HAITI: évaluation de l`impact des desastres de 2007
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HAITI: évaluation de l`impact des desastres de 2007
Distr. LIMITÉE ORIGINAL: FRANÇAIS HAÏTI : ÉVALUATION DE L’IMPACT DES DÉSASTRES NATURELS DE L’ANNÉE 2007 Ministère de l’intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT) Direction de la Protection Civile (DPC) Système National de Gestion des Risques et Désastres (SNGRD) Secrétariat Permanent de Gestion des Risques et des Désastres Commission Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC) Programme de Nations Unies pour le Développement (PNUD) Ce document n’a pas été soumis à une révision éditoriale 2 PRÉSENTATION Ce document d’évaluation de l’impact des désastres naturels qui ont touché Haïti durant l’année 2007 répond à une requête du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales d’Haïti (MICT), tout particulièrement de la Direction de la Protection Civile (DPC) relevant de ce ministère, requête formulée à la Commission Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC) des Nations Unies. Si bien la coordination de l’évaluation a été chargée à la CEPALC, il se réalise de concert avec le Système des Nations Unies en Haïti; du coté des institutions nationales, c’est le Système National de Gestion des Risques et Désastres (SNGRD), ainsi que le Secrétariat Permanent de Gestion des Risques et des Désastres qui ont joué ce rôle. Ces deux organismes ont eu à leur charge la récollection, l’organisation et la systématisation de l’information qui a été facilité aux participants de la mission d’évaluation -avant, durant et après celle-ci - afin de conduire cette tâche dans les meilleures conditions. La mission d’évaluation 1 a bénéficié de la collaboration dévouée de la Direction de la Protection Civile (DPC) du MICT (Mme Alta Jean Baptiste), ainsi que des directions départementales de la DPC, des différents ministères, institutions gouvernementales, autorités politiques et administratives de même que plusieurs entités du secteur privé et organisations non gouvernementales (ONG) tant au niveau central que dans les 5 départements qui ont fait l’objet des missions de terrain -en l’occurrence les départements de l’Ouest, du Sud-Est, Nippes, Sud et Grande Anse-. Afin de renforcer les capacités nationales et locales la mission a commencé par une formation de plus de cinquante fonctionnaires, techniciens et experts haïtiens sur la méthodologie d’évaluation de désastres de la CEPAL qui a tenu lieu à Jacmel. Le support financier, opérationnel et logistique du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en Haïti, la collaboration logistique apportée tant par la MINUSTAH, ainsi que les facilités accordées par les autorités locales et nationales durant les visites de terrain réalisées dans les 5 départements les plus touchés - ont permis la réalisation effective de ce travail. Au sein du Système des Nations Unies, aussi bien le coordonnateur résident que l’équipe pays intégré par les diverses agences, fonds et programme ont grandement facilité la tache de la mission A eux tous, sans oublier l’équipe du secrétariat, de la logistique ainsi que les participants de l’atelier et collègues de terrain, nos remerciements sincères. L’équipe technique de la CEPALC chargée de l’évaluation était intégrée comme suit : Ricardo Zapata Martí Randolph Gilbert Carlos Maldonado Gabriela Salgado José Leal Romain Zivy Bineswaree Bolaky 1 Coordonnateur général (CEPALC, Mexique) Coordination technique, Macroéconomie et évaluation des secteurs économiques (CEPALC, Mexique) Secteurs sociaux et perspective de genre (CEPALC, Chili) Infrastructure et Environnement (CEPALC, Chili) Commerce et macroéconomie (CEPALC, Trinité et Tobago) La mission a eu lieu du 10 au 23 février 2008. Dans son cadre, un atelier de formation s’est tenu à la ville de Jacmel les 12-14 février -dirigé par l’équipe technique de la mission et destiné aux 5 directions départementales des zones les plus touchées- suivi des visites de terrain et de l’évaluation préliminaire des données et entrevues complémentaires à Port au Prince. 3 Nous espérons que les résultats préliminaires présentés au Ministère de l’Intérieur a la fin de la mission ont apporté gouvernement d’Haïti d’une part les éléments permettant d’établir un programme de réhabilitation et reconstruction, et d’autre part à même de définir les priorités nationales de réduction du risque et de gestion environnementale conduisant vers un développement soutenable. Le pays a besoin, suite aux désastres qui l’ont affecté en 2007, de ressources supplémentaires tant en matière de coopération que financières, afin d’incorporer les critères d’adaptation et de mitigation, et une meilleure gestion des risques dans les différents secteurs et projets. Tant comme conclusion de cette évaluation comme d’autres études et l’évaluation que CEPALC a aussi coordonné en 2004 sur les inondations de Gonaives, il est évident que le gouvernement devrait, outre le renforcement de la stratégie nationale de réduction des effets causés par les désastres, mener une stratégie portant une attention toute particulière aux bassins versants vulnérables et de récupération environnementale. Cette approche avait été déjà signalée lors des effets adverses causés par le cyclone Jeanne en septembre 2004 2, et demande à être reprise comme partie intégrale d’une politique de développement non seulement à cause du degré considérable de vulnérabilité d’Haïti face à ces phénomènes climatiques. Ces derniers sont récurrents, étant donnés l’effet accumulatif des dommages et pertes, ainsi que les processus de changement climatique global et la gestion actuelle de l’environnement, qui de manière combinée accroissent la vulnérabilité physique, économique et sociale aussi bien des zones directement affectées, mais aussi du pays et de toute l’île dans son ensemble. 2 Voir CEPALC, Haïti: évaluation des dommages causés par le cyclone Jeanne. (LC/MEX/L.648 ; LC/CAR/L.27), 2005. 4 I. RESUMÉ ET CONCLUSIONS Cette étude présente dans la mesure du possible une évaluation détaillée des dommages occasionnés par les tempêtes tropicales Dean et Noël qui ont affecté la République d’Haïti durant l’année 2007 ; les cinq départements les plus touchés par ces événements –en l’occurrence les départements de l’Ouest, du Sud-Est, Nippes, Sud et Grande Anse- font l’objet de cette analyse Les effets produits spécifiquement par le phénomène décrit comme pluies d’octobre n’ont pas toujours pu être isolé dans cette analyse, bien que pris en compte dans l’évaluation dans son ensemble. A partir de l’application de la méthodologie développée par la CEPALC 3, l’amplitude globale des dommages et pertes a été quantifiée ainsi que les effets macroéconomiques rattachés à ces derniers. La mission a effectué des estimations propres des dégâts occasionnés par ces phénomènes climatiques de l’année 2007, qui viennent s’ajouter aux facteurs préexistants de vulnérabilité, en particulier des années récentes 4, ayant pour conséquence un recul prononcé dans les zones directement affectées et une réduction additionnelle du potentiel de croissance et de développement du pays, déjà faible durant les dernières années. Les désastres naturels causés par Dean et Noël viennent donc s’ajouter à une situation déjà difficile dans un pays qui a souffert durant les dernières années les conséquences d’une instabilité politique et sociale récurrente. Ces événements réitèrent les signalements déjà prononcés lors de l’évaluation menée par la CEPALC sur les effets causés par le cyclone Jeanne en 2004, dans le sens de la nécessité d’une stratégie nationale de réduction des risques à long terme. Les impacts négatifs probables que le changement climatique peut occasionner en Haïti –bien que non encore suffisamment étudiés au niveau national mais validé dans le contexte international- rendent urgente la nécessité d’incorporer la gestion du risque et l’adaptation aux événements climatiques extrêmes comme partie intégrale de la stratégie national de développement. En résumé, suite à l’évaluation des impacts des désastres naturels de l’année 2007 en Haïti, les dégâts (ensemble des dommages et pertes) s’élèvent au total à près de (4 323 millions de gourdes), c’est à dire environ (116 millions de dollars). Ce montant représente (1,9%) du PIB et (7%) des investissements de l’année précédente 5. En terme sociodémographique, le bilan fait état d’environ 135 morts et 194 disparus ; près de 4% de l’ensemble de la population des zones comprenant les 5 départements les plus touchés a été affectée, c'est-à-dire environ 194 000 personnes de façon directe –perte de leur logement, des moyens de vie, etc.). Dans ces départements où pesaient déjà lourd –comme dans le reste du paysdes indicateurs de pauvreté et privation considérables 6, les désastres ont causé de façon particulière des dommages importants aux ménages les plus défavorisés tant du monde rural, qu’urbain et périurbain qui ont perdu avec leur logement leur maigre patrimoine et leurs moyens de survie. Bien que s’agissant de phénomènes climatiques adverses, –aussi bien Dean que Noël ont touché le territoire d’Haïti comme tempêtes tropicales- les conséquences qui ont fait suite aux précipitations 3 Voir Manual para la evaluación socioeconómica y ambiental de los desastres, LC/MEX/G.5, Julio de 2003, disponible sur le site www.eclac.cl/mexico, sous la rubrique desastres naturales. 4 Durant les 3 dernières années (depuis 2004) les inondations de Mapou et Fonds Verretes (mai 2004), la tempête tropicale Jeanne en septembre 2004 (voir Haïti: évaluation des dommages causés par le cyclone Jeanne., LC/MEX/648/Rev.1). 5 Les données sont présentées en gourdes, sauf indication contraire. Le taux de change utilisé pour l’année 2007 est de 37,4 gourdes pour 1 dollar des Etats-Unis. 6 Voir Carte de pauvreté, 2005. MPCE 5 extraordinaires des mois d’août et octobre ont été plus graves que ce qui était espérée. Les départements touchés ont eu des dommages et pertes considérables, bien que moindre 7 que celles occasionnées par le passage du cyclone Jeanne qui avait frappé le pays en 2004. L’agriculture a été cette fois ci le secteur de loin le plus affecté avec une contribution de la 2/3 des pertes totales. Quant aux logements (19% des pertes totales), les coûts de reconstruction dépendront en grande mesure des décisions qui seront prises quant à la relocalisation ou non des populations affectées lors de ces événements, mais aussi de celles fortement exposées vivant en des emplacements inappropriés. La mission de la CEPALC considère que –face a la récurrence et sévérité des dégâts même a cause des événements qui n’ont pas un caractère extrême-- le pays pourrait profiter de cette conjoncture adverse pour encourager et renforcer une gestion de risques associée au développement durable et a la récupération environnementale tellement dégradé. Le pays a déjà avancé a des changements institutionnels à même d’entériner les capacités de réponse et de prévention face à ces phénomènes récurrents et dont les impacts sont chaque fois plus graves, mais n’a pas suffisamment lié la stratégie de développement durable et de réduction de la pauvreté a la réduction des risques. Cette démarche serait orientée vers une meilleure gestion des risques étant donnée l’exposition croissante aux menaces associées au changement climatique et la persistance des indicateurs de vulnérabilité associés à la pauvreté en premier lieu, ainsi qu’à la réalisation d’investissements coûteux mais non convenablement protégés ni assurés, et les effets accumulatifs d’événements antérieurs et de la dégradation environnementale par faute d’une valorisation adéquate des services environnementaux. Une telle démarche, avec le concours de la communauté internationale, aura à envisager sans doute –entre autres- des actions dans les domaines de l’aménagement du territoire, la récupération des bassins versants, et la réalisation de projets sociaux de gestion environnementale afin de garantir à court terme la récupération des moyens de vie des populations et groupes sociaux les plus affectés, et à moyen et long terme un développement national soutenable et durable. 7 Celles-ci avaient été estimées à 265 millions de dollars, environ 7% du PIB (voir document CEPALC, 648/Rev.1) 6 II. DESCRIPTION DES EVENEMENTS Les tempêtes tropicales Dean (août) et Noël (octobre) ainsi que les pluies d’octobre 2007 sont un ensemble d’événements qui ont touché Haïti durant l’année 2007. Nous reprenons ci-dessous les documents de synthèse de la description de ces événements produits par les autorités nationales du Centre National de Météorologie ainsi que la DPC. La section cartographique et d’images provient de ces mêmes sources, ainsi que des partenaires locaux. II- Description des événements La tempête tropicale Dean s’est transformée en Ouragan de catégorie 1 ce jeudi 16 août 2007. D’après sa trajectoire les zones les plus affectées ont été la péninsule Sud d’Haïti à partir de samedi 18 matin par de fortes précipitations, de forts vents et de mer très agitée. Pour cela, le Gouvernement de la république d’Haïti a passé au plan d’urgence cyclone et lance la phase d’Alerte 1 du PNGRD face aux menaces des conditions de tempête pour l’instant i.e. de fortes précipitations avec risques d’inondations d’intensité Orange ou Modérée, de forts vents accompagnés de rafales, de grosse mer pour les départements du Sud-est, du Sud, des Nippes et de la Grand-Anse, de l’Ouest et d’intensité Jaune ou Faible pour les départements du Centre, de l’Artibonite. Les opérations de cabotages ont étés interdites sur toutes les côtes sud du pays à partir du vendredi soir jusqu’à dimanche soir Dean s’a déplace rapidement vers l’ouest à 37 km/h avec un vent soutenu de 150 km/h et des rafales supérieures. Les vents d’ouragan soufflent sur un rayon de 45 km à partir du centre et les vents de tempête sur un rayon de 105 km/h toujours à partir du centre et la pression au centre est de 979 hectopascals. Le vendredi 26 octobre 2007, le Centre National de Météorologie informait la Direction de la Protection Civile de la formation d’une large zone de basse pression centrée sur Porto Rico avec un déplacement Ouest Sud-Ouest, ce qui mettait Haïti sur la trajectoire probable de ce système. Selon les prévisions, des averses importantes étaient attendues sur l’île d’Haïti les samedi 27 et dimanche 28 Octobre. Le Secrétariat Permanent de Gestion des Risques et des Désastres a donc 7 lancé par conséquent, le vendredi 26 Octobre le niveau d’alerte Orange, c'est-à-dire risque d’impact violent à très violent. Alors que les autorités commençaient à adopter les dispositions en rapport avec la zone de basse pression, le Centre National de Météorologie annonce le dimanche 28 Octobre 2007 la formation de la seizième dépression tropicale de la saison, quasiment non loin des côtes sud d’Haïti. En effet, à 8h am, le Centre de la dépression était localisé à 16.3 degré de latitude Nord et 72.3 de longitude ouest soit à environ 255 Km au sud de Port-au-Prince. Cette dépression allait rapidement se transformer en tempête tropicale baptisée « Noël ». A 8h pm dimanche, le centre de la tempête était localisée à 16.7 degré de latitude nord et 71.8 degré de longitude ouest soit environ 235 Km au sud de Port-au-Prince. Cependant, si le déplacement était dans un premier temps dans une direction Ouest, Nord-ouest, les tendances montraient par la suite une évolution Nord – Nord-ouest, ce qui donnait une probabilité de plus en plus forte d’une trajectoire du centre de la tempête, traversant Haïti. Le Secrétariat Permanent de Gestion des Risques et des Désastres allait par conséquent élever le niveau d’alerte d’orange à Rouge, c'est-à-dire risque d’impact d’intensité de très violent à extrême. Le lundi 29 Octobre, la tempête tropicale Noël s’approchait lentement des côtes sud d’Haïti. Dès 2 h am, le Centre de la tempête était localisé à 17.3 degré de latitude Nord et 72.3 degré de longitude Ouest. A 5 h am, le Centre National de Météorologie annonçait que la tempête Noël s’avançait davantage sur Haïti, son centre se trouvait à 18 degré Nord et 72.3 Ouest soit environ 65 Km au sud de Port-au-Prince. La trajectoire Nord, Nord-ouest a été maintenue durant les 24 heures suivantes, le centre de la tempête traversant ainsi Haïti du département du Sud est à la pointe de la presqu’île du nord ouest. Alors que la tempête Noël 8 s’éloignait graduellement d’Haïti, son centre a été localisé, le Mardi 12 octobre à 2h pm, à 21.0 degré de latitude nord et 77.7 degré de longitude ouest soit à 50 km sud sud-est de Camagüey, Cuba; la masse convective accompagnant Noël allait entraîner de fortes pluies sur l’ensemble des 10 départements du pays pendant plus de trois à quatre jours plus tard, soit jusqu’au samedi 3 et dimanche 4 novembre 2007. En effet de fortes précipitations d’environ 500 mm de hauteur sur les hauts reliefs et jusqu’à 250mm en plaine étaient prévues sur tout le territoire en dépit du recul progressif de la tempête tropicale Noël. La queue du système draine des nuages sur Haïti et des pluies de forte capacité allaient effectivement affecter les dix départements du pays. L’alerte maximale a donc été maintenue sur tout le territoire et des titulaires des Ministères ont été dépêchés sur place pour coordonner les actions de réponse avec les Comités Locaux. La tempête Noël s’est manifestée sur Haïti par une mer très agitée, de fortes pluies et des vents forts. Les secteurs de l’habitat, des infrastructures routières, de l’agriculture sont les plus touchés par le passage de cette tempête. Les départements les plus affectés sont l’Ouest, le Sud, le Sud-Est, les Nippes et la Grand-Anse, ajoutant ses effets aux zones déjà touchés par Dean. Malheureusement la mission n’a pas pu obtenir information pluviométrique précise des événements, que serait extrêmement utile pour proposer de mesures de renforcement structurel et pouvoir analyser s’il y a une tendance a la sévérité accrue de ces phénomènes par rapport aux événements passés. Une analyse plus détaillée des 2 événements n’a pas été faite manque des informations aient été sollicitées auprès du MARNDR et du Centre National de Météorologie, ces statistiques n’ont pas été fournis jusqu'à présent. Bilan des dégâts 8 Les effets humains et sociaux de la tempête tropicale Noël sont assez considérables : 66 morts, 17 disparus, 120 blessés, 14,776 familles sinistrées, 2 801 maisons détruites, 12 020 maisons endommagées. Graphe Image infrarouge de Dean y Noël a leur arrivée en Haïti Source: National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA) des Etats-Unis 8 Le bilan partiel non repris ici, se trouve dans les tableaux sectoriels aux chapitres correspondants. 