Paños, Art Carcéral Chicano / Collection Reno Leplat

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Paños, Art Carcéral Chicano / Collection Reno Leplat
Paños, Art Carcéral Chicano / Collection Reno Leplat-Torti
Dossier de presse
__________
janvier 2015
Reno Leplat-Torti
17 rue du palais des Guilhem
34000 Montpellier - France
+33 (0)6.74.77.63.47
[email protected]
www.theartofgettingout.tumblr.com
www.nationculblanc.com
David Sandoval - 2009 © Courtesy Collection Leplat-Torti
Communiqué de presse
L’art du paño, diminutif de pañuelo (“mouchoir” en espagnol), art populaire marginal, est apparu pendant les années quarante dans les prisons du Texas, de Californie
et du Nouveau-Mexique. Certains amateurs estiment que leur origine remonte au système pénitentiaire français mis en place au Mexique après la révolution de 1910.
Les détenus, d’origine généralement hispaniques, illettrés pour la plupart, inventent leur propre système de communication avec l’extérieur. Sur de simples mouchoirs
réglementaires attribués par l’administration pénitentiaire, ils dessinent à la plume avec de l’encre récupérée, de la cire ou du café. Par la suite, dans les états du sudouest des États-Unis cette pratique devient une sorte d’art traditionnel carcéral et se répand dans le reste du pays.
Les inspirations de la culture chicana est très présente : les évocations catholiques ou de la « vida loca » sont associées aux symboles de la prison et de l’amour dans
tous ses états. Ces différentes iconographies se retrouvent également dans les tatouages chicanos et les peintures murales. Les paños envoyés aux enfants convoquent
le répertoire d’images apprécié des petits : des Mickeys, des peluches, des oursons.
Malgré la précarité des moyens de réalisation, tels des objets transitionnels, ils rassurent et créent du lien au-delà des barreaux, une façon de s’adresser à la famille, ou
aux membres du gang... Ces paños apparaissent telles des pages arrachées de journaux intimes cathartiques avouant sentiments, émotions, pensées et rêves dissimulés,
témoins de leur vie en captivité à travers une grande force esthétique. Une richesse d’expression visuelle se dégage de ces mouchoirs, une manière de transcender
l’enfermement et l’isolement, le passage interminable du temps et l’ennui, la solitude de la sur-vie en prison où l’identité est matée. Des dessins sur toiles miniatures,
plus forts que les mots pour recouvrer humanité et dignité.
Isabelle Durand
Koka - 1992 © Courtesy Collection Leplat-Torti
Par Martha Henry
Traduit de l’anglais par Danielle Patin et Reno Leplat-Torti
Avant-propos
Les paños sont de modestes mouchoirs de coton sur lesquels les prisonniers
artistes (pintos) effectuent des dessins. Leur grande puissance expressive est un
regard sur un monde complexe méconnu. Ces mouchoirs sont envoyés en guise
de lettres de prison aux mères des détenus ou à d’autres membres de leur famille.
À l’origine, la plupart de ces œuvres d’art n’était pas destinée à être vue en dehors
du cercle intime de leur créateur.1 En rejoignant le monde de l’art international,
ils attirent l’attention d’un public bien plus vaste.
De nombreux dessinateurs avaient une activité artistique avant d’être incarcérés
et retournent à leur pratique une fois libérés.2
L’intérêt des critiques, des commissaires, des collectionneurs et des marchands
d’art pour « l’outsider art » en général et l’art des prisons en particulier s’est
développé ces dix dernières années. Quelle ironie, quand on constate que c’est au
moment où l’art du paño devient populaire, que les gardiens de prisons y prêtent
attention pour l’interdire, en particulier si une image est associée à un gang.
Dans les faits, l’intérêt du public pour l’art en marge de la société humanise les
prisonniers alors que le système carcéral les déshumanise.3
La mer et le sable pleurent ma souffrance, le stylo pleure en écrivant les larmes noires
de mon chagrin.4
Préface
Une lettre arrive dans la boîte aux lettres d’une femme chicana. Envoyée par son
mari qui purge une peine dans la prison de San Antonio, l’enveloppe est décorée
d’un dessin fait au stylo qui représente le visage triste et douloureux d’un Chicano
portant un bandana noué autour de la tête et maquillé à la manière d’un clown.
Le bandana signifie l’appartenance de l’homme à un gang et le maquillage de
clown signifie qu’il cache ses sentiments. Autour de son visage, on trouve des
symboles faisant référence à la religion et à la prison : un mirador, une barrière,
du fil barbelé et une croix en bois ; toutes ces images font allusion au contenu de
l’enveloppe et aux émotions que le détenu souhaite faire partager à son épouse.
La femme ouvre l’enveloppe et y trouve un mouchoir de coton soigneusement
plié. Lorsqu’elle le déplie, elle découvre un dessin réalisé au stylo bille, qui exprime
la tristesse de son mari d’être enfermé si loin de sa famille et de ses amis. Ce dessin
de la taille d’un mouchoir représente ses pensées depuis la prison et rappelle chez
sa femme les souvenirs de l’amour qu’ils vivaient avant qu’il ne soit enfermé.5
Lorsque les mots manquent ou qu’ils ne sont plus assez forts, le langage visuel de
l’art du paño peut transmettre des histoires et des émotions comprises par ceux
qui les créent et ceux qui les reçoivent. Les pintos (artistes chicanos enfermés)
préfèrent l’image et le symbolisme à l’écriture.6 La puissance d’expression de leur
imagerie traverse les murs de la prison et crée un lien entre l’intérieur et l’extérieur.
Origines
Bien que l’origine des paños soit inconnue, cette forme d’art est probablement
née dans les prisons au Texas, au Nouveau Mexique et en Californie, pendant
le mouvement Pachuco (Zootsuiters, zazou) des années 1940. Durant les années
1950 et 1960, les prisonniers risquaient des sanctions lorsqu’ils déchiraient leurs
1 Ernest L. Martin, conversation avec l’auteur. New York été 2004. Ci-après intitulé Martin
conversation. Été 2004.
2 Victor Alejandro Sorell « Paños, Hispanic Prison Art in New Mexico » (manuscrit non
publié, 1989). Ci-après intitulé Sorell, 1989.
3 Margaret Greco, conversation avec l’auteur. New York été 2004. Ci-après intitulé Greco
conversation. Été 2004.
4 Américo Paredes, « The décima on the Texas-Mexican border - chanson folk en complément
à la légende » in Folklore and culture of the Mexican border, ed. Richard Bauman (Austin, TX,
1995) p. 241. C’est une strophe de la décima de Don Mateo dérivée à son tour d’un quatrain
espagnol du XVII°s.
5 Margaret Greco. « Imagenes del cora, lien d’affection et de l’identité, Les racines de la culture
esthétique chicana » in ACEQUIA, (San Antonio, TX, Fall 1994) p. 15. Ci-après intitulé
Greco, ACEQUIA, 1994.
6 Pat Jasper et Kay Turner « Art among us / Arte entre nostros » (l’art parmi nous) Mexican
American Folk Art in San Antonio », in Hecho in Tejas, Texas-Mexican Folk Art and
Crafts, ed. Joe S. Graham (Denton, TX, 1991) p. 52. Ci-après intitulé Jasper. La citation du
dramaturge Luis Valdez, auteur de Zoot Suit.
taies d’oreillers et leurs draps pour y faire des dessins au stylo qui décrivaient leurs
expériences et exprimaient leurs sentiments face à leur sentence. Les stylos à encre
étaient difficiles à utiliser parce que leur plume déchirait le tissu. Il ne reste que
peu de ces premières œuvres. Dans les années 1970, les intendants des prisons
ont acheté des stylos à bille et de grands mouchoirs blancs aux bords ourlés.
