l`industrialisation et la structure de la famille dans germinal de zola
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l`industrialisation et la structure de la famille dans germinal de zola
1 UNIVERSITE CHAHID CHAMRAN FACULTE DES LETTRES DEPARTEMENT DE FRANÇAIS Mémoire de maîtrise L'INDUSTRIALISATION ET LA STRUCTURE DE LA FAMILLE DANS GERMINAL DE ZOLA Par : MARYAM EYNOLVAND Directeur de recherche : Monsieur le Docteur Nazri-Doust Professeur consultant : Monsieur le Docteur Foroughi Ahvaz, Septembre 2009 2 AU NOM DE DIEU 3 A ma chère famille 4 1885 est l’année, l’année, à la fois, fois, de la mort de Victor Hugo et de l’apparition l’apparition de Germinal. Le vieux bonhomme des Misérables pouvait aller dormir. Sa relève était assurée. Henri Guillemin Présentation des Rougon-Macquart ; p.260 5 REMERCIEMENTS Je tiens à exprimer sincèrement mon immense gratitude à Monsieur le Docteur Nazri-Doust, mon directeur de recherche, qui m'a encouragée toujours au cours du travail et m'a donné des conseils perspicaces. Je voudrais remercier également mon professeur consultant, Monsieur le Docteur Foroughi, qui m'a montré de nouvelles perspectives dans la manière de faire des recherches littéraires. Je profite aussi de cette occasion pour remercier mes autres professeurs du département de Français, surtout Monsieur le Docteur Moussavi et Monsieur le Docteur Gouchégir. 6 Résumé Nom de l’étudiant : Eynolvand Prénom : Maryam Titre du mémoire : L'industrialisation et la structure de la famille dans Germinal de Zola Directeur de recherche : Dr. Masud Nazri-Doust Professeur consultant : Dr. Hassan Foroughi Niveau d’études : Maîtrise Discipline : Langue et littérature Françaises Spécialité : Littérature Université : Shahid Chamran Faculté : Lettres et sciences humaines Nombre de pages : 104 Date de soutenance : Septembre 2009 Mots clés : Germinal, industrialisation, prolétariat, bourgeoisie, injustice sociale, révolte. Résumé : Germinal est fondé sur la connaissance approfondie d’Emile Zola du monde du travail et des problèmes posés par la société industrielle dans la France du XIXe siècle. La plus grande influence de l’industrialisation est sur la famille des ouvriers. Le mineur est un être écrasé. Il a beaucoup de problème dans sa vie. Le problème des mineurs est celui de trouver de quoi manger et l'obsession de la nourriture et du logement. Un mineur est quelqu’un qui est au fond d’un véritable enfer et dans ce roman, il est souvent appelé par le narrateur un « meurt-de-faim ». Les conséquences de l’industrialisation ne sont pas seulement matérielles, mais leurs résultats moraux et culturels sont plus remarquables. La misère prépare pour les mineurs de Germinal la corruption et le déclin des principes moraux. La misère matérielle et morale fait des mineurs des résistants contre le pouvoir des directeurs des mines. La grève est un échec. En effet, des familles déstructurées sont des vérités oppressantes d’une société industrielle au XIXe siècle. 7 TABLE DES MATIERES INTRODUCTION………..…………….…….……………..…........8 CHAPITRE I : LA CONDITION DE VIE ET DE TRAVAIL 1.1 Condition de vie des mineurs…………………………… ………13 1.1.1 Logement des mineurs………………………………... 14 1.1.2 Nourriture des mineurs………………………………. 18 1.2 Condition de travail……………………………………………...24 1.2.1 Salaire des mineurs…………………………………… 29 1.2.2 Le travail des femmes et des enfants………………… 34 CHAPITRE II : LE PROBLEM DE LA MORALE 2.1 La croyance religieuse …………………………………. ….41 2.2 La corruption des mœurs ……………................................. 45 2.3 Les enfants délinquants……………………………………..55 CHAPITRE III : LA LUTTE DU CAPITAL ET DES MINEURS 3.1 L’antagonisme entre les deux classes……………………..68 3.2 La révolte des mineurs…………………… ……………….79 image deux3.3 Les images de la violence…………………………………..85 3.4 Echec de la grève…………………………………………...90 CONCLUSION………....…………………………………………94 BIBLIOGRAPHIE........................................................