9 Les zones les plus touchées se montrent dans les graphes suivants, par événement : Zones les plus affectées par la Tempête Tropicale Noël Nord-Ouest Port-de-Paix Nord-Ouest Cap-Haitien Port-Liberté Nord Nord-Est Gonaives Legend Artibonite Zones les plus affectées Hinche Départements les plus affectés Centre Ouest Jeremie Port-au-Prince Ouest Sud-Est Grande-Anse Sud Les Cayes Jacmel FEWS NET Haiti Source: DPC et OCHA Carte-Degats de Noël Effets du cyclone Dean Source : OCHA 10 III. POPULATION ET ZONES AFFECTÉES 1. Population affectée Au niveau de la population, les évènements météorologiques de la saison 2007, produirent des effets catastrophiques qui, par rapport au nombre total d’habitants des départements, a eu des impacts bien différents, pour une moyenne de près de 4% de l’ensemble de la population de la zone comprenant les départements touchés –l’Ouest et les quatre départements qui se trouvent dans le sud du pays, Grande Anse, Nippes, Sud et, Sud-est comme le montre le Tableau. Cumulatif de population affectée par les désastres de 2007 POPULATION DÉPARTEMENTS Ensemble Hommes Femmes Morts ou disparus Blessés Population affectée Proportion population affectée (%) Proportion foyers avec femme cheffe (%) (Milliers d'habitants) OUEST Taille moyenne des foyers (Personnes) 3,303,880 1,554,589 1,749,291 80 112 35,526 1.1 42.0 4.6 SUD 663,184 333,623 329,562 27 23 53,547 8.1 40.4 4.8 SUD-EST 517,057 250,900 266,157 9 39 40,815 7.9 36.8 4.5 GRANDE ANSE 387,655 196,974 190,681 14 19 13,225 3.4 31.5 4.6 NIPPES 281,159 143,445 137,715 5 1 50,269 17.9 30.0 4.6 5,152,935 2,479,530 2,673,405 135 194 193,382 3.8 39.8 4.6 TOTAL a/ Source: CEPALC, sur la base des données du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH -2003), Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI). Les renseignements sur les habitants morts, blessés ou disparus correspondent aux informations de la Direction de la Protection Civile du Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales (DPC-MICT). Les estimations sur le taux de croissance de la population 2005-2007 sont basées sur les projections du Centre Latino-américain de Démographie (CELADE). A/ Total des cinq Départements: Ouest, Sud, Sud-Est, Grande Anse et Nippes. Si bien les désastres qui se sont abattus sur cette partie du pays en 2007, n’ont pas eu par eux mêmes la force dévastatrice d’autres phénomènes antérieurs -comme le cyclone Jeanne en 2004-, c’est surtout l’arrivée successive des tempêtes, sans qu’il n’y ait eu une récupération entre temps, qui a causé les plus grands dégâts. Le cyclone Dean en août, les tempêtes diluviennes d’octobre, l’ouragan Noël en novembre et le coup de queue d’Olga au début de décembre ont fini par causer une situation continuelle de dommages et de pertes sur l’économie des habitants des zones affectées, qui ne semble pas encore trouver un redressement satisfaisant. Avec un bilan de 135 morts, 194 blessés et d’un peu moins de 200 mille personnes endommagées directement, l’effet sur les conditions et les moyens de vie quotidiens des habitants des cinq départements sont toujours visibles par le manque de ressources, les moindres revenus et la pénurie de biens et de services. Notamment, les conditions sanitaires empirées et les difficultés alimentaires pèsent sur la plupart de cette population qui représente 61.5% des habitants du pays. 11 La période pendant laquelle se sont abattus les désastres, entre août et décembre, comprend la deuxième saison de plantation et récolte des principales cultures, de même que les ventes les plus importantes de charbon de bois et de bétail. Les principales activités commerciales de la zone, se réalisent surtout au mois de septembre et octobre, et à la fin de l’année. C’est ainsi que, faute d’informations plus précises, on estime que l’affectation principale s’est manifestée au niveau des pertes sur les revenus des ménages les plus pauvres et ceux avec des revenus moyens 9, qui ont subi la perte de leur capital de fonctionnement et donc de leur moyens de vie principaux. Ce fait est notamment plus accentué dans les foyers ayant une femme à leur tête, qui constituent en moyenne 40% des ménages, souvent parmi les plus pauvres et sans accès aux transferts des hommes qui partent à l’étranger (notamment en République Dominicaine) pour participer à la coupe de la canne à sucre (« la zafra »), et donc dépendent entièrement du marché local et de leurs propres moyens de vie. Importance relative de la population affectée en Haïti par les tempêtes Dean et Noël et les pluies d’Octobre Nombre Population (5 départements) Pourcentage 5,152,935 57.7% 193,382 2.2% -Nombre de morts 135 0.0% -Nombre de disparus 194 0.0% 8,933,213 100.0% Population affectée Population totale du pays (estimation 2007) Source: CEPAL sur la base de chiffres officiels Ci joint dans les pages suivantes la représentation cartographique nationale de ces indicateurs. Il convient de signaler que ce même exercice pourrait se réaliser par département et communes, vu que le logiciel qui accompagne le document permet une telle ventilation. D’après la publication Profils de Modes de Vie en Haïti (USAID-FEWS NET, septembre 2005), dans la zone mentionnée la vente de produits agricoles, de bétail et de charbon de bois fourni 53% des revenus des familles plus pauvres et 68% des revenus des ménages moyens. 9 12 SYNTHESE SERVICES SOCIAUX DE BASE 13 EDUCATION 14 SANTÉ 15 EAU COURANTE 16 SERVICES D’ASSAINISSEMENT DE BASE 17 Secours d’urgence Synthèse des actions réalisées Le Système National de Gestion des Risques et des Désastres (SNGRD), dans ses composantes centrales et déconcentrées s’était rapidement mobilisé en vue d’entreprendre les activités de préparation et de réponse avec la collaboration de la communauté internationale. L’alerte rouge a été décrétée et toute une série de mesures ont été adoptées par le gouvernement en matière de préparation et de réponse ventilés ci-dessous. i) Activités de préparation : les activités de préparation dans cette occasion on pu mieux préparer les populations, les décideurs, les autorités et les membres de la communauté internationale afin de réduire les pertes en vies humaines et les dégâts matériels. Groupées en fonctions, les actions de préparation se résument comme suit dans 3 volets : Alerte et mobilisation, Sensibilisation et Information du public, et Sécurité. Alerte et mobilisation Ö Transmission de l’information et des alertes à la population et aux structures concernées (Au moins 11 bulletins spéciaux émis dans le cas de Dean) ; Ö Mobilisation du Centre d’Opération d’Urgence (COU) 24h/24 jusqu’au lundi 5 novembre ; Ö Mobilisation des Comités départementaux et communaux de Protection Civile ; Ö Activation des Centres d’Opération d’Urgence (COU) en différents moments face aux trois événements dans les plusieurs départements touchés, notamment l’Artibonite, l’Ouest, du SudEst, du Sud, des Nippes, de la Grand-Anse, du Nord et du Nord-Ouest ; Ö Mobilisation du Groupe d’Appui de la Communauté Internationale (GACI) focalisé sur les besoins de l’urgence et l’aide humanitaire ; Ö Suivi de la situation dans les départements et les communes dans la phase d’urgence ; Ö Mobilisation des ressources et pré positionnement de fonds d’urgence dans tous les départements : Un million de gourdes (1.000.000,00 GHT, presque 27 mil dollars des Etats Unies) par département ; Ö Activation des refuges et évacuation des populations menacées. Sensibilisation et Information du public Ö Diverses interventions dans les médias locaux et internationaux par les structures centrales et départementales ; Ö Actions de sensibilisation de proximité par les COU départementaux et communaux. Sécurité Ö Mobilisation de la Police Nationale d’Haïti (PNH) : Commissariats, Sous Commissariats et Unités Spécialisées. ; Ö Mobilisation de la MINUSTAH. ii) Activités de réponse Directions départementales, 18 Les activités de réponse ont pu réduire la souffrance des populations affectées –para comparaison à des années précédentes et de faciliter le retour des communautés aux conditions normales. Elles ont été menées à la fois par le gouvernement et la communauté humanitaire. Efforts du gouvernement Du côté gouvernemental, des efforts substantiels ont été faits pour répondre tant soit peu aux premières urgences. Rien que pour l’assistance humanitaire et pour les besoins urgents du secteur santé et transport, le gouvernement a déjà décaissé pour ce sinistre près de Cent Millions Gourdes (100.000.000,00 GHT ou 2.7 million de USD) à travers les fonds d’urgence pour l’acquisition d’articles de première nécessité. En outre, des requêtes supplémentaires de fonds d’un montant de Cent Quinze Millions Cent Cinquante Mille Gourdes (115.150.000,00 GHT, 3.1 million de USD) ont été adressées aux instances compétentes pour l’assistance aux parents des décédés et aux personnes ayant des maisons détruites ou endommagées. Un appel à la solidarité nationale a été lancé. Comme pour les activités de préparation, les actions de réponse ont été regroupées en trois catégories: Evacuation et mesures préventives, Évaluation et Infrastructures. D’autre part le Système National de Gestion des Risques et des Désastres a établi les besoins de premières urgences après le passage d’une catastrophe comme suit : L’assistance humanitaire qui est généralement prise en charge par les structures de Gestion des Risques et des Désastres et les Besoins Sectoriels Urgents identifiés par les différents Ministères et autres institutions composant le Secrétariat Permanent de Gestion des Risques et des Désastres. Cependant ces mesures et les ressources mobilisées ne représentent qu’une partie des besoins pour la récupération et la réhabilitation précoce des familles et locations sinistrés. Pour illustrer cela voir la récapitulation des besoins de premières urgences et sectoriels après Noël (voir tableau cidessous), ainsi que l’information consolidée, des actions de réponses entreprises par le gouvernement et les organisations humanitaires –tant nationales qu’internationales-. Il convient de signaler que dans le domaine humanitaire (secours d’urgence), aussi bien les documents d’évaluation produits tant par les autorités nationales (DPC) et d’autres institutions, que durant les entrevues menées sur le terrain, un signalement constant des personnes affectées fait état de difficultés non négligeables dans la gestion des abris. A ce sujet, et fort de l’expérience et des leçons apprises, les entités responsables devront incorporer dans le système d’alerte et de réponses aux désastres un ensemble de mesures visant à renforcer en particulier la gestion des abris. Celle-ci demande la collecte d’information, une action concertée -la moins improvisée que possible-, ainsi que les ressources nécessaires (matérielles, humaines et financières) afin de canaliser la distribution de l’aide aux personnes sinistrées dans (et hors) de ces refuges. Les besoins sectoriels prioritaires identifiés après Noël sont répartis comme suit : Tableau récapitulatif des besoins sectoriels urgents (Millions de Gourdes) Secteurs Montant approximatif Santé, Eau et Assainissement 32.0 Services à la population 65.4 Infrastructures Sécurité Agriculture 125.0 1.5 25.0 19 Tableau récapitulatif des besoins sectoriels urgents (Millions de Gourdes) Secteurs Montant approximatif TOTAL 248.9 Tableau récapitulatif des Besoins de Premières Urgences Rubrique Montant Alimentation 100.0 Assistance Premières Urgences 115.1 Besoins sectoriels urgents 248.9 TOTAL 464.0 Source : repris du tableau en p.20 du Bilan et perspectives Noël, p.20. Système National de Gestion des Risques et des Désastres, Novembre 2007 Tableau Assistance /Premières Urgences aux victimes de la tempête Noël (milliers de gourdes) Assistance DEPARTEMENT Funérailles Maisons détruites Maisons Soins aux blessés endommagées Familles sinistrées a/ Artibonite 125 120 1,200 18 Centre 20 25 Grand-Anse 175 1,860 3,640 14 Nippes 50 3,470 5,215 2 Nord 50 640 2,880 20 Nord-Est 100 Nord-Ouest 350 770 2 Ouest (1) 725 9,220 14,570 148 Ouest (2) Cité Soleil 75 25,000 Sud 325 7,630 27,835 24 Sud-Est 200 4,600 3,965 12 TOTAL 1,725 28,010 60,100 25,240 Source : repris du tableau en p.18 du rapport Bilan et perspectives Noël, SNGRD. a/ Dans ce tableau, la rubrique familles sinistrées s’applique seulement à Ouest (2) Cité Soleil. Total 1,463 45 5,689 8,737 3,590 100 1,122 24,663 25,075 35,814 8,777 115,075 En comparaison avec l’expérience antérieure évaluation faite par CEPALC (cf. évaluation Jeanne en 2004) une plus grande disponibilité d’information a pu être ramassé (pas toujours traité il est vrai, mais de grande utilité). Un effort tant au niveau central que des Comités départementaux de systématisation de l’information concernant tant les domaines humanitaires (bilan) que sectoriels. Cependant, bien que différentes Grilles d’évaluations rapides et sectorielles des dégâts semblent avoir été disponibles lors des événements, les tableaux de synthèse dérivés de ces dernières –sauf dans le cas du tableau de base de DPC-COUN (Centre d’Opérations d’Urgence National (COUN) comprenant les variables suivantes : Départements/ Communes, Morts, Disparus, Blessés, Familles sinistrées, Personnes hébergées, Maisons endommagées et détruites, Autres / Remarques/Résumé – font défaut. En particulier un effort devra être réalisé afin d’incorporer de façon plus systématique les données concernant les secteur économiques –aussi bien l’agriculture que d’autres- et capter ainsi de manière plus fidèle les impacts causés dans ces domaines. 20 Impact sur les femmes Considérations sur la condition des femmes et les modes de vie La proportion de ménages avec une femme comme cheffe de foyer est élevée en Haïti. D’après le dernier recensement de population, au niveau national, en 2003 40% des ménages avaient une femme à leur tête. Cette proportion varie considérablement selon le lieu de résidence (46% dans les zones urbaines et 34% dans les zones rurales) et les cinq départements étudiés (30% à la Grande Anse et Nippes, 37% dans le Sud-est, 40% dans le Sud et 42% dans l’Ouest). D’autres études comme l’ EMMUS 2005-2006 a estimé la proportion de ménages avec une femme à leur tête à 44% au niveau national. L’Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti de 2001 avait quant à elle estimé que 53% des ménages étaient dirigés par des femmes. En général, la proportion de foyers avec une femme tête de foyer est la plus forte parmi les pays de l’Amérique latine, 10 ce qui devient une caractéristique fondamentale à tenir compte après un désastre, notamment pour la restitution pleine des conditions de vie de la population endommagée. Le petit commerce : une activité féminine très répandue Un des éléments les plus difficiles à évaluer sont les pertes liées à l’affectation des moyens de vie des ménages les plus vulnérables. Bien qu’une partie essentielle de la reproduction économique et sociale se fasse grâce aux ressources qu’ils génèrent, les activités constituant les moyens de vie ne sont pas enregistrées comme appartenant au fonctionnement formel de l’économie, notamment lors de l’évaluation des pertes et dommages provoqués par un désastre. En particulier dans la société haïtienne, l’importance du rôle de la femme est à souligner. Cela découle des activités dont elle est en charge (souvent de manière exclusive), qu’il s’agisse du travail domestique et des soins délivrés aux autres membres du ménage, ou bien des activités productives qu’elles entreprennent pour générer des ressources. A partir de sources diverses, la Mission a tenté d’enregistrer les pertes de revenus produites dans ces activités souvent invisibles ou voilées au niveau des bilans partiels, souvent élaborés en situation d’urgence, afin de pouvoir offrir une Parmi 18 pays de l’Amérique latine, seuls El Salvador (35%), Nicaragua et la République Dominicaine (34%) et Paraguay (31%) ont plus de 30% de leurs foyers gérés par une femme, d’après les données de Estadísticas para la equidad de género, magnitudes y tendencias en América Latina, de Vivian Milosavljevic, Cuadernos de la CEPAL No.92, junio 2007. 10 21 approximation générale. Afin de pallier le manque d’information systématique sur la condition des femmes lors d’un désastre, et surtout la prise en compte de leur demeure comme l’atelier ou lieu principal de travail pour la génération des revenus familiaux (ce qui est très fréquent voire structurel parmi ces familles monoparentales haïtiennes), les estimations des pertes indirectes exposées par la suite sont nécessairement un calcul indirect et basé sur des références diverses. En ce qui concerne le secteur logement, les considérations de genre sont importantes, puisque une partie non négligeable des ménages sinistrés avait probablement une femme cheffe de foyer. Du fait de la charge de travail reproductif et diverses autres difficultés additionnelles rencontrées par les femmes (moindre participation à la population active, chômage plus élevé, participation accrue dans le petit commerce informel, discrimination salariale etc.), ce type de foyer, notamment ceux où une femme est le seul soutien économique du ménage, a souvent moins de capacités à générer des ressources monétaires, particulièrement pour faire face aux dommages et pertes encourus lors d’un désastre. Malgré l’absence de détail sur la composition des ménages sinistrés, les Comités Départementaux et Communaux consultés ont souvent fait état d’une importante présence de familles avec une femme seule à leur tête. Tout programme de reconstruction devrait tenir compte de ces spécificités et fixer un pourcentage minimum de ménages bénéficiaires avec tête de foyer féminine, si possible avec des facilités additionnelles de paiement si une contrepartie financière était demandée. En reprenant la proportion de ménages avec une femme cheffe de foyer dans chaque département, le Tableau ci-dessous présente, à titre indicatif, le nombre minimum de logements détruits ou endommagés correspondant à des ménages avec tête de foyer féminine qui devraient être pris en compte dans tout programme de reconstruction. Tableau Estimation des logements détruits et endommagés appartenant à des ménages ayant une femme à leur tête % femmes Logements Logements DÉPARTEMENT chefs détruits endommagés OUEST 42.0 807 SUD 40.4 722 SUD-EST 35.2 342 GRANDE ANSE 30.8 219 NIPPES 30.8 170 Total 2,261 Source : CEPALC sur la base du RGPH 2003 et des bilans de la DPC Pertes de petits commerçants et marchandes Hommes 18% Femmes 82% 2,399 3,732 1,042 586 915 8,675 D’autre part, il faut souligner que toute stratégie gouvernementale devrait tenter de reconstruire sur de meilleures conditions, dans des terrains plus adéquats, éloignés des risques d’éboulements et d’inondation ou avec des normatives de construction qui assurent une vraie résistance. Cela serait un atout pour une politique qui vise au renforcement des droits et des conditions de vie des femmes. En ce qui concerne les affectations des moyens de vie des femmes, peu d’information agrégée a été collectée de 22 manière systématique par les bilans partiels des différents événements. La Mission pour sa part a tenté de rencontrer divers acteurs (autorités nationales et locales, bureaux national et départementaux du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, associations de micro crédit, entre autres). Quelques données fragmentaires sont indicatives sur des affectations clés. Le petit commerce est une activité où les femmes sont prédominantes. Or, les intempéries de 2007 ont interrompu pendant plusieurs jours les activités commerciales, tout en provoquant des dépenses extraordinaires avec des effets sur le déroulement normal des activités commerciales. La CEPALC a estimé que les pertes dans le petit commerce s’élèvent à 10 163 329 gourdes (82,322.91 USD). D’après la structure occupationnelle du dernier recensement de population, ces pertes correspondraient à des femmes dans 82% des cas. LES PERTES LIÉES AU MICROCRÉDIT ET AUX MOYENS DE VIE DES FEMMES La Mission a pu observer des pertes dans les activités liées au micro crédit qui frappent particulièrement les moyens de vie des femmes. Par exemple, à Petite Rivière de Nippes, un groupe solidaire de 40 femmes participent à un fond afin de pouvoir se prêter 2,500 gourdes tous les six mois. Or, depuis le passage de la tempête Noël, 15 femmes (37,5%) n’ont pas pu rembourser les sommes dues, ce qui a complètement paralysé le cycle de remboursement pour la totalité du groupe. Cette situation se maintenait au moment de la Mission (février de 2008). D’autre part, la Mission a rencontré le Fond Haïtien d’Aide aux Femmes, à Miragoane. Cette association compte 101 clients, 90% desquels sont des femmes majoritairement occupées dans le petit commerce informel. Après le passage de la tempête Noël, 30% des clients, toutes des femmes, n’ont pas pu rembourser leurs crédits. Ces données indiquent que le petit commerce où les femmes trouvent majoritairement une source de revenus a