, j’assurais également la responsabilité de la signalisation du chantier. La sécurité est une priorité sur un chantier !» Actuellement, Bernard termine le gros chantier de renforcement de l’autoroute A6 entre Evry et ChillyMazarin. «Même si la technique et le matériel ont changé, nous permettant d’aller plus vite, nous sommes toujours autant tributaires de la météo.» Les différents aspects de la gestion du matériel à grande échelle l’attirent. Il pourrait, pourquoi pas, développer cette compétence dans l’avenir. France ROUTES numéro 11 57 58 L’homme sécurité des chantiers Lionel Auneau, animateur sécurité, France ssistant du responsable régional des ressources humaines, Lionel Auneau, diplômé d’hygiène sécurité, assure l’animation sécurité pour la région Ouest/ Sud-Ouest chez Smac Acieroïd. Entré dans l’entreprise en 1991 pour préparer un diplôme en management des risques technologiques, Lionel est embauché pour prendre en charge la prévention A France santé. De Brest à Nîmes, ses missions vont du conseil à la formation et des visites de chantier aux réunions d’information et de sensibilisation. En effet, qu’il s’agisse d’un chantier d’étanchéité, de couverture ou de bardage industriel, les risques ne manquent pas, mais ils ne sont pas de même nature. Depuis un an et demi, Lionel coordonne 27 animateurs sécurité d’établissements. Déléguant son savoirfaire, il se contente désormais d’un «lien fonctionnel et non hiérarchique. Mon rôle est de conseiller et d’optimiser la prévention». Notes, procédures, e-mails, bulletins mensuels, tous les moyens sont bons pour améliorer la sécurité. «S’il y a moins d’accidents, c’est bien grâce à l’implication des équipes sur le terrain, relève-t-il, modeste. Nous servons juste à catalyser, prévenir et former.» Des projets ? A 31 ans, ce Charentais d’origine souhaite renforcer son efficacité en matière de sécurité et développer ses connaissances en matière de RH. Au service des expatriés et de leur Françoise Cattanéo, assistante ressources humaines, direction internationale, France es ressources humaines, Françoise Cattanéo connaît bien. Tombée dedans L France ROUTES numéro 11 en 1976, elle n’a jamais quitté son secteur de prédilection depuis. «Je suis entrée chez Colas en tant que secrétaire au service gestion et relations sociales de la DRH. C’est en 1989 que j’ai accédé au poste d’assistante ressources humaines pour l’international que j’occupe encore aujourd’hui…» Un poste très complet, qui allie les tâches administratives et les contacts humains. Françoise s’occupe des collaborateurs expatriés du Groupe, ainsi que de leur famille : formalités, voyages, rédaction des contrats, suivi de la paie, prévoyance, assistance téléphonique aux familles. Il faut tout prévoir ! «Ces activités forment un tout et restent indissociables, TRAJECTOIRES 59 Vivre l’époque des grands changements Janis Austrins, directeur, Lettonie n beau jour de 1963, Janis Austrins quitte l’école. Pour lui, pas question de travailler toute sa vie derrière un bureau. Sans hésiter, il décide qu’il construira des routes et, pour ce faire, entame ses études à l’université. Son premier emploi le conduit loin de la capitale et de ses plaisirs. «La liberté avant tout !», affirme Janis. Après sept ans de terrain, il évolue vers le métier de responsable U Lettonie du planning et de la qualité. Il aborde alors l’aspect économique du métier, ce qui se révèle aujourd’hui très utile. En effet, depuis 1991, son pays a bien changé. De nouvelles opportunités se présentent, et l’économie se développe fortement. Pendant six ans, il travaille dans une société publique rachetée par des fonds privés. C’est le temps des grands changements. «Nous avons découvert que nos anciennes façons de travailler et de conduire les affaires étaient dépassées. Nous avons dû tout réapprendre et inventer de nouvelles voies.» Il rejoint alors SIA Union Asphalt Technik, filiale du Groupe en Lettonie. «Un vrai pari : nous devons nous imposer sur un marché très concur- rentiel. Mais notre force, c’est de constituer une très bonne équipe : des gens jeunes, motivés, loin de la routine et des traditions.» Dans une économie jeune de dix