…..............100 INTRODUCTION 8 Intellectuel engagé, grand polémiste, écrivain, sociologue et théoricien du naturalisme, Émile Zola (1840-1902) est un observateur attentif des travers de la société de l'époque. Épris de la justice sociale, il dénonce âprement l'hypocrisie des milieux bien-pensants, les intrigues de la bourgeoisie, la corruption politique et devient l'un des plus ardents défenseurs des classes ouvrières. En 1869, Zola commence le projet d’un grand ensemble romanesque ; Les Rougon-Macquart, « l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire1 ». Germinal, treizième roman du cycle des RougonMacquart, reste à ce jour le roman le plus lu de Zola, jouissant d'un prestige égal à celui des Misérables. Ce roman d'Émile Zola a été publié à Paris en feuilleton dans le Gil Blas du 26 novembre 1884 au 25 février 1885, et en volume chez Charpentier en 18852. Au cours du XIXe siècle, les sciences et les techniques se développent considérablement. Les machines se perfectionnent sans arrêt. Avec ce nouveau système de la production se créé le machinisme qui permet d'augmenter la fabrication. Mais les machines n'améliorent en rien les conditions de travail des ouvriers. La plus grande influence de l’industrialisation est sur la famille des ouvriers. Le mineur est quelqu’un qui a beaucoup de problèmes dans sa vie et il vit dans des conditions déplorables. 1 . Cité par M. Echelard, Histoire de la littérature en France au XIXe siècle, Paris, Hatier, 1984, p. 125. 2 . Ph. Hamon et D. Roger-Vasselin, Le Robert des grands écrivains de langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 2000, p. 1460. 9 Germinal est le roman de l’ère industrielle. Une énorme machinerie industrielle exploite la famille. C’est avec Germinal que Zola entre directement en contact avec le prolétariat industriel et il va au cœur de la condition ouvrière. En plus, « la mine devenue depuis plusieurs années, depuis essentiellement 1878, un sujet à la mode parce qu’elle était à l’ordre du jour sur le plan social1 ». Le roman de Germinal est une peinture puissante de la vie misérable des mineurs de la deuxième moitié du XIXe siècle. Emile Zola a décrit de façon très expressive dans son roman, Germinal, les conditions de vie et de travail des mineurs dans le nord de la France. Les mineurs souffrent de faim et leur vie n’est pas facile, parce que leur condition de vie n’est pas très bonne. La description exacte de la vie de trois familles de mineurs, surtout celle des Maheu, est un témoin de cette misère. L’un des facteurs qui dessine la misère des familles des mineurs, c’est le manque de la nourriture suffisante. La compagnie leur donne juste assez d’argent pour qu’ils ne meurent pas et qu’ils puissent travailler. La santé des mineurs et de leur famille n’est pas très bonne ; en plus, chez eux se développent des maladies héréditaires et beaucoup de membre des familles du coron ont une santé restreinte puisque le travail dur, la fatigue, la malnutrition et le savon noir favorisent des maladies. Dans Germinal, Zola nous décrit aussi les conditions de travail qui sont détestables, difficiles. Il nous raconte la journée d’un mineur de fond. Le travail dans la mine est très éprouvant physiquement. Pour gagner la vie et pour assurer assez d’argent à la famille, tout le monde doit travailler, 1 . C. Becker, Germinal, Paris, PUF, 1984, p.17. 10 même les petites. Les femmes et les filles dès qu’elles peuvent trouver un boulot ; se mettent aux travaux de la mine. La femme et les enfants d’un mineur doivent travailler dans la mine, et effectuer des travaux difficiles. En effet ils sont les plus misérables des victimes du machinisme. Dans cette recherche, au premier chapitre, nous voulons étudier, des conditions de vie et de travail des mineurs. Nous voulons en effet examiner leur condition de vie (logement, nourriture, salaire, santé et travail). Les conséquences de l’industrialisation ne sont pas seulement matérielles, mais elles sont aussi morales et culturelles. Autrement dit, toutes les dimensions de la vie humaine se bouleversent