chapitre 1 notions fondamentales sur les hyperfrequences, les

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chapitre 1 notions fondamentales sur les hyperfrequences, les
N OTIONS FONDAMENTALES
CHAPITRE 1
NOTIONS FONDAMENTALES SUR
LES HYPERFREQUENCES,
LES TELEPHONES MOBILES CELLULAIRES
ET LEURS STATIONS RELAIS
I.
LES HYPERFREQUENCES OU MICRO-ONDES
1.1. Généralités
Les hyperfréquences sont des radiations non ionisantes faisant partie
du spectre électromagnétique et plus précisément des radiofréquences
(Figure 1). Comme toutes ondes électromagnétiques, elles se caractérisent
par :
• Leur fréquence (F) exprimée en Hertz (Hz : 1 Hz = 1 oscillation par
seconde) ou en unités plus élevées, le KiloHertz (1 KHz = 10 3 Hz), le
MégaHertz (1 MHz = 10 6 Hz) et le GigaHertz (1 GHz = 109 Hz).
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TÉLÉPHONES MOBILES CELLULAIRES
ET
S TATIONS R ELAIS. LES R ISQUES
POUR LA
SANTÉ .
Les hyperfréquences vont des fréquences de 300 MHz à 300 GHz.
• Leur longueur d’onde (λ) qui est égale à C/F où C représente la
vitesse de la lumière dans le vide (exprimée en mètres/seconde - 3.10 8)
et F la fréquence exprimée en Hertz.
- Pour le four domestique à micro-ondes, la fréquence en France est de
2.450 MHz [(2,45 GHz), à laquelle correspond une longueur d’onde
de 12,2 centimètres (cm)].
- Pour les téléphones mobiles cellulaires fonctionnant en 900 MHz, la
longueur d’onde est de 33,3 cm; elle est de 16,6 cm pour les
téléphones mobiles cellulaires qui émettent en 1.800 MHz.
N OTIONS F ONDAMENTALES
Nature des radiations
Fréquence
Longueur d'onde
Supérieure à
6
3.10 GHz
Inférieure à
0,1 µ
de 750.10 3 GHz à
3.106 GHz
0,4 µ à
0,1 µ
de 400.10 3 GHz
à 750.103 GHz
0,8 µ à
0,4 µ
de 300 GHz à
400.10 3 GHz
1.000 µ à
0,8 µ
de 300 MHz
à 300 GHz
1 m à 1 mm
Exemples
1/ Ionisantes.
* Rayons X, rayons
gamma, rayons
cosmiques
2/ Non ionisantes.
* Ultra violet
* Lumière visible
* Infra rouge
Stérilisation
Détection,
sécurité
* Radio fréquences
- Hyper fréquences
(ou micro-ondes)
- Ultra courtes (VHF) 30 MHz à 300 MHz
10 m à 1 m
- Courtes (HF)
3 MHz à 30 MHz
100 m à 10 m
- Moyennes (MF)
0,3 MHz à 3 MHz
1 km à 100 m
- Longues (LF)
30 KHz à 300 KHz
10 km à 1 km
* Très basses
{
ondes
radio
300 Hz à 30 KHz 1.000 km à 10 km Ecrans
vidéo
fréquences (VLF)
* Extrêmement basses
fréquences (ELF)
Fours,
Télévision,
Téléphones
portables,
0,1 à 300 Hz
Supérieure à
1.000 km
Courant
électrique
50 Hertz
Figure 1 : Le spectre électromagnétique.
N.B. : La longueur d'onde ( λ) est inversement proportionnelle à la fréquence
c
(F) (λ= où c = vitesse de la lumière); de ce fait, lorsque la fréquence
F
augmente, la longueur d'onde diminue.
18
19
TÉLÉPHONES MOBILES CELLULAIRES
ET
STATIONS R ELAIS. LES RISQUES
POUR LA
SANTÉ.
N OTIONS FONDAMENTALES
Classiquement, les hyperfréquences (ou micro-ondes) ce subdivisent
en 3 catégories :
E (V/m)
• UHF (Ultra High Frequency) de fréquences 300 MHz à 3 GHz. C’est
dans cette catégorie d’hyperfréquences que se situent le four
domestique à micro-ondes (F = 2.450 MHz) et les téléphones mobiles
cellulaires.
λ
• SHF (Supra High Frequency) de fréquences 3 GHz à 30 GHz.