Malheureusement les stylos à bille traversaient le tissage lâche de ces mouchoirs,
ce qui compliquait l’utilisation de la toile. À la fin des années 1980, les autorités
pénitentiaires ont autorisé les intendants à vendre des mouchoirs plus petits, au
tissage plus serré et sur lesquels il était plus facile de dessiner.7 Dans les mains des
pintos, ces mouchoirs sont devenus des toiles miniatures.
Sources
Les pintos vivent dans un monde où l’inspiration visuelle est limitée.
Certains sont inspirés par les tatouages piqués sur leur propre corps ou
sur ceux des autres détenus. La plupart s’approprie des images imprimées lowriders (voitures), tatouages, séries T.V, magazines pornos, journaux,
calendriers, affiches et illustrations religieuses, héros et martyrs mexicains,
livres de coloriage, bandes dessinées, affiches de strip-teaseuses. Chaque
artiste choisit et garde ses illustrations préférées dans un dossier d’images
personnelles appelé copias.8
Ces copias sont considérées comme un bien commercial dont le propriétaire
peut négocier son droit d’utilisation à d’autres pintos ou bien les prêter sans
contre partie. Quand un dessinateur est libéré, il cède sa copia à un autre
détenu pour sa conservation.9
La réalisation du paño
Les paños les plus faciles à réaliser sont ceux qui sont colorés. L’artiste
choisit une image de sa copia et la reproduit sur une feuille de papier. Il
esquisse ensuite les contours sur la feuille puis les remplit au stylo bille,
au crayon de couleur, ou au feutre. La technique est semblable à celle du
tatouage. Il ajuste l’échelle grâce à une grille faite à la main. Une fois que
le dessin a été transféré sur le mouchoir, il répète le processus, dessine les
contours puis les remplit avec des nuances.10
Pour créer un paño noir et blanc complexe, l’artiste doit faire preuve
d’un niveau de compétence et d’organisation graphiques bien plus
sophistiqué.11 Se servant à nouveau d’une technique proche de celle du
tatouage, il compose un montage en transférant plusieurs images de sa
copia sur le mouchoir. Il juxtapose des images de tailles différentes qui ont
toutes un lien esthétique et symbolique avec une image centrale.12 Il laisse
généralement le fond blanc pour révéler la couleur du tissu. Cependant
il a parfois recours à la sobra, une technique de projection que beaucoup
admirent mais que peu maîtrisent.13
Autres toiles
Bien que la plupart des dessins chicanos soit réalisée sur des mouchoirs, les
pintos dessinent sur tout ce qu’ils trouvent, y compris des sacs d’intendance
en nylon, utilisés pour le stockage et la blanchisserie, et des enveloppes
achetées à la cantine de la prison. Les enveloppes décorées à la main sont
utilisées pour envoyer les lettres et les mouchoirs.
Un artiste peut produire environ six enveloppes par semaine. Dans
le système de troc de la prison, deux enveloppes valent un paquet de
cigarettes.14 La demande peut constituer un commerce rentable pour un
détenu doué en dessin. Les dessins les plus courants sont des couchers de
soleil, des cœurs, des fleurs, et divers symboles de la prison.
Thèmes
Les pintos s’inspirent du riche vocabulaire visuel de la culture mexicaine
et américaine, culture savante et culture populaire. Leur œuvre mêle l’art
du barrio à la manière des flash tattoos, les peintures sur les lowriders, les
muraux, les graffitis, les représentations des figures religieuses chrétiennes,
7 Matty Jankowski, « Paños – Art behind bars » in Skin and ink september 2004, p. 30.
8 Margaret Greco, « Arte de Corazon - Images and Objects from the Heart, A Chicano response
to the crisi of incarceration », in Encuentro/Coming together (San Antonio, Texas 1994) p. 2, Ciaprès intitulé Greco, Encuentro/Coming together
9 Ernest L. Martin, conversation avec l’auteur. New York, 6 septembre 2004. Ci-après intitulé
Martin conversation. septembre 2004.
10 Ibid.
11 Ibid.
12 Greco, ACEQUIA, 1994, p. 15.
13 Ibid.
14 Phyllis Kornfeld, Cellblock vision, Prison art in America, (Princeton, NJ, 1997) p. 29,30.
Ci-après intitulé Kornfeld.
les héros mexicains et les références symboliques à l’expérience propre
de la prison (le tirando tiempo : faire son temps). Les artistes se servent
généralement d’encre noire pour des dessins qui décrivent la vida loca
(la vie folle de la drogue, de l’alcool, du jeu, de la prostitution et autres
crimes) et los viajes (les voyages, rêves, cauchemars et trips hallucinatoires).
Les crayons de couleur sont généralement réservés aux sujets religieux,
familiaux et romantiques. Les artistes se servent généralement de ces
images de manière emblématique qui rappellent l’art religieux narratif
des sculptures et peintures catholiques mexicaines ainsi que les traditions,
écrites et picturales préhispaniques des manuscrits aztèques et mixtèques.
Lorsqu’on lit les paños, l’histoire se déroule de la droite vers la gauche. Les
mouchoirs sont également liés aux ex-voto gravés sur fer blanc.15
La composition des paños contient de nombreux éléments évocateurs.
Le symbole du temps et de son passage sont fréquemment représentés.
Horloges, sabliers, calendriers, pendules et pages numérotées de livres
évoquent le passage implacable du temps et l’ennui de la vie en prison.
La fierté de l’Histoire chicana est évoquée par des figures mexicaines
romantiques telles que le guerrier aztèque, Pancho Villa, Emiliano Zapata
et les images des pachucos des années 40 avec leurs antiques lowrider. Les
images de la Vierge de Guadalupe et de Jésus trouvées dans des livres
religieux ou des cartes postales et les thèmes associés de la souffrance, de
la rédemption et de la prière sont importants dans l’art du paño. L’amour
dans tous ses aspects (familial, romantique et sexuel) est représenté de
manière symbolique par des cœurs, des fleurs, des rubans ou par des
images explicitement pornographiques. Les illustrations de la vida loca
sont juxtaposées aux symboles de la prison dans lesquelles on retrouve
des murs de briques, des barreaux, des miradors, du fil barbelé. En
puisant dans un inventaire riche d’images associées de manière graphique
extrêmement puissante, les artistes créent des fenêtres sur leurs expériences,
pensées et sentiments. La capacité à raconter à la fois des histoires simples
et complexes qui ont un sens pour ceux qui sont en prison et ceux qui sont
à l’extérieur, fait du paño un art différent des autres formes de l’art carcéral.
L’héritage mexicain et l’identité chicana
À la suite de la conquête espagnole du Mexique, les multiples incursions et
la domination étrangère ont modifié les frontières entre le Mexique et les
États-Unis. Les gens vivant de part et d’autre de la frontière ont développé
des traditions culturelles spécifiques centrées sur l’élevage et son lot de
héros et de symboles.16
S’inspirant de leurs connaissances de l’histoire lorsqu’ils réalisent des paños
sur le thème du Mexique ou de la frontière, les pintos peuvent partager
leurs croyances et leurs traditions avec d’autres détenus. Ainsi la prison
devient une école de la transmission de la culture chicana.17 Les copias
comprennent des scènes dans lesquelles figurent des nobles et des vierges
aztèques dans des sites inspirés de l’histoire et des légendes préhispaniques.
Un aigle sur un cactus avec un serpent dans son bec est l’ancien
symbole de la capitale aztèque, Tenochtitlan, dernière demeure après la
migration aztèque de l’Aztlan, leur patrie légendaire. C’est aujourd’hui
le symbole national du Mexique. L’aigle et le serpent, de même que le
soleil, symbolisent le Mexique dans l’iconographie du paño, de la même
manière que les lettres MM et le chiffre 13 peuvent aussi représenter la
mafia mexicaine.18 En raison de ces connotations avec les gangs, le Texas a
interdit une partie de ces symboles.19 La Vierge de Guadalupe, protectrice
de Mexico représente la protection et l’identité mexicaine, une figure
rassurante sur les mouchoirs.