sous la présence du machinisme. Quand on lit attentivement Germinal, on voit qu’il n’y a aucune place pour la croyance religieuse dans le cœur des pauvres et si la religion n’a aucune place parmi les mineurs de Germinal, cela n’est pas seulement à cause de la misère; les comportements des curés et leur complicité parfois avec les Compagnies jouent aussi un rôle important. Les clergés de cette époque sont dans les mains des puissants de la société. En fait, Zola illustre « la déchéance des individus1 » et celle d’une société dans l’ère de « la monté du machinisme2». Les moeurs très dissolues et l'extrême laxisme sexuel des mineurs sont dus à la promiscuité et à leurs conditions de vie. Ce qui est évident dans ce roman, c’est l’évocation de la sexualité débridée des mineurs. La sexualité est le seul dérivatif au travail pour les mineurs de Germinal. 1 . B. Agard et M. Boireau, Le XIXe siècle en littérature, Paris, Hachette, 1997, p.440 . Ibid. 2 11 Ainsi, après l’étude des conséquences matérielles de l’industrialisation dans Germinal, nous analyserons ses résultats moraux et culturels et aussi leurs effets sur des enfants, surtout sur Jeanlin, la quatrième enfant des Maheu. Nous voulons aussi vérifier quel lien pourrait-il y avoir, en effet, entre ceux qui, dans une ville lointaine, touchent des dividendes, et ces mineurs que la faim, la souffrance et l’injustice rendent fous ? Quand une personne, à cause de la misère, a tant de problèmes avec la nourriture, quand elle est en face de telle injustice, c’est très difficile pour elle de croire en Dieu et l’immoralité et la corruption commencent de ce point-là Les principes qui règnent dans les familles mineures, sont très loin des premiers principes moraux. Les conditions misérables de vie et de travail des mineurs raturent simplement sur toutes les mœurs et répandent la corruption. La misère prépare pour eux la corruption et le déclin des principes moraux. Les personnages de Germinal se trouvent en effet ramenés à la bestialité primitive. L’émergence des classes bourgeoise et ouvrière est la conséquence de l’industrialisation touchant l’Europe au XIXe siècle. Des ouvriers sont déracinés de leurs provinces par l’exode rural et « la construction d’un prolétariat urbain a bouleversé le paysage social de la ville1». Dans la société décrite dans Germinal, nous pouvons discerner deux mondes tout à fait différents : celui des pauvres et celui des riches. 1 . P. Carles et B. Desgranges, Le Naturalisme, op. cit, p. 54. 12 Un grand décalage sépare les deux classes dans tous les aspects de la vie. La misère et la famine dominent la société. Les ouvriers voulaient un monde nouveau, du pain pour se nourrir et des conditions de vie meilleures. Dans le troisième chapitre, nous allons voir comment la souffrance engendrée par le machinisme, entraîne la révolte sociale. Etienne Lantier, le principal acteur de la grève, fait de la propagande révolutionnaire chez les ouvriers. Il s'intègre vite parmi le peuple des mineurs. Lorsque la grève a éclaté, l'explosion était d’autant plus violente que la misère et la souffrance ont été plus grandes ; et la grève est poussée au dernier degré possible de la violence. 13 CHAPITRE l LA CONDITION DE VIE ET DE TRAVAIL 1.1 Conditions de vie des mineurs Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, des changements historiques profonds comme le retour à la démocratie, le développement du socialisme, l’affirmation de la conscience ouvrière, l’avènement du règne de la machine poussent les auteurs à exprimer les nouvelles forces en présence. Les thèmes naturalistes parlent d’inspiration socialisante. Les cadres sont le milieu des patrons affairistes, des bourgeois corrompus et des ouvriers qui sont dans la misère de leur vie quotidienne ou dans le travail aliéné de l’usine1. Germinal est le roman de l’ère industrielle et « un témoignage sur la condition prolétarienne et sur la diffusion de l’idéologie socialiste2 ». En d’autres termes, c’est avec Germinal que Zola entre directement en contact avec le prolétariat industriel et il va au cœur de la condition ouvrière. « Ce prolétariat, que les progrès du machinisme accroissaient chaque jour, demeurait encore sans visage et sans voix ; des villes industrielles jaillis du sol, l’artisanat s’anéantissait dans l’armée anonyme des fabriques et des usines3 ». 