ans, tout reste à construire : de nouvelles règles se forgent, une nouvelle culture s’impose. «Dans ce renouveau, chacun peut poser sa pierre.» Bonne chance, Janis… famille à l’autre bout du monde pour que les expatriés soient toujours bien suivis, même au bout du monde. Et tout cela, sans bouger de mon bureau ! expliquet-elle. Et c’est ce qui me plaît, cette variété et cette complémentarité.» Le métier de Françoise requiert des qualités indispensables : discrétion, rigueur, sens du service et de l’organisation et, surtout, écoute… «Gérer des dossiers d’expatriation, c’est aussi accompagner des familles dans un moment important de leur vie. Et, de retour en métropole, certaines gardent le contact avec moi, c’est très gratifiant !» «Gérer des dossiers d’expatriation, c’est accompagner des familles dans un moment important de leur vie.» ROUTES numéro 11 60 Sécurité et santé sont ses mots-clés Michel Cloutier, coordinateur prévention santésécurité, Canada ‘était il y a un an. «Après avoir passé vingt-neuf ans dans les services administratifs du Groupe, j’ai saisi l’occasion qui se présentait de changer complètement de fonction. La direction venait, en effet, de créer le poste de coordinateur prévention. Objectif : développer l’aspect santé et sécurité dans l’entreprise. Tout est à bâtir et à structurer. Ce sont des préoccupations vraiment importantes.» Michel effectue des visites de chantier pour vérifier que les collaborateurs travaillent dans de bonnes conditions de sécurité. Il les conseille aussi. En quelques mois, C «Je me définis un peu comme un missionnaire, en matière de prévention.» Canada plusieurs projets ont été mis en place. Ainsi, Michel a contribué à la création d’un livret pour les employés et les superviseurs, qui rappelle les règles de sécurité et la philosophie de l’entreprise sur ce sujet. Par ailleurs, au printemps dernier, la «Semaine sécurité» a été lancée afin de sensibiliser encore davantage les collaborateurs. «Mon travail sur le terrain me plaît beaucoup, affirme Michel Cloutier. Je me définis un peu comme un missionnaire!» Quand il n’est pas sur les chantiers, Michel se trouve dans son jardin. «J’ai un grand terrain qui me permet d’évacuer mon stress et un environnement qui invite à la réflexion.» La vie à la Colas selon Marcelle Marcelle Drepoba, secrétaire de direction, Côte d’Ivoire arcelle a commencé sa vie Colas en 1979 par un stage à la Société Routière Colas M Côte d’Ivoire ROUTES numéro 11 de la Côte d’Ivoire, après deux ans d’études à l’école de secrétariat d’Abidjan. Elle travaille depuis auprès du directeur régional de l’Afrique de l’Ouest. Marcelle est la mémoire vivante de la Colas ; elle voit tout et sait tout. Elle reçoit et distribue le courrier de tous, ce qui lui donne une autorité sans partage qu’elle exerce fraternellement. Serviable, dynamique, elle rend service à tous et materne les plus jeunes. Elle prend également en charge l’organisation des déplacements des uns et des autres… Il lui arrive même de négocier avec la police pour obtenir la libération d’un collaborateur arrêté lors d’un contrôle routier ! Depuis plus de vingt ans, Marcelle a connu les joies, les difficultés mais aussi les drames de l’entreprise : «Je suis TRAJECTOIRES La maîtrise du rail Alain Borios, directeur de travaux, France l a la voix rocailleuse caractéristique de l’Aude, son pays natal, une terre balayée par les vents où l’on a les pieds sur terre. A 54 ans, viticulteur à ses heures et diplômé de la faculté des sciences de Toulouse, Alain Borios a derrière lui plus de trente ans de carrière chez Seco-Rail. Entré en 1970 comme comptable de chantier, il en est aujourd’hui directeur de travaux. «Le poste I France vraiment très attachée à mon travail. J’ai connu trois directeurs, des moments de crise en 1983, et une peine immense il y a deux ans, lors de la disparition brutale de Stefan Pancrazi. Mais je suis très fière de faire partie de la grande famille Colas.» Rien ne prédestinait Marcelle à devenir secrétaire de direction d’une entreprise étrangère. Née à Bahouan, au centre-ouest de la de comptable m’a donné une ouverture sur le métier. J’ai appris à gérer les hommes