• EHF (Extremely High Frequency) de fréquences 30 GHz à 300 GHz.
Les deux premières catégories d’hyperfréquences sont des ondes
centimétriques (λ de 100 cm à 1 cm), la dernière catégorie étant des ondes
millimétriques (λ de 10 mm à 1 mm).
2
(w/m∆)
P (W/m
)
H (A/m)
Les micro-ondes peuvent être émises en continu (CW), en pulsé (PW)
et être modulées en amplitude (AM) et (ou) en fréquence (FM).
Figure 2 : Propagation d’une onde électromagnétique.
1.2. Unités
Les hyperfréquences, comme toute onde électromagnétique, sont
formées de l’association d’un champ électrique (E) et d’un champ
magnétique (H) qui sont perpendiculaires entre eux et avec la direction de
propagation de l’onde (vecteur de Poynting), (Figure 2).
Le champ électrique s’exprime en Volts/mètre (V/m) ou en
KiloVolts/mètre (KV/m). Le champ magnétique qui représente la force de ce
champ s’exprime en Ampères/mètre (A/m).
N.B. : L’induction magnétique (B) qui représente la densité de champ
magnétique est liée à H par la relation : B = µH. Dans l’air, la perméabilité
magnétique (µ) étant voisine de 1, la relation précédente devient B = H. Ce
qui conduit à employer comme unité de champ magnétique H, des unités
normalement destinées à l’induction magnétique (B) telles que le Tesla (T)
et le Gauss (G), la relation à retenir étant :
E = champ électrique (V/m).
H = champ magnétique (A/m).
P = vecteur de propagation (vecteur de Poynting) représentant la densité de puissance de l’onde (W/m 2).
λ = Longueur d’onde.
Le vecteur de Poynting représente la densité de puissance de l’onde
électromagnétique par unité de surface. Elle s’exprime en Watts/mètre carré
(W/m2), en milliWatts/centimètre carré (mW/cm2) ou en valeurs plus faibles,
comme le microWatt/cm2 (µW/cm 2)… C’est ainsi, par exemple, que la
densité de puissance de fuite micro-ondes autorisée sur un four domestique
ne doit pas dépasser 1 mW/cm2 (1.000 µW/cm 2) à 5 cm des parois du four
(Normalisation Française 4).
1 A/m = 12,5 milliGauss (mG) = 1,25 microTesla (µT)
4
20
Exposition humaine aux champs électromagnétiques hautes fréquences (10 KHz à 300 GHz).
Normalisation Française. C18 - 610. Nov. 1995. 46 pages.
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TÉLÉPHONES MOBILES CELLULAIRES
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S TATIONS R ELAIS. LES R ISQUES
POUR LA
N OTIONS F ONDAMENTALES
SANTÉ .
1.3. Notion d’exposition en champ proche et en champ
lointain
Schématiquement, l’exposition d’un sujet est dite en «champ proche»
lorsque la source émettrice de l’onde hyperfréquence est à une distance
inférieure à une longueur d’onde et en «champ lointain» lorsque la distance
est supérieure à une longueur d’onde.
Le «champ proche» inclut les deux premières zones et le «champ
lointain» débute au niveau de la zone de Fraunhofer. En champ proche, on
ne peut pas déterminer correctement la densité de puissance de l’onde
électromagnétique incidente. On peut, dans ce cas, mesurer soit la valeur du
champ électrique, soit celle du champ magnétique pour apprécier les niveaux
d’exposition et donc les risques biologiques (cf. Chap. IV 122.).
Exemples :
a. Pour le courant électrique de fréquence 50 Hz, la longueur d’onde
est de 6.000 Km; dans ce cas, l’exposition est en «champ proche»
car le sujet est toujours à moins d’une longueur d’onde d’une
source émettrice.
b. Dans le cas du four domestique à micro-onde, dont la longueur
d’onde est de 12,2 cm, c’est au-delà de cette distance que le sujet
est exposé en «champ lointain».
c. Dans le cas des téléphones mobiles cellulaires, l’exposition est en
«champ proche» dans un rayon de 33,3 cm pour ceux qui
fonctionnent en 900 MHz, et dans un rayon de 16,6 cm pour ceux
qui utilisent le 1.800 MHz.
d. Les stations relais des téléphones mobiles cellulaires exposent les
populations en «champ lointain» car les sujets se trouvent à des
distances de plusieurs longueurs d’onde de la source émettrice. Les
personnels de maintenance de ces équipements risquent, au
contraire, une exposition en «champ proche».