1 . X. Darcos, Histoire de la littérature française, Paris, Hachette, 1992, p.320 . A. Olier, Le monde des littératures, Paris, Universalis, 2003, p. 59 3 . M. Bernard, Zola par lui-même, Paris, Seuil, 1952, p. 50. 2 14 Ainsi, « Germinal peut d’abord se lire comme un roman documentaire sur la vie de la mine et le mouvement ouvrier dans la deuxième moitié du XIXe siècle1 ». Emile Zola a décrit de façon très expressive dans son roman, Germinal, les conditions de vie et de travail des mineurs « dans le nord de la France2 ». Les mineurs souffrent de faim et leur vie n’est pas facile, parce que leur condition de vie n’est pas très bonne. Si nous voulons parler de Germinal, le premier aspect qui nous frappe dans ce livre, c'est le cri de misère. Germinal est le livre de la pauvreté des gens qui dans toute leur vie n'ont vu que l'injustice. Il y a beaucoup de points qui attirent notre attention à ce type de pauvreté. La description exacte de la vie de trois familles de mineurs, surtout celle des Maheu, est un témoins très délicat pour cette misère. L’industrialisation a beaucoup d’effet sur la vie des hommes et au lieu d’améliorer leur condition économique et matérielle, fait régner la misère, l’injustice et l’inégalité sociale. La plus grande influence de l’industrialisation est sur la famille des ouvriers. Le mineur est un être écrasé, mangeant mal, couchant en tas ; quelqu’un qui est au fond d’un véritable enfer. 1.1.1 Logement des mineurs Maintenant la chandelle éclairait la chambre, carrée, à deux fenêtres, que trois lits emplissaient. Il y avait une armoire, une table, deux chaises de vieux noyer, dont le ton fumeux tachait durement les murs, peints en jaune claire. Et rien d’autre3. 1 . C. Becker, Germinal, op. cit, p.25. . M. Bouty, Dictionnaire des œuvres et des thèmes de la littérature français, Paris, Hachette, 1990, p. 154. 3 . E. Zola, les Rougon- Macquart, Germinal, Paris, Seuil, 1970, p. 422. 2 15 La Compagnie fournit des maisons aux mineurs pour un loyer assez bas comparé avec les salaires. Dans les premières pages du roman, Zola décrit bien la misère de lieu de la vie. C’est quelque chose qui existe, non seulement chez Maheu, mais chez toutes les familles des mineurs. Ceux-ci vivent dans des corons qui sont identiques quel que soit le nombre d'enfants qu'elles contiennent. Les quatre grands corps de bâtiments partagés en petites maisons toutes semblables, collées dos à dos, leurs jardins maigres, leurs puits communs, les tonneaux où l’on recueille les eaux de pluie, les ustensiles qui traînent. Le décor des quartiers ouvriers est pauvre et triste, sous la pluie qui lui colle la boue noire. L’uniformisation et les lignes géométriques du coron évoquent immédiatement une caserne ou un hôpital. Chaque coron est composé de trois pièces. La pièce unique du bas, où tout le monde vit, avec son sol dallé, nettoyé le dimanche avec du sable blanc, le buffet en sapin verni, la table, quelques chaises, un coucou au mur, la cheminée avec sa grille à charbon où brûle le charbon de mauvaise qualité donné par la compagnie ; en haut, le couloir où les enfants couchent, la chambre conjugale, dans laquelle il faut bien aussi accueillir des enfants. Une famille de dix personnes, comme les Maheu, est à l’étroit. Ils dorment á deux personnes dans chaque lit. Bonnemort rentre du travail pour occuper le lit encore chaud des fils. On couche en tas ; on se succède même dans le même lit ce qui entraîne l'entassement et la promiscuité. Dans le lit de gauche, Zacharie, l’aîné, un garçon de vingt et un ans, était couché avec son frère Jeanlin, qui achevait son onzième année ; dans celui de droite, deux 16 