et j’ai découvert les aspects techniques du métier. Ensuite, chaque étape de ma vie professionnelle, aide-conducteur de travaux puis conducteur de travaux avant de devenir directeur, a été un enseignement : grimper des échelons permet de connaître, d’apprendre toutes les facettes du métier et d’avoir une crédibilité certaine, vis-à-vis tant de mes clients que de mes collaborateurs et agents.» De fait, Alain pilote 260 personnes. Une équipe mobile qui se déplace sans cesse à travers toute la France pour entretenir, section par section, ballasts et voies ferrées. Le travail, de jour ou de nuit, s’effectue dans des conditions difficiles et suppose une logistique lourde et une organisation minutieuse. Sa mission : programmer les chantiers dix-huit mois à l’avance, organiser leur logistique, en contrôler les différentes étapes. Un métier de passion qui exige une grande disponibilité, un sacré professionnalisme et un sens des responsabilités de chaque instant. La sécurité des hommes en dépend autant que la bonne marche des chantiers. Côte d’Ivoire, elle a la lourde responsabilité d’aider sa famille, composée de 36 frères et sœurs, restés au village : «Je suis la seule à travailler, je dois donc représenter ma famille ; c’est important pour nous en Afrique.» Son avenir, Marcelle le voit toujours chez Colas, mais elle s’imagine bien, dans très longtemps, tenir un petit commerce, «pour faire mes petites affaires, tranquillement…». ROUTES numéro 11 61 62 Toute une vie dans la pierre Pierre Le Lorec, chef de carrière, France llier sa vie professionnelle et sa passion personnelle pour l’univers des minéraux, c’est tout le talent de Pierre Le Lorec, chef de la carrière Seca (Sacer Atlantique). Entré il y a plus de trente-trois ans comme soudeur sur le site de Saint-Avé, près de Vannes, ce pur Breton de 55 ans est devenu responsable matériel, avant de prendre en 1983 la responsabilité de l’ensemble de la carrière, qui regroupe une trentaine de personnes, en incluant les 19 carriers chargés d’extraire la mylonite, une roche granitique transformée en granulats utilisés A France ROUTES numéro 11 dans le BTP. «Nous extrayons 5 000 tonnes par jour. Minage, forage, concassage…, c’est un métier de terrain où la maîtrise de l’environnement est fondamentale. Une usine de traitement intégrée au site permet ensuite la fabrication des sables, gravillons et pierres cassées, dont la qualité est en permanence contrôlée par un laborantin.» Gestionnaire de tous les aspects techniques, matériels et humains, Pierre est un homme comblé, heureux d’exercer, dans sa région d’origine, une activité de plein air, au sein d’une équipe soudée. D’autant plus qu’il est, depuis toujours, collectionneur passionné de minéraux et a rassemblé plusieurs milliers de pierres en provenance des quatre coins du monde. Cristaux, roses des sables, géodes, zéolites des Indes, azurites…, les pierres n’ont plus de secret pour lui et sa collection fait l’admiration de tous, ne cessant de s’enrichir de pièces rares au fil des voyages et des rencontres. Ayant acquis en autodidacte quelques connaissances en géologie, Pierre est bel et bien devenu un expert ès minéraux, un professionnel de la pierre sous toutes ses facettes. TRAJECTOIRES «Mon credo : aider les autres» Alain Raux, compagnon, tuteur, France a pâtisserie, ça n’était pas pour moi. Le bâtiment m’attirait davantage, je voulais travailler dehors et au sein d’une équipe», confie Alain Raux. Qu’à cela ne tienne : en 1990, Alain oublie son CAP de pâtissier et apprend la maçonnerie pendant un an. Puis il entre chez Demay où, épaulé par son supérieur hiérarchique, il apprend et évolue… En 2000, il entre même dans l’ordre des compagnons du Ruban vert. L’ouvrier qualifié qu’il est alors devenu s’initie au travail de chef d’équipe. Il finira par être à la tête d’un groupe de quatre personnes. Aujourd’hui, à trente-six ans, il intègre les «enrobés» au sein de Screg Ile-de-FranceNormandie, avec pour objectif d’être nommé chef d’équipe. «Le travail me plaît, je suis heureux», reconnaît modestement Alain qui sait, pour avoir connu, enfant, l’Assistance publique, que le bonheur est précieux et fragile. L « «J’espère bien pouvoir poursuivre ma carrière, et évoluer, pourquoi pas en Guadeloupe, d’ici cinq ou six ans.» Pour l’heure, lui, qui a reçu aide et compréhension, rend la pareille aux jeunes recrues, qui trouvent en lui un tuteur attentionné. «J’aime donner un coup de main aux jeunes, leur apprendre les bases du métier et les aider à s’intégrer dans une équipe», se passionne Alain. Il faut dire que les jeunes, il les connaît. A Meaux, où il travaille et vit avec sa femme et ses deux enfants (bientôt trois !), ce «gars du bâtiment» dynamique en diable encadre une équipe de football. Sur le terrain, la règle est la même : «Il faut savoir accueillir les uns et les autres, les écouter, comprendre ce qu’ils veulent. Et puis, il faut voir les choses de manière positive. Si on est négatif, on n’avance pas.» Etre constructif, quand on travaille dans la construction, cela s’impose, non ? «J’aime donner un coup de main aux jeunes, leur apprendre le métier et les aider à s’intégrer dans une équipe.» France ROUTES numéro 11 63 RENCONTRES 64 Louis Schweitzer, un patron qui voit loin Protection de l’environnement, recyclage des véhicules, innovations technologiques : Louis Schweitzer, P-dg de Renault, dévoile ce que sera la voiture de demain. La voiture, symbole de liberté, et à travers elle, la route, font l’objet d’attaques parfois virulentes. Comment expliquez-vous cet acharnement ? Je ne pense pas qu’il faille parler d’acharnement. Mais vous avez raison, certains posent la question du «politiquement correct» de l’automobile. La voiture est, certes, un outil de déplacement indiROUTES numéro 11 viduel, mais, au-delà, c’est aussi un objet de liberté. Et la liberté est l’un des fondements de nos sociétés démocratiques. L’automobile, instrument de liberté, doit faire l’objet d’évolutions constantes afin de réduire les nuisances qu’elle occasionne. Je veux évoquer les émissions polluantes, le bruit, les problèmes de circulation, les infrastructures parfois inadaptées, et, évidem- RENCONTRES ment, les comportements au volant qui engendrent une insécurité routière que nous déplorons tous. En tant que constructeur automobile, Renault travaille à réduire ces nuisances, en particulier dans le domaine de la sécurité active et passive. La responsabilité de la gestion des nuisances doit être partagée entre tous les acteurs : constructeurs, pouvoirs publics et consommateurs. Comment la voiture de demain préserverat-elle l’environnement ? Où en est la recherche au niveau du recyclage des véhicules ? Ce n’est pas seulement la voiture de demain qui préservera l’environnement, mais celle que nous proposons déjà aujourd’hui à nos clients. Le développement de systèmes sophistiqués de dépollution et de nouvelles technologies pour les moteurs thermiques a permis de réduire très fortement les émissions polluantes. Les progrès effectués dans le domaine de la consommation favorisent la diminution des émissions de CO2. Les voitures respectent également des normes de bruit extérieur toujours plus sévères. Sur nos derniers modèles, par exemple, on observe une diminution de moitié des niveaux exigés par la norme actuelle, elle-même déjà réduite. J’ajouterai que le recyclage est, lui aussi, une réalité. Nos voitures sont recyclables à hauteur de 90% de leur masse, avec des filières de revalorisation mises en place depuis plusieurs années maintenant. Demain, pour la période 20052010, nous nous attaquerons aux défis de l’allégement, pour toujours moins consommer, et du développement économiquement viable des énergies nouvelles, comme l’hybridation ou la pile à combustible. L’Internet embarqué dans les véhicules : est-ce un gadget ? Renault a été dans les années 90, en Europe, un acteur majeur de développement des systèmes de navigation GPS embarqués, maintenant complétés d’informations sur le trafic. Ce que nous appelons la télématique embarquée est donc un domaine que nous connaissons bien. Aujourd’hui, les possibilités de communication de la voiture avec l’extérieur sont décuplées avec les nouvelles technologies comme Internet et les futurs protocoles de communication comme l’UMTS. Je reste néanmoins persuadé que ce n’est pas