Documents de référence - L`Union des Organisations Islamiques de

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Documents de référence - L`Union des Organisations Islamiques de
Documents de référence
RECOMMANDATIONS DU COLLOQUE ANNUEL DE L’UOIF,
Le 2 février 2012 :
« Le Calendrier Musulman à la lumière des données scientifiques astronomiques »
Au nom d’Allah le Clément et le Miséricordieux
Louange à Allah, Dieu de Mondes et Paix et
Prière sur Celui qui a été envoyé comme
miséricorde à l’humanité, notre prophète
Mohamed, sur sa famille et sur ses
compagnons.
Le colloque qui s’est déroulé du 12 au 13
Rabi’ de l’année hégirienne 1433,
correspondant au 04 et 05 Février 2012 à
Paris a réuni un aréopage de savants en jurisprudence et en astronomie qui ont débattu un
certain nombre de problématiques autour de la détermination du début des mois lunaires et
l’établissement d’un calendrier hégirien.
Plusieurs études et recherches en jurisprudence et en astronomie ont été présentées, discutées
et confrontées dans un cadre scientifique et rationnel, ce qui a permis d’aboutir aux
conclusions suivantes :
1) Il est unanimement acquis et corroboré par la réalité qu’il ne saurait y avoir de
contradictions ou d’oppositions entre les textes religieux dogmatiques – les certitudes
ancrées – et les vérités scientifiques, car les deux émanent d’Allah le Tout Puissant. Les
textes religieux sans équivoques étant révélés par Allah et les vérités scientifiques étant
créés par Allah. Par conséquent, il ne pourrait y avoir d’opposition entre ce qu’Allah a
créé et ce qu’il a révélé. " Ne connaît il pas ce qu’il a créé, alors que c’est lui le Doux,
le parfaitement Connaisseur. " (S. 67 – V.14). Ceci dit, on constate que le Saint Coran,
parlant du mois de jeûne, a utilisé le terme "chahida » signifiant littéralement celui qui
aperçoit le mois, ce qui présuppose l’idée de présence, de connaissance et de constat,
c’est-à-dire que celui qui est présent lors de ce constat et qui dispose d’une connaissance
avérée de l’avènement du mois du Ramadan, est tenu d’observer le jeûne s’il n’a pas de
raison qui l’en dispense. Quant aux hadiths prophétiques qui appellent au jeûne à la vue
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du croissant du mois où à la poursuite du jeûne pour parachever le mois en cas de défaut
de visibilité, ils mettent en évidence l’importance accordée aux moyens les plus
accessibles à l’époque pour affirmer avec certitude l’avènement du mois et ne signifient
nullement le refus et le rejet du recours aux calculs scientifiques de l’astronomie qui
permettent de scruter la lune et ses mouvements avec une infinie précision au dixième ou
au centième près de la seconde. La science astronomique aujourd’hui est à distinguer de
l’astrologie prédictive et divinatoire prohibée religieusement et interdite explicitement par
plusieurs hadiths, et qui ne correspond en rien à la science de l’astronomie antique dans
sa précision et son rayonnement.
Par ailleurs, si le début et la fin du Ramadan se confirment par la vision oculaire ou le
parachèvement, le début de la journée et sa fin sont établis et confirmés sur la base de
calculs astronomiques purs. Il en est de même pour les horaires de toutes les prières
obligatoires qui constituent un pilier fondamental de l’islam : ils sont établis à partir de
calculs astronomiques faisant objet d’un consensus de tous les musulmans aujourd’hui
qui ne songent pas un moment à aller vérifier cela par la vision oculaire ou le suivi du
soleil.