Lorsqu’il s’agit de héros de la révolution mexicaine, la source du pinto
peut se trouver dans de vieux corridos (ballade narrative à la gloire des
héros hors la loi des guerres frontalières)20. Les figures de la libération
comme Pancho Villa brandissant une épée ou Emiliano Zapata et sa
bandolera (cartouchière) en bandoulière sont généralement entourées
d’images d’Alamo et de magnifiques charras (les femmes du ranch). Tandis
15 Peter David Joralemon, edit, octobre 2004. Ci-après intitulé P.D Joralemon, 2004.
16 Américo Paredes, in Folklore and culture of the mexican border, ed. Richard Bauman (Austin,
TX, 1995. Ci-après intitulé Américo Paredes, 1958.
17 Greco, ACEQUIA, 1994, p. 14.
18 Gary Loyd Joralemon, « an investigate Overview on California Youth Gangs », MS, (San
Luis Obispo, CA 1985) p. 33. Ci-après intitulé G. Joralemon, 1985.
19 Greco, conversation, 1994, p. 16.
20 Américo Paredes, With his pistols in His Hands – A border ballad and its hero, Austin, TX,
1958. Ci-après intitulé Paredes, 1958.
que les symboles nationaux mexicains font généralement référence à un
passé idéalisé, les motifs de la frontière sont le plus souvent associés aux
revendications territoriales, à la liberté et à la dignité du peuple mexicain.
L’identification des Chicanos à leurs racines et à leur culture est source
de fierté et affirmation de leur héritage. Les Chicanos sont prisonniers de
leur double nationalité, mexicaine et américaine. Culturellement ils sont
suspendus entre une terre mère dont ils se souviennent vaguement et une
patrie dans laquelle ils sont marginalisés. Le cœur de l’identité chicana est
la raza (littéralement la race, terme utilisé pour définir le peuple mexicain
et chicano), l’expérience ancestrale partagée du Mexique.21
Lowrider, pick-up et fierté chicana
Le lowrider est l’expression la plus singulière et la plus tenace de l’orgueil
et de la fierté chicana. Ces voitures customisées sont à l’origine du
style pachuco des années 1940 lorsque les Chicanos luttaient contre la
discrimination et la pauvreté. À une époque où les minorités ethniques
étaient censées respecter le code vestimentaire anglo-saxon, les pachucos
(un peu à la manière des B-Boys d’aujourd’hui) défiaient le statu quo
en portant des costumes zazous aux pantalons amples à taille haute, des
manteaux trop grands, des chapeaux à larges bords, d’énormes montres à
gousset en or et des moustaches tombantes.22 Les pachucos ont customisé
de vieilles voitures qu’on appelait les bombas dont ils modifiaient le châssis.
L’automobile devenait un moyen d’expression des rêves et fantasmes
de son propriétaire. Faisant le tour des boulevards « low and slow » en
paradant, en écoutant leurs airs favoris à la radio, les pachucos incarnaient
l’orgueil chicano et le défi ethnique. Aujourd’hui, la culture lowrider est
un phénomène mondial mais elle reste « un moyen d’expression singulier
des efforts persistants de la part des Chicanos pour inventer un nouveau
rapport à l’Amérique tout en résistant à l’assimilation.»23
Jésus Christ
Le catholicisme espagnol a trouvé un terrain fertile dans l’amour des
Indiens du Nouveau Monde pour la cérémonie et l’apparat, la vénération
de dieux sous différents aspects et l’accent sur la douleur et la souffrance
comme partie intégrante de la vie religieuse. Les peuples indigènes dont
les rites religieux préhispaniques comprenaient le sacrifice humain et la
saignée adoptèrent le concept chrétien des conquérants espagnols d’un
sauveur crucifié aux plaies béantes.
Les mouchoirs représentant Jésus et d’autres figures religieuses sont
généralement destinés aux femmes (les mères, les grands-mères, les tantes)
et contiennent des messages demandant protection et conseils spirituels
pour les familles des artistes.
Les images de la Vierge, de Jésus et des Saints figurent en position centrale
sur les autels des foyers. Les familles demandent à ces figures religieuses de
les aider pour résoudre les problèmes.24
Les pintos représentent Jésus sous de nombreuses formes. Les compositions
favorites contiennent le Christ de Gethsémani portant la couronne
d’épines ou la crucifixion. Quelle que soit la composition choisie, le Christ
symbolise toujours la foi, l’espoir, la souffrance et le salut.
La Vierge de Guadalupe
En 1531, un paysan indien mexicain, Juan Diego, eut une vision de la
Vierge à Tepeyac (une colline à l’extérieur de la ville de Mexico qui est le
site originel du tombeau de Tonanzin, la Déesse mère des Aztèques). À la
différence des icônes des conquérants espagnols, la Vierge de Juan Diego
avait la peau sombre et était vêtue d’un costume traditionnel indien. Elle
lui demanda de faire construire un temple en son honneur.
On accéda à la demande de la Vierge de construire un temple à Tepeyac
par l’édification du reliquaire de Guadalupe, un lieu de pèlerinage que
des milliers de dévots visitent chaque année. Rares sont ceux qui réalisent
que le tombeau est construit à l’endroit même où, pendant des siècles,
on a adoré l’ancienne Déesse Mère des Mexicains qui régnait sur la terre,
la fertilité et les cieux.25 Deux cents ans après la vision de Juan Diego, la
Vierge de Guadalupe fût déclarée Sainte patronne de Mexico.
21 Greco, ACEQUIA, 1994, p. 14.
22 Dick DeLoach, Patrick A. Polk, and Denise Sandoval. Arte y Estilo - the Lowriding tradition,
(Los Angeles, CA, 2000). p. 20.
23 James Sterngold, « Making the Jalopy an Ethnic Banner, How the lowrider Evolved From
Chinano Revolt to Art Form. » The New York Times, 19 février 2000, p. B9.
24 Greco, ACEQUIA, 1994, p. 17.
25 P.D Joralemon, 2004.
Joe Calderon - 2013 © Courtesy Collection Leplat-Torti
Anonyme © Courtesy Collection Leplat-Torti
Cette Vierge a joué un rôle important dans la conversion des premiers
Mexicains au christianisme. Miguel Cabrera, un des artistes baroques
les plus renommés du XVIII° siècle, a peint son portrait officiel sous la
supervision de l’église et a fait figurer sur sa toile les détails officiels de la
vision de Juan Diego.
La Vierge de Cabrera a été reproduite dans de nombreux formats depuis
son œuvre originale et apparaît fréquemment sous des formes à peine
modifiées sur les mouchoirs. Cabrera a peint la Vierge plus grande que le
soleil qui brille derrière elle. La position de la Vierge au premier plan et des
corps célestes au second, indique que sa puissance est plus grande que celle
des dieux aztèques discrédités. Ses voiles sont couverts de motifs, d’étoiles
et de roses qui indiquent sa nature spirituelle et temporelle. Ses mains
jointes en prière révèlent sa proximité avec le Tout Puissant et souligne son
rôle d’intermédiaire entre les humains et Dieu.
Aujourd’hui la Guadalupana est une présence vivante, objet de grande
dévotion pour tous les Mexicains. En tant que mère de Dieu, elle est sacrée
et associée à la maternité. Elle protège et réconforte les créatures vivantes.
On la trouve représentée partout, même derrière les caisses des boutiques
locales ou sur les tableaux de bord des voitures. Plus que toute autre icône
chrétienne, c’est à elle que l’on demande d’intercéder au nom de la famille.