le premier arrivé sur le marché qui l’emportera. Il faut rechercher à mon sens un développement intelligent et réaliste de tous ces systèmes : proposer les services dont le client a réellement besoin et au PARCOURS Licencié en droit, diplômé de l’IEP Paris, élève de l’ENA 1981-1983 Directeur du cabinet du ministre du Budget 1983-1984 Directeur du cabinet du ministre de l’Industrie et de la Recherche, puis à Matignon (1986) 1986 Entré à la régie Renault 1992 Présidentdirecteur général de Renault SA meilleur coût, développer des interfaces d’usage simple et rapide, identifier les standards, les technologies pérennes et les bons partenaires sur les différents marchés automobiles internationaux, et, surtout, rendre tout cela compatible avec la conduite d’une voiture. En particulier, tant que la commande vocale ne sera pas au point, la question de l’ergonomie pour le conducteur restera un sujet critique. Il reste de nombreuses difficultés et, aujourd’hui, aucun constructeur n’a encore trouvé la recette. Mais nous y travaillons. Comment s’élabore la politique de renouvellement de la gamme Renault ? Le marché automobile est relativement segmenté et nous étudions en permanence l’évolution des attentes des clients sur les différents marchés et les différents segments. Le cycle de vie d’un modèle est, en Europe par exemple, de six à sept ans. Ce sont ces deux données de base qui permettent de déterminer une politique de développement produits en introduisant, naturellement, la souplesse nécessaire pour s’adapter à des univers concurrentiels ou des demandes clients qui évoluent. Ainsi, même sur des segments de marché établis, nous cherchons à apporter des réponses nouvelles, inédites et innovantes. Twingo en fut une sur le segment des petites voitures économiques que l’on disait moribond et non rentable. Vel Satis et Avantime en sont deux autres sur le segment haut de gamme, pourtant réputé très conformiste et traditionnel. Renault est Renault car il a défriché de nouveaux segments automobiles, à l’exemple de celui des monospaces avec Espace et Scénic. Renault a un avantage concurrentiel majeur dans sa capacité à anticiper et à innover. En Formule 1, qu’attendez-vous du retour d’une écurie 100% Renault ? L’engagement de Renault en Formule 1 accompagne le déploiement international de l’entreprise, en termes de notoriété et d’image. Les grands prix de Formule 1 drainent quelque 30 milliards de téléspectateurs en audience cumulée sur l’ensemble d’une saison. Cette discipline phare des sports mécaniques est porteuse d’une image d’excellence technologique dans les pays où Renault est déjà présent. Elle devrait aussi contribuer dans le futur à accroître la notoriété de la marque sur les marchés internationaux où Renault a l’intention de se développer. ROUTES numéro 11 65 66 INTERVIEW Claude Martinand : nous voulons construire l’Europe des transports Avec l’inauguration de la ligne du TGV Méditerranée en juin, Réseau Ferré de France construit l’avenir du réseau ferroviaire français. Claude Martinand, président de Réseau Ferré de France, présente les projets en cours où développement économique et équité territoriale trouvent leur place. ROUTES numéro 11 RENCONTRES L a nouvelle ligne à grande vitesse Méditerranée (ValenceMarseille) a été inaugurée le 7 juin dernier. Quel a été le rôle de Réseau Ferré de France (RFF) dans la construction de cette ligne ? RFF en a exercé la maîtrise d’ouvrage, en maintenant le dispositif qui avait été mis en place avant sa création, puisqu’il n’a été opérationnel qu’en 1997, alors que la construction des ouvrages d’art battait déjà son plein. Mais si le projet n’a pas été sensiblement modifié, le niveau d’exigence a sans doute été renforcé, dans la mesure où RFF a mis en place un dispositif de reporting plus fin. Serez-vous également maître d’ouvrage des futures LGV ? Pour ces nouvelles lignes, nous assumerons une maîtrise d’ouvrage directe, contrairement à la LGV méditerranéenne, où nous avons délégué cette fonction à la SNCF. C’est déjà le cas pour la LGV est-européenne, où par ailleurs nous avons mis en compétition la maîtrise d’œuvre pour le génie civil. Nous avons quatre