été bouleversé para les intempéries et ce pendant plusieurs mois. Les causes semblent être plusieurs, à savoir, la perte de matériel de travail, de stocks ou du mobilier dans le foyer qui à son tour aurait provoqué aussi bien des dépenses extraordinaires paralysant l’activité et remboursements liés au petit commerce, qu’une interruption des activités commerciales pendant quelques jours. Aussi dans les foyers gérés par une femme seule, il est bien plus probable qu’il y ait des enfants adolescentes qui aident à procurer les revenus de la famille. Á la suite des désastres, la Mission a appris auprès de divers groupes d’habitants rencontrés sur le terrain, que pendant la suspension des cours provoquées par le désastre une partie de ces adolescents, sont partis vers Port au Prince ou vers les chefs lieu du département auquel ils appartenaient, pour ne plus revenir. Ces adolescents cherchent à travailler dans la rue comme « phone-man » ou dans d’autres activités qui leur octroient des moyens de survivre pour ne plus retourner chez eux. Les délégués communaux estiment que cette fuite scolaire affecte un 15% des adolescents, surtout hommes, âgés de plus de 10 ans. C’est aussi une autre perte de capital humain qui s’agrége au taux de 24 % des enfants en âge scolaire qui n’ont jamais assisté à une école. Dans la situation de pression des femmes cheffes de foyer, ces enfants qui partent ailleurs faire leur vie, représentent aussi, malgré leur affection, un soulagement des pressions quotidiennes qui pèsent sur ces femmes. La Mission a aussi bénéficié d’une rencontre, avec un groupe de femmes affectées, organisé para le Ministère de la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, dans le Sud-Est. Un questionnaire sur les pertes et dommages des moyens de vie à été répondu, ce qui a permit d’avoir une approche au profil de la femme affectée par ce type d’évènement et les conséquences de moyen terme sur ses conditions de vie. Ainsi on a constaté que la plupart des femmes apportent aux revenus de leur ménage, que seulement une sur cinq reçoit des transferts de l’étranger, que les pertes plus fortes en valeur furent reliées à la perte de cheptel bien plus qu ‘aux cultures, et aux outils de travail, que l’activité principale pour se procurer de l’argent est la vente de nourriture, boissons, pain et fritures et que pour s’en sortir de la situation d’endettement, la moitié a demandé plus de temps pour payer et l’autre moitié a octroyé un nouveau crédit pour payer le précédent et obtenir quelque liquidité entre temps. Néanmoins le type d’aide requise se tient au niveau de l’eau potable, du logement et des médicaments bien plus qu’au niveau de la nourriture, des semences ou du bétail. Seule un 20% des femmes envisage le besoin de formaliser les activités commerciales, ou améliorer le système d’approvisionnement d’eau potable ou de reconstruire dans un meilleure lieu pour réduire les risques auxquels elles sont exposées de manière permanente. A cause de l’arrêt des activités, on a formulé l'hypothèse qu'en moyenne les commerçants ont encouru un manque à gagner à cause des désastres de 5 jours chacun pour Dean et pour Noël suite à des problèmes d'accès à la capitale, routes impraticables, ports au ralenti, marchandises perdues etc.). Cette hypothèse est en accord avec les observations faites lors des visites de terrain. Par rapport au RGPH 2003, le petit commerce affecté est présumé se retrouver dans les lieux de travail suivants: A domicile/à la maison; dans la rue galerie, trottoir et les marchés. Il est présumé 23 que toutes les personnes dans ces lieux sont uniquement des indépendants. Tous les lieux de travail qui restent sont soit dans le gros commerce ou le petit commerce non affecté par les désastres. DISTRIBUTION DES TRAVAILLEURS-HOMMES INDÉPENDANTS SELON BRANCHE D’ACTIVITÉ, RGPH-2003 (En pourcentages) Département de l’OUEST a/ Départements de la zone SUD b/ 1.3 4.4 3.9 4.7 3.4 20.1 48.2 10 83.7 20.4 Agriculture 1.3 20.1 10 20.4 48.2 Commerce Fabrication Autres c/ Pêche Source: CEPALC, sur la base des données du Recensement Générale de la Population et de l’Habitat 2003 (RGPH2003), IHSI. a/ Ces travailleurs indépendants représentent 64.9% des hommes occupés dans le département de l’Ouest. b/ Ces travailleurs indépendants des 4 départements (Grande Anse, Nippes, Sud et Sud-Est) représentent 89.5% des homes occupés dans cette zone. c/ Activités extractives, de construction, services de base, transport, restaurants et hôtels. On met l'hypothèse que la proportion des petits commerçants affectés dans chaque département correspond à la proportion de la population sinistrée dans ce département (lors des 3 désastres combinés). Pour le petit commerce, un revenu net par jour de 200G par petit commerçant est présumé, étant donné que la moyenne d'emprunt par jour auprès des sociétés de micro crédit dans le petit commerce s'élèverait à 200G d’après les données de Fonkoze à Miragoane. Au delà des informations fragmentaires recueillies lors des visites de terrain, un exercice basé sur le RGPH 2003 permettra, à titre indicatif, de donner une idée sur les affectations des modes de vie des femmes faisant partie de la population sinistrée. Afin de rendre plus visibles les conditions auxquelles sont confrontées les femmes lors des évènements catastrophiques il faut analyser leur situation par rapport à leur participation à la vie économique et leur rôle dans la reproduction sociale. D’abord, il faut signaler que les femmes haïtiennes ont un niveau assez élevé de participation au travail puisqu’elles représentent 42% de l’ensemble de la population active occupée. Bien que parmi les femmes actives, persiste un taux de chômage élevé (38% dans la population féminine considérée) il ne faut pas dédaigner le taux des femmes qui déclarent ne s’occuper que du foyer (21%). Un autre chiffre qui permet de configurer plus précisément les conditions de stabilité ou risque au travail des femmes occupées par rapport aux hommes, est le lien d’indépendance au travail que les femmes maintiennent. Au niveau général, le travail indépendant pour les hommes représente presque 90% du total des occupés, tandis que pour les femmes c’est un peu plus de 91%, une relation semblable pour les deux. Mais si on examine les branches d’activité des hommes et des femmes qui travaillent de manière indépendante, on peut trouver des rapports bien différents selon le sexe, ce qui configure des circonstances de risque et de vulnérabilité particulières dans chaque cas. Parmi les hommes, surtout ceux qui travaillent dans les départements du sud, l’agriculture et l’élevage sont l’activité principale étant donné qu’on y retrouve presque 84% des engagés. Pour les travailleurs de l’Ouest les occupations sont plus diversifiées, bien que l’agriculture reste la principale activité avec 48% de l’occupation, comme on peut voir dans le tableau suivant. 24 Il se peut que cette structure du marché du travail pour les hommes en province détermine que lorsqu’ils sont confrontés à des situations défavorables (comme lors d’un désastre), l’émigration vers les pôles de travail -Port au Prince, République Dominicaine ou Miami- devienne une voie de solution. Mais pour les femmes la situation est bien différente, non seulement du fait des branches d’activité où elles se localisent, mais aussi par les habilités développées, les connaissances du milieu, des principales acheteurs et des ceux qui octroient des crédits mais surtout, par leur rôle essentiel au sein des foyers, facteurs que contribuent à leur permanence dans les zones mêmes sinistrées. DISTRIBUTION DES TRAVAILLEUSES-FEMMES INDÉPENDANTES SELON BRANCHE D’ACTIVITÉ, RGPH-2003 (En pourcentages) Département de l’OUEST a/ Départements de la zone SUD b/ 0.1 6.6 4.7 0.2 1.6 4.5 18.9 Agriculture 1.3 20.1 10 20.4 48.2 46.7 47.0 69.7 Commerce Fabrication Autres c/ Pêche Source: CEPALC, sur la base des données du Recensement Générale de la Population et de l’Habitat 2003 (RGPH2003), IHSI. a/ Ces travailleuses indépendantes représentent 73.7 % des femmes occupées dans le département de l’Ouest. b/ Ces travailleuses indépendantes des 4 départements (Grande Anse, Nippes, Sud et Sud-Est) représentent 91.3% des femmes occupées dans cette zone. c/ Activités extractives, de construction, services de base, transport, restaurants et hôtels. Le commerce est bien l’occupation principale des femmes, surtout dans le département de l’Ouest qui concentre l’activité commerciale du pays. L’activité commerciale est d’autre part étroitement liée à la gestion des jardins potagers, spécialement en province, aussi bien pour la récolte que pour l’élevage de ce qui sera vendu (ou préparé pour être vendu comme nourriture) dans les rues, les marchés etc. De cette façon l’activité laboureuse des femmes est plus diverse au long de la journée et de la saison, mais toujours dans des conditions précaires du fait que ce type de travail se réalise avant tout, dans le domicile, le marché ou le trottoir. Ainsi, si l’on additionne les activités de travail réalisées par les femmes dans ces trois lieus on obtient un total de presque 55 % des travaux faits par les femmes et presque 69% des emplois féminins indépendants. Ces activités se font dans des endroits bien vulnérables et qui deviennent les plus frappées lorsque se produisent des catastrophes météorologiques. Pour les hommes les activités réalisées dans ces mêmes endroits, ne représentent que 15,2% de toutes leurs occupations, comme on peut apercevoir dans le tableau suivant. Si on avait à estimer les pertes sur les revenus, du fait de l’endommagement des biens et des endroits ou sites sur lesquelles les femmes comptent pour réaliser ses activités rémunérées, on pourrait considérer le nombre de femmes dans les zones affectées qui réalisent leur travail à l’intempérie et qui pendant un certain nombre de jours n’ont pas pu ni élaborer de la nourriture à 25 vendre, ni réaliser aucune des activités qui normalement leur fournissent un revenu pour maintenir la famille (c'est-à-dire au moins 1.2 dollars par 5 membres de chaque foyer en moyenne, soit un équivalent de 6 dollars comme gain journalier). On peut alors estimer un montant de 7,700 mille dollars après Dean (pour 5 jours d’interruption), de 12,372 mille dollars après les pluies d’octobre (8 jours d’interruption) et presque 15 millions et demi de dollars comme les pertes immédiates après le passage de Noël (10 jours d’interruption), pour un total approximatif de 35,570 mille dollars en pertes dans les foyers où les femmes rapportent des revenus au foyer. DISTRIBUTION PAR SEXE DE LA POPULATION OCCUPÉE SELON LIEU PRINCIPAL DE TRAVAIL a/ 100% 90% 16.9 26.1 36.6 80% 70% 66.3 60% 58.4 57.1 88.8 50% 40% 83.1 73.9 63.4 30% 20% 33.7 10% 41.6 42.9 11.2 0% Ferme/ Jardin 38.5% Marché 12.0% Magasin/ Bureau 11.5% Hommes Domicile/ Maison 10.6% Rue/ Trottoir 9.3% Domicile Employeur 4.3% Autres lieux b/ 13.8% Femmes Source: CEPALC, sur la base des données du Recensement Générale de la Population et de l’Habitat 2003 (RGPH2003), IHSI. a/ Y compris la population occupée des 4 départements -Grande Anse, Sud, Sud-Est et Ouest- qui après la formation de Nippes en 2004, constitueront les 5 départements rapportés. Les pourcentages en dessous des lieux indiqués dans le tableau, correspondent à la proportion de la population totale occupée qui travaille dans chacun de ces lieux. b/ Usines, ateliers, chantiers, garages et véhicules de transport. 26 IV. EFFETS SUR LES DIFFÉRENTS SECTEURS Impact sur les secteurs sociaux Logement Les intempéries de 2007 –l’ouragan Dean, les pluies d’Octobre et la tempête tropicale Noël—ont détruit ou endommagé les logements occupés par des ménages parmi les plus vulnérables. Souvent localisés en bordure de mer, en proximité des rivières ou sur des terrains déboisés et susceptibles de subir des glissements, les logements ont aussi subi des dommages importants en termes du mobilier, équipements, vêtements et matériel de travail qu’ils contenaient. Cette vulnérabilité répond à plusieurs causes autres que purement météorologiques – pauvreté, la dégradation de l’environnement, l’utilisation irrationnelle de l’espace, le déboisement des bassins versants, le blocage des rivières par des déchets, des débris déposés de manière continue par la population, la construction sur les berges, la perte de capacité des rivières par manque de curage des bassins et des canaux—et devrait faire l’objet d’une stratégie Logements (toujours) inondés à l’étang de Miragoâne (Nippes) multisectorielle de réaménagement du territoire. En effet, jusqu’ici la vulnérabilité tend à se reconstruire d’un événement à l’autre du moment où les logements sont reconstruits dans les mêmes espaces et sans que des améliorations dans la reconstruction des bâtiments soient envisagés. Tableau LOGEMENTS DÉTRUITS OU ENDOMMAGÉS PAR ÉVÉNEMENT ET PAR DÉPARTEMENT DÉPARTEMENT Maisons détruites Pluies d'Octobre Noël DEAN Total Maisons endommagées Pluies d'Octobre Noël DEAN Total OUEST 165 574 1,184 1,923 503 712 4,501 5,716 SUD 947 76 763 1,786 2,456 1,206 5,567 9,229 SUD-EST 514 - 460 974 2,170 0 793 2,963 GRANDE ANSE 525 - 186 711 1,174 0 728 1,902 31 32 489 552 70 164 2,733 2,967 6,373 2,082 14,322 22,777 NIPPES TOTAL 2,182 682 3,082 5,946 Source : Direction de Protection Civile (Bilans par événement et par département). 27 MAISONS DÉTRUITES ET ENDOMMAGÉES PAR ÉVÉNEMENT Maisons endommagées par événement Dean, 28% Noël, 63% Pluies d'Octobre 9% Maisons détruites par événement Dean, 37% Noel, 52% Pluies d'Octobre 11% Les rapports et bilans relevés para la Direction de Protection Civile (DPC) font état du nombre de logements détruits ou endommagés lors de chaque événement climatique et ce pour chaque commune, mais ne précisent pas les caractéristiques et degrés d’endommagement, les matériels de construction, et la valeur des équipements et mobiliers des ménages. Toutefois, les visites de terrain et les échanges avec les comités communaux et départementaux de protection civile des cinq départements concernés ont permis de dresser un portrait plus affiné. La majorité des logements touchés appartiennent à des zones rurales ou bien reproduisent en milieu urbain des caractéristiques semblables du fait de leur précarité. Les logements détruits ou endommagés de type précaire (kay atè, taudis et ajoupas) sont surreprésentés par rapport à leur part dans le total des logements du pays. Leur accès à des services (eau, électricité, assainissement etc.) est aussi très limité. D’autre part, les logements détruits et endommagés, souvent touchés par des inondations, par l’humidité ou des vents violents, ont tous deux subi des dommages importants en ce qui concerne les équipements et mobilier. Finalement, les logements détruits et endommagés étaient dans l’immense majorité privés. 28 Logements détruits et endommagés à Petite Rivière de Nippes. Ces informations ont permis de dresser des estimations standard quant à leur coût et la valeur proportionnelle du mobilier et équipements. 11 Les estimations des dommages encourus par la destruction des logements sont résumées dans le tableau 2. Les dommages encourus du fait de l’endommagement des logements sont présentés dans le tableau 11. MAISONS DÉTRUITES (dollars) DÉPARTEMENT OUEST SUD SUD-EST GRANDE ANSE TOTAL OURAGAN DEAN, PLUIES D'OCTOBRE, TEMPÊTE NOËL Maisons détruites : Par Coût Maisons Coût Total type unitaire Key Atè- Taudis 577 500 288,450 Ajoupas 577 1,500 865,350 1,923 Maison basse 769 2,500 1,923,000 3,076,800 Key Atè- Taudis 536 500 267,900 Ajoupas 536 1,500 803,700 1,786 Maison basse 714 2,500 1,786,000 2,857,600 Key Atè- Taudis 292 500 146,100 Ajoupas 292 1,500 438,300 974 Maison basse 390 2,500 974,000 1,558,400 Key Atè- Taudis 213 500 106,650 Ajoupas 213 1,500 319,950 711 Maison basse 284 2,500 711,000 1,137,600 Key Atè- Taudis 166 500 82,800 Ajoupas 166 1,500 248,400 552 Maison basse 221 2,500 552,000 883,200 NIPPES TOTAL 5 5,946 DÉPARTEMENTS Total Maisons détruites + Mobilier : 9,513,600 Mobilier 201,915 519,210 769,200 187,530 482,220 714,400 102,270 262,980 389,600 74,655 191,970 284,400 57,960 149,040 220,800 Total 1,490,325 1,384,150 754,850 551,025 427,800 4,608,150 14,121,750 Les estimations sur la valeur des logements détruits et endommagés ont été fixées de la manière suivante. En reprenant la classification du Recensement de population de 2003 à propos des logements plus vulnérables, les logements détruits et endommagés, ont été classés ainsi : 30% ont été considérés comme des taudis ou kay atè ; 30% comme des Ajoupas ; et 40% comme des maisons basses. La valeur de ces trois types de bâtiments a été fixée à 500, 1500 et 2500 dollars, valeur estimée pour une maisonnette de 25 mètres carrés. A partir de ces valeurs standard, la valeur du mobilier a été estimée comme un pourcentage décroissant de la valeur du logement (70% pour les taudis / kay atè ; 60% pour les Ajoupas ; 40% pour les maisons basses). Le coût des logements endommagés a pour sa part été fixé aussi à partir d’un pourcentage de la valeur de chaque type de logement : 30% pour les taudis / kay atè, 20% pour les Ajoupas et 10% pour les maisons basses. Finalement, les dommages du mobilier des logements endommagés sont restés les mêmes que pour les logements détruits, étant donné que les événements dominants (inondation, humidité, vents violents) tendent à affecter considérablement le mobilier des logements endommagés. 11 29 MAISONS ENDOMMAGÉES (dollars) DÉPARTEMENT OUEST SUD SUD-EST GRANDE ANSE TOTAL OURAGAN DEAN, PLUIES D'OCTOBRE, TEMPÊTE NOËL Maisons endommagées Par Coût Maisons type unitaire Coût Total Key Atè- Taudis 1,715 150 257,220 Ajoupas 1,715 300 514,440 5,716 Maison basse 2,286 250 571,600 1,343,260 Key Atè- Taudis 2,769 150 415,305 Ajoupas 2,769 300 830,610 9,229 Maison basse 3,692 250 922,900 2,168,815 Key Atè- Taudis 889 150 133,335 Ajoupas 889 300 266,670 2,963 Maison basse 1,185 250 296,300 696,305 Key Atè- Taudis 571 150 85,590 Ajoupas 571 300 171,180 1,902 Maison basse 761 250 190,200 446,970 Key Atè- Taudis 890 150 133,515 Ajoupas 890 300 267,030 2,967 Maison basse 1,187 250 296,700 697,245 NIPPES TOTAL 5 DÉPARTEMENTS 22,777 Total Maisons endommagées + Mobilier: GRAND TOTAL DOMMAGES LOGEMENT: Mobilier 180,054 308,664 228,640 290,714 498,366 369,160 93,335 160,002 118,520 59,913.0 102,708.0 76,080.0 93,460.5 160,218.0 118,680.0 5,352,595 Total 717,358 1,158,240 371,857 238,701 372,359 2,858,514 8,211,109 22,332,859 dollars DOMMAGES PAR DÉPARTEMENT ET PAR ÉVÉNEMENT (dollars) TOTAL 3 Pluies DÉPARTEMENT DEAN d´Octobre Noël DESASTRES OUEST 573,206.5 1,619,926.0 4,434,610.5 6,627,743.0 SUD 3,134,513.0 615,263.0 3,819,028.5 7,568,804.5 SUD-EST 2,003,035.0 0.0 1,378,376.5 3,381,411.5 GRANDE ANSE 1,670,102.0 0.0 704,194.0 2,374,296.0 NIPPES 98,860.0 135,122.0 2,146,621.5 2,380,603.5 TOTAL 5 DÉPARTEMENTS 7,479,716.5 2,370,311.0 12,482,831.0 22,332,858.5 Les coûts de reconstruction des logements détruits ont été estimés en tenant compte d’un logement avec un niveau minimum de finition, en ciment bloc, de 25 mètres carrés, à un prix standard de construction de 100 dollars par mètre carré. Pour la reconstruction des logements endommagés le coût estimé a été de 300 dollars par logement. Le Tableau 14 synthétise les coûts estimés pour la reconstruction des logements détruits et endommagés. COÛTS ESTIMÉS DE RECONSTRUCTION (dollars) RECONSTRUCTION DES MAISONS DÉTRUITES: 14,865,000 RECONSTRUCTION DES LOGEMENTS ENDOMMAGÉS 6,833,100 TOTAL 21,698,100 30 DOMMAGES DANS LE SECTEUR LOGEMENT PAR ÉVÉNEMENT (En pourcentage) DEAN 33% Noel 56% Pluies d´Octobre 11% Santé L’évaluation des impacts des désastres sur les conditions de santé de la population affectée mériterait une étude en profondeur, étant données les limitations qui se cernent sur ce secteur depuis longtemps et qui n’ont pas été mitigées, à quelques exceptions, dont les programmes contre le VIHSida et la tuberculose. D’ailleurs, les contraintes principales se doivent à différents facteurs de diverses origines et ne peuvent être exposés de façon simple et unilatérale. Comme dans d’autres secteurs sociaux, le gouvernement n’est qu’un (35,7%) des trois acteurs principaux 12, avec le secteur privé (32,5%) et le secteur privé mixte et les ONG (31.8%). Pourtant, c’est au secteur public qu’appartient la responsabilité de mener la Stratégie du Paquet Minimum de Services (PMS) qui vise à satisfaire les besoins de base des populations les plus vulnérables. 