Les gens s’adressent à elle pour obtenir force et protection contre le Mal.
Il n’est pas rare de voir des hommes chicanos portant des tatouages de la
Vierge de Guadalupe pour les protéger du Mal.
La famille
La famille est l’inspiration et la source d’une grande partie de la production
de l’art populaire chicano. La richesse du mobilier, des sculptures, des
textiles, des représentations religieuses crée une atmosphère d’intimité
émotionnelle.
Les mouchoirs sont accrochés à l’altar casero (autel domestique) lieu
consacré au culte et entretenu par une vieille femme du foyer. À côté des
mouchoirs et des icônes religieuses on trouve des bougies, des lumières,
des décorations de Noël, des photos de famille, des photos de héros
populaires, des diplômes, des médailles militaires, des souvenirs de voyage
et autres objets personnels. Le altar casero est l’expression personnelle du
sens esthétique d’une femme et de son effort pour influencer les forces
surnaturelles.26
La famille peut encadrer les paños, discuter du talent de l’artiste et montrer
avec fierté ces dessins aux invités. On mesure l’affection pour le pinto au
soin mis à accrocher ces paños dans la maison. Une mère peut deviner
la santé mentale physique et émotionnelle de son fils en fonction des
mouchoirs qu’il lui envoie.27 Envoyer des mouchoirs aux membres de sa
famille est une façon pour le détenu de ne pas être oublié pendant qu’il
purge sa peine, en particulier si sa peine est longue et de remercier des dons
envoyés pendant son incarcération. Les mouchoirs représentent pour lui
une façon de célébrer les vacances et les moments spéciaux passés avec ses
proches. S’il a des enfants, il peut leur envoyer des mouchoirs représentant
leurs héros préférés de dessins animés. Il peut prendre la peine de réécrire
un message d’une carte de vœux sur un mouchoir avec des crayons de
couleur pour exprimer son amour pour sa mère ou pour sa femme. De bien
des façons, les dons de mouchoirs entretiennent les liens d’amour entre les
détenus et leurs proches à l’extérieur.28
Cartoon love
Lorsqu’un détenu veut envoyer un message affectueux à sa petite amie ou à
sa femme, au lieu de lui envoyer des fleurs, il peut dessiner un joli cartoon
pour la faire sourire ou se faire pardonner après une dispute. Cela peut
être une version sexy de Mickey Mouse ou de Betty Boop ou encore un
couple de cartoons habillé en style barrio. Si le couple se sépare, elle se
débarrassera de ses mouchoirs.
Que le détenu soit ou non un artiste, les mouchoirs de cartoons sont
si faciles à réaliser qu’ils sont une façon pour les artistes amateurs de
perfectionner leur talent en reproduisant les copias. Ils peuvent alors passer
du cartoon au mouchoir noir et blanc et être reconnus en tant qu’artiste.29
26 Ibid, p. 54.
27 Ibid, p. 16.
28 Greco, Encuentro/Coming together, 1994, p. 1.
29 Martin conversation. septembre 2004.
Celle que j’aime
Une fois condamné à la prison, l’intimité physique du détenu avec la
femme qu’il aime est soumise aux règles des heures de visite au parloir.
Le couple est autorisé à s’embrasser lorsque le visiteur arrive et lorsqu’il
repart. Ils peuvent se donner la main pendant 45 minutes au-dessus d’une
barrière en plexiglas et sous le regard des gardiens.30 L’expérience n’est pas
commode et ne constitue en aucun cas une relation intime. Étant données
les limites de leurs interactions sociales, il n’est pas étonnant que les pintos
créent des dessins noir et blanc de leurs fantasmes érotiques et romantiques
et de ceux de leurs camarades. L’inspiration vient des magazines pour
adultes comme Gallery avec ses photos amateurs osées et des couvertures
des romans-photos mexicains.
Cette iconographie exprime la solitude du détenu séparé de sa vie, de
ses relations à l’extérieur et qui rêve avec nostalgie à la compagnie d’une
femme. L’espoir que la flamme de l’amour continue de brûler dans le cœur
de l’aimée et le désir de retrouver le souvenir des moments heureux sont
présents dans l’art des mouchoirs. De surcroît, des mouchoirs montrant
des cœurs brisés et des femmes en larmes peuvent traduire la douleur du
prisonnier et l’aider à affronter le rejet et la perte.31
Valentines
Les paños romantiques sont des présents destinés à une épouse ou une
amoureuse. Le symbolisme et les sources des copias se retrouvent dans les
anciens flash tattoos. L’iconographie, la symbolique et la technique sont celles
du tatouage : le tatoueur crée un pochoir à partir d’un flash, le transfère sur
la peau et pique avec de l’encre. Le tatouage comme manifestation d’une
révolte et expression d’une individualité survit derrière les barreaux malgré
des siècles d’interdiction. Son iconographie s’y transmet de génération en
génération.32
La vida loca
La vida loca (vie folle de la rue et attrait du sexe, de la drogue, du jeu et
du crime) est un mode de vie séduisant fait de frissons, de plaisir et de
gratifications instantanées. Malheureusement, nombre de ceux qui la vivent
finissent en prison entamant un cycle d’addictions et d’incarcérations.
La vida loca est la vie d’un marginal qui ne mène pas une existence
normale. Il vit en marge de la société et n’obéit qu’à ses règles. Les origines
du marginal dans la culture tejana (texane) se retrouvent dans les vieux
corridos à la gloire des héros hors la loi des guerres frontalières qui étaient
généralement des trafiquants de tequila, des braqueurs de trains et des
clandestins à la recherche d’un travail. « Défendre ses droits l’arme à la
main » était une manière de se révolter contre l’injustice.33 Les pintos qui
décrivent la vida loca incluent toujours dans leur travail les conséquences
de ce mode de vie.34
Party girls
Les mouchoirs de la vida loca décrivent les femmes comme des prostituées
à coté de copias de magicien ou de serpent, deux symboles de la tentation.
Identifiées par leurs opulentes poitrines et leurs fesses imposantes, à peine
vêtues de lingerie transparente et de bas, elles posent en dominatrice,
ou soumise, ou faisant l’amour. Décrire sa petite amie de cette manière
est interdit mais les femmes anonymes des revues pornographiques
sont acceptables, les détenus découpent ces copias dans des revues et les
décorent. Ces dessins peuvent être très explicites et le thème est toujours
un fantasme sexuel. Ils fournissent au détenu des images érotiques de
femmes, un divertissement bienvenu dans l’environnement totalement
masculin de la prison.
Camaradas (Le gang)
La pauvreté et la discrimination endémiques dans le barrio (quartier)
amènent certains jeunes vatos (mecs) à exprimer leur frustration et
leur colère à travers des activités criminelles. Dans leur imagination,
l’appartenance à un gang répond à leur désir d’appartenir à un groupe plus que
l’école ou la société. Le gang fonctionne comme une seconde famille apportant
identité, soutien émotionnel et respect. La pression du groupe ne laisse
30 Charlie LeDuff « The exchange Rate Behind Bars » The New-York Times Magazine, p. 78.
Ci-après intitulé LeDuff.
31 Sorell, 1989, p. 6.
32 Kornfeld, p. 27.
33 Paredes, 1958.
34 Greco, ACEQUIA, 1994, p. 16
parfois pas d’autres choix aux vatos que de chercher à appartenir à un gang.
La philosophie du gang se résume à « ils font pour moi, je fais pour eux ».35
Que ce soit dans la rue ou sur les mouchoirs, les camaradas se distinguent par
leur gestuelle, leur code vestimentaire, en particulier ce qu’ils portent sur la
tête (chapeau de gangster, bonnet, casquette, bandana) et par leurs tatouages
indiquant l’affiliation au gang, leur surnom, leurs icônes religieuses, leur barrio
et leurs cartoons. Bien que ces groupes soient définis par un intérêt commun
comme les lowriders, les gangs de la vida loca sont essentiellement violents.