maîtres d’œuvre, dont la SNCF. Pour l’équipement ferroviaire, en l’état actuel des compétences, l’offre de la SNCF reste de loin la meilleure. Cela sera-t-il toujours le cas à l’avenir ? Ce n’est pas sûr. D’autres opérateurs européens construisent des lignes de chemin de fer à grande vitesse et peuvent devenir compétitifs. Quelle sera votre valeur ajoutée lorsque vous assurerez la maîtrise d’ouvrage ? Je pense que la séparation maîtrise d’ouvrage/ maîtrise d’œuvre est essentielle car elle oblige à dissocier les responsabilités, à les clarifier, à préciser le rôle de chacun, à être beaucoup plus rigoureux dans la rédaction des cahiers des charges et à engager la responsabilité du maître d’ouvrage dans les décisions. Ensuite, l’apport de différentes expertises est un gage de pluralisme. La démarche suivie est donc une garantie de qualité. Enfin, l’inversion du mode de financement implique de rendre des comptes à des cofinanceurs qui seront extrêmement exigeants sur les décisions prises, sur le reporting et l’information qui leur sera donnée. Sur les autres projets de développement du réseau, quelles sont les priorités de RFF? Nous avons essayé de mettre fin à la politique du tout-TGV. Pour nous, la priorité absolue réside dans le maintien des performances du patrimoine existant. Si nous ne le faisons pas, cela peut se retourner contre nous dans les années à venir. C’est ce qui se passe actuellement en Grande-Bretagne. Ensuite, nous souhaitons désaturer les tronçons qui sont des goulets d’étranglement du réseau classique, pour favoriser un développement harmonieux du fret, des grandes lignes et des TER. Ces opérations sont largement inscrites dans les contrats de plan. RFF n’est donc plus le seul à se fixer des objectifs, dans la mesure où l’Etat et les Régions sont des cofinanceurs importants. La contribution financière de RFF est minoritaire. C’est donc avant tout par notre dynamisme, nos propositions et de bons dossiers que nous arrivons à progresser. Le rapport Rouvillois, en 1996, a tiré des conclusions alarmantes quant à la poursuite de la réalisation du réseau de lignes nouvelles en soulignant l’impasse financière. Mais dans l’attente de la réforme, il n’a pas fait de propositions. De notre côté, nous avons proposé la poursuite du schéma directeur à un rythme plus modéré, tout en débloquant le dossier de la LGV est-européenne. Nous voulons le meilleur projet pour le meilleur coût, ce qui signifie que nous recherchons toutes les économies possibles à partir du moment où les grandes fonctionnalités du projet sont sauvegardées. Quels sont les projets qui sont à l’ordre du jour pour RFF ? Actuellement, au-delà de la LGV est-européenne, nous étudions cinq projets de lignes nouvelles en parallèle : Rhin-Rhône, branches est et sud ; Lyon-Chambéry et le début de la partie française du Lyon-Turin ; Nîmes-Montpellier et Perpignan-Figueras, et les prolongements des LGV Aquitaine et Bretagne-Pays de Loire. Les seules priorités que nous devons prendre en compte concernent les engagements internationaux du réseau transeuropéen. D’autres lignes étaient prévues, que nous avons abandonnées. Il s’agissait de Paris-OrléansROUTES numéro 11 67 68 Limoges, Paris-Clermont-Ferrand, Paris-Rouen et Bordeaux-Toulouse-Narbonne. Nous avons proposé à la place des projets adaptés, parfois avec du matériel roulant pendulaire. C’est le cas de Paris-Orléans-Limoges-Toulouse ou ParisClermont-Ferrand. Par ailleurs, nous avons envisagé des solutions audacieuses, comme pour la liaison NormandieVal de Seine, où nous suggérons des liaisons pouvant à la fois servir pour les grandes lignes et rentrer dans Eole. Ces trains déboucheraient vers le projet Charles-de-Gaulle Express, une ligne dédiée à la desserte de Roissy en une moyenne de vingt minutes et avec un enregistrement des bagages à la gare de l’Est. Pensez-vous que ces projets risquent de rencontrer des oppositions locales, comme en son temps la LGV Méditerranée ? Nous ne sommes pas dans la même situation que la SNCF. Auparavant, tous les décideurs locaux pouvaient soutenir les contestataires des projets ferroviaires. Aujourd’hui, c’est fini, à cause du cofinancement. En