Il est notoirement acquis dans notre jurisprudence que les moyens peuvent changer selon
les époques mais que les finalités et les visées ainsi que les règles fondamentales restent
immuables. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il faudrait comprendre les hadiths
prophétiques décrivant la communauté musulmane en étant une Oumma qui n’écrit pas et
ne calcule pas, comme une allusion à une réalité d’époque visant à expliciter un vice
nécessitant l’allègement et la facilitation pour la pratique religieuse pour les gens à ce
moment-là. Et il ne s’agit en aucun cas de dire, que cette communauté doit rester
indéfiniment analphabète. Le premier verset révélé dans le Saint Coran n’a-t-il pas été
une injonction impérative à lire avant tout autre ordre ou commandement. De même
aucun savant contemporain ou dans la postérité n’a interdit l’écriture ni l’établissement
des droits par les écrits.
2) Ce que l’on observe aujourd’hui comme divergences considérables dans l’une des
pratiques cultuelles majeurs qui est jeûne – dont l’étendue dépasse les trois jours – ne
saurait désormais plus être acceptable vu que cela ne reflète plus l’image valorisante
d’une communauté de fidèles dont la religion (le Livre et la Sounna) n’a eu de cesse
d’ancrer en eux l’unicité du choix et de la décision, après l’Unicité de Dieu.
" Cette communauté (Oumma) qui est la Vôtre, est certes une Oumma unique, et je
suis votre Seigneur, adorez moi donc.
3) A partir de ce que l’on vient d’entendre dans ce colloque, et de ce qui a été dit dans
d’autres colloques, les membres de cette assemblée ont conclu que la décision prise par le
Conseil Européen de la Fatwa et des Recherches (CEFR) lors de sa 19ème session qui s’est
déroulée du 08 au 12 Rajab 1430 H, correspondant aux dates du 30 juin au 4 juillet 2009
à Istanbul, au sujet de la détermination du début des mois lunaires, est une décision
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valable et acceptable d’un point de vue jurisprudentiel. Elle est d’autant plus
recommandée, qu’elle est susceptible d’unifier la communauté musulmane et de
contribuer à la réalisation des objectifs escomptés et des finalités visées, telles la
détermination des fêtes et la régulation des gens dans leurs affaires de la vie courante.
Notamment, dans ces pays où l’on exige des musulmans d’avoir des dates fixes pour leur
accorder les jours de repos nécessaires à la célébration de leurs fêtes religieuses. Cette
décision s’inscrit dans un parfait accord avec les finalités de la jurisprudence et avec les
intérêts du pays et des gens.
Les savants en astronomie ont salué cette décision du CEFR qui s’appuie désormais sur
les calculs astronomiques en l’adoptant comme base méthodologique dans la
détermination du début des mois. Ils ont exprimé un satisfecit particulier aux membres du
CEFR, dont la décision est considérée comme un pas historique important dans la voie de
la publication prochaine d’un calendrier Hégirien unique qui permettra d’éviter les
erreurs et les divergences entre les musulmans dans et hors de leurs Etats respectifs, et
qui contribuera à bâtir une unité de la communauté dans son ensemble.
4) Un appel particulier est lancé en faveur d’une activation de la mise en pratique de la
décision qui vient d’être prise par le CEFR afin de concrétiser les finalités majeures soustendues par la détermination des mois lunaires et la fixation de leurs dates ; à savoir la
régulation de la vie du musulman selon des points de repère temporels et cultuels partiels.
Les musulmans sont ainsi invités à diffuser et à promouvoir cette décision et ce qu’elle
véhicule comme modèle jurisprudentiel qui tient compte de leur spécificités en occident
et qui reflète les aspects valorisants des principes sous jacents de leur jurisprudence et de
leur pratique. Tout cela devra s’inscrire dans une aspiration générale, pour tout
musulman, à propager l’islam et à prôner une pratique basée sur des fondements
juridiques collectifs et civilisationnels.