Organisés comme une entreprise dont l’activité principale est le trafic de
drogue, les gangs violents prennent part à d’autres activités comme le racket
ou la prostitution. Ils ont recours à la violence et aux armes pour accroître
leur pouvoir sur un nouveau secteur, protéger leur territoire et préserver leur
statut.36 De nombreux membres sont incarcérés pour leurs crimes. En prison,
le cycle du gang recommence car l’appartenance à un gang de carnales (frères
en prison) devient essentielle pour leur protection et leur survie.37
La drogue
L’addiction représente le dessous destructeur et chaotique de la vida loca. Bien
que le recours à la drogue soit considéré comme une faiblesse dans la culture
chicana, les vatos sont particulièrement vulnérables en raison de la pression
des gangs et des interdits traditionnels concernant l’expression de la douleur.38
Certains utilisent l’héroïne ou d’autres substances pour atténuer leur douleur
et apaiser leurs angoisses. Ils deviennent ensuite accros et commettent des
crimes violents pour entretenir leur addiction. Durant leur incarcération, ils
continuent d’user de substances pour échapper à la réalité encore plus dure
de la vie carcérale. Les vatos ne sont pas fiers de ces activités, les scènes de
consommation de drogue dans les paños décrivant la vida loca et les viajes sont
généralement cachés au monde extérieur. Ils sont destinés à un cercle restreint
de carnales et par respect, ne sont pas montrés aux femmes. De nombreux
symboles de la consommation de drogue se retrouvent sur les mouchoirs :
dragons, boule de billard n°8, feuilles de marijuana, pilules, champignons,
cuillères, seringues, serpents, visages et pendules qui fondent sous l’effet des
drogues, toiles d’araignées et crânes. L’artiste équilibre souvent une scène
centrale de consommation par des images montrant la douleur liée à l’addiction
et l’impact dévastateur de la drogue.39
Scènes de crimes
Les mouchoirs décrivent souvent des scènes de crimes réels ou imaginés,
bagarres de rue ou de bar, trafics de drogue, braquages, prises d’otages,
agressions à l’arme blanche, fusillades et meurtres. Parfois les pintos
ajoutent de petits détails réalistes comme les contrôles routiers, tabassages
et menottages, condamnations et brutalités commises par les matons.
Cependant, sans les détails de l’enquête, il est impossible de déterminer
si les actes décrits se sont réellement produits. Les détenus ont tendance à
fantasmer et à exagérer les histoires de tortures, de meurtres, de suicides et
autres. Les pintos décrivent et embellissent ces histoires afin d’en accentuer
le côté dramatique.40
Parfois, lors des séances de réhabilitation, on encourage les détenus à
imaginer des scènes violentes de consommation de drogue et de meurtres,
mais ils le font à contre-cœur pour s’attirer les faveurs du personnel de
réhabilitation ou de l’administration pénitentiaire. Dans le passé, certaines
institutions pénales du Texas autorisaient la commercialisation des paños
dans le cadre de programmes artistiques en prison. En effet, il existe à
l’extérieur de la prison un public amateur friand d’images violentes.
Ces productions commerciales reflètent la fierté du savoir-faire artisanal
mais il y manque le souci du détail que l’on retrouve dans les mouchoirs
traditionnels. L’iconographie du marché commercial est choisie pour attirer
l’œil avec des motifs accrocheurs. De cette façon, le marché influence de
manière subtile les thèmes qui figurent sur ces mouchoirs. La composition
des paños envoyés aux familles est souvent différente.41
La fatalité
Les États-Unis ont le taux d’incarcération le plus élevé du monde. Depuis
l’effondrement du marché pétrolier à la fin des années 1980, le nombre de
35 G. Joralemon, 1985. p. 33.
36 Ibid, p. 4.
37 Greco, ACEQUIA, 1994, p. 16.
38 Ibid, p. 4.
39 Greco, conversation, juillet2004.
40 LeDuff. p. 58.
41 Greco, ACEQUIA, 1994, p. 17.
prisons au Texas est passé de 20 à 150.42 Bien que les prisons privées soient
devenues des entreprises rentables dans de nombreux états, le gouverneur de
l’État contrôle le système carcéral et en dicte la politique aux directeurs. Les
directeurs dirigent chaque prison comme leur fief et y font appliquer leurs
propres règles. Cependant, c’est le gouverneur qui encourage ou interdit
les programmes artistiques et la circulation de fournitures artistiques dans
les prisons et qui met en place un environnement bienveillant ou hostile à
la fabrication des paños.43
La guerre contre le crime et la privatisation des prisons ont pour
conséquences l’allongement de la peine des prisonniers ainsi que la
détérioration des conditions d’incarcération par rapport aux décennies
précédentes. La tendance est à la déshumanisation et le système réprime
l’identité de l’individu par de nombreux procédés. Les détenus sont
numérotés, sont contraints de se conformer à un code vestimentaire
standard, à réaliser des tâches dégradantes et à accepter des programmes
stricts. Ils mangent tous la même nourriture, sont enfermés dans un espace
restreint, confrontés à de longues périodes d’inactivité et n’ont que de
courtes périodes d’exercice et de détente. Les détenus subissent également
un célibat contraint pendant leur peine, ils sont soumis à une surveillance
constante même lorsqu’ils sont en cellule d’isolement. Le contact humain
est limité au directeur, aux surveillants, aux autres détenus et aux visiteurs
occasionnels. Il leur est difficile de lier des amitiés car ils sont sans arrêt
déplacés au sein du système sans préavis. L’absence d’intimité, le bruit
perpétuel, la laideur de l’environnement, la monotonie, la menace de viol
et de violence entraînent des débordements de rage, de peur, d’ennui et de
dépression. Pour échapper à ces conditions cauchemardesques, les détenus
ont recours au jeu, au fantasme, à la drogue voire au suicide.44
Pour survivre en prison, un détenu doit être fort physiquement,
émotionnellement et spirituellement. La dureté, la colère et la violence sont
encouragées ; la sympathie, la gentillesse et la tristesse doivent être cachées
de peur que les autres n’y voient une faiblesse. Afficher un visage dur et
brutal est une nécessité pour survivre en prison. Dissimuler ses émotions et
cacher ses sentiments sont aussi nécessaires.
Les variations sur le thème du masque apparaissent fréquemment dans l’art
du mouchoir. Des bouffons moqueurs ou une paire de clowns stupides
peuvent symboliser un comportement stupide alors qu’une paire de clowns
sinistres, le mensonge ou l’hypocrisie. Les masques comiques et tragiques,
smile now, cry later (souris maintenant, tu pleureras plus tard) représentent la
notion fataliste selon laquelle les bons moments sont inévitablement suivis
de malheurs. Quelle que soit la manière dont les masques sont représentés,
le message est clair : le monde est un lieu chaotique où les apparences
sont trompeuses et où il est préférable de dissimuler ses sentiments et ses
véritables émotions.45
Artistes en résidences
L’art est l’une des meilleures défenses dont dispose le détenu pour lutter
contre la déshumanisation de la prison.46 La terrible réalité est qu’un
prisonnier est privé de tout ce qui compte dans sa vie à l’exception du
temps. Sa survie à l’incarcération va dépendre de la façon dont il gère cette
réalité.47 L’imagination émancipatrice de l’art permet au détenu artiste
d’échapper mentalement à sa cellule et de circuler dans son imaginaire,
elle apporte à son âme une nourriture spirituelle. C’est un exutoire à
l’expression des émotions refoulées cachées aux autres pour survivre dans
un environnement hostile.