outre, nous ne sommes plus dans la position de vouloir mettre en œuvre un projet à tout prix. Nous sommes le maître d’ouvrage et réalisons l’ouvrage avec le financement d’autres acteurs. Cela marque plus clairement l’utilité du projet. Les contestataires auront donc plus de mal à agir. Le jeu est complètement différent d’avant. Le problème n’est plus celui du financement par l’endette- LE RECYCLAGE DU BALLAST DES VOIES FERRÉES Depuis quelques années, RFF s’oriente de plus en plus vers une politique de rénovation des voies de chemin de fer par le renouvellement du ballast. RFF voulant anticiper les obligations législatives exprimées en matière de retraitement ROUTES numéro 11 ment des opérateurs. En outre, l’Etat augmente sa contribution de manière considérable. C’est donc lui qui peine le plus à suivre le rythme d’avancement des dossiers. Parallèlement, nous organisons des débats publics sur les projets, suivant la procédure de la loi Barnier. A l’automne, nous en organisons un à Lyon, conjointement avec le ministère de l’Equipement, sur le projet de contournement routier et ferroviaire de Lyon. Ainsi, nous aurons l’occasion de discuter de la complémentarité rail-route. C’est le seul moyen de montrer que les deux projets sont nécessaires. Sur quelles bases déterminez-vous les projets prioritaires ? Nous n’avons pas de préférence a priori. Nous effectuons des calculs socio-économiques et de rentabilité en fonction de méthodes classiques résultant de directives gouvernementales. Ensuite, nous ne finançons que la part des projets ne dégradant pas nos comptes. Pour le reste, ce sont les pouvoirs publics qui décident. Nous prenons néanmoins en considération la question de l’équité territoriale et de l’aménagement du territoire. Nous sommes également en train de construire l’Europe des transports. D’ailleurs, on peut noter que le trajet ParisFrancfort est kilométriquement plus court que le Paris-Marseille alors que le temps de trajet est de plus de cinq heures. Ainsi, même si elle n’est pas la plus rentable, la LGV est-européenne a été privilégiée pour des raisons d’aménagement des déchets de chantiers de travaux publics et de bâtiments, les matériaux constituant le ballast sont retraités. Ecoballast, filiale du groupe Colas créée en 1997, est la seule société agréée par la SNCF pour retraiter le ballast usagé en France. Les matériaux proviennent essentiellement des cinq régions SNCF limitrophes de Paris, mais également des travaux de régénération de la ligne LGV Paris-Lyon. Ce retraitement se déroule en deux phases : en premier lieu, le dégarnissage des voies, puis le retraitement, qui consiste à cribler et à reconcasser le vieux ballast. Au final, 30% à 40% de celui-ci sont réutilisés. RENCONTRES du territoire, incluant la desserte des pays situés à l’Est de la France. La combinaison entre les deux critères de rentabilité économique et d’équité territoriale aboutit à faire des choix qui évidemment n’apparaissent pas rationnels aux yeux de ceux ne retenant que le critère de rentabilité. Avec quatre ans d’existence, RFF est encore relativement jeune. Avez-vous les idées parfaitement claires sur votre rôle, vos missions et votre métier ? Nous avons une certaine vision de nos mis- SECO-RAIL, BÂTISSEUR DE CHEMINS DE FER RFF, en qualité de maître d’ouvrage, définit les travaux à réaliser pour l’extension ou la rénovation du patrimoine ferré français. Le groupe Colas est présent sur ce marché par l’intermédiaire de sa filiale nouvellement acquise, Seco-Rail. sions et les assumons progressivement avec la prudence qui s’impose pour que les idées mûrissent. Mais d’autres acteurs n’ont pas nécessairement la même lecture des textes que nous. En outre, après avoir travaillé à partir des directives de 1991, 1995 et de la loi de 1997, c’est maintenant le «paquet» ferroviaire 2001 qui doit être transposé pour 2003. C’est un sujet difficile. Nous devons être conformes aux textes européens, mais à la française. Nous inventons un nouveau métier ! Cette société, spécialisée dans tous les métiers de construction ou de renouvellement des voies, intervient notamment chaque année sur plus de 200 km de voies pour