mioches, Lénore et Henri, la première de six ans, le second de quatre, dormaient aux bras l’un de l’autre ; tandis que Catherine partageait le troisième lit avec sa sœur Alzire1. Dans la deuxième partie de Germinal aussi, Zola décrit par le détail, les conditions de vie exécrable de Mouque, le gardien de la mine de Voreux, dans un logement étroit, horrible et misérable. […], le vieux Mouque auquel la compagnie abandonnait, presque sous le beffroi détruit, deux pièces, que la chute attendue des dernières charpentes menaçait d’un continuel écrasement. Comme les fenêtres n’avaient plus une seule vitre, il était décidé à les boucher en clouant des planches : on ne voyait pas clair2 . La misère du logement s'amplifie à mesure que la grève continue puisque les Maheu sont obligés de vendre peu d'objet qu'ils possèdent afin d'acheter de la nourriture : A peine de maigres aumônes suffisaient-elles à soutenir les familles les plus pauvres. Les autres vivaient en engageant les nippes, en vendant pièce à pièce le ménage. Tout filait chez les brocanteurs, la laine des matelas, les ustensiles de cuisine, des meubles même3. Dans des corons des mineurs, aucune intimité n’est possible. Il n’y a pas de salle de bain, on se lave ensemble. La Compagnie a essayé de bâtir les maisons sans trop payer, et la qualité de la construction n’est pas très bonne. Il est possible d’entendre à travers les minces cloisons, quand les voisins se lèvent le matin tout ce qui se dit et se fait à côté. 1 . Ibid. . Ibid., p.472. 3 . Ibid., p. 529. 2 17 […], Des bruits s’entendaient derrière le mur, dans la maison voisine. Ces constructions de briques, installées économiquement par la Compagnie, étaient si minces, que les moindres souffles les traversaient. On vivait coude à coude, d’un bout à l’autre, et rien de la vie intime n’y restait caché, même aux gamins1 . Certains des mineurs prennent des locataires pour quelques sous, c’est l'exemple d'Etienne. Etienne partageait le lit de Jeanlin, devant le lit de Catherine. Au coucher, au lever, il devait se déshabiller, se rhabiller près d’elle, ôter et remettre ses vêtements. Vers le milieu d’août, Etienne s’installa chez les Maheu, lorsque Zacharie marié put obtenir de la compagnie, […], une maison libre du coron ; et, dans les premiers temps, le jeune homme éprouva un gène en face de Catherine2 . On doit ajouter que la misère du logement des mineurs ne se limite pas seulement à la forme du coron mais elle contient aussi les autres outils comme la chandelle et le charbon. « La compagne distribuait par mois, à chaque famille, huit hectolitres d’escaillage, charbon dur ramassé dans les voies. Il s’allumait difficilement3 » et était très différant de celui qui était chez les patrons ; la qualité diminuée, il est nocif pour la santé. Les familles des mineurs ont du mal à se chauffer leurs corons. La petite fille de Maheu, Estelle qui a de trois mois, crie constamment parce qu’elle a froid: « […] lorsque des cris et des larmes éclatèrent. C’était dans son berceau, Estelle que le froid contrariait4 ». 1 . Ibid., p.423. . Ibid., p.489. 3 . Ibid., p.423. 4 . Ibid. 2 18 Évidemment l’absence d’un bon charbon, qui ne brûle pas bien et ne chauffe pas suffisamment, augmente tout au long de la grève car il leur est donné par la Compagnie. 1.1.2 Nourriture des mineurs L’un des facteurs qui dessine la misère des familles des mineurs, c’est le manque de la nourriture suffisante. La compagnie leur donne juste assez d’argent pour qu’ils ne meurent pas et qu’ils puissent travailler. Donc la nourriture qu’ils peuvent acheter est restreinte. « Le motif de faim est fondamental dans Germinal. On le trouve à tous les niveaux du roman1 ». Dans une scène au début du roman, nous voyons Catherine qui prépare leur petit déjeuner : Devant le buffet ouvert, Catherine réfléchissait. Il ne restait qu’un bout de pain, du fromage blanc en suffisance, mais à peine une lichette de beurre ; et il s’agissait de faire les tartines pour eux quatre. […]. Il ne restait plus de café, elle dut se contenter de passer l’eau sur le marc de la veille2 . Dans une autre scène, nous voyons que la Maheude parle avec une lenteur, pendant que son homme s’habille pour aller à la mine ; elle lui dit : « Hein ? tu sais, je suis sans un sou, … qu’est-ce que je vais fiche, dis3 ? » Maheu ne répond pas, exaspéré des cris d’Estelle. Et la Maheude continue d’une voix morne : 1 . C. Becker, Germinal, op. cit, p. 113. . E. Zola, les Rougon- Macquart, Germinal, op. cit, p. 425. 3 . Ibid. 2 19 […] le buffet est vide, les petits demandant des tartines, le café même manquant, et l’eau qui donnait des coliques, et les longues journées passées à tromper la faim avec des feuilles de choux bouillies1. Leur petit déjeuner ne comprend que du café ou du vermicelle. C'est aussi le moment de la préparation du « briquet ». Le « briquet », la double tartine emportée chaque matin à la fosse, était un déjeuner qui se déroule au fond de la mine à dix heures. Le père aura un briquet plus copieux que ses enfants, car son travail est plus dur. Pour faire supporter la faim à ses enfants, la mère doit leur partager équitablement même cette petite quantité de repas et veiller à ce que chacun mange sa part et elle-même restait toujours affamée. Le petit déjeuner des Maheu est trop misérable : […], elle partagea le vermicelle dans trois petites assiettes. Elle, disait-elle, n’avait pas faim. Bien que Catherine eut déjà passé de l’eau sur le marc de la veille, elle en remit une seconde fois et avala deux grandes chopes d’un café tellement clair, qu’il ressemblait à de l’eau de rouille2 . Les familles des mineurs n’ont pas de grands choix pour leurs nourritures. Leur repas est constitué de maigres composants : du pain, de l'eau, du sel, du sucre, du beurre et quelques légumes pour la soupe comme des pommes de terre et de temps en temps du vermicelle. Pour avoir un peu plus de légumes, ils les cultivent eux-mêmes. Les Maheu cultivent des pommes de terre, des haricots, des pois, des artichauts, du chou et de la laitue dans leur jardin. Ils peuvent aussi trouver du pissenlit près du Voreux. On a assez de légumes, mais pas assez de pommes de terre, 1 . Ibid., p.424. . Ibid., p.456. 2 20 ce qu’on doit acheter. Si les mineurs cultivent autant de légumes, c'est aussi un peu à cause de Maigrat, car parfois, il refuse de leur donner à manger parce qu'ils n'ont pas d'argent, si bien qu'il y a des jours où ils ne mangent rien. Nous pouvons constater que la viande est rare et réservée au père car c'est lui qui ramène le plus gros salaire et que le poisson ne peut être présent que lorsque quelqu'un le pêche. Les mineurs ont aussi des jours que l'on peut appeler jours de fête, C'est la « Ducasse » et c'est une fête populaire qui ne se produit qu'une fois dans l'année. Ce jour-là, tout le coron est en fête. On peut trouver des tas de bibelots, des jeux mais on peut aussi manger des biscuits, des dragées, de la brioche et des gâteaux bénis par le curé. Ces menus exceptionnels existent grâce à l'argent qui est souvent emprunté au commerçant où ils achètent leur nourriture, c'est-à-dire chez Maigrat. Lorsque les mineurs rentrent chez eux en famille, ils mangent un repas inoubliable, qui est constitué d'un succulent lapin gras et tendre qui a été élevé pour ce jour unique dans l'année. Outre le lapin aux pommes de terre, qu’ils engraissaient dans le carin depuis un mois, les Maheu avaient une soupe grasse et le bœuf. La paie de quinzaine était justement tombée la veille […] les dix paires de mâchoires, depuis la petite Estelle dont les dents commençaient à pousser, jusqu’au vieux Bonnemort en train de perdre les siennes, travaillaient d’un tel cœur, que les os eux-mêmes disparaissaient. C’était bon, la viande : mais ils la digéraient mal, ils en voyaient trop rarement1 . Puisqu’elles ont du mal à acheter suffisamment du pain pour nourrir toute la famille, les femmes sont obligées de demander à Maigrat de leur faire crédit, de mendier aux riches. 1 . Ibid., p.484.