13 Si bien depuis 20052006, plusieurs mesures institutionnelles et de gestion ont été adoptées conjointement par les Ministères de la Santé et des Affaires Sociales afin de renforcer leur surveillance et contrôle des maladies transmissibles, le secteur public a manqué des fonds et de personnel qualifié pour y parvenir. Les ressources de la coopération externe se sont canalisées vers les institutions privées, qui ne participent pas aux programmes nationaux de santé, ni à la surveillance épidémiologique des maladies soumises à notification obligatoire 14. Dans ce cadre, dépourvu de l’assistance publique et avec une présence limitée ou lointaine des institutions privées, on estime que la plupart de la population habitant les zones sinistrées a du attendre la réparation des infrastructures endommagées pour rétablir les conditions initiales, d’autant plus que les méthodes traditionnelles (pratiquées par plus de 80% de la population) s’avèrent insuffisantes ou limitées face aux épidémies de typhoïde, malaria et diarrhée déclanchées par les désastres. 12 En termes de la population qui bénéficie des soins de santé. Le PMS comprends la santé des enfants, des adolescents et des femmes, ainsi que les maladies transmissibles (tuberculose, malaria, VIH-Sida), l’assainissement du milieu, l’approvisionnement d’eau potable et la disponibilité des médicaments essentiels. 14 Comme le cas de la malaria et la typhoïde. 13 31 D’après les rapports partiels de différentes institutions engagées 15 dans les travaux d’urgence et de réhabilitation sanitaire dans les départements affectés par les désastres de 2007, les dommages auprès de l’infrastructure des bâtiments de santé ont été moindres par rapport à d’autres secteurs économiques et de services sanitaires–agriculture, infrastructure routière et de provision d’eau- bien plus endommagés. Précisément, les conséquences au niveau de toute la population affectée, et les enchaînements des effets partiels sur d’autres secteurs, sont à l’origine de l’aggravement de la vulnérabilité sanitaire et de l’augmentation des cas de maladies infectieuses qui ne sont pas sous contrôle –ni médical, ni de suivi épidémiologique- des autorités correspondantes. Ainsi, les actions dans les domaines de l’infrastructure, surtout les systèmes d’adduction d’eau potable et le nettoyage et le redressement des ravines pour l’écoulement efficace des rivières, diminueront les facteurs de risque pour la santé et auront des conséquences bénéfiques sur l’ensemble de la population 16. Maternité endommagée par les inondations à Petit Trou de Nippes. Dans l’ensemble des départements considérés, le montant évalué des dommages sur l’infrastructure s’élève à 1,771,000 gourdes, soit un équivalent de 47,865 dollars. Seules huit institutions sanitaires auraient subi des dommages sur une partie de leur bâtiment, tels que l’inondation de la salle d’opérations, l’enlèvement et perte partielle des toitures, quelques murs tombés, des clôtures cassées, et quelques équipements détruits, comme on peut voir dans le tableau ci-dessous. 15 Les données de base pour rapporter les dommages au niveau de la santé proviennent des bilans départementaux faits pour chaque évènement catastrophique, par le Ministère de la Santé et de la Population (MSPP) et par le Système National de Gestion des Risques et des Désastres, ainsi que des rapports partiels de l’assistance fournie par la Croix Rouge Internationale et l’Organisation Panaméricaine de la Santé en Haïti (OPS-OMS). 16 D’après le Recensement de 2003 (RGPH-IHSI), seulement 53% de la population à accès à l’eau potable et ce pourcentage sont encore moindre dans les zones rurales. 32 Dommages dans le secteur de la santé (Gourdes) INSTITUTIONS SANITAIRES SSPE des Abricots Hôpital Saint Michel Dispensé/ Savane Zombie Dispensé/ Seguin Dispensé/ Perdu Dispensé/ Marigot SSPE de Bourdon SSPE de SICARD TOTAL 210,000 65,500 25,000 1,771,000 (En gourdes) Dommages-infrastructure 90,500 Salle d'opération 610,000 300,000 350,000 120,000 450,000 Clôture 450,000 250,000 100,000 Toiture enlevée 59,500 Planches détruites 6,000 Mûrs tombés 25,000 350,000 150,000 59,500 269,000 6,000 200,000 12,000 25,000 250,000 Système hydraulique 50,000 50,000 50,000 150,000 Système électrique 50,000 50,000 50,000 150,000 Réparation ambulance 60,000 Peinture 60,000 20,000 120,000 20,000 Dommages-matériaux 37,020 37,020 Médicaments perdus 7,770 7,770 Intrants de laboratoire 9,300 9,300 Matériels perdus 19,950 19,950 Total des dommages 127,520 610,000 300,000 350,000 120,000 210,000 65,500 25,000 1,808,020 Source: CEPALC, d'après les données collectées pendant la mission du 11au 18 février de 2008, sur le terrain, dans les différents départements affectés (Grande Anse, Nippes Sud, Sud-Est et Ouest) et des informations dans les bulletins de la Direction de la Protection Civile du Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales (DPC-MICT), août-décembre 2007. Le rapport sur les pertes des matériaux est encore inférieur, pour un montant équivalent à 1,000 dollars, comprenant surtout du matériel mouillé et abîmé dans un seul des centres hospitaliers. Bien que les dommages à ce niveau aient été remarqués comme les plus fréquents dans plusieurs bilans communaux et départementaux, on n’y trouvait pas une estimation précise en nombre ou en valeur. Parmi les autres conséquences sur la santé, causées dès le passage de Dean et maintenues après Noël, un accroissement des cas de maladies infectieuses intestinales et parasitaires, reliées à la détérioration des systèmes de provision d’eau potable, autant que la pollution des sources et la stagnation des eaux dans d’autres zones, c’est manifesté de façon généralisée selon le rapport des représentants locaux rencontrés lors des visites sur place. Il faut signaler que, d’après l’Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS IV) 17, 40% des enfants de moins de 5 ans avaient présenté des symptômes d’infection respiratoire ou diarrhée peu de temps avant l’enquête et 27% de la mortalité dans ce groupe d’age est dû aux maladies infectieuses et parasitaires. Aussi il faut tenir compte que l’absence de latrines dans les communautés rurales les plus éloignées contribue largement, dans ces situations catastrophiques, à la pollution prolongation et à l’accroissement des gîtes larvaires des vecteurs infectieux. Si l’on considère le pourcentage de population affectée dans chacun des départements de la zone par rapport à la population de moins de 5 ans, on pourrait avoir, a titre indicatif, une approximation à l’augmentation des cas de diarrhées et infections intestinales chez les plus jeunes et les besoins de traitement d’après la situation. 17 Enquête de Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS), 2005-2006. 33 Selon le rapport officiel de santé de l’année 2006, on peut distinguer dans le tableau suivant, la forte prévalence de la malaria dans les cas testés, à savoir un peu plus de 25% comme moyenne pour l’ensemble des départements, sans compter l’Ouest. Une estimation partielle sur les sommes que le gouvernement pourrait décaisser pour éviter une épidémie majeure dans les mois prochains s’est avérée indispensable pour avoir une première approximation sur les pertes minimales à estimer, en sachant que le chiffre réel sera probablement plus élevé. NOUVEAUX CAS DE CONTAGION TESTÉS, PAR DÉPARTEMENT-2006 Malaria DÉPARTEMENT GRANDE ANSE Total % Tests Positifs Total VIH % Tests Positifs Total RPR % Tests Positifs Total % Tests Positifs 1,678 31.8 288 15.5 405 7.4 431 6.2 653 13.1 290 23.3 635 12.5 204 8.2 NIPPES SUD Bacilliscopie 5,236 25.5 516 12.9 491 6.0 295 4.6 917 31.4 450 15.2 296 3.7 215 2.7 SUD-EST TOTAL a/ 8,484 25.2 1,544 15.3 1,827 6.8 1,145 4.8 Source: CEPALC, sur la base des données du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), Rapport Annuel 2006. a/ Le département de l'Ouest n'a pas été inclus, à cause du manque de données pour l'année 2006. Comme on a déjà mentionné, probablement le calcul des pertes ajusté à une politique de prévention de l’approfondissement des dommages et risques associés à la santé, devrait dépasser largement les estimations des dommages directs sur l’infrastructure et les pertes de matériaux. Alors que pour une estimation partielle, d'après la seule donnée disponible sur le coût du traitement de la malaria, et dans un scénario optimiste qui sous-évalue la possibilité de contagion (notamment pour des populations plus nombreuses et habitant des espaces restreints tel qu’à Port-au-Prince), on peut estimer un coût d’un peu plus de 23 millions de gourdes, qui équivaut à 623,160 dollars. Cette somme pourrait faire partie de pertes encore plus fortes si ces besoins ne sont pas considérés dans le futur immédiat. ESTIMATION PARTIELLE DES PERTES DANS LE SECTEUR SANTÉ, 2007. TYPES de PERTES OUEST SUD SUD-EST GRANDE ANSE NIPPES TOTAL 342 515 392 127 483 1,859 COÛT des traitements de base Malaria-Nombre de cas a/ Malaria-Coûts (en gourdes) b/ 4,235,768 6,384,474 4,866,404 1,576,827 5,993,588 23,057,061 Source : CEPALC, estimations sur la base du traitement préventif ou nécessaire pour toute la population affectée d’après les données officielles par département. a/ Chaque cas correspond à 104 traitements dispensés, y inclus les médicaments tels que la chloroquine, le paracétamol et un moustiquaire tout les deux personnes traitées. b/ Chaque cas compte sur un coût de 12,400 gourdes d'après le rapport officiel sur l'épidémie de malaria à Carcasse (Irois). Malgré le manque de surveillance épidémiologique des maladies plus fréquentes lorsque se produisent les désastres dans la plupart des départements -lesquelles ne sont pas enregistrées convenablement dans la localité, ni au niveau central-, dans toutes les communes visitées sur le terrain, le renforcement de la gestion locale de santé est une demande persistante. Une plainte généralisée s’est manifestée sur l’urgence de remettre en fonctionnement les systèmes endommagés pour l’approvisionnement d’eau potable et les conditions générales d’assainissement. Tous les rapports à ce niveau soulignent les cas fréquents et augmentés de malaria, typhoïde et diarrhée dans chaque commune, et le délai pour restaurer le fonctionnement des réseaux d’eau potable. Les 34 maladies infectieuses intestinales constituent après le Sida (mais avec une incidence similaire chez les femmes) la troisième cause de mortalité (pour 8.6% du total de morts) dans l’ensemble du pays. Un problème de santé non moins important, mais souvent négligé qui doit être mentionné malgré la difficulté à mesurer les pertes qui en découlent, concerne les altérations psychologiques qui persistent à la suite des évènements catastrophiques 18. Il est possible qu’à cause de la vulnérabilité approfondie des femmes, et surtout des cheffes de ménage, la montée des pressions de toute sorte pour redresser leur famille, leur foyer et leurs moyens de vie, contribue à un impact psychologique. Un deuxième problème de santé à souligner est l’anémie chez les femmes sinistrées, souvent parmi les plus démunies. Ces dernières doivent se déplacer avec leurs enfants aux hébergements et sont confrontées tout le temps à la marginalisation pendant la distribution de la nourriture et des matériels de santé et d’autres, face au désordre et au manque d’une organicité envisagée sur la population plus vulnérable ou défavorisée. Comme le signale l’EMMUS III de 2000-2001, 54% des femmes haïtiennes et 63% des femmes enceintes souffrent d’anémie. Probablement cette condition s’aggrave pendant et après les situations d’urgence, quand les femmes sont confrontées à des situations de discrimination et à un accès incertain aux aides distribuées. Education et culture L’éducation est un secteur essentiel pour le développement du pays et qui présente des défis importants. D’après le dernier recensement de population de 2003, le degré d’alphabétisme de la population de dix ans et plus était de 61%. L’alphabétisme était plus élevé chez les hommes que chez les femmes (64% contre 58%) et de loin meilleur en milieu urbain qu’en milieu rural (81% contre 47%). En ce qui concerne le niveau d’études atteint, sur l’ensemble de la population âgée de cinq ans et plus, 37% n’avaient aucun niveau, 35% avaient atteint le niveau primaire, 22% le niveau secondaire et la proportion des personnes ayant le niveau universitaire n’était que de 1% (1,4 % d’hommes contre 0,7% de femmes). Malgré le fait que la Constitution en vigueur consacre la gratuité et l’obligation scolaire, plus de 80% des élèves fréquentaient en 2003 des écoles non publiques 19. Le secteur non public est lui-même divisé entre un sous-secteur mixte composé par les écoles presbytérales, les écoles de mission et d’ONG fréquentées par 37% des élèves et un deuxième sous-secteur proprement privé fréquenté par 44% des effectifs. D’autre part, parmi les écoles inventoriées en 2002-2003, 8% appartenaient au secteur public et 92% au secteur non public. Les différents événements de la saison cyclonique de 2007 ont à plusieurs reprises eu des répercussions importantes sur le secteur éducatif. Outre les écoles détruites ou endommagées par les intempéries ou bien du fait de leur utilisation comme abris, l’interruption des cours s’est produite avec une durée variable, de 5 à 7 jours, à plusieurs semaines après chaque événement. Étant donné le manque d’un rapport plus détaillé, la CEPALC a repris les bilans partiels développés par la DPC pour chaque événement, essayant de décompter le nombre d’écoles détruites ou endommagées. En tout, 10 écoles détruites ont été décomptées et 131 écoles endommagées ont été répertoriées. Il convient de préciser que le plus souvent les écoles endommagées ou détruites appartiennent au secteur non public (écoles communautaires) où les ressources pour affronter la Dans un questionnaire qui a été répondu par des groupes de femmes dans quelques zones du Sud-Est, toutes ont rapporté des impacts au niveau de l’altération du sommeil, la panique constante, les pleurs fréquents, l’agressivité et les maux de tête après les événements catastrophiques, même si aucune parmi elles n’avait perdu complètement sa maison ou ses biens. 19 Chiffres de la Direction de la Planification et de la Coopération externe du Ministère de l’Education Nationale, cités par Emmanuel Buteau, L’enseignement privé en Haïti. Un service public, dans FONHEP, Actes du colloque sur la structuration du secteur non- public et le partenariat public/privé en éducation, Portau-Prince, FONHEP, 2007, p.20. 18 35 reconstruction des bâtiments est rare. Pour ne donner qu’un exemple parmi d’autres, l’école communautaire de Duverger (Nippes) a été complètement détruite par le vent lors du passage de la tempête Noël. Sans d’autres ressources disponibles, la communauté a utilisé les débris et leur propre force de travail pour construire deux salles de classe temporaires dont les conditions sont loin d’être les meilleures pour l’enseignement (Voir photos ci-dessous). À gauche: École détruite à Duverger (Fond des Nègres, Nippes). En haut à droite : école temporaire construite para la communauté de Duverger. École endommagée à Petite Rivière de Nippes, en bordure d’une rivière. Pour comptabiliser les coûts des dégâts directs, les visites de terrain, ont permis de dresser des critères généraux quant au profil et caractéristiques des écoles endommagées et détruites. En moyenne, la valeur d’une école détruite a été estimée à 8,000 dollars, correspondant à un bâtiment en ciment de 5 pièces de 30 mètres carrés chacune. La valeur du mobilier a été fixée à 20% de la valeur du bâtiment, c’est-à-dire 1,600 dollars. Concernant les écoles endommagées (le plus souvent en termes de toitures enlevées et mobilier perdu) la valeur des dégâts a été fixée à 30% de la valeur 36 totale d’une école détruite, c’est-à-dire 2,400 dollars. Le mobilier a été estimé à 20% de cette même valeur, à 1,600 dollars. Avec ces critères, le tableau 5 montre le coût des dégâts directs des trois événements, par département: COÛT DIRECT DES ÉCOLES DÉTRUITES ET ENDOMMAGÉES, PAR DÉPARTEMENT (dollars) DÉPARTEMENTS Écoles détruites Coût Unitaire Écoles Coût du Mobilier Coût 57,600 38,400 8,000 59 2,400 141,600 94,400 - 27 2,400 64,800 43,200 16,000 3,200 11 2,400 26,400 17,600 24,000 4,800 10 2,400 24,000 16,000 80,000 16,000 8,000 - Sud-Est 5 8,000 40,000 Sud - 8,000 - Grande Anse 2 8,000 Nippes Ensemble 5 départements 3 8,000 GRAND TOTAL (dollars) Mobilier 2,400 - Total écoles détruites + mobilier Coût 24 Ouest 10 Écoles endommagées Coût Unitaire Écoles - 96,000 314,400 131 Total écoles endommagées + mobilier 209,600 524,000 620,000 Toute stratégie gouvernementale pour faire face aux dégâts causés par les désastres naturels dans le secteur éducatif devrait tenir compte de ce fait. En ce qui concerne le programme de reconstruction face aux intempéries de 2007, ce dernier devrait prioriser les aides aux écoles des communautés les plus démunies, soient-elles publiques ou du secteur non public. A titre indicatif, en reprenant la répartition du nombre d’écoles par secteur au niveau national, les dégâts directs dans le secteur public s’élèveraient à 49,786 dollars et à 570,214 dollars dans le secteur privé. Étant donné le poids du secteur non public dans le système éducatif, le gouvernement pourrait établir des mécanismes d’appui pour la reconstruction lors de désastres naturels. Pour cela il est aussi essentiel que le gouvernement central soit en mesure de concentrer les informations et suivis de base afin de mieux faire face à de futurs désastres. Les intempéries de 2007 ont aussi provoqué des dommages dans de nombreuses églises communautaires. D’après les informations provenant des bilans partiels de la DPC et des visites de terrain, les églises affectées ont surtout concerné des églises communautaires aux dimensions modestes et bâties avec des matériaux relativement plus solides (en ciment bloc) et de meilleurs niveaux de finition. La valeur moyenne d’une église de ces caractéristiques a été fixée à 15,000 dollars ce qui correspond à une construction à un étage de 150 mètres carrés, à 100 dollars le mètre carré de construction. Les endommagements ont été fixés à 30% de la valeur totale du bâtiment, à 4,500 dollars. 