Les prisonniers chicanos respectent des règles de conduite (fierté, respect,
patience et émotion) afin que leurs relations avec les autres prisonniers
soient paisibles et leur permettent de survivre à leur peine de prison avec
un semblant de dignité. Lorsqu’ils appliquent ces régles à la pratique
du mouchoir, la prison devient un moyen de développer de nouvelles
compétences et de découvrir leur culture. En prison, ils transmettent à
d’autres artistes des techniques et des traditions artistiques au moyen d’un
système d’apprentissage. Cette formation explique la répétition d’images,
de symboles, de motifs et de styles dans l’art des paños. Un pinto gagne le
42 Greco, conversation, juillet2004.
43 Kornfeld, p. 23.
44 Ibid.
45 Mike Shost, manuscrit non publié, 1998, Ci-après intitulé Shost, 1998, p. 1.
46 Kornfeld, p. 9.
47 Shost, 1998. p. 2.
David Campos - 2011 © Courtesy Collection Leplat-Torti
respect de ses codétenus grâce à la réalisation des mouchoirs. Il a besoin
de paciencia (patience) pour dessiner avec concentration et ne pas faire
d’erreurs qui pourraient anéantir son travail. Il tire de l’orgulo (fierté) de sa
réalisation artistique et de la connaissance de son milieu chicano.
À la différence de la pratique dans le monde artistique de l’art extérieur,
il n’est pas accepté de critiquer ou de juger une œuvre d’art. Si des
éléments de l’iconographie des gangs figurent sur les mouchoirs, ils
doivent demeurer secrets et ne peuvent jamais être débattus. Les qualités
graphiques du dessinateur, en particulier les techniques d’ombrages,
suscitent l’admiration, mais au bout du compte, ce que l’on apprécie dans
un mouchoir c’est la réussite de l’artiste à transmettre l’émotion (corazón).48
Les pintos gagnent le respect en prison en partageant leur savoir. S’ils
ont du talent, ils acquièrent un statut élevé. Ils peuvent échanger leur art
contre des biens et des services qui garantissent leur survie pratique. On
leur donne des cigarettes, de la nourriture et de la drogue. Ils bénéficient
aussi de protection contre le viol et les tabassages. Les artistes sont très
sollicités. Ils sont fiers d’améliorer leur travail et la possibilité de le troquer
en échange de biens et de privilèges qui peuvent augmenter la qualité de
leur production.
Il n’est pas toujours possible d’identifier le véritable créateur d’un paño.
Certaines œuvres sont des commandes et la signature du commanditaire
est appliquée à la place de celle de l’artiste. Un paño commandé décrit
en réalité les sentiments du commanditaire plutôt que ceux de l’artiste.
Parfois, les mouchoirs sont plagiés ou volés, le nouveau propriétaire y met
son nom et l’envoie rapidement hors de la prison.49 Pour dissuader le vol,
il suffit d’intégrer dans un coin de l’image un motif ou une signature trop
complexes pour être reproduits par un plagiaire. Dans les premiers exemples
de l’art du paño les artistes ne signaient par leurs œuvres car elles étaient
effectuées pour des personnes précises qui connaissaient leur provenance.
Par ailleurs, l’originalité se trouvait dans l’histoire du mouchoir et non
dans le nom de l’artiste, une signature n’était donc pas utile.50 Depuis le
milieu des années 1990, les artistes ont tendance à dater et à signer leurs
œuvres lorsqu’elles rentrent dans le monde de l’art commercial.
« La raison pour laquelle je fais de l’art, c’est pour que ma famille se
souvienne de moi si quelque chose m’arrive pendant ma peine, c’est la
seule chose de moi que j’ai à donner. »
Manuel Montoya, août 1986 52
“Art is power. Like faith, it can change your life in a positive manner. When I
take up my pen and put down my thoughts, feelings, hope and dreams, I have
freedom.”
« L’art est pouvoir. Comme la foi il peut changer la vie d’une façon positive.
Lorsque je prends mon crayon, mon stylo et que j’exprime mes pensées,
mes sentiments, mon espoir et mes rêves, je suis libre. »
Melvin Sedillo, février 199253
“The paño becomes the canvas of his soul expressing yesterday’s sorrow and
tomorrow’s hope.”
« Le paño devient la toile de son âme qui exprime la douleur d’hier et
l’espoir de demain. »
Rudy Padilla54
La demande du marché pour les représentations de sujets hardcore
augmente depuis le début des années 1990. Les jeunes artistes privilégient
les propositions de viajes et l’iconographie démoniaque des trips sous
substances. Comme les artistes sont en concurrence, ils ajoutent des images
encore plus violentes et leurs compositions deviennent plus complexes et
plus sophistiquées.51 Ces paños sont destinés à un public voyeur et leurs
images ne sont plus très personnelles.
Dualité
L’expression de la dualité est intrinsèque à la culture chicana. On trouve
ses origines dans les principes aztèques des oppositions, gagner/perdre,
homme/femme, pêché/rédemption, mort/vie. Il s’agit d’un thème majeur
du passé préhispanique. Les tentatives des Chicanos pour réconcilier leur
nationalité mexicaine et américaine expriment la nostalgie qu’ils éprouvent
pour la raza.
“The reason I do art is to be remebered by my familia should anything happen
to me while doing time. It is the only thing that I have to give of myself.”
48 Greco, conversation, juillet 2004.
49 Kornfeld, p. 24.
50 Greco, conversation, juillet 2004.
51 Martin, conversation, septembre 2004.
52 Rudy Padilla, « The art of pano arte, Handkerchief Art, Arte del panuelo, A chicano prison
Folk Art », Hourglass Prison Art Museum, Albuquerque, NM, 1994, p. 4.
53 Ibid.
54 Ibid p. 2.
Cannon Ball - 1934 © Courtesy Collection Leplat-Torti
Justin Sturtevant - 2012 © Courtesy Collection Leplat-Torti
Anonyme © Courtesy Collection Leplat-Torti
Anonym © Courtesy Collection Leplat-Torti
Anonyme © Courtesy Collection Leplat-Torti
© Rudy Treviño III - 2010 © Courtesy Collection Leplat-Torti
MOHS gallery à Copenhague / janvier 2013
Le cri de l’encre / octobre 2012
MOHS gallery à Copenhague / janvier 2013
Le Musée Régional d’Art Contemporain à Sérignan / avril 2013
Le Dernier Cri à Marseille en partenariat avec la Pop Galerie et leurs affiches du
Ghana / mai 2013
L’exposition Paños, Collection Reno Leplat-Torti à été présentée à La milonga del’angel à Nîmes en octobre 2011,
à la Going Blind Galerie à Grenoble en février 2012, au Monte en l’air à Paris en mars 2012, à la galerie du Cri
de l’encre à Lyon en octobre 2012, à MOHS Gallery à Copenhague en janvier 2013, au Lycaon à Bruxelles en
février 2013, au MRAC à Sérignan en avril 2013, au Dernier Cri à Marseille en mai 2013, et sera présentée à la
galerie ChantierBoiteNoire à Montpellier et à From point to point à Nimes en septembre 2013, à le Salon à Paris
en avril 2014, au Quai Branly à Paris en mai 2014, à galerie Central à Liège (Belgique) en novembre 2014 et sera
présentée au Bureau of Artistic Rehab à Manille en septembre 2015.
Galerie From point to point / Philippe Panetier, à Nîmes / septembre 2013
Galerie Chantiers BoiteNoire à Montpellier / septembre 2013
Quai Branly, Paris / Tatoueurs tatoués / may 2014
Le Salon Paris / avril 2014
Galerie Central à Liège, Belgique. Novembre 2014. © Dominique Bernard
Galerie Central à Liège, Belgique. Novembre 2014. © Dominique Bernard
Anonyme © Courtesy Collection Leplat-Torti
www.telerama.fr / juin 2013
www.20minutes.fr / janvier 2012
http://www.petit-bulletin.fr/ / janvier 2012
PANOS
Du 16 mars au 31 mars 2012.