leur rénovation en gros entretien (renouvellement total des rails, des traverses et du ballast). Le calendrier est défini alors dix-huit mois à l’avance. Seco-Rail possède également une forte expertise pour la construction de nouvelles voies, et notamment les lignes TGV, comme la partie nord de la nouvelle ligne Paris-Marseille, ou la future LGV Est à partir de 2004. Un vaste chantier en perspective. ROUTES numéro 11 69 70 EXPOSITION La Fondation Colas s’expose à l’IRF A événement exceptionnel, exposition exceptionnelle. La Fondation Colas a choisi le Congrès mondial de la route pour exposer les œuvres qu’elle a acquises depuis 1991. P our la première fois, la Fondation Colas a exposé l’intégralité de sa collection : environ 120 peintures et quelques sculptures. Pour organiser cet événement, toute une logistique a été mise en œuvre. Il fallait d’abord rassembler les tableaux dispersés aux quatre coins du monde. Ainsi, 27 toiles ont été rapatriées, en provenance, notamment, de filiales françaises et américaines. Il a fallu également répertorier l’ensemble des œuvres et, pour certaines d’entre elles, les photographier à nouveau. En effet, à l’occasion de cette exposition qui célébrait les dix ans de la Fondation, un catalogue, dans lequel figurent toutes les peintures de la collection, a été édité spécialement avec, en couverture, une œuvre d’Isabelle Champion-Métadier datant des débuts de la Fondation. Pour constituer ce catalogue et actualiser les biographies des artistes lauréats, ces derniers ont tous été contactés. Enfin, la Fondation avait confié la conception de la scénarisation de l’exposition à un artiste peintre, qui devait relever le défi ROUTES numéro 11 de la mise en valeur et en lumière de toutes les toiles de la collection. Une collection consacrée au thème exclusif de la route, et reflétant les différents styles et mouvements de l’art contemporain : art figuratif, art abstrait, surréalisme, simili-impressionnisme… C’est une création de Speedy Graphito qui avait été choisie comme visuel du carton d’invitation au vernissage de l’exposition : un hommage à la peinture «tendance». Le jour du vernissage, près de 600 personnes, dont une trentaine de peintres, se pressèrent pour admirer la collection. Les jours suivants, ce sont des congressistes anonymes qui découvraient ces lieux de contemplation rendus au silence et dédiés à la peinture, un havre de paix au milieu de l’effervescence du Congrès. Comme en témoigne le livre d’or de l’exposition, qui rassemble nombre de commentaires enthousiastes, les visiteurs ont été particulièrement surpris et séduits par l’ampleur de la collection ainsi que par sa diversité… Une belle démonstration de complicité entre l’art et la route ! Remerciements ALAIN BINDA, DENIS PAGOT, DOMINIQUE BIRRAUX, PHILIPPE DURAND, JÉRÔME LAGABE, MARTINE DURIEZ, BERNARD HILLON, MICHEL THOMAS, JACQUES MŒGLEN, SÉGOLENE CALAIS, NORBERT MOUSSARD, DIDIER CALBRY, ANDRÉE DE RIDDER, FRANÇOIS CHAIGNON, MARIE-PAULE GEOFFROY, PATRICK FOURIER, JACQUES PASTOR, CENDRINE DIONISI, ANNE LECLÈRE, BÉRENGÈRE GENOUX, MÉLISA RUHLMANN, FRANÇOISE COUEGNAS, SOPHIE GENG, MICHEL LAUDE, MARIE-PIERRE GIVAUDIN, TRACEY HOFHEINZ. ROUTES Magazine du groupe Colas, 7, place René-Clair, 92653 Boulogne. Tél. : 01 47 61 75 00. www.colas.com. ISSN : 0988-6907. Directeur de la publication : Alain Dupont. Directeur de la rédaction : Hervé Garnier. Rédacteur en chef : Pascale Dubois. Rédaction : Colas, Angie. Crédits photos : Colas, Vloo, H. Aga/Cosmos, F. Pitchal Corbis/Sygma/Renault, Sunset, idé, RFF, D.R. Traduction : Nouvel Angle, Par l’Eclair. Conception et réalisation : 01 55 34 46 00. Anne Vignal LA ROUTE AUTOUR DU MONDE Anne Vignal a exposé dans les galeries suivantes: La montagne, l’oiseau, la barque et le nuage… un peu du mystère de l’enfance dans ce tracé hésitant et ces couleurs vives. Faire l’économie de l’inutile, montrer et nommer, dessiner et dire, ou comment tendre vers l’impossible, tranquillement, naturellement. 2000 : Galerie Blom, Dordrecht, Pays-Bas 2000 : Centre d’art contemporain, Macau, Chine 1999 : Fondation Daniel et Florence Guerlain, France 1998 : Galerie Berthet Aittouares, France