1.4. Le taux d’absorption spécifique (TAS)
Le taux d’absorption spécifique (TAS) ou «specific absorption rate»
(SAR) des auteurs anglo-saxons permet de quantifier les interactions entre
les ondes électromagnétiques et la matière. Il peut être défini comme la
vitesse de transfert de l’énergie de l’onde électromagnétique dans cette
matière qui peut être un tissu, un organe, un être vivant. Le TAS peut se
mesurer au moyen de techniques calorimétriques ou se calculer; il s’exprime
en Watts/kg (W/kg) ou en milliWatts/g (mW/g) de tissu. Un TAS élevé
entraîne une augmentation de la température dans le matériel.
N.B. : Il est possible de comparer l’énergie absorbée lors d’expositions
aux ondes électromagnétiques (TAS) à l’énergie produite par le corps
humain durant ses activités physiologiques : 1 W/kg pour le métabolisme de
base - 5 à 10 W/kg pour un exercice physique.
Calcul du TAS :
N.B. : En fait, la notion de «champ proche» et de «champ lointain» est
plus complexe. A proximité de l’émetteur (par exemple une antenne de
station relais ou un téléphone mobile cellulaire) et dans l’axe de propagation
de l’onde électromagnétique, il existe une incohérence de phases entre le
champ électrique et le champ magnétique. Ce n’est qu’à une certaine
distance de la source émettrice que l’onde générée est réellement formée. En
fonction de D, la plus grande dimension de l’antenne en mètre, et de la
longueur d’onde λ, on distingue 3 zones en partant de la source émettrice :
TAS (mW/g) = 60 x L
F M
F = Fréquence de l’onde en GHz - L = Longueur du sujet en cm
M = Masse en g du sujet. (O. Gandhi 5)
• La zone de Fresnel à une distance D2/4 λ;
• La zone de Rayleigh à D 2/2 λ;
• La zone de Fraunhofer à 2D2/ λ.
22
5
O.P. Gandhi et coll. Deposition of electromagnetic energy in animals and in models of man with
and without grounding and reflector effects. Radio. Sci. 1977. 12 : 39-47.
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TÉLÉPHONES MOBILES CELLULAIRES
ET
STATIONS RELAIS. LES RISQUES
POUR LA
La valeur du TAS dépend de nombreux paramètres et en particulier :
2
N OTIONS FONDAMENTALES
S ANTÉ.
Fréquences
2
• La densité de puissance (en W/m ou en mW/cm ) de l’onde
électromagnétique incidente, c’est-à-dire qui arrive sur le matériel ou
le sujet exposé (la «cible»).
• La fréquence de l’onde incidente : le TAS diminue avec
l’augmentation de fréquence. Pour les radiations non ionisantes
l’absorption est maximale pour les fréquences faibles, elle est réduite
pour les fréquences élevées (Figure 3).
• La taille et la masse du sujet exposé : du fait de leur plus petite taille,
les enfants absorbent plus les hyperfréquences que les adultes
(IRPA Guidelines 6).
Radiations IONISANTES
66
3.10
3.
10
GHz
GHz
• La nature de l’exposition de la cible en «champ proche» ou en
«champ lointain»,
• L’orientation du sujet exposé par rapport à la composante électrique
ou magnétique de l’onde,
Radiations NON - IONISANTES
• Le taux d’humidité et la température ambiante, les effets
thermiques des micro-ondes s’amplifiant avec l’augmentation des
valeurs de ces deux paramètres,
• La pilosité ainsi que la nature des vêtements que le sujet exposé porte
et qui sont également à prendre en considération dans les effets
thermiques des hyperfréquences.
Absorption
Figure 3 : Absorption du corps humain vis-à-vis
des ondes électromagnétiques en fonction de la fréquence de l’onde incidente.
N.B. : La nature des tissus traversés n’est pas prise en compte.
Noter : Pour les radiations non ionisantes l’absorption décroît lorsque la fréquence augmente.
L’absorption d’une onde hyperfréquence par un organisme vivant peut
entraîner une élévation de la température qui peut être locale (création de
«points chauds») ou générale.
6
24
IRPA Guidelines. Guidelines on limits of exposure to radiofrequency electromagnetic fields in the
frequency range from 100 KHz to 300 GHz. Health Physics. 1988. 54 : 115-123.
N.B. : Les points chauds correspondent à une augmentation localisée
de la température dans un matériel (prothèse métallique, tissu osseux, boîte
crânienne…), l’onde électromagnétique étant «piégée» dans le matériel
lorsque sa longueur d’onde est proche de l’épaisseur de ce matériel (création
d’ondes stationnaires).
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TÉLÉPHONES MOBILES CELLULAIRES
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STATIONS R ELAIS. LES RISQUES
POUR LA
N OTIONS F ONDAMENTALES
SANTÉ.
Afin d’empêcher tout effet thermique général des
hyperfréquences chez l’homme (élévation de la température rectale),
le taux d’absorption spécifique a été fixé à 0,4 W/kg pour les
travailleurs et à 0,08 W/kg pour le public dans le cas d’une exposition
du corps entier et par période de 6 minutes (6) (cf. Chap. IV 12.).
1.5. Interactions des hyperfréquences avec la matière vivante
Une onde hyperfréquence (ou micro-onde) qui entre en contact avec
un tissu vivant est susceptible de créer des effets thermiques et des effets
athermiques ou «spécifiques».
1.5.1. Effets thermiques
N.B. : L’intervalle de 6 mn correspond à la constante de temps de la
régulation thermique humaine.
Dans le cas de l’exposition d’une partie seulement du corps et pour des
tissus «autres que ceux des mains, des poignets, des pieds et des chevilles»
(Normalisation Française 7), le TAS applicable à l’exposition de la tête ne
doit pas dépasser 2 W/kg pour le public et 10 W/kg pour les travailleurs,
pour 6 minutes d’exposition, et cela afin d’éviter tout risque d’élévation
thermique.
N.B. : Raisons invoquées pour la distinction public/travailleurs dans
les textes officiels :
Les limites d’exposition aux hyperfréquences distinguent deux
populations :
a. Le public qui constitue un ensemble de sujets, d’âges et de statuts
sanitaires différents. Ces personnes ne sont pas, normalement,
informées de leur exposition aux hyperfréquences et des risques
biologiques; leur exposition peut être de 24 h/24 et peut durer la vie
entière !
b. Les travailleurs constituent un ensemble de sujets adultes, exposés
dans des conditions contrôlées et qui sont informés des risques
biologiques potentiels, ce qui les conduit à se protéger.
Commentaire de l’auteur :
C’est à partir de ces raisons, dont l’éthique est absente, que les
limites d’exposition aux hyperfréquences sont moins restrictives pour les
travailleurs que pour le public !
7
26
Exposition humaine aux champs électromagnétiques hautes fréquences (10 KHz à 300 GHz).
Normalisation Française. C 18 - 610. Nov. 1995. 46 pages.
Ils résultent de l’action de l’onde électromagnétique sur les molécules
chargées électriquement et dont l’eau est le meilleur exemple. Les molécules
d’eau présentes dans le tissu vont osciller à la fréquence de l’onde incidente,
créant des frictions internes responsables de l’apparition de chaleur dans le
tissu irradié. L’effet thermique est décelé (mesuré) lorsque la densité de
puissance incidente est suffisante pour créer un taux d’absorption spécifique
(TAS) plus élevé que ceux cités précédemment (cf. 14.).
L’échauffement sera plus ou moins étendu et intense selon la nature
des tissus traversés par l’onde hyperfréquence et leur richesse en eau. Des
tissus tels que la graisse, les os, à faible teneur en eau, sont plus facilement
pénétrés par l’onde hyperfréquence que des tissus tels que les muscles ou la
peau plus riches en eau (Figure 4).
N.B. :
a. Lorsque l’échauffement est le fait de la composante champ
magnétique de l’onde hyperfréquence, on parle de chauffage par
induction : c’est le cas des corps métalliques (prothèses, stérilets…)
qui peuvent être échauffés par l’onde hyperfréquence. Il peut en
résulter des points chauds pouvant être dangereux ou être la cause
de dysfonctionnement d’appareils médicaux tels que les stimulateurs
cardiaques, les pompes implantées délivrant des médicaments, les
appareils de surveillance cardiaque…
b. Lorsque l’échauffement est le fait du champ électrique de l’onde
hyperfréquence, on parle de chauffage par effet diélectrique : c’est ce
chauffage par effet diélectrique qui est responsable, par exemple,
de l’élévation de la température des aliments placés dans un four à
micro-ondes domestique.
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TÉLÉPHONES MOBILES CELLULAIRES
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S TATIONS R ELAIS. LES R ISQUES
a
POUR LA
Quand un tissu est irradié, l’onde hyperfréquence passe de l’air (où se
trouve la source d’émission) dans le tissu. A la surface de discontinuité airtissu se trouve la peau. La différence de valeurs des constantes diélectriques
entre ces milieux fait qu’il y a réflexion plus ou moins grande de l’onde sur
la peau (la partie réfléchie constitue l’écho qui est, dans le cas de la détection
radar, recueilli par une antenne de réception).
b c
100
-BGRAI SSE
OS
(Faible teneur en eau)
eau)
10
1
-A MUSCLES,
PEAU,
ORGANES IN TERNES
(H
(Haute
aute teneur en eau)
eau)
0,1
10
100
1000
N OTIONS F ONDAMENTALES
SANTÉ .
10000
Fréquences (MHz)
(MHz)
Figure 4 : Profondeur de pénétration des ondes électromagnétiques
dans les tissus en fonction de leur fréquence et de la teneur en eau des tissus.
N.B. : Constante diélectrique : c’est un facteur (ε) qui précise la perte
de l’énergie de l’onde dans la matière. Une constante diélectrique élevée
entraîne une forte perte d’énergie de l’onde dans le tissu et une faible
pénétration, associées à l’élévation de température du tissu : c’est le cas des
tissus riches en eau, tels que les muscles, la peau… Inversement, une
constante diélectrique faible entraînera une petite perte d’énergie dans le
tissu (donc peu d’échauffement) et une forte pénétration de l’onde
hyperfréquence : c’est le cas de tissus tels que les os, la graisse…
La fraction de rayonnement qui pénètre dans un tissu dépend du
coefficient de réflexion à l’interface. Selon les cas, 20 à 100 % de l’énergie
incidente de l’onde hyperfréquence pourra être absorbée par le tissu. La
propagation de l’onde hyperfréquence dans le tissu est plus ou moins
importante (existence d’un coefficient d’atténuation) et décroît, en
particulier, rapidement lorsque la fréquence de l’onde augmente et que la
teneur en eau du tissu augmente (Figure 4).
Le phénomène se complique dans la mesure où l’onde hyperfréquence
rencontre, en traversant les tissus vivants, plusieurs interfaces successives :
air/peau - peau/muscle - muscle/os - os/cerveau… Cela donne naissance à
a, b, c = Hyperfréquences respectivement à 900, 1.800 et 2.450 MHz.
Noter :
- Pour la même catégorie de tissus (A ou B), la diminution de la pénétration de l’onde avec l’augmentation
de fréquence (a > b > c).
- Pour une même fréquence (a, b ou c), la pénétration plus grande dans les tissus pauvres en eau (B) par
rapport à ceux riches en eau (A).
(Figure adaptée de P.C. Myers et coll. Microwave thermography,
principles, methods and clinical applications. J. Microwave Power. 1979. 14 : 105-115).
8
28
IRPA Guidelines. Guidelines on limits of exposure to radiofrequency electromagnetic fields in the
frequency range from 100 KHz to 300 GHz. Health Physics. 1988. 54 : 115-123.
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TÉLÉPHONES MOBILES CELLULAIRES
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S TATIONS R ELAIS. LES R ISQUES
POUR LA
SANTÉ .
des phénomènes de réflexions multiples à l’intérieur même du tissu et, si
l’épaisseur d’un des tissus traversé est voisine de la longueur d’onde, il peut
y avoir, à ce niveau, création d’ondes stationnaires concentrant l’énergie
électromagnétique sous la forme de «points chauds» (Figure 5). Dans le cas
de la tête humaine, l’absorption de l’onde électromagnétique est maximale
lorsque les dimensions de la tête sont voisines de la longueur d’onde de
l’onde électromagnétique incidente. Les risques de points chauds au niveau
de la tête peuvent exister pour des fréquences allant de 300 MHz à
2.000 MHz (IRPA Guidelines 8). On peut remarquer ici que c’est dans cet
intervalle que se situent les fréquences utilisées par les téléphones
mobiles cellulaires (CF. Chap. I. 2.).
N OTIONS F ONDAMENTALES
1.6.2. Domaine domestique
Le four à micro-onde domestique est constitué pour l’essentiel :
- D’un système électronique, le générateur à hyperfréquences ou
magnétron qui transforme la fréquence 50 Hz du secteur en
hyperfréquence de 2.450 MHz.
- D’une enceinte métallique réfléchissant le rayonnement
hyperfréquence (cavité multimode) et lui permettant ainsi de mieux
pénétrer dans l’aliment à réchauffer ou à cuire.
1.5.2. Effets non thermiques ou spécifiques
Des effets biologiques sont rapportés pour de faibles, voire très faibles,
densités de puissances des hyperfréquences (inférieures à 1 mW/cm2). Pour
certains scientifiques, ces effets résulteraient de faibles élévations de
température dans les tissus irradiés, non décelables par les techniques
actuelles.
Dans le cas des téléphones mobiles cellulaires et de leurs stations
relais, ce sont ces effets non thermiques ou spécifiques qui sont à considérer.
1
2
2
2
AIR
PEAU
MUSCLE
1.6. Quelques exemples d’utilisation des hyperfréquences
Les hyperfréquences ( ou micro-ondes) sont utilisées dans de
nombreux domaines.
1.6.1. Domaine industriel
Dans ce cas, le but souvent recherché est la production de haute
température à l’intérieur de matériaux les plus divers : séchage de carreaux
de plâtre, de pâte à papier, collage et séchage du carton, séchage des encres
d’imprimerie, vulcanisation du caoutchouc, séchage des fibres textiles…
OS
3
e=λ
Figure 5 : Schématisation de la pénétration d’une onde électromagnétique
dans un organisme vivant - Ondes stationnaires et «points chauds».
1 : Onde incidente - 2 : Onde réfléchie - 3 : Onde stationnaire
e : Epaisseur du tissu - λ : Longueur d’onde
(D’après J.P. Pellissier et R. Santini. Bases physiques et physiologiques
de l’utilisation des courants électriques et des ondes en thérapeutique.
Journée Nationale de Physiothérapie. Lyon. 1984.).
D’autres utilisations existent, telles que la détection électromagnétique
(principe des radars), le transport de signaux par hyperfréquences
(télécommunication, télévision…).
30
31
TÉLÉPHONES MOBILES CELLULAIRES
ET
S TATIONS RELAIS. LES R ISQUES
POUR LA
S ANTÉ.
L’énergie transportée par les micro-ondes est abandonnée à l’intérieur
même de l’aliment, ce qui réalise un chauffage à cœur de l’intérieur vers
l’extérieur, contrairement au chauffage traditionnel. L’augmentation de la
température de l’aliment est d’autant plus rapide que sa teneur en eau est
élevée.
1.6.3. Domaine biomédical
Les hyperfréquences sont utilisées en particulier pour :
- La lutte contre les parasites : désinsectisation des céréales infestées
par les charançons, les acariens, stérilisation des bacs à sable afin de
détruire les œufs de vers parasites (taenia, ascaris…);
- Leur action favorable sur la germination des graines, la lutte contre
certains cancers, par hyperthermie micro-ondes, tel le mélanome
chez la souris (R. Santini 9) ou en association avec d’autres
traitements comme la chimiothérapie ou les rayons X
(G. Arcangeli 10).
- Le traitement des méningiomes cérébraux (X. Zhou 11).
- L’accélération de la régénération des nerfs (L Kolosova 12).
- Les opérations de polypes de la vessie (H. Qjan 13).
32
9
R. Santini, Ch. Voulot, P. Deschaux. Incidences de l’hyperthermie micro-ondes sur le mélanome
B16 de la souris black. Innov. Tech. Biol. Med. 1982. 3 : 542-547.
10
G. Arcangeli et coll. Effectiveness of microwave hyperthermia combined with ionizing radiation.
Int. J. Radiation Oncology. Biol. Phys. 1980. 6 : 143-148.
11
X. Zhou et coll. Resection of meningiomas with implantable microwave coagulation.
Bioelectromagnetics. 1996. 17 : 85-88.
12
L.I. Kolosova et coll. Effects of low intensity millimeter wave electromagnetic radiation on
regeneration of the sciatic nerve in rats. Bioelectromagnetics. 1996. 17 : 44-47.
13
H. Qjan. The new method using microwave to treat gallbladder polyp. Second World Congress for
Electricity and Magnetism in Biology and Medicine. Juin 1997. Bologne, Italie. Abstract book.
Pages 164-165.