Cette semaine au monte en l’air, le dernier cri et la pop galerie propose une exposition d’art vernaculaire assez
fascinante. L’art des paños.
Il s’agit de mouchoir dessinés par les prisonniers américains, souvent d’origine chicanos. Ces mouchoirs leur
permettent de communiquer avec leurs familles, leurs amis. Ce sont avant tout des présents. Certains sont
destinés aux enfants, d’autres aux femmes des prisonniers d’autres à leur grand mère ou à leurs amis.
La plupart de ses mouchoirs déclinent des codes propres à la culture des ses détenus qu’on peut aussi retrouver
sur les tatouage ou sur peintures murales à l’extérieur, ou encore sur les enveloppes des lettres qu’il envoient.
Ces codes son très hétérogènes et sont tous mélangés ce qui donne au final des dessins étonnants. Délires
gangsta bling bling mixés avec des figures kitschs telles que des clowns ou des masques de théâtre, qui sont des
éléments symboliques très important de cette culture, mais aussi des personnages pour enfants ainsi que des
symboles religieux catholiques ou des références aux civilisations pré-hispanique sans oublier l’esthétique des
tatouages. Ce que j’aime dans ces images c’est leurs cotés excessifs, passionnés, romantiques, mélodramatiques
qui renvoie comme on l’imagine au vies tragiques de ses prisonniers. Rêve et désespoir se mélangent dans un
délire esthétique totalement kitsch et décomplexé. Il y a là dans cet art un certaine candeur qui est troublante
et touchante.
Vernissage Vendredi 16 à 18H
Le Monte-En-l’Air
71 rue de Ménilmontant - Paris 20
M° Ménilmontant
Yassine
www.lezinfo.com / mars 2012
Paños - Chicano Prison Art
-Reno Leplat-Torti´Collection.
January 4 - February 2, 2013
Opening Reception: Saturday, January 4th, 4-9pm
Whether intensely spiritual or brazenly secular, paño art draws on the deepest emotions of prisoners whose
artistic expression is limited only by the materials at hand. The word paño (Spanish for cloth or handkerchief)
has come to mean the art form itself -- a ball point pen or colored pencil drawing on a handkerchief.
Scholars have yet to determine the origin of paño art, but some believe that it emerged in the 1940s among
Chicano prisoners in the southwestern United States who drew on the handkerchiefs or torn bed sheets. Today
paño art is associated with Chicano inmates around the country, both male and female, who neatly fold paños
into envelopes and mail them to loved ones.
Paño artists take much of their imagery and inspiration from the larger visual arts vocabulary of Chicano art
conspicuous in murals, posters, low rider cars, graffiti, and tattoos. The art form evolves as prisoners talk paño
techniques, share their information on materials and style, and trade patterns drawn or traced from magazines,
newspapers and catalogs.
The Crazy Life / La Vida Loca: Many paños depict «La Vida Loca,» or « The Crazy Life,» showing scenes of gang
life, drug use and violence, as well as the harsh realities of life on the streets, poverty and prison. Symbolized
by the masks of comedy and tragedy, the theme «Laugh Now, Cry Later» depicts the consequences of «La
Vida Loca.» Imagery reflecting prison life such as clocks, prison bars, hourglasses and watchtowers appears
throughout these paños. Prisoners sometimes turn to religion as an alternative to «La Vida Loca,» and some
Paños contrast the two lifestyles side by side.
Faith / La Fe: Paños often reflect the predominately Catholic faith of the artists. Traditional religious subjects
include Our Lady of Guadalupe (the patron saint of Mexico) and Christ of the Crucifixion, affectionately known
as «El Chuy.» Crosses, rosaries, praying hands and pictures of saints are other common religious images. These
paños express respect for, or belief in, the protective and redemptive power of these spiritual figures and of
religion in general.
Memory / La Memoria: Isolated from their families and communities for long periods of time, inmates craft
paños as gifts to mail from prison. Sentimental images or portraits of those close to the artists help maintain
bonds of family, love or friendship. Paño artists also recall their life in the barrio (neighborhood), showing
landmarks or people they knew well on the outside. Paños can function much the way valentines do, using
words, symbols and pictures to communicate love. Paños made for wives or girlfriends often express romantic
love. Paños for children might include cartoon characters and popular culture figures. Mothers, aunts and
grandmothers often received paños with images of Catholic saints, the Virgin of Guadalupe and Christ.
On the Outside: Until recently, paño art has had a low profile outside of prison. Outside, paños lost the value
they once had within the prison system, becoming souvenirs of prison life meaningful only to the ex-inmate
and his or her associates, not to society at large.
MOHS exhibit
Sdr. Boulevard 98
DK-1720 Copenhagen V
Denmark
www.donutchocula.blogspot.dk / janvier 2013
Le taffeur / avril 2013
Paños created in US prisons spark the passion of exhibitor in France
13 Jun
PAC asked Reno Angelo Leplat-Torti, an artist and curator of exhibitions of Chicano prison art in France, to
tell us a bit about himself, how his interest in prison art developed, and what kind of impact his exhibitions are
having.
My name is Reno Angelo Leplat-Torti. I was born in France, but my family emigrated from Italy in the 40’s. I
studied art, and then I became an assistant in two different art schools’ silkscreen workshops. I created my own
publishing house 10 years ago, and I’m also organizing a big alternative comic festival in France. I’m trying to
keep my own “artistic practice” in the midst of all that.
I’ve been interested in “folk art” and in what French speakers call Art Brut (“outsider art”) since my early artistic
beginning. As a teenager I was a bookshop rat, and I started to read underground comics like Le Dernier Cri
publications. There, I discovered the raw drawings of Stu Mead, Mattt Konture, Moolinex, GaryPanter, Henry
Darger and Raymond Reynaud…I began to draw my own comics, found my passion, and began to pursue my
own path as an artist by entering art school.
I have always been interested in autodidact art, and discovered prison art while I was looking for prison-made
objects like tattoo machines, knives, etc. My first find was a Mickey Mouse hankie, or paño, which I framed.
Over time my collection of paños began to grow, and one day a friend with an art space asked if I’d like to
exhibit them.
When I’m setting up my exhibition, I really see the wall as an expression of emotions. I feel paños art is
something more intimate than a classic prison drawing, more personal. They are windows into a pinto’s heart,
and viewing them can feel intimate, almost indecent, like reading a letter belonging to someone else, but the
letter is so well written you can’t stop until the end – like the shame you can feel in reading the correspondence
between Simone de Beauvoir and Nelson Algren.
Paños art is so interesting to me because of the different dimensions it represents. First, this form has connections
to Chicano art, tattoo art, and religious art. But also this art form is a prime example of ”making the most
of what you have” – the artists are cutting up their pillows and bedsheets, and drawing with whatever they
can find inside. It’s not always a technical challenge – the pintos (Chicano slang for “convict”) are not always
excellent drawers – but they have time and they put their heart, their soul and their guts in it. And finally the
content, the prison hankies are often the only way pintos have to make a gift and express their feelings.
To develop contact with the artists whose work I collect and exhibit takes a very long time, because we need to
trust each other, and this is certainly more complicated for them than for me. Because I’m living in Europe it
sometimes takes three weeks to receive a letter, so to exchange is not easy. Most of the time I’m in contact with
family who send my mail. One guy sold me his hankies during his first week of freedom, first to ward off bad
luck, but also because he was needing the money. Now he’s able to follow his own exhibition on Facebook, and
he’s helping me a lot. With the families and the inmates I’m now developing very specials links. I’m trying to
help them as much as I can, and I think creating these exhibitions is like helping them to travel – they’re locked
up, but a piece of their hearts takes a plane and visits Europe. I try to send them photos as often as I can.
http://theprisonartscoalition.com / juin 2013
People who visit the exhibitions react very strongly, and most of the time in a positive way. When people in
Europe discover my collection they usually haven’t seen paños before, but they have a lot of references. The
American prison system is maybe better known here than the French one, especially through the cinema. We
don’t have gangs but people are really curious about them. I have found that when people see the paños, they
recognize some of the codes and symbols they see in American movies, hip hop music, and tattoo art.
It’s great to be able to share these life testimonies with the public. I once did a workshop in a jail in France. I
brought a few paños to the prisoners. My idea was to expose them to that practice and then have them draw
their own handkerchiefs using their own codes. I didn’t want them to use the Chicano aesthetic. That was
my first time in jail, and at the beginning I really didn’t know if they would like my ideas. But when I showed
them the hankies they were totally amazed by them, and by the thought that Latino gang members, who they
perceived as “tough guys,” can take a pen and draw to express their feelings.
They identified strongly with the American prisoners. They started to draw for the first time and were really
proud of what they created. The French hankies are exhibited with my collection until the 7th of May in the
MRAC, a museum in southern France.
I’m currently making plans for a documentary about pinto art. My experience in a French jail totally change
the preconceptions I had about the inmates, the guards and the “inside life,” so I’m hoping the film will help
people to meditate on the prison system. I don’t know what the outcomes will be, but if a viewer is seduced by
something produced by a prisoner serving a life sentence it is a positive step, right?
http://theprisonartscoalition.com / juin 2013
Connaissances des arts. Hors-série : Tatoueurs Tatoués. mai 2014
Catalogue Tatoueurs tatoués. Quai Branly - Acte sud. mai 2014
Catalogue Tatoueurs tatoués. Quai Branly - Acte sud. mai 2014
Catalogue Tatoueurs tatoués. Quai Branly - Acte sud. mai 2014
Anonym © Courtesy Collection Leplat-Torti
Anonym © Courtesy Collection Leplat-Torti
Anonym © Courtesy Collection Leplat-Torti
Joe Calderon et jeff Malmin, notre intermédiaire.
Ricardo Ramirez (en haut à gauche) et ses prison homies
©MM Yu
Reno Leplat-Torti, né en 1984 à Marseille, est artiste sérigraphe, graphiste, auteur de comics, réalisateur de documentaires, collectionneur. Issu du
graphzine, il intègre l’École des Beaux-Arts de Nîmes où il fonde la maison d’éditions Nunu. Il y a cinq ans, en glanant sur internet des petits objets
fabriqués en prison, il découvre l’art des paños. Frappé par la puissance à la fois du sujet et de la forme, il prend contact avec des familles de détenus
américains et possède aujourd’hui une collection de plus de 200 mouchoirs présentée dans de nombreuses galeries en Europe. Il prépare actuellement
un film documentaire sur le sujet.
Reno Leplat-Torti
Né le 26/02/1984 à Marseille
Adresse: 17 rue du palais des Guilhem 34000 Montpellier
Mobile: 06.74.77.63.47
E.mail : [email protected]
www.nationculblanc.com
CURRICULUM VITAE ARTISTIQUE
Expositions (sélection) :
Paños, Galerie Le fils du Chanoine / La milonga del'angel à Nîmes (septembre 2011). Going Blind Galery, Grenoble (janvier 2012). Galerie Le monte en
l'air, Paris (mars 2012). Galerie MOHS, Copenhague (janvier 2013). Galerie le mauvais œil, dans le cadre de Marseille 2013 (mai 2013). Musée Régional d'Art
Contemporain Languedoc-Roussillon de Sérignan (juillet 2013). Galerie From point to point à Nîmes et galerie Chantierboitenoire à Montpellier (septembre
2013). Quai Branly, Paris (mai 2014).
El Ultimo Grito. Les artistes du collectif le Dernier Cri. Mexico city. Mexique (octobre 2011)
Eyjafjallajökull. J-A Arzilier, P-G Coste, P.Garcia, A.Giroux et R. Leplat-Torti. Galerie Iconoscope à Montpellier (juin2010)
Visible I & 11. L'Atelier (collectif d'artistes : Jean-Adrien Arzilier, Abdelkader Benchamma, Armelle Caron, Pierre-Guilhem Coste, Pablo Garcia,
Alexandre Giroux, Renaud Leplat-Torti, Mickaël Viala) Galerie Aldebaran à Castries (mars et mai 2010)
DC Kristmas XXX. Les artistes du collectif le Dernier Cri. 5 lieux à Marseille. (janvier 2008)
Le Dernier Cri /15 ans de suractivation grafike. Les artistes du collectif le Dernier Cri. Espace Beaurepaire, Paris (septembre 2007)
Mulhouse 007 Sélectionné pour représenter l’école des Beaux-Arts de Nîmes (juin2007)
Fromage et dessert. Les étudiants de 5°année. École des Beaux-Arts de Nîmes (mai 2006)
Ex Naturæ. A l’initiative d’Hubert Duprat. Musée d’Histoire Naturelle de Nîmes (avril 2006)
Publications (sélection) :
Dopeman intégral. (à paraître en septembre 2013, Le Dernier Cri)
Paños. (janvier 2012, Le Dernier Cri) Paños Chicanos. (mai 2013, MRAC Sérignan)
Dues to meat, a Stu Mead video portrait. DVD documentaire (juin2011, Le Dernier Cri)
Le Beau Temps I et II. Revue expérimentale (octobre 2009 et février 2010)
L’Horreur est Humaine (Vol.2 N°1) (juin2008 , Editions Humeurs)
Hôpital Brut 08 (2007, Le Dernier Cri)
La Meilleure Façon d’Empiler les Bonbons (2005 , Editions Hôtel Rivet)
CCU (2002, Nunu Editions)
WE Apologie (2001, auto-édité)
Résidences :
septembre 2011
Galerie ChantiersBoîteNoire, Montpellier
juilletà septembre 2010 École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier Agglomération
juin2010 Galerie Iconoscope, Montpellier
mars à juin2010
Galerie Aldebaran, Castries (34)
février 2010 Galerie St Ravy, Montpellier
Avril/mai 2007
Munzstrasse 10, Berlin (dans le cadre du réseau l’Age d’Or)
Expériences diverses :
Depuis 2011
Collectionneur de paños et commissaire de l'exposition itinérante.
2011
Fondateur et concepteur du site internet www.arqaeda.com visant à fédérer un réseau d'éditeurs, cinéastes, labels musicaux autour
de la diffusion indépendante de produits culturels et artistiques.
2009
Membre fondateur du collectif d’artistes L’Atelier (Abdelkader Benchamma, Armelle Caron, Grout / Mazéas…) dont le
principal objectif consiste à fonder un atelier de travail et d'impression, en mutualisant les moyens techniques.
2008
Fondateur et directeur artistique de Fuck Off. Le off du festival d’Angoulême
avril 2005 Fondateur et président de la maison d’édition Nunu ayant pour but la découverte, la diffusion et la promotion de jeunes artistes à travers différents médias (dessin, musique et vidéo...)
Depuis 2000
Conception d’affiches, flyers, illustrations, fanzines, journaux, livres et catalogues pour :
- Le Musée Régional d'Art Contemporain de Sérignan, L’École Supérieure des Beaux-Arts de Nîmes, l’École Supérieure des Beaux
Arts de Montpellier Agglomération, la maison d’édition Hôtel Rivet, Nunu éditions, Le Dernier Cri...
- Pour des artistes dont Olivier Mosset, Tania Mouraud, Hubert Duprat, Cécile Bart, Yves Bélorgey, Abdelkader
Benchamma, Armelle Caron, Jean-Jacques Rousseau...

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