37 Église détruite en bord de mer, à Petite Rivière de Nippes. Le tableau 6 montre la valeur totale des dégâts pour les trois événements climatiques: COÛT DES EGLISES DÉTRUITES ET ENDOMMAGÉES (dollars) DEPARTEMENTS Églises détruites Coût Églises endommagées Coût Ouest - - 2 9,000 Sud-est - - 25 112,500 Sud - - - - - Grande Anse - - - Nippes Ensemble des 5 départements 1 15,000 5 22,500 1 15,000 32 Grand Total 144,000 159,000 Le Tableau ci-dessous résume les dommages directs en dollars dans le secteur éducation et culture : DOMMAGES DANS LE SECTEUR ÉDUCATION ET CULTURE (dollars) DÉPARTEMENTS Coût total Privé Public Ouest 105,000 97,291 7,709 Sud-est 396,500 373,695 22,805 Sud 108,000 99,328 8,672 Grande Anse 63,200 58,125 5,075 Nippes 106,300 100,775 5,525 Grand Total 779,000 729,214 49,786 38 Pertes dans les secteurs économiques Dommages et pertes dans le secteur agricole Introduction Les différents désastres naturels qui ont affecté la République d’Haïti durant l’année 2007 ont eu des effets importants sur les secteurs économiques, en terme de dommages et pertes causées. Ces effets seront ci-dessous présentés de façon résumée, mais aussi dans la mesure du possible selon les événements considérés –les cyclones Dean en août et Noël durant le mois d’octobre- ainsi que dans les 5 départements les plus affectés, à savoir Ouest, Sud-Est, Sud, Nippes et Grande Anse. Agriculture, Élevage et Pêche Il s’agit sans doute du secteur économique le plus touché. Dans les 5 départements ici considérés (64% de la superficie totale affectée) et qui représentent environ plus de la moitié (58%) de la population du pays, l’activité agricole est une composante prédominante et fondamentale de la vie économique de ces régions, à l’exception du Département de l’Ouest -de par l’inclusion de la capitale Port-au-Prince et Aire Métropolitaine-. Le recensement 2003 signale en effet (rapporter le chiffre de la population dédiée aux activités agricoles). Agriculture Il convient de signaler un ensemble d’aspects méthodologiques importants sur le secteur agricole, avant d’entamer proprement dite l’évaluation de l’impact des désastres. Comme il est bien connu de tous, les données chiffrées sur le secteur -avant les désastres, afin d’établir une ligne de base- sont particulièrement rares. Ainsi, les estimations des indicateurs tels que la superficie cultivée, la production physique, les rendements, les prix producteurs, etc. ne sont donc pas toujours fiables. Leur ventilation par zones géographiques (département), types de culture, calendrier agricole, etc. sont aussi rares. • • • • • La production agricole renvoie très souvent à des cultures en association ; par conséquent le nombre de planteurs affectés par culture (indicateur parfois signalé dans certains documents consultés) pourrait refléter une certaine duplication … Dans les dommages (directs) vs pertes (indirectes) de l’agriculture, identifier le coefficient des récoltes destinées aux futures semences afin de préciser cette 2ème variable. De même, la portion destinée à l’autoconsommation se verra refléter dans les coûts futurs (donc indirects) par le fait que le paysan/planteur devra accéder au marché pour la satisfaction de cette demande. Les besoins futurs (i.e. intrants de semences et plants, engrais, pesticides) n’ont pas été comptabilisés au niveau des dommages et pertes du secteur. Un tableau résumé de ces différents aspects -selon les estimations des autorités nationales- est cependant présenté en annexe, à des fins illustratives car les chiffres ne sont pas toujours conformes aux dommages/pertes causés (les hypothèses des coûts de réhabilitation). Le total des dommages et pertes ne correspond pas toujours à la ventilation de ces mêmes concepts par produit ou par zone. Par exemple, dans le cas des volailles il s’agit d’une estimation nationale dont la ventilation par département rapporterait un chiffre bien moindre. Les chiffres fournis dans cette étude sont en général une estimation dans une fourchette moyenne –cf. les rendements des cultures- à niveau national. Ce calcul pourrait sans doute se préciser en ayant recours à certaines des valeurs spécifiques correspondant à chacune des régions, malheureusement pas toujours disponible. 39 PRINCIPALES CULTURES PAR DEPARTEMENT Département Zones agro écologiques Ouest Plaines irriguées Plaines humides Sud-Est Nippes Sud Grande Anse Cultures banane (principale culture) maïs, canne à sucre Montagnes humides produits maraîchers Montagnes humides Plaine irriguée Plaines et Montagnes arides Café, haricot, banane et igname Bananes maïs, pois Congo, manioc Plaine aride sisal (Côtes de Fer) Montagnes humides Plaine irriguée Montagnes sèches haricot, maïs, café, banane et tubercules maïs, riz, bananes Sorgho Plaines sèches maïs, sorgho et pois Congo Plaines sèches Plaines humides Plaines irriguées Montagnes humides Cotes arides sorgho, maïs et manioc (par ex. Région d'TAquin) maïs, haricot, riz, légumes maïs, haricot, riz, légumes café, haricot et bananes sorgho et arachide Cotes humides haricot, maïs, bananes Montagnes très humides Montagnes humides Montagnes semi humides Plaine semi humide Café (dominant), haricot, igname café, haricot, igname maïs, haricots bananes, maïs, manioc, fruitiers Plaine sèche arachide, maïs, pois d'angle Source : Rapport Mission FAO/PAM pour l'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, Octobre 2004. SUPERFICIE CULTIVÉE vs AFFECTÉE (Total par département) Nombre d’hectares Nombre d’hectares Cultivées a/ (total) Affectées b/ Par régions (départements) OUEST … 4263 SUD-EST … 4998 NIPPES … 897 SUD … 8800 GRAND'ANSE … 8752 … … Sous Total 5 départements 27 710 … Total National 43 021 Source: estimations de CEPALC sur la base des rapports du MARNDR, DPC et visites de terrains. a/ Non disponible. Le total de terres cultivables (voir tableau en Annexe 1) est d’environ 530 000 hectares; la superficie affectée représenterait donc environ 8% du total. b/ Plantations détruites, voir Rapport consolidé du MARNDR- 3 décembre 2007. Les principales plantations détruites sur les superficies affectées sont signalées dans le tableau 3 cidessous. Il convient de signaler que certains produits –autres cultures- (cf. cacao, arachide, arbres fruitiers, etc.) n’ont pas pu être ventilés, bien qu’au niveau régional leur importance est parfois significative. De même, dans les rapports fournis la différenciation entre dommages et pertes n’est que rarement signalée, et il a donc été assumé dans la plupart des cas une évaluation dont le montant correspond à ces deux rubriques confondues. 40 PRINCIPALES CULTURES: SUPERFICIES AFFECTÉES, PERTES (évaluation nationale) Cultures Café Superficie 1/ (ha) Rendement Tonnes/Ha Prix "producteur" ou Proxy Gdes/Tonne Pertes de production (tonnes) Total Pertes (gourdes) 2/ 6,024 0.482 2,903 30,000 87,090,775 17,638 1.128 19,887 41,000 815,360,645 Tubercules 1,290 13.025 16,802 12,500 210,024,739 Légumes 3,012 6.100 18,373 25,000 459,330,000 Riz 6,883 3.696 25,441 25,000 636,032,219 Banane 3,441 6.421 22,095 15,000 331,418,367 Maïs 3,872 3.445 13,339 9,000 120,051,360 0.489 - 6.165 5,308 Haricot Cacao a/ Autres cultures b/ TOTAL 861 8,000 42,464,520 43,021 2,701,772,624 TOTAL $US 73,020,882 Source: estimations de CEPALC sur la base des rapports du MARNDR, DPC, FAO et visites de terrains. a/ Durant les visites de terrain à la Grande Anse (cf. Anse d’Hainault, Dame Marie) il a été mentionné des pertes considérables dans le secteur de production du cacao. Cependant, aucun des rapports officiels disponibles (i.e. MARNDR, DPC) consultés ne font allusion à ce produit comme une culture affectée. Par ailleurs, les chiffres d’exportation de ce produit (cf. US-FAS, importations mensuelles) affichent une certaine baisse suite au passage de la tempête Noël, durant les 2 mois qui ont suivi. De même, les flux commerciaux (selon l’information fournie par les autorités portuaires de Jérémie) semblent s’être amoindris -nombre de sac au départ- durant la période. b/ Arbres fruitiers, arachide, sorgho, etc. 1/ Telle que rapportée par MARNDR (cf. rapport consolidé décembre 2007). 2/ Correspond à (dommages) * (prix). Pour ces derniers ce sont en général des valeurs estimatives (proxy) du prix producteur. 3/ Les pertes (indirectes), tenant compte de la valeur en semence perdue (comme % de la récolte) ne sont pas disponibles. PRINCIPALES CULTURES AFFECTÉES (ventilation par Département) Café Haricot Superficie (ha) Superficie (ha) Total national 5 départements 6,024 4,829 OUEST SUD SUD-EST NIPPES - 150 1,524 5 GRAND’ANSE 3,150 17,638 3,837 - 2,420 200 412 805 Tubercules a/ 1,290 1,856 660 592 364 - 240 Légumes 3,012 1,786 1,500 151 - - 135 Riz 6,883 1,306 - 972 - 19 315 Banane b/ 3,441 5,150 350 1,959 140 855 Maïs 3,872 260 - - 60 - 200 - - - - - - 861 527 - 88 144 - 295 43,021 19,551 2,510 6,219 4,250 577 5,995 27,710 4,263 8,800 4,998 897 8,752 Cacao Autres cultures TOTAL Total 5 Départements 1,846 Résiduel c/ 8,159 1,753 2,581 748 320 2,757 Source : Estimations sur la base de chiffres de DPC, MARNDR. a/ Probable surestimation des chiffres rapportés pour le département Ouest. b/ Les chiffres rapportés au niveau national ne coïncident pas toujours à la ventilation régionale, où il semblerait que de nombreuses imprécisions demeurent. c/ Cette composante est ventilée afin de ne pas assumer de façon arbitraire la distribution par culture. Appart des effets sur la production, le secteur a souffert des dommages dans les canaux d’irrigation pour un montant de 5,330,670 de gourdes. 41 Élevage ESTIMATION DES DOMMAGES DANS L’ELEVAGE EVALUATION DES 5 DEPARTEMENTS ESPÈCES Têtes de Coût Dommages Pertes a/ bétail unitaire (Milliers de (Milliers de perdues (Gdes) Gdes) Gdes) (N) Caprins 3,817 1,000 3,817 … Ovins 384 1,250 480 … Porcins 4,590 1,500 6,885 … Bovins 2,548 7,500 19,110 … Equins (Mules & Chevaux) 239 12,500 2,988 … Volaille b/ 40,000 150 6,000 … TOTAL 39,280 Total (Milliers de Gdes) 3,817 480 6,885 19,110 2,988 6,000 39,280 Source: estimations de CEPALC sur la base des rapports du MARNDR, DPC et visites de terrains. a/ Pertes (indirectes) non disponible ; cet indicateur permettrait de refléter le manque à gagner dû a la baisse de production de lait, le cheptel reproducteur (taureau), etc. tous affectant le revenu des familles à court et moyen termes. b/ Le chiffre original (23,500) des pertes de volaille obtenu par le biais des estimations régionales est sensiblement moindre. Pêche Si bien il est vrai, et il est important de le signaler, que seulement 2% des ménages en Haïti vivent de la pêche (voir ECVH, Tome 2, p. 302.), les dommages et pertes causés dans ce secteur suite au passage des ouragans Dean et Noël ont fortement affecté les économies régionales où ces activités sont primordiales pour environ (12 000) personnes. En effet dans les départements de la Grande Anse, Nippes, du Sud et Sud-Est, les dommages (matériels, engins et équipements détruits) et les pertes (le manque à gagner des pêcheurs suite à la destruction du matériel) ont réduit les moyens de vie de nombreuses familles (plus de 60,000). Estimation des pertes dans la pêche Nombre Valeur unitaire Dommages (Millions de gourdes) Pertes (Millions de gourdes) Total (Millions de gourdes) Bateaux 40109300 40,109,300 Canots 22,919,600 22,919,600 Pirogues/bwa fouye 9,167,840 9167840 Filets 17189700 Nasses/Trémailles 17,189,700 25,211,560 25,211,560 TOTAL 114,598,000 10,917,658 125,515,658 Source: estimations de CEPALC sur la base des rapports du MARNDR, DPC et visites de terrains. 42 Une extrapolation de la production non réalisée suite aux désastres faite a partir des données fournies dans la Grande Anse (Abricots, Les Irois, Corail, Dame Marie et Anse d’Hainaux) permet cependant un certaine estimation en tenant compte des paramètres suivants: pêche moyenne par jour (cf. Abricots, Corail): volume signalé, revenu moyen / jour : 1500-2000 gourdes, et nombre de journées perdues. On a tenu compte aussi du calendrier saisonnier : dans la Grand’Anse la forte saison de pêche se réalise entre mars et septembre; par conséquent ce sont les dommages causés par Dean (en août) qui ont le plus touché de façon directe le secteur. Cependant les effets de Noël, empirent les conditions de vie déjà déplorables des habitants des dites régions. Autres secteurs productifs Industrie et Commerce De loin, ce sont les activités commerciales qui ont été les plus touchées dans ce secteur, aussi bien celles concernant le commerce en gros, mais surtout le commerce au détail. Dans les 5 départements ces activités représentent plus de 300 000 emplois (activité commerce en gros et en détail). Pour illustrer, le cas du commerce dans la Grande Anse avec à l’appui les transactions portuaires réalisées (cabotage) vers et en provenance de Port au Prince (communément appelé Wharf Jérémie). Dans le cas des petites industries à caractère semi artisanal qui ont été touchées, il faut signaler en premier lieu les moulins (riz, café, maïs), la petite agro-industrie (cassave, beurre d’arachide, chocolat). Les pertes registrées reflètent la manque de ventes plus que la destruction des marchandises. évaluation n’a pas pus obtenir des chiffres sur la valeur de la machinerie et les locaux endommagés et a fait une estimation sur le nombre de magasins et locaux. En plus on doit noter des problèmes liés à la disponibilité/rareté du carburant suite au passage des cyclones affectent aussi les domaines industriel/artisanal (cf. majoration des prix). Dommage dans le Petit Commerce affecté par les désastres Dean/Noël/Pluies DOMMAGES Département (ESTIMÉS) Ouest 1,255,768.20 Nippes Grande Anse & Nippes 1,534,287.60 Sud-Est 839,235.15 Sud 944,166.15 4,573,457.55 Total Dommage dans le Gros Commerce affecté par les désastres Dean/Noël/Pluies Département Ouest Nippes Grande Anse & Nippes Sud-Est Sud Total 2,171,094.30 829,399.95 468,018.45 791,359.65 4,259,871.90 43 Petite industrie L’industrie a en général a été peu affectée. Mais dans quelques cas, certaines petites industries ont souffert. C’est le cas d’une usine de traitement et production d’eau potable et de glace à Jacmel. L’accumulation d’eau a provoqué l’effondrement d’un mur de protection en ciment et l’inondation d’une partie de l’usine ce qui a détruit des équipements électriques (partie glace) et sévèrement endommagé l’usine. Voir ci-dessous. Avant Noël Apres Noël Pour les secteurs tourisme, petit commerce et petite industrie, l’absence de mécanismes d’assurances ou de facilités de crédits à taux préférentiels ont été soulignés comme de sérieux frein à la réhabilitation / reconstruction dans les secteurs productifs (tourisme, commerce et industrie). Les taux pratiqués sont très élevés (45%) ce qui implique à la fois une répercussion sur les prix pour les consommateurs et une période de réhabilitation pouvant atteindre plusieurs mois voire années quand les investissement originaux étaient très élevés. Secteurs tourisme et artisanat Tourisme En Haïti, le tourisme est encore une activité économique ayant une pondération relativement faible. Le seul département pour lequel il a été produit un rapport spécifique concernant ce secteur est le Sud-Est (voir document DPC concernant effets de Dean), en rapport à la ville de Jacmel et ses environs. Du point de vue méthodologique, pour compléter ces données, d’autres statistiques concernant éventuellement le nombre de vol à l’arrivée ou départ, nombre de visiteurs et fluctuations saisonnières liées aux désastres (baisse du nombre de passagers) pourraient compléter ce panorama. L’évaluation de l’impact de la saison cyclonique sur le secteur du tourisme s’est concentrée sur le département du Sud est, et plus particulièrement le secteur de Jacmel. Ce département constitue la principale région touristique d’Haïti de par sa situation géographique privilégiée (plages et accès à la mer), un niveau d’insécurité relativement bas en comparaison d’autres départements ainsi que l’attrait et l’image de Jacmel, ville pittoresque et réputée pour sa vie culturelle (carnaval, nombreuses manifestations culturelles et festivals) et artistique (peinture, travaux en papier mâché 44 etc.). L’offre de services touristiques (hôtels et hébergements, agences, restaurants, secteur de l’artisanat) est organisée au sein de l’Association touristique du Sud-est et de la représentation départementale du Ministère du tourisme qui recensent une capacité d’accueil de 500 chambres pour l’année 2007 et indiquent que le secteur devrait connaître une croissance non négligeable dans les années à venir compte tenu de différents projets d’investissements (nouveaux hôtels). La saison touristique couvre la période novembre – juillet, avec un pique au début de la saison (janvier – février) pendant le carnaval. Durant cette période, le taux d’occupation des chambres est de 100% et il est évalué à 60% hors carnaval. Les touristes sont principalement nationaux ou issus de la diaspora haïtienne mais on compte également des touristes étrangers en particulier pendant le carnaval (Canada en particulier). L’impact de DEAN a causé des dommages aux infrastructures du secteur (hôtels et restaurants) en détruisant ou endommageant surtout les établissements de bords de mer. Cependant, l’impact en termes de pertes pour le secteur est minime car la période cyclonique correspond à la basse saison touristique. EXEMPLES DE DEGATS DANS LE SECTEUR TOURISME (JACMEL, SUD EST) Artisanat L’analyse de l’impact de la saison cyclonique 2007 sur le secteur de l’artisanat s’est également limitée à la zone de Jacmel, dont l’artisanat est un des attraits touristique et culturel. Selon l’Association Touristique de Jacmel, ce secteur rassemble environ 60 artisans dont les principaux travaux sont les suivants : peinture, objets en papier mâché, travail sur bois (sculptures etc.). Ce secteur est l’un des plus vulnérables et a été très touché par la saison des cyclones 2007 : les artisans ont pour la plupart perdu à la fois leur espace de travail (qui rassemble atelier, galerie et lieu EXEMPLE D’ATELIER AFFECTE 45 de stockage de oeuvres) et les oeuvres déjà accumulées. Le coût approximatif des pertes liées à la destruction des stocks est estimé à 40.000 Gdes par artisan. Le montant total des pertes est estimé à 2.400.000 Gdes pour le secteur. TABLEAU RECAPITULATIF DES DOMMAGES ET PERTES AU SECTEUR DANS LE SUD-EST Montant (Gdes) Montant (US$) Dommages aux infrastructures de tourisme 5.680.000 153.513 Pertes secteur artisanat 2.400.000 64.864 Total 8.080.000 218.377 Source : Association touristique du Sud Est – Ministère du tourisme TABELAU RÉSUMÉ DES PERTES COMMERCE Pertes dans le Petit Commerce affecté par les désastres Dean/Noël/Pluies Département Nombre d'emplois Pertes Immédiates Ralentissement Total Total Dept Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Ouest 41,159 161,793 452,753 1,779,723 113,188 444,931 565,942 2,224,654 Nippes - - - - - - - - - Grande Anse & Nippes 3,143 25,568 298,619 2,429,003 74,655 607,251 373,274 3,036,254 3,409,528 2,790,596 Sud-Est 1,955 16,930 154,476 1,337,498 38,619 334,375 193,095 1,671,873 1,864,967 Sud 1,992 18,730 161,370 1,517,147 40,343 379,287 201,713 1,896,434 2,098,147 Total 48,250 223,022 1,067,219 7,063,372 266,805 1,765,843 1,334,024 8,829,216 10,163,239 Pertes dans le Gros Commerce affecté par les désastres Dean/Noël/Pluies Département Ouest Patrons Pertes Immédiates Ralentissement Total Total Dept Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes 1,955 1,843 1,986,771 1,872,951 496,693 468,238 2,483,464 2,341,189 4,824,654 Nippes - - - - - - - - - Grande Anse & Nippes 70 98 614,370 860,118 153,593 215,030 767,963 1,075,148 1,843,111 1,040,041 Sud-Est 46 68 335,733 496,300 83,933 124,075 419,666 620,375 Sud 89 99 666,014 740,847 166,504 185,212 832,518 926,059 1,758,577 Total 2,160 2,108 3,602,888 3,970,217 900,722 992,554 4,503,610 4,962,771 9,466,382 Source : CEPALC, estimation sur la base de chiffres officiels. Voir Méthodologie en annexe 46 Infrastructure Les infrastructures des départements Ouest et Sud Est et, dans une moindre mesure, du Sud, de Nippes et de Grande Anse ont été touchées par la succession des différents phénomènes climatiques de la saison cyclonique 2007 : Dean, pluies d’octobre et Noël. Les principales infrastructures concernées sont celles liées au transport routier (les routes, ponts et passerelles), les infrastructures liées aux lits de rivières (berges et gabions essentiellement), les systèmes d’assainissement et de distribution d’eau potable (puits, canalisations, bassins etc.) ainsi que les systèmes de génération et de distribution d’électricité (lignes électriques, circuits urbains et systèmes de générations). Secteur Transport Transport routier DOMMAGES Les infrastructures routières des cinq départements cités ont été fortement touchées par la succession des deux phénomènes : ils ont subi une première série de dommages causés par Dean (vents, raz de marée, pluies) puis des dommages additionnels ou des