5) LE CEFR invite à une coopération tripartite avec l’Union Mondiale de Savants
Musulmans, et l’Union de Organisations Islamiques en Europe, dans le but d’établir un
calendrier hégirien unique et global, avec le concours des savants en jurisprudence et en
astronomie et de tous les gens compétents en la matière, qu’il faudrait sans doute réunir
dans des colloques et des ateliers pour aboutir à un calendrier unifié, qui réponde aux
exigences de la jurisprudence, soit conforme aux données scientifiques et qui remplisse
les finalités jurisprudentielles de l’Islam.
6) Un appel à constituer une commission permanente de ce calendrier unique et global, et qui
doit regrouper parmi ses membres à la fois des savants religieux, des astronomes et des
experts en la matière, ainsi que des représentants de l’Union Mondiale de Savants
Musulmans, et de l’Union de Organisations Islamiques actives dans les différents Etats.
7) Les responsables du colloque appellent les responsables de la communauté
musulmane à l’unité, ne serait ce qu’à l’intérieur de l’Europe, ou à l’intérieur du même
Etat, car la dispersion est un mal et une peine, alors que l’unité est un bien et une
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bénédiction. Les musulmans doivent véhiculer une image digne et valorisante de l’islam
et de ses fidèles. Les membres du colloque ont exhorté également les imams des
mosquées ainsi que les responsables des centres islamiques, à sensibiliser les musulmans
d’Europe à l’importance de l’unité, et à la légitimité de s’appuyer sur les calculs
astronomiques et au fait qu’ils ne s’opposent ni ne contredisent en aucun cas les textes
religieux et juridiques.
« Dis : œuvrez Allah observe vos œuvres, Lui et son messager, ainsi que les
croyants ; Vous serez certes ramenés vers Celui qui connait le mystère de l’invisible
et du monde sensible. Il vous informera de ce que vous faisiez.
Qu’Allah puisse nous aider, qu’Il soit loué comme il convient et que Paix et Prières
soient sur le Sceau des prophètes ; Mohamed, sur sa famille et sur es compagnons »
Intervenants dans le colloque :
Cheikh Ali Al Quradaghi :
Docteur en théologie, conseiller auprès de plusieurs académies et conseils scientifiques, secrétaire
général de l’Union International des Savants Musulmans.
Cheikh Abdallah Al-Judai
Vice-président du conseil Européen de la Fatwa et des Recherches
Cheikh Attia Fayadh
Professeur à la faculté de Jurisprudence Islamique Comparée de l’université d’Al Azhar en Egypte.
Cheikh Ahmed JABALLAH
Président de l’UOIF, Professeur de théologie musulmane et directeur de l’IESH de Paris.
Cheikh Noureddine Khadmi
Ministre des Affaires religieuses et Professeur à la Zeitouna à Tunis.
Cheikh Ounis GERGUAH
Directeur adjoint et chef d’étude à l’IESH Paris, membre du conseil Européen de la Fatwa et des
Recherches.
Larbi EL BECHRI
Professeur à l’IESH, responsable de dar el fatwa à l’UOIF.
Cheikh Hussein Halawa
Secrétaire Général du Conseil Européen de la Fatwa et des Recherches (Irlande)
Nidhal Guessoum
Astrophysicien, a travaillé au Goddard Space Flight Center de la Nasa. Auteur avec Jamal Mimouni
du livre « Histoire du Cosmos » édité en langue arabe, est actuellement professeur à l’Université
Américaine de Sharjah (Emirats Arabes Unis).
Mustfaoui Ismaïl
Astrophysicien
Directeur du Laboratoire d’étude de minérologie du Museum(France)
Mohammad Shawkat Odeh
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Membre du comité scientifique de l’ICOP - Islamics Crescents’ Observation Project - Diplômé
de l’université
des
Sciences
et Technologies
(JUST) de
Jordanie.
Il est membre de la société astronomique jordanienne (JAS).
Mohammed El Haouari
Membre de l’ECFR, Consultant scientifique de l’Académie du droit musulman - La Mecque (Arabie
Saoudite).
Izzet ER
Chercheur, Professeur en Sciences Islamiques à l’université d’Ankara (Turquie), conseiller et chargé
des affaires islamiques à l’Ambassade de Turquie.
Cheick Kalid Hanafi
Président du Conseil des imams en Allemagne, Doctorant dans les Fondements de la jurisprudence
islamique de L’université Al’Azhar
Abdallah Ben Mansour
Conférencier, enseignant à l’IESH de Paris.
Amar Lasfar
Recteur de la mosquée de Lille Sud, président de la Ligue Islamique du Nord.
Ahmed Miktar
Aumônier, président de la Fédération des imams du Nord, Imam du Centre Islamique de Villeneuve
d’Ascq et Président des imams de France.
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Résolution du Conseil Français du Culte Musulman sur la
mise en place du calendrier lunaire basé sur le calcul
astronomique, Le 9 mai 2013.
Les référents religieux des fédérations composantes du
Conseil Français du Culte Musulman, ainsi que des
spécialistes des données astronomiques, se sont retrouvés à
Paris, le jeudi 9 mai 2013, pour finaliser la mise en place
d’un calendrier lunaire basé sur le calcul et conforme aux
principes et aux finalités du droit musulman. Cette initiative
a été prise sur la recommandation insistante de ces
fédérations qui oeuvrent activement pour l’unité des
Musulmans de France.
Cette rencontre scientifique a permis de passer en revue les
différents textes fondateurs sur la question du calendrier
lunaire et son utilisation dans la pratique religieuse
musulmane, les différents avis des savants musulmans, les
principes du calcul astronomique ainsi que les différentes
méthodes qui le caractérisent.
L’usage du calcul pour déterminer les heures des cinq prières rituelles et les présenter sous
forme de tables annuelles simples d’utilisation n’a jamais suscité de débat ni d’opposition
quant à sa conformité avec les principes du droit musulman.
L’élaboration du calendrier lunaire étant du même ordre, sa conformité avec les principes du
droit musulman n’est pas contestable. Constatant que les différentes méthodes proposées et
utilisées à travers le monde, convergeaient sur la quasi totalité des dates, il a été convenu de
retenir la règle qui a prévalu au sein de la
Conférence Internationale sur l’Observation de la lune, dès sa première réunion en novembre
1978.
Cette règle soutenue à l’époque par l’ensemble des pays musulmans tient compte des
conditions de l’observation de la lune et du principe consistant à entamer le mois lunaire
partout dans le monde si la nouvelle lune est observable à n’importe
quel endroit du globe. Elle s’énonce ainsi : « Le mois lunaire est supposé commencer le soir,
où quelque part sur terre, le centre calculé de la nouvelle lune au coucher du soleil est plus de
5° (cinq degrés) au-dessus de l’horizon et l’élongation est de plus de 8° (huit degrés) ».
Ainsi, d’après cette règle, le 1er Ramadan 1434 H correspondrait-il au 9 juillet 2013 et le 1er
Chawal 1434H, marquant la fête de l’Aïd El Fitr, au 8 Août 2013. Les rencontres
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traditionnelles de la veille du début de Ramadan et de l’Aïd El Fitr seront organisées, comme
à l’accoutumé, dans l’ensemble des mosquées de France.
Pour permettre aux musulmans de France de mieux organiser leur vie cultuelle et leur faciliter
sur le plan pratique le déroulement de ses différents moments, il a été convenu qu’au début de
chaque année hégirienne (1er Muharram), le CFCM éditera le calendrier annuel comportant
les dates du début et de le fin du Ramadan et toutes les fêtes et manifestations religieuses.
Toujours dans le souci de mieux consolider l’unité des musulmans de France, les fédérations
composantes du CFCM ont saisi cette occasion pour exprimer leur volonté de procéder dans
les mois à venir à l’harmonisation des heures de prières rituelles.
CFCM
270 rue Lecourbe, 75015 Paris
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