destructions du fait de Noël (inondations, alluvions, éboulements). Les dommages subis par de nombreux tronçons de routes, tant principales que secondaires, ont été les suivants : formations de trous et de crevasses, déformations de chaussées et affouillements. Certains ponts ont été abîmés ou détruits, par exemple le principal pont sur la grande rivière de Jacmel – La Vallée dans le département du Sud-est qui été endommagé par Dean puis détruit par Noël. Les dommages causés aux infrastructures routières ont rendu très difficile, et dans certains cas impossible, la communication entre communes et entre départements pendant plusieurs. Dans ce contexte, le secteur de transport de passagers (collectifs et moto-taxis), en particulier pour les liaisons entre agglomérations, a connu des pertes de revenus pour les journées non travaillées. DOMMAGES ESTIMES AUX INFRASTRUCTURES ROUTIERES Désastre Dean Noël Noël Total Types de dommages Montant (Gdes) Montant (US$) Sud, Sud Est, Grande Anse Nippes et Ouest Réhabilitations de tronçons de routes, de berges, assainissement de villes, déblaiements, réparations 56.750.000 1.533.783 Sud, Sud Est, Grande Anse Nippes Réhabilitations de tronçons de routes, reconstruction de ponts, déblaiements, réparations 85.000.000 2.297.297 Ouest Réhabilitation de tronçons de routes 23.394.000 632.270 165.144.000 4.463.351 Départements Source : Système National de Gestion des Risques et des Désastres - Centre d’Opération d’Urgence National (COUN) 47 EXEMPLE DE DOMMAGE : ROUTE ENTRE CAYES-JACMEL ET MARIGOT (SUD EST) ENDOMMAGEE PAR LE CYCLONE DEAN DEPENSES DEJA EFFECTUEES POUR REHABILITATION DES ROUTES Dans le cadre de la mission de la CEPALC, et avec l’appui méthodologique fourni lors de l’atelier de formation de Jacmel, le Ministère des Travaux Publics et Télécommunications a dressé un inventaire des dépenses déjà effectuées dans les différents départements pour la réhabilitation des infrastructures routières touchées par Dean, Noël et les pluies d’octobre. Le montant total des dommages déjà réhabilités dans les cinq départements étudiés s’élève à US$ 1.006.740 (voir détail ci-dessous). DEPENSES REALISEES POUR REHABILITATIONS DES INFRASTRUCTURES ROUTIERES Département Sud Grande Anse Nippes Types de réhabilitations Tronçons endommagés réhabilités: Port à Piment – Tiburon Cayes – Port Salut Carrefour – Béraud Cavaillon – Gros Marin Assainissements de la ville de Cayes Tronçons endommagés réhabilités: Jérémie – Irois Jérémie – Bonbon Jérémie – Corail – Pestel Tronçons endommagés réhabilités: Nieux Bourg d’Aquin – L’Azile Changeux – Plaisance Renold – Paillant Reprofilage de la rivière dl’Anse à Veaux Assainissement de la ville Le Petit Tron Montant (Gdes) Montant (US$) 5.807.880 156.970 3.394.297 91.738 1.099.235 29.709 48 Département Ouest Sud Est Types de réhabilitations Tronçons endommagés réhabilités: Port-au-Prince – Kenscoff Gressier – Léogane Fonds Parisien - Fonds Névrette Thomazeau – Cornillon Croix des Bouquest – Malpasse Assainissement de Fort Dimanche, Rivière Grise, Canal Georges, Canal Bréa, Canal Mately, Canal Mme Ganeau Tronçon Fonds Parisiens – Malpasse Tronçons endommagés réhabilités: Jacmel – Cayes Jacmel Cayes Jacmel – Marigot Fonds Noël – Belle Anse Trorun – Blokauss – Bainet Assainissement ville de Jacmel Montant (Gdes) Montant (US$) 22.260.246 601.628 4.687.748 126.696 Total 37.249.406 1.006.740 Source : Ministère des Travaux Publics, Transports et Télécommunications (TPTC) – Date : 20/2/2008 PERTES Une estimation des pertes mentionnées ci-dessus dans le secteur des transports entre agglomérations a été effectuée et s’élève à US$ 205.000. Eau potable et assainissement Dean et Noël ont provoqué les dommages suivants dans l’ensemble des cinq départements étudiés : problèmes d’assainissement et de drainage, dommages aux systèmes d’adduction d’eau potable (bassins, conduits et tuyaux), accumulations de déchets dans les villes et obstruction de canalisations, endommagement de sources et destructions de latrines. Pendant une courte période de réhabilitation, les dommages ont provoqué une diminution du nombre de foyers connectés et une chute de la distribution d’eau potable (en particulier dans les départements du Sud et Sud Est) générant des pertes d’une valeur non estimée. Types de dommages Montant (Gdes) Montant (US$) 19.596.000 529.620 Dean 32.000.000 864.864 Noël Total 51.596.000 1.394.484 Source : Système National de Gestion des Risques et des Désastres - Centre d’Opération d’Urgence National (COUN) Secteur électricité La collecte de données dans ce secteur a été limitée du fait que la mission CEPALC ná pas pu rencontrer les représentants de EDH. Les visites sur le terrain n’ont révélé que peu de dommages dans le système de génération d’électricité : seule une station de génération de 150 Kwatts à 49 Coteaux dans le département du Sud a été mentionnée par les autorités locales. Les principaux dommages identifiées pendant les visites de terrain ont été provoqué par les vents forts et pluies qui ont touché les lignes et poteaux électriques ainsi que certains circuits électriques urbains. Zone Description Montant (Gdes) Montant (US$) Sud Est Réhabilitation du circuit électrique à Cayes-Jacmel 500.000,00 13.513 (Dean) Tous Les informations concernant les dommages aux département systèmes de génération et aux réseaux de distribution N/D N/D s (Noël) n’ont pu être obtenues de la part de EDH. Total 500.000 13.513 Source : Système National de Gestion des Risques et des Désastres - Centre d’Opération d’Urgence National (COUN) Infrastructures liées aux rivières, berges et canaux Les fortes pluies et inondations ont causé des dommages importants aux infrastructures liées aux lits des rivières et aux berges, à savoir : destructions de gabionnages (voir photo cicontre), accumulations de pierres, éboulements, effondrements de berges, déviations de cours d’eau. Dans le département de l’Ouest, le secteur du lac Azuei a été fortement touché du fait de débordements et dommages provoqués dans les environs du lac (rivières, berges et système d’eau potable) mais il a été très difficile au moment de la mission de quantifier le montant des dommages. L’analyse menée par la mission de la CEPALC a permis de relever deux types d’informations : Une estimation des montants des dommages Désastre Noël Dean et Noël Total Départements Sud, Grande Anse Nippes, Sud Est Ouest Types de dommages Réhabilitations, déblaiements, réparations de berges, assainissement de villes Lac Azuei : curage de canal, déblayage Montant (Gdes) Montant (US$) 24.775.880 670.000 N/D N/D 24.775.880 670.000 Sources : Système National de Gestion des Risques et des Désastres – Comité départemental de protection civile du département de l’Ouest 50 Pour le département de l’Ouest, une estimation des montants qui couvre à la fois les dommages mais également et surtout les coûts d’actions de prévention identifiés par les autorités départementales de l’Ouest suite au passage de Noël (Système National de Gestion des Risques et des Désastres – Comité départemental de protection civile du département de l’Ouest). COUT DE RECONSTRUCTION ET D'ACTIONS DE PREVENTION En plus des dommages recensés, les autorités du département de l’Ouest ont estimé un coût total estimé pour la reconstruction et la réalisation d’actions de préventions liées aux rivières et berges. Désastre Noël Total Départements Ouest Types de dommages - Curages canaux, gabionnages, redressement de berges Montant (Gdes) 315.230.000 Montant (US$) 8.519.729 315.230.000 8.519.729 51 Effets environnementaux L’Environnement dans les désastres de 2007 en Haïti Introduction La situation catastrophique de l’environnement haïtien d’aujourd’hui est fortement liée à la crise des petites exploitations agricoles, l’urbanisation anarchique, la forte pression sur les ressources naturelles, le déboisement des bassin versants et la déficience du cadre institutionnel et légal. Cette situation s’est aggravée à cause des désastres naturels du 2007, en particulier le Cyclone Dean et la Tempête Noël. L’environnement en Haïti reflète pour une bonne part les problèmes structurels auxquels fait face l’immense majorité de sa population. En effet, Haïti est un pays en situation d’extrême vulnérabilité face aux aléas naturels, et en proie à de croissantes menaces complexes, fruit de l’interaction entre menaces naturelles aggravées par la dégradation de l’environnement, les taux très élevés de pauvreté et de vulnérabilité sociale de sa population et des problèmes de gouvernance et de nonmaîtrise de l’espace rural et urbain. Le pays est confronté à une dégradation accélérée de ses ressources en eau, tant du point de vue de sa quantité que de sa qualité. Cette crise nationale de l’eau se doit d’une part à une inégale desserte des services en eau avec 56% de la population n’en ayant accès. D’autre part, une dégradation accélérée des ressources hydriques due à une exploitation anarchique contribue aux pénuries et à la contamination croissantes. Les besoins d’énergie primaire en Haïti sont relativement réduits, mais à haute teneur en biomasse – 72% provient du bois. L’utilisation de charbon de bois comme ressource principale énergétique est une des causes principales du déboisement et par conséquence de la dégradation des terres et des ressources en eau en Haïti. Les pressions exercées sur les ressources naturelles restantes sont extrêmes, aggravées par le flou du cadre institutionnel et régulateur national et local, et contribuent à une dégradation accélérée des aires protégées et des forets. Les taux alarmant de déboisement mènent à des processus d’érosion accélérés des sols et de sédimentation des cours d’eau. A ceci s’ajoute l’inexistence d’un mécanisme d’appui et de coordination nationale de lutte contre la dégradation des terres et de protection de la biodiversité. Le cadre stratégique principal en matière d’environnement en Haïti est le Plan d’Action pour l’Environnement en Haïti (PAE) promulgué en 1999 par le Gouvernement d’Haïti. Résultat d’un processus soutenu de participation inter-sectorielle et de la société civile, le PAE offre un cadre stratégique d’actions qui fixe pour les quinze (15) années à venir les enjeux à résoudre et les mesures à promouvoir en matière de renforcement du cadre institutionnel, de développement d’instruments juridiques et économiques et de lutte contre les risques de désastres naturels découlant d’une dégradation accélérée des ressources naturelles dans le pays. Les objectifs de CCI cherchent à créer les conditions pour augmenter la sécurité et réduire la vulnérabilité des populations rurales et urbaines en Haïti. Considérés séparément, ces objectifs butent contre l´absence des politiques et stratégies nationales cohérentes qui pourraient permettre une meilleure coordination locale pour la mobilisation et l’optimisation des ressources humaines et financières. C´est pour cela que bon nombre d´initiatives et de programmes n´ont pu aboutir, et cela 52 constitue un écueil à éviter. La stratégie proposée par le CCI met l´accent sur un renforcement des capacités communales en matière de gestion environnementale, tout en créant les mécanismes d’articulation avec les instances nationales compétentes. En particulier pour l’objectif de la gestion durable des ressources naturelles, il est clair que cette articulation passe par la création d´une plateforme inter-institutionnelle, qui formerait partie intégrante du mécanisme de planification/mobilisation du CCI en matière d´énergie et environnement. Les interventions prioritaires du gouvernement identifiées au cours des consultations de l’équipe de CCI avec des partenaires nationaux touchent les trois objectifs principaux dont les activités pour les atteindre sont indiquées. 1. Promouvoir la substitution de bois et du charbon de bois dans les foyers urbains et dans les PME par l’utilisation de combustibles de remplacement et la promotion des énergies nouvelles: • • • • Conversion de 30,000 ménages urbains au GPL et au kérosène ; Conversion au diesel ou au GPL de 1,000 entreprises qui utilisent le bois comme combustible; Promotion d’énergies nouvelles (solaires et éoliennes) pour le renforcement institutionnel et l’accès des populations pauvres aux services énergétiques ; Amélioration de l’offre de bois-énergie et la production à haute intensité de main d’œuvre de bois de feu. 2. Lutte contre la dégradation des terres et des ressources naturelles vitales : • • • Etablissement d’un mécanisme national de planification et d’exécution de conservation des terres et des ressources naturelles ; Renforcement du Système National d’Aires Protégées ; Formation et encadrement de conseillers municipaux pour la gestion de l’environnement ; 3. Gestion durable et intégrée des risques de désastres par la mise en oeuvre du PNGRD (Plan National de Gestion des Risques et des Désastres) : • • • Renforcement institutionnel de la Direction de la Protection Civile (DPC) et du Secrétariat Permanent de Gestion des Risques et des Désastres (SPGRD) ; Mise en place de Systèmes d'Information pour l'identification et le suivi des risques de désastres ; Gestion locale des risques ; Un certain nombre de thèmes transversaux a été aussi identifié et reçoivent une attention particulière dans la mise en oeuvre des activités proposées. Il s’agit notamment des aspects du genre (l’accès des ménages «mono parental » en particulier ceux dirigés par des femmes, aux programmes de conversion au GPL ou au kérosène sera facilité; une considération particulière sera accordée à la réhabilitation de parcelles dégradées appartenant à des femmes), de la création d’emplois (l’accès des PME aux programmes de crédit pour la promotion de l’utilisation de combustibles de remplacement au bois et charbon de bois favorisera le développement de nouvelles entreprises, en particulier des briqueteries; des emplois seront crées tout au long du processus de mise en œuvre: préparation de pépinières, mise en terre de plantules, travaux de conservation de sols, mitigation structurelle, etc.) et de la culture (les habitudes, les tabous, les croyances populaires ou toutes autres valeurs culturelles locales seront pris en compte en encourageant et en facilitant la participation de la population à toutes les étapes). 53 Désastres naturels 2007 En général on peut dire que les éventements catastrophiques q‘on a évalué n’ont pas causé des dommages importants dans un environnement naturel déjà`très dégradé. Le Cyclone Dean et la Tempête Noël ont effectivement vu aggravé ces effets négatifs à cause de la situation de l’environnement dans les zones touchées. Mais on ne peut pas dire qu’ont été la cause de cette situation. En effet, les dommages subis para l’infrastructure routière, les oeuvres pour contrôler les bassins versants o les oeuvres pour gérer le bord côtier, très affectées par ces événements, ont ses origines dans un procès de déforestation/érosion de longue datte, surtout dans les zones hautes des bassin versants. Pour cela n’est pas possible de donner des chiffres qui soient précises sur les dommages proprement environnementaux, mais seulement par rapport aux problèmes d’infrastructure ou assainissement. En ce qui concerne le secteur environnement proprement dit, les zones protégés (parcs nationales, réserves naturelles, etc.) ont subi quelques dommages plutôt marginales, et ils n’ont été pas évalués financièrement. Les types de dégâts provoqués para les désastres et associés a l’environnement sont les suivants : • • • • • • • • • Pollution des eaux (turbidité, corps étrangers, cadavres, excréta, etc.) État des bassins versants Présence de déchets et d’excréta dans les espaces publics et les périmètres des sources Eau et assainissement Affectation de la végétation et de la flore Épandage de déchets biologiques et toxiques par les eaux (déchets d’hôpitaux, cadavres, etc.) Dégradation des paysages et des écosystèmes Effets sur les sols Sédimentation des plans d’eau, deltas, etc. Cyclone Dean - Actions immédiates Le Système National de Gestion des Risques et des Désastres, Centre d’Opération d’Urgence National (COUN) a élaboré un rapport sur ce catastrophe. Deux volets de ce rapport ont une composante environnement, mais il s’agit fondamentalement d’actions en ce qui concerne : • • Infrastructures et services publics : rivières, routes, circuits électriques et ponts. Montant estimé des dégâts : G.56.750.000,00 Santé - eau potable et assainissement : eau potable, traitement des eaux usés, évacuation de déchets. Montant estimés des dégâts : G.18.296.000,00 Passage de la Tempête Noël sur la République d’Haïti du 28 au 30 octobre 2007. Le Système National de Gestion des Risques et des Désastres a élaboré un rapport. Deux volets de ce rapport ont une composante environnement, mais il s’agit fondamentalement d’actions en ce qui concerne : 54 • • Infrastructures : routes, ponts, drains transversaux, rivières, nettoyage des villes. Total estimé des dégâts : G.125.000.000,00 Santé- eau potable et assainissement : systèmes d’adduction d’eau potable, traitement de l’eau, construction et réparation de latrines, collecte et évacuation des déchets, traitement de réservoirs d’eau. Total estimé des dégâts : G.32.000.000,00 Le gouvernement a déjà constitué une commission interministérielle pour l’élaboration du programme de réhabilitation. Les objectifs principaux de ce programme sont de : • • • Remettre en état les infrastructures routières, scolaires, agricoles et sanitaires ; Protéger le cheptel animal à travers une campagne intensive de vaccination ; Relancer la production agricole. Le programme mis sur pied par le gouvernement couvre les neuf départements du pays. Toutefois un accent particulier sera mis sur les départements les plus affectés par la tempête Noël c'est-à-dire le Sud, le Sud-Est, l’Ouest, les Nippes, la Grand-Anse et l’Artibonite. L’Haïti souffre de une façon récurrente les embats de phénomènes naturelles lesquels ont des caractéristiques extrêmement destructives. Les tourments tropicales que occurrent entre les mois d’août et octobre ont été de plus en plus fréquents, avec pertes de vies et de ressources matériels. Selon les rapports de Nations Unies, ceci pourrait être lié aux changements climatiques provoqués para l’activité économique au long du planète. Il le sera au futur de toute manière. Les forêts, les zones côtières, les montagnes, les vallées, ont été affectés para les inondations, les vents et les vagues marines. Le cas de Noël est d’un coté typique, mais d’autre plus virulent que jamais. À part les effets provoqués qui on coûté des vies humains et dégradation des atouts économiques des pays touchés para las ouragans récents, ces événements naturelles extrêmes ont affecté négativement, aussi, le patrimoine naturel. Les dommages associés a l’environnement peuvent provenir de changements négatifs dans l’offre de ses capacités, ou bien à cause de l’incapacité temporaire o permanente pour utiliser les ressources L’état de l’environnement a été une de causes principales de l’intensité des dégâts provoqués par les événements catastrophiques de l’année 2007 dans le pays. Les niveaux de dégradation des sols dus à : a) la déforestation historique, b) l’érosion provoqué par des pratiques agricoles non soutenables et l’élevage de bétail dans des zones fragiles, et c) la dégradation des bassin versants, peuvent être considérés comme un aspect clé au moment de évaluer les dommages des ces désastres-là. Les principaux problèmes en matière d’infrastructure ayant une relation avec la dégradation de l’environnement correspondent à : • • • • • • Bassins versants (défoncement de rivières, déboisement de montagnes, inondations, établissements humains dans des zones de haut risque) Irrigation (dommages aux canaux, pollution) Eau potable (dommages et destruction partielle de tubes/sources, puits salés, contamination) Assainissement (dispersion d’ordures, contamination fécale) Energie – Electricité (coupures, manque d’énergie électrique, centrales thermiques endommagées) Transport (baisse dans la qualité des chemins, destruction de ponts et ravines, insuffisant transport publique 55 Dans telle perspective, il est un facteur de confusion associer la dégradation environnemental aux désastres en soi. Même si l’état de l’environnement a été empiré par le cyclone Dean, les grands pluies d’octobre et la tempête Noël, on ne peut pas dire que les causes sont là. Mais les dégâts associés à la destruction ou l’affectation de : a) l’infrastructure routière et hydrique, b) la agriculture et la pêche et c) les aspects socioéconomiques, peuvent être considérés comme la conséquence d’un environnement dont la dégradation a joué un rôle de catalyseur. La dégradation de l’environnement est en conséquence un facteur de exacerbation de la vulnérabilité du pays face aux désastres naturels. On a constaté un consensus entre les représentants locaux que le problème de l’environnement est fondamental pour expliquer la profondeur des dommages dus aux désastres de l’année 2007. Même si quelques campagnes de création de conscience sont en cours, on constate aussi une réponse faible de la part de la population. Il y a des Maires qui ont reconnu des difficultés pour empêcher la fabrication de charbon, due a la pauvreté des gens que pratiquent cette activité. Mais d’autres ont assuré qu’ils appliquent des amandes et même la prison pour ce qui sont identifiés comme destructeurs des arbres. Dans ce contexte, la question de l’environnement est dans le coeur même de la problématique territoriale du Département Sud, mais ceci se répète dans plusieurs Départements. On considère que les problèmes principaux sont les suivants : • • • • • • Déboisement (pour la fabrication de charbon, pour l’expansion de terres agricoles) Contamination des eaux (ordures, déchets humains) Déchets solides (dispersion, blocage des canaux et ravines, odeurs, vecteurs) Erosion de sols (élevage, déboisement) Plages pollués ou endommagés Ecosystèmes fragiles (mangroves, bassins versants) La plupart de ces effets sont difficiles à évaluer économiquement. Mais ils font partie des dégâts dans le domaine de l’infrastructure et l’activité productive comme on montre en ce qui suit. Infrastructure et Environnement Les dommages dans l’infrastructure on étés considéré comme le problème principal par la plupart des Maires et Délégués des Départements affectés. En général on pense que les événements ont causé des dégâts importants sur plusieurs travaux de construction/amélioration de l’infrastructure (gavions, routes, irrigation). Les résultats ont été des inondations dont les effets ont finalement tombé sur la population. En ce qui concerne l’action du Gouvernement, la réponse aux dommages au niveau environnemental se retrouve inclus dans les regroupements : infrastructure et services publics, santé - eau potable et assainissement, agriculture - élevage et pêche. 20 Les besoins d’action pour faire face aux pertes dans ce domaine ont été estimés dans la même source selon le tableau suivant : 20 Système National de Gestion des Risques et des Désastres Centre d’Opération d’Urgence National (COUN), Cyclone Dean - Actions immédiates, novembre 2007. 56 Départements Sud Est Sud -G Anse Nippes Ouest Nord Ouest Actions à entreprendre Curage de la rivière Peredo, Ti Pine (Bainet) Construction de murs de protection et de brises lames Réhabilitation du tronçon de route Cayes Jacmel- Marigot Réhabilitation du tronçon de route Bainet – Côtes de Fer Réhabilitation du circuit électrique à Cayes Jacmel Réhabilitation de la route : Les Irois-Tiburon Protection de la rivière serpent Curage du Pont Morel et de la rivière Rouyonne – (Pelle mécanique – dozer, carburant) Curage de la rivière blanche Intervention Toman – Fonds Verrettes Curage de la rivière des Barres et de cinq (5) autres cours d’eau TOTAL Coût estimatif G. 30,000,000 G. 500,000 G. 1,500,000 G. 1,200,000 G. 300,000 G. 500,000 G. 22,000,00 G. 750,000 G. 56,750,000 Ces valeurs sous-estiment en partie les dommages subis par l’infrastructure. D’autre part, il y a des travaux en cours non terminés qui pourrait être la cause des dommages futurs, en particulier en ce qui concerne : a) le nettoyage des lits des rivières, b) la destruction partielle de gavions, et c) la manque des solutions à plusieurs situations de mauvaise gestion de bassins versants. La plupart de dégâts sont des dommages chiffrés sous la forme de projets de récupération. Plusieurs sont sous-estimés, comme les calculs faits après Nöel pour le Département du Sud en ce qui concerne les besoins d’intervention en matière d’environnement et infrastructure. 21 Les estimations faites durant les visites au Département Sud permettent ajouter une valeur pour les dommages en eau potable. DOMAINE D’INTERVENTION ENVIRONNEMENT INFRASTRUCTURES ROUTIERES EAU POTABLE TOTAL MONTANT (Gdes) 600, 567,550 188, 214,000 150,155,760 938, 937,310 Il faut mentionner que les montagnes autour de la Plaine de Cayes ont subi des processus de déforestation sévères qui menacent l’agriculture. La fabrication de charbon continue (des fumées visibles), même s’il paraître avoir une diminution selon les représentants locales. Dans la côte ouest du Département il a la destruction de ce qui reste de mangrove pour faire du charbon, menaçant la faune existante (plusieurs types des oiseaux, reptiles et poissons). Transformation des écosystèmes Dans la section communale de Fond Icaque, Département Grande Anse, un plan d’eau d’une superficie supérieure à 200 carreaux a émergé entre le 31 Octobre et le 20 novembre 2007 du aux grandes pluies. La création du lac est un fait conjoncturel qui a un soubassement structurel. Ce 21 Département du Sud, Mission d’évaluation post Noël et de formulation d’idées de projets prioritaires de réduction de la vulnérabilité, novembre 2007 57 versant du Massif de la Hotte est connu pour présenter des formations karstiques. L’eau pénètre à travers des fissures dans le sous sol et alimente des caves. Si les caves en viennent a être complément remplies, l’eau par capillarité peut remonter en surface. D’après les informations obtenues la quantité d’eau tombé sur les localités prochaines est impressionnante. Le site en question était traditionnellement un lagon où se pratiquait la production rizicole ainsi que l’élevage. Il a préalablement connu d’autres épisodes précédents mais sans pour autant qu’ils soient aussi sévères que celui-ci. L’inondation la plus importante qui a été relaté date de 1963 lors du passage du cyclone Hazel. On peut dire qu’il s’agit d’un évènement extraordinaire ayant une récurrence de 45 à 50 ans mais ce serait allé vite en besogne. En effet en raison des changements climatiques qui doivent venir, il se pourrait bien que des incidents comme celui de la tempête Noël deviennent plus fréquents. Le fait lui-même va avoir des conséquences. Ces conséquences peuvent avoir des impacts à plusieurs niveaux : niveau agricole et alimentaire, niveau social et humain, niveau sanitaire et économique. 22 Impact agricole et alimentaire : On a évalué la surface inondée en terres agricoles à plus de 200 carreaux fournissant une production par carreau de 2.5 TM d’équivalentes céréales. Près de 5 000 personnes vont être affectées par une situation d’insécurité alimentaire, partielle ou totale. Impact social et humain : Si au cours de l’émergence du lac de Fonds Icaque, il n’y a pas eu perte en vies humaines. Il n’en est pas moins vrai que l’on signale d’importants dégâts matériels. En effet 80 résidences paysannes ont été détruites et les familles sinistrées ont été contraintes de trouver asile chez des parents et amis. Impact sanitaire et économique : L’émergence de cette nappe d’eau va probablement multiplier les cas de maladies d’origine hydrique. Il faut s’attendre à la multiplication des cas de malaria et de typhoïde. Cette situation va avoir des incidences économiques graves pour une population qui fait face à une très forte précarité. Dégradation générale de l’environnement : Il y a une couverture végétale encore dans cette partie du pays. Toutefois il parait évident que le commerce du charbon de bois constitue une activité économique importante. Ce commerce contribue à une coupe intensive à un déboisement anarchique et à une réduction considérable du capital ligneux. Il y a grand danger pour l’environnement de la Grande Anse et il faut que quelque chose soit fait pour rompre ce cycle de la destruction environnementale, d’autant qu’à l’avenir les pluies diluviennes dans cette nature pourraient devenir plus fréquentent. Le Ministère de l’Environnement a insisté sur la politique adopté par la Mairie qui réclame une taxation sur le charbon de bois. Inondations dans l’Ouest Après le passage du cyclone DEAN en aout 2007, un fond froid s’installa sur le pays au début du mois de septembre, lequel a occasionné plus d’une semaine de pluies diluviennes, qui ont mis en crue les principales rivières du Département de l’Ouest. Dont la rivière Bretelle. Ce qui a provoqué l’inondation de la commune de Cabaret. Sans oublier les dévastations enregistrées à Zorangé et Ti fon, localités frontalières des communes de Croix des bouquets et Cabaret ou se situent des cours d’eau alimentant cette rivière. 22 Ministère de l’Environnement, Rapport de mission sur la formation du lac de corail, Grande Anse, novembre 2007. 58 Dans l’après midi du 10 octobre 2007 alors qu’ il tombait une pluie fine, la commune de Cabaret est inondée par la rivière Bretelle causant la mort de 29 personnes, détruisant des hectares de plantations de bananes et maniocs, laissant sans abris près de 1159 familles, et les infrastructures saccagées. 23 Les dommages principaux correspondent a l’infrastructure, en particulier routes defoncées ou chargées d’alluvions, lit de la rivière Bretelle comblé et berges détruites, et gabionnages emportés. Coté agriculture et élevage, 60% de plantations de bananes, canne à sucre et manioc étaient dévastées, et les pertes de bétails étaient considérables. Les interventions à court ou à moyen terme proposées sont : • • • • • • • Réparation de la chaussée des voies intérieures de la ville de Cabaret Nettoyage et assainissement de la ville Travaux de correction et de curage au niveau de la rivière Bretelle Désaffectation des quartiers avoisinants la rivière Bretelle Relogement de la population des zones a risques Programme de santé au niveau de toute la commune Recapitalisation du secteur agricole, 80% des plantations détruites. Pour le Département de l’Ouest il existe des problèmes d’assainissement et de drainage dans toutes les communes affectées mais particulièrement dans les communes Thomazeau, de Ganthier, Cornillon, Arcahaie et cité Soleil, où l’eau stagne encore dans les rues et les maisons. Pour la région métropolitaine la CAMEP a fait savoir que ses principales sources et bassins de distribution ne sont pas atteints, malheureusement il n’en est pas de même pour la commune de Léogâne où la source Mme Verguier qui alimente la ville a été fortement endommagée. Pour les autres communes les populations des zones rurales s’approvisionnent directement à partir de sources et de plans d’eau qui pour le moment sont polluées à cause de la problématique des latrines. Environ 30 sources méritent d’être nettoyées et entretenues. 24 Les routes reliant le département de l’Ouest aux autres départements ou reliant les communes à partir des 3 nationales du pays n’ont pas subi de grands dommages par la tempête Noël à part des dépôts de sédiments qui ont rendu inaccessible la traversée du coté de Grand Goâve, de l’Arcahaie et de St Etienne. Cependant certaines sections communales et localités sur Cornillon et Thomazeau demeurent jusqu’à présent enclavées à cause du mauvais état des routes. Environ 350 km de routes secondaires et tertiaires méritent une réhabilitation sur l’ensemble du département. Environ 10 km sur Thomazeau, 53 km sur Cornillon. Ces tronçons de route en terre battue après les pluies diluviennes d’octobre et maintenant celles causées par le passage de Noël deviennent carrément impraticables. Il y a eu également des cas d’éboulis sur la route de Kenscoff. Toutes les structures d’irrigation placées sur les rivières Grise, Blanche et Momance sont endommagées. Etant des prises sur berge, les crues ont ensablé les prises, les bassins de distribution, et détruit certaines portes placées sur les grands coursiers. Environ 35 km de grands coursiers, 1700 m linéaires de canaux secondaires et tertiaires sur les systèmes Momance, Rouyonne, La Hatte, rivière Grise, rivière blanche ont été également ensablés. Il a aussi été rapporté par le ministère de l’environnement et certains agronomes de la DDAO qui ont survolé la 23 Coordination Départementale de l’Ouest, « Bilan des Inondations d’octobre à Cabaret » Comité Départemental de Protection Civile du Département de l’Ouest, Tempête Tropicale Noël. Bilan des dégâts et estimation des besoins pour le Département de l’Ouest, novembre 2007 24 59 zone de Ti source que le bassin général alimentant la rivière Grise, Blanche et la Rouyonne est dans un état déplorable. La valeur estimé des interventions en travaux publiques dans le Département Ouest, d’après le rapport du Gouvernement, monte à 253,379,600.00 Gds. Pour les bassins versants (appelées actions environnementales), on trouve le montant de 193,500,000 Gds. Montée des eaux du lac Azuei Le lac Azuei, Dlo Gayé, Trou Caïman et Lagon représentent une menace d’inondation pour les communes de Thomazeau et Croix des Bouquets à l’approche de la saison pluvieuse du Département de l’Ouest. Les débordements du lac sont provoqués probablement par l’obstruction du canal d’évacuation de Dlo Gaye. Ce canal traverse toute la plaine du Cul de Sac jusqu'à la mer. 25 Au niveau de ces trois sites il a été constaté que la cuvette naturelle Dlo Gaye longeant les Communes de Ganthier, Croix des Bouquets et Thomazeau a pris de l’espace et est certainement devenue moins profonde à cause des sédiments emportés par les cours d’eau qui l’a alimentée pendant la période cyclonique 2006-2007. Dlo Gayé reçoit les eaux des rivière Binette, Bordes, Dlo Balan, Plastic, Ravine Dadaille, Trou Caïman et de presque toutes les sources et ravines de la plaine du Cul de Sac. Il est parallèle au lac Azuëi. Le niveau de ses eaux est inférieur à celui du lac. Dans le temps, il se déversait dans la mer par le canal de Lafiteau. Entre le lac et Dlo Gayé il y a une passerelle au niveau de la commune à Bois Léger qui permet l’évacuation du lac en cas de trop plein. La détérioration environnementale est devenue critique, d’autres ravines se sont formées au niveau des bassins versants de la Chaine des Matheux. Ses rivières et cours d’eau qui naturellement vont se jeter à Dlo Gayé, ont sur leur trajet eu des brèches qui sont allées vers le lac. La sortie de Dlo Gayé étant obstruée, l’effet contraire se produit : Dlo Gayé se déverse dans le lac. Les localités de la commune de Thomazeau menacées d’inondation sont : Glờ, Tête Souce, Fon chalè, L’îlet, Hat Cadet, Fon de chêne, Fondai, Santo. La population exposée est estimée prés 3 à 5000 personnes, qui seront en difficultés au cas où la montée des eaux à la saison pluvieuse provoquerait une inondation. 25 Direction de la Protection Civile, Comite Départemental de l’Ouest, Compte rendu de la visite d’évaluation du Comité Départemental de l’Ouest de Gestion des Risques et des Désastres sur la remontée des eaux du lac Azuei. 60 Résumé des dommages et pertes : Saison cyclonique 2007 A partir des évaluations sectorielles et de la méthodologie usuelle de CEPALC, la valeur totale des dommages et pertes causées par la saison cyclonique 2007 -Dean et Noël- ainsi que les fortes pluies d’octobre de cette même année s’élève à environ 4,955,648,779 de gourdes, comme il est signalé dans le tableau ci-dessous. Chiffré en dollars ce total équivaut à près de (204,332.2 Millions de dollars). Tableau Haïti : résumé de l’impact économique des désastres de 2007 En gourdes TOTAL Secteurs Productifs Agriculture Cultures Elevage Peche Canaux d´irrigation Industrie et commerce Commerce moyen et gros Petit commerce Tourisme Secteurs Sociaux Logement Santé Education Infrastructure Routiere Basins, canaux et berges Eau et Assainissement Electricité Environnement PIB courant 2006/2007 Dommages 2,197,813,657 173,796,299 159,208,170 39,279,500 114,598,000 5,330,670 8,833,329 4,259,872 4,573,458 5,754,800 866,203,928 835,248,908 1,820,420 29,134,600 557,245,880 165,144,000 340,005,880 51,596,000 500,000 600,567,550 Pertes 2,757,835,122 2,734,770,394 2,712,690,282 2,701,772,624 10,917,658 19,629,621 10,163,239 9,466,382 2,450,490 23,057,061 23,057,061 7,667 7,667 TOTAL 4,955,648,779 2,908,566,693 2,871,898,452 2,701,772,624 39,279,500 125,515,658 5,330,670 28,462,951 14,423,111 14,039,839 8,205,290 889,260,989 835,248,908 24,877,481 29,134,600 557,253,547 165,151,667 340,005,880 51,596,000 500,000 600,567,550 230,166,000,000 2.15% Total dommages et pertes comme % du PIB Source: CEPALC, estimations sur la base de chiffres et rapports officiels, visite de terrain En milliers de dollars, l’impact a un montant de 204.3 millions, 64% desquels sont des dommages et 36% des pertes ou flux affectés. Par secteur tant les pertes comme les dommages ont été concentré sur l’agriculture (99% et 58% respectivement. Dans les secteurs sociaux ça a été la destruction des logement la plus sévère (17% des dommages totales) avec des effets minimales sur les secteurs de santé et education. Dans le domaine de l’infrastructure (11.4% des dommages) c’est la destruction partielle ou l’affectation des canaux, des basin et des berges le plus sévère des effets. 61 IMPACT TOTAL Tourisme 0.16% Petit commerce 0.28% Commerce moyen et gros 0.29% Santé 0.50% Logement 16.76% Education 0.58% Infrastructure 11.18% Environnement 12.05% Industrie et commerce 0.57% Agriculture 57.62% Dommages Environnement 27.22% Industrie et commerce 0.40% Commerce moyen et gros 0.19% Petit commerce Agriculture 0.21% 7.21% Tourisme 0.26% Logement 37.85% Infrastructure 25.25% Education 1.32% Santé 0.08% Dommages et pertes totales Dommages 44% Pertes 56% 62 23,057,061.0 100% 7,667.0 90% 2,450,490.0 80% 70% 19,629,621.3 10,163,239 9,466,382 60% 2,712,690,282.3 866,203,927.9 557,245,880.0 50% 600,567,550 40% 5,754,800.0 30% 20% 8,833,329.5 4,259,872 4,573,458 10% 159,208,170.0 0% Agriculture Industrie et commerce Commerce moyen et gros Petit commerce Dommages Tourisme Secteurs Sociaux Infrastructure Environnement Pertes Les dommages donnent une approximation aux besoins de reconstruction, c’est à dire le montant des investissements nécessaires pour remplacer l’infrastructure et le capital détruit ou endommagé par les cyclones. Les pertes comptabilisés, d’autre part, sont un approximatif des besoins pour la réhabilitation et la récupération des activités, des flux économiques, des revenus, des salaires, des moyens de vie qui ont étés réduits ou perdus par les entreprises, les fournisseurs des services –soit publiques ou privés— et les familles et les personnes. L’investissement fait tant pour la réhabilitation comme dans las reconstruction est très rarement additionnel et –dans des pays avec des déficits préalables—jamais pour le montant total des pertes et besoins. Cela veut dire, d’une part, que les ressources seront soustraites ou réduites des autres investissements pour lesquels elles étés destinés auparavant. D’une autre cela se traduit a une récupération et reconstruction partielle de manière que il restera un brèche sans fermer en terme de pertes et que des ressources additionnels pour la réduction des risques ne se feront mais que partiellement. Cela revient a une fragilité additionnelle dans le développement et la croissance. 63 V. LES EFFETS AU NIVEAU GLOBAL DES DÉGATS 1. Introduction En 2006 l’économie d’Haïti a enregistré à nouveau une variation positive (2,3%) du produit intérieur brut (PIB), ainsi qu’une réduction du taux d’inflation (10,3%, décembre - décembre). Cette performance a été accompagnée d’un assainissement des finances publiques —équilibre budgétaire—, sans financement monétaire de la Banque centrale, et l’économie s’est bénéficiée d’un transfert net de ressources (104 millions de dollars) équivalant à 2,1% du PIB. La normalisation institutionnelle surgie des élections présidentielles, législatives et municipales, qui eurent lieu en 2006 et début 2007, a procuré un cadre de plus grande certitude à la gestion publique, tant à court qu’à moyen terme, ce qui a facilité la mise en oeuvre d’un ensemble d’initiatives. Parmi celles-ci se détachent la réalisation d’une conférence internationale de donateurs (juillet 2006) en Haïti, le lancement de nouveaux programmes et stratégies, notamment, le Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP), visant à affermir les grandes lignes d’un développement durable dans les prochaines années. Cependant, en raison des multiples défis qu’Haïti a traditionnellement affrontés, il est prématuré d’affirmer que la fragile stabilité existant à ce jour puisse garantir l’objectif d’un développement durable. En effet, les demandes de la société civile en matière de justice et plus grande sécurité, le défi de relancer l’économie après une longue période de stagnation (entre 1996 et 2006 la croissance moyenne du PIB a été d’à peine 1,1%, et ce même indicateur par habitant s’est réduit de 0,6%), les retards en matière d’emploi et de protection sociale, ainsi que l’écrasante pauvreté, sont les enjeux les plus pressants. Haïti a la nécessite impérieuse de reprendre le sentier de la croissance. Pendant 10 ans (1996-2006) la croissance de l’économie haïtienne a été d’à peine 1,1% en moyenne, taux inférieur à celui observé dans la variation de la population (1,7%) ce qui, en conséquence, s’est également traduit par une diminution sensible (-0,6%) du PIB par habitant. Cette performance n’est pas insolite puisque pendant les 20 dernières années —depuis 1986— la production du pays a enregistré, de façon persistante, un rendement défavorable. Pour illustrer cette situation on présente dans deux graphiques les résultats d’un exercice purement hypothétique, qui révèle que pendant plus d’un demi-siècle (1950-2006) la performance économique la plus remarquable —avec un taux d’à peine 1,8% en moyenne— a été obtenue pendant la période 1950-1980. 64 Pour reprendre cette voie modeste, il faudrait que le rythme de la croissance de l’économie haïtienne soit de 4,2% en moyenne par an pendant les deux prochaines décades, un taux qui en termes historiques a été enregistré entre 1967-1980 (4,4%). Maintenir cette évolution jusqu’en 2030 entraînerait à son tour un redressement du PIB par habitant —environ 700 dollars—, qui équivaudrait tout juste au niveau de 1980, mais serait le double du niveau actuel (386 dollars). Au-delà de la conjonction d’autres facteurs —investissement, emploi, épargne, par exemple — qui seraient nécessaires pour que ce scénario hypothétique soit réalisable, il faut souligner que, sans aucun doute, un impératif de l’économie haïtienne dans les prochaines décennies sera d’atteindre une croissance soutenue, si le pays aspire à réduire les écarts et les retards tant économiques que sociaux accumulés non seulement pendant les deux dernières décennies, mais de façon constante au cours de son histoire moderne. Parmi les priorités annoncées par les nouvelles autorités haïtiennes figure un ensemble d’objectifs économiques et sociaux à court, moyen et long terme ; ces derniers sont d’une importance primordiale et dans ce cadre d’amples consensus seront nécessaires pour construire une économie plus viable et une nation plus juste : la nécessité impérieuse de reprendre un sentier de croissance en fera partie sans aucun doute. | 4. L’évolution économique observé après les désastres Pour l’année fiscale 2007 le taux de croissance du PIB de 3,2% —légèrement inférieure au pronostic initial du gouvernement (4%), s’explique notamment par des problèmes en matière d’insécurité auxquels le pays a été exposé pendant le premier trimestre (octobre - décembre 2006) et l’incertitude qui régnait encore quant à l’accomplissement des promesses d’accords de coopération internationale et de nouvelles initiatives sur la remise de dettes. Jusqu'à la fin de la année le déficit fiscal a atteint le montant de 1.6% du PIB. L’effet des cyclones en 2007 s’ajoutent a l’effet causé en 2004 par Jeanne, et comme le montre les chiffres et le tableaux suivants, il y a une brèche accumulé de perte tant de croissance comme de production, valeur ajouté et investissement dans l’économie. Total dommages et pertes comme % du PIB Dommages comme % de l´investissement Pertes comme % de la consommation 2.15% 3.45% 1.14% 65 Evolution du Produit Interne Brut et tendance sans désastres 300,000 250,000 200,000 150,000 100,000 50,000 0 2000 2001 2002 2003 2004 PIB après les désastres 2005p 2006p 2007 PIB sans désastres A cause des effets surtout sur la production agricole, il y eu une hausse de prix (voir graphes suivants) avec des effets sociaux et sur la pauvreté. VARIATION DES PRIX PAR MOIS Alimentation. Boissons et Tabac Taux d'Inflation (Mensuel) 2 2.5 2 1.5 1.5 Taux en % 1 1 0.5 0.5 Ja n ec em br e D N ov em br e br e ct ob re O Ao ut Ju ille t ai Ju in M Av ril ar s M Se pt em -0.5 -0.5 Fe b Ja n e Ja n ec em br 0 D N ov em br e br e ct ob re O Ao ut Se pt em Ju ille t ai M Ju in ar s Av ril M Ja n Fe b 0 -1 -1 Mois -1.5 Cela ne fait que confirmer une foi de plus que la pauvreté accrue et les indices de développement se lient a la vulnérabilité environnementale, comme a été mis en évidence par le rapport du développement humain de 2004. 26 26 Le paramètre technique qui semble correspondre le plus à l’énoncé du concept est le temps de concentration (TC). Le TC est le temps que met une goutte de pluie pour arriver au point le plus bas du bassin versant en partant du point le plus haut. TC fait intervenir tous les facteurs utilisés dans l’équation universelle de perte de sols de Wirsmaier (pluie, pente, cultures, pratiques de conservation, etc.). Mais il faut le calculer avec des données réelles. Tous les bassins versants n’ont pas le même TC. Le TC permet, entre autres, de dimensionner les ouvrages d’art en tenant compte de leur durée de vie. (PNUD, Rapport National de Développement Humain, Haïti 2005. 66 VI. STRATÉGIES ET PRIORITÉS DE RECONSTRUCTION RECOMMANDATIONS ET OBSERVATIONS POUR L’AMELIORATION DE LA PREVENTION ET LA RECONSTRUCTION On sait bien que les désastres représentent, d’une part un fardeau sur le processus de développement et renforcent les conditions négatives associées à la pauvreté et à la marginalisation: retard en matière de croissance économique, perte de capital physique et social, ralentissement dans l’atteinte des Objectifs du Millénaire. Les statistiques nous prouvent -dans les mondes entier- que les désastres sont de plus en plus nombreux, plus sévères, plus coûteux. Il faut évidemment se demander quelles en sont les causes. Dans le cas particulier d´Haïti, comme il est bien connu de tous, la dégradation environnementale associée à la pauvreté extrême augmente la vulnérabilité face aux désastres même quand ils ne sont pas de nature extrême. Cela est d’autant plus grave, dans une vision de long terme, si l’on tient compte des effets qu´on peut prévoir du changement climatique. L´histoire climatique d´Haïti fait preuve de ces menaces, mais surtout du niveau de vulnérabilité plus élevée dans la région (moindre résilience et une très faible capacité de réponse). Les événements qui ont frappé Haïti en 2007 (cyclone Dean, fortes pluies en octobre et la tempête Noël) ont touché une grande partie du pays, mais surtout les secteurs les plus vulnérables, les plus démunis, les plus pauvres de la population, en particulier dans les département du Sud, Sudest, Grande Anse, Nippes et Ouest, que nous avons pu visiter. Notre mission, avec la coopération des institutions sectorielles et départementales haïtiennes, vient de chiffrer ces effets –en terme de dommages et pertes-. Les résultats préliminaires montrent que les dommages sont renforcés par de complexes interactions assez bien connues dans le pays : déforestation associée à la pauvreté, réduction de la capacité des bassins versants et obstruction des canaux de drainage, pauvreté et dégradation environnementale à l’origine de la perte de sols qui réduisent les rendements agricoles et la capacité de production et la compétitivité ainsi que la sécurité alimentaire, pollution et manque d´aménagement appropriés des déchets et des détritus. La réduction des risques et une conduite plus engagée sur l´environnement nous concernent tous. Ce n´est pas seulement le manque d´investissement de la part de l´état, la gestion du risque et la réduction des dommages et des pertes doivent être un objectif et un effort de la société toute entière, même au niveau de chaque individu. La mesure des dégâts met en évidence le coût - bénéfice de la prévention et l´investissement en gestion du risque. Haïti en 2007 a réduit le nombre de morts suite aux désastres, mais les dommages estimés renforcent notre conviction qu´il faut des projets de mitigation des risques intégrés aux projets d´adaptation au changement climatique associés et l’atteinte des Objectifs du Millénaire. Le redressement des pertes environnementales en termes de déboisement, utilisation des déchets, récupération des ravines et des basins versants ne pourront pas se faire sans valoriser, en termes de biens et services que l´environnement peut rendre et qui aient une revenu pour les individus et la société. Ce ne sera pas seulement avec les normes et les régulations que cela se fera, c´est par la création des appuis et la promotion de projets de réduction de la pauvreté associés à la mitigation, afin de promouvoir la participation à des marchés naissants et nouveaux dans une vision intégrale du développement durable, plus équitable et rapide. 67 Dans ce cercle vicieux de destruction environnementale et risque agrandi, de manque de stratégie de investissement social et privé pour gérer le risque, la responsabilité sociale doit être renforcée : 1. Reconnaître comme individus et comme société ces menaces et ces vulnérabilités qui se convertissent en désastres, et investir, comme partie intégrale de la réduction de la pauvreté, dans la réduction de l´exposition aux catastrophes. 2. Reconnaître que c´est une tache multidisciplinaire, interinstitutionnelle et qui va du niveau local jusqu´au gouvernement national, ainsi que la coopération avec les pays voisins (cas dramatiquement clair dans le basin de l´Artibonite et maintenant dans le Lac Azuei) et l´appui des initiatives régionales des Caraïbes et d´autres pays en voie de développement, dans les négociations et organisations internationales, particulièrement la Stratégie Internationale pour la Réduction des Désastres, les négociations sur le changement climatique inities à Bali, et même dans l´Organisation Mondiale du Commerce. 3. Finalement envisager les désastres comme une opportunité de promouvoir un développement durable et renforcer les capacités techniques et culturelles Haïti. Il convient de rappeler que des considérations semblables ont été faites dans les conclusions et recommandations faites lors de l’évaluation du cyclone Jeanne en 2004 27 VERS UNE POLITIQUE DE REDUCTION ET TRANSFERT DU RISQUE Les désastres, en tant qu’opportunités pour l’action, mettent l’accent sur l’urgence humanitaire endémique d’Haïti, qui l’empêche d’atteindre un processus de développement durable de réduction de la pauvreté, de satisfaction aux besoins essentiels de la population et de compétitivité sur le plan commercial. L’inégalité croissante, la pauvreté continue, la décapitalisation des entreprises et de l’état ne sont que soulignes par les pluies torrentielles qui ont affecte le pays. Face a la tragédie humaine vécue –plus de quatre milles morts suite aux désastres, et des effets économiques relativement moindres vu les besoins existant au préalable- Fonds Verrettes et le sud-est en mai, l’Artibonite et le nord-ouest en septembre, offrent une opportunité d’agir de façon différente, de trouver la volonté dans les communautés affectées, de traverser les divisions entre les différents acteurs politiques et économiques dans le but concret de reconstruire, en améliorent, leur cadre de vie et leur sort. Un mouvement solidaire vers la reconstruction, sans lequel la situation critique ne peut qu’empirer. La stratégie pour réduire la pauvreté peut bien se réorienter après le passage de Jeanne, ouvrant le chemin a un processus plus dynamique et moins inégal. Les besoins poses par Jeanne, au delà de l’urgence et l’aide humanitaire mettent l’attention sur les liens entre la gestion du désastre a la réhabilitation environnementale, les défis économiques et sociaux dans un cadre de développement durable. Même si la réalité socioéconomique pressente rend difficile de séparer les besoins d’aide humanitaire des conditions pour un processus de développement l’évaluation chiffre du désastre peut aider a changer l’accent de l’aide humanitaire faite par la communauté internationale a travers les coopérants internationaux et les ONG vers la planification conjointe pour le développement a moyen et long terme pour restituer le patrimoine économique, social et politique très affectes –non pas en premier lieu par le désastres mais par les conditions préalables—en mettant l’accent sur des actions très concrètes et pratiques a court terme pouvant déclencher des synergies vers l’étape subséquente pour reprendre l’agenda du développement. Cela pose le défi à la communauté internationale et aux bailleurs de gérer leurs efforts et projets de façon a ce que la participation des acteurs locaux soit assurée pour commencer le transfert de 27 LC/MEX/L648, LC/CAR/L27 68 VERS UNE POLITIQUE DE REDUCTION ET TRANSFERT DU RISQUE la responsabilité du processus aux haïtiens. Pour ce, les conditions politiques mais surtout l’armature (la charpente) institutionnelle et la gouvernance, en tant que procédures claires et responsabilité des actions, sont essentielles. Des actions débranchées des agents externes, des bailleurs, du secteur prive, de la société civile et du gouvernement, même si bien intentionnées n’aboutiront qu’a la continuation de la crise de gouvernance que frappe Haïti depuis de nombreuses années. Au delà du dialogue politique il faut commencer un effort systémique d’action coopératrice entre tous les acteurs et bailleurs. Les effets du cyclone Jeanne en Haïti peuvent contribuer, peut être, à un niveau modeste et local, à cette nouvelle dynamique. Ce ne sont pas les dégâts économiques ni l’effet sur la croissance de l’économie qui font du cyclone Jeanne en Haïti un événement extraordinaire., c’est la possibilité de commencer, d’une façon modeste a partir d’une tragédie qui a frappe le pays et la communauté internationale, a changer l’encadrement des actions pour la reconstruction, et a avancer sur un chemin d’amélioration et de croissance qui ne mène pas aux conditions préalables mais vers une situation plus équitable, tout en ouvrant des opportunités de participation sociale et de récupération environnementale qui réduise la vulnérabilité qui définit la réalité Haïti aujourd’hui. Des suggestions spécifiques après la saison cyclonique 2007 Renforcement des capacités locales La participation et l’engagement des capacités locales grâce à la formation et la mise en place d’outils adéquats doivent être renforcées (en particulier au niveau des mairies et Casecs). Cela peut contribuer à créer un sentiment d’appropriation de a gestion des risques et désastres au niveau local et de plus grande responsabilités des autorités locales. Appuyer l’établissement de lignes de base dans les mairies est un premier pas importants pour pouvoir mesurer et suivre l’évolution de l’impact des désastres (en particulier dans les zones à haut risque) La population a insisté sur le besoin de mettre en place une gestion intégrale des abris provisoires comprenant la construction de nouveaux abris qui soient si possible déjà équipés de matériel de sauvetage et protection civile (lits, équipements de santé etc.). Des centres préexistants pour assistance d’urgence à la population pourraient être mis sur place. Renforcer centre d’opération d’urgence. L’inclusion systématiques de groupes de population sousreprésentés (en particulier les jeunes et les femmes) à tous les stades du cycle de la gestion des risques et désastres : prévention, évaluation et reconstruction devrait être renforcé. Les entretiens menés avec ces groupes ont montré leur très forte volonté d’implication et leur importance en tant que « réservoirs d’idées ». Cela implique aussi capitaliser sur la solidarité naturelle au sein de la communauté. Communications Le renforcement d’un système d’alerte précoce à couverture ample est recommandé pour augmenter la prévention. Un exemple d’intervention proposée est la diffusion de messages SMS aux téléphones portables des usagers (si possible de manière gratuite) afin de fournir des informations en continu aux communes. 69 Commerce, tourisme et industries La mise en place de mécanismes d’assurances et de facilités d’accès au crédit à taux préférentiels seraient des outils importants pour faciliter le redressement et le réinvestissement de petites industries (pour pallier à la destruction de machines et autres dommages) et petits commerces (pour réparer les dégâts des ateliers) en phase la reconstruction. Politique de logement public / Politique d’aménagement du territoire : L’application plus rigoureuse des normes de construction a été recommandée afin de limiter l’actuelle « anarchie » dans la construction et en particulier l’autorisation de construire sur des terrains vulnérables. Des mécanismes de contrôle et d’application des normes pourraient être accrus, de façon simultané avec des cours et de la formation des travailleurs dans le secteur de la construction (maçons, électriciens, plombiers, etc.). Des études de faisabilité et d’impact ex-ante pourraient être réalisées afin de prioriser les investissements (en particulier en infrastructures) compte tenu de la limitation des moyens financiers. Faciliter agglomération des populations pour éviter le dispersement ou l’isolement de population et par conséquent améliorer la possibilité de fournir des services de base avec une plus large couverture dans le contexte des désastres. Suivi social Amélioration des conditions de vie dans les abris et gestion intégrales des abris provisoires. Prise en charge psychosociale des populations affectées (en particulier les plus pauvres). Recensement et enquêtes de suivi auprès des réfugiés et par type de populations pour voir l’évolution des conditions de vie pendant et après les désastres (en particulier pour les populations pauvres et vulnérables). Mise en plan de réadaptation familiale (pour éviter le cercle vicieux de la pauvreté qui est souvent renforcé par les désastres). Prévenir le risque de délinquance et criminalité dû aux mouvements (temporaire ou permanent) de populations de jeunes vers les villes. Santé L’utilisation de latrines produit des risques sanitaires importants (transport de virus). Risque de contagion du VIH-SIDA du à la promiscuité dans les refuges et abris. Aspects transversaux Les aspects de genre devraient faire l’objet d’un renforcement dans la prévention, les évaluations futures et la reconstruction compte tenu de l’importance du rôle des femmes dans l’économie locale et la génération de revenus. Selon des sources locales d’organisations de femmes, 48% des logements